Les neuf Croisades
Chronologie des croisades
TABLE DES MATIERES
Première croisade (1096 - 1099)
Prêche du pape
Urbain II,
Croisade Populaire Pierre l'Ermite et Gautier-sans-avoir
Croisade des barons Lotharingie Godefroi de Bouillon,
Croisade des barons Alexis Comnène Godefroi de Bouillon,
Croisade des barons Normands de Sicile Bohémond et Tancrède,
Croisade des barons Provencaux Raymond de Saint-Gilles et Adhémar de Monteil
Croisade des barons Français Robert Courteheuse, Etienne, comte de Blois et de Chartres.
Croisade Populaire Pierre l'Ermite et Gautier-sans-avoir
Croisade des barons Lotharingie Godefroi de Bouillon,
Croisade des barons Alexis Comnène Godefroi de Bouillon,
Croisade des barons Normands de Sicile Bohémond et Tancrède,
Croisade des barons Provencaux Raymond de Saint-Gilles et Adhémar de Monteil
Croisade des barons Français Robert Courteheuse, Etienne, comte de Blois et de Chartres.
Le pape
Urbain II, prêcheur de la croisade.
De l'aveu des chroniqueurs les plus qualifiés, ce fut de ce discours éloquent et nullement de la soi-disant prédication préalable de Pierre l'Ermite que sortit
Dès le début ce caractère ecclésiastique de
L'initiative de
Croisade populaire
Démagogie de Croisade Pierre l'Ermite et ses émules.
L'initiative d'Urbain II aboutit d'abord à un mouvement populaire auquel est attaché le nom de Pierre l'Ermite. L'éloquence ardente de ce personnage exerçait une action profonde sur les foules qui, à son instigation, se mettaient en marche vers Constantinople, sans attendre que le pape et les barons aient eu le temps de donner une organisation politique et militaire sérieuse au mouvement. Déjà d'ailleurs sa figure était déformée par la légende ne racontait-on pas que, se trouvant en pèlerinage au Saint-Sépulcre, il avait vu en songe le Christ qui lui avait ordonné de se rendre auprès du pape pour faire prêcher
La prédication de l'Ermite, commencée dans le Berri, se continua à travers l'Orléanais,
En même temps que lui, un autre entraîneur de foules, Gautier-sans-avoir s'était mis en marche, le précédant même. Gautier et ses bandes traversèrent
Pierre l'Ermite, avec d'autres bandes non moins inorganiques, partit de Cologne vers le 19 avril 1096, traversa l'Allemagne et
Malgré les incidents qui avaient jalonné la marche de
Devant ces méfaits Alexis Comnène, craignant pour la sécurité de Constantinople, résolut de faire passer les Croisés en Asie. Le 7 août 1096 sa flotte commença à les transporter sur l'autre rive du Bosphore vers Chrysopolis et Chalcédoine. Là leurs pillages reprirent. C'est ce qu'avouent les « Gesta ». Après qu'ils eurent passé, ils ne cessaient de commettre toute espèce de méfaits, brûlant et dévastant les maisons et les églises. Alexis Comnène leur assigna comme séjour, pour attendre les barons, la place forte de Kibotos ou Civitot, sans doute l'actuel Hersek, sur la rive méridionale du golfe de Nicomédie (golfe d'Izmîd), près de l'entrée du golfe. La flotte byzantine les y ravitaillait avec régularité et les Croisés n'avaient qu'à y attendre paisiblement l'arrivée des barons. Mais la frontière turque était toute proche, puisque à
Cette aventure eût dû assagir les pèlerins. Elle les poussa au contraire aux pires imprudences. Pierre l'Ermite, « ne pouvant discipliner cette troupe disparate qui ne voulait entendre ni lui ni ses paroles », était retourné à Constantinople, auprès d'Alexis Comnène. Les pèlerins profitèrent de son absence pour entreprendre, malgré les quelques chevaliers qui se trouvaient parmi eux (comme Gautier-sans-avoir, le comte de Tubingen et Gautier de Teck), une marche sur Nicée. Le 21 octobre, au nombre de vingt-cinq mille hommes environ, dont cinq cents chevaliers au plus, ils commencèrent leur mouvement sans se faire éclairer et dans le plus grand désordre. Bien avant d'avoir atteint Kiz Dervend, à moins de trois kilomètres au sud de l'actuel Hersek, ils furent surpris par les Seljukides et massacrés. Les chevaliers s'étaient bien battus, mais la foule des pèlerins s'était montrée incapable de résistance. Gautier-sans-avoir, le comte de Tubingen et Gautier de Teck restèrent parmi les morts. Trois mille survivants purent regagner le château de Civitot qui fut aussitôt assiégé. Alexis Comnène envoya en hâte dans le golfe de Nicomédie des navires de guerre avec des renforts commandés par Euphorbenos Katakalon. A leur approche les Turcs levèrent le siège de Civitot. Les débris des Croisés furent, par les soins des Byzantins, rembarques pour Constantinople où l'empereur les installa dans la banlieue en attendant
Le
massacre, commencé à Spire le 3 mai 10 96, dura un mois plein, à, Mayence, Cologne,
Trêves et Worms. A Metz 22 Juifs furent tués dont le précepteur de la
communauté, Rabbi Samuel ha Cohen. L'épiscopat se fit le protecteur des
victimes. A Spire, l'évêque Jean abrita les Juifs dans son palais et fit couper
les mains aux meurtriers qu'il put arrêter A Trêves, les Juifs, réfugiés de
même dans le palais de l'évêque, y échappèrent aux égorgeurs. A Mayence
l'évêque Rothard ouvrit lui aussi son palais aux Juifs mais alors les bandes
d'Emich attaquèrent le palais épiscopal, mirent l'évêque en fuite et
massacrèrent les réfugiés. De même à Worms, prise d'assaut du palais de
l'évêque où se sont réfugiés les Juifs. En vain à la prière de rabbi Kalonymos,
chef de la communauté juive de Mayence, l'empereur Henri IV, puis le duc de
Basse-Lotharingie, Godefroi de Bouillon avaient-ils protesté contre le
mouvement d'antisémitisme. Le 29 mai Kalonymos fut massacré à son tour.
On
peut, se demander quelle était la cause de cet antisémitisme populaire qui
allait contre toutes les intentions de l'église et du pouvoir impérial. Faut-il
y voir, puisque la Croisade
avait pour but de venger les offenses faites au Saint-Sépulcre, un souvenir des
émeutes antichrétiennes de Jérusalem, émeutes au cours desquelles les Juifs
s'étaient si souvent solidarisés avec les Musulmans ? En 966 par exemple
Musulmans et Juifs avaient mis le feu aux portes de la basilique du
Saint-Sépulcre, fait effondrer la coupole, envahi et pillé le sanctuaire, puis
dévasté de même l'église de Sion. Mais sans doute n'est-il pas besoin d'invoquer
ces vieux griefs. Les émeutes antisémites de la vallée du Rhin, dirigées contre
les autorités épiscopales, par la populace de la région, sont, sous prétexte de
croisade, un simple mouvement de jacquerie auquel furent trop heureux de
s'associer les chevaliers-brigands de la région, ennemis jurés du pouvoir
ecclésiastique.
Les bandes du comte Emich eurent le sort qu'elles méritaient. Le roi de Hongrie Coloman, connaissant leurs exploits, leur interdit l'entrée de son territoire, Elles passèrent outre et vinrent assiéger la ville hongroise de Wieselburg. L'armée hongroise tomba sur elles et les massacra impitoyablement. Le comte Emich, échappé presque seul grâce à la vitesse de son cheval, rentra en Allemagne. Il ne devait même pas prendre part à la croisade des barons.
