samedi 16 mai 2015

Croisades: contre les cathares. cathares.org


Croisades contre les cathares



1 ère Croisade contre les cathares


Selon certains historiens, le catharisme préfigure le protestantisme qui se manifestera aux XVème et XVIème siècles contre Rome. Le résultat aura néanmoins des conséquences plus dramatiques, en particulier en ce qui concerne la civilisation occitane, dont le mode de vie disparaîtra peu à peu pour rejoindre l'unité française…

On retrouve de nombreuses informations, certes déformées par la vision de l'inquisiteur, dans l'ouvrage Le registre d'inquisition de Jacques Fournier (3 tomes ; première édition en 1494 ; rééditions par Mouton / La Haye, Paris, 1978). La désignation de Cathare vient du grec catharos, signifiant "les purifiés" (inventé par Eckbert, abbé de la double abbaye de Schönau, vers 1163)…

Deux volets sont à distinguer dans cette approche. Tout d'abord, il y a la mobilité de la Maison de Toulouse, dont les comtes cherchaient manifestement à se retirer de la dépendance française en se rapprochant des rois d'Angleterre. Ensuite, il y avait véritablement un risque de «concurrence» pour l'église Romaine…

Quatre croisades en Terre Sainte avaient été réalisées avant que le pape invente et mette sur pied la seule et unique croisade en terre chrétienne. La forte pénétration du catharisme dans la bourgeoisie languedocienne a fortement contribué à l'agacement des prélats romains qui ne pouvaient ni se faire respecter par la population, ni compter sur les seigneurs occitans pour défendre leurs droits. De nombreux chevaliers finirent faidits, perdant ainsi leurs terres, en prenant résolument position contre les croisés venus du nord...

Le comte de Toulouse est excommunié, en 1208, accusé de protection des hérétiques. Pour se racheter, s'engage auprès du pape et des cardinaux à rejoindre la croisade et à lutter contre l'hérésie.

Le roi de France use de tout son poids pour convaincre les grands féodaux français de s'engager. Cet aspect n'est pas négligeable pour lui car il ne faut pas oublier que son combat principal, c'est l'affaiblissement des grands féodaux, et envoyer ceux-ci en croisade loin de leurs fiefs, c'est diminuer leur influence. De grands seigneurs, et non des moindres, vont se croiser. Pour les plus grands, c'est une occasion de négocier certains avantages avec l'Eglise. Pour les plus faibles, c'est une occasion de conquérir un fief ou de se forger un nom à la bataille.

L'armée se constitue sous l'autorité de l'Eglise. Son chef officiel est le légat du pape. Pour lui, la croisade n'a qu'un objectif : l'élimination physique des hérétiques, c'est à dire le massacre systématique. Tous les seigneurs et leurs troupes sont aux ordres du légat, mais l'armée est aussi constituée de gens d'armes indépendants, les routiers, qui ne suivent la croisade que pour piller et rançonner le pays attaqué. ..

Un beau jour de 1209, la croisade se met en route, et désormais, la ruine et la désolation vont s'abattre sur le pays d'Oc. Après avoir passé Montpellier qui appartient au roi d'Aragon, les croisés mettent le siège devant Béziers. Première déconvenue pour les croisés, les catholiques de la ville refusent de coopérer et de livrer leurs hérétiques. Désormais, la croisade sera obligée de combattre la totalité de la population, et pas seulement les hérétiques comme elle l'avait prévu au départ. La guerre de religion se transforme en guerre de conquête. Le vicomte de Béziers, Raimond-Roger Trencavel a laissé la ville à ses lieutenants et est allé s'enfermer à Carcassonne. A l'époque, Béziers est une puissante ville fortifiée : juchée sur un promontoire escarpé, elle est protégée en plus à l'Ouest par l'Orb, rivière large et profonde. Les croisés s'installent et les biterrois se moquent d'eux: ha ! Les fiers chevaliers dans leur cote de maille en train de fondre au soleil ! Certains d'entre eux poussent même la chose jusqu'à ouvrir les portes, et traverser le pont sur l'Orb pour les provoquer ! Mais les routiers sont plus prompts au combat que les seigneurs français : ils se précipitent sur les audacieux, les taillent en pièces, foncent sur les portes et pénètrent dans la ville. Avant que les croisés n'interviennent, le massacre a déjà commencé et la ville est dévastée par les flammes avant même d'être mise à sac... C'est à cette occasion que Arnaud-Amaury aurait prononcé les célèbres paroles :

"Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !"
Tout le monde a entendu parler de cet épisode tragique.

Le premier fief de Trencavel est dévasté, et sa population massacrée. Les historiens ne sont pas d'accord sur le nombre des victimes du sac (entre 4.000 et 40.000 !) … l'Eglise a mis sa menace à exécution, et Béziers n'est que le premier acte d'une longue série de combats et de massacres qui ne s'arrêteront que près de quarante ans plus tard (1209 - 1244), avec le bûcher de Montségur.

Les croisés continuent leur progression et arrivent devant Carcassonne. Là, les choses vont se ralentir car il faut mettre le siège devant cette ville fortifiée. Trencavel, à qui Béziers a tenu lieu de leçon, s'est mis à l'abri derrière ses murs crénelés. Pourtant, Carcassonne tombera et son seigneur avec. Venu négocier la reddition de la ville, Trencavel est fait prisonnier par surprise et jeté dans un cul-de-basse-fosse. Le vicomte étant dépossédé de ses fiefs, les croisés et le légat procèdent alors à leur redistribution. Le légat propose les terres au noble de plus haut rang, le duc de Bourgogne, en l'absence du suzerain, le roi de France. Le duc refuse, ainsi que les grands seigneurs. L'assemblée des croisés donne alors les terres à un seigneur du Nord de la France, Simon de Montfort. Simon devient le nouveau vicomte de Carcassonne, et en même temps devient le chef militaire de la croisade…
C'est lui qui restera sur place pour défendre son fief, selon le serment qu'il a fait à l'Eglise Catholique, et qui organisera les éléments armés de la croisade. Cette dernière arrive ainsi à un de ses premiers objectifs sur cette partie du territoire, rétablir l'ordre féodal et catholique...

