vendredi 15 mai 2015

Prophète: Désinformations: Sur le meurtre de Ka'b ibn al-Ashraf


Désinformations sur le prophète

Sur le meurtre de Ka'b ibn al-Ashraf

ordonné par le Prophète Muhammad
Collectif Sahab-Ed-Dine
  
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1. Introduction


Les missionnaires chrétiens ou tout simplement les gens sans religion où qui ne suivent pas une religion particulière mais croyant en Dieu, arguent le cas le plus populaire du meurtre d'une personne dans la vie du Prophète (sws) et ordonné par lui-même.
Mais il est tout de même sidérant de voir à quel point les gens sont de mauvaise foi en n'apportant que la partie visible de l'iceberg en cachant sciemment la vérité ou tout simplement en l'ignorant. Ces gens oublient que la partie sous l'eau est plus conséquente encore que la celle que l'on voit au-dessus.

Nous allons donc palier (inch'Allah) ce problème en montrant le vrai visage de cet homme et pourquoi il était urgent de s'en débarrasser.

Lorsqu'il y a une mauvaise herbe qui commence à pousser dans un jardin, le jardinier ne s'en occupe t-il pas immédiatement ? Et bien ici c'est le cas, puisque nous allons montrer la personnalité et le dessein de cet homme mauvais. Ceux qui émettent l'allégation disent tous la même chose:
«Ka'b était un poète et le Prophète (sws) de l'Islam le fit mettre à mort parce qu'il composa des vers contre lui et blessa sa personne».

Ses actions contre le Prophète (sws) et les musulmans peuvent être résumées en trois points :

- Il composa des poèmes contre le Prophète (sws) et ses Compagnons (raa)
- Il composa des poèmes pour dénigrer les femmes musulmanes par des textes vicieux.
- Il incita les polythéistes à lever une armée pour détruire le Prophète (sws) et les musulmans

Le dernier point est toujours ignoré par les contradicteurs. Cet homme montait les polythéistes contre les musulmans en vue de les remotiver à attaquer Médine après leur défaite à Badr. Il s'est rendu en personne à La Mecque pour mobiliser les Quraychites afin qu'ils attaquent la ville de Médine. Nous sommes encore très loin du «pauvre juif» qui n'a blessé personne.

Ce que Ka'b faisait allait mener une nouvelle guerre avec de nouveaux décès. N'est-il pas légitime de prendre la décision adéquate afin d'éviter cela ? Qui est l'hypocrite qui dirait le contraire ? Ce point résume entièrement la finalité de ce récit et mériterait que le débat soit clos sur l'instant. Mais par soucis d'être complet apportons des preuves pour appuyer nos dires tel que l'enseigne le Coran dans la Sourate 2,111 qui dit : «Apportez votre preuve si vous êtes véridiques». Les polémistes apportent les sources citées en début d'article pour montrer le « terrible meurtre » (selon leurs dires) de Ka'b ibn al-Ashraf. A chacun ses sources et ses preuves !

2. Les sources du récit


Le récit de la mise à mort de Ka'b ibn al-Ashraf est rapporté dans les traditions suivantes :
[1] At-Tabarî, Histoire des Prophètes et des Rois III 181
[2] Ibn Hishâm, Conduite de l'Envoyé d'Allah 548-553
[3] Ibn Sa'd, Tabaqat II 37, 39
[4] al-Bukhâri, Sahih, 64/15
[5] Muslim, Sahih, 32-3359
[6] Muslim, Sahih, 19/4436

Remarque : les références des sources ont été rapportées selon le site islamophobe islamdocument. Les traductions, en vert, que vous pouvez lire en annexe, ne sont pas les nôtres. Elles laissent à désirer, principalement sur les dénominations des personnages et sur les expressions employées. La lecture de ces rapports étant longue et fastidieuse, le lecteur peut, s'il en a envie, les lire en annexe de cet article.

