mercredi 13 mai 2015

Croisades: le combat de deux grandes religions. ViolencesInterreligieuses




Les croisades : le combat de deux grandes religions.


SOMMAIRE


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Ce premier billet traitera de l’une des plus grandes guerres interreligieuses de tous les temps, une guerre, que plusieurs nomment, comme le combat du croissant et de la croix : les croisades.
Durant plus de deux siècles, deux des plus grandes religions du monde, soit la religion chrétienne et la religion musulmane, se feront la guerre. Ce premier billet met en lumière le fait que l’intolérantisme entre musulmans et chrétien n’est pas né d’hier. L’histoire des croisades est vaste, c’est pourquoi ce billet ne relatera pas le déroulement détaillé de l’ensemble des huit croisades et encore moins des batailles célèbres. Ce billet est écrit dans le but de comprendre les origines, les motivations et les conséquences des croisades.

1.  Les origines


Croisades
Les Croisades se rapportent généralement aux pèlerinages, qui se sont tenus entre 1096 et 1291. Le but général des Croisades était la libération de la Terre sainte des oppresseurs musulmans et la récupération du sanctuaire de Saint-Sépulcre de Jérusalem. Toutefois, l’origine des croisades ne se réfère pas directement à l’intolérance de la religion musulmane, mais davantage à l’intolérance de « l’infidèle » en général. En outre, le terme de croisades possède généralement un caractère péjoratif. Dans l’imaginaire collectif, il réfère à la destruction de l’empire musulman, alors qu’il était à son apogée, par une bande de barbares aux motivations douteuses.
En 1095, Urbain II reprend l’idée du Pape Jean VIII qui avait déclaré que le combat des « infidèles » permettrait maintenant aux défenseurs l’absolution de leurs péchés. Ainsi, dans la première partie du IXe siècle ce « combat » prendra des proportions malheureuses. Par exemple, les attaques contre les Juifs d’Europe sont de plus en plus nombreuses et violentes.

2. Les motivations


2.1  Motivations : Tu ne tueras point… sauf s’il s’agit d’infidèles


Urbain II reprend donc cette idée et promis à tout chevalier, qui irait secourir les chrétiens d’Orient, une « […] indulgence plénière : le voyage de Jérusalem (iter hierosolymitanum) tiendrait lieu de pénitence à ceux qui l’effectueraient après avoir confessé leurs péchés et reçu l’absolution [1]. » D’après certains chercheurs, Urbain II aurait aussi reçu des demandes répétées d’Alexis Comnène, empereur de Constantinople, pour des renforts face à l’envahisseur musulman. Constantinople étant, à l’époque, la dernière grande ville chrétienne aux portes de du monde musulman, donc fortement convoitée par « l’ennemie ».
Par ailleurs, les hommes à cette époque prennent part à une multitude de guerres et, pour plusieurs, vivent dans le péché. Ces hommes, peu vertueux, recherchent donc l’absolution de leurs péchés, l’atteinte d’une « paix intérieure » et leur « billet vers le paradis ». Les motivations religieuses et spirituelles permettent de comprendre, en partie seulement, pourquoi l’appel au combat des « infidèles » permit, lors de la première croisade, de rassembler une armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes [2].

2.2  Motivations : L’Europe, terre maudite


Par ailleurs, plusieurs historiens expliquent l’une des motivations des croisés par désir de s’éloigner de l’Europe qui est considérée comme un lieu maudit. À cette époque, le « Vieux continent » est, depuis plusieurs années, miné par des guerres intestines, famines et épidémies. Le désir d’une vie meilleure attise la volonté des croisés.
Quitter l’Europe permet aussi aux croisés de rêver des richesses et des terres d’Orient, car oublier la motivation mercantile serait une erreur. À cette époque, plusieurs villes d’Orient sont des fleurons économiques, tels que Edesse, Antioche ou Acre. Les motifs économiques ne sont en aucun cas à négliger dans la décision de conquérir l’Orient.

