Antijudaïsme
L’antijudaïsme
signifie l'hostilité à l'égard de la religion juive. Ce terme peut être employé
à propos de l'attitude du christianisme envers le judaïsme, attitude longtemps
marquée par la théologie de la substitution, elle-même issue de plusieurs
courants, dont le marcionisme et la doctrine augustinienne du « peuple témoin
».
Au
sens strict, l'antijudaïsme ne doit pas être confondu avec l'antisémitisme,
bien que tous deux puissent s'influencer mutuellement1. L'antisémitisme désigne
une attitude hostile vis-à-vis des Juifs en tant que peuple au-delà d'une
stricte dimension religieuse. Toutefois, au cours de l'histoire, ces deux
notions se sont confondues, ainsi que l'a démontré, par exemple, Jules Isaac
dans son ouvrage Jésus et Israël.
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T A B L E D E S
M A T I E R E S
Antijudaïsme
Définition
Antijudaïsme et antisémitisme
Antijudaïsme chrétien dans l'histoire
Dans l’Église primitive
Le supersessionisme
Constitution de la doctrine chrétienne
Haut Moyen Âge
Définition
Antijudaïsme et antisémitisme
Antijudaïsme chrétien dans l'histoire
Dans l’Église primitive
Le supersessionisme
Constitution de la doctrine chrétienne
Haut Moyen Âge
Tentatives
d’interprétations
Interprétation
de la Bible
Autres
interprétations
Position
actuelle de l’Église catholique
Exception
à l'antijudaïsme
Historique Bibliographie
Sur les causes
Sur la judaïcité de Jésus
Sur la lecture des textes
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Définition
Antijudaïsme et antisémitisme
Jules
Isaac, dans Genèse de l'antisémitisme, insiste sur le fait qu'il n'existe ni
antisémitisme ni antijudaïsme avant l'ère chrétienne. L'extrême méfiance des
Égyptiens envers les Hébreux, à certaines époques, se confond avec leur
hostilité envers les Perses. Néanmoins il existait à Alexandrie et dans
certaines régions de l'Orient grec une tradition antisémite dont témoigne le
Contre Apion de Flavius Josèphe.
Par
la suite, les Romains sont venus soumettre Israël. Tout en étant tolérants sur
le plan religieux, ils étaient heurtés par le refus des Judéens d'accepter dans
leur Temple toute statue de leur « divin empereur ». Une grande révolte se
déclara en 66, et la Judée
fut écrasée par les armées de Titus. Le Temple, qui avait été construit sur les
bases du Temple de Salomon, fut détruit (70).
Hadrien
écrasa la révolte de Bar Kochba, ayant changé le nom de la ville de Jérusalem
en celui d' Ælia Capitolina. " Hadrien ordonna par décret officiel et
ordonnances que toute la nation (juive) soit à tout prix empêchée de pénétrer
la région même de Jérusalem si bien que nul ne pouvait apercevoir la terre de
ses ancêtres, même de loin. La ville ayant été ainsi désolée et ses enfants
exterminés, elle fut remplie d'étrangers"... "La province toute
entière cessait en 135 de s'appeler Judée (nom romain) pour prendre le nom de
Syria Palestina, reprenant l'ancienne dénomination grecque qui faisait
référence non pas aux juifs mais à leurs anciens ennemis, les Philistins".
Les
juifs rebelles à Rome de leur côté avaient frappé dès le début de la guerre en
132 des monnaies au nom d'un État ayant pour nom (nom juif) "Israël"
nom jamais utilisé par les romains pour désigner les juifs... Avec le temps, et
les juifs ayant manifesté leur intention de rebâtir leur sanctuaire, l'empereur
Julien ordonna la reconstruction du Temple de Jérusalem, qui n'eut pas lieu
parce que "tous étaient convaincus que le culte des juifs représentait une
menace pour le monde romain."2
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Antijudaïsme chrétien dans l'histoire
Dans l’Église primitive
Au début du christianisme la plupart des premiers disciples de Jésus Christ (« fils de Dieu ») étaient des juifs de Palestine.
À
l'époque de Jésus de Nazareth, la réalité juive se composait déjà d'une très
importante diaspora disséminée dans l'empire romain, de même qu'il existait une
importante communauté juive hellénisée en Judée. Jésus était intégralement juif
et parlait l'araméen. Il s'inscrivait dans la tradition juive et pratiquait les
rites du judaïsme. Le Nouveau Testament rappelle fréquemment qu'il se réclamait
de la loi de Moïse 3
Les
premiers disciples de Jésus, surtout ceux de tendance hellénisante, se
distanciaient du judaïsme auquel pourtant ils se sentaient attachés, et firent
l'objet d'agressions. La conversion de païens4 a contribué à tendre la
situation, au point qu'il fallut un premier concile pour déterminer quelles
étaient les pratiques mosaïques que ces chrétiens étaient tenus de suivre5.
Les
premiers signes de distanciation apparaissent dès le début : l'épître aux
Galates rappelle que l'observance de la
Loi n'est plus nécessaire et que tous sont appelés au salut,
juifs comme païens6. En conséquence, les apôtres chrétiens sont vite exclus des
synagogues7.
Après
la première guerre judéo-romaine et la destruction du Temple (70 EC), un
pharisien, Yohanan ben Zakkaï, fonda l'académie de Jamnia et constitua le canon
de la Bible
hébraïque. Le synode de Jamnia (90-100), accentua la rupture entre le judaïsme
et le christianisme.
La
réforme et la structuration de la religion juive fut alors le fait des seuls
pharisiens qui s'opposèrent alors aux courants déviationnistes du judaïsme dont
témoignent notamment des 'imprécations' à l'encontre des nazaréens8. Dans la Didachè (doctrine des
douze apôtres), rédigée dans les années 70 environ, on ne trouve aucune mention
offensante pour les juifs. Selon les manuscrits de Qumrân, les premiers
chrétiens furent critiques et résistants à l’exploitation et à l’oppression des
Romains9. Toutefois, une partie des juifs n'acceptaient pas la « bonne nouvelle
», la Nouvelle
Alliance, s'opposant parfois avec violence aux
primo-chrétiens, comme le prouve la lapidation d'Étienne10 ou les persécutions
dont on trouve la trace sur tout le parcours de Paul dans les Actes des Apôtres
et ses épîtres11.
Le supersessionisme
Marcion,
gnostique chrétien très influent et déclaré hérétique postérieurement, rejetait
l'ensemble de l'influence judaïque sur la foi chrétienne. Dans le corpus de
textes écrits qu'il fut l'un des premiers à établir, il excluait donc l'Ancien
Testament12. Selon Justin (Apol. I 26), Tertullien, puis plus tard Épiphane,
nous savons que l'influence de cette gnose dualiste fut considérable dans le
bassin méditerranéen13.
La
tradition chrétienne veut qu'un synode se soit réuni à Rome sous l'égide de Pie
Ier pour condamner la doctrine de Marcion (144) mais la réalité du
christianisme de l'époque dément toute pertinence doctrinale. Le marcionisme
déclina dans l'ouest de l'Empire romain au IIIe siècle, puis dans l'est, mais
il eut une descendance manichéenne[réf. nécessaire].
D'une
façon beaucoup moins radicale que le supersessionisme de Marcion, quelques
écrits peuvent témoigner de l'énergie qu’ils consacrèrent à relativiser les
préceptes de l'Ancien Testament, en concentrant leur critique sur cinq
pratiques judaïsantes de la loi mosaïque : les sacrifices, le shabbat, la
circoncision, le jeûne et les prescriptions alimentaires14. On retrouve des
mentions de ce type dans plusieurs textes : l'épître de Barnabé15, le «
Dialogue avec Tryphon » 16 de Justin Martyr, l’« épître à Diognète » 17, et l’«
aduersus Iudaeos » de Tertullien18 ou celui de Jean Chrysostome.
Il
faut mettre ces ouvrages dans le contexte historique de prolifération de la
gnose. Par exemple, Justin a été le premier à avoir exposé dans son ensemble la
doctrine chrétienne et le rapport de la foi à la raison, mais beaucoup de ses
ouvrages sont perdus. Le dialogue avec Tryphon met en scène un chrétien et un
rabbin, et Philippe Bobichon remarque que beaucoup de commentateurs ont essayé
de comprendre le sens de l'œuvre à partir du prologue uniquement, alors qu'une
analyse plus globale montre que la question du Salut traverse tout le
dialogue19.
Constitution de la doctrine chrétienne
Il
faudra plusieurs décennies pour que se constitue et se formalise la tradition
apostolique, puis, au-delà, le canon des textes apostoliques.
On
trouve pour la première fois, dans un ouvrages de l'apologiste Justin de
Naplouse20, une expression telle que « Verus Israël » qui est souvent
considérée comme une source d'antagonisme entre judaïsme et christianisme21.
Ainsi,
au cours de la constitution de la doctrine chrétienne aux IIIe et IVe siècles,
le christianisme s'institutionnalisant se présente comme « l'Israël nouveau »,
le « véritable Israël ». Dans cette perspective dogmatique, les Juifs — «
l'ancien Israël » — auraient dû reconnaître la nouvelle Alliance. L'évident
hiatus finit de consommer la rupture, le judaïsme et ses tenants, considérant
Jésus comme un simple mortel, devient un opposant au christianisme.
Considérée
au concile de Nicée (325) comme l'un des principaux soutiens de Constantin Ier
pour réorganiser l’État, l'Église aurait, selon certains, absous les Romains de
l'exécution du Christ en développant cette théorie du « peuple déicide »
fondement de l’antijudaïsme doctrinal22[réf. insuffisante].
Sur
ce point, les sources les plus fiables actuellement disponibles restent fragmentaires
ou incomplètes. Selon certaines études 23[réf. insuffisante], l'expression les
"tueurs de Dieu" (theo-ktonoi) revient 17 fois dans l'immense corpus
patristique grec, mais toutefois jamais pour désigner un peuple24 :
"theo-ktonoi" est d'ailleurs un pluriel, par opposition au singulier
"theo-ktonos" ; on trouve également d'autres expressions comme « ceux
qui ont tué le Seigneur », ou « le Christ » chez un certain nombre d'auteurs
chrétiens. Les Pères de l'Église cités par certains historiens25 pour avoir
véhiculé au IVe siècle (ou quelquefois avant) des idées hostiles contre les
juifs sont essentiellement Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nazianze, Grégoire de
Nysse, Jean Chrysostome, Astérios d'Amasée, et Méliton de Sardes. Jean
Chrysostome écrivit huit discours contre les juifs26.
Néanmoins
le Symbole de Nicée, texte fondateur, ne contient aucune mention hostile
relative aux juifs. Notamment lorsqu'il évoque la mort du Christ, celle-ci est
attribuée à l'action ou la responsabilité de Ponce Pilate (sub Pontio Pilato
passus). Dans le corpus patristique latin, le terme « déicide » ne se trouve
qu'une fois chez Pierre Chrysologue traduisant Grégoire de Naziance. On le
trouve aussi une fois chez Augustin d'Hippone, dans son commentaire sur le
psaume 65, mais pour nier que les juifs puissent être déicides27.
Après
le concile de Nicée et l'adoption du christianisme comme religion officielle de
l'empire romain par Constantin Ier, la mention de « juif incroyant » fut
introduite dans le code de Théodose au Ve siècle (438)[réf. nécessaire]. Puis,
cette idée fut introduite dans la liturgie du Vendredi saint, sous la forme de
la mention « Oremus et pro perfidis Judaeis »(c'est-à-dire « Prions aussi pour
les Juifs incroyants » ) . À la fin du VIIIe siècle, l'agenouillement et la
prière silencieuse furent supprimés.