3. Présentations des diverses sources qui confirment ce portrait d'ibn al-Ashraf


Premièrement, la source probable de la haine de Ka'b ibn al-Ashraf envers le Prophète (sws) selon le professeur Hamidullah :

Point 958. A propos des Quraizah, rappelons en passant que lors de la constitution de la Cité-Etat, à Médine, certains Juifs se rendirent un jour auprès du Prophète Muhammad (sws) à propos d'un meurtre entre les Quraizah et les Nadîr, pour lui dire que d'après la coutume le sang des Quraizah valait seulement la moitié de celui des Nadîr (70 contre 140 wasq de dattes).
Le Prophète Muhammad (sws) ordonna qu'il y eût égalité. Le Nadîrite Ka'b ibn al-Ashraf refusa en hurlant : «Nous n'acceptons pas ta décision, nous n'obéissons pas à ton ordre, et nous ne tenons qu'à la coutume ancienne (*) «. Peut-être fut-ce là l'origine de la violente haine du Nadîrite Ka'b envers le Prophète (sws)
, tout comme la cause de la neutralité des Quraîzah lors de la guerre contre les Nadîr. [1]
(*) Muqâtil, Tafsîr, Ms. Hamidiyé, Istanbul, fol. 96a, sur le Qur'ân, 5 : 44

En fait, la haine de Ka'b ibn al-Ashraf s'est matérialisée pour des raisons purement économiques comme nous allons le montrer.

Voyons voir comment était constituée la ville de Médine à l'arrivée du Prophète (sws), toujours selon le Professeur Hamidullah :
Point 1872. La ville de Médine existait déjà à l'avènement de l'Islam, mais elle était plutôt une juxtaposition de tribus, qui avaient chacune leur propre quartier, séparé des autres par une distance considérable ; car chaque tribu avait non seulement ses maisons, mais aussi ses jardins, ses plantations, et ses châteaux-forts [...] [2]

A son arrivée à la cité de Médine, une des premières mesures prises par le Prophète (sws) fut de définir un marché spécifique pour les musulmans en raison de la « tribalisation » de la ville comme l'explique le Professeur Hamidullah :
Point 1612. [...] Le marché de la ville semble concerner les importations quotidiennes de biens périssables, comme les légumes et autres alimentations, ou ce que les petits commerçants offraient, amenant les marchandises le matin chaque jour et ramenant le soir chez eux les choses non vendues. Et c'est dans les marchés que les étrangers aussi se rendaient avec leurs importations : non seulement blé, orge, huile, dattes, étoffes, etc., mais aussi des bêtes : moutons, chameaux, etc.
A part les boutiques dans les maisons, pour les bouchers, bottiers, couturiers, etc., les marchés étaient nécessaires. 

La multiplicité des ethnies et des tribus avec leurs guerres civiles, exigeait à Médine la multiplicité des marchés aussi. Illustrons le point par une citation : «D'après 'Umar ibn Chabbah [1], lorsque le Prophète (sws) voulut instituer un marché (musulman) pour Médine, il se rendit d'abord au marché des (Juifs des) Banû Qainuqâ', puis là où il y a (maintenant) le marché de Médine. En s'y arrêtant, il lui donne un coup de pied et dit : Voilà votre marché, on n'y gênera personne et on n'y percevra aucun tribut... 
A Médine, avant l'Islam, il y avait un marché à Zabâlah, dans la région de Yathrib (autour du puits de Ru'mah) ; un marché à al-Jasr (le pont), chez les Banû Qainuqâ', un autre, à as-Safâsif, dans la région d'al-'Asbah. Un marché se tenait là où il y a la zuqâq (rue) d'Ibn Hibbain ; il s'y tenait avant l'Islam et aussi au début de l'Islam ; et cet endroit s'appelait Muzâhim... 
Le Prophète (sws) dressa une tente à l'endroit de Baqi' az-Zubair, et dit : Ce sera votre marché ! Tout à coup Ka'b ibn al-Ashraf (Juif des Banû an-Nadîr) s'y rendit, pénétra dans la tente et en coupa le cordage. Alors le Prophète (sws) dit : Infailliblement, je le transporterai à un endroit qui l'enragera davantage encore.
Alors il le déplaça là où il y a aujourd'hui le marché de Médine. Puis il décréta : C'est votre marché : n'y prenez pas des places permanentes et immuables, (le premier venant occupant la place de son choix) ; on n'y percevra pas le tribut Samhûdî, I, 747-8» [...] [3]

Deuxièmement, le Cheikh Muhammad Rashid Redha rapporte que les œuvres de cet homme se manifestèrent comme suit:

