mercredi 13 mai 2015

Islam. Propagation et colonialisme. Basile Y.



EUROPE ET MONDE ARABE
LA PAILLE ET LA POUTRE
Basile Y.
Propagation et colonialisme

La propagation de l'Islam au coeur de l'Afrique et en Asie jusqu'aux Îles Philippines ne fut pas du colonialisme. Il ne fut même pas une Paille à opposer à la Poutre du colonialisme européen. Passés les premiers élans des conquêtes à la pointe de l'épée qui conquirent toute la Perse, déplumèrent très fortement l'Empire Byzantin, et occupèrent un tout petit coin de l'Europe au Sud des Pyrénées, l'immensité de l'Empire conquis (de l'Indus à l'Atlantique) eut pour résultat sa division en deux Dynasties rivales, les Abbassides en Orient et les Omeyyades en Occident, et les luttes intestines qui s'en suivirent. C'est cette décadence militaire qui fut le commencement des conquêtes spirituelles qui n'étaient plus le fait des Arabes seuls, mais de l'Islam tout entier, d'une civilisation plurinationale.

Contrairement à la violence destructrice d'autres civilisations sur son chemin que fut le colonialisme de l'Europe, les missionnaires de l'Islam furent des commerçants. Ils ne marchèrent pas sur les pas de la soldatesque parce que leur objectif était le commerce et pas le brigandage colonialiste. Fin du XIIIe siècle Marco Polo, de retour de Chine, faisait escale à Perlak, au nord de Sumatra. Il y constatait un grand nombre de Musulmans convertis par des marchands bengalis. Il n'y eut jamais d'expédition militaire en Indonésie, et déjà au XIVe siècle il y avait en Malaisie des Sultans musulmans par conversion ou par mariages. Au XVe siècle presque toute cette région indonésienne était islamisée sans violence. Elle l'était par des marchands, soit de passage, soit qui s'y installaient en se mariant avec des autochtones. Il y a aujourd'hui plus de 100.000.000 de Musulmans en ce coin du monde. Les grandes aventures des conquêtes de l'Islam en Asie jusqu'aux Philippines et en Chine (où il y a plus de 10.000.000 de Musulmans), ainsi qu'à l'Est, au coeur et à l'Ouest de l'Afrique, ne se firent pas à la pointe de l'épée, mais par des échanges commerciaux de "missionnaires" commerçants. C'est pour cela qu'elles furent durables, et ce qui explique l'échec lamentable de la Mission Chrétienne en ces pays vers lesquels nos missionnaires évangélisèrent à l'ombre de la soldatesque européenne. En Afrique l'Islam ne s'attaqua pas à l'Éthiopie chrétienne parce que celle-ci n'attendait pas de libérateur du joug byzantin - l'Éthiopie était chrétienne depuis le IVe siècle. Pendant treize siècles ce pays des Négus vécut entouré de potentats musulmans et en paix avec eux. Elle ne fut agressée qu'en 1935-36 par Mussolini, paladin de la civilisation occidentale.
Nous n'allons pas faire ici l'historique des conquêtes spirituelles de 1'Islam en Afrique Noire, mais, pour faire la comparaison entre deux "Kulturträger" (porteurs de cultures), l'Islam et l'Europe, cela vaut la peine de reproduire un document britannique, une pétition adressée au Parlement anglais en 1802 pour demander la dissolution de la Compagnie de Sierra-Leone, parce qu' "elle était plus malfaisante qu'utile". Dans cette requête on y loue le travail des "missionnaires" musulmans comme suite :

"Voilà 70 ans (c'est à dire vers 1730) un petit groupe de Mahométans s'établit en un pays situé à environ 40 miles de Sierra-Leone, qu'ils appelèrent Mandingoland. Comme il est d'usage chez eux, ils fondèrent des écoles(1) dans lesquelles on enseigne la langue arabe et les préceptes de Mahomet, parmi lesquels celui de ne jamais vendre en esclavage un coreligionnaire(2). Les Lois du Coran furent introduites(3), on déracina la pratique qui consistait à dépeupler les côtes, et malgré des bouleversements internes, un relativement haut niveau de Culture, d'Unité et de Sécurité fut atteint. En conséquence de cela la population augmenta(4) rapidement et le pouvoir est passé peu à peu entre leurs mains, dans la partie du pays où les Mahométans s'établirent. Ceux qui étudièrent à leurs écoles(5) acquirent du bien-être et de la puissance dans les pays voisins, où ils amenèrent une partie importante de leur religion et leurs Lois avec eux.... La victoire de l'Islam s'étendra pacifiquement selon toute probabilité sur toute la colonie…"(6)

C'était là naturellement une méthode de "colonisation" différente de celles de notre flambeau civilisateur. On n'y allait pas en brigand avec le mousqueton mais en commerçant-"missionnaire". Le document ci-dessus était adressé par des Anglais à leur Parlement pour demander la dissolution d'une compagnie coloniale anglaise. L'historien pakistanais qui cite ce document, cite en même temps un historien anglais qui confirme le texte de cette requête des sujets de la Majesté Britannique en écrivant :

"La propagande (de l'Islam) n'est pas faite par un ordre de prêtres proprement formés pour cette tâche, mais chaque Musulman est un missionnaire actif. Sitôt qu'une demi-douzaine d'entre eux s'établissent dans une cité dans laquelle ils comptent rester un certain temps, ils bâtissent une Mosquée et le travail de la mission commence. Ils s'adressent d'abord au chef de l'agglomération pour son acquiescement, et même pour sa conversion. Ils lui apprennent leur prière en arabe dans la mesure où il peut ou veut la retenir. Ils lui montrent les formes extérieures de cérémonie de la prière, lui défendant la consommation des boissons alcoolisées(7) - une prescription qui est suivie ou pas - et voilà l'homme converti."(8)


Ils impressionnent en outre la population, "avec leur conduite dévote et leur Culture supérieure"(8)
Ceci est l'appréciation d'un africaniste anglais sur les méthodes de pénétration de l'Islam en Afrique, qui furent les mêmes qu'en Asie.
Quel contraste avec notre "Mission Civilisatrice" à l'alcool, au fouet et à la corruption ! Quelle illustration de la Paille et de la Poutre, du voleur qui crie "au voleur", quand on entend les thuriféraires de l'Europe parler de "fanatisme musulman". Chez l'Européen ce fut la colonisation par une "Métropole", au mousqueton, à la canonnière, au fouet comme aux camps nazis, écrit Aimé Césaire, pour organiser le pillage. L'Islam n'y alla par contre pas en colonisateur armé. Dans aucun État islamique dont les marchands missionnèrent en Afrique ou en Asie il y eut de ces repaires de brigands de grands chemins qu'on appela en Europe Ministère des Colonies. Et, toujours par le principe de la Paille et la Poutre, on ne dit pas LA CAVERNE DE L'HOMME BLANC, mais "La Caverne d'Ali Baba".

Les Arabes n'ont jamais eu d'Ordres de missionnaires et aucun peuple d'Afrique ou d'Asie qui embrassa l'Islam fut assujetti a une "Métropole". Les Empires islamiques de l'Afrique Noire comme l'immense Songhaï ne furent pas fondés par des conquérants arabes sous la contrainte du Yatagan. Ce furent les Africains eux-mêmes, déjà musulmans sous le Mali, qui fondèrent le Songhaï. On ne bâtit pas un Empire sans violence, mais la violence n'était pas "métropolitaine".

Les Arabes y avaient été les premiers propagateurs de la foi, avec la balance dans une main et le Coran dans l'autre. Ils étaient commerçants comme leur Prophète l'avait été avec les chameaux de son oncle. Ils ne se comportèrent pas en "pacificateurs" à la Gallieni et Lyautey ou à la Sir Cecil Rhodes(9) ou à la Hauptmann Dominik et Herr General von Trotha(10). Ce sont les Africains eux-mêmes qui fondèrent ces empires sous l'influence culturelle de l'Islam. Ce n'était pas là des colonies pillées par une race "supérieure", mais des États indépendants où leur culture islamique s'épanouissait parallèlement à celles d'autres pays islamiques. Il s'y éleva des Universités vers lesquelles des Arabes allaient pour ajouter à leur Savoir, comme des Européens vont aujourd'hui aux États Unis pour ajouter au leur. Ils ne connaissaient qu'une seule Métropole celle de leurs pèlerinages à La Mecque. Ils y allaient en hommes libres, comme allaient jadis les Grecs de Sicile ou de la Mer Noire aux Jeux Olympiques, comme vont les Australiens et les Nord-Américains aujourd'hui en Europe. Avec la différence que ces derniers sont des Européens qui s'installèrent en ces pays en exterminant leurs habitants au nom du "Ote-toi de là que je m'y mette", contrairement aux royaumes musulmans de l'Afrique Noire qui étaient des royaume d'autochtones convertis à l'Islam par des commerçants musulmans, et où les Arabes étaient des hôtes, mais pas des Maîtres.
En 1518, l'historien-voyageur Maure Hassan Ibn Muhammad, capturé par des pirates chrétiens en Méditerranée, fut transporté à Rome comme une prise de choix et présenté au Pape Léon X, connu alors pour ses largesses de mécène. Léon X fut enchanté de ce que ce Maure lui rapporta sur Tombouctou, et le convertit au christianisme en lui donnant son propre nom de baptême. C'est ainsi que Hassan passa dans l'Histoire de l'Occident sous le nom de Leo AFRICANUS, avec ses relations sur les splendeurs de l'Afrique qu'il avait visitée en long et en large. L'africaniste anglais Basil Davidson écrit :
"Leo décrivit Tombouctou alors que cette ville était la capitale culturelle de l'Empire de Songhaï. Du temps de Leo, des villes comme Tombouctou et Dienné avaient acquis une réputation de villes d'accueil pour les Savants et les Études. Des érudits musulmans s'y rendaient pour ajouter à leur esprit plus de Savoir. Les hommes de lettres africains auraient pu prendre leurs doctrines au Caire mais leurs idées étaient bien propres. Ils réunissaient autour d'eux des étudiants et des disciples, et écrivaient richement dans tous les domaines"... "Quelques uns de leurs travaux ont acquis une autorité presque classique et sont encore utilisés aujourd'hui..."... "Les bibliothèques de ces savants étaient à l'origine des remarques de Leo, qu'à Tombouctou le commerce des livres était une meilleure source de profit que n'importe quel autre commerce."(11)

C'était cela les "primitifs Nègres" que la "Mission Civilisatrice" voulait sauver du "cannibalisme". Et la relation de Leo Africanus concerne une époque où les élites de l'Europe commençaient seulement à prendre contact avec le Savoir. Aujourd'hui du Savoir nous en avons à en vendre. Mais comme fait justement remarquer Ch-A. JULIEN dans son avant-propos d'ESCLAVAGE ET COLONISATION par Victor Schoelcher au sujet du Ghana, du Mali et de Songhaï, "Il n'en est même pas question dans les grandes collections historiques françaises".

C'est un nom très glorieux que s'est donné Sékou Touré qui lutta pour l'Indépendance de son pays.
"Askia Muhammad Touré, Askia Le Grand, avait gouverné l'immense Empire ouest-africain de Songhaï au XVIe siècle, et fit de cette riche ville de Tombouctou un centre du Savoir."(12)

Askia Muhammad n'était pas un arabe venu de Bagdad ou du Caire pour "civiliser des primitifs", comme firent nos compatriotes venus d'Europe avec leurs mousquetons comme instruments de civilisation. Il était lui-même africain.

Mais il n'y eut pas que l'immense Empire Songhaï à être musulman en Afrique Noire durant le Moyen Age. De très nombreux petits États (Mombassa, Malindi, Mogadiche et autres) longeaient la côte Est de l'Afrique avant l'arrivée des premiers européens (les Portugais). Le plus brillant de tous ces États était KILWA, d'après toutes les descriptions faites par le géographe et voyageur tangerois Ibn Batouta au milieu du XIVe siècle comme celle ci-dessous :
"Kilwa est une des plus jolies et bien construites villes du monde. Son ensemble est bâti avec élégance."(13) écrivait-il.
L'archéologue anglais Neville Chittick découvrit en 1961 les splendeurs enfouies de cette ville, telles que les avait décrit Ibn Batouta(13).
Kilwa servait de trait d'union entre Afrique et Extrême Orient, d'où arrivaient en son port parfois des navires chinois.
"Lorsqu'en 1500 les Portugais atteignirent les premiers le port de Kilwa sous le commandement de Pedro Alvares Cabral, ils furent émerveillés par les maisons en pierre de corail, dont de très nombreuses à trois ou quatre étages 'comme en Espagne' rapporte un scribe qui accompagnait Cabral. Les Portugais étaient surpris de voir ce peuple. 'En ce pays il y a de riches marchands' écrivait ce scribe, beaucoup d'or, d'argent, d'ambre, de musc, et des perles. Les habitants sont habillés de vêtements en coton fin, en soie, et beaucoup de choses fines, et ils sont Noirs."(13)

Cette insistance sur le mot "Noirs" parce qu'il s'attendait à des "cannibales Nègres". Tellement sauvages qu'
"En 1413 Anselm d'Isalguier retourna à Marseille et à Toulouse, accompagné d'une princesse africaine qu'il avait épousée, et d'une suite de serviteurs africains parmi lesquels il y avait un médecin qui édifia le monde médical en France, pour avoir traité un personnage non moindre que le Dauphin."(14)

Mais aujourd'hui encore, sont très nombreux en Europe ceux qui croient sérieusement à la légende du "cannibalisme" en Afrique. Les caricatures représentant un missionnaire en train de bouillir dans un chaudron pendant que des Noirs dansaient autour, on en voyait encore avant la guerre de 1939-1945 dans maints et maints journaux.

Tous ces États musulmans de civilisation supérieure à celle de l'Europe d'alors étaient le fait d'une civilisation propagée par 1'Islam quoique sur un terrain qui n'était pas au départ en friche. L'Islam, au contraire de ce que l'Europe fit partout, au lieu de détruire la civilisation précédente, la syncrétisa. Chez-nous, de Vasco de Gama aux indépendances, la colonisation a connu des variations en brigandage, rien de plus.

Notre colonialisme d'Homme Blanc marcha sur les pas d'Alexandre Le Grand, porteur du flambeau de la même civilisation que nous pour, en fait, raser Persépolis après pillage(15) et continuer plus loin par pendre des Brahmanes afin de les "combler" des Lumières de l'Hellénisme. Tout cela en semant sur son passage en abondance des maisons closes et de la corruption.
La comparaison avec l'Islam n'est pas flatteuse pour nous en matière de "Kulturträger". La civilisation apportée aux peuples dits "primitifs" par l'Europe fut en fait l'extermination des Peaux-Rouges en Amérique du Nord par les Anglo-Saxons, l'abattage d'Amérindiens par les Espagnols pour donner à manger à leurs chiens(16), l'extermination des Khoï-Khoï en Afrique du Sud par les ancêtres de 1'Apartheid, les Huguenots franco-hollandais(17), l'extermination des indigènes d'Australie et Nouvelle Zélande.

Si l'on comparait l'Islamisation du Sud-Est asiatique (et de la Chine sur une tout petite échelle) par des pacifiques commerçants musulmans avec la "civilisation" portée par les soudards de l'Occident et de la Sainte Russie en ce coin du monde, nous n'avons pas non plus là de quoi être fiers. Des missionnaires catholiques et protestants, écrit Han Su Yin, rivalisaient de zèle pour "christianiser" des Chinois en achetant des enfants à des familles affamées, en se comportant en satrapes indignes de Celui qu'ils prétendaient servir, de Celui qu'on avait supplicié pour le punir d'avoir été le Christ des pauvres.

"Des prêtres et des évêques catholiques achetaient des villages entiers en temps d'inondations et famine, et exigeaient et obtenaient sous la menace d'actions militaires les meilleurs terrains dans les villes pour bâtir leurs Églises après en avoir évincé les habitant sans payer des compensations. Des prêtres catholiques formaient des bandes de milice en propre et se prétendaient d'un rang supérieur à nos magistrats. Des évêques étaient investis avec l'apparat et les pouvoirs de gouverneurs généraux. Ils se servaient de chaises à porteur (à huit porteurs !), tambour battant les précédant (18), et chacun devait s'arrêter de travailler à leur passage, rester débout et dérouler le bandeau de sa tête en signe d'obéissance à l'évêque sous peine d'être battu à coup d'épais bambous. Personne n'osait porter plainte en justice contre un prêtre ou un converti." (19)

Han Su Yin continue ainsi sur les missionnaires des six puissances de diverses confessions chrétiennes (Allemagne, Angleterre, Belgique, France, Russie et USA) qui s'étaient partagé la Chine et se faisaient la guerre entre elles sur le corps du malheureux peuple chinois, par généraux mercenaires chinois interposés (seigneurs de guerre). Quant aux orientations géographiques du dévouement des missionnaires, elles coïncidaient étrangement avec les intérêts stratégiques des puissances occupantes. Des sincères chrétiens se demandent aujourd'hui pourquoi la Mission chrétienne a subi en Asie un échec TOTAL devant la Mission musulmane.

Pour la qualité des Chinois convertis au christianisme dans ces conditions, répétons avec Han Su Yin qu'ils pouvaient commettre des délit sans que la justice chinoise puisse leur demander de comptes, car ils étaient protégés par les missionnaires comme "victimes de coutumes païennes".
Le Président de la Commission des Affaires Étrangères du Sénats des États Unis, J.W. Fulbright, dans son livre contre l'arrogance du Pouvoir de l'Homme Blanc, confirme Han Su Yin en écrivant :
"Les missionnaires jouissaient d'immunité vis à vis des lois chinoises et traitaient les Chinois de païens, en faisant exception pour les convertis, qui à leur tour proclamaient aussi leur immunité envers les lois, et se servaient du pouvoir que leur conférait leur collusion avec des étrangers pour intimider leurs concitoyens."(20)

Après tout cela, les prêtres et les évêques qui se rangent aujourd'hui sincèrement aux côtés du Tiers Monde font la MEA CULPA pour leur Église. Le sénateur américain J.F. Fulbright écrit encore :
"Il serait difficile d'imaginer un objectif de guerre plus immoral que celui de la guerre de l'Opium de 1839-1842."(20)

L'objectif de cette guerre, sous le Haut Patronage de Sa Gracieuse Majesté Britannique, la Reine Victoria, était de venir en aide à ses sujets britanniques trafiquants d'opium pour obliger les Chinois à leur acheter leur poison. Après les Peaux-Rouges, après les Noirs c'était au tour des "Jaunes" de se faire civiliser :
"...l'Occident allait se déshonorer une fois de plus, en envahissant le territoire céleste, avec, en guise de bouquet, le pillage et l'incendie du prestigieux Palais d'été de Pékin.

- Et alors ?

Alors, le crachat du grand père retombe, au besoin, sur le nez du petit fils. La guerre de l'Opium fut un crime des mercantis blancs contre les peuples jaunes. Le crime ne paie pas toujours, mais je crois que toujours il se paie. Les balles tirées par les soldats de l'Opium et que l'on croyait depuis longtemps perdues, reviennent vers l'Occident. Si elles ne sifflent plus, c'est simplement parce que depuis cent trente ans, elles ont suivi le progrès. Ce ne sont plus des balles, ce sont des seringues."(21)

Ces seringues, son Oméga ! C'est tout ce que la Civilisation Occidentale est en mesure aujourd'hui d'offrir à sa jeunesse en guise d'Idéal, à moins qu'elle ne réinvente de nouvelles guerres ! Pour éviter cette guerre de l'Opium, le commissaire impérial chinois Li Tsé Hsü avait adressé à celle qu'il croyait être la brave Reine Victoria, l'appel pathétique suivant :
"Permettez-nous de vous demander où est votre conscience ? J'ai appris que fumer de l'Opium est très strictement interdit en votre pays ; pour la raison que le mal causé par l'Opium est clairement démontré. Puisqu'il n'est pas permis de faire du mal à votre propre pays vous devriez encore moins laisser faire de mal à d'autres peuples."(22)

Naïf commissaire impérial, naïf Chinois ! À qui croyait-il avoir à faire avec son "ENCORE MOINS". Chinois d'alors. Ceux d'aujourd'hui ont appris à nous connaître. Et depuis qu'ils expulsèrent de leurs terres l'Homme Blanc il n'y a plus d'Opium en Chine, plus de famine, plus d'inondations. Enfin, plus d'Homme Blanc, la pire des calamités !

Mais la Chine fut quand même un grand champ d'expérience pour juger du sens de la Parabole La Paille et La Poutre. A six on s'était jeté sur son corps - Le Portugal, comme une exception à la règle, n'y a pas fait beaucoup de dégâts dans son coin à Macao. Ces six l'ont piétinée, humiliée(23), ensanglantée, déchiquetée, comme des fauves. Et c'est en fin de compte, le retardataire en pillage Guillaume Il qui sonna l'alerte contre le "PERIL JAUNE". Des imbéciles y ont cru, et des malins ont fait semblant d'y croire.

BASILE Y.