C'est
ainsi que l'antijudaïsme trouva un terrain propice, surtout en Orient dans la
deuxième moitié du Ier millénaire, puis en occident au cours du IIe millénaire.
Haut Moyen Âge
Pendant
tout le haut Moyen Âge, l'étude du Talmud resta tolérée dans l'Occident
chrétien, avec vigilance, et ceci jusqu'au XIIIe siècle.
Les
sources concernant la période antérieure aux invasions arabes du VIIIe siècle
sont rares. Nous savons que les premières communautés juives s’installèrent en
Gaule dès la fin de l’Antiquité. Comme lors des conciles d'Elvira (305), de
Vannes (465), des trois conciles d'Orléans (533, 538, 541), avec le concile de
Clermont (535), l'Église interdit aux Juifs de prendre des repas en commun avec
des clercs. Le concile d'Orléans de 538 interdit aux Juifs de se mêler aux
chrétiens du jeudi saint au deuxième samedi qui suit Pâques. Tout mariage avec
un Juif ou une Juive a été prohibé en 533, 535, et 538. Au concile tenu dans la Narbonne wisigothique en
589, on interdit aux Juifs de conduire leurs morts en chantant des psaumes28.
Césaire
d'Arles consacra aux juifs deux sermons, tandis qu'Isidore de Séville composa
un traité De la foi catholique contre les juifs peu après 620.
Certains
évêques s'engagèrent dans une politique de conversion. Toutefois, le pape
Grégoire le Grand mit en garde deux évêques en 591 contre les baptêmes
forcés29.
Certains
souverains prirent des mesures contre les juifs : le Wisigoth Chindaswinthe
(641-649) menaça de peine de mort quiconque aurait pratiqué des rites juifs.
Chilpéric, en 582, ordonna de baptiser de nombreux Juifs. Dagobert[Lequel ?]
aurait décidé d'exiler ceux qui refusaient le baptême30.
Les
Pères de l’Église catholique romaine, notamment saint Augustin, ont présenté
les juifs comme une preuve vivante de l’existence du Christ, ceux qui, par leur
dispersion, par leur abaissement et par leur servitude, témoignent de la vérité
de la religion de Jésus Christ (la doctrine du « peuple témoin » de saint
Augustin).
Après
les invasions arabes du VIIIe siècle, et avec la naissance de l'empire
carolingien, les juifs furent tolérés. Le droit traditionnel juif continua,
comme sous l'Empire romain, à régler les rapports intérieurs de la communauté
israélite. Chez les chrétiens, on s'appuyait surtout sur le droit romain quand
il s’agissait de protéger les juifs ou de « penser » leur présence au sein
d’une société massivement chrétienne. Il existait une seule discrimination
juridique sur le nombre de témoins à fournir dans un procès. Les interdictions
légales étaient d'origine religieuse et tendaient à diminuer le prosélytisme
juif. Il n'y avait pas de limite aux activités des Juifs. Ils bénéficiaient de
la liberté de culte.
Seuls
certains clercs, tel le célèbre Agobard de Lyon, insistèrent sur la
responsabilité des juifs dans la mort du Christ (« peuple déicide », peuple
méprisé), en mettant en garde les chrétiens contre une religion susceptible de
tenter (dans le sens religieux du terme) certains d’entre eux.
Les
théologiens occidentaux (Pierre Chrysologue, Bède le Vénérable, Paul Diacre…)
prenaient des positions souvent modérées à leur égard.
Il
n'en reste pas moins vrai que, les chrétiens se considérant désormais comme le
« vrai Israël », les textes médiévaux reprennent de manière explicite le thème
du peuple juif comme peuple-queue, citant souvent le Deutéronome31. Bède le
Vénérable, Jérôme, qui reprend presque littéralement Origène, Maxime de Turin,
Isidore de Séville, Pierre de Blois, Guillaume Durand, Raban Maur, Pierre le Vénérable,
et d'autres encore, finissent par rendre classique cette interprétation32.
Certains
personnages comme Raoul Glaber contribuèrent à la diffusion d'idées
antijudaïques après l'an mille. De même, les légendes chrétiennes les plus
populaires - Évangile de Nicodème, Légende Dorée... - font jouer des rôles
antipathiques aux Juifs témoins de la Passion du Christ.
Entre la première croisade et la Renaissance
Dans
le contexte de l'essor urbain qui marqua l'Europe à partir de la fin du XIe
siècle, l’antijudaïsme purement religieux prit une forme sociale. Pendant la
période médiévale, la grande majorité des juifs vivait dans des villes. Les
villes cathédrales de la chrétienté présentaient des conditions d'urbanisation
à long terme de qualité, et constituaient l'asile des implantations et
communautés juives les plus importantes33.
La
Première Croisade
poussa vers la Terre
sainte des foules considérables de croyants qui voulaient libérer Jérusalem des
« infidèles » et ouvrir la route vers la Terre sainte fermée par les Turcs. L'enseignement
de l'Église interdisait que l'on s'attaquât aux juifs. Mais le manque de
préparatifs et des motifs financiers ont entraîné des persécutions des Juifs.
L'amalgame entre « infidèles » et juifs ou musulmans dans l'esprit de certains
croisés s'est accompagné de l'intention de faire payer aux Juifs la mort du
Christ. Des incidents graves ont été signalés en décembre 1095 lors du départ
de la croisade de Pierre l'Ermite à Rouen et en Champagne. Les communautés
juives furent plus éprouvées par Folkmar et Emich de Leiningen lors des
croisades dites « allemandes ». Des massacres de juifs eurent lieu à Spire, à
Worms, à Mayence (Magenza). Les évêques de Spire et de Worms offrirent un abri
aux juifs. Les croisés s'attaquèrent aux juiveries de Cologne, de Metz, de
Trèves, et de la basse vallée du Rhin. Ces explosions de violence non maîtrisée
n'entraient pas dans les plans du pape Urbain II34.
Selon
Dominique Iogna-Prat35, l'idée que les juifs, au Moyen Âge, furent vraiment
considérés comme n'appartenant pas à l'espèce humaine « résume fidèlement la
substance des propos de Pierre le Vénérable, représentant d'un antijudaïsme
radical. » Pour l'auteur de l'Adversus Iudœorum inueteratam duritiem, le juif
fut comme le « repoussoir qui permet à celui qui l'exclut de cerner son
identité. »36
Lors
de la deuxième croisade, un cistercien du nom de Rodolphe (ou Raoul), qui
prêchait la croisade, invitait ses auditeurs à venger le Christ sur ses
ennemis, ce qui engendra des meurtres collectifs dans les Pays-Bas, mais
surtout dans la vallée du Rhin, à Cologne, Mayence et Worms, en août et
septembre 1146, et sans doute à Wurtzbourg en février 1147. L'archevêque de
Cologne protégea les juifs dans son château. L'archevêque de Mayence Heinrich
Ier Felix von Harburg prévint saint Bernard de Clairvaux, qui arriva en
Rhénanie pour faire cesser les prédications antijuives37.
Les
communautés juives de Rhénanie constituaient au XIe siècle le principal centre
de peuplement juif en Europe (voir Les juifs de culture allemande). La
communauté juive de Mayence fut décimée à 90 % lors de la première croisade et
encore lors de la deuxième croisade. On se souvient de la déclaration de
Jean-Paul II à Mayence38. Cette ville était en effet un centre religieux à la
fois pour la chrétienté (la cathédrale romane Saint-Martin de Mayence était
destinée à être une seconde Rome) et pour le Judaïsme : Mayence était un centre
d'étude talmudique, la communauté juive de Mayence était considérée comme la «
fille de Sion » et la synagogue était considérée comme un symbole du Temple de
Jérusalem. Dans une chronique sur le massacre de la première croisade, un
auteur juif de Mayence déclare : « Hélas le support puissant est rompu, ce
magnifique bâton, la sainte communauté de Mayence, aussi précieuse que l’or
»39. Ces événements affectèrent à la fin de sa vie le talmudiste Rachi, qui
était à Troyes sous la protection des comtes de Champagne.
Cela
n'a pas empêché que, sur le plan intellectuel, au XIIe siècle, des juifs
participent aux travaux de traduction de l'œuvre d'Aristote, avec des
Arabo-musulmans. Pierre Abélard posa les fondements de la scolastique avec des
philosophes arabo-musulmans et juifs. Alors qu'au siècle suivant l'antijudaïsme
évolua en se durcissant, on découvre dans l'œuvre de saint Thomas d'Aquin une
réconciliation des pensées musulmanes, juives, et chrétiennes à travers la
philosophie d'Aristote ; saint Thomas a développé une théologie de l'adoption
filiale des juifs de l'Ancienne Alliance40.
Par
la suite, le monde nouveau né des croisades vit l’essor du grand commerce
international et l'arrivée des chrétiens dans les métiers du commerce. Les
juifs devinrent alors des rivaux dans la vie économique des XIIe et XIIIe
siècles, et furent progressivement mis à l’écart de la société chrétienne.
Le
IVe concile du Latran (1215) prit des mesures de discrimination contre les
juifs, comme l'obligation de porter un costume spécial et la rouelle. Les juifs
furent alors considérés par le clergé comme responsables collectivement de la
mort du Christ. Le prêt à usure devint la cause d'une grande part du sentiment
antijudaïque durant le Moyen Âge41. En Italie, puis plus tard en Allemagne et
en Pologne, Jean de Capistran (1386–1456) excitait les pauvres contre l'usure
des juifs42. Cependant, en 1247, le pape Innocent IV condamnait l'antisémitisme
et les accusations de meurtre rituel portées en Allemagne par des exaltés
contre les Juifs :
«
Nous avons entendu parler de la situation déplorable des Juifs contre lesquels
quelques princes spirituels et temporels et d'autres seigneurs puissants en vos
pays et évêchés imaginent toutes sortes de prétextes, afin de les attaquer, de
les piller et de les dépouiller de leurs biens d'une manière injuste. Quoique
l'Écriture Sainte leur dise:"Tu ne tueras pas" et leur interdise de
toucher pendant la Pâque
à quelque chose de mort, on leur impute le crime de communier, ce jour-là, avec
le cœur d'un enfant tué, et on fait comme si la loi le leur prescrivait, alors
que cet acte serait clairement contraire à la Loi... Se prévalant de
cette intervention ainsi que de beaucoup d'autres, on les assaille et on les
dépouille de tous leurs biens, sans accusation, sans aveu et sans preuve,
contrairement à la justice, on les jette dans les geôles, on les opprime, et on
condamne beaucoup d'entre eux à une mort honteuse, de sorte que sous ces
princes et seigneurs, ils se trouvent dans une situation pire que leurs
ancêtres sous les Pharaons d'Égypte, et qu'ils sont contraints à quitter les
villes et les lieux où leurs pères habitaient déjà depuis des temps
immémoriaux.
Craignant
ainsi leur destruction... ils se sont adressés au Saint-Siège... Et Nous
ordonnons de rétablir l'état antérieur et de ne plus les importuner à l'avenir
d'une façon ou d'une autre. » 43
La
politique du Saint-Siège était assez variable vis-à-vis des juifs. Quand la
situation des Juifs devenait intenable, l’Église les prenait sous sa protection
pour préserver ou augmenter ses intérêts ; quand ils vivaient dans l’opulence
ou simplement en paix, elle édictait à leur encontre des mesures restrictives
ou même infamantes dans le jeu de la concurrence d’une puissance à la fois
temporelle et spirituelle. Les disputations judéo-chrétiennes avaient souvent
pour conséquence d'engendrer des accusations contre les Juifs.