Pousser par sa haine pour l'Islam, Ka'b ibn al-Ashraf s'appliquait à exciter effrontément les Quraysh à combattre le Prophète (sws), à le satiriser dans ses poèmes... Il alla trouver les Quraysh se lamenter sur leurs morts et les exciter à la guerre contre le Prophète (sws) notamment par ses poèmes. Il n'eut de cesse de se déplacer d'un clan à l'autre pour aviver leur haine et les pousser à la vengeance (de la bataille de Badr qu'ils perdirent). Le Prophète (sws) qui était au courant des manœuvres de Ka'b en parlait à Hassan ibn Thabit (raa) qui répliquait aux attaques de ce dernier par cette même arme du verbe qu'est la poésie. Le Prophète (sws) décida enfin de mettre un terme à la nuisance de Ka'b : «Seigneur, je T'implore de me débarrasser de Ka'b ibn al-Ashraf par quelque moyen que Tu voudras». Ka'b rentra à Médine où il poussa son arrogance au point de porter atteinte à l'honneur des femmes musulmanes dans des poèmes d'une sensualité insolente. Il persista ainsi à ourdir des intrigues pour semer la discorde entre les fidèles. A chaque fois que le Prophète (sws) remédiait à un conflit, ce misérable le ravivait par ses manœuvres venimeuses qui visait à susciter l'éclatement des troubles à Médine et à pousser les gens à se révolter contre lui... [4]

C'est ce que confirme le très grand savant et exégète Ibn Kathir (raa) dans sa biographie du Prophète (sws) sous l'autorité d'Ibn Ishaq, le premier rédacteur d'une Sîra :

Ibn Ishaq ajoute: ... Il se mit alors à inciter les polythéistes à combattre le Prophète (sws) en composant des poèmes à cet effet, faisant l'élégie des polythéistes morts à Badr. Il retourna, ensuite, à Médine, où il se mit à dénigrer les femmes des musulmans et à railler le Prophète (sws) et ses Compagnons»
Moussa ibn 'Oqba et Ibn Ishaq ont dit: «Il retourna ensuite à Médine suscitant la haine contre les musulmans. Il n'est sorti de la Mecque, qu'après avoir obtenu l'accord des polythéistes de combattre le Prophète (sws). Il s'est mis, ensuite, à dénigrer Oum al-Fadhl ibn al-Harith, ainsi que d'autres femmes musulmanes. [5]

Le célèbre savant égyptien Muhammad Al-Ghazâlî rapporte ceci :
 Ils (les Juifs) continuaient à machiner contre l'Islam si bien qu'il fallait mettre un terme à leur complots en les éloignant pour en débarrasser le pays. Bien plus, les Musulmans ont tenu à poursuivre et à châtier ceux qui s'allier à Quraych et la stimulait contre l'Islam. C'était le cas par exemple de Ka'b Ibn al-Ashraf qui alla à La Mecque pour présenter ses condoléances à la suite de la bataille de Badr et à consoler les négateurs qui préparaient leur vengeance. A cette occasion, Abû sufyâne lui demanda : «Je te conjure, par Dieu, de nous dire si c'est notre religion ou celle de Muhammad qui est préférable à Dieu. Nous restaurons les grandes foules qui affluent vers nous, nous leur sacrifions des chamelles aux grandes bosses et les abreuvons de lait au lieu de l'eau.» Ka'b répondit : «Vous êtes sur une voie meilleure que la leur.» Alors fut révélé :

«N'as-tu pas vu ceux-là à qui leur part du Livre a donnée, ajouter foi à la magie et au Rebelle et dire en faveur de ceux qui ont mécru : Ils sont mieux guidés sur le chemin, que ceux qui ont cru?» 4/51

Ensuite Ka'b revint à Médine rempli de hargne contre les Musulmans, avec une insolence qui lui permit même de composer des poèmes érotiques sur des femmes musulmanes. C'est pourquoi on mit à prix sa tête. [6]

Le Juif Uri Rubin confirme ce point de vue :
 Ibn Ishaq relate que Muhammad (sws) ordonna de tuer Ka'b ibn al-Ashraf parce qu'il alla à la Mecque après la bataille de Badr et incita les Quraysh à combattre le Prophète (sws). [7]

