Croisades contre les cathares
1 ère Croisade contre les cathares
Selon
certains historiens, le catharisme préfigure le protestantisme qui se
manifestera aux XVème et XVIème siècles contre Rome. Le résultat aura néanmoins
des conséquences plus dramatiques, en particulier en ce qui concerne la
civilisation occitane, dont le mode de vie disparaîtra peu à peu pour rejoindre
l'unité française…
On
retrouve de nombreuses informations, certes déformées par la vision de
l'inquisiteur, dans l'ouvrage Le registre d'inquisition de Jacques Fournier (3
tomes ; première édition en 1494 ; rééditions par Mouton / La Haye , Paris, 1978). La
désignation de Cathare vient du grec catharos, signifiant "les
purifiés" (inventé par Eckbert, abbé de la double abbaye de Schönau, vers
1163)…
Deux
volets sont à distinguer dans cette approche. Tout d'abord, il y a la mobilité
de la Maison
de Toulouse, dont les comtes cherchaient manifestement à se retirer de la
dépendance française en se rapprochant des rois d'Angleterre. Ensuite, il y
avait véritablement un risque de «concurrence» pour l'église Romaine…
Quatre
croisades en Terre Sainte avaient été réalisées avant que le pape invente et
mette sur pied la seule et unique croisade en terre chrétienne. La forte
pénétration du catharisme dans la bourgeoisie languedocienne a fortement
contribué à l'agacement des prélats romains qui ne pouvaient ni se faire
respecter par la population, ni compter sur les seigneurs occitans pour
défendre leurs droits. De nombreux chevaliers finirent faidits, perdant ainsi
leurs terres, en prenant résolument position contre les croisés venus du nord...
Le
comte de Toulouse est excommunié, en 1208, accusé de protection des hérétiques.
Pour se racheter, s'engage auprès du pape et des cardinaux à rejoindre la
croisade et à lutter contre l'hérésie.
Le
roi de France use de tout son poids pour convaincre les grands féodaux français
de s'engager. Cet aspect n'est pas négligeable pour lui car il ne faut pas
oublier que son combat principal, c'est l'affaiblissement des grands féodaux,
et envoyer ceux-ci en croisade loin de leurs fiefs, c'est diminuer leur
influence. De grands seigneurs, et non des moindres, vont se croiser. Pour les
plus grands, c'est une occasion de négocier certains avantages avec l'Eglise.
Pour les plus faibles, c'est une occasion de conquérir un fief ou de se forger
un nom à la bataille.
L'armée
se constitue sous l'autorité de l'Eglise. Son chef officiel est le légat du
pape. Pour lui, la croisade n'a qu'un objectif : l'élimination physique des
hérétiques, c'est à dire le massacre systématique. Tous les seigneurs et leurs
troupes sont aux ordres du légat, mais l'armée est aussi constituée de gens
d'armes indépendants, les routiers, qui ne suivent la croisade que pour piller
et rançonner le pays attaqué. ..
Un
beau jour de 1209, la croisade se met en route, et désormais, la ruine et la
désolation vont s'abattre sur le pays d'Oc. Après avoir passé Montpellier qui
appartient au roi d'Aragon, les croisés mettent le siège devant Béziers.