Les
représentations artistiques témoignent d'une détérioration très nette de
l'image de la synagogue et des juifs du XIIe au XVe siècle. À partir du XIIIe
siècle, en Allemagne, un motif animalier apparaît pour représenter des Juifs en
contact intime avec une truie (Judensau).
Des
quartiers juifs apparurent au XIIIe siècle en Espagne et au Portugal. En
France, on parlait de juiveries ; il y en avait quatre à Paris. Il y eut
plusieurs autodafés du Talmud en 1242 (à Paris), 1286 (Honorius IV), 1319 à
1321 (à Paris), 1415 (à Avignon), et 1553 (dans toute l'Italie) 44 (c'est alors
qu'apparaît le mot ghetto).
C'est
en Angleterre, à Norwich (1144), qu'eut lieu la première accusation de crime
rituel contre les Juifs, qui fut suivie par d'autres. Les Juifs furent également
victimes d'accusations de profanation d'hosties.
En
France, l'antijudaïsme se manifesta à partir des années 1170-1180. Une accusation de crime rituel fut lancée
contre les juifs à Blois en 1171. En 1247, le pape dut intervenir contre ce
type d'accusation. En 1182, Philippe Auguste procéda à l'expulsion des juifs du
domaine royal, alors limité. Les relations entre juifs et chrétiens se
dégradèrent rapidement, aboutissant à la transformation de la synagogue de
Paris en église en 118345. Philippe Auguste sut rappeler les juifs pour les
besoins du Trésor royal, en raison de leurs compétences dans les questions
financières. En effet, les juifs autorisaient le prêt à intérêt aux non-juifs,
alors que celui-ci était interdit aux chrétiens.
Nous
savons que saint Louis considérait que les juifs étaient responsables
collectivement de la mort du Christ, mais il ne prit pas de mesure physique
contre eux. Toutefois, les disputations entre des théologiens chrétiens, Eudes
de Châteauroux, proviseur de la
Sorbonne, et l'abbé Nicolas Donin (ancien rabbin) et quelques
docteurs de la loi israélite se tinrent en 1240 sous la présidence de Blanche
de Castille et à la demande même de juifs convertis au christianisme. Ceux-ci,
avec l'ardeur des néo-convertis, se plaignaient des invectives contre
Jésus-Christ et contre la
Vierge que contient le Talmud. Les discussions établirent que
le reproche était fondé et aboutirent à une ordonnance royale ordonnant de
brûler le Talmud en 1242 à Paris et à la traque des manuscrits hébraïques46.
Le
décret d'expulsion de 1254 ne fut pas appliqué. En 1306 Philippe le Bel expulsa
à nouveau les Juifs47. La question de savoir si Charles IV a appliqué ou non
l'ordre de Philippe V de bannir les juifs est discutée.
Dans
l'Empire, les juifs pouvaient bénéficier, à partir de 1234/1236, de la
protection de l'empereur, à condition de payer un impôt (« impôt sur les juifs
»), remplacé ultérieurement par des taxes versées à des protecteurs locaux.
La
peste noire (1346-1350) provoqua une vague d'émeutes antijudaïques, d'abord en
Provence, puis dans plusieurs parties de l'Europe. On accusa alors
régulièrement les juifs d'être responsables de l'épidémie.
Après
la peste noire, l'antijudaïsme atteint son paroxysme dans l'Europe dominée par
des souverains chrétiens.
Un
quartier juif fut construit à Avignon. Les juifs comtadins payaient néanmoins
cher la protection du pape. Le premier ghetto apparut en Italie à Venise au
XVIe siècle. Le pape Pie V avait recommandé que les États limitrophes de ses
États pontificaux construisent des ghettos.
En
1394, ce fut la dernière expulsion de France par Charles VI. En Alsace, la
situation des juifs se détériora à la fin du XIVe siècle. En 1389, un édit de
bannissement interdit aux juifs leur réadmission dans la ville de Strasbourg.
Il resta en vigueur jusqu'à la
Révolution française.
Pendant
la reconquête de l'Espagne sur les musulmans, les premières persécutions
commencèrent en 139148.
Renaissance et XVIIe siècle
L'Inquisition
espagnole se mit en place en 1451 et adopta des mesures très sévères vis-à-vis
des Juifs convertis, les conversos ou Marranes, qui continuaient à pratiquer
leur religion49. En 1492, le décret de l'Alhambra força les Juifs à choisir
entre la conversion et l'exil.
Les
juifs espagnols se réfugièrent au Portugal50, d'où ils furent à nouveau
expulsés par un édit de décembre 149651.
Dans
ces deux pays, les nouveaux convertis d'origine juive, les Marranes, furent
exclus des carrières militaires et ecclésiastiques à partir du milieu du XVe
siècle par une série de décrets devant attester la pureté de sang (limpieza de
sangre).
En
Espagne, dès avant le décret de l'Alhambra de 1492, fleurit une abondante
littérature polémique contre les juifs et contre les juifs convertis : dans le
Livre de l'Alborayque, les conversos sont assimilés à l'Alborayque, étrange
bête hybride dotée d'une queue, et que monterait Mahomet. Ainsi commença à se
répandre l'idée que les juifs ont une queue. Cette croyance se propagea à
l'époque moderne en Allemagne et d'autres pays d'Europe52.
Martin
Luther a d'abord eu une attitude conciliante avec les juifs, estimant que la
persécution des Juifs n'était pas conforme aux aspirations chrétiennes. Mais
lorsqu'il se rendit compte qu'ils s'opposaient à son enseignement, il écrivit
alors : Des Juifs et de leurs mensonges. Selon Paul Johnson, cette œuvre « peut
être considérée comme le premier ouvrage d'antisémitisme moderne, et comme un
grand pas sur la route de l'Holocauste. »53
Le
catéchisme promulgué à la suite du concile de Trente (1566) répondit à Luther
sur les causes de la mort de Jésus-Christ (voir Contenu du catéchisme du
Concile de Trente) : selon ce catéchisme, la crucifixion n'est pas le fait des
Juifs mais de l'humanité tout entière depuis le péché originel.
Calvin
polémiqua durement aussi contre les juifs[réf. nécessaire].
En
France, Bossuet a tenu également des propos très durs vis-à-vis des juifs dans
certains de ses sermons, comme ce qui suit : « C'était le plus grand de tous
les crimes : crime jusqu'alors inouï, c'est-à-dire le déicide, qui aussi a
donné lieu à une vengeance dont le monde n'avait vu encore aucun exemple...
»54. Menahem Macina, qui cite Jules Isaac, estime que de tels extraits ont
alimenté un sentiment antijudaïque jusqu'au XXe siècle, du fait de leur
insertion par Alfred Rébelliau dans la collection « les grands écrivains
français »55.
Siècle des Lumières et Révolution française
Des
papes continuèrent à promulguer des lois antijuives : Clément XII et Benoît XIV
imposèrent le port de la rouelle. Clément XIV est plus libéral mais l'édit de
1775 de Pie VI rétablit la surveillance du ghetto de Rome par l'Inquisition,
ainsi que le port de l'insigne.
À
la veille de la Révolution
française, les communautés juives en France étaient localisées à Bordeaux
(Sépharades) et en Alsace (Ashkénazes). Les juifs étaient également en Avignon.
Les communautés juives étaient souvent assez mal acceptées.
Les
philosophes des Lumières étaient en général peu favorables aux Juifs, avec
quelques exceptions comme Diderot, qui voyait dans le peuple juif un moyen
d'ouverture au monde.
Voltaire
était farouchement antijudaïque. Conscient des racines judaïques de l'Église,
il voyait dans l'attaque du judaïsme et des juifs un moyen de saper les
fondements de l'Église. Dans son Dictionnaire philosophique, les attaques
féroces s'accumulent :
• article
"Tolérance" : « C’est à regret que je parle des Juifs: cette nation
est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre56. »
• article
"Anthropophages" : « Pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas été
anthropophages ? C’eut été la seule chose qui eut manqué au peuple de Dieu pour
être le plus abominable de la terre57. »
• article
"États, gouvernements" : «… une horde de voleurs et d'usuriers58… »
• article
"Juifs" : « Ils sont le dernier de tous les peuples parmi les
musulmans et les chrétiens, et ils se croient le premier. Cet orgueil dans leur
abaissement est justifié par une raison sans réplique ; c’est qu’ils sont
réellement les pères des chrétiens et des musulmans. Les religions chrétienne
et musulmane reconnaissent la juive pour leur mère ; et, par une contradiction
singulière, elles ont à la fois pour cette mère du respect et de l’horreur. »
Et plus loin : « Il résulte de ce tableau raccourci que les Hébreux ont presque
toujours été ou errants, ou brigands, ou esclaves, ou séditieux : ils sont
encore vagabonds aujourd’hui sur la terre, et en horreur aux hommes, assurant
que le ciel et la terre, et tous les hommes, ont été créés pour eux seuls59. »
Toutefois,
malgré sa virulence antijudaïque, on ne peut pas dire que Voltaire était
entièrement antisémite :
• article
"Juifs" (conclusion) : « Ma tendresse pour vous n’a plus qu’un mot à
vous dire. Nous vous avons pendus entre deux chiens pendant des siècles; nous
vous avons arraché les dents pour vous forcer à nous donner votre argent; nous
vous avons chassés plusieurs fois par avarice, et nous vous avons rappelés par
avance et par bêtise; nous vous faisons payer encore dans plus d’une ville la
liberté de respirer l’air; nous vous avons sacrifiés à Dieu dans plus d’un
royaume; nous vous avons brûlés en holocaustes: car je ne veux pas, à votre
exemple, dissimuler que nous ayons offert à Dieu des sacrifices de sang
humain59. »
• article
"Tolérance" (conclusion) : « Mais que dirai-je à mon frère le Juif?
lui donnerai-je à souper? Oui56. »
Le
courant général de libéralisation en France au XVIIIe siècle profita aux Juifs.
L'abbé Grégoire écrivit en 1787 un essai sur les juifs. Le 27 septembre 1791, grâce à
Adrien Duport et à l'abbé Grégoire, l'Assemblée nationale vota le décret
d'émancipation des juifs, qui obtinrent la condition de citoyen à part entière,
avant même les prêtres.
Période contemporaine
Malgré
le décret de 1791, les juifs n'étaient pas encore intégrés. Napoléon aurait eu
de forts préjugés contre les juifs, mais son sens de la cause publique et son
opportunisme le poussèrent à les intégrer dans la société française.[réf.
nécessaire] Malgré l'opposition des députés de l'est, il décida en mai 1806 de
convoquer une assemblée de notables, qui seraient choisis « parmi les rabbins,
les propriétaires et autres Juifs, les plus distingués par leur probité et
leurs lumières. » Les notables siégèrent durant dix mois (26 juillet 1806 - 6 avril 1807), et
furent sommés de répondre à un certain nombre de questions qui avaient pour
objectif d'établir si les lois juives étaient compatibles avec le droit commun.
Les notables répondirent que le judaïsme prescrivait de tenir « comme loi
suprême la loi du prince en matière civile et politique », et qu'eux-mêmes
s'étaient toujours « fait un devoir de se soumettre aux lois de l'État »60.
Deux
décrets de Napoléon de 1808 réorganisèrent le culte. Il fallut encore lutter
contre des mesures discriminatoires : Adolphe Crémieux fit supprimer le «
serment more judaïco » que les juifs devaient prêter en justice selon une
procédure infamante (1827-1846)61.
Dans
la seconde moitié du XIXe siècle, le contexte de scientisme transforma
l'antijudaïsme en antisémitisme, en lui associant des thèses racistes.
Les
idéologies[Lesquelles ?] renvoyèrent au domaine de la pure imagination la
connaissance religieuse et théologique. Elles posèrent les germes de l'oubli du
Premier Testament.