 L’orientaliste Martin Lings fait le rapport suivant :
 ...Et lorsqu'il eut confirmation de ces nouvelles (la mort de grands personnages pendant la bataille de Badr), il quitta immédiatement l'oasis avant que le Prophète (sws) y revienne, puis il se rendit à la Mecque où il composa une complainte en l'honneur d'Abou Jahl, de 'Utbah, de Shaybah et d'autres morts. En même temps, il harangua les Quraysh pour qu'ils sauvent leur honneur et prennent leur revanche en levant une armée invincible et en la conduisant contre Yathrib.»...»Au moment où l'armée était rentrée d'expédition dans le Najd, Ka'b ibn al Ashraf avait déjà quitté la Mecque et avait regagné sa forteresse chez les Bani Nadir, non loin de la périphérie de Médine.
Outre les poèmes dans lesquels il incitait les Quraysh à prendre leur revanche de Badr, il avait écrit des vers satiriques contre le Prophète (sws) et ses Compagnons (raa). Chez les arabes, un poète doué valait une multitude d'hommes, car ses vers se répétaient de bouche en bouche. Si l'homme était bon, il devenait un instrument de bien ; si l'homme était mauvais, il était un instrument du mal, qu'il fallait éliminer à tout prix... [8]

Troisièmement, Ka’b ibn-al-Achraf était un juge très corrompu. En effet, le professeur Hamidullah rapporte :

Point 948. Le poète Ka'b ibn al-Ashraf était par son père un Nabhânite (branche de Taiy), mais sa mère était une Juive des Banu'n-Nadîr (de Médine (*)). Les sources nous disent qu'il fut un juge très corrompu (**). Après la défaite mecquoise à Badr, il se rendit à la Mecque, se déclara solidaire des Quraichites, et les excita à la revanche (***). S'il fit la cour à la femme de son hôte à la Mecque, cela ne l'empêchait pas de calomnier les Médinoises musulmanes dans ses poèmes amoureux. Les ruines de son château existent encore de nos jours, dans le Sud de Médine. 
On peut imaginer quelle fut la réaction musulmane à cette attitude de Ka'b : certains Musulmans, parmi lesquels son frère de lait, le surprirent chez lui la nuit et l'assassinèrent. D'après Ibn Sa'd, c'est alors seulement que les Banu'n-Nadîr s'allièrent au Prophète (****). [9]

(*)Ibn Hichâm, p. 548
(**)Wakî, Akhbâr al-Qudât, I, 54 ; Muqâtil, Tafsîr, sur 5 : 42 (fol. 95b du MS Hamidiyé d'Istanbul), parle même d'une contribution annuelle en ce sens
(***) Ibn Hichâm, p. 548-53 ; Ibn Sa'd, 2/I, p. 21-3
(****) Ibn Sa'd, 2/I, p. 23

Le professeur ajoute :
Point 349. La partie juive de la constitution commence par parler des devoirs lors d'une guerre défensive , on a donc le droit de croire qu'il s'agit d'une époque où les musulmans craignaient non seulement une agression de l'extérieur, mais aussi les sympathies des Juifs de Médine pour l'agresseur. Cela cadre bien avec le récit d'Abû Dâwûd que nous venons de citer (cf. 348). Les Mecquois avaient subi une défaite inattendue à Badr, et ils se préparaient pour une guerre de revanche. Le poète juif médinois, Ka'b ibn al-Ashraf, s'était expressément rendu à la Mecque, pour témoigner sa sympathie aux vaincus, et pour les assurer qu'ils pouvaient compter sur son appui actif lors d'une invasion de Médine contre les Musulmans. A sa rentrée à Médine, ce complot de traître lui coûta la vie, de la main d'une bande de Musulmans. A la mort de leur grand seigneur, les Juifs prirent peur et furent vite amenés à conclure avec leurs voisins musulmans une alliance défensive et une entente en vue d'une entr'aide éventuelle, et cela avec des concessions qu'ils n'auraient pas acceptées à un autre moment, surtout au début de l'Hégire [...] [10]

 Pour ce qui est de l'engouement des arabes pour la poésie, voici un autre témoignage de Philip K. Hitti, un chrétien maronite et connaisseur de l'histoire des arabes, confirme ce point important:

Sans doute aucun peuple au monde ne manifeste cette admiration enthousiaste pour l'expression littéraire et ne se trouve autant ému par la parole, parlée ou écrite, comme le sont les Arabes. Pratiquement aucune langue ne semble autant capable d'exercer une influence sur l'esprit que l'idiome Arabe. [11]

Quant aux poèmes sur les femmes, le biographe musulman Muhammad Haykal dit:
« Le lecteur est peut-être au courant de la coutume et de l'éthique arabe dans ce domaine, et peuvent apprécier le courroux des musulmans face à ces allégations fausses à l'encontre de l'honneur de leurs femmes.» [12]

