samedi 16 mai 2015

Prophète: Désinformations: Muhammad et les Juifs


Désinformations sur le prophète

Le Prophète Muhammad (sws) et les Juifs

Collectif Sâlik al-Hanîf

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Introduction


Quelles étaient les relations entre le Messager de Dieu (paix et bénédictions sur lui) et les Juifs ? Cet article tentera de montrer les différentes relations que le Prophète (sws) entretenaient avec les Juifs. Beaucoup de mensonges ont été propagés concernant ces liens. En effet, certains prétendent qu’il se débarrassa des Juifs pour avoir refusé son message après s’être montré tolérant vis-à-vis d’eux.

Ce raccourci abject et fanatique mérite éclaircissement. Une simple analyse de la biographie de Muhammad (paix et bénédictions sur lui) démontre la falsification pieuse qui se cache devant ce genre d’affirmation.

Notre article traitera les points suivants :

1. La situation de Yathrib (ancien nom de Médine) avant l’Hégire
2. La sahifa de Médine
3. Mention des Juifs qui ont reconnu la prophétie de Muhammad (sws)
4. Les Banu Qaynuqa’
5. Les Banu an-Nadîr
6. Les Banu Qurayza
7. L’expédition de Khaybar
8. Les relations du Prophète (paix et bénédictions sur lui) avec les Juifs

Puisse Allah nous aider dans cette tâche !

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Conclusion


Cette analyse des sources islamiques montre de manière claire que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) ne s’en ai jamais pris aux Juifs pour leur religion. Au contraire, il les respectait fortement et a ordonné de protéger ceux d’entre eux qui se trouveraient sous le protectorat islamique. Par ailleurs le prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) a fortement interdit aux musulmans d’humilier les Gens du Livre et a même affirmé que celui qui leur fera du mal sera son ennemi le Jour de la Résurrection !

Les Juifs que le prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) a combattu sont ceux qui l’ont trahi en s’alliant aux polythéistes et il ne les a nullement combattu pour leur religion, mais bel et bien pour leur traitrise manifeste.
http://blog.decouvrirlislam.net/Home/islam/Le-prophte-Muhammad/desinformations-sur-le-prophete-saws


1. La situation de Yathrib avant l’Hégire


(Yathrib, ancien nom de Médine)
Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) décida d’émigrer de la Mecque parce que les leaders politiques de la cité sainte avaient pris la décision de l’assassiner. Cela s’est passé en l’an 622 du calendrier grégorien. Cette décision d’émigrer avait néanmoins était prise plus tôt lors du “deuxième serment d’al-‘Aqaba” qui se déroula lors du pèlerinage annuel des païens arabes de l’époque à la Mecque.
En effet, 73 hommes et 2 femmes, venant tous de Médine et appartenant aux deux communautés arabes de Médine, les Khazraj et les Aws, prirent part à ce serment.
Ils acceptèrent tous l’Islâm et l’invitèrent à émigrer avec eux. Ils voulurent ainsi devancer les Juifs de Médine en acceptant le prophète tant attendu par leurs écritures sacrées, comme le leur firent souvent remarquer, et établir la paix dans la cité-refuge de Yathrib (ancien nom de Médine) qui était au bord d’une guerre civile opposant les Khazraj aux Aws. Yathrib était connue pour avoir abritée en son sein une forte dissension qui menaçait la stabilité de la ville. En effet, les Aws et les Khazraj - qui constituaient la quasi-totalité de la population de la ville - étaient devenus des frères ennemis. Se sont les Juifs qui divisèrent les Aws et les Khazraj et c’est en en semant la discorde entre les deux tribus qu’ils se rendirent maitres de la ville.
Parmi les clauses du serment, il y avait pour eux, l’obligation de protéger le prophète (paix et bénédictions sur lui) comme ils protégeaient leurs femmes et leurs enfants si jamais les Mecquois décidaient de s’en prendre à lui.

Parmi cette population arabe déchirée, il y avait une petite communauté juive composée de trois tribus qui vivaient parmi les Médinois. En raison des déchirures internes à la cité, l’influence de Médine devenait moindre. Les Juifs attisaient les hostilités entre les tribus arabes par leur influence et leur contrôle du commerce. En outre, ils pratiquaient l’usure à très grande échelle et avec des taux d’intérêts exhorbitants.

Le prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) apporta immédiatement la paix en consolidant l’unité entre les Aws et les Khazraj. En effet, sous l’égide de l’Islâm, plus aucun tribalisme ne pouvait subsister. Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) jeta également les bases pour les relations entre les émigrés de la Mecque et les Médinois, qu’on appelle aussi al-Ansâr, c’est-à-dire les Auxiliaires parce qu’ils ont soutenu le Prophète (paix et bénédictions sur lui).


 2. La sahifa de Médine


Le traité de paix entre les Musulmans, les arabes non-musulmans et les Juifs de Médine a été mis par écrit et ratifié par toutes les parties. Ce traité de paix, garantissant la liberté de religion à tous, a été conservé par les historiens.
Ce pacte, révolutionnaire, est un exemple frappant de la grande tolérance que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) avait à l’égard des Juifs. Voici un extrait du contenu de la célèbre Sahifa de Médine :

1. Les Juifs des Béni Awf constituent une communauté vivant avec les Croyants. Aux Juifs leur religion et aux musulmans la leur. A chacune des deux communautés ses seigneurs et ses individus ;
2. Aux Juifs de s'occuper de leurs dépenses et aux musulmans de s'occuper des leurs ;
3. Juifs et musulmans doivent agir d'un commun accord contre quiconque s'attaque aux signataires du pacte ;
4. Il doit exister entre eux le bon conseil et avis, ainsi que la bienfaisance en l'absence de toute scélératesse ;
5. Nul d'entre eux ne doit faire du mal à son allié ;
6. Tout allié offensé doit être secouru ;
7. Juifs et musulmans doivent parler le même langage aussi longtemps qu'ils combattent ensemble ;
8. L'intérieur de Yathrib est inviolable en vertu de ce pacte ;
9. En cas de dissensions et de divergences susceptibles de mener à la perversion, les signataires du pacte s'en réfèrent à Dieu le Tout Puissant et à Muhammad, Messager de Dieu ;
10. Il n'est pas question de protéger les Quraychites ni leurs partisans ;
11. Juifs et musulmans doivent se liguer pour repousser tout ennemi qui attaque Yathrib à l'improviste. Pour ce faire, chaque partie agira en ce qui la concerne ;
12. Ce pacte ne saurait servir à protéger les offenseurs et les malfaiteurs.
[...]

La Sahifa reconnait la communauté juive ainsi que son identité. De plus, les Juifs disposaient d'un gouvernement exécutif (obéissant néanmoins au Chef d'Etat Muhammad (paix et bénédictions sur lui)) et d'un pouvoir judiciaire propre.

Compléments :
La Sahifa de Médine est consultable en arabe sur le lien ci joint :
http://www1.umn.edu/humanrts/arab/IS-1.html


4. Les Banu Qaynuqa’ (2 H. / 624 J.-C.)


La tribu juive des Banû Qaynuqa’ était la seule parmi les trois grandes tribus juives vivant aux alentours de Médine à être installée à l’intérieur de la cité. Cette tribu avait signé le pacte de Médine et, selon les clauses du contrat, elle ne devait pas aider les Qurayshites et leur venir en aide contre le Prophète (paix et bénédictions sur lui). Malheureusement, les informations les plus alarmantes en terme de complot - de la part de cette tribu - parvenaient au Prophète (paix et
bénédictions sur lui).

Muhammad (paix et bénédictions sur lui) leur rendit visite afin de s’assurer de leurs intentions. Il les appela à méditer sur la défaite des Qurayshites à Badr, mais les dignitaires lui répondirent que, s’ils lui faisaient la guerre, les choses ne se passeraient pas de la même manière. Cette réponse, sous forme de menace indirecte, était une confirmation de leur hostilité à l’égard de l’Islam.

Quelques temps après, un différent opposa les deux communautés. En effet, une altercation entre un arabe et un Juif au sujet d’une femme musulmane qui fut humiliée et déshabillée en publique par les Banu Qaynuqa’ tourna au vinaigre, et les deux protagonistes succombèrent à leurs blessures. Ceci exacerba les tensions entre les deux communautés.

Une telle affaire, qui était liée à la gestion des conflits et au prix du sang, aurait dû, selon les termes du pacte, être renvoyée au Prophète (paix et bénédictions sur lui) afin d’y trouver un règlement pacifique. Les Juifs dédaignèrent cependant d’agir ainsi et, décidant que l’heure était venue de donner une leçon aux musulmans, ils firent demander du renfort à leurs deux anciens alliés de la tribu arabe des Khazraj (Ibn Ubayy et ‘Ubâdah ibn Sâmit). En attendant les renforts, ils se retirèrent dans leur forteresse mobilisant une armée de 700 hommes, soit un effectif double à celui de l’armée musulmane à Badr. Ils comptaient sur leurs alliés parmi les arabes pour mobiliser au moins autant de guerriers. Ainsi, lorsque ceux-ci apparaîtraient, ils pourraient alors sortir de leur forteresse et montrer au Prophète (paix et bénédictions sur lui) que leurs récentes menaces n’étaient pas de vaines paroles. Se faisant, les Juifs des Banu Qaynuqa’ furent les premiers, parmi leurs compatriotes, à rompre le pacte de Médine en l’an 2 H et ces derniers finirent par combattre le Prophète (paix et bénédictions sur lui).

La réaction du Prophète (paix et bénédictions sur lui) fut prompte et immédiate. Il mobilisa son armée et assiégea leur forteresse. L’aide tant attendue par les Juifs de la part de leurs alliés arabes ne vint jamais. Après 15 jours de siège, ils furent expulsés de la ville - sans leurs biens - sur l’intercession de leurs alliés parmi les musulmans et notamment d’Ibn Ubayy l’hypocrite. On confisqua leurs armes : 1500 épées, 300 cuirasses, 2000 lances et 500 boucliers (selon Ibn al-Jawzi, Wafâ).
Rappelons que Muhammad (paix et bénédictions sur lui) autorisa les Juifs à revenir à Médine pour leur commerce à la seule condition que  leur séjour ne dépasse pas 3 jours.

Cependant, ils ne renoncèrent pas pour autant à comploter contre le Prophète (paix et bénédictions sur lui). Bien au contraire, leur récente humiliation ne fit que décupler leur haine.
Ces Juifs s’exilèrent loin de Médine et se réfugièrent chez certaines tribus voisines ...