En
France, Auguste Comte, dans son calendrier positiviste, prit « un parti
pleinement irrévocable » sur Jésus, selon lequel il maintenait son « exclusion
totale » de son système de pensée62. Puis, il se considéra comme un nouveau
saint Paul, qu'il voyait comme le « véritable créateur » du « dogme catholique
»63, « profondément familier avec les penseurs de la Grèce »64.
Les
intellectuels juifs (Marx, Freud, Einstein…) ne formaient qu'une petite partie
de ce mouvement général de remise en question, allant de la transformation des
évidences aveuglantes à des interrogations angoissantes.
L'antisémitisme
se propageait en Europe de l'Est, avec des pogroms en Russie au début du XXe
siècle. Il se manifesta en France avec l'affaire Dreyfus (1894-1906), dont les
causes profondes furent étudiées notamment par Bernard Lazare65 et dont Émile
Zola se fit l'écho dans la presse. Le dénouement de cette affaire n'a pas
empêché que se développent des publications antisémites, tant en France qu'en
Allemagne.
En
France, l'antijudaïsme se propagea dans l'enseignement à partir notamment de
quelques extraits des sermons de Bossuet66. Paul Démann releva des passages
antijudaïques dans les manuels d'enseignement religieux qui ont nourri la foi
des catholiques de la fin du XIXe siècle aux décennies qui ont précédé le
concile Vatican II, dans le cadre d'une enquête reposant sur l'examen d'«
environ 2000 volumes »67.
Charles
Maurras, dont l'idéologie reposait sur une primauté de l'esthétique
gréco-latine et s'inspirait du positivisme comtien, considérait que l'une des
tares du christianisme résidait dans son ascendance juive. Il réussit à séduire
un certain nombre de catholiques sur ce critère, malgré les condamnations de
l'Action française par Pie X (1914) puis Pie XI (1926) 68, adoptant les
attitudes les plus agressives vis-à-vis des Juifs (« C'est en tant que juif
qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum »).
Caricatures
de Lénine, Radek, Martov et Emma Goldman,
présentés comme juifs dans un ouvrage d'Alfred Rosenberg, Le Bolchévisme Juif, publié en anglais en 1922.
présentés comme juifs dans un ouvrage d'Alfred Rosenberg, Le Bolchévisme Juif, publié en anglais en 1922.
Du
côté allemand, Alfred Rosenberg diffusa l'antisémitisme par le biais des
Protocoles des Sages de Sion. Il publia en 1930 Le Mythe du vingtième siècle
qui donnait des bases théoriques à l'idéologie nazie (« Il s'agit de créer une
Église allemande, ancrée dans les forces issues du sang, de la race et du sol,
fondée sur un Nouveau Testament expurgé de superstitions, et libérée de
l’Ancien Testament »). Six évêques de la province de Cologne réagirent par une
déclaration le 5
mars 1931, assimilant les erreurs du national-socialisme à celles
de l'Action française (voir Les catholiques allemands face à la montée du
nazisme). Après la prise de pouvoir par Hitler, le vote de la loi des pleins
pouvoirs (23 mars
1933), et le concordat du 20 juillet 1933, ni cette déclaration, ni la
lettre pastorale des évêques allemands de juin 1934, ni l'encyclique Mit
brennender Sorge (1937), ne suffirent à endiguer l'emprise du pouvoir nazi
entre 1933 et 1938.
Jacques
Prévotat note en conclusion de son livre l'absence d'un document doctrinal
clair de l'Église :
«
Pour l'Église, le bénéfice aurait été grand d'une encyclique, expliquant aux
fidèles du monde entier qu'un catholicisme qui rompt avec l'Ancien Testament,
qui veut purifier l'Évangile de ses racines juives, tourne à l'hérésie, que
cette hérésie a un nom, celle de Marcion, condamné au IIe siècle. Une
encyclique qui aurait repris l'ensemble du problème aurait, de surcroît donné
aux théologiens et aux fidèles les moyens d'affronter, avec une réflexion plus
élaborée, le drame du judaïsme pendant la guerre. »69
L'encyclique
Humani Generis Unitas n'a pu être promulguée en raison de la mort du pape Pie
XI (1939).
Beaucoup
de Juifs durent émigrer aux États-Unis dans les années 1930, où ils ont trouvé
un climat plus favorable.
La
position de l'Église catholique pendant la Seconde Guerre
mondiale fut des plus délicates, car ses responsables savaient que toute
protestation risquait d'entraîner des représailles. Il n'en reste pas moins que
les silences de trop de chrétiens face aux déportations des Juifs ont
interpellé les consciences, alors que le drame de la Shoah se déroulait sans que
l'on en perçût ni l'organisation, ni l'ampleur70. Des prêtres figurent dans la
liste des Justes parmi les nations. Le Père Pierre Chaillet a publié les
Cahiers du Témoignage chrétien — 14 opuscules, qui se succédèrent de novembre
1941 à août 1944 — et a insufflé à la Résistance une dimension spirituelle telle
qu'elle a fait dire un jour à Maurice Schumann à la BBC : « Vous avez été notre 18
juin spirituel ! ». Le Père Marie-Benoît (surnommé « le père des Juifs ») a
protégé des Juifs à Marseille. Le village de Chambon-sur-Lignon est resté
célèbre.
Il
est à noter que le cardinal Henri de Lubac écrivit en 1988 Résistance
chrétienne à l'antisémitisme. Souvenirs (1940-1944).
Le
supersessionisme fut abandonné par la plupart des Églises protestantes
libérales dans le courant du XIXe siècle, tandis que l'Église catholique
romaine ne s'en était pas encore affranchie.
Maintenant,
l'Europe compte 8 % de la population mondiale juive. Notons qu'en France, en
dépit des mesures du gouvernement de Vichy, environ 72 % des Juifs ont survécu,
ce qui est une proportion exceptionnelle si on la compare à celle d'autres pays
européens, la moyenne européenne étant d'un peu plus de 33 % (8 % en Pologne).
Relations entre le judaïsme et le christianisme aujourd’hui
Pour
approfondir sur la lecture de la
Bible :
Le
peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne sur le site du Vatican
(Commission pontificale biblique)
Après-guerre : concile Vatican II
Après
la tragédie de la Shoah,
le Conseil international des chrétiens et des juifs se réunit en 1947 à la
conférence de Seelisberg, en Suisse, pour étudier les causes de l'antisémitisme
chrétien, à l'instigation de personnalités juives (dont Jules Isaac) et
chrétiennes. C'est lors de cette conférence que Jules Isaac rencontra Paul
Démann, qui écrivit entre 1948 et 1965 plusieurs études pionnières sur les
relations entre le judaïsme et le christianisme, dont La catéchèse chrétienne
et le peuple de la
Bible. Constatations et perspectives (1952).
Compte
tenu des silences de l'Église, on considère que l'antisémitisme puise une
partie de ses racines dans l'antijudaïsme. L'historien Jules Isaac, artisan de
l'amitié entre Juifs et chrétiens, identifia les causes religieuses dans
L'Enseignement du mépris, alors que le chrétien Jacques Maritain luttait depuis
longtemps contre l'antisémitisme.
L'Église
catholique romaine a reconnu avoir diffusé une culture antijudaïque dans le
passé. Jean XXIII supprima en 1959 la mention ambigue pro perfidis Judaeis dans
la prière universelle du Vendredi saint, qui reçut une formulation définitive
avec Paul VI dans le missel de 1969
Le
concile Vatican II a entériné l'abandon de la théologie de la substitution en 1964-1965. Il a jeté les bases du dialogue
interreligieux avec la déclaration Nostra Ætate (1965).
Le
concile a également affirmé la liberté religieuse dans la déclaration
Dignitatis humanae (1965).
Tentatives d’interprétations
Querelle
d'héritage
Après
la destruction du second Temple (70), une première scission se produit : les
pharisiens sont d'abord considérés par les chrétiens comme des gens attachés
aux traditions, sans voir qu'ils transmettaient aussi la loi orale de Moïse.
Ultérieurement,
alors que les communautés juives installées en Galilée et en Mésopotamie
mettent par écrit la loi orale de Moïse (Talmud de Jérusalem au IVe siècle et
Talmud de Babylone au VIe siècle), les chrétiens tolèrent généralement les
Juifs, mais ils commencent à s'en méfier, considérant que ce peuple a trahi le
Christ à travers le personnage de Judas Iscariote.
On
a vu qu'à la suite de Justin martyr, les chrétiens se présentent comme le «
véritable Israël » (« verus Israel »). Monseigneur Francis Deniau pense que
l'origine de l'expression se trouverait dans des interprétations des épîtres de
Paul: dans l’épître aux Galates 6, 15-16, après avoir affirmé : « la
circoncision n’est rien, ni l’incirconcision ; il s’agit d’être une créature
nouvelle » Paul ajoute : « à tous ceux qui suivront cette règle, paix et
miséricorde, ainsi qu’à l’Israël de Dieu». On a souvent opposé cette expression
à 1 Corinthiens 10, 18 qui parle de l’Israël selon la chair, en l’interprétant
comme le peuple juif, alors que les chrétiens seraient l’Israël de Dieu, le
véritable Israël71.
Les
chrétiens considèrent alors logiquement le peuple juif comme un peuple-queue,
suivant l'interprétation du Deutéronome (Dt 28, 44). Pierre Savy a montré que
la croyance selon laquelle les Juifs ont une queue serait une métaphore,
conséquence de cette interprétation des textes de la Bible. D'où une
tendance à l'animalisation des juifs, voire à leur diabolisation, et à laisser
penser que les juifs n'appartiennent pas à l'espèce humaine72.
Les
Juifs commencent épisodiquement à servir de boucs émissaires, soit pour cause
de mémoire non assumée par les chrétiens, de rivalité du type de celle qu'on
trouve entre frères ennemis se disputant la place principale auprès de Dieu le
Père, soit pour cause de désaccords métaphysiques infranchissables concernant
la divinité du Christ et l'universalité de la religion.
Les
Juifs, en tant que minorité religieuse au sein de la chrétienté, étaient
davantage considérés comme des talmudistes s'opposant au christianisme et à la Nouvelle Alliance
par des textes tardifs, que comme les grands ancêtres des chrétiens à qui ils
auraient transmis leur religion.
Pour
les chrétiens, qui cherchaient à appliquer le message du Christ, à partir du
moment où avait été annoncée la « Nouvelle Alliance » avec Dieu, supposée
remplacer la première, les Juifs, étaient soit des rivaux, les premiers à avoir
été distingués par Dieu le Père, soit une frange résistante de l'ancien peuple
élu, frange ayant trahi son rôle dévolu : ils revendiquaient l'héritage de
l'Ancienne Alliance, cette promesse faite à Abraham, cette promesse de Dieu à
son peuple recueillant la Loi
(avec toutes les nations au pied du Sinaï ; la parole de Dieu s'entendait en
toutes les langues), ainsi que le Talmud, dont l'application s'opposait au
christianisme.
Approche psychanalytique
Certains[Qui
?] ont une approche psychanalytique et accusent le christianisme d'avoir eu
longtemps vis-à-vis de son passé, une attitude d'oubli forcé, de désir
d'effacement, de rejet et de volonté de faire disparaître le frère aîné juif,
supposé davantage aimé du Père[réf. nécessaire]. Pour d'autres[Qui ?], l'Église
a tenté historiquement de protéger et de circonscrire cette minorité
religieuse, dans l'attente de sa conversion comme un signe de la fin des temps,
sans que cette protection historique n'entraîne jusqu'au XXe siècle la moindre
concession ou confusion théologique entre christianisme et talmudisme.