Première déconvenue pour les croisés, les catholiques de la ville refusent de
coopérer et de livrer leurs hérétiques. Désormais, la croisade sera obligée de
combattre la totalité de la population, et pas seulement les hérétiques comme
elle l'avait prévu au départ. La guerre de religion se transforme en guerre de
conquête. Le vicomte de Béziers, Raimond-Roger Trencavel a laissé la ville à
ses lieutenants et est allé s'enfermer à Carcassonne. A l'époque, Béziers est
une puissante ville fortifiée : juchée sur un promontoire escarpé, elle est
protégée en plus à l'Ouest par l'Orb, rivière large et profonde. Les croisés
s'installent et les biterrois se moquent d'eux: ha ! Les fiers chevaliers dans
leur cote de maille en train de fondre au soleil ! Certains d'entre eux poussent
même la chose jusqu'à ouvrir les portes, et traverser le pont sur l'Orb pour
les provoquer ! Mais les routiers sont plus prompts au combat que les seigneurs
français : ils se précipitent sur les audacieux, les taillent en pièces,
foncent sur les portes et pénètrent dans la ville. Avant que les croisés
n'interviennent, le massacre a déjà commencé et la ville est dévastée par les
flammes avant même d'être mise à sac... C'est à cette occasion que
Arnaud-Amaury aurait prononcé les célèbres paroles :
"Tuez-les tous, Dieu
reconnaîtra les siens !"
Tout
le monde a entendu parler de cet épisode tragique.
Le
premier fief de Trencavel est dévasté, et sa population massacrée. Les
historiens ne sont pas d'accord sur le nombre des victimes du sac (entre 4.000
et 40.000 !) … l'Eglise a mis sa menace à exécution, et Béziers n'est que le
premier acte d'une longue série de combats et de massacres qui ne s'arrêteront
que près de quarante ans plus tard (1209 - 1244), avec le bûcher de Montségur.
Les
croisés continuent leur progression et arrivent devant Carcassonne. Là, les
choses vont se ralentir car il faut mettre le siège devant cette ville
fortifiée. Trencavel, à qui Béziers a tenu lieu de leçon, s'est mis à l'abri
derrière ses murs crénelés. Pourtant, Carcassonne tombera et son seigneur avec.
Venu négocier la reddition de la ville, Trencavel est fait prisonnier par
surprise et jeté dans un cul-de-basse-fosse. Le vicomte étant dépossédé de ses
fiefs, les croisés et le légat procèdent alors à leur redistribution. Le légat propose
les terres au noble de plus haut rang, le duc de Bourgogne, en l'absence du
suzerain, le roi de France. Le duc refuse, ainsi que les grands seigneurs.
L'assemblée des croisés donne alors les terres à un seigneur du Nord de la France , Simon de Montfort.
Simon devient le nouveau vicomte de Carcassonne, et en même temps devient le
chef militaire de la croisade…
C'est
lui qui restera sur place pour défendre son fief, selon le serment qu'il a fait
à l'Eglise Catholique, et qui organisera les éléments armés de la croisade.
Cette dernière arrive ainsi à un de ses premiers objectifs sur cette partie du
territoire, rétablir l'ordre féodal et catholique...
En
1211, le concile se réunit à Montpellier. Il doit étudier le cas du comte de
Toulouse. Raimond VI a participé à la croisade du coté des croisés, mais cela
n'a pas fait pencher la balance de son coté. Le concile maintient donc sa
sentence envers lui et énonce à Montpellier une charte qui devra être observée
par Raimond VI et ses descendants. Cette charte, qualifiée de "Charte
Infâme" par les toulousains contient entre autres les points suivants : il
devra renvoyer ses routiers ; il devra cesser de protéger les hérétiques et les
juifs ; il devra faire maigre 6 jours par semaine ; il devra porter des habits
de drap brun et rugueux ; ses châteaux et les remparts de ses villes seront
démantelés ; lui et ses chevaliers seront interdits dans les villes ; il ne
pourra plus toucher de droits de péage, et il aura pour obligation de partir en
terre sainte sous la garde des hospitaliers jusqu'à ce que Rome décide de son
retour. Si toutes ces conditions sont réunies, le concile se garde le droit de
lui réattribuer ses fiefs, dès la fin de sa pénitence....
On
aurait pu penser que le concile aurait pu se montrer conciliant... Se
pourrait-il que le roi de France ait pu faire jouer ses appuis au concile, et
intrigué pour empêcher la réhabilitation de Raimond, et garder ainsi sous son
coude le comté de Toulouse par la mainmise de Simon de Montfort ? Ou encore
est-ce les évèques et les légats qui ont imposé leur volonté en fonction de
leurs intérêts ? La question reste posée...