Pour nous résumer, nous répéterons que
Tandis que « Jacques et chevaliers brigands » la démagogie de Croisade massacrait les Juifs et tombait sous les coups des Hongrois, des Byzantins et des Turcs exaspérés par ses pillages,
—
Pierre l'Ermite, Gauthier-Sans-Avoir et ses émules.
— Le
12 avril 10 96,
15 mille pèlerins arrivent à Cologne avec Pierre l'Ermite et
Gauthier-Sans-Avoir.
—
Le 19 avril 10 96,
ils traversent l'Allemagne.
—
Le 3 juillet 10 96,
ils sont à Nish.
—
Le 1er août 1096, ils sont devant Constantinople.
—
Ils traversent le Bosphore 7 août 10 96.
- Ils
cantonnent à Kibotos ou Civitot, (actuelle Izmid, près du golfe de Nicodémie).
—
Mi-septembre, ils pillent les terres des Seldjoukides près de Nicée.
—
Renaud, un de leur chef, et quelques milliers de pèlerins, enlèvent aux Turcs
le château de Xérigordon.
- Ils
sont assiégés par les Turcs le 29 septembre 10 96.
- Le
17 octobre 10 96,
les Turcs reprennent le château et tuent ou réduisent en esclavagent tous les
pèlerins survivants.
- Le
25 novembre 10 96,
les 25 mille pèlerins cantonnés à Civitot, marchent sur Nicée. Ils sont surpris
par les Turcs à trois km de Kiz Dervend, l'actuelle Hersek. Ils furent presque
tous massacrés, ainsi que Gauthier-Sans-Avoir, le comte de Tubingen, Gauthier
de Teck etc. Seul trois mille survivants purent se réfugier dans le château de
Civitot.
—
La croisade populaire conduite par Pierre Ermite et Gauthier-Sans-Avoir à
misérablement échouée devant Nicée.
La Croisade des barons : Godefroi de
Bouillon et l'armée lotharingienne
Le
premier groupe qui fut prêt était commandé par le duc de Basse-Lotharingie,
Godefroi de Bouillon. Partie importante de l'empire romain germanique, le duché
de Basse-Lotharingie, connu peu après sous le nom de duché de Brabant,
comprenait sur la rive gauche du Rhin la région ardennaise, le Hainaut, le
Brabant, la Hesbaye
et le pays de Liège, la
Toxandrie (Breda), la région d'Aix-la-Chapelle, plus, sur la
rive droite du Rhin, la zone en face de Cologne. Le coeur du duché était
constitué par le pays wallon où se trouvait d'ailleurs le château de Bouillon
d'où le duc Godefroy IV tire son appellation historique. Godefroi IV de
Bouillon était le fils du comte Eustache II de Boulogne et d'Ida, soeur du
précédent duc de Basse-Lotharingie, Godefroi III le Bossu. « II fut nez en
lègne de France, à Boloigne seur la mer », spécifie Guillaume de Tyr. A la mort
de son oncle, en 1076, il hérita d'une partie seulement de ses fiefs, le comté
de Verdun et la marche d'Anvers, l'empereur Henri IV ayant réserve la
succession du duché de Basse-Lotharingie pour son propre fils Conrad. En 1089,
enfin, Henri IV avait inféodé le duché à Godefroi de Bouillon. « Avec Godefroi
de Bouillon partirent pour la
Croisade son frère cadet Baudouin de Boulogne, le futur roi
de Jérusalem, leur autre frère, Eustache III, comte de Boulogne, et leur cousin
Baudouin du Bourg, fils du comte Hugues Ier de Rethel (1). Dans le même groupe
il faut citer Baudouin II, comte de Hainaut (2), Garnier de Grez (Brabant
Méridional), le comte Reinard de Toul, Pierre de Stenay, Dudon de
Conz-Sarrebruck, Baudouin de Stavelot, Henri et Geoffroi d'Esch (Luxembourg) En
général le gros de l'expédition était fourni par les pays wallons. Mais la
haute dignité dont le duc de Basse-Lotharingie était investi dans le
Saint-Empire et la situation géographique de ses barons, mouvant les uns, comme
lui, de l'empire, les autres, comme ses frères, de la royauté capétienne
(plusieurs fieffés dans l'un et l'autre pays), autant de facteurs qui
concouraient à maintenir à cette armée un caractère international, ou, plus
exactement, international latin. Toutefois, » bien que la majorité des
compagnons de Godefroi relevassent du Saint-Empire « dès qu'ils seront établis
en Syrie et la distance aidant, la mouvance impériale sera oubliée, aucun
souvenir de la suzeraineté germanique ne se manifestera; au contraire le sang
wallon parlera alors seul en eux et deviendra le facteur dominant de la
civilisation qu'ils établiront là-bas la royauté fondée à Jérusalem par la
maison de Lotharingie-Boulogne sera une royauté française, le royaume latin de
Jérusalem » on le verra par toute la suite de cette histoire « sera un royaume
français. Les deux célèbres frères Godefroi de Bouillon et Baudouin de Boulogne
présentaient un contraste physique et moral que les chroniqueurs se sont plu à
accuser Godefroi très grand, poitrine large et membres vigoureux, mais taille
mince et élancée, a les traits fins, la barbe et les cheveux d'un blond vif,
vaillant guerrier au combat, il sera en dehors du champ de bataille un pèlerin
pieux, plein de bonne grâce, de douceur, de charité, d'humilité chrétienne
(Guillaume de Tyr). Le chroniqueur lotharingien Albert d'Aix, son biographe,
n'a pas eu à forcer la note pour nous le rendre sympathique à tant d'égards
Chalandon soupçonne que ses qualités avaient pour contrepartie une certaine
absence de personnalité. De fait ce vaillant chevalier devait être un général
assez secondaire et, aux heures difficiles, à Dorylée et à Antioche, ce seront
les autres chefs de la
Croisade , comme Bohémond et Tancrède, qui détermineront la
victoire. Après la délivrance de Jérusalem il cédera sans difficulté aux
suggestions de l'épiscopat qui ne désirait nullement une royauté laïc forte, par
docilité envers les tenants de la thèse ecclésiastique, autant que par humilité
chrétienne, Godefroi évitera donc de prendre le titre de roi et restera jusqu'à
sa mort simple avoué du Saint-Sépulcre. Chalandon estime même que c'est en
raison de ces facultés d'effacement, pour le peu de relief de sa personnalité,
voire pour une certaine médiocrité de caractère, que le duc de
Basse-Lotharingie devait être choisi par l'épiscopat comme par les barons. Il y
a lieu toutefois de remarquer que dans la direction d'une armée aussi
hétérogène que celle de la
Croisade les qualités peut-être purement négatives de
Godefroi de Bouillon ne devaient pas laisser d'avoir leur utilité. Son
caractère conciliant et facile contribuera à apaiser bien des différends. Si le
succès militaire de la
Croisade devait plutôt être l'oeuvre de ses compagnons que de
lui-même, le caractère assez effacé de sa personnalité morale permit souvent de
sortir sans trop de mal des crises que la violence ou l'astuce de Bohémond, de
Tancrède, de Raymond de Saint-Gilles et du propre frère de Godefroi, Baudouin
de Boulogne, provoquait à chaque instant.