Prétendant
alors dépasser le judaïsme, il fallait au christianisme également le rejeter,
le résorber, le transformer, l'absorber. Alors, alternativement ce «
dépassement » se faisait en forçant à la conversion et en persécutant les
Juifs, qui étaient accusés de n'avoir pas su reconnaître le Messie en Jésus.
Les Juifs auraient eu pour faute de n'avoir pas su reconnaître la divinité de
Jésus, et ils devaient par conséquent expier cette faute, souffrir pour leur
faute.
Les
Juifs furent régulièrement accusés de n'être pas chrétiens, d'être donc
demeurés dans le péché et, de plus, de ne pas appartenir à la même communauté,
de se distinguer, de persister à vouloir conserver leur Loi qu'ils disaient
tenir de Dieu lui-même depuis Moïse, et, sporadiquement, ils furent accusés
ainsi d'être responsables des maux divers et des catastrophes telles que la
peste noire au Moyen Âge. Logique du bouc émissaire : persécuté, il permet aux
autres de se rassurer, de se refaire, aussi, une identité, une vie, une
grandeur, sur son dos. Logique du bouc émissaire qui permet toutes les
accusations, pour servir toutes les causes, en toutes occasions, et dévier le
trop-plein de violence sur l'autre, victime expiatoire.
On
s'est reporté sur les Juifs qui précisément, avec l'histoire d'Abraham
transmise aux trois monothéismes, ont apporté à l'Humanité le message de
l'interdit (divin) de porter la main sur l'autre, de faire couler le sang
humain, de pratiquer des sacrifices humains. Isaac devait être remplacé par le
bouc. Fin des sacrifices humains. Interdit de tuer. Tels furent les messages
les plus anciens, du plus ancien des patriarches, Abraham, pasteur nomade, qui
vraisemblablement venu de Mésopotamie, de la ville d'Ur, se rendait en Égypte.
Interprétation de la Bible
La Shoah a poussé certains exégètes chrétiens à s'interroger
sur les causes de l'antijudaïsme jusque dans les textes. Afin de comprendre
dans quelle mesure les textes de la
Bible peuvent être interprétés d'une façon hostile aux juifs,
il est nécessaire de connaître le contexte historique lors de la prédication de
Jésus. Le Temple de Jérusalem était alors le centre de la vie sociale. Le
Temple était à la fois un lieu de culte, mais aussi le centre d'une gestion
financière qui favorisait les intérêts des castes sacerdotales. Les pharisiens
jouaient un rôle important, dans les rites de purification, et dans les
offrandes73.
Dans le Deutéronome
Le
chapitre 28 présente une liste de bénédictions promises aux juifs qui
observeront la Loi
mosaïque, mais aussi une liste de malédictions pour les juifs qui n'obéiraient
pas à la Loi. Par
exemple :
«
L'étranger qui est chez toi s'élèvera à tes dépens de plus en plus haut, et toi
tu descendras de plus en plus bas. C'est lui qui t'annexera, et tu ne pourras
pas l'annexer : c'est lui qui sera à la tête, et toi à la queue. » (Dt 28,
43-44)
On
a vu que les théologiens du Moyen Âge se sont appuyés sur ce passage pour
considérer le peuple juif comme un peuple-queue.
Dans les évangiles
Les
Évangiles qui présentent le juif Jésus, "gloire d'Israël son peuple aux
yeux des nations" et dont certains auteurs sont juifs, ne peuvent par
essence même, constituer des écrits antisémites ni ne peuvent renfermer de
théories antijudaïques puisqu'au contraire une grande partie des Évangiles est
consacrée à établir le lien entre Jésus et la Loi et les Prophètes, l'Ancien et le Nouveau
Testament74. Les extraits cités ci-dessous ont en fait servi à justifier un
antijudaïsme déjà formé (pour éviter de se remettre en cause soi-même ?) et
recherché.
Dans
sa prédication, Jésus s'est assez souvent opposé aux pharisiens et aux scribes,
ce qui l'a conduit progressivement à un conflit avec la hiérarchie religieuse
essentiellement concentrée à Jérusalem75. Les textes canoniques où l'on
trouverait certains propos hostiles aux Juifs ou certaines catégories d'entre
eux sont surtout l'évangile selon Matthieu et l'évangile selon Jean, les
auteurs étants juifs.
• Chez Matthieu :
Au
chapitre 23, Jésus prononce plusieurs fois l'expression « malheureux êtes-vous,
scribes et pharisiens hypocrites ». On peut se reporter à l'analyse qu'en fait
Ulrich Luz, qui pense que « la tâche de reprendre de façon critique
l'antijudaïsme théologique vise le centre de la foi chrétienne »76. Ce passage
ne vise cependant que la mauvaise foi de responsables religieux.
Au
chapitre 27, les juifs sont réunis à Jérusalem lors du procès de Jésus.
«
Voyant alors qu'il (Pilate) n'aboutissait à rien, mais qu'il s'ensuivait plutôt
du tumulte, Pilate prit de l'eau et se lava les mains en présence de la foule,
en disant: « Je ne suis pas responsable de ce sang ; à vous de voir ! » Et tout
le peuple répondit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » » 77.
Ce passage souvent cité comme fondateur de l'antijudaïsme et effectivement
utilisé par les auteurs antijudaïques comme fondant la responsabilité
collectives des juifs dans l'exécution de Jésus, n'est cependant pas recevable
dans la logique chrétienne d'une part parce que la théologie enseigne que le
Christ est mort pour l'humanité tout entière et qu'il est mort à cause du péché
de celle-ci, d'autre part parce qu'un tel cri ne pourrait concerner que les
personnes présentes lors du procès et qui ont crié en ayant plein conscience de
rejeter le Christ.
• Chez Jean :
Il
s'agit souvent des interventions de l'évangéliste qui dit « les Juifs... » au
lieu de "les gens" en réponse à de longs discours de Jésus, ou de la
manière dont est relaté le procès de Jésus.
Par
exemple :
«
Et il leur disait : « Vous, c'est d'en bas que vous êtes, moi, c'est dans haut
que je suis
Vous,
c'est de ce monde que vous êtes ; moi, je ne suis pas de ce monde. » »78
«
Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous
voulez accomplir. »79
On
peut se reporter à l'analyse de Martinus de Boer80. Mais dans la logique de la
théologie catholique, tous ces reproches s'adressent non aux juifs en tant que
peuple mais en tant que représentants de l'Humanité lorsqu'elle refuse la
vérité que le Christ est dit apporter. C'est toute l'humanité qui est accusée
par ce passage; dans le cas contraire, l'Évangile considérerait que
l'enseignement du Christ s'adresserait seulement aux Juifs.
En
revanche, dans le passage de la
Samaritaine, qui se déroule au bord du Puits de Jacob, lieu
hautement symbolique de la tradition juive (chapitre 4), Jésus déclare : « Vous
adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous
connaissons, car le salut vient des Juifs »81.
Ce
passage est à rapprocher du cantique du vieillard Siméon dans lequel l'Évangile
présente le fait de voir naître en son sein le Messie, le sauveur du Monde
comme "la gloire d'Israël". De la même façon, si le Christ, juif
lui-même, fait des reproches aux juifs c'est à chaque fois pour leur reprocher,
eux qui ont eu les prophètes pour les préparer, de ne pas reconnaître le Messie
quand il vient.
Dans les Actes des Apôtres
Après
le concile de Jérusalem, Paul rencontre des difficultés avec les Juifs, à
Thessalonique, Bérée, Athènes, et est traduit en justice à Corinthe (chapitres
17-18).
De
retour à Jérusalem, Paul comparaît devant le Sanhédrin, où une scission se
produit entre Sadducéens (qui ne croyaient pas en la Résurrection) et les
pharisiens (qui y croyaient). Une quarantaine de Juifs va trouver les grands
prêtres (Ac 23, 12-15).
À
Rome, les Juifs sont partagés sur le message de Paul, qui cite Isaïe (Ac 28,
23-28).
Selon
Daniel Marguerat, les Actes des Apôtres peuvent être interprétés de deux
manières différentes82 (voir aussi Les Juifs et l'association au terme «
déicide»).
Dans les épîtres de Saint Paul
Saint
Paul est quelquefois critiqué pour une violente polémique contre les Juifs dans
la première épître aux Corinthiens83.
«
Ceux-ci ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, et ils nous ont
persécutés. Ils déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes. »
Paul
reproche en effet aux Juifs qu'il estime avoir été préparés par les
enseignements des prophètes, de ne pas reconnaître le Messie une fois qu'il est
venu et de demander davantage que la logique des enseignements du Christ et
leur cohérence avec ceux de l'Ancien Testament. Mais il en a autant pour les
Païens : « Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse:
nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les
païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés,
tant Juifs que Grecs. » (1 Co 1, 22-24).
Sa
réflexion théologique s'approfondit dans l'épître aux Romains, lorsqu'il
déclare84:
«
J'affirme ceci dans le Christ, car c'est la vérité, je ne mens pas, et ma
conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint. J'ai dans le cœur une
grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race,
je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : Ils sont en effet les fils
d'Israël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses
de Dieu ; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né,
lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. » 85
Dans l'épître aux Galates, saint Paul
affirme86:
«
La circoncision n'est rien, ni l'incirconcision ; il s'agit d'être une créature
nouvelle » puis il ajoute : « à tous ceux qui suivront cette règle, paix et
miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu. » Cette réflexion ne signifie pas un
mépris des traditions juives mais est venue à un moment où, des non juifs
devenant chrétiens, la question de les circoncire se posait : puisque le
Christianisme s'appuie sur le Judaïsme, doit-on passer d'abord par les traditions
juives avant le baptême ?
Saint
Paul répond que non, on peut devenir chrétien tout de suite, sans un préalable
judaïque.
Depuis
60 ans, devant la confrontation aux persécutions nazies et à la shoah, les
chrétiens ont repris conscience de ce rappel de Paul : « les dons et l'appel de
Dieu sont irrévocables » (Romains 11, 28-29). Les chrétiens ont redécouvert
concrètement la présence d'Israël, et redécouvert que la fidélité d'Israël à sa
Torah avait, aujourd'hui et non seulement dans le passé, un sens spirituel, une
signification dans le dessein de Dieu pour le monde87.
Références employées :
• Bible
de Jérusalem,
• Traduction
œcuménique de la Bible,
• Question
posée au Centre d'études théologique à distance,
• Bibliographie
ci-dessous.
Autres interprétations
La
théologie de la substitution qui a longtemps prévalu s'est concentrée sur
certains passages du Nouveau Testament, pour présenter l'Église comme le «
véritable Israël ».
En
fait, d'autres théologiens à la suite de saint Ambroise et de saint Augustin,
ont proposé d'autres interprétations des évangiles, portant par exemple sur la
parabole de l'enfant prodigue, que certains préfèrent appeler la parabole du
Père et de ses deux fils, ou du Père prodigue, du fils perdu, du fils
retrouvé88. Ainsi, saint Augustin compare Israël au fils aîné de la parabole
sorti dans les champs, alors que le fils cadet, l'Église ou les pêcheurs,
revient après une période de débauche. Le père représente Dieu qui prie son
fils aîné de rentrer, figurant Israël sauvé89.
Pierre
Chrysologue, évêque de Ravenne (Ve siècle) commence cinq sermons sur cette
parabole de la façon suivante :
«
Aujourd'hui le Seigneur appelle le père et ses deux fils pour nous les
présenter afin de découvrir au travers d'une belle image figurative la grande révélation
de sa bonté, la cruelle jalousie du peuple juif et le retour du peuple chrétien
dans une attitude de suppliant »90.