4. Les ahadiths et commentaires suivants démontrent bien l'intention de Ka'b


Nous lisons dans les Sunan d’Abou Dawoud :

Ka'b ibn Malik dit : K'ab ibn al-Ashraf faisait la satire du Prophète (sws) et incitait les mécréants de Qouraych contre lui. Et lorsque le Prophète (sws) avait émigré à Médine, il l'a trouva mélangé de musulmans, d'associateurs adorant les statuts et les juifs nuisaient au Prophète (sws) et à ses compagnons. Alors Dieu a ordonné à Son Prophète de patienter et de pardonner, et c'est à ce sujet que fut révélé le verset : 
«Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des Associateurs, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux...voilà bien la meilleure résolution à prendre.»
(Sourate 3,186)

Puis lorsque Ka'b ibn al-Ashraf refusa d'arrêter de nuire au Prophète (sws), le Prophète (sws) envoya Sa'd ibn Mou'adh qui appela Muhammad Ibn Maslama pour l'exécuter. [13]

De même :

Abdallah ibn K'ab ibn Malik dit :
Ka'b ibn al-Ashraf était un poète juif qui faisait la satire du Prophète (sws) et incitait les mécréants de Quraych contre lui dans ses poèmes. [14]

Ibn Hajar dit : 
Sa parole : «qui a mal agi envers Dieu et Son Envoyé?» Dans la version rapporté par Muhamamd ibn Mahmoud ibn Mousalam selon Jabir chez al-Hakam dans al-Aklil, il est dit : «Il a agit mal envers nous avec ses poèmes et a fortifié les associateurs». Ibn 'Ayd rapporte selon al-Kalbi que Ka'b ibn al-Ashraf a pris l'engagement des associateurs de la Mecque en les faisant jurer à côté de la Ka'ba de tuer les musulmans. [15]

L'imâm An-Nawawi dit : 
Al-Imam al-Maziri a dit : Il (Ka'b ibn al-Ashraf) a été tué ainsi parce qu'il a rompu le pacte avec le Prophète (sws), la satiré et insulté, et il lui avait promis de n'inciter personne contre lui, puis il est venu avec les gens de la guerre contre lui. [16]

L'imâm At-Tabarî dit : 
«D'autres ont dit que ce verset (3,186) est descendu à propos de Ka'b ibn al-Ashraf, et qu'il faisait la satire du Prophète (sws) et se moquait des femmes des musulmans [17]

L'imâm Al-Qourtoubi dit : 
Al-Zuhri a dit : Ce verset (3.186) est descendu à propos de Ka'b ibn al-Ashraf, il était un poète, et se faisait la satire du Prophète (sws) et de ses compagnons, et il provoquait les les mécréants de Quraych contre lui, et il insultait les femmes des musulmans, jusqu'au jour où le Prophète (sws) lui a envoyé Muhammad Ibn Maslama et ses compagnons pour lui tuer comme ceci est rapporté dans la Sira et dans le hadith.[18]

L'imâm Ach-Chawkani dit
«Ibn Jarir, Ibn Abi Hatam et ibn al-Mounthar ont rapporté que selon Al-Zuhri, ce verset  (3.186) concernait Ka'b ibn al-Ashraf qui incitait les associateurs contre le Prophète (sws) et ses compagnons, à travers ses poèmes [19]

Le Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfouri dit : 
Ka'b ibn al-Ashraf faisait partie des juifs les plus hostiles à l'Islam et aux musulmans, de ceux qui maltraitaient le plus le Messager d'Allah (sws) et appelaient ouvertement à la nécessité de le combattre. Il se réclamait de la tribu de Tayy, elle-même faisant partie des Bani Nabhan. Sa mère se réclamait de Bani An-Nadir. Ka'b était riche, aisé, connu des arabes pour sa beauté et en outre un poète. Sa forteresse était située au Sud-Est de Médine à l'arrière plan de la demeure des Banu An-Nadir. Lorsque lui parvinrent les premières nouvelles de la victoire des musulmans et de la tuerie des héros de Quraych à la bataille de Badr, il dit : «Est-ce vrai cela? Ceux-là sont les nobles et les rois des arabes ! Par Allah! Si c'est vrai que Muhammad les a tués l'intérieur de la terre est bien meilleur que son extérieur». Lorsqu'il eut confirmation des nouvelles qu'il avait reçues, l'ennemi d'Allah commença à satiriser les musulmans, à louer leurs ennemis, les montant contre eux. Non content de cela, il enfourcha son cheval et alla trouver les Quraychites. A l'occasion il descendit chez Al-Mouttalib et ibn Abi Waddah As-Sahmi et se mit à chanter des poèmes dans lesquels il pleurait les associateurs tués, et jetés dans le ravin de manière à susciter l'irritation, et à rendre plus aiguë la haine ressentie à l'égard du Prophète (sws) et à appeler les Quraychites à le combattre. A la Mecque, Abou Soufyan et les associateurs l'interrogèrent en ces termes : «Préfères-tu notre religion ou celle de Muhammad et de ses compagnons ? Laquelle de ces deux religion détient la vérité ?» Il répondit : «votre religion est meilleure et plus droite que la leur». Dans ce cadre, Allah le Très Haut révéla :

