La torture et le pouvoir
colonial :
Les atrocités commises
pendant la Révolution
Tout
au long de l’invasion coloniale, la torture fut utilisée sans retenue. Il n’y
eut aucune protestation puisque cela permettait de civiliser. Point de
protestation de Lamartine, Hugo, Balzac, Zola et tant d’autres «humanistes».
Pour
la période de la révolution. Dès 1958, Henri Alleg posait clairement la
question et dénonçait la pratique de la torture, que le général Massu,
vainqueur de la bataille d’Alger, admettra plus tard avoir été «généralisée et
institutionnalisée». Pour sa part. Serge Moureaux est catégorique; la France officielle a bien
certaines fois fermé les yeux et dans tous les cas laissé faire aux bourreaux
leur sale besogne «…Donc l’Algérie c’est la France et le FLN, une «association de
malfaiteurs» sur laquelle doit s’abattre la rigueur des lois, ou comme disait
Peyrefitte, la «rugueuse fermeté de la République (…) Torture-t-on en 1956-60 dans les commissariats français?
Oui, indiscutablement. Certainement pas partout, ni tout le temps. Mais il ne
s’agit pas non plus d’exception ou de bavures.
Certains
hommes, certains services font -au nom de la sacro-sainte efficacité policière-
un stupide, un funeste excès de zèle.» Hommes attachés nus à des radiateurs par
des menottes, brûlés par des cigarettes, frappés au… La torture donc,
existe.Elle consiste aussi, le cas échéant, à livrer les hommes nus aux chiens
policiers, en les enfermant dans la cage des bergers allemands après avoir
privé ceux-ci de nourriture. L’accusé, sauf à en mourir, revenait de ce
traitement à l’état de loque sanglante, disposé le plus souvent à dire
n’importe quoi, plutôt que de connaître une nouvelle expérience. J’ai vu, j’ai
vu hélas, les corps meurtris des militants de la cause algérienne. J’ai vu
hélas, ces cicatrices inimitables, ces cicatrices que nul homme n’aura l’idée
saugrenue d’inventer ou de s’infliger. Ces cicatrices de la honte de notre
civilisation qui se gargarise trop aisément de qualificatifs pompeux.»
Si
l’on se réfère à certaines autorités ecclésiastiques, la présence française en
Algérie est assimilée à une croisade des temps modernes. Pour le Cardinal, la
terreur doit changer de camp! » Analysant le » mécanisme et le
pourquoi de la torture « , F. Fanon écrit: «La torture en Algérie, n’est
pas un accident, ou une erreur ou une faute. Le colonialisme ne se comprend pas
sans la possibilité de torturer, de violer ou de massacrer. La torture est une
modalité des relations occupant-occupé.»
Pour le devoir de vérité, il nous faut signaler le témoignage courageux du général Paris de
C’est
néanmoins avec le récit en juin 2000 de Louisette Ighilahriz, militante du FLN
torturée par des militaires français, que la Guerre d’Algérie a resurgi. Ce témoignage
poignant a entraîné les «regrets» du général Massu qui pense que la torture
n’était pas indispensable». Par contre, dans son livre, Aussaresses écrit que
son bataillon a tué 134 personnes et en a blessé des centaines. A la 10e DP
sous les ordres directs de Massu, il procède aux éliminations, déguisées en
suicides, de Ben Mhidi et Ali Boumendjel en février et mars 1957. Le 3 mai 2001
paraît, un ouvrage du général Aussaresses, il assume sans remord: «Je trouve
que c’était nécessaire, quand nous l’avons fait, et utile…Si c’était à refaire,
je referais ce chemin. Je ne serais pas content, mais je le referais… C’était
pour la France. C ’est
le devoir d’un soldat. J’assume.» Dans La Torture dans la République de Pierre
Vidal-Naquet, il est désigné comme le chef de file «de ce qu’il faut bien
appeler une équipe de tueurs professionnels».
Même
son de cloche d’un autre tortionnaire, Jean-Marie Le Pen: «Je n’ai rien à
cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire.» Dans la villa des Roses et
la villa Susini, Le Pen a torturé avec toutes les méthodes dont il a fait une
science exacte. Lors de l’une de ses opérations, il a torturé devant ses
enfants, il a égaré son poignard où son nom est écrit. Remuant ciel et terre il
ne le retrouva pas et pour cause, il fut caché par le fils de 11 ans du
supplicié, quarante ans plus tard le poignard refait surface et est présenté à
la justice. Jean-Marie Le Pen aurait été sauvé d’une mort certaine par un
soldat algérien en opération lors de la guerre de l’Indochine en 1953. Cet
ancien engagé de l’armée française du nom de Bouabda Zaïdi réside à Aïn Azel
(Sétif). M.Bouabda: «Sans mon intervention, Le Pen aurait laissé sa vie ce
jour-là en Indochine», ajoute-t-il.
Plusieurs
dizaines d’Algériens ont été guillotinés depuis 1954 avec l’avis du chef de
l’Etat français….A Alger, à Paris, à Lyon, on exécute en série. Et en ce début
de 1961, ce sont des dizaines de condamnés qui attendent des honneurs du
«rasoir national». En octobre 1961, les exactions du préfet Maurice Papon
contre l’émigration algérienne ont fait réagir Pierre Bourdieu: «J’ai maintes
fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence
d’État haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je
voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 19 61,
sorte de concentré de toutes les horreurs de la Guerre d’Algérie, soit
inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France, et
aussi, à côté du portrait du président de la République , dans tous
les édifices publics, mairies, commissariats, palais de justice, écoles, à
titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie
raciste.»
Jean
Jaurès citant Clemenceau, déclare à la Chambre des députés en 1908: «On a tué, massacré,
violé, pillé tout à l’aise dans un pays sans défense, l’histoire de cette
frénésie de meurtres et de rapines ne sera jamais connue, les Européens ayant
trop de motifs pour faire le silence (…)» Tout est dit. Non, la colonisation ne
fut pas une oeuvre positive.
NAdjib CHITOUR, l’Expression
1. P.Christian: Histoire nationale des conquêtes, victoire et nouvelles
découvertes des Français depuis la prise d’Alger jusqu’à nos jours, Paris, 1845-1846 .
2. Colonel L. François de Montagnac: Lettres d’un soldat, Paris
3. Olivier Lecour Grandmaison: Coloniser exterminer Ed Casbah Alger
4.http://forum.aufeminin.com/forum/actu1/__f110446_actu1-La-france-a-commis-un-genocide-en-algerie.html
5. S. Moureaux: Avocats sans frontière. p.19. Editions Casbah. 2000
7. Nabil Foudi, pour Sétif. Info http://www.setif.info/article6511.html
8. Pierre Bourdieu: Le 17 octobre 19 61, un crime d’Etat à Paris, Paris,
Ed La Dispute ,
mai 2001
SOURCE :
Juin 16, 2014 BABZMAN Histoire, La colonisation française
(1830 à 1962
http://www.babzman.com/2014/la-torture-et-le-pouvoir-colonial-les-atrocites-commises-pendant-la-revolution/
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