Car Baudouin, comme nous le disions, formait en tout un singulier contraste avec lui. Encore plus grand que Godefroi de Bouillon, la barbe et les cheveux noirs tranchant sur un visage très blanc, il affectait une gravité de démarche, un ton de langage sévère, une attitude imposante et même hautaine qui, joints à son amour du faste, lui composaient un extérieur plein de majesté. Sa gravité comme sa culture littéraire provenait sans doute, comme Dodu le pense, du temps qu'avant de devenir chevalier il avait passé dans la cléricature, à Reims, à Cambrai et à Liège. Mais ce passé religieux n'entravait guère chez lui un caractère orgueilleux et cupide et un tempérament singulièrement fougueux. Avec cela une puissance de personnalité et des qualités d'organisateur qui devaient faire finalement de ce politique le principal bénéficiaire de
Enfin, avec Godefroi de Bouillon, une armée régulière se mettait en route. Comme les Croisades populaires qui l'avaient précédée, elle prit le chemin de
Le fait de la Croisade et le droit byzantin
Godefroi de Bouillon et Alexis
Comnène
L'arrivée
de Godefroi de Bouillon sur la frontière byzantine posait pour l'empereur
Alexis Comnène le problème de la Croisade. Dès ce moment l'habile basileus avait
arrêté sa politique, qui ne cessera pas d'être celle de la cour de
Constantinople pendant un siècle. Ne discutant pas le fait de la Croisade , la protégeant
au contraire, il cherchera à la canaliser et à l'utiliser à ses fins, à la
servir pour s'en servir. Tout d'abord il exigera d'elle qu'elle s'abstienne des
actes de brigandage qui ont déshonoré le passage de Pierre l'Ermite, de
Volkmar, de Gottschalk et d'Emich von Leisingen. Moyennant cette promesse, il
s'engagera à assurer jusqu'à la frontière Seljukide le ravitaillement des
Croisés. Godefroi de Bouillon reçut entre Belgrade et Nish la visite d'envoyés
byzantins qui conclurent en ce sens une entente ave lui.
Par Philippopoli et Andrinople, le duc de Basse-Lotharingie et son armée descendirent donc sans encombre jusqu'à la mer de Marmara sur les bords de laquelle ils firent halte à Selymbria (Selivri), vers le
Autrement sérieux était le problème juridique qui se posait entre la cour byzantine et les Croisés. La croisade, fait nouveau pour les Occidentaux, était depuis des siècles, et sans le mot, une des données permanentes de la vie byzantine, si du moins on entend par là la lutte quotidienne contre l'Islam. L'expédition de Godefroi de Bouillon devait apparaître à Alexis Comnène comme un renfort survenant en pleine bataille pour rendre l'avantage aux armées du Christ et chasser les envahisseurs Seljukides de leurs récentes conquêtes. Car, à l'arrivée des Croisés lotharingiens (1096), il y avait quinze ans à peine que les Turcs s'étaient installés en Bithynie et en Ionie (1081) et seulement une dizaine d'années qu'ils avaient enlevé à l'Empire Antioche et Edesse (1085, 1087). La reconquête de ces vieilles terres chrétiennes, objectif mystique des Croisés, était pour la cour byzantine un but politique parfaitement positif et précis. Le tout était d'embrigader à ce sujet les Croisés au service de la politique impériale. Les anciennes terres chrétiennes d'Asie Mineure et de Syrie n'étaient pas au point de vue juridique « resnullius », terres bonnes à prendre pour quiconque les délivrerait de l'Islam. Possession de fait de leurs récents occupants turcs, elles étaient non moins sûrement, aux yeux des Grecs, possession de droit de l'empire byzantin. Les Croisés qui venaient en entreprendre la délivrance ne pouvaient le faire qu'au nom de l'empire et pour son compte. Ils devaient donc se considérer comme les soldats de l'empire, tout comme les centaines de mercenaires francs qui depuis des siècles guerroyaient là bas au profit de l'autokrator, et l'empire à son tour devait leur accorder comme à ceux-ci aide, ravitaillement, solde et honneurs. Aux yeux d'Alexis Comnène, Godefroi de Bouillon apparaissait comme un autre Roussel de Bailleul, plus puissant, il est vrai, donc à la fois plus utile et plus dangereux, et envers lequel il s'agissait d'éviter les fautes qui avaient fait de Roussel un révolté, allié des Turcs contre l'empire. Pour cela la première assurance à prendre était d'obtenir le serment de fidélité et, pour les reconquêtes asiatiques éventuelles, le serment de vassalité de Godefroi de Bouillon.
La
politique d'Alexis Comnène n'eut d'autre but que d'inculquer au duc Godefroi
ces notions juridiques. Dès qu'il avait appris les désordres de Selymbria par
les Croisés lotharingiens, Alexis lui envoya en ambassade deux Français à son
service, Raoul Peeldelau et Roger fils de Dagobert, pour lui demander de faire
cesser le pillage et l'inviter à venir camper avec son armée devant
Constantinople. Conformément à cette invitation l'armée lotharingienne vint
camper devant les murs de la capitale le 23 décembre 10 96. Pour achever de se
concilier Godefroi, Alexis lui envoya alors son hôte, le capétien Hugues de
Vermandois qui pouvait témoigner des avantages de l'hospitalité et de l'amitié
impériales. Hugues était chargé d'inviter Godefroi à se rendre auprès de
l'empereur Godefroi de Bouillon déclina cette invitation. Si nous songeons au
rang qu'il occupait dans l'empire romain germanique » l'empire d'Occident, en
droit latin, « on comprendra sa répugnance particulière à prêter serment de
vassalité à l'empire d'Orient. Lige de l'empereur « romain » Henri IV, pourquoi
porterait-il sa foi au basileus grec ?
Fils de la papauté, parti pour obéir au pape romain Urbain II, pourquoi se mettrait-il au service de la cour byzantine, c'est-à-dire de l'hérésie grecque ? évitant l'entrevue où il aurait à se prononcer, il chercha à gagner du temps jusqu'à l'arrivée des autres armées croisées dont la concentration devant Constantinople obligerait le basileus à s'incliner Comprenant cette tactique, Alexis Comnène voulut brusquer la décision : il coupa le ravitaillement des Croisés. Mais Baudouin de Boulogne, frère de Godefroi de Bouillon, exerça par représailles de tels ravages dans la banlieue qu'Alexis fit assurer de nouveau le ravitaillement. En même temps il offrit comme cantonnement aux Croisés le faubourg de Péra, le long de
Ces mesures, qui se placent au début de janvier 1097, n'amenèrent aucune détente. Durant les trois premiers mois de 1097, Godefroi de Bouillon resta dans ses cantonnements de Péra, se refusant à tout serment de fidélité envers Alexis et n'acceptant même pas de se rendre à l'entrevue que lui proposait ce dernier C'est ce que, sur une nouvelle démarche impériale, vinrent de sa part signifier à Alexis Conon de Montaigu, Baudouin du Bourg et Geoffroi d'Esch. Le duc savait que les croisés normands d'Italie allaient arriver, sous les ordres de Bohémond, par l'épire et
Godefroi de Bouillon, accompagné des principaux barons lotharingiens, se rendit donc au palais des Blakhernes pour rendre hommage à Alexis Comnène.
« Devant l'empereur assis sur son trône, il s'agenouilla et prêta le serment de fidélité. Il s'engagea à être l'homme du basileus et promit de lui rendre tous les territoires et toutes les villes ayant appartenu à l'empire, dont il s'emparerait. Une fois le serment prêté, Alexis s'inclina, embrassa le duc et déclara qu'il l'adoptait comme fils. Un serment analogue à celui de Godefroi fut prêté par les chefs qui accompagnaient le duc ».
Acte capital par lequel le prince lotharingien mettait la croisade au service du basileus pour rendre à celui-ci les « thèmes » récemment occupés par les Turcs Seljukides. La croisade franque se soudait ainsi à la croisade byzantine et c'est par une reconquête byzantine qu'elle allait commencer son oeuvre. Il était entendu que tous les territoires qui avaient appartenu aux Byzantins avant le désastre de Malâzgerd et surtout avant la débâcle de 1081 et dont les Croisés chasseraient le Turc, ils les remettraient au basileus.