Le
pape Grégoire le Grand emploie une allégorie à partir du livre de Job91, tandis
que Bède le Vénérable utilise aussi la parabole de l'enfant prodigue dans une
homélie92, reprise par Paul Diacre au VIIIe siècle lors de la Renaissance
carolingienne.
«
Vous êtes nos frères de prédilection, et en un certain sens nos frères aînés »
Jean-Paul
II à la synagogue de Rome, le 13 avril 1986.
Position actuelle de l’Église catholique
Les
rencontres d'Assise permettent d'approfondir les points de convergence du
christianisme avec les autres religions.
Depuis
25 ans environ, de nombreuses études (voir bibliographie) approfondissent la
judéité de Jésus, et remettent en cause un très grand nombre d'idées reçues sur
le christianisme ancien.
En
1986, le pape Jean-Paul II a visité la Grande synagogue de Rome, ce qui fut la première
visite d'un pape dans une synagogue depuis les premiers siècles.
En
1991, le nouveau catéchisme promulgué par Jean-Paul II précise (paragraphe 597)
:
«
Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus
En
tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans
les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs
du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en
attribuer la responsabilité à l'ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les
cris d'une foule manipulée et les reproches globaux contenus dans les appels à
la conversion après la
Pentecôte. Jésus Lui-même en pardonnant sur la Croix et Pierre à sa suite
ont fait droit à l'ignorance (Ac 3, 17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs
chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple : « que son sang soit
sur nous et sur nos enfants » (Mt 27, 25) qui signifie une formule de
ratification, étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l'espace et dans
le temps.
Aussi
bien l'Église a-t-elle déclaré au concile Vatican II : Ce qui a été commis
durant la Passion
ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux
Juifs de notre temps. (…) Les Juifs ne doivent pas être présentés comme
réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture. »93
En
1993, le Vatican reconnaît officiellement l'État d'Israël.
Lors
des repentances en 1995 (Églises d'Allemagne et de Pologne), 1997 (Église de
France), 1998, et 2000, l'Église
catholique a reconnu ses fautes envers le judaïsme.
La
reconnaissance de la signification actuelle de la fidélité d'Israël est la voie
sur laquelle l'Église s'est engagée, en y découvrant un approfondissement de sa
compréhension d'elle-même, de la signification de la bonne nouvelle du Christ,
et de l'espérance pour le monde87.
Selon
le pape Benoît XVI, l'exclamation que Matthieu impute aux habitants de
Jérusalem « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt 27, 25) ne peut
jamais être interprétée négativement : « ce n'est pas une malédiction, mais une
rédemption, un salut. » Car pour le pape, le sang de Jésus « n'exige ni
vengeance ni punition, mais est réconciliation ». Il laisse donc entendre que
le sang de Jésus a racheté son peuple94.
Benoît
XVI a rappelé la pensée de saint Thomas d'Aquin le 28 janvier 2007 :
«
Le calendrier liturgique rappelle aujourd'hui saint Thomas d'Aquin, grand
docteur de l'Église. […] Le rapport entre foi et raison constitue un sérieux
défi pour la culture actuellement dominante dans le monde occidental et,
précisément pour cette raison, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu y consacrer
une encyclique intitulée justement Fides et ratio, - Foi et raison. J'ai
moi-même récemment repris cet argument dans le discours à l'Université de
Ratisbonne. […] Avec une sagesse clairvoyante, saint Thomas d’Aquin réussit à
instaurer une confrontation fructueuse avec la pensée arabe et juive de son
temps, au point d’être considéré un maître toujours actuel de dialogue avec
d’autres cultures et religions. » 95
Exception à l'antijudaïsme
En
dépit de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme chrétien qui se confondent de
Théodose II jusqu'au concile de Trente, les sources juives ont toujours été
reconnues dans le christianisme. En témoignent la querelle entre Jérome de
Stridon et Augustin d'Hippone sur la nécessité de reprendre le texte hébreu
pour construire la
Vulgate. Jérôme était partisan de la "'veritas
hebraica".
Par
la suite, dès les premiers travaux d'une exégèse scientifique balbutiante, il
faut signaler les travaux de Louis Capel au XVIIe siècle à côté de ceux de Jean
Astruc et de Richard Simon. De même, au moment de la canonisation de Trente,
tandis que les catholiques choisissent la Vulgate et la Septante comme source privilégiée de doctrine et
de foi, les protestants choisiront le texte Massorti dans la version du codex
de Stuttgart ; ce choix ne retirant rien à l'antisémitisme manifesté par Luther
dans ses Propos de Table.
Dans
l’encyclique « Mit brennender Sorge », du 21 mars 1937 condamnant le nazisme, le pape Pie
XI rappelle le fondement biblique de la foi chrétienne :
«
Qui veut voir bannies de l'Église et de l'école l'histoire biblique et la
sagesse des doctrines de l'Ancien Testament blasphème le Nom de Dieu, blasphème
le plan de salut du Tout-Puissant, érige une pensée humaine étroite et limitée
en juge des desseins divins sur l'histoire du monde. (MBS, 16) »
En
ce qui concerne le Nouveau Testament, les sources juives du christianisme sont
mises en valeur d'abord par Joseph Klausner vers 1903 puis par L'École juive du
Nouveau Testament, notamment Géza Vermes qui était prêtre catholique quand il
commença ses travaux.
Mais,
quelle que soit leur origine, tous les scientifiques signalent que les sources
juives du NT ne signalent en aucun cas un original hébreu, quel que soit le
texte considéré. Les sources juives considérées sont soit en grec, soit, pour
la littérature patristique, en syriaque, qui est un dialecte araméen. L'hébreu,
au premier siècle, est une langue morte96. C'est assez normal si l'on considère
que le centre de la pensée juive depuis le IIIe siècle avant l'ère commune est
Alexandrie, où les Juifs ont trouvé une certaine autonomie, au contraire du
judaïsme palestinien pour cause d'oppression romaine97".
-
Contentieux judéo-musulman
Le statut de dhimmi
Il
y a eu des périodes de tolérance relative durant lesquelles les Juifs ont pu
prospérer intellectuellement et économiquement de façon significative et
exercer une influence politique certaine au sein des gouvernements islamiques.
En réalité, et plus souvent qu'on ne le croit, le sort des Juifs n'a pas été
toujours enviable. Du Maroc jusqu'en Perse, ils ont subi misères et
humiliations, insécurité et violences populaires. Cette période d'adversité,
aux XIe et XIIe siècles, a amené un des plus célèbres philosophes juifs du
Moyen Âge, Maïmonide, à s'adresser non sans amertume à la « nation d'Ismaël »
qui « nous persécute cruellement et qui met en place tous les moyens de nous
nuire et de nous avilir ». En fait, l’ « Âge d'Or » des Juifs sépharades, qui a
coïncidé avec l'apogée de la civilisation islamique au Moyen Âge, n'a pas été
sans provoquer envie et hostilité parmi les musulmans face à l'influence
croissante des juifs et à leurs succès socio-économiques notables.
Il
s’agit simplement, au départ, de rivalités et concurrences socio-économiques
“rationalisées” justifiées a posteriori avec des arguments religieux et des
fabulations98.
Le
statut légal des juifs et des chrétiens sous domination islamique dans l'ère
prémoderne, était essentiellement celui de dhimmi (« peuple protégé »), dont
les religions étaient officiellement reconnues par les autorités (en place). En
s'acquittant d'une taxe (jîzya), ils pouvaient exercer librement leur religion,
jouir d'un certain degré de sécurité personnelle, et fonder leurs propres
organisations communautaires. Mais la protection accordée aux « peuples du
Livre » (ahl al-kitab) était accompagnée d'une forme d'assujettissement. La «
tolérance » dont ils bénéficiaient était limitée à l'intérieur d'un cadre
social étroit qu'ils ne pouvaient transgresser ; discriminations et interdits
soulignaient constamment la supériorité et la préséance des musulmans sur les
Juifs et les chrétiens.
Le
coup de génie de l’islam ottoman a été la conversion à l'islam par l’exception
de cette taxe d’jîzya du dhimmi (« peuple protégé ») aux chrétiens et juifs et
tout autre non-musulman. Il était interdit aux Juifs de porter des armes, par
exemple, ou de monter à cheval. Ils étaient en outre, astreints au port d'un
vêtement distinctif (la rouelle jaune a été inventée à Bagdad et non pas dans
l'Europe du Moyen Âge). De plus, ils ne pouvaient pas construire de nouveaux
lieux de culte (références : « Canal Science ». « Télé-Science », QC, Canada).
Dans
des pays plus éloignés comme le Maroc, l'Iran et le Yémen, les Juifs avaient
subi des humiliations, été maltraités physiquement et méprisés. Les
restrictions liées au statut de dhimmi ont été renforcées et appliquées avec
plus de rigueur encore. Les émeutes accompagnées de pillage et de meurtres
dirigées contre la population juive étaient plus fréquents dans ces contrées
périphériques et cela jusqu'à l'aube du XXe siècle. D'autres régions d'Afrique
du Nord connurent des épisodes tragiques durant le XIXe siècle et à des
intervalles assez réguliers. À la même époque est apparu le pamphlet diffamatoire
accusant les Juifs d'utiliser le sang d'enfants pour leurs rituels. Cette
monstrueuse calomnie, qui avait fleuri parmi les communautés grecques
orthodoxes sous l'Empire ottoman, comme en Europe occidentale, a eu pour
conséquence le déferlement de pogroms à Smyrne (1872) puis à Constantinople
deux ans plus tard. D'autres accusations de crime rituel commis par les Juifs
avaient été déjà enregistrées à Beyrouth en 1824, à Antioche (1826), à Hama
(1829), à Damas en 1840 (la sordide affaire de Damas).
Il
faut dire toutefois que le sort des Juifs soumis au statut de dhimmi, malgré
toutes ses conséquences douloureuses, était, somme toute, plus enviable que
celui de leurs coreligionnaires vivant en terres chrétiennes du “Contentieux
judéo-catholique romain”. Plus sûrs et plus confiants en eux-mêmes, les
musulmans de l'époque médiévale n'éprouvaient pas la même obsession que celle
qui habitait leurs homologues chrétiens, refusant de reconnaître le judaïsme en
tant que religion.
Le
Coran met l'accent tout particulièrement sur le fait que les Juifs ont rejeté
Mahomet alors même (selon des sources musulmanes) qu'ils reconnaissaient sa
qualité de prophète, par jalousie et par dépit, sous prétexte qu'il n'était pas
juif.
Ainsi,
se propage, de nouveau, dans le monde musulman le mythe du complot.
La
notion selon laquelle les Juifs sont, par exemple, des « falsificateurs
arrogants », ourdissant sans cesse de nouveaux complots, intrigant pour semer
la discorde, créer des conflits et des divisions au sein de la communauté
musulmane, est considérée comme une évidence en parfaite conformité avec
l'enseignement coranique. Seule une adhésion sans faille aux vraies valeurs
Islamiques pourra préserver les musulmans de la terrible menace que représente
l'infiltration impérialiste, judéo-sioniste et occidentale, péril prétendument
anticipé et répété dans les textes sacrés du Coran (références : Canal Savoir.
«
Télé-Savoir », QC, Canada).
La
compensation réussie d’un sentiment d'infériorité statutaire a conduit au désir
mimétique des rivalités socio-économiques rationalisées dans les antijudaïsmes
chrétien et musulman doctrinaux pour inventer une victime émissaire, de
l’antijudaïsme à l’antisémitisme jusqu’à l’antisionisme de différentes sources.
• Source psychologique du contentieux
judéo-musulman.
