dimanche 10 mai 2015

Les grands chefs de la première croisade. Basile Y.



EUROPE ET MONDE ARABE
LES CROISADES

Les grands chefs de la première croisade


Raymond de Toulouse et l'évêque du Puy Adhémar de Monteil ne personnifiaient que l'Esprit d'une infime minorité des Croisés, sincères dans leur Foi parmi la masse des nobles chevaliers de la Première Croisade. Adhémar était guidé par la doctrine augustinienne, Raymond se considérait le bras séculier de cette doctrine. Les autres, Geoffroy de Bouillon et son frère Baudouin-Sans-Terres, le Normand de Sicile Bohémond et son neveu Tancred, avaient tous fait le voeu d'aller jusqu'à Jérusalem «libérer le Tombeau du Seigneur», mais le Tombeau du Seigneur ne représentait pas plus d'intérêt pour eux que pour l'empereur de Byzance. C'est pour cela que pour Bohémond son «voeu» se détourna en cours de route sur Antioche (1), qu'il conquit chemin faisant vers les lieux Saints, se proclamant «Prince d'Antioche» et s'y installant définitivement.

Son neveu Tancred continua la Croisade et devint «Prince de Galilée», en attendant de se charger plus tard de la Régence d'Antioche, en l'absence de son oncle Bohémond prisonnier des «Infidèles». De même Baudouin, frère de Godfroy de Bouillon, son «voeu» le sema aussi en cours de route, en Mésopotamie où il devint «Comte d'Edesse», en attendant de prendre en 1100 la place de son défunt frère Godfroy. Il le fit sous le titre de «Baudouin 1er, Roi de Jérusalem». «Merci mon Dieu» avait-il dû se dire, «Merci d'avoir permis à un Truand-Sans-Terres de devenir roi d'une ville si fameuse» !

Baudouin et Tancred étaient deux jeunes loups qui n'avaient absolument pas froid aux yeux, ni les moindres scrupules en quoi que ce soit. Leur voracité pour des Fiefs les amena même à faire se battre leurs armées, c'est à dire «Soldats du Christ» contre «Soldats du Christ», pour la possession de la riche ville de Tarse (2). Le plus «beau» fut lorsque trois cents Normands sont venus à cette occasion en renfort pour Tancred contre Baudouin. Ce dernier s'acoquina alors avec les «ennemis de Dieu» Turcs, pour leur faire massacrer ses ennemis personnels pendant leur sommeil, le plus «chrétiennement» du monde. Le résultat fut qu'ils durent s'en aller tous les deux bredouille de Cilicie.

Godfroy de Bouillon alla, lui, jusqu'au bout de son «voeu», parce qu'il fallait la part du lion au descendant de Charlemagne, il lui fallait Jérusalem même. Il en fut le premier roi croisé sous le titre d' «Avocat du Saint Sépulcre». Pour un Monsieur qui tenait son Duché de Loraine par la grâce de l'Empereur Romain Germanique Henri IV - qui pouvait le lui enlever à tout instant - cela avait valu la peine de «prendre la Croix», il n'avait pas perdu au change, les «élans idéalistes» étaient bien payants.
Raymond, comte de Toulouse et Saint-Gilles, marquis de Provence, dut se contenter du Comté de Tripoli après avoir été chassé de Latakia par l'insatiable Bohémond. Ce qui distinguait Raymond de Toulouse des autres Croisés était surtout sa culture provençale qui montrait un fort contraste avec celle des nobles venus du Nord. Ses qualités d'homme loyal et sincère faisaient l'admiration des potentats byzantins. La fille de l'Empereur de Byzance, Anna Comnena, qui le connut personnellement ne tarit pas d'éloges sur lui dans son Alexiade :
«Alexis (l'empereur) avait une profonde affection pour lui, pour différentes raisons : l'intelligence supérieure du Comte, sa réputation sans tache, la pureté de sa vie. Il savait quel grand prix Raymond attachait à la vérité. En somme, de Saint-Gilles éclipsait tous les Latins, comme le Soleil est plus brillant que les étoiles.» (3)

De son côté l'évêque du Puy Adhémar de Monteil, Légat du pape pour cette première Croisade, était aussi un honnête homme, fervent chrétien. C'est grâce à sa sincère piété et sagesse que furent souvent évitées des confrontations sanglantes entre chrétiens d'Orient et d'Occident provoquées par l'arrogance des Croisés.

BASILE Y.
www.basile-y.com
© 2000 Droits réservés

1/. C'est à Antioche que le mot «chrétien» fut prononce pour la première fois dans l'Histoire du Christianisme. C'est là que les deux fractions du Judaïsme se séparèrent en ennemis mortels. Celle des Juifs du Sanhédrin garda son nom de JUIVE, l'autre branche des Juifs qu'on appelait jusqu'alors la «Secte des Nazaréens» s'appela, après cette séparation, CHRÉTIENNE, sans abandonner immédiatement la Circoncision ; celle-ci devint d'abord facultative et l'est restée jusqu'à la fin du deuxième siècle.
2/. Patrie de St. Paul, mais ce n'est pas pour cela qu'ils se la disputaient. C'était parce qu'il y avait de grandes richesses à piller.
3/. THE ALEXIAD OF ANNA COMNENA, Penguin Classics, 1969, page 330.

Textes de :
BASILE Y.
www.basile-y.com
Mohamed ZEMIRLINE

*

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire