NOSTALGIE
LES DEPUTES FRANCAIS VOTENTLA GUERRE
LES DEPUTES FRANCAIS VOTENT
Thierry Meyssan.
Thu, 28 Jul 2011
RÉSEAU VOLTAIRE
RÉSEAU VOLTAIRE
Invités
à exercer leur contrôle démocratique sur la guerre de Libye, les députés
français ont validé un discours consensuel de bons sentiments, sans
jamais questionner la réalité des faits qui leur étaient présentés. Ignorants
des procédures internationales en cours contre la France , ils ont validé des
crimes de guerre. Oubliant la langue de bois humanitaire,
les orateurs de la majorité présidentielle ont dévoilé leurs intentions
coloniales : ils ont évoqué les opportunités économiques offertes par la
guerre et se sont félicités de la conquête de la Cyrénaïque.
Le discours colonial
revient à l’Assemblée nationale.
L’Assemblée nationale française a débattu, le 12 juillet 2011 , de la
poursuite de l’intervention militaire en Libye [1]. Il s’agissait là de l’application d’une
nouvelle disposition constitutionnelle prévoyant un vote du parlement à l’issue
de trois mois d’opérations extérieures.
Les Députés se sont félicités, à juste titre,
d’être ainsi co-decisionnaires de l’engagement des forces armées. Cependant, si
cette réforme voulue par Nicolas Sarkozy marque une nette avancée démocratique,
on est encore loin du compte. D’abord parce que ce vote n’intervient qu’à
l’issue de trois mois de guerre ; et ensuite parce que les parlementaires
n’ont pas su ou pas pu le préparer. Ils ne disposaient à l’évidence d’aucune
réflexion approfondie sur les implications en droit international (des milliers
de plaintes de ressortissants libyens sont en cours de dépôt devant les
juridictions nationales européennes et internationales), d’aucune information
sur les événements ayant précédés cette guerre (planification par Washington dès 2002,
tentative de putsch organisée par Paris en 2010, protocoles secrets du Traité
de Lancaster House du 2 novembre 2010 …), ni
d’une évaluation contradictoire des crimes imputés au gouvernement libyen et
aux rebelles (chaque jour on découvre que des crimes imputés au gouvernement de
Tripoli n’ont pas existé, tandis que l’on a ignoré des crimes commis par les
rebelles), ni même d’une vision claire des opérations militaires en cours (rôle
d’Al Qaida et de Xe-Blackwater, choix des cibles de bombardement, déploiement
du COS au sol, livraisons d’armes, état réel des combats…).
Dans ces conditions, l’Assemblée ne savait pas de
quoi débattre et n’a joué que le rôle d’une chambre d’enregistrement. Même la
contribution du Groupe communiste et apparentés qui a voté « non »
s’est trouvée réduite à un exposé de principes sans argumentation serrée. Quand
aux députés non inscrits, ou aux députés dissidents des groupes parlementaires,
ils n’ont pas eu droit à la parole alors même que certains d’entre eux étaient
les mieux informés de l’Assemblée.
Hypocrisie
collective ou incompétence ?
Sur le fond, les députés devaient se prononcer sur
la continuation des opérations militaires dont ils n’ont à aucun moment
questionné le but et la légitimité. Pourtant, la résolution 1973 du Conseil de
sécurité donnait un mandat à la
Coalition des volontaires sans rapport avec ce qu’elle a
entrepris.
Il s’agissait exclusivement de protéger les civils
de tous bords en instituant une zone d’exclusion aérienne. Or, cette zone n’a
jamais été mise en œuvre puisque l’aéroport de Benghazi fonctionne. Surtout
l’OTAN n’a jamais cherché à protéger les civils puisqu’au contraire, elle a
couvert les crimes de guerre d’Al-Qaida en Cyrénaïque.
À la place, l’OTAN a détruit l’essentiel des
capacités militaires de la Libye
et des infrastructures non-pétrolières (ces dernières sont intactes en vue du
pillage à venir). Elle a mené une politique d’assassinat ciblé contre les
familles des dirigeants libyens et a lancé une traque contre la personne de
Mouammar Kadhafi. En outre l’OTAN a violé l’embargo sur les armes à destination
du pays et a institué un blocus maritime illégal pour affamer la Tripolitaine.
Comme l’ont répété les différents orateurs, à
commencer par le Premier ministre, la résolution 1973 est la première
application du principe de « responsabilité de protéger » adopté par
les Nations Unies lors du sommet mondial de septembre 2005. Or, ce concept
exclut toute intervention qui aurait comme objectif un « changement de
régime ».
Christian Jacob s’est
réjouit de la conquête de la
Cyrénaïque et de la mise en place d’un gouvernement fantoche.
Il a déclaré : « Notre pays a été le premier à reconnaître le Conseil
national de transition et je souhaite rendre hommage à la clairvoyance du
Président de la
République. Le drapeau français flotte à Benghazi et c’est
pour nous une source d’immense fierté. » (sic)
Les parlementaires ont donc en réalité été invités
à avaliser l’agression de l’OTAN en violation de la résolution 1973. 482 sur
516 ont allégrement trempé leurs mains dans le sang des Libyens, souvent sans
comprendre qu’on leur demandait en fait de couvrir le président Sarkozy.
En effet, la
France , comme les autres États de la Coalition signataires du
Traité de Rome aura bientôt à répondre de ses agissements. Presque toutes les
actions entreprises par l’OTAN en Libye sont des crimes en droit international.
Y compris le bombardement des sites de l’armée libyenne qui ressort d’une
guerre de conquête et contrevient à la résolution 1973 ainsi que l’ont observé
de nombreux responsables politiques dans le monde à commencer par Vladimir
Poutine et Hugo Chavez.
Seuls les députés communistes et quelques
socialistes mobilisés par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Henri
Emmanuelli, se sont opposés au crime.
Aveux
Il s’ensuit que les orateurs de la majorité
présidentielle ont commis des imprudences qui pourront être lourdes de
conséquences devant la Cour
pénale internationale en laissant transparaître le mobile véritable de leur
enthousiasme.
Ainsi, Philippe Folliot (président du groupe
Nouveau Centre) a invité le gouvernement à défendre dès à présent les intérêts
des entreprises françaises pour obtenir des contrats de reconstruction avec les
autorités qui auront été mises en place à l’issue de la guerre.
La palme de la balourderie revient à Christian
Jacob (président du groupe UMP) qui s’est félicité bruyamment de voir le
drapeau français flotter sur Benghazi. Une formulation sans équivoque par
laquelle il admet que l’opération Harmattan est une guerre de conquête.
Thierry Meyssan
Thierry Meyssan.
Thu, 28 Jul 2011
RÉSEAU VOLTAIRE
Mohamed ZEMIRLINE
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