L'engagement
valait donc non seulement pour les villes anatoliennes comme Nicée, mais aussi
pour les villes syriennes récemment encore byzantines comme Antioche et Edesse.
Là-dessus, le traité d'avril 1097 était formel et tout le développement des
rapports franco-byzantins au douzième siècle devait s'en ressentir. Une fois
maîtres d'Antioche, les Francs auront beau violer le traité, les Byzantins ne
se lasseront pas d'en revendiquer l'exécution et ils n'auront de cesse avant
d'avoir réussi. La question se pose même de savoir si le principe de
l'hypothèque impériale ne portait pas, non seulement sur les anciens thèmes
byzantins du début du onzième siècle, à l'époque de Basile II, mais encore sur les
anciennes provinces de l'empire d'Orient au temps de Justinien par exemple.
Auquel cas ce n'était pas seulement Antioche mais aussi Jérusalem que les
Croisés eussent dû remettre aux Impériaux. Sur ce point d'ailleurs il semble
que les prétentions byzantines n'aient pas été aussi précises. La suite de
l'histoire du royaume latin prouve que, tandis que la cour des Comnènes ne
cessa pas de réclamer la souveraineté ou, à défaut, au moins la suzeraineté
d'Antioche et d'Edesse, elle n'émit, du moins en pratique, aucune prétention de
cet ordre sur Tripoli et Jérusalem, villes auxquelles la reconquête byzantine
du dixième siècle ne s'était pas étendue.
Toutefois, et toute discrimination territoriale à part, au point de vue moral la prestation du serment de fidélité faisait entrer Godefroi de Bouillon dans la vassalité générale de Byzance. Lige de l'empereur germanique dans l'empire romain d'Occident, il devenait, et ses barons avec lui, lige du basileus dans l'empire romain d'Orient. L'espèce d'adoption que lui octroya Alexis Comnène achevait cette transformation juridique. Elle signifiait qu'en droit la croisade franque s'encadrait dans la croisade byzantine. Habituée depuis des siècles à employer en Asie, dans sa lutte presque cinq fois séculaire contre l'Islam, des mercenaires francs, normands ou varègues, la cour de Constantinople considérait désormais le duc de Basse-Lotharingie comme l'un d'entre eux; elle allait lui accorder les mêmes faveurs et lui demander les mêmes services.
Les faveurs, d'abord.
A peine le serment prêté, Alexis Comnène comble Godefroi et les siens de présents, gratifications en or et en argent, vêtements d'honneur, tissus précieux, chevaux, et mulets. Le ravitaillement recommence, abondant, et sera continué durant toute la traversée de
Les ordres ensuite.
Au lendemain de l'accord, vers le 9 ou le
Car les Normands de l'Italie méridionale arrivaient, conduits par Bohémond de Tarente, fils de Robert Guiscard. Leur arrivée dut presque coïncider avec le départ de Godefroi de Bouillon pour l'Asie, toute la politique d'Alexis Comnène, depuis des mois, n'ayant eu d'autre but que d'empêcher leur jonction sous les murs de Constantinople.
(1) Baudouin du Bourg est donné comme le cousin de Godefroi et de Baudouin de Boulogne dans les Lignages d'outre-mer (Assises de Jérusalem, t. II, p. 441). Hugue Ier de Rethel ne mourut qu'en 1118.
(2) Baudouin II, comte de Hainaut de
1071 à 1098.
La Croisade normande
Bohémond comme agent d'Alexis Comnène
Le
sujet normand des Deux-Siciles à qui nous devons les « Gesta Francorum » nous a
laissé un récit singulièrement vivant des origines de la Croisade de Bohémond (1).
C'était au début de 1096. Bohémond, fils aîné de Robert Guiscard et comte de Tarente et de Bari, assiégeait, aux côtés de son oncle Roger Ier, comte de Sicile, la ville d'Amalfi révoltée, lorsque la nouvelle lui parvint que, de France, de Lotharingie et d'Allemagne, de grandes armées occidentales se mettaient en marche vers Jérusalem. A peine prit-il le temps de demander quelques renseignements sur la nature et les objectifs du mouvement. Qu'importait le prétexte ?
C'était l'appel de l'Orient qui se faisait entendre, cet appel qui, au temps de Guillaume de Hauteville, avait conduit les Normands de Neustrie en Grande Grèce et qui avec Robert Guiscard et Bohémond lui-même les avait déjà lancés à la conquête des Balkans. Abandonnant le siège d'Amalfi, Bohémond prépara hâtivement son départ.
Avec lui se croisèrent son neveu Tancrède (2), son cousin Richard de Salerne (3), Robert d'Anse, Hermann de Cannes, Robert de Sourdeval, Boel de Chartres, Aubré de Cagnano, Onfroi de Monte Scabioso, tous chevaliers normands fieffés en Grande Grèce.
En novembre
La croisade des Normands d'Italie devait, beaucoup plus que celle des barons lotharingiens, alarmer la cour de Constantinople. Etait-ce seulement une croisade ?
Ayant à sa tête le fils même de Robert Guiscard, n'était-ce pas le renouvellement des tentatives de ce dernier pour conquérir l'empire byzantin ?
Les souvenirs de 1081 étaient trop récents pour qu'en apprenant le débarquement de Bohémond à Avlona, Alexis Comnène n'ait pas cru que l'histoire recommençait. De 1081 à 1085, Robert Guiscard, on s'en souvient, avait occupé l'épire,
Ayant conquis sur Byzance leur domaine italien, les Normands ne désiraient-ils
pas
étendre leur conquête jusqu'à Byzance elle-même ?
Ces craintes n'étaient pas fondées, du moins pour l'instant. Bohémond, qui, au
cours de l'expédition paternelle, de 1081 à 1085, avait éprouvé la solidité de
l'empire byzantin, ne désirait pas, pour le moment, s'aliéner le basileus. Non
certes qu'il renonçât à l'espérance de profiter de la Croisade pour se tailler
un royaume au détriment des Byzantins. La facilité avec laquelle, en dépit des
plus solennels serments, il devait les frustrer de la reconquête d'Antioche
montre assez ses sentiments à leur égard. Mais précisément le fait prouve que
ce n'était pas du côté des thèmes européens et de Constantinople, trop bien
défendue, qu'il portait ses convoitises. Ce n'était pas son père, l'envahisseur
des Balkans, qu'il entendait continuer, c'était Roussel de Bailleul. Aussi bien
une agression normande contre les provinces byzantines d'Europe ne pouvait sans
scandale être perpétrée sous le couvert de la Croisade. Au
contraire la Croisade
fournira à Bohémond un prétexte excellent pour recommencer et faire réussir à
Antioche la tentative de Roussel de Bailleul la fondation, au détriment de
Byzance comme des Turcs, d'une principauté normande en Asie.
Pour le moment, donc, Bohémond combla la cour de Constantinople de protestations d'amitié et imposa à ses troupes une conduite exemplaire. « Bohémond, disent les »Gesta Francorum« , tint conseil avec son armée, encourageant les siens, les exhortant à la bonté, à l'humilité et à s'abstenir de ravager cette terre (byzantine) qui appartenait à des chrétiens et à ne rien prendre en dehors de ce qui était nécessaire à leur nourriture ». En dépit de ces bonnes dispositions, les Byzantins voyaient arriver
Sans
doute en partie rassuré par ces preuves de bonne volonté, Alexis Comnène
ordonna de ravitailler tout le long de la route l'armée normande, mais en
redoublant de précautions à son égard si on assurait la subsistance des
Croisés, villes et bourgs se fermaient peureusement devant eux. Tancrède et les
autres barons, irrités des ménagements de Bohémond, brûlaient de se venger sur
les Grecs d'une hostilité aussi persistante. Bohémond les força, non sans
peine, à respecter sa politique, à Serres par exemple, il obligea ses troupes à
restituer aux fonctionnaires impériaux tout le bétail qu'elles avaient capturé
en maraude. A Rossa en Thrace, l'actuel Keshân, où il arriva le 1er avril 1097,
Bohémond, voulant consommer sa réconciliation avec Alexis, accepta, sur la
demande de ce dernier, de se rendre seul à Constantinople en devançant son
armée dont il confia le commandement à Tancrède.