Le Professeur Hamidullah fit d’intéressantes remarques concernant la réalité de cette expulsion. En effet, contrairement aux idées reçues, certains parmi eux s’exilèrent près de Médine. Ibn Sa’d rapporte que 4 mois après leur départ supposé, lors de la bataille d’Ouhoud, le Prophète (paix et bénédictions sur lui) demanda “Qui sont ces gens?” on lui répondit :

C’est ‘Abdallah ibn Ubayy ibn Salûl, avec 600 de ses alliés parmi les Juifs de Qaynuqa’ du clan de ‘Abdallah ibn Salâm” Il demanda : “Ont-ils embrassé l’Islam?”, on lui répondit par la négative, et il refusa alors leur aide. Notons que certains d’entre eux se trouvaient toujours dans les environs de Médine après leur expulsion.

De même, lors de la bataille du Fossé, deux ans après (5 H.), ils vinrent en aide au Prophète (sws) et combattirent même les Juifs des Banu Qurayzah aux côtés des musulmans. En l’an 7 H., lors de l’expédition de Khaybar, les Juifs de Banu Qaynuqa’ rendirent d’utiles services aux musulmans et le Prophète (paix et bénédictions sur lui) les récompensa alors par divers présents.

Le professeur Hamidullah émit l’hypothèse qu’une partie seulement de cette tribu fut expulsée, et que les familles des Qaynuqa’ alliées à ‘Abdallah ibn Ubayy (peut être le tiers ou la moitié) furent pardonnées complètement et laissées à Médine pour y continuer leur vocation économique.

[1] Tariq Ramadan, Muhammad, vie du Prophète : les enseignements spirituels et contemporains, éditions Presses du Chatelet, 2006
[2] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam : sa vie, son oeuvre, éditions El-Najah, 1998
[3] Ibn Kathîr, As-Sîra : la biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions Universel, 2007
[4] Martin Lings, Le Prophète Muhammad : sa vie d’après les sources les plus anciennes, éditions du Seuil, 1986
[5] Safiyyu ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî, Muhammad l’utilme joyau de la Prophétie, éditions Maison d’Ennour, 2006
[6] Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu (sws), éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Beyrouth, 2009


5. Les Banu an-Nadîr  (4 H. / 626 J.-C.)


Au cours de cette année, la situation des musulmans fut assez compliquée car ils venaient de subir une défaite à Ouhoud ce qui engendra de multiples conséquences dont la moindre fut d’avoir entamé leur prestige aux yeux des tribus limitrophes.

L’affaiblissement des musulmans était connu de tous, et de nombreuses expéditions furent organisées contre eux pour essayer de tirer parti de cet état de fait. Le Prophète (sws) envoyait, parfois prévenu des attaques qui se tramaient contre lui, des expéditions de 100 ou 200 hommes pour neutraliser les différentes tribus hostiles ou prévenir d’une éventuelle agression.

Ce contexte nous aide a mieux comprendre pourquoi la tribu des Banu an-Nadîr fut expulsée. En effet, il s’agissait d’une des trois grandes tribus juives de la Péninsule qui avait signé le Pacte de Medine. Elle était installée dans des jardins et quartiers forts aux alentours de la ville, à environ 4 km de Médine. Leur expulsion se fit au cours de l’an 4 H.

D’après Ibn Ishâq, le Prophète (sws) alla solliciter l’aide financière des Banu an-Nadîr au sujet du versement du prix du sang pour les 2 hommes des Banu ‘Amer qui étaient liés par un pacte avec ce dernier. Ils furent tués, involontairement, par un musulman en représailles pour les 40 musulmans assassinés par certains membres des Banu ‘Amer.

En effet, le pacte de Médine reconnaissait une entraide entre Juifs et musulmans.

Les Juifs simulèrent d’accéder à la requête du Prophète (sws). Lors des pour-parlers avec leur chef Huyayy, leur comportement parut plus qu’étrange. Ils ne proposèrent rien de concret et convinrent même d’assassiner le Prophète (sws) par traîtrise car l’occasion étant trop belle pour le laisser s’échapper.
La tradition rapporte que Dieu dévoila le dessin funeste des Juifs à Son Prophète (sws) qui quitta aussitôt les lieux et réussit à rentrer à Médine sain et sauf avec ses compagnons.

C’est ici la version la plus utilisée par les historiens. Cependant, le professeur Hamidullah la conteste dans ce qui suit :

Point 949 - [...] Ce récit n’explique cependant pas pourquoi les Juifs des Banu an-Nadîr étaient tenus de participer au prix du sang versé chez leurs alliés, versé non pas par les Juifs mais par un musulman. Le copiste du MS d’Ibn Ishâq a peut être sauté ici un passage intermédiaire. Selon l’autre récit, fait par Ibn Mardûyeh avec une chaîne impeccable de narrateurs, ainsi que par ‘Abd ibn Humaid dans son commentaire du Coran (récit évidemment préférable et préféré par Samhûdî et cité dans son Wafâ al-wafâ, 2è éd., p.298), après la défaite de Badr, les païens de la Mecque écrivirent aux Banu an-Nadîr, pour les inciter à combattre le Prophète (l’expulsion des Juifs des Banu Qaynuqa’ avait déjà causé des préoccupations à ces autres juifs des Banu an-Nadîr, devant la puissance sans cesse grandissante des “Gentils” musulmans). Ainsi, ils se décidèrent à un traitre complot : ils invitèrent le Prophète un jour, disant : “viens chez nous avec trois de tes compagnons, et nous te feront rencontrer trois de nos savants. Si ceux-ci ajoutent foi à toi, nous te suivrons. Ces trois Juifs cachèrent des dagues (dans leurs vêtements). Une femme chez les Banu an-Nadîr envoya quelqu’un à un frère à elle d’entre les Ansâr musulmans, divulguant l’affaire (du complot) des Nadîrites ; et ce frère à elle en fit part au Prophète avant que celui-ci ne parvienne dans leur quartier. Le Prophète rebroussa chemin [...]

Quelle que soit la véritable cause de la tentative d’assassinat du Prophète (sws), les Juifs des Banou an-Nadîr rompirent le pacte de Médine.

Le Prophète (sws) leur envoya alors Muhammed Ibn Maslama avec pour missive de leur faire quitter les lieux : “Je vous somme de partir hors de mon pays car je vous interdit désormais de cohabiter avec moi puisque vous avez noué un tel complot. Je vous accorde un délai de 10 jours au-delà duquel le cou sera tranché à quiconque d’entre vous qui sera encore là.”

Ibn Ubayy (l’hypocrite de Médine) promit aux Juifs qu’il les aiderait en leur envoyant une aide militaire d’environ 2000 guerriers. En outre, il ajouta que les Banu Qurayza et les Ghatafânes (tribu arabe qui participera au siège de Médine en l’an 5 H.) leur prêteront mains fortes. Relatant ce fait, nous lisons dans le Coran:
N'as-tu pas vu les hypocrites disant à leurs confrères qui ont mécru parmi les gens du Livre : «Si vous êtes chassés, nous partirons certes avec vous et nous n'obéirons jamais à personne contre vous; et si vous êtes attaqués, nous vous secourrons certes». Et Allah atteste qu'en vérité ils sont des menteurs. S'ils sont chassés, ils ne partiront pas avec eux; et s'ils sont attaqués, ils ne les secourront pas; et même s'ils allaient à leur secours, ils tourneraient sûrement le dos; puis ils ne seront point secourus.
Saint-Coran, Sourate Al-Hichr 59,11-12

Cette fausse promesse berça les Juifs d’illusions et leur chef de répondre au Prophète (sws) : “Nous refusons de nous expatrier quoique tu fasses”.

Ils furent alors assiégés, et aucun parmi les Banu Qurayzah, Ghatafânes ou ibn Ubayy et ses 2000 hommes ne leur vinrent en aide. Au bout de  6 jours de siège, le Prophète (sws) ordonna de couper leurs palmiers - exception à la règle générale - afin de les pousser à la capitation. C’est ainsi qu’ils se replièrent après 15 jours de siège.
Le Prophète (sws) ne les autorisa à prendre qu’une seule charge de chameaux par famille. Avant de partir, ils saccagèrent leurs maisons de leurs propres mains - pour que les musulmans ne puissent y habiter - en démontant ce qu’ils jugeaient de valeurs, telles que les portes de bois qu’ils chargèrent sur leurs chameaux. Ce lamentable spectacle nous est décrit dans le Coran :

C'est Lui qui a expulsé de leurs maisons, ceux parmi les gens du Livre qui ne croyaient pas, lors du premier exode . Vous ne pensiez pas qu'ils partiraient, et ils pensaient qu'en vérité leurs forteresses les défendraient contre Allah. Mais Allah est venu à eux par où ils ne s'attendaient point, et a lancé la terreur dans leurs coeurs. Ils démolissaient leurs maisons de leurs propres mains, autant que des mains des croyants. Tirez-en une leçon, ô vous êtes doués de clairvoyance.
Saint-Coran, Sourate Al-Hichr 59,2

Ce spectacle fut d’autant plus pitoyable qu’Ibn Ishâq rapporte qu’ils quittèrent les lieux avec un faste et un apparat alors jamais vu chez les gens de l’époque : ils emportèrent leurs femmes et leurs enfants, ainsi que leurs biens tandis que leurs esclaves chanteuses les suivaient en jouant des tambourins et autres instruments de musique. Il était connu que les Banu an-Nadîr étaient opulents, mais personne, en dehors de leur communauté, n’avait eu l’occasion d’en mesurer les richesses.

Le Prophète (sws) partagea par la suite tout ce qui n’avait pu être pris, à savoir : 50 armures, 50 heaumes et 340 épées. Il en donna une partie pour soulager les pauvres parmi les émigrés de la Mecque et se fit une provision d’orge et de dattes d’une année de ce qu’il restait pour parer au besoin de ses épouses et des Banou ‘Abd al-Mouttalib.

Le Coran détaille d’ailleurs ce partage :
Le butin provenant [des biens] des habitants des cités, qu'Allah a accordé sans combat à Son Messager, appartient à Allah, au Messager, aux proches parents, aux orphelins, aux pauvres et au voyageur en détresse, afin que cela ne circule pas parmi les seuls riches d'entre vous. Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu'il vous interdit, abstenez-vous en; et craignez Allah car Allah est dur en punition. [Il appartient aussi] aux émigrés besogneux qui ont été expulsés de leurs demeures et de leurs biens, tandis qu'ils recherchaient une grâce et un agrément d'Allah, et qu'ils portaient secours à (la cause d') Allah et à Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs coeurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : «Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la foi; et ne mets dans nos coeurs aucune rancoeur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux». Saint-Coran, Sourate Al-Hichr 59,7-10

Une partie d’entre les expulsés s’exila à Khaybar dont certains de leurs chefs comme Salâm ibn Abou al-Huqayq, Kinâna al-Rabi’ et Huyayy ibn Akhtab, tandis que les autres allèrent trouver refuge en Syrie.

Concernant ceux qui se réfugièrent à Khaybar, ils ne renoncèrent pas pour autant à comploter contre le Prophète (sws). Bien au contraire! leur récente humiliation ajouta à leur haine, une haine bien plus immense encore.
Le Prophète (sws) n’avait jamais cessé d’être généreux et clément après les batailles malgré les trahisons et le manque de reconnaissance de ses ennemis : il avait retrouvé certains captifs graciés après Badr à Ouhoud et cette fois encore, il allait retrouver certains chefs et autres membres des Banu an-Nadîr, partis se réfugier à Khaybar, parmi les Coalisés qui allaient se liguer contre lui quelques mois plus tard ...

[1] Tariq Ramadan, Muhammad, vie du Prophète : les enseignements spirituels et contemporains, éditions Presses du Chatelet, 2006
[2] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam : sa vie, son oeuvre, éditions El-Najah, 1998
[3] Ibn Kathîr, As-Sîra : la biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions Universel, 2007
[4] Martin Lings, Le Prophète Muhammad : sa vie d’après les sources les plus anciennes, éditions du Seuil, 1986
[5] Safiyyu ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî, Muhammad l’utilme joyau de la Prophétie, éditions Maison d’Ennour, 2006
[6] Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu (sws), éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Beyrouth, 2009
[7] Mohammed El-Khudhary, Lumière de la certitude : la vie du Prophète de l’Islam, éditions Iqra, 2009

6. Les Banu Qurayza  (5 H. / 627 J.-C.)


Les Banu Qurayza formaient la dernière des trois grandes tribus juives qui peuplaient l’Arabie.Tout comme leurs coreligionnaires des Banu an-Nadîr, cette tribu se trouvait aux alentours de Médine et avait également ratissé le pacte de Médine avec le Prophète (sws). Leur éviction survint en l’an 5 H.

Cet événement remonte à l’an 5 de l’Hégire (627 de l’ère chrétienne) et se produisit lors de la « Bataille des Coalisés » ou « des Confédérés » [cf. Ibn Sa'd, At-Tabaqat 3/74 ; Ibn Hishâm, al Sirâ 3/715; At-Tabari, Tarikh al Rassoul 3/593; Ibn Sayyid al Nas, Uyun al Athar, 3/68]. Il serait bon de restituer les faits dans leur cadre historique.

1 – Les polythéistes de la Péninsule prirent l’initiative d’attaquer Médine et d’en exterminer tous les musulmans. Les forces coalisées comptaient 12 000 hommes armés tandis que les forces musulmanes n’en comptaient que 3 000 hommes environ.

2 – Les Coalisés se retrouvèrent dans l’incapacité de prendre la ville de Médine en raison des tranchées creusées à cet effet tout autour de la ville par les musulmans. Cette méthode était alors inconnue des arabes et c’est le compagnon Salman Al-Farissî (raa) qui le suggéra au Prophète (sws). En effet, celui-ci lui dit : « Oh Envoyé de Dieu, lorsqu’en Perse nous craignions une attaque d’une cavalerie, nous creusions une tranchée autour de la ville. Creusons donc une tranchée autour de nous. » [cf. Ibn Hishâm]

3 – Enragés de ne pas pouvoir prendre d’assaut la ville, les coalisés jouèrent la diplomatie avec les Juifs de Banû Qurayza. L’entente fut la suivante : les polythéistes attaqueraient les musulmans de l’extérieur de la ville et les Juifs les attaqueraient de l’intérieur. Se faisant, les Juifs rompèrent le Pacte de non-agression qui les liait aux musulmans.

4 – Après la conclusion de ce Pacte avec les Quraychites, les Juifs coupèrent les vivres des musulmans de la ville de Médine afin de les affamer. L’attaque finale contre les musulmans ne tarda pas.

5- Devant cette situation totalement catastrophique, apparut Nu’aim Ibn Mas’oud (raa) qui avait caché sa conversion à l’Islam aux polythéistes. Il demanda au Prophète (sws) ce qu’il devait faire. Ce dernier lui autorisa de ruser pour semer la zizanie dans le camp ennemi afin d'éloigner les agresseurs qui cernaient les musulmans de toute part.

6 – Nu’aim Ibn Mas’oud (raa) joua donc la carte de la diplomatie en faisant croire aux Coalisés que les Juifs les avaient trahi et qu'ils regrettaient d'avoir rompu leur pacte avec Muhammad (sws). En outre, ils demanderaient des otages arabes aux Coalisés afin de garantir leur coopération avec eux, alors que la en réalité était toute autre puisqu’il comptait les livrer au Prophète (sws) pour lui prouver qu’il n’avait, en aucun cas, trahi le Pacte de Médine.

Dans le même temps, il fit croire aux Juifs que les Coalisés doutaient de leur sincérité et qu’au moindre problème, ils lèveraient le siège et les laisseraient seuls face à Muhammad (sws). Afin de se faire, il leur suggéra de demander des otages aux Coalisés en guise de confiance.

7 - A leur rencontre pour les préparatifs militaires contre les musulmans, les Coalisés et les Juifs se rendirent compte que chacun demandait ce que Nu’aim (raa) leur avait suggéré, la confiance entre les deux parties ne régnaient plus, ce qui fit voler en éclat le pacte.

8 - Un vent violent et glacial eut raison des dernières velléités des Coalisés à l'encontre de Médine.

8 - Le siège de la ville de Médine fit levé après plus d’une vingtaine de jours.
[25 jours selon Ibn Ishâq ; 21 jours selon al-Waqidî].

9 – Après la levée du siège, les musulmans décidèrent d’attaquer les forts des Juifs qui se trouvaient près de la ville afin de leur faire payer leur traitrise lors du siège de la ville de Médine.

10 - Ka’b ibn Asad, un juif, proposa 3 solutions aux siens :

A/ La conversion à l’Islam
B/ Qu’ils tuent eux-mêmes leurs femmes et enfants pour aller ensuite combattre les musulmans  (ceci afin qu’ils ne leur restent plus aucunes attaches en ce monde)
C/ Qu’ils attaquent les musulmans un jour impensable, le jour du Shabbat afin que les musulmans soient prit par surprise

Cependant, ils n'acceptèrent aucune des trois conditions proposées.

11 – Les Juifs se rendirent à la seule condition que Sa’d Ibn Mu’adh juge leur contentieux avec le Prophète (sws), ce que ce dernier accepta.


12 – Sa’d Ibn Mu'adh (et non le Prophète (sws) !) appliqua la Loi de la Thora et décida de mettre à mort tous les mâles en âge de prendre les armes (cf. Deutéronome 20, 10-14).
13 – Le nombre de tués varie entre 400 et 900 selon les sources.

Leur histoire est plus détaillée dans les articles suivants :


[1] Tariq Ramadan, Muhammad, vie du Prophète : les enseignements spirituels et contemporains, éditions Presses du Chatelet, 2006
[2] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam : sa vie, son oeuvre, éditions El-Najah, 1998
[3] Ibn Kathîr, As-Sîra : la biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions Universel, 2007
[4] Martin Lings, Le Prophète Muhammad : sa vie d’après les sources les plus anciennes, éditions du Seuil, 1986
[5] Safiyyu ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî, Muhammad l’utilme joyau de la Prophétie, éditions Maison d’Ennour, 2006
[6] Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu (sws), éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Beyrouth, 2009

7. L’expédition de Khaybar


Cette expédition eut lieu en l’an 7 de l’hégire au cours du mois de Muharram (Août 628 après J.-C.). Khaybar, située à environ 180 km au Nord de Médine, était une citée forte comptant environ 10 000 combattants. La ville avait accueilli un grand nombre de réfugiés issus des différentes conquêtes préalables des musulmans. La cité était  formée de plusieurs quartiers séparés dont les 3 principaux sont :

1) Le quartier de Nâtâ formé de 4 forts (An-Nâ’îm, As-Sa’b, Al-Katîba, Bilqa)
2) Le quartier d’As-Shîk formé de 2 forts (Ubbay et Al-Barî)
3) Le quartier d’Al-Katîba formé de 3 forts (Al-Qâmous, Al-Watîh, Sulâlim)

Al-Qazwînî rapporte que la ville était un foyer de fièvre endémique et que ses habitants Juifs étaient réputés pour leur perfidie et leur fourberie. Parmi eux, seul Mis’wâl ibn ‘Adiyâ était connu pour sa loyauté.

Les habitants de Khaybar, de concert avec les Ghatafânes (imposante tribu arabe), avaient attaqué, 2 années plus tôt, la ville de Médine. Après l’échec des Coalisés à prendre d’assaut Médine et le châtiment infligés aux Banu Qurayza pour leur haute trahison, les Juifs de Khaybar poursuivaient leur fomentation des troubles - au lieu de chercher la paix - en multipliant les manoeuvres militaires en vue d’attaquer les musulmans. Animés par une haine implacable envers l’Islam, ils n’avaient guère cessé leur attitude hostile.
C’est la raison pour laquelle le Messager de Dieu (sws) ordonna une mobilisation générale contre la cité forte afin de mettre fin à cette menace persistante. L’armée se mit en marche forte de 1600 fantassins (ou 1400 selon les versions) dont 200 cavaliers et arriva au bout de 4 jours devant les forteresses.

Pour la petite anecdote, seuls ceux qui avaient assisté au pacte d’al-Hudaybiyya (traité de paix entre les musulmans et les polythéistes de Quraysh) furent autorisés à prendre le butin de la ville si celle-ci est prise et un crieur annonça cette condition publiquement à Médine. En effet, les absentéistes étaient venus réclamant leur recrutement mus uniquement par la convoitise du butin surtout après que Dieu avait promis aux musulmans à son départ d’al-Hudaybiyya la victoire en lui disant :

« Ceux qui seront restés à l’arrière arrière diront quand vous vous mettrez en route, vers un butin à amasser «Laissez-nous vous suivre». Ils veulent changer la parole d'Allah. Dis : «Jamais vous ne nous suivrez : ainsi a dit Allah auparavant ». Mais ils diront : «Vous êtes plutôt envieux à notre égard». Mais ils ne comprenaient en réalité que peu. « 
[...]
« Allah vous a promis un abondant butin que vous prendrez, et Il a hâté pour vous Celle-ci et repoussé de vous les mains des gens, afin que tout cela soit un signe pour les croyants et qu'Il vous guide dans un droit chemin »
Saint-Coran, Sourate al-Fath 48, versets 15 et 20

Muhammad (sws), en effet, ne cherchait pas à s’enrichir, il fera même la déclaration suivante aux absentéistes : “Vous ne partirez combattre à mes côtés qu’en vue de lutter pour la cause de Dieu. Quant au butin, je ne vous en accorderai point ”.
On le voit très clairement avec cet épisode : le Prophète (sws) ne voulait pas que les musulmans combattent pour l’appât du gain, mais uniquement pour que la Parole de Dieu soit la plus haute.

Ibn Ishâq et al-Bayhaqî rapportent que lorsque le Prophète (sws) arriva aux abords de la cité forte, il fit arrêter tout son régiment et fit cette invocation avec force et sérénité :
Ô mon Dieu, Seigneur des cieux et de ce qu’ils couvrent, Seigneur des terres et de ce qu’elles portent, Seigneur des démons et de ceux qu’ils égarent, Seigneur des vent de ce qu’ils sèment, nous T’implorons de nous accorder le bien qu’il y a en cette cité, le bien de ses habitants et le bien de ce qu’elle contient ; comme nous T’implorons de nous préserver de son mal, du mal de ses habitants et de tout mal qu’elle contient.

Puis, s’adressant à ses troupes il leur dira : “Avancez au nom de Dieu !”.

Les hypocrites ne manquèrent pas d’alerter les Juifs de Khaybar. Leur chef, ‘Abdullâh Ibn Oubayy, dépêcha un émissaire auprès de ces derniers pour les avertir du danger et les exhorter à résister face aux musulmans qu’ils surclassaient à la fois en nombre et par la qualité de leur armement. Dès qu’ils prirent connaissance de cette nouvelle, les Juifs dépêchèrent Kinâna Ibn Abou al-Huqayq et Hûdha Ibn Qays chez leurs alliés arabes : les Ghatafânes pour solliciter leur aide militaire en échange de la moitié des récoltes fruitières de leurs fermes en cas de victoire sur les musulmans. Les Ghatafânes acceptèrent et promirent d’envoyer un contingent de 4000 hommes.

Par un jeu d’astuces, les musulmans purent disloquer la coalition des Juifs et des Ghatafânes :

1) Dans un premier temps, ayant appris que le Prophète (sws) sortait pour attaquer Khaybar, les Ghatafânes prirent le chemin de Khaybar pour soutenir leurs alliés.


2) Les musulmans feignirent d’attaquer les Ghatafânes et quand la tribu appris le changement de direction des musulmans, elle rebroussa chemin pour parer à l’attaque de leurs terres et défendre leurs familles et leurs biens, laissant ainsi les Juifs seuls face aux musulmans.

3) Le Prophète (sws) décida d’établir son armée à un endroit séparant Khaybar des Ghatafâne afin que ceux-ci ne puissent intervenir pour aider leurs alliés.

Les Juifs décidèrent de faire confiance à leurs fortifications et de combattre en groupes séparés, révélant ainsi, le manque d’unité qui était une de leurs plus grandes faiblesses. Ce que la Révélation avait dit au Prophète (sws) au sujet des Juifs de Médine s’appliquait également aux Khaybarites :

« Tous ne vous combattront que retranchés dans des cités fortifiées ou de dernière des murailles. Leurs dissensions internes sont extrêmes. Tu les croirait unis, alors que leurs coeurs sont divisés. C'est qu'ils sont des gens qui ne raisonnent pas. » Saint-Coran, Sourate al-Hashr 59, 14

Le malheurs pour eux voulaient qu’ils se trouvassent soudain confrontés à une armée qui, bien que peu nombreuse, était pénétrée de la discipline impliqué dans ce verset :
« Allah aime ceux qui combattent dans Son chemin en rang serré pareils à un édifice renforcé. » Saint-Coran, Sourate As-Saff 61, 4

Une armée formée d’hommes dont l’âme se réjouissaient à la promesse contenue dans ces autres paroles révélées :
« [...] Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d'Allah, vaincu une troupe très nombreuse ! Et Allah est avec les endurants. »
Saint-Coran, Sourate al-Baqara 2, 249

Le premier jour où le Prophète (sws) attaqua la forteresse la plus proche, les garnisons des autres citadelles ne firent pas de sortie massive pour briser l’élan des assiégeants, mais elles restèrent à l’abri de leurs propres murailles, chacun s’occupant à renforcer ses fortifications.

A cette occasion qu’il ordonna de couper les palmiers juifs pour semer la confusion chez eux afin d’accélérer le processus de reddition. C’est alors que les musulmans assiégèrent les forts les uns à la suite des autres, obligeant ainsi les Juifs à abandonner à chaque fois leurs positions et à se replier dans un fort plus reculé jusqu’à leur reddition finale.

