mardi 12 mai 2015

Dynasties musulmanes Les Almoravides



Dynasties musulmanes
Les Almoravides

En 1053, de retour d’un pèlerinage à La Mecque, Yahia Ibn Ibrahim, chef d’une tribu de nomades berbères, les Sanhadja aux visages voilés, demande à un maître spirituel, Abdallah Ibn Yassin, «d’enseigner» à son peuple. Ils se retranchent dans un ribat (couvent fortifié) en plein désert, pour bénéficier d'une formation religieuse, morale et militaire, qui vont les transformer en de redoutables soldats, inimitables stratèges et pieux gouvernants.

En 1054, les «gens du ribat» Al-Mourabitoun (nom francisé en Almoravides) font naître un puissant empire, en prenant une riche cité caravanière : Sijilmassa. En 1056, Abou Bakr, commandant des armées Almoravides, prend Taroudant, puis franchit l’Atlas et s’empare d’Aghmat. En 1062, Abou Bakr installe un vaste camp militaire dans la plaine du Haouz, c’est l’embryon de Marrakech.

Rapidement, Youssef Ben Tachfine évince Abou Bakr, dont il était le lieutenant, et s'institue commandeur des croyants et fonde Marrakech, qui sera la seconde capitale historique du Maroc. Très vite, Marrakech, sous l'impulsion des Almoravides, hommes pieux et austères, devient un important centre commercial, culturel et religieux pour l'ensemble du Maghreb, l'Andalousie et une partie de l'Afrique noire.

Le fils de Youssef Ibn Tachfine, Ali Ben Youssef, fortifia la ville en dressant des remparts sur plusieurs kilomètres, et en édifiant des mosquées et des médersas (écoles) qui subsistent encore de nos jours. L'Espagne musulmane exerça une grande influence sur l'architecture de la ville et vice-versa, Les deux dépendant du même Empire.

Né dans un petit village berbère de l’Anti-Atlas, Mohammed Ibn Toumert étudie la théologie en voyageant dans le monde musulman pendant dix ans. En 1125, il installe à Tin Mal (Tinmel), dans le Haut-Atlas, un ribat pour prôner un rigorisme intransigeant. La dynastie des Almohades (Al Mouahidine, les unificateurs) était presque née. A Marrakech, il trouble les théologiens officiels, il se présente comme le mahdi (l’envoyé de Dieu), et ses prêches contre les Almoravides sont enflammés.

Avec l’aide des tribus Masmouda du Haut-Atlas et du Souss, il organise une coalition avec toutes les oppositions aux Almoravides et, en 1130, il tente une première invasion de la capitale, qui échoue et la moitié des dirigeants Almohades périrent. Quelque mois plus tard, Ibn Toumert décède. Sa mort est cachée pendant deux ans, le temps de mettre en place le nouveau commandeur : Abd El Moumen fût désigné officiellement comme chef du mouvement Almohade et prit le titre de calife et s’empara méthodiquement du Maroc.
Cela lui prit plus de dix ans. Au printemps 1147, après un long siège, il prit Marrakech et instaura le règne des Almohades.

La dynastie Almohade entreprit l'agrandissement et l'embellissement de Marrakech. Yacoub Al-Mansour entreprit la finition de la construction de la mosquée et du minaret de la Koutoubia, un des plus célèbres monuments du monde islamique, et qui est, pour Marrakech, ce qu'est la tour Eiffel pour Paris.
La ville connaissait alors sa période de prospérité et de gloire. De nombreux écrivains et poètes venus d'Andalousie et d'ailleurs, attirés par l'intense activité culturelle et artistique, contribuèrent par leurs écrits à son rayonnement.

(À suivre...)
Publié dans Info Soir le 04 - 11 - 2004


Dynasties musulmanes
Les Almoravides
Publié dans Info Soir le 05 - 11 - 2004

La ville de Marrakech connaissait alors sa période de prospérité et de gloire. De nombreux écrivains et poètes venus d'Andalousie et d'ailleurs, attirés par l'intense activité culturelle et artistique, contribuèrent par leurs écrits à son rayonnement.

Une double ambition a poussé les Almoravides à la conquête du Maroc. D'une part, ces guerriers religieux, maîtres des routes caravanières du Sahara occidental, veulent établir la justice et la paix. D'autre part, leur foi musulmane très forte les incite à éduquer les gens suivant les principes de l'islam.

Les Almoravides venus du Sahara occidental fondent Marrakech.

Leur progression est rapide. D'importantes cités rendent les armes : Sijilmassa (1055), coeur du commerce caravanier et transsaharien ; Taroudant (1057), capitale du Souss ; Fès (1069), qui perd son statut de capitale au profit de Marrakech. Puis, c'est le Nord marocain et algérien. En quelques années, les Almoravides se sont emparés de la moitié du Maghreb.

Mais la formidable avancée de ces courageux soldats ne s'arrête pas en si bon chemin.
Les émirs andalous, aux prises avec les débuts de la Reconquête chrétienne, demandent au chef almoravide Youssef ben Tachfine de leur venir en aide. Youssef traverse le détroit.
Il remporte une écrasante victoire sur le roi de Castille (1086) et finit par prendre Valence (1102).
Pendant ce temps, Abou Bakr, fondateur de Marrakech, parvient jusqu'aux rives du Sénégal, permettant ainsi aux caravanes d'introduire l'ivoire et l'or d'Afrique noire.

L'axe nord-sud libéré, les échanges commerciaux s'amplifient, installant une réelle prospérité économique.
La multiplicité de ces influences (andalouses, marocaines et sahariennes) conduit également à une renaissance artistique.
Les princes almoravides n'hésitent pas à embellir des villes de Fès et Marrakech de décors et de monuments directement inspirés de l'architecture andalouse.
Cependant, bien que le fils de Youssef ben Tachfine, Ali ben Youssef, règne pendant trente-sept ans, les générations suivantes éprouvent des difficultés à gérer ce vaste empire ibéro-marocain.
Les chrétiens d'Espagne, toujours à l'affût, deviennent menaçants, tandis que les tribus réfractaires de l'Atlas sont acquises au mouvement almohade.

Publié dans Info Soir le 05 - 11 - 2004

Mohamed ZEMIRLINE

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