lundi 8 mars 2010

Travaux de Hacène


Cheikh Hacène a beaucoup écrit. Il écrivait toujours, en arabe ou en français mais il ne s'est jamais arrêté d'écrire. Tous les membres de sa famille le savaient ainsi que ses élèves.
Il avait un ou deux sujets importants qu'il traitait et il notait les idées qui apparaissaient, les remarques ou les constatations qui s'imposaient, pour les étudier plus tard.
Son ancien handicap de malentendant l'avait cloîtré chez lui évitant les cérémonies ou les réunions parce qu'il était mal à l'aise mais lui avait permis d'un autre côté de s'organiser chez lui. Il ne manquait de rien, une bibliothèque remarquable; son bureau une chambre à part, pour se retirer méditer ou écrire. Des étagères confectionnées au fur et à mesure contenaient tous ces classeurs, chemises cartonnées, feuilles ou carnets sur lesquels il avait noté quelque chose.
Parfois ses notes étaient pratiquement illisibles, du fait de la fatigue alord qu'il continuait à écrire. En réalité c'était illisible pour les autres mais lui il arrivait à les déchiffrer, malgré que parfois ce n'était presque que de simple traits, l'un à la suite de l'autre.

Ici je profite pour faire une remarque sur sa signature. Elle était spéciale ou plus, un chef d'oeuvre, assez remplie et compliquée qu'à maintes reprises dans des administrations on s'en étonnait et on lui demandait s'il pouvait la refaire par curiosité. Il la refaisait devant eux à l'identique et sans aucun effort.

Vers 1948 il a écrit deux ou trois pièces de théâtre.

Il a fait beaucoup de traductions, notament celle de l'oeuvre d'al Bukhari, sur 9000 pages environ.
Il a traité des sujets divers, religieux, philosophiques ou métaphysiques
Il a écrit sur le soufisme, plusieurs dossiers. Certains sous forme d'articles ont été publiés en France, dans les années 80 et 90.

Pour publier quelque chose il fallait un travail gigantesque disait-il pour relire, corriger et compléter une étude donnée. Les pages s'accumulaient sans cesse et il ne pouvait s'arrêter pour remettre "un peu d'ordre".

Après son décès, j'en ai discuter avec mes frères pour les sortir au jour avec l'aide de spécialistes, les trier et d'en faire la saisie sur micro-ordinateur.
J'avais tout de suite pensé à un ami pour nous conseiller, spécialiste en la matière. Seulement je ne l'ai plus revu pour lui en faire part et déjà depuis longtemps.
Il venait me voir à chaque fois qu'il rentrait en Algérie et on ne se quittait pas les journées qu'il passait à Médéa. On était comme deux frères, on rendait visite ensemble à nos amis, à ses proches, comme aussi il tenait toujours à rendre visite à mon père.
Je réalise alors qu'il a dû venir à Médéa à plusieurs reprises sans me contacter, ce n'était pas normal. Il y avait anguille sous roche et j'ai pensé tout de suite aux travaux de mon père.
J'informe mon frère de mon doute et on se consulte sur la façon de le demander à ma mère sans l'offenser. Elle nous apprit qu'il était bien venu une ou deux fois et qu'elle lui avait remis les écrits de mon père pour les ramener à notre frère qui vit en France.
Que pouvait-on lui répondre, sans l'offenser, notre pauvre mère qui avait plus de 71 ans et qui a été dupée.

Des classeurs et des dossiers qu'il aurait fallu une voiture avec deux ou trois allers-retours.
Incroyable, même pour les tirer des différents endroits où ils étaient rangés. Mon frère, trois beaux frères et moi étions à Médéa à quelques centaines de mètres et il ne consulta aucun de nous, alors que même la présence d'au moins de l'un des fils du défunt était plus qu'obligatoire.

Personnellement je continue à les chercher les documents et certainement des livres, qui ont disparu mais je demande à ceux qui reconnaissent ce personnage de lui poser la question, comment a t-il pu faire et avec quelle audace? Et qu'il les ramène, parce que je suis sûr que la plus grande partie est toujours à Médéa chez ses parents. Il n'a pas pu prendre une tone ou plus par avion.

Ce n'est pas seulement l'héritage des ses descendants mais celui de toute sa grande famille, ses élèves. C'est pourquoi je préfère les devancer et les aviser avant qu'ils ne m'interrogent à ce sujet et répartir notre devoir, celui de récupérer ces écrits et ne pas laisser l'œuvre de Hacène entre des mains ingrates et médiocres.

Mohamed Zemirline


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