Bilan : 15 martyrs du côté musulman contre 93 morts du côté des juifs.
Le butin fut également considérable : le trésor d’Abou Huqayq, juif de Banû Nadîr, qui s’élevait à 10 000 dinars (pièces d’or), les terres de Khaybar, du bétail,  des armes, etc. On trouva également des parchemins de la Torah que le Prophète (sws) fit remettre aux Juifs qui l’avaient réclamés. A ce sujet, Wolfson écrit dans “Histoire des juifs d’Arabie ” (p.170) :

Ceci montre la grande considération que le Prophète avait pour ces parchemins. Son attitude poussa les juifs à lui être redevables pour cette faveur, puisqu’il n’a pas porter atteinte à leurs écritures saintes. Cela leur a rappelé l’attitude contraire des romains lors de leur conquête de Jérusalem en 70 après J.-C., quand ces derniers avaient brûlé leurs livres sacrés et les avaient foulés sous leurs pieds. L’attitude noble du Prophète leur a rappelé à leur mémoire la persécution chrétienne exercée contre eux en Andalousie où les livres de la Torah furent brûlés. Voila la grande différence entre les conquérants susmentionnés et le Messager de l’Islam.

Ce n’était pourtant pas la première fois que le Messager de Dieu (sws) s’était montré tolérant en épargnant les écritures saintes des Juifs. En effet, malgré leur grande hostilité envers le Prophète arabe, alors qu’ils attendaient un prophète juif, Muhammad (sws) leur a permis de prendre avec eux leurs écritures saintes contenant lors de leur expulsion de Médine après la bataille des Banu an-Nâdir. C’est certainement la preuve la plus manifeste que Muhammad (sws) n’a jamais combattu les Juifs pour leur religion, mais qu’il a combattu les traîtres de quelque religion qu’ils soient. Ce fut également au cours de cette expédition qu’une femme juive avait tenté d’empoisonner le prophète (sws), mais il lui pardonna son geste.

Après le siège de la ville, le Prophète (sws) laissa certains Juifs quitter le territoire. De même, il autorisa à d’autres de rester à Khaybar (plutôt que de les expulser) à la seule condition que la moitié de la récolte revienne aux musulmans. Ce ne sera que sous le Califat de ‘Umar ibn al-Khattab (raa) qu’ils seront expulsés définitivement vers la Syrie en raison des attentats incessants qu’ils exerçaient contre les musulmans qui passaient par leur région (Exemple : Ils assassinèrent un Ansarites ou encore ils brisèrent les mains de  Abdullâh ibn Umar (raa)). Ils firent ainsi preuve de trahison envers le Califat.
La défaite de Khaybar anéantit la présence militaire des fils d’Israël en Arabie et aussitôt les Juifs de la tribu Fadak et de Taymâ vinrent demander la paix au Prophète (sws) tandis que ceux qui habitaient la vallée d’Al-Qourâ les combattirent mais ces derniers furent rapidement défaits.

Une nouvelle étape venait donc d’être franchie en cette 7ème année de l’Hégire. La paix régnait désormais dans la région et les musulmans n’avaient plus à craindre d’attaques venant du Nord.

La terre appartient à Dieu qui en fait hériter qui Il veut ; Il en dépossède la communauté portée à la corruption des bienfaits divins qu’Il transmet à ceux qui les apprécient à leur juste valeur et en remercient Dieu. Toute communauté libre qui outrepasse les limites de la justice et manque de piété envers Dieu perd sa souveraineté et tombe sous la domination des autres qui gèrent à volonté ses affaires.
« Telle est la saisie de Ton Seigneur quand Il saisit les cités lorsqu’elles sont injustes. Sa saisie est douloureuse, forte, vraiment. »
Saint-Coran, Sourate Houd 11, 102

Un bref aperçu sur l’histoire de l’humanité montre bien que le rang d’avant-garde n’incombe à une communauté que le temps qu’une autre se prépare à le lui disputer.
Et Dieu sait mieux ce qu’il en est !
Références:

[1] Tariq Ramadan, Muhammad, vie du Prophète : les enseignements spirituels et contemporains, éditions Presses du Chatelet, 2006
[2] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam : sa vie, son oeuvre, éditions El-Najah, 1998
[3] Ibn Kathîr, As-Sîra : la biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions Universel, 2007
[4] Martin Lings, Le Prophète Muhammad : sa vie d’après les sources les plus anciennes, éditions du Seuil, 1986
[5] Safiyyu ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî, Muhammad l’utilme joyau de la Prophétie, éditions Maison d’Ennour, 2006
[6] Muhammad Redha, Muhammad le Messager de Dieu (sws), éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Beyrouth, 2009
[7] Muhammad Al-Ghazâlî, Fiqh As-Sîra : la biographie du Prophète Muhammad, éditions Maison d’Ennour, 2006
[8] Mohammed El-Khudhary, Lumière de la certitude : la vie du Prophète de l’Islam, éditions Iqra, février 2009

SOURCE :
Désinformations sur le prophète. Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) et les Juifs  Collectif Sâlik al-Hanîf. Création : 30/08/2010. Modification: 10/03/2011


Mohamed ZEMIRLINE

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