Evidemment,
Raimond refuse cette charte qui le spolie de tous ses biens, et quitte alors la
croisade qu'il n'avait intégrée que pour défendre ses terres. Il se réfugie à
Toulouse et s'y enferme…
Désormais,
pour Raimond VI, il n'y a plus d'alternative : il doit lutter contre l'Eglise
et contre la croisade.
Après
la bataille de Muret, C'est la débâcle
des seigneurs occitans, et en premier Raimond VI, qui quitte immédiatement Toulouse
et émigre en Angleterre…
2 ème Croisade contre les cathares
Malgré
les demandes réitérées de Raimond VII pour obtenir officiellement son héritage
et ses titres lors de concile de Bourges en 1225, l 'Eglise va attribuer
d'office la totalité des domaines de Raimond VII au légataire de Amaury de
Montfort, Louis VIII, roi de France…
Louis
VIII n'en attend pas moins, et se croise aussitôt. Il part pour le midi en 1226. En Languedoc, la
nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre : une nouvelle croisade, et avec le
roi de France ! Dans les mémoires, on garde le souvenir du massacre de Béziers,
mais aussi celui de Marmande perpétré par le même prince qui revient à la tête
de son armée ! …
L'Eglise
va encore enfoncer le clou, en excommuniant Raimond VII en 1227
Résistance des cathares
C'est
désormais le pouvoir royal qui impose ses lois et ses impôts. Les évêques, qui
ont récupérés leurs droits et leurs possessions, ont en point de mire la
disparition de l'hérésie. Ils vont s'y employer avec les mêmes recettes que
celles qu'ils ont utilisées avant la croisade. Mais ils ont retenus la leçon :
ils savent qu'il faut faire des exemples et que rien ne vaut la sentence
suprême pour décourager les plus tièdes. En 1233, ils obtiennent du pape la
reconnaissance officielle d'un office spécifique chargé de la lutte contre les
hérésies existantes ou à venir, et qui est confié à l'ordre qui a assuré les
missions, les frères prêcheurs ou Dominicains. Cet office prendra le nom
d'Inquisition.
L'Inquisition
commence en premier lieu dans le midi
où sa première mission sera d'extirper le catharisme et d'éliminer par le feu
tous les croyants cathares qui refuseront d'abjurer leur foi. Des tribunaux
permanents sont installés dans les grandes villes du midi. A Carcassonne, ils s'installeront dans une
tour de la cité qui portera le nom de "tour de l'Inquisition". Les
bûchers d'hérétiques vont s'allumer un peu partout dans le midi : dès 1234, 210 personnes sont brûlées à
Moissac sur l'ordre des inquisiteurs. Cette vague de répression va engendrer
une réaction de la part de la population et même de certains seigneurs contre
les inquisiteurs qui vont même être expulsés de Toulouse…
LES COUPABLES
Le
Languedoc a été dévasté pendant près de cinquante ans, il a perdu son
indépendance et une partie de sa culture et sa population a été décimée. Il
remettra des dizaines d'années pour se relever économiquement mais contestera
chaque fois qu'il le pourra le pouvoir central français. …
La
lutte contre l'hérésie n'a donné lieu qu'à un massacre systématique…
La
croisade contre les Albigeois peut donc presque se résumer en une guerre de
colonisation du midi par le
roi de France. Encore une fois, l'hérésie ne fût qu'une parenthèse. Tôt ou
tard, l'Eglise aurait trouvé un moyen d'éliminer cet abcès, et il faudra de
toute façon attendre l'arrivée de pouvoirs réellement indépendants de l'Eglise,
pour voir une religion différente du catholicisme avoir un caractère officiel.
Source :
http://www.cathares.org/coupable-de-croisade.html
Mohamed ZEMIRLINE
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