Tandis que l'armée normande célébrait les fêtes de Pâques à Rossa (
Muni de cet accord, Bohémond se constitua parmi les autres chefs croisés ragent zélé d'Alexis Comnène. La délégation impériale sur les anciens thèmes d'Asie qu'il avait vainement sollicitée, il essayait de l'obtenir par les services mêmes qu'il rendait au basileus. Ce fut lui, en effet, qui confirma Godefroi de Bouillon dans son ralliement à la cour byzantine et qui s'efforça d'y gagner à son tour le comte de Toulouse. Politique d'autant plus réfléchie et méthodique chez Bohémond qu'elle se heurtait à la répugnance instinctive des autres chefs normands, ses lieutenants. Tancrède son neveu, et Richard de Salerne, son cousin, passèrent précipitamment le Bosphore pour éviter de prêter le serment de fidélité. Vaines bouderies. Grâce à la politique à longue portée de Bohémond, l'armée normande, qui eût pu causer de tels embarras à Constantinople, alla docilement camper aux côtés de l'année lotharingienne sur le golfe de Nicomédie.
(1). On sait que Bohémond, né entre 1052 et 1060, était le fils aîné de Robert Guiscard.
(2). Tancrède était né vers 1072. II était fils du marquis Eude de Bon. Sa mère, Emma, était la soeur de Bohémond. (Rey).
(3). Connu sous le nom de « Richard du
Principat », c'est-à-dire de la
Principauté (de Salerne). Il était le fils de Guillaume du
Principat, comte de Salerne, frère de Robert Guiscard.
La Croisade provençale.
Raymond de Saint-Gilles et Alexis
Comnène
Par Raguse et Scodra (Scutari), Saint-Gilles descendit sur Dyrrachium (Durazzo), d'où il prit d'ouest en est la route de
A
Dyrrachium, le comte de Toulouse était entré en rapports amicaux avec le
gouverneur byzantin de la ville, Jean Comnène, fils de l'empereur Alexis.
Cependant, comme ils l'avaient fait pour les autres armées croisées, les
Byzantins faisaient étroitement surveiller les colonnes provençales par leurs
auxiliaires ; « Petchenègues, Comans, Turcs et Bulgares. » Près de Pelagonia,
les auxiliaires Petchenègues attaquèrent le légat Adhémar de Monteil qui
s'était quelque peu écarté du gros de l'armée provençale et le blessèrent à la
tête. A Vodena, ce fut Raymond de Saint-Gilles qui faillit être victime d'un
guet-apens des Petchenègues. A Salonique, le légat, malade de ses blessures,
resta pour se guérir Sa haute sagesse avait, jusque-là, arrêté les Provençaux
sur la voie des représailles. A Rossa (Keshân) les habitants témoignèrent d'une
telle hostilité envers les Croisés que ceux-ci ne purent plus y tenir. Aux cris
de « Toulouse ! » Ils donnèrent l'assaut à la ville et s'en emparèrent. A
Rodosto les Impériaux essayèrent de se venger en attaquant les Croisés ils
furent repoussés. Alexis Comnène invita alors Raymond de Saint-Gilles à
devancer l'armée pour venir conférer avec lui à Constantinople.
Malheureusement, à peine Raymond, obtempérant à cette invitation, était-il
parti pour le Bosphore que l'armée provençale, laissée par lui à Rodosto, était
de nouveau attaquée par les Byzantins et subissait, cette fois, une grave
défaite.
Ces incidents fâcheux eurent leur contrecoup sur l'attitude que Raymond de Saint-Gilles, dès son arrivée à Constantinople, adopta envers l'empereur Alexis Comnène l'invita à prêter le serment de fidélité et d'hommage, comme l'avaient fait Hugues de Vermandois, Godefroi de Bouillon et Bohémond de Tarente. Raymond refusa énergiquement il n'avait pas pris la croix pour se donner un maître ni pour combattre pour un autre que celui pour lequel il avait quitté son pays et ses biens. Attitude catégorique qui posait
Cependant l'armée provençale était arrivée à Constantinople, et avec elle, le légat Adhémar de Monteil. L'influence de celui-ci dut s'exercer, comme toujours dans le sens de la conciliation. Godefroi de Bouillon, maintenant sincèrement rallié à l'entente franco-byzantine, Bohémond et le comte de Flandre, Robert II, agirent de même. Raymond de Saint-Gilles, furieux de l'insulte faite aux siens à Rodosto, ne rêvait que vengeance. Godefroi de Bouillon et le comte de Flandre lui démontrèrent qu'il était stupide de faire la guerre à des chrétiens à Constantinople, tandis que les Turcs étaient à quelques kilomètres de là, à Nicée. Bohémond surtout, fidèle à sa tactique d'étroite alliance avec le basileus, se déclara ouvertement en faveur d'Alexis Comnène contre l'attitude des Provençaux en agissant comme l'homme de confiance et le représentant du basileus parmi les autres barons francs, il comptait, on l'a vu, justifier ses prétentions à une sorte de délégation impériale en sa faveur dans cette Syrie qu'on allait prochainement délivrer.
La pression exercée sur le comte de Toulouse par ses compagnons d'armes amena un compromis. Raymond de Saint-Gilles refusa jusqu'au bout de prêter le serment d'hommage et de fidélité exigé par Alexis : il eût préféré mourir, nous dit son biographe, mais il consentit à jurer de respecter et de faire respecter par les siens la vie et l'honneur du basileus.
La Croisade « française » et Alexis
Comnène
Une
quatrième et dernière armée de Croisés arriva au rendez-vous général sur le
Bosphore. Elle était composée de Français et était conduite par le comte de
Normandie Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant, et par son
beau-frère Etienne, comte de Blois et de Chartres, fils du comte de Champagne
Thibaud III. Après être passés par l'Italie, où ils avaient reçu à Rome la
bénédiction du pape Urbain II, les deux comtes descendirent dans la Pouilles chez le duc
normand du pays, Roger Borsa, d'où ils s'embarquèrent à Brindisi, pour les
Balkans (5 avril 10 97).
Débarqués à Durazzo, ils suivirent, comme les corps précédents, la Voie égnatienne qui, par
Elbassan, Ochrida, Bitolia, Ostrovo et Vodena, les conduisit à Salonique. Après
un repos de quatre jours devant cette ville, ils reprirent leur marche vers
Constantinople par Christopolis (Kavala), Makre, Rodosto et Selymbria.
