Henri III,
Roi
d’Angleterre
Henri III (1er
octobre 1207 - 16
novembre 12 72) fut roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc
d'Aquitaine de 1216 à sa mort.
Fils du roi Jean d'Angleterre et d'Isabelle
d'Angoulême, Henri III monta sur le trône à l'âge de neuf ans alors que la première
guerre des barons faisait rage. La mort de son père apaisa néanmoins les
tensions et les forces royales, menées par Guillaume le Maréchal, battirent les
rebelles soutenus par les Français à Lincoln et à Sandwich en 1217. Henri III
promit de respecter la Grande
Charte limitant les pouvoirs royaux et garantissant les
droits des nobles que son père avait tentés d'abroger. Le début de son règne
fut dominé par ses conseillers Hubert de Burgh et Pierre des Roches qui
restaurèrent l'autorité du roi après la guerre. En 1230, il tenta de reprendre la Normandie perdue par son
père mais l'invasion fut un échec et une révolte menée par Richard le Maréchal
l'obligea à signer un traité de paix avec le roi Louis IX de France.
Politique juive
Les juifs vivant en Angleterre subissaient
traditionnellement une taxation plus élevée en échange de la protection royale
contre les persécutions antisémites. De nombreuses attaques avaient eu lieu
durant la première guerre des barons mais la communauté prospéra durant les
premières années du règne d'Henri III. Cette prospérité était essentiellement
liée aux mesures adoptées par le gouvernement de régence qui étaient destinées
à protéger
les juifs et à encourager l'emprunt. Ces choix n’étaient pas désintéressés
car la Couronne
tirait des profits substantiels de la présence d'une forte communauté juive en
Angleterre. Guillaume le Maréchal continua cette politique malgré les
instructions de la Papauté
qui avait adopté des mesures d'exclusion des juifs lors du quatrième concile du
Latran en 1215.
La situation évolua en 1239 quand Henri III,
peut-être pour imiter Louis IX de France, fit arrêter les dirigeants juifs dans toute l'Angleterre
et les obligea à payer des amendes équivalentes à un tiers de leurs possessions
tandis que les emprunts impayés étaient annulés. En 1244, il exigea le paiement
de 40 000 livres
et les deux tiers de cette somme furent rassemblés en cinq ansn 6; ces mesures ruinèrent la communauté
juive qui ne pouvait plus prêter de l'argent. Henri III fit
construire le Domus Conversorum à Londres en 1232 pour encourager la conversion
des juifs au christianisme et ses efforts s'intensifièrent après 1239 ; près
de 10 % des juifs d'Angleterre s'étaient convertis à la fin des années
1250. Les récits antisémites impliquant des allégations d'infanticide se
répandirent dans les années 1250 et Henri III adopta en 1253 l 'édit des juifs destiné à discriminer les
juifs en les obligeant à porter une étoile jaune ; le
degré d'application réel de cette mesure reste mal connu.
(fr.wikipedia.org/wiki/Henri_III_d'Angleterre#Politique_juive)
Stratégie
européenne
Enluminure
de Matthieu Paris représentant l'éléphant
offert
par Louis IX à Henri III
Henri III n'eut pas l'occasion de reconquérir ses
territoires français après le désastre de Taillebourg5.
Ses ressources étaient bien moins importantes que celles de la Couronne française et à
la fin des années 1240, il était devenu clair que Louis IX était le souverain
dominant en France. Henri III adopta alors ce que l'historien Michael Clanchy a
qualifié de « stratégie européenne » destinée à former des alliances avec
d'autres puissances européennes pour contraindre Louis IX à abandonner ses
territoires. Il chercha notamment à se rapprocher de l'empereur Frédéric II en
espérant qu'il se tournerait contre son voisin français ou autoriserait ses
nobles à participer aux campagnes anglaises. Ce faisant, l'attention d'Henri
III se détourna des questions internes à l'Angleterre pour se concentrer sur
les politiques européennes.
Les croisades étaient une cause populaire au XIIIe siècle et en 1248, Louis IX participa
à la malheureuse septième croisade après avoir signé une nouvelle trêve avec
l'Angleterre et avoir reçu l'assurance du pape qu'il protégerait ses terres
contre une éventuelle attaque anglaise. Henri III aurait pu rejoindre la
croisade mais la rivalité entre les deux souverains rendit cela impossible et
après la défaite des croisés à Mansourah en 1250, le roi anglais annonça qu'il
entreprendrait sa propre expédition vers le Levant. Le roi commença à
organiser le passage de son armée auprès de souverains amis sur le trajet,
rassembla des navires et réduisit les dépenses de la Couronne pour financer la
croisade. Henri III semblait enthousiaste à l'idée d'entreprendre cette
expédition qui reflétait sa piété mais ces plans lui offriraient également une
plus grande crédibilité pour exiger le retour de ses possessions en France.
La croisade d'Henri III fut néanmoins annulée car les
dures politiques de Simon de Monfort en Gascogne avaient provoqué une révolte
en 1252 et le soulèvement était soutenu par le roi Alphonse
X de Castille. La cour anglaise était partagée sur le problème :
Simon et Éléonore avançaient que les Gascons étaient les responsables de la
crise tandis qu'Henri III et les Lusignan accusaient l'incompétence de Simon5.
Contraint d'intervenir personnellement, Henri III mena une campagne efficace,
bien que coûteuse, avec l'aide des Lusignan et il parvint à ramener le calme.
Alphonse signa un traité d'alliance en 1254 et le mariage du fils d'Henri III,
Édouard à la demi-sœur du roi castillan, Éléonore,
permit de sécuriser une paix durable entre les deux pays.
De retour de Gascogne, et à l'instigation de leurs
épouses respectives, Henri III rencontra Louis IX pour la première fois et les
deux rois devinrent de proches amis. Ayant coûté plus de 200 000 livres ,
la campagne militaire avait épuisé tout le trésor prévu pour la croisade et
Henri III s'était lourdement endetté auprès de son frère Richard et des
Lusignan.
Question
sicilienne
Enluminure
du XIVe siècle représentant la
rencontre du
pape Innocent IV (à gauche) et de Louis IX (à
droite) à Cluny en
1248
Henri III n'abandonna pas ses espoirs d'une croisade
mais se concentra sur la possibilité d'acquérir le riche royaume de Sicile pour
son fils Edmond. La Sicile
était contrôlée par l'empereur Frédéric II qui était le rival du pape Innocent
IV. À la mort de Frédéric II en 1250, le pape se mit en quête d'un souverain
mieux disposé envers la
Papauté. Henri III voyait la Sicile comme un territoire
de choix pour son fils et une excellente base pour une croisade vers l'est.
Sans vraiment avoir consulté sa cour, Henri III négocia en 1254 avec Innocent
IV pour qu'Edmond soit le prochain souverain. Le pape pressa le roi anglais
d'envoyer son fils à la tête d'une armée pour reprendre l'île au fils de
Frédéric II, Manfred Ier, en
offrant de financer la campagne.
Le successeur d'Innocent IV, Alexandre
IV, devait faire face à une pression militaire de plus en plus forte de
l'Empire. Il n'avait plus les moyens de financer Henri III et demanda au
contraire que le roi anglais indemnise la Papauté pour les 90 000 livres
qu'elle avait dépensé pour combattre Manfred Ier. Cela était une
somme colossale et Henri III se tourna vers le Parlement en 1255 pour obtenir
ces fonds mais cela lui fut refusé ; d'autres tentatives suivirent mais
seule une faible participation parlementaire avait été obtenue en 1257.
Alexandre IV fut déçu par la prévarication
anglaise et il envoya en 1258 un émissaire auprès d'Henri III pour le menacer
d'excommunication s'il ne remboursait pas la Papauté et n'envoyait pas l'armée promise en
Sicile. Le Parlement refusa à nouveau de soutenir le roi et Henri III chercha à
extorquer de l'argent auprès du clergé en l'obligeant à signer des documents
par lequel il promettait des fonds illimités à la Couronne. Cela
permit de lever près de 40 000 livres mais
mécontenta l'Église anglaise qui considérait que l'argent était gaspillé dans
une guerre interminable en Italie.
Dans le même temps, Henri III tenta d'influencer
l'élection du roi des Romains dans l'Empire. Lorsque les principaux candidats
allemands échouèrent à rassembler suffisamment de soutiens, le roi anglais
commença à pousser la candidature de son frère Richard en réalisant des dons
auprès de ses potentiels soutiens dans l'Empire. L'élection de Richard en 1256
le prédestinait à être couronné empereur mais il continua à jouer un rôle
important dans les politiques anglaises. Son élection entraîna des réactions
mitigées en Angleterre ; Richard était considéré comme un conseiller
modéré et raisonnable et sa présence était appréciée par les barons mais il fut
également accusé, peut-être à tort, d'avoir financé sa campagne en Allemagne
avec le trésor anglais. Même si Henri III avait renforcé la perspective d'une
alliance avec l'Empire contre Louis IX, les deux rois entreprirent de résoudre
leurs différends pacifiquement ; pour le souverain anglais, ce traité lui
permettrait de se concentrer sur la
Sicile et sa croisade.
fr.wikipedia.org/wiki/Henri_III_d'Angleterre#Politique_juive
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