2.3  Motivations : Récupérer la « Terre sainte »


Comme mentionnée précédemment, l’une des motivations était la récupération, aux mains des musulmans, d’une mince bande de terre, convoitée par plusieurs : la « Terre sainte ». Cette dite terre est la ville de Jérusalem. Jérusalem est probablement la ville au monde avec le passé le plus troublé et l’avenir le plus incertain.
Jérusalem
« Judaïsme, christianisme et islam associent Jérusalem à l’origine du monde créé : la cité est le nombril du monde, l’axe majeur de l’univers. Cette sacralité partagée s’est déclinée selon des modalités différentes sur le plan spirituel. Pour le judaïsme, Jérusalem devint le centre cultuel après l’édification du Temple de Salomon (xe siècle avant J.-C.) et demeura le symbole religieux du peuple juif, même après la destruction du second Temple (70). Pour le christianisme, la ville est intimement liée aux épisodes déterminants de la vie de Jésus, en particulier sa passion, sa résurrection et son ascension, et conserve depuis lors une place éminente comme lieu de témoignage et de pèlerinage. Enfin, pour l’islam, Jérusalem, associée au voyage nocturne (isra) et à l’ascension céleste (miraj) du prophète Mahomet, est la troisième Ville sainte.
Cette triple sacralisation a souvent davantage entretenu la confrontation que le dialogue entre monothéismes parce que les dynamiques politiques s’en sont mêlées […] [3] »
La ville de Jérusalem sera prise aux musulmans en 1099 par les croisés. Durant plus d’un siècle, la ville deviendra la capitale du Royaume latin de Jérusalem. En 1187, S̄alā al-dīn reconquiert la ville, mais Jérusalem ne redeviendra réellement musulmane qu’en 1244, suite à l’assaut des Turcs kwarizmides.

3. Les conséquences


3.1  Conséquences : Un monde en changement


L’une des conséquences des croisades fut l’établissement des États latins d’Orient. Durant plus de deux siècles, cette nouvelle carte politique permet des emprunts entre Orientaux et Occidentaux en fonction des divers systèmes politique, économique et légal. Les historiens considèrent toutefois que les Occidentaux s’inspirent davantage des systèmes orientaux que le contraire et les emprunts restent, proportionnellement à l’ampleur des croisades, assez timides.

3.2  Conséquences : l’incompréhension, la violence, l’intolérance


La violence des huit croisades entreprises se traduit principalement, par des batailles extrêmement sanglantes, des pillages et de la destruction sans merci. Les historiens révèlent que durant certaines des batailles, les croisés ne font aucune distinction entre hommes, femmes, enfants et vieillards. Tous sont tués, car ils sont considérés comme des non-chrétiens.

Les cicatrices les plus profondes des croisades se révèlent quant aux relations qu’entretiennent la religion musulmane et la religion chrétienne. « Selon [Jean Flori], l’affrontement entre les deux civilisations musulmane et chrétienne […] lors des croisades en Palestine, aura largement attisé une haine et une animosité mutuelle [3]. » De plus, la diabolisation de Mahomet, par certains auteurs chrétiens, justifiera encore plus la sacralisation de la guerre, augmentant du même coup la haine et le fanatisme chrétien. Ainsi, les croisades ne feront qu’entretenir le ressentiment interreligieux déjà présent et alimenteront l’incompréhension de l’autre culture au sens large.

Du côté musulman, on accepte difficilement l’argument religieux soulevé par les croisés, car rarement ces derniers tentèrent la conversion religieuse forcée. Les motifs des croisades restent, dans la tête des musulmans, un prétexte pour accaparer les richesses de l’Empire alors à son apogée, limitant ainsi son expansion géographique et politique.
En conclusion, les croisades sont une immense page de l’histoire de l’humanité. Mieux comprendre les origines, les motivations et les conséquences nous permet de mieux comprendre le fossé qui sépare les deux grandes religions et accentue, encore aujourd’hui, le clivage entre ces deux cultures majeures.

https://violencesinterreligieuses.wordpress.com/2012/03/18/les-croisades-le-combat-de-deux-grandes-religions/
Posted on mars 18, 2012 par allec43

Mohamed ZEMIRLINE

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