Il semble qu'avec ces contingents français, Alexis Comnène n'eut pas les difficultés qu'il avait rencontrées avec les Croisés précédents. Le chroniqueur Foucher de Chartres, qui accompagnait l'expédition, s'émerveille sur les richesses de Constantinople qu'il fut admis à visiter : il ne relate aucune friction, entre Byzantins et Français. Les Croisés, bien ravitaillés, furent autorisés à venir prier dans les églises de la ville, mais par petits groupes et à certaines heures pour éviter tout incident. Le comte de Normandie et le comte de Blois ne firent aucune difficulté pour prêter le serment d'hommage à Alexis Comnène. Celui-ci combla les Croisés de distributions de vivres et d'argent et remonta leur cavalerie. Le comte Etienne de Blois, dans une lettre à sa femme Adèle de Normandie, vante la générosité du basileus qui l'a traité « comme son propre fils » et comblé de cadeaux. Au témoignage du baron champenois, Alexis Comnène a ravitaillé et entretenu à ses frais, de Constantinople en Bithynie, toute l'armée de
Les croisades contre les peuples païens
de l'Europe de l'Est
Toutes
les forces de l'Europe ne furent pas dirigées contre l'Asie. Plusieurs
prédicateurs, autorisés par le Saint-Siège, avaient exhorté les habitants de la Saxe et du Danemark à prendre
les armes contre quelques peuples de la Baltique , plongés encore dans les ténèbres du
paganisme. Cette expédition avait pour chefs Henri de Saxe, plusieurs autres
princes, un grand nombre d'évêques et d'archevêques. Une armée composée de cent
cinquante mille croisés attaqua la nation barbare et sauvage des Slaves (44),
qui ravageaient les côtes de la mer et le pays des chrétiens. Les guerriers
portaient sur leur poitrine une croix rouge, au-dessous de laquelle était une
figure ronde, image et symbole de la terre, qui devait être soumise aux lois de
Jésus-Christ. Les prédicateurs de l'évangile les accompagnaient dans leur
marche, et les exhortaient à reculer par leurs exploits les limites de l'Europe
chrétienne. Les croisés livrèrent aux flammes plusieurs temples d'idoles et
détruisirent la ville de Mahclon, où les prêtres du paganisme avaient coutume
de se rassembler. Dans cette guerre sainte, les Saxons traitèrent un peuple
païen comme Charlemagne avait traité leurs pères ; mais ils ne purent subjuguer
les Slaves. Après une lutte de trois ans, les croisés de la Saxe et du Danemark se
lassèrent de poursuivre un ennemi défendu par la mer et surtout par son
désespoir. Ils firent des propositions de paix ; les Slaves, de leur côté,
promirent de se convertir au christianisme et de respecter les villes et les
pays qu'habitaient les chrétiens, mais ils ne faisaient ces promesses que pour
désarmer leurs ennemis. Dès que la paix fut rétablie, ils retournèrent à leurs
idoles et recommencèrent leurs brigandages.
Deuxième croisade (1147 - 1148).
Louis
VII et de Conrad III
Pape
Eugène III
Prédicateur
: Saint Bernard
Chefs
de cette croisade de Louis VII et de Conrad III
Conrad
III voyage par les territoires de l'Europe et de l'Asie Mineure.
Louis
VII par en Palestine par mer, arrivée de Louis à Constantinople en 1147.
Offre
des Normands de Sicile aux chefs croisés.
La nouvelle de la chute définitive d'édesse avait excité une profonde émotion en Occident. Elle y provoqua la mise en mouvement d'une deuxième croisade.
Il semble que l'idée première de
Ce qui distingua la croisade de 1147 de celle de 1095, c'est que ce ne fut pas une migration internationale et en quelque sorte inorganique, mais la mise en marche de deux armées nationales régulières, commandées par les deux plus puissants souverains de l'Occident. En théorie du moins, car le principe religieux de
La question capitale était celle de l'itinéraire. Le puissant roi normand de Sicile, Roger II, voulant épargner aux Français la périlleuse traversée de l'Anatolie et dont les flottes étaient maîtresses de
Rejet des propositions
normandes par Conrad III.
Quant
à Conrad III, brouillé de longue date avec les Normands de Sicile, il était, de
ce fait, contraint à prendre la voie de terre. Il fut donc convenu qu'Allemands
et Français suivraient, par le Danube, le Bosphore et l'Anatolie, la route de
Godefroi de Bouillon. Mais' pour faciliter le ravitaillement (l'armée française
et l'armée allemande comprenaient chacune environ 70000 hommes) et aussi pour éviter les froissements entre
susceptibilités nationales, les deux groupes firent route séparément, l'armée
allemande précédant l'armée française sur le chemin de Constantinople. (Conrad
III, encore à Ratisbonne le 27 mai, traversa la Hongrie en suivant le
Danube et entra en territoire byzantin à Branichevo vers le 20 juillet. Quant à
Louis VII qui avait pris l'oriflamme à St-Denis le 8 juin, il rassembla
aussitôt son armée à Metz. Le 29 juin, il était à Worms; puis de Ratisbonne à
Constantinople il suivit à travers la Hongrie et l'Empire byzantin le même itinéraire
que les Allemands.
Toutefois des éléments français d'avant-garde se trouvèrent fréquemment en contact avec les arrière-gardes allemandes et eurent avec elles les plus détestables rapports. Le chroniqueur français Odon de Deuil qui accompagnait Louis VII nous peint les croisés allemands comme des pillards et des ivrognes qui prétendaient toujours se servir les premiers, d'où, pour le ravitaillement, des rixes avec des clameurs épouvantables, car Français et Allemands criaient à tue-tête sans se comprendre. Le chroniqueur byzantin Kinnamos lui-même nous rapporte les plaisanteries des Français sur la lourdeur germanique « Pousse, Allemand !. » Conrad III devait en concevoir contre les Français une vive animosité, état d'esprit qui, nous le verrons, allait l'empêcher de les attendre pour la traversée de l'Asie Mineure, et qui allait ainsi compromettre le succès de l'expédition.
Désastre de la croisade Allemande. Retour à Nicée avec 1 homme sur 10, il y avait au moins 70 000 hommes dans l'armée de Conrad.
Troisième croisade (1189 - 1192)
Frédéric
Barberousse, Philippe Auguste et Richard Coeur-de-Lion
Le
pape Clément III prêche dans toute l'Europe, la France et l'Angleterre sont
en guerre.
Prédicateur Guillaume de Tyr envoyé d'Orient par Conrad de Montferrat.
Chefs de cette croisade : Frédéric Barberousse, Philippe Auguste et Richard Coeur-de-Lion.
Désastre de la croisade menée par Frédéric Barberousse.
Prédicateur Guillaume de Tyr envoyé d'Orient par Conrad de Montferrat.
Chefs de cette croisade : Frédéric Barberousse, Philippe Auguste et Richard Coeur-de-Lion.
Désastre de la croisade menée par Frédéric Barberousse.
Conquête
de Chypre par Richard Coeur-de-Lion. (1191)
Prise
de Saint-Jean d'Acre par la croisade Franco-anglaise. (12-07-1191)
La troisième croisade de Frédéric Barberousse. L'Europe et l'appel à
Conrad de Montferrat avait chargé l'archevêque de Tyr, Josse, successeur de l'historien Guillaume, d'aller porter en Occident la nouvelle de la chute du royaume de Jérusalem et de demander aux princes régnants un secours immédiat. Le premier touché fut le roi normand de Sicile Guillaume II. Pour avoir les mains libres en Orient, il fit sa paix avec les Byzantins et, dès le mois de mars 1188, envoya en Syrie une flotte montée par deux cents chevaliers et commandée par son amiral Margarit qui empêcha Saladin de s'emparer de Tripoli et faillit l'empêcher de prendre Lattaquié.
Espérance déçue. L'effort sicilien se limita à l'escadre et aux deux cents chevaliers envoyés en 1188 à Tripoli. Guillaume II lui-même, sans doute trop préoccupé des affaires byzantines, ne vint pas, d'ailleurs il mourut l'année suivante (1189), et, pour des raisons analogues, son successeur Tancrède de Lecce (1189-1194) ne se croisa pas non plus. Si les Normands de Sicile qui, comme Normands et comme Siciliens, semblaient deux fois désignés pour venir prendre la tête de la restauration franque se récusaient, qui donc viendrait au secours de l'Orient latin ?