En 1211, le concile se réunit à Montpellier. Il doit étudier le cas du comte de Toulouse. Raimond VI a participé à la croisade du coté des croisés, mais cela n'a pas fait pencher la balance de son coté. Le concile maintient donc sa sentence envers lui et énonce à Montpellier une charte qui devra être observée par Raimond VI et ses descendants. Cette charte, qualifiée de "Charte Infâme" par les toulousains contient entre autres les points suivants : il devra renvoyer ses routiers ; il devra cesser de protéger les hérétiques et les juifs ; il devra faire maigre 6 jours par semaine ; il devra porter des habits de drap brun et rugueux ; ses châteaux et les remparts de ses villes seront démantelés ; lui et ses chevaliers seront interdits dans les villes ; il ne pourra plus toucher de droits de péage, et il aura pour obligation de partir en terre sainte sous la garde des hospitaliers jusqu'à ce que Rome décide de son retour. Si toutes ces conditions sont réunies, le concile se garde le droit de lui réattribuer ses fiefs, dès la fin de sa pénitence....

On aurait pu penser que le concile aurait pu se montrer conciliant... Se pourrait-il que le roi de France ait pu faire jouer ses appuis au concile, et intrigué pour empêcher la réhabilitation de Raimond, et garder ainsi sous son coude le comté de Toulouse par la mainmise de Simon de Montfort ? Ou encore est-ce les évèques et les légats qui ont imposé leur volonté en fonction de leurs intérêts ? La question reste posée...

Evidemment, Raimond refuse cette charte qui le spolie de tous ses biens, et quitte alors la croisade qu'il n'avait intégrée que pour défendre ses terres. Il se réfugie à Toulouse et s'y enferme…
Désormais, pour Raimond VI, il n'y a plus d'alternative : il doit lutter contre l'Eglise et contre la croisade.

Après la bataille de Muret,  C'est la débâcle des seigneurs occitans, et en premier Raimond VI, qui quitte immédiatement Toulouse et émigre en Angleterre…

2 ème Croisade contre les cathares


Malgré les demandes réitérées de Raimond VII pour obtenir officiellement son héritage et ses titres lors de concile de Bourges en 1225, l'Eglise va attribuer d'office la totalité des domaines de Raimond VII au légataire de Amaury de Montfort, Louis VIII, roi de France…
Louis VIII n'en attend pas moins, et se croise aussitôt. Il part pour le midi en 1226. En Languedoc, la nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre : une nouvelle croisade, et avec le roi de France ! Dans les mémoires, on garde le souvenir du massacre de Béziers, mais aussi celui de Marmande perpétré par le même prince qui revient à la tête de son armée ! …
L'Eglise va encore enfoncer le clou, en excommuniant Raimond VII en 1227

Résistance des cathares


C'est désormais le pouvoir royal qui impose ses lois et ses impôts. Les évêques, qui ont récupérés leurs droits et leurs possessions, ont en point de mire la disparition de l'hérésie. Ils vont s'y employer avec les mêmes recettes que celles qu'ils ont utilisées avant la croisade. Mais ils ont retenus la leçon : ils savent qu'il faut faire des exemples et que rien ne vaut la sentence suprême pour décourager les plus tièdes. En 1233, ils obtiennent du pape la reconnaissance officielle d'un office spécifique chargé de la lutte contre les hérésies existantes ou à venir, et qui est confié à l'ordre qui a assuré les missions, les frères prêcheurs ou Dominicains. Cet office prendra le nom d'Inquisition.

L'Inquisition commence en premier lieu dans le midi où sa première mission sera d'extirper le catharisme et d'éliminer par le feu tous les croyants cathares qui refuseront d'abjurer leur foi. Des tribunaux permanents sont installés dans les grandes villes du midi. A Carcassonne, ils s'installeront dans une tour de la cité qui portera le nom de "tour de l'Inquisition". Les bûchers d'hérétiques vont s'allumer un peu partout dans le midi : dès 1234, 210 personnes sont brûlées à Moissac sur l'ordre des inquisiteurs. Cette vague de répression va engendrer une réaction de la part de la population et même de certains seigneurs contre les inquisiteurs qui vont même être expulsés de Toulouse…

LES COUPABLES


Le Languedoc a été dévasté pendant près de cinquante ans, il a perdu son indépendance et une partie de sa culture et sa population a été décimée. Il remettra des dizaines d'années pour se relever économiquement mais contestera chaque fois qu'il le pourra le pouvoir central français. …
La lutte contre l'hérésie n'a donné lieu qu'à un massacre systématique…

La croisade contre les Albigeois peut donc presque se résumer en une guerre de colonisation du midi par le roi de France. Encore une fois, l'hérésie ne fût qu'une parenthèse. Tôt ou tard, l'Eglise aurait trouvé un moyen d'éliminer cet abcès, et il faudra de toute façon attendre l'arrivée de pouvoirs réellement indépendants de l'Eglise, pour voir une religion différente du catholicisme avoir un caractère officiel.

Source :
http://www.cathares.org/coupable-de-croisade.html

Mohamed ZEMIRLINE


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire