jeudi 14 mai 2015

Pape Benoît XVI. La polémique de Ratisbonne. lefigaro.fr

La polémique de Ratisbonne
du discours à l'embrasement

Par Laurent Suply (lefigaro.fr)
Mis à jour le 15/10/2007
Publié le 28/11/2006

12 septembre : Benoît XVI est en visite à Ratisbonne, où il fût longtemps professeur de théologie. Dans un discours sur les rapports entre la raison et la foi, il évoque l'islam. Et cite notamment un empereur byzantin du XIVe siècle :

« Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu ne trouveras que des choses méchantes et inhumaines, comme son ordre de diffuser par les moyens de l'épée la foi qu'il professait ».

13 septembre : Le président de la communauté pakistanaise en Italie et membre de la consultation sur l'islam demande au Pape de retirer ses déclarations.
« J'espère que ces propos ne seront pas utilisés par les fondamentalistes islamistes », déclare-t-il.

14 septembre : Réactions très virulentes en terre d'islam. Un responsable koweitien appelle tous les pays musulmans à rappeler leurs ambassadeurs au.
En Turquie, la visite du pape en novembre est remise en cause.
Au Pakistan, l'Assemblée nationale juge les propos papaux « malheureux »,
« regrettables », et « irresponsables ».
Un responsable musulman allemand souligne que l'église catholique est mal placée pour donner des leçons, citant « la sanglante christianisation forcée de l'Amérique du Sud, les croisades dans le monde islamique, le fait que l'Eglise se soit laissée récupérer par le régime nazi ».
En France, Dalil Boubakeur demande à Benoît XVI de « clarifier sa position ».
Au Vatican, on tente de calmer le jeu. Le cardinal Poupard met en garde contre une « instrumentalisation » du discours de Ratisbonne. Puis, le directeur de la salle de presse s'exprime officiellement : « l'intention du pape n'était pas d'entreprendre une étude globale sur le Djihad, et encore moins d'offenser les croyants musulmans ».

15 septembre : La grogne populaire monte.
En Inde, des milliers de fidèles répondent scandent des appels à la vengeance. La chancelière allemande Angela Merkel prend la défense du pape : « Tous ceux qui ont critiqué le pape ont mal compris le dessein de son discours. C'était une invitation au dialogue entre les religions. »

16 septembre : Des églises sont attaquées en Cisjordanie, à Gaza, et en Irak. Le Secrétaire d'Etat du Vatican assure que le pape est « absolument désolé que certains passages de son discours aient pu paraître offensants pour la sensibilité des croyants musulmans ».
Des « excuses » jugées insuffisantes. Le Maroc rappelle son ambassadeur au Vatican, et l'Egypte convoque le nonce apostolique (ambassadeur papal).

17 septembre :
En Somalie, Soeur Leonella Sgorbati, 70 ans, est tuée dans un hôpital de Mogadiscio par des hommes armés.
Le pape fait sa première apparition publique depuis son discours à Ratisbonne. Il se dit « vivement attristé » par les réactions provoquées par une citation médiévale « qui n'exprime en aucune manière sa pensée personnelle ».

18 septembre : Pour l'Iran, la réponse du pape ne suffit toujours pas. Des effigies de Benoît XVI sont brûlées, et un groupe armé irakien promet la guerre : « Nous briserons la croix et ferons couler le vin. Allah aidera les musulmans à conquérir Rome », déclare le Conseil des moudjahidines.
Dans une rare offensive diplomatique, le Vatican appelle à la rescousse ses nonces. Objectif : expliquer aux autorités religieuses et politiques des pays musulmans les propos de Benoît XVI.

19 septembre : les responsables musulmans italiens déclarent que « le chapitre est clos ». Le Vatican ajoute que le discours de Ratisbonne est « provisoire » et que le pape « se réserve le droit de l'enrichir de notes ».

20 septembre : Benoît XVI répète que cette polémique est le fruit d'un
« malentendu », et invite toutes les religions à « l'autocritique ». Pourtant, 200 dignitaires musulmans manifestent à Hébron pour exiger des excuses officielles. Certains estiment que ses déclarations sur l'incompréhension « reviennent presque à accuser les gens d'absence complète de perspicacité ».

25 septembre : Benoît XVI participe à la « rencontre exceptionnelle » avec les ambassadeurs des pays musulmans à Castelgandolfo, retransmise en direct.
« Chrétiens et musulmans doivent apprendre à travailler ensemble, pour se garder de toute forme d'intolérance et s'opposer à toute manifestation de violence », déclare-t-il.

29 septembre : alors que les dignitaires musulmans font baisser la tension, Ayman al Zaouahri, numéro 2 d'al-Qaïda, qualifie benoît XVI d' « imposteur ».

9 octobre : le site internet du Vatican met en ligne la version annotée du discours de Ratisbonne.

15 octobre : 38 hauts dignitaires musulmans de plus de 25 nationalités signent une lettre destinée à Benoît XVI. Ils réfutent les affirmations théologiques du pape « dans un esprit d'échange et d'ouverture » et soulignent que le Christ a déclaré : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive ». (La lettre et la liste des signataires en PDF).

28 novembre : Benoît XVI est finalement accueilli en Turquie par Erdogan. Le premier ministre turc déclare que cette visite va contribuer à la « paix mondiale».

Laurent Suply (lefigaro.fr)

http://www.lefigaro.fr/international/2006/11/28/01003-20061128ARTWWW90290-la_polemique_de_ratisbonne_du_discours_a_lembrasement.php


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