Mais la papauté, conscience de l'Europe, veillait. Le Pape Clément III faisait partout prêcher
Malheureusement
l'Europe était en pleine élaboration. La dynastie capétienne représentée par
Philippe Auguste entreprenait [oeuvre primordiale] de construire la France en éliminant des
provinces de l'Ouest l'empire anglo-angevin des Plantagenets. Les légats du
Pape eurent beau, à l'entrevue de Gisors, le 21 janvier 11 88, contraindre Philippe
Auguste et Henri Plantagenet à se réconcilier et à se croiser, il était évident
que ni le roi de France ni le roi d'Angleterre n'entendaient exécuter de sitôt
leur serment. Quelques mois après Gisors, la guerre recommençait entre eux.
Henri Plantagenet mourra, son fils aîné Richard Coeur de Lion lui succédera,
les années passeront avant que le voeu de Gisors soit accompli. Ce sera
seulement en juillet 1190 que Philippe Auguste et Richard s'embarqueront le
premier à Gênes, le second à Marseille.
Croisade de Frédéric Barberousse.
L'empereur
germanique Frédéric Barberousse montra plus de zèle. Dès le 11 mai 11 89 il quittait
Ratisbonne avec une armée remarquablement organisée et disciplinée, qui,
d'après certains chroniqueurs, aurait compté au départ près de 100 000 hommes. Il prit, par la Hongrie , la route de
Constantinople. Mais la dynastie des Anges n'avait pas, pour faire tourner les
Croisades à son profit, le sens politique des Comnènes. Isaac II l'Ange, alors
régnant (1185-1195), se comportait en ennemi des Latins, non seulement parce
que Byzance était en lutte ouverte avec les Normands de Sicile dont Frédéric
Barberousse était alors l'allié, mais aussi en raison des affaires d'Asie
Mineure. Les Byzantins, toujours aux prises avec le royaume Saljûqide de Qoniya
qui, depuis le désastre de Myriokephalon, les refoulait de plus en plus des
hautes vallées du Méandre et du Sangarios, avaient cherché contre les
Saljûqides l'alliance de Saladin. Saladin avait répondu à leurs avances avec
d'autant plus d'empressement que lui aussi se trouvait au plus mal avec le
sultan Saljûqide Qilij Arslân II, le vainqueur de Myriokephalon, le seul prince
musulman dans le Proche Orient dont la puissance pût contrebalancer la sienne.
Alliance des Grecs avec Saladin contre
Les
craintes qu'inspirait à Isaac l'Ange l'arrivée de la Croisade germanique le
poussèrent à resserrer ses liens avec Saladin.
Croisade de l'epereur germanique Henri
VI (1197 - 1198)
Siège
de Toron (Tebnine) 28
novembre 11 97 au 2 février 11 98
L'empereur d'Allemagne se mit à la tête de quarante mille hommes et prit le chemin de l'Italie, où tout était préparé pour la conquête du royaume de Sicile.
Le
Les autres croisés furent divisés en deux armées qui, par des routes différentes, devaient se rendre en Syrie : la première, commandée par le duc de Saxe et le duc de Brabant, s'embarqua dans les ports de l'Océan et de
Les croisés Allemands rassemblés dans tous les ports de
Quatrième croisade (1202 - 1205)
Henri de Champagne
Innocent
III prêche cette croisade au milieu de l'année 1198.
Prédicateur
en Europe, Foulques de Neuilly.
Chef
de cette croisade : Henri de Champagne.
Détournement
par les Vénitiens de cette quatrième croisade aboutie à et prise de
Constantinople.
En Occident la prédication dela
Croisade fut méthodiquement conduite. Parmi les prédicateurs
les plus ardents, l'histoire a retenu le nom du curé de Neuilly, Foulque, dont l'éloquence
parut ressusciter l'enthousiasme de la Première Croisade.
Néanmoins la
Quatrième Croisade ne devait pas être une Croisade populaire
; ce fut une expédition de barons français, flamands et piémontais, avec
prépondérance de l'élément français. Les principaux seigneurs qui se croisèrent
furent le comte de Flandre, Baudouin IX, de la maison de Hainaut, et son frère
Henri, le comte Thibaut III de Champagne, le comte Louis de Blois, le comte
Geoffroi III du Perche, Hugues IV de Sain|-Pol, Simon IV de Montfort, Jean de
Nesle, Enguerrand de Boves, Renaud de Dampierre, Geoffroi de Villehardouin qui
devait être l'historien de la
Croisade , etc. ; enfin, du côté piémontais, le marquis
Boniface de Montferrat. Le chef de la Croisade semblait devoir être le comte de
Champagne, désignation toute naturelle, puisque Thibaut III était le frère de
Henri de Champagne qui de 1192 à 1197 avait gouverné la Syrie franque. Mais Thibaut
étant mort sur ces entrefaites (24 mai 12 01), on déféra le commandement pour les
mêmes raisons à Boniface de Montferrat, frère du feu marquis Conrad qui, de
1190 à 1192, avait été l'animateur de la reconquête franque en Syrie : les deux
choix semblaient indiquer une heureuse continuité dans les expéditions au
Levant.
En Occident la prédication de
Aucune aide est reçue en Palestine, Amaury II, oblige tous les pèlerins venus d'Occident à respecter la paix avec les Musulmans.
Croisade des Albigeois (1209)
Simon de Montfort
La croisade des Albigeois fut lancée en 1209 pour contrer la minorité divergente cathare (considérée comme hérétique) dans le sud de
Croisades des enfants (1212)
Il
y en a eu plusieurs, en France et en Allemagne.
En
1212 à la suite d'une vision, le jeune Berger Estienne de Cloyes-sur-le-Loir
rassemble des pèlerins et les mène vers Saint-Denis pour y rencontrer le roi
Philippe Auguste.
A la même époque, d'autres groupes partent d'Allemagne et se rendent vers les ports de Gênes et de Marseille. Les chroniqueurs mentionnent que certains réussirent à embarquer et qu'ils furent vendus comme esclaves ou bien moururent de faim pendant le voyage. Certains réussissent à gagner Rome. L'empereur Frédéric II fit pendre quelques-uns des trafiquants marseillais compromis dans l'affaire (
Quant à l'appellation de croisade des « enfants », elle serait en fait une traduction littérale du mot latin « puer » n'ayant pas dans ce contexte le sens du mot « enfant ». La croisade aurait été en fait composée de pauvres et de paysans ayant été exclus de la révolution économique du XIIe siècle et croyant fermement que Dieu les soutiendrait dans leur entreprise.
Cinquième croisade (1217 - 1221)
La
croisade des Hongrois
Le
pape Innocent III
Prédicateur
: Jacques de Vitry
Le
pape Innocent III prêcha une autre croisade concile de Latran en 1215.
Chef
de cette croisade le roi de Hongrie André II.
Il
arrive à Acre à la fin septembre ou mi octobre 1217.
Le premier baron Occidental à débarqué en Syrie au début septembre 1217 est le duc d'Autriche Léopold VI.
C'était un devoir pour les Francs de Syrie de maintenir la paix avec l'empire ayyûbide tant qu'ils n'auraient pas reçu le renfort d'une croisade imposante. C'était le devoir de la papauté de provoquer cette croisade. Dès 1213, Innocent III adressait à la chrétienté un manifeste solennel. « Les Sarrasins viennent de construire sur le mont Thabor, à l'endroit même où le Christ s'est montré dans sa gloire, une forteresse destinée à achever la ruine du nom chrétien. Elle menace la cité d'Acre, C'est par elle qu'ils espèrent venir à bout de ce qui reste du royaume de Jérusalem, car ce malheureux débris est dépourvu d'argent et de soldats. » En ouvrant le concile de Latran, le
La disparition de ce pontife de génie ralentit quelque peu le mouvement, car son successeur, Honorius III, par ailleurs si profondément estimable, était loin d'avoir en matière politique sa puissante personnalité.