«N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une partie de l'Écriture s'obstiner à croire en la magie et aux idoles des infidèles, et dire, parlant des associateurs : «Ceux-ci suivent une voie plus sûre que celle des croyants!»
(Sourate 4,51).

De retour à Médine, Ka'b se mit à chanter la beauté des femmes des Compagnons et à blesser grièvement leur pudeur par sa langue. Alors le Messager d'Allah (sws) dit : «Qui va s'occuper de Ka'b ibn al-Ashraf ? Il offense Allah et son Messager !». [20]

Il est important de noter que certaines versions rapportent l'étrange fait que les Compagnons (raa) décapitèrent Ka'b puis apportèrent sa tête au Prophète (sws) qui fut ravi. Ceci n'est pas le comportement du Prophète (sws) et cette histoire s'apparente aux extravagances enregistrées sur les meurtres, à l'instar du pseudo meurtre d'Oum Qirfa que nous avons traité dans l'un de nos article. Ce récit est à rejeter au même titre que celui d'Oum Qirfa. Ensuite, at-Tabarî est le seul à ressasser que l'un des Compagnons (raa) fut blessé et que ses collaborateurs le laissèrent pour mort lâchement pour sauver leurs vies. Ce fait est inapproprié sur le compte des Compagnons (raa) du Prophète (sws).

Les récits authentiques attestent de l'exécution de cet homme en raison de son comportement et de ses actions démoniaques qui auraient pu coûter la vie de beaucoup d'hommes et de femmes musulmans. C'est le point principal à retenir.Depuis quand défend-on un traitre ou un homme qui est prêt à vous faire tuer pour une autre cause que Dieu et qui plus est, ameute une ville entière pour vous exterminer ?


Note : On remarquera aussi que Ka'b avait proposé en échange de son aide d'avoir à sa disposition les femmes des musulmans ainsi que leurs enfants !
Ainsi, je viens te demander de me prêter». - «Que me donneras-tu en gage ?». - «Que veux-tu que je te donne ?». - «Vos femmes !». - «Comment pourrions-nous te donner nos femmes en gage à toi qui es le plus bel homme des Arabes ?». - «Eh bien ! Vos fils». - «Comment pourrions-nous te donner, nos fils en gage ? On pourrait leur reprocher qu'ils avaient été donnés en gage pour deux charges de dattes et ce serait une honte pour nous. Nous te donnerons plutôt nos armes en gage [21]

Un personnage tout à fait estimable donc....

Toutes les sources sont concordantes entre elles sur le personnage qu'est Ka'b ibn al-Ashraf et sur son action envers l'Islam. 

 5. Conclusion


Pour conclure sur cette mort, retenons les points suivants :

- Il composa des poèmes contre le Prophète (sws) et ses Compagnons (raa)
- Il composa des poèmes pour dénigrer les femmes musulmanes par des textes vicieux.
- Il incita les polythéistes à lever une armée pour détruire le Prophète (sws) et les musulmans

Pour conclure nous pouvons dire que les poèmes ne sont pas la raison principale de sa mise à mort, mais bel et bien le fait qu’il soit allé inciter les Quraichites à reprendre la guerre contre la ville de Médine. De plus, il a expressément appelé au meurtre du prophète (sws). Nous n’avons donc pas affaire à un « gentil poète inoffensif » mais à un corrupteur.

Voilà notre dernier mot.
Dieu Sait Mieux ce qu'il en est - Allahou A’lam !