Par
la très grande proximité de langue et de rite et par le même milieu de vie, il
se crée une oscillation indissociable d’effroi-fascination mutuelle du
semblable-différent représentatif par la salutation : Salam-Shalom.
Ce
« semblable-différent » est peut-être au fondement du contentieux
judéo-musulman, plus profond que le contentieux judéo-catholique romain, dans
lequel la différence l'emporte sur la similarité linguistique et rituelle des
interdits alimentaires et des ablutions qui se réduisent à un simple «
rince-doigt » dans l'Église catholique romaine.
• Source historique et théologique du
contentieux judéo-musulman
L’islam
se range de façon incontestable parmi les trois grandes religions monothéistes
(fondées sur la foi en un Dieu unique, aux côtés du judaïsme et du
christianisme. Mais ce n'est pas, comme on le prétend parfois, une « religion
du Livre » (le Livre en question étant la Bible). Selon l'islam, la Révélation divine tient
en quatre livres successifs : la
Torah de Moïse, les Psaumes de David, les Évangiles de Jésus,
enfin le Coran de Dieu lui-même. Chaque livre complète et annule les
précédents.[réf. nécessaire]) En accusant les juifs et les chrétiens d'avoir
déformés leurs livres, l'Islam d'aujourd'hui considère que le Coran est le seul
livre révélé à notre disposition. Celui-ci évoque les grandes figures de la Bible, Abraham, Moïse et
même Jésus et Marie, mais dans des termes qui n'ont, pour René Girard rien à
voir avec le texte biblique : « Dans l'islam, le corpus biblique est totalement
remanié pour lui faire dire autre chose que son sens initial. La récupération
sous forme de torsion ne respecte pas le texte originel sur lequel, malgré
tout, le Coran s'appuie », rappelle le philosophe (La Vie, p. 50, no. 3039, 27 novembre 2003).
Sensible
à la théologie juive, Mahomet s'en inspire au commencement dans ses
recommandations sur le jeûne et les interdits alimentaires relatifs au porc. Il
adopte le calendrier lunaire des Juifs, avec des mois réglés sur les cycles de la Lune. Il fixe le jeûne
pendant la fête juive de l'Expiation. Et il prescrit à ses fidèles de se
tourner vers Jérusalem pour la prière. Il n'empêche que trois des quatre
communautés juives de Médine persistent dans leur refus de se convertir à la
nouvelle foi. Ces juifs reprochent en particulier à Mahomet de détourner le
sens des textes bibliques et osent même se moquer de lui.
Le
11 février 624,
une révélation divine enjoint à Mahomet et à ses disciples que la prière
rituelle se fasse désormais en se tournant non plus vers Jérusalem mais vers la
pierre noire de la Kaaba
(*), le sanctuaire des idolâtres de La Mecque. La bataille de Badr est la première
bataille victorieuse des Arabes musulmans. C'est la revanche de Mahomet contre
le clan quraychite qui l'avait contraint à l'exil vers Médine, et eut lieu le 17 mars 624. Ce
fut une grande victoire pour les musulmans. Les Quraych auront leur revanche un
an plus tard lors de la bataille de Uhud (625).À son retour triomphal de la
bataille de Badr, Mahomet ordonne l'exécution de deux prisonniers mecquois qui
s'étaient montrés particulièrement virulents à l'égard du Prophète et de ses
disciples.
Mahomet
remarque par ailleurs que les juifs de Médine se sont tenus à l'écart de la
bataille. Son dépit à leur égard n'en devient que plus grand. C'est ainsi que
de nouvelles révélations divines l'amènent à remodeler le calendrier. Elles
précisent en particulier que le jeûne musulman se pratiquera pendant le mois de
ramadan, celui durant lequel se déroula la bataille de Badr. Les interdits
alimentaires exprimés dans les révélations faites au Prophète restent quant à
eux assez semblables à ceux des juifs.
Le
fossé se creuse entre les juifs de Médine et la communauté des croyants.
Trahisons, violences et médisances alimentent la zizanie, malgré le code de
bonne conduite établi lors de l'arrivée de Mahomet. Peu après la bataille de
Badr, un incident met le feu aux poudres. Une ou plusieurs musulmanes sont
molestées au marché par des juifs de la tribu des Banu-Kainuka. Échauffourée,
meurtres de part et d'autre. Le chef de la tribu mise en cause refuse de payer
l'amende réglementaire aux parents des victimes musulmanes. La tribu est
assiégée par le Prophète et ses disciples et, au bout de deux semaines,
contrainte de leur livrer ses immenses biens et d'émigrer.
Un
peu plus tard, le 21
mars 625, lors de la fameuse bataille d'Ohod entre Mecquois et
Médinois, la deuxième tribu juive, celle des Banu-Nadhir, se voit reprocher de
soutenir les habitants de La
Mecque. Elle est chassée vers le nord après un long siège et
une violente bataille avec les musulmans. Tandis que les musulmans poursuivent
la guerre contre les Koraishites de La Mecque, Mahomet s'irrite de plus en plus du
manque de soutien des juifs de Médine à son égard. La crise arrive à son terme
en 627, après la bataille du Fossé qui met une dernière fois aux prises
Mecquois et musulmans de Médine.
Historique
Alternativement
persécutés et tolérés, voire appelés, parfois, pour leurs talents, l'histoire
de l'Europe, comme celle du Maghreb depuis la plus haute Antiquité, est
inséparable de l'Histoire des Juifs. Dans les périodes d'accalmie, leurs
talents et leur savoir, étaient parfois reconnus, utilisés, à la mesure de la
reconnaissance de leur utilité pour la société. Certains, dans l'Espagne
médiévale principalement, furent appelés périodiquement par les souverains à de
hautes charges, jusqu'à devenir conseillers du prince.
Dans
l'islam médiéval, les convertis de toutes origines cessaient d’être l'objet de
contraintes - le phénomène est toutefois totalement marginal[réf. nécessaire]
-, mais juifs ou chrétiens, les non-musulmans restaient des dhimmis, au statut
inférieur sans que l'on puisse parler de persécution violente.
Au
contraire, lors de la
Reconquista par les troupes chrétiennes, ces populations
juives, accusées d'avoir collaboré, voire favorisé, l'occupation islamique,
durent souvent soit se convertir, soit s'exiler, notamment au Maghreb où les
populations musulmanes et juives d'Andalousie ont été accueillies pour échapper
aux tribunaux de l'Inquisition espagnole. Le décret d'expulsion de 1492 en
Espagne (décret de l'Alhambra) chassa les Juifs d'Espagne. Ce décret resta en
vigueur officiellement jusqu'en 1967. Les musulmans espagnols à leur tour
firent l'objet d'un décret d'expulsion en 1610.
L'Empire
ottoman accueille également les juifs d'Espagne, du Portugal, de Naples, de
Malte, de Sicile et de Sardaigne expulsés par les Habsbourg. Les quatre grandes
villes de l'Empire ottoman, Salonique, Izmir, Edirne et Istanbul se composent
de beaucoup de juifs99.
-
Bibliographie
Sur les causes
• L'Antisémitisme
son histoire et ses causes, Bernard Lazare, 1894, Léon Chailley Ed.
• Les
juifs dans l'Empire romain, Jean Juster, 1914
• Verus
Israël : étude sur les relations entre chrétiens et Juifs dans l'Empire romain
(135-425), Marcel Simon (1983), première édition en 1948.
• L'antisémitisme
chrétien, Fadiey Lovsky, Cerf, 1970
• Genèse
de l'antisémitisme, Jules Isaac, Pocket, 1985
• Écouter
Israël. Une théologie chrétienne en dialogue, Dominique Cerbelaud o.p., Les
Éditions du Cerf, Paris 1995
• Anti-Judaism
and Early Christian Identity : A Critique of the Scholarly Consensus. Taylor,
Miriam S. (1995). Leiden, New York, Cologne : Brill Academic Publishers, 8.
ISBN 90-04-02135-3.
• Le
déchirement. Juifs et chrétiens au premier siècle. Ouvrage collectif (Martinus
C. de Boer, Georges J. Brooke, H. Cousin, Jean-Daniel Kaestli, Ulrich Luz,
Daniel Marguerat, Folker Siegert, Ekkerhard W. Stegemann, Christopher Tuckett,
professeurs dans les universités de Lausanne, Berne, Bâle, Neuchâtel,
Manchester). Daniel Marguerat éd. collection Labor et fides. ISBN
2-8309-0788-4. 1996.
• Le
judaïsme, Hans Küng, Le Seuil, 1997
• Le
Judaïsme et le christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin. Marcel
Simon et André Benoît. PUF. 5e édition. 1998.
• L'Enseignement
du mépris - suivi de L'Antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ?, Jules
Isaac, Grasset 2004 ISBN 2-246-17182-2
• Les
Racines juives du christianisme, Frédéric Manns, Les Presses de la Renaissance, Paris
2006. 180 pp.
• L'antisémitisme
dans tous ses états : Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours (titre original :
(en) The Changing Face of Antisemitism: From Ancient Times to the Present Day,
2006), Walter Laqueur, éd. Markus Haller, 2010. (ISBN 978-2940427086)
Sur la judaïcité de Jésus
• Un
Juif nommé Jésus : Une lecture de l'Évangile à la lumière de la Torah, Marie Vidal, Jean
Dujardin, Albin Michel
• Le
Christ hébreu, Claude Tresmontant, Albin Michel, Langue : français, ISBN
2-226-05972-5
Sur la lecture des textes
• François
Blanchetière, Aux sources de l'anti-judaïsme chrétien. IIe-IIIe siècles,
Cahiers du Centre de recherche français de Jérusalem (CRFJ), 1995.
• L'Église
catholique et le peuple juif - Un autre regard. Jean Dujardin, Calmann-Lévy,
2003.
• Le
Nouveau Testament est-il anti-juif ? Cahiers Évangile 108, Daniel Marguerat,
Cerf, juin 1999.
Sur les aspects historiques
• Histoire
de la France
religieuse - des origines au XIVe siècle. Des dieux de la Gaule à la Papauté d'Avignon. Seuil.
Sous la direction de Jacques Le Goff et René Rémond.
• Pie
XII et la seconde guerre mondiale d’après les archives du Vatican. Pierre Blet
s.j., Librairie Académique Perrin, 1997, Paris, 341p.
• La Bible et l'Histoire. John
Romer. Éditions France Loisirs.
• Voir
aussi la bibliographie sur l'Église catholique pendant la seconde guerre
mondiale
• Les
catholiques et l'Action française. Histoire d'une condamnation. 1899-1939. Jacques Prévotat. Préface de René
Rémond. Fayard. 2001.
Sur la doctrine actuelle de l'Église
• Catéchisme
de l'Église catholique, 1991.
-
Notes et références
1. Paul Démann, Antisémitisme et conscience chrétienne, Cahiers
sioniens, Vol. 1, no 3 du 1er janvier 1948
2. Martin Goodman (trad. Michel Bessières, Agnès Botz et Sylvie
Kleiman-Lafon), Rome et Jérusalem : le choc de deux civilisations, Paris,
Perrin, coll. « Pour l'histoire », 2009, 711 p. (ISBN 978-2-262-02739-1, OCLC
470782124), p. 564, 566, 568 et 575
3. ex: Mt 5. 17 [archive]
4. dont le premier serait le centurion Corneille, baptisé par St Pierre
(Ac 10,48)
5. Actes des apôtres, chapitre 15
6. Galates 3,28
7. Jean 9,22
8. Simon Claude Mimouni
9. Albert de la
Rochebrochard : Juifs et chrétiens au temps de la rupture
10. Actes 7,57-60
11. Voir par exemple 2Co 11, 24-25 en particulier pour l'application de
la peine mosaïque des 40 coups de fouets moins 1 (Dt 25,3)
12. Marcel Simon et André Benoît, Le Judaïsme et le christianisme
antique, d'Antiochos Épiphaneà Constantin, Paris, Presses universitaires de
France, coll. « l'histoire et ses problèmes », 1994, 360 p. (ISBN
978-2-1304-5723-7 et 2130457231,
OCLC 760145910), p. 154
13. Aux environs de 208, Tertullien confirmait que « la tradition
hérétique de Marcion emplissait l’univers » (Contre Marcion, 5/19), ce qui
n’était pas le cas de la Grande Église. Au IVe siècle Épiphane citait,
parmi les lieux « infectés » par le marcionisme, l’Italie, l’Égypte, la Palestine, l’Arabie, la Syrie, Chypre, la Perse (Panarion 42.1).