1/. Comme il y avait en Algérie avant que le noble Duc d'Isly, général Bugeaud de la Piconnerie, "pacifie" le pays d'Abd-El-Kader. Après 130 ans d'occupation, à l'indépendance 95% des Algériens étaient analphabètes. Des Universités il y en avait, mais elles étaient pour la "race supérieure".
2/. Les Européens faisait baptiser leurs "Nègres" pas principalement pour en faire des coreligionnaires, mais pour leur enseigner que ce n'est qu'au Ciel que leur martyr prendrait fin.
3/. Pour les Lois du Coran sur l'esclavage voir "Et l'Islam devint pluri-culturel" et "Comparaisons sur l'esclavagisme".
4/. Pas comme au Congo "belge" du roi Léopold II de Belgique voir "Les fossoyeurs de l'Hellénisme".
5/. Dans nos écoles n'étudiaient qu'une poignée de collaborateurs à notre colonialisme.
6/. Sayyid Fayyaz Mahmud, A SHORT HISTORY OF ISLAM, Oxford University Press 1960, traduction allemande, GESCHICHTE DES ISLAM, Goldman Verlag, 1964, page 557.
7/. La corruption des chefs de tribus africaines et des Peaux-Rouges avec du Rhum ou du Whisky faisait partie de la panoplie civilisatrice de l'Homme Blanc.
8/. T. Arnolt, ISLAM AND MISSIONS, page 411, cité par Sayyid Fayyaz Mahmud, A SHORT HISTORY OF ISLAM, Oxford University Press 1960, traduction allemande, GESCHICHTE DES ISLAM, Goldman Verlag, 1964, page 558.
9/. Ce Lord anglais fut un des plus grands brigands colonialistes d'Afrique du Sud ; tueur d'Africains et gangster diamantaire. On l'immortalisa en souillant le nom de Zimbabwe pour l'appeler Rhodésie (depuis les Africains ont rendu le nom d'origine à leur pays).(H. J. & R. E. Simons, CLASS AND COLOUR IN SOUTH AFRICA, London 1969, pages 31 à 59).
10/. Deux officiers coloniaux allemands qui se comportèrent comme des bourreaux en Afrique du Sud-Ouest, suivant l'exemple de leur compatriote Carl Peters, massacreur de Bantous et de Wagogos, en l'Afrique de l'Est.(Endre Sik, HISTOIRE DE L'AFRIQUE NOIRE, 1962, tome I, pages 348-349).
11/. Basil Davidson, AFRICAN KINGDONS, New York 1971, page 84.
12/. Basil Davidson, AFRICAN KINGDONS, New York 1971, page 79.
13/. Basil Davidson, AFRICAN KINGDONS, New York 1971, page 88.
14/. Basil Davidson, AFRICAN KINGDONS, New York 1971, page 85.
15/. Après avoir fait table rase de tous les trésors culturels qui étaient supérieurs à ceux de l'Hellade, il fallut aux vandales d'Alexandre Le Grand vingt mille Mules et trois mille chameaux pour transporter leur butin, en route vers d'autres pillages.
16/. Voir "Les fossoyeurs de l'Hellénisme".
17/. H. J. & R. E. Simons, CLASS AND COLOUR IN SOUTH AFRICA, London 1969, page 13.
18/. Cette "Chaise à huit porteurs" de l'évêque me rappelle une bien bonne que me racontèrent des Mexicains. Ça se passait sur le Zocalo de Mexico, juste devant la Cathédrale. Un Indien déambulait pieds nus et en guenilles, mais de silhouette majestueuse. Des touristes américains, intrigués par son allure altière, demandèrent à leur guide qui pouvait bien être cet homme à la si noble allure et en guenilles. Le guide leur répond sans hésiter : "C'est le Christ, Ladies and Gentlemen". Au même instant s'arrête devant la Cathédrale une énorme Cadillac "De Luxe", d'où descend l'Archevêque de la ville, et autour duquel tout le monde s'empresse. Les touristes demandent de nouveau à leur guide qui serait ce grand personnage si entouré d'honneurs. "C'est le serviteur du Christ" répond encore le guide...
19/. Han Su Yin, THE CRIPPLED TREE, éditions Jonathan Cape, Londres 1970, pages 63 et 64.
20/. J.W. Fulbright, THE ARROGANCE OF POWER, Penguin 1970, page 141.
21/. LE CANARD ENCHAINÉ, article de Jérôme GAUTHIER, numéro du 2 Février 1972.
22/. Ssu Yu Teng & John K. Fairbank, CHINA's RESPONSE TO THE WEST, (a documentary survey 1839-1923), Ateneum, New York 1971, page 25.
23/. Des Parcs à Shanghai étaient "INTERDITS AUX CHIENS ET AUX CHINOIS", et les Chinois n'avaient pas le droit chez eux de voyager en première classe sur les transports fluviaux.

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Mohamed ZEMIRLINE

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