Références :


[1] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam, El-Najah, 6ème édition, 1998, tome I, p.542-543
[2] ibid. Tome 2, p.965-66
[3] ibid. Tome 2, p. 867-68
[4] Muhammad Rashid Redha, Biographie de Muhammad (sws), le Messager de Dieu, éditions Al-Maktaba al-Assrya 2009, p.520
[5] Ibn Kathir, As-Sira, la biographie du Prophète Muhammad (sws), les débuts de l'Islam, éditions Universel, p.572-573
[6] Muhammad Al-Ghazâlî, Fiqh As-Sîra, la biographie du Prophète Muhammad, éditions d'Ennour 2006, p.177
[7] Uri Rubin, The assassination of Ka'b ibn al-Ashraf, Tel Aviv
[8] Martin Lings, Le Prophète Muhammad (sws), sa vie d'après les sources les plus anciennes, éditions du Seuil 1986, p.192 ; 205
[9] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam, El-Najah, 6ème édition, 1998, tome I, p.536
[10] ibid. Tome I, p.187-88
[11] Philip K. Hitti, History of the Arabs, 10th edition (Macmillan Press, 1970), p.90
[12] M. H. Haykal, The Life of Muhammad (North American Trust Publications, 1976), p.244
[13] Sunan Abou Dawud, hadith n° 2606. Authentifié par al-Albany, voir Sahih Abou Dawud n° 2593
[14] Authentifié par Ibn Hajar al-'Asqalani, al-'Ajab, tome 1 p.356
[15] Commentaire d'Ibn Hajar al-'Asqalani, tome 7 p.336
[16] Commentaire du Sahih Muslim par An-Nawawi, hadith n° 3359
[17] Tafsir At-Tabarî Sourate 3,186
[18] Tafsir al-Qurtubi Sourate 3,186
[19] Tafsir ach-Chawkani, Sourate 3,186
[20] Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfouri, Le Nectar Cacheté, la Biographie du Prophète (sws), Editions Daroussalam, page 330-331
[21] Partie du hadith tirée du Sahih Muslim n°3359


Annexe


- Version de Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 181:


Ce fut dans le même mois de rabia premier que le prophète envoya quelqu'un pour tuer Kab, ibn Ashraf, dont il avait essuyé beaucoup d'injures. Kab était un juif, l'un des principaux des Banu Nadir. Il s'était arrogé le commandement de la forteresse des Banu Nadir, et il possédait lui-même, en face de cette forteresse, un château fort, renfermant des plantations de dattiers. Il récoltait chaque année, une grande quantité de blé et de dattes, qu'il vendait à crédit, et il avait ainsi acquis une fortune considérable. Il avait de l'éloquence et était poète, car son père était de la tribu de Tayy, tandis que sa mère appartenait aux Banu Nadir. Or le jour où Zayd ibn Haritha, arriva aux portes de Médine avec la nouvelle de la victoire des musulmans, et qu'il énumérait les chefs quraysh qui avaient été tués, Kab, se trouvant là, dit :
- Cela est impossible. Tous ces Quraysh, en effet, étaient ses parents.
Lorsque la nouvelle se confirma, il se rendit à la Mecque, consola les habitants, composa des élégies sur les morts et des satires contre le prophète et contre ses compagnons. Ensuite il revint à Médine, et le même jour le prophète apprit qu'il avait fait des satires contre lui. Puis, chaque fois que Kab venait dans la ville, il disait :
-Pleurez, pour que l'on pense que Muhammad est mort, et que sa religion cesse d'exister.
Ces paroles furent rapportées au prophète.

Un jour qu'il se trouvait au milieu de ses compagnons, et que l'on parlait de Kab ibn Aschraf, le prophète se plaignit de lui et dit :
-Qui donnera sa vie à Allah, et tuera cet homme?
L'un des ansari, nommé Muhammad ibn Maslama, dit:

-Moi j'irai, et je le tuerai, ô apôtre d'Allah!
Le prophète le remercia vivement. Lorsque, trois jours après, le prophète vit qu'il n'était pas encore parti, il lui en demanda la raison. Muhammad répondit:
-Ô apôtre d'Allah, je n'ai pas mangé depuis trois jours, de chagrin. J'ai pris envers toi un engagement, et je crains de ne pouvoir le remplir ; car Kab est un homme très considérable et habite un chateau bien fortifié.

Le prophète dit:
-Essaye toujours ; si tu réussis, tu seras béni ; si tu ne réussis pas, tu seras excusé.
-Il me faut, dit l'autre, pour cette affaire des compagnons.

Il