14. Dominique Cerbelaud o.p. : Écouter Israël. Une théologie chrétienne
en dialogue
15. Barn 2 (sacrifices), Barn 15 (shabbat), Barn 9 (circoncision), Barn
3 (jeûne), Barn 10 (prescriptions alimentaires)
16. Dial 22 (sacrifices), Dial 21 (shabbat), Dial 16 (circoncision),
Dial 15 (jeûne), Dial 20 (prescriptions alimentaires)
17. Diogn 3, 5-4, 11
18. adu Iud 5 (sacrifices), adu Iud 4 (shabbat), adu Iud 3 (circoncision)
19. Philippe Bobichon, Justin Martyr, Dialogue avec le Tryphon :
edition critique, Fribourg Fribourg, Departement de patristique et d'histoire
de l'eglise de l'Universite de Fribourg Academic Press Fribourg, coll. «
Paradosis » (no 47), 2003, 1125 p. (ISBN 978-2-827-10958-6, OCLC 54825613)
20. Justin martyr : Dialogue avec Tryphon
21. Marcel Simon : Verus Israël.
22. Juifs et chrétiens au temps de la rupture, le peuple déicide
[archive]
23. Juifs et chrétiens au temps de la rupture [archive] ; les
références des passages des écrits des Pères de l'Eglise en question sont
indiquées dans les chapitres XIV, XV et XVI du livre Juifs et chrétiens au
temps de la rupture, du même auteur, Albert de la Rochebrochard
24. il désigne le plus souvent un pécheur ou un hérétique, comme dans
lors du Concile de Trente : « Lorsque nous Le renions par nos actes, nous
portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » ou : « Notre crime à
nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de
l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais
crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. »
25. Juster (J.), dans Les Juifs dans l'Empire romain, tome I, p. 46.
Jules Isaac, dans Jésus et Israël, p. 361, et dans Genèse de l'antisémitisme,
p. 158. Léon Poliakov, dans Du Christ aux juifs de cour, p. 41. Marcel Simon,
dans Verus Israël, p. 246. Lovsky (F.), dans L’Antisémitisme chrétien, p. 131.
Hans Küng, dans Le Judaïsme, p. 210.
26. Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais, huit discours contre les Juifs
[archive], dans l'œuvre de Jean Chrysostome
27. « Le sang répandu du Seigneur a été pardonné à des homicides, que
je ne dis pas déicides, car “s’ils avaient connu le Seigneur de gloire, ils ne
l’auraient jamais crucifié »
28. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I,
page 81
29. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I,
page 83
30. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I,
pages 81-83
31. Dt 28, 44
32. Pierre Savy. « Les juifs ont une queue » sur un thème mineur de la
construction de l'altérité juive. Revue d'études juives janvier-juin 2007, page
202.
33. Juifs et villes – Relations et liens Prof. Dr Alfred Haverkamp
(Arye Maimon-Institut, Universität Trier)
34. Jean Richard : Histoire des croisades, page 41 et pages 51-54
35. Dominique Iogna-Prat, Ordonner et exclure, Cluny et la société chrétienne
face à l'hérésie, au judaïsme, et à l'Islam 1000-1150,
Paris, 1998, pages 275 et 319
36. Cité par Pierre Savy. « Les juifs ont une queue. » Revue d'études
juives, janvier-juin 2007, page 196.
37. Jean Richard : Histoire des croisades, pages 169-170
38. le « peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, qui n'a jamais été
révoquée par Dieu », 17 novembre 1980
39. Juifs et villes – Relations et liens. Prof. Dr Alfred Haverkamp
(Arye Maimon-Institut, Universität Trier)
40. Luc-Thomas Somme : Fils adoptifs de Dieu par Jésus-Christ. La
filiation divine par adoption dans la théologie de saint Thomas d'Aquin. Paris,
Librairie philosophique J. Vrin, 1997 (408 p.). Collection « Bibliothèque
Thomiste », vol. XLIX
41. Bernard Lazare : l'antisémitisme, son histoire et ses causes, p.
111-4
42. Bernard Lazare, op cit. p. 114-5
43. Innocent IV (1247) à l'épiscopat allemand cité dans Johannes
Oesterreicher, Racisme, antisémitisme, antichritianisme, Cerf, 1940, p. 61-62
44. Les autodafés sur le site de histoiredesjuifs.com [archive]
45. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I,
page 404
46. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome I,
page 407
47. L'expulsion des juifs de France en 1306 :
proposition d'analyse contemporaine sous l'angle fiscal [archive]
48. Histoire des Juifs - Chronologie - De 1301 à 1400 [archive]
49. Histoire des Juifs - Chronologie - De 1401 à 1500 [archive]
50. Les juifs au Portugal [archive]
51. Le drame des juifs portugais [archive] (1497)
52. Pierre Savy. « Les juifs ont une queue ». Revue des études juives,
page 179.
53. Paul Johnson : A History of the Jews (1987), p. 242 - dans la
traduction française Une histoire du peuple juif p. 264
54. Voir l'extrait complet dans l'article Jacques-Bénigne Bossuet, cité
par Jules Isaac, Jésus et Israël, p. 369-370, et Menahem Macina, Les frères
retrouvés, de l'hostilité chrétienne à l'égard des juifs à la reconnaissance de
la vocation d'Israël, p. 68-69
55. Menahem Macina, Les frères retrouvés, de l'hostilité chrétienne à
l'égard des juifs à la reconnaissance de la vocation d'Israël, p. 69
56. a et b TOLÉRANCE.- Dictionnaire philosophique
[archive]
57. http://www.voltaire-integral.com/Html/17/anthropophages.htm
[archive]
58. http://www.voltaire-integral.com/Html/19/etats.htm [archive]
59. a et b JUIFS.- Dictionnaire philosophique
[archive]
60. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome 3,
pages 343-348.
61. René Rémond et Jacques Le Goff : Histoire de la France religieuse, tome 3,
page 349.
62. Henri de Lubac : le Drame de l'humanisme athée (1942), page 193,
citant une lettre à Hutton, cité à la société positiviste
63. Système de politique positive, 2, 115, cité par Henri de Lubac dans
le drame de l'humanisme athée
64. Système de politique positive, 3, 428-9, cité par Henri de Lubac
65. Bernard Lazare : l'antisémitisme, son histoire et ses causes
66. Menahem Macina, Les frères retrouvés, de l'hostilité chrétienne
vis-à-vis des juifs à la reconnaissance de la vocation d'Israël, p. 68-69
67. Paul Démann, La catéchèse chrétienne, cité par Menahem Macina, Les
frères retrouvés, de l'hostilité chrétienne vis-à-vis des juifs à la
reconnaissance de la vocation d'Israël, p. 68
68. Jacques Prévotat. Les catholiques et l'Action française. Histoire
d'une condamnation 1899-1939.
Pages 28-34, 109-194, 263-342
69. Jacques Prévotat. Le catholicisme et l'Action française. Histoire
d'une condamnation. Pages 527-528.
70. Edwin Blake : IBM et l'holocauste. Robert Laffont. 2001.
71. Monseigneur Francis Deniau : à la suite de l'émission télévisée de
Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sur l'origine du christianisme en avril 2004.
72. Pierre Savy. « Les juifs ont une queue ». Revue des études juives,
janvier-juin 2007.
73. Albert de la
Rochebrochard : Juifs et chrétiens au temps de la rupture,
essai historique.Albert de la
Rochebrochard [archive]
74. Matthieu (XVII ; 1-8), Marc (IX ; 1-9) et Luc (IX ; 28-36),
75. Christopher Tuckett : Le déchirement - Juifs et chrétiens au
premier siècle. Les Pharisiens avant 70 et le Nouveau Testament, pages 67-95
76. Ulrich Luz : Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle
- Le problème historique et théologique de l'antijudaïsme dans l'évangile de
Matthieu, pages 127-150
77. Mt 27, 24-25
78. Jn 8, 23
79. Jn 8, 44
80. Martinus C. de Boer : Le déchirement - Juifs et chrétiens au
premier siècle - Jean et le christianisme juif (Nazôréen), pages 179-202
81. Jn 4, 22
82. Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle. Pages
151-178.
83. Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle - Remarques
sur la polémique antijudaïque dans 1 Th 2, 14-16, pages 99-112, Ekkehard W.
Stegemann
84. Le déchirement - Juifs et chrétiens au premier siècle. Le sujet de
l'épître aux Romains et Romains 9-11 - Ekkehard W. Stegemann
85. Épître de Saint Paul aux Romains 9, 1-5
86. Galates 6, 15-16
87. a et b Réflexion de Mgr Francis Deniau,
évêque de Nevers, sur l'émission diffusée le 16 et 17 avril 2004 sur l'origine
du christianisme.
88. Voir Bible-service [archive]
89. Augustin, in Luc 33, 6 et 7, cité par Fadiey Lovsky, dans
L'antisémitisme chrétien, p. 104.
90. Pierre Chrysologue, Sermon 1. PL 52, col.183, A.
91. Grégoire le Grand, Morales sur Job. SC no 32, p. 215.
92. Bède, Homélie 1, 3, 48. PL 94, col.377, D.
93. Extrait de la déclaration Nostra Ætate (1965)
94. Benoït XVI, Jésus, 2e tome, p. 216
95. Benoît XVI à Rome, place Saint-Pierre, le dimanche 28 janvier 2007,
avant la prière de l’Angélus (Texte complet de l'Angélus, dimanche 28 janvier 2007
[archive])
96. Norelli et Pouderon, histoire de la littérature grecque chrétienne
97. Journal of Hebrew scriptures, W. M. Schniedewind, How the Bible
became a Book: The Textualization of Ancient Israel
98. (en) http://www.angelfire.com/az/rescon/DHIMMI.html [archive]
99. Alexandre Adler : Rendez-vous avec l'islam, p. 169
Voir aussi
Articles connexes
• Accusation
de meurtre rituel contre les Juifs
• Antisémitisme
• Antisémitisme
en France
• Conférence
de Seelisberg
• Dialogue
interreligieux
• Église
catholique pendant la
Seconde Guerre mondiale
• Marcion
• Nostra
Ætate
• Oremus
et pro perfidis Judaeis
• Paul
Démann
• Peuple
déicide
• Relations
entre judaïsme et christianisme
• Théologie
de la substitution
Liens externes
• Les
18 propositions présentées par Jules Isaac à Seelisberg en 1947
• Le
peuple juif et ses saintes écritures dans la Bible chrétienne, Commission pontificale biblique
(2001)
• Le
procès de Jésus et l'antijudaïsme chrétien sur le site Port Saint Nicolas
• Dossier
Juifs et protestants - Que dit la concorde de Leuenberg ?
SOURCE :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Antijudaisme
Dr Mohamed ZEMIRLINE
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