Prédication de
En même temps que ses légats continuaient à prêcher
Le premier baron d'Occident qui débarqua en Syrie fut, au début de septembre 1217, le duc d'Autriche Léopold VI dont la navigation, de Spatato à Acre, n'avait pris que seize jours. Le roi de Hongrie André II arriva peu après. Les Croisés germano-hongrois établirent leur camp au « sablon d'Acre » Cette fois encore il y eut des difficultés entre les colons francs et les Germaniques. Les pèlerins bavarois, notamment, se signalaient par leur insolence et leur brutalité, saccageant les jardins, dépossédant les religieux et allant même jusqu'à tuer des chrétiens.
De leur côté les barons syriens arrivaient au rendez-vous général Le roi de Chypre Hugues Ier, avec l'archevêque de Nicosie Eustorge de Montaigu et Gautier de Césarée, connétable de Chypre, conduisait la chevalerie du royaume Lusignan. Autour du roi Jean de Brienne se groupaient les barons du royaume d'Acre, l'ancien bayle Jean Ier d'Ibelin, sire de Beyrouth, son frère Philippe d'Ibelin, Gautier de Beisan et son neveu Gremond (ou Gormond) de Beisan, et les trois grands maîtres du Temple, de l'Hôpital et des Teutoniques, Guillaume de Chartres, Garin de Montaigu et Hermann von Salza. Le prince d'Antioche-Tripoli, Bohémond IV, se rendit aussi à Acre avec ses vassaux, Guy Ier Embriac, sire de Gibelet (Jebail), Guillaume Embriac, sire de Besmedin (Beshmezîn, entre Enfé et Amiyûn), et le connétable de Tripoli, Gérard de Ham. Naturellement les chefs de l'épiscopat latin étaient présents, Raoul de Mérencourt, patriarche de Jérusalem, Simon de Maugastel, archevêque de Tyr, Pierre de Limoges, archevêque de Césarée, et Jacques de Vitry, évêque d'Acre.
Sixième croisade (1228 - 1229)
Frédéric
II
Le
pape Honorius III
Chef
de la croisade : Frédéric II empereur germanique.
Jean
de Brienne roi de Jérusalem par son mariage avec Marie de Jérusalem-Montferrat.
Il naitra une fille, Isabelle ou Yolande.
Mariage
de l'empereur Frédéric II et Isabelle alors âgée de 14 ans.
Frédéric
II devient roi de Jérusalem et évince Jean de Brienne.
FRéDéRIC
II, ROI DE JéRUSALEM.
Le
Pape donne raison à Jean de Brienne contre le légat Pelage.
Après l'évacuation de l'Egypte et la conclusion d'une paix de huit ans avec les Ayyûbides (1221-1229), le roi Jean de Brienne rentra en Syrie et resta un an à Acre. Mais la malheureuse issue de l'expédition d'Egypte avait épuisé le royaume. Devant « la pauvreté en quoi la terre (de Syrie) estoit », Jean résolut de se rendre auprès du pape et des souverains de l'Occident. Du reste le pape Honorius III et l'empereur Frédéric II l'invitaient à venir pour s'entretenir avec eux des intérêts de
Au témoignage d'Ernoul, Jean de Brienne commença par se plaindre au pape et à l'empereur des empiétements du légat Pelage sur les droits de la couronne de Jérusalem, et des lourdes fautes commises à Damiette par ce prélat qu'il rendait avec raison responsable du désastre. Honorius et Frédéric lui promirent que le cas ne se renouvellerait plus et que les conquêtes des futures croisades reviendraient intégralement au roi de Jérusalem.
Mariage d'Isabelle de
Jérusalem avec Frédéric II.
Jean de Brienne, de son mariage avec la reine Marie de Jérusalem-Montferrat maintenant décédée, n'avait eu qu'une fille, Isabelle ou Yolande, alors âgée de onze ans. C'était cette enfant qui, par sa mère, était l'héritière légitime de la couronne de Jérusalem, Jean de Brienne n'ayant été reconnu roi qu'à titre de prince consort. Or Frédéric II depuis quatre mois se trouvait veuf. Honorius III et Hermann von Salza eurent l'idée de lui faire épouser Isabelle et de lui assurer ainsi la succession des rois de Jérusalem.
Frédéric II accueillit ce projet avec empressement. Il y vit le moyen de réaliser d'un coup le programme oriental de son père Henri VI, la subordination, ou, mieux ici, l'annexion de l'Orient latin à l'Empire germanique. Jean de Brienne ébloui accepta. Avec sa loyauté de chevalier errant, franc comme son épée, sans arrière-pensée et sans malice, il ne vit que ce qu'on lui disait l'empereur romain germanique, le maître de l'Allemagne, de l'Italie et de
En réalité c'était sa perte. Philippe Auguste ne s'y trompa point. Lorsque Jean de Brienne, en quittant l'Italie, vint lui rendre visite, le roi de France qui l'avait naguère désigné, cadet sans fortune, pour le trône de Jérusalem, le reçut « moult honoreement et li fist grant joie, mais moult le reprist et le blasma de ce que il avoit t'ait mariage de sa fille sanz son seu et sanz son conseil. » Le grand politique avait vu juste.
Septième croisade (1248 - 1254)
Croisade
de saint Louis
Saint Louis et l'expédition d'Egypte
Au
lendemain même de la perte de Jérusalem et du désastre de Gaza en 1244, le
patriarche de Jérusalem Robert avait envoyé Galéran, évêque de Beyrouth, en
ambassade auprès des princes de l'Occident pour leur signaler la nécessité
d'une croisade générale, faute de quoi la Syrie franque était condamnée. Galéran s'embarqua
à Acre le 27
novembre 12 44. Avec le patriarche d'Antioche., Albert de Rezato, il
assista au concile de Lyon (28 juin-17 juillet 1245), où fut donnée lecture de l'appel
à la Croisade. Mais
la lutte que l'empereur Frédéric II venait d'entreprendre contre l'église
paralysait les forces de l'Occident, celles, en tout cas, de l'Allemagne et de
l'Italie. Comme le proclame le manuscrit de Rothelin, la France seule répondit à
l'appel des chrétiens d'Orient. « Pou ou noiant trouvèrent d'aide et de
secors, fors seulement au roi de France et es Françoiz. »
De fait dès le mois de décembre 1244, deux mois après le désastre de Gaza, Louis IX, au cours d'une grave maladie, avait fait voeu de se croiser. Aucun autre souverain chrétien ne l'imita. Il partit de Paris le
Attitude de l'empereur Frédéric II, il tient
II est intéressant de connaître l'attitude de l'empereur Frédéric II envers
Frédéric II ne pouvait donc se prononcer ouvertement contre les projets du roi de France. Il affecta même de faire ravitailler l'expédition française quand elle fit escale en Sicile. En réalité, conservant jusqu'au bout avec
Croisade des Pastoureaux (1251)
Croisade
de « petites gens », paysans ; elle fut provoquée en 1251 par la captivité de
saint Louis pendant la septième croisade.
Huitième croisade (1270)
Louis
IX
La
huitième croisade fut menée aussi par Louis IX de France (Saint Louis), contre
Tunis en 1270 ; il s'embarqua également à Aigues-Mortes. Louis IX mourut de
maladie au cours de cette croisade.
Neuvième croisade (1271 - 1272)
Edouard
Ier
Edouard
Ier d'Angleterre entreprit une autre croisade en 1271, mais il ne rencontra pas
de succès et retourna chez lui l'année suivante. Avec la chute de la Principauté d'Antioche
(1268), du Comté de Tripoli (1289) et d'Acre (1291), la présence chrétienne en
Syrie prit fin.
SOURCE :
http://www.templiers.net/croisades-michaud/index.php
Mohamed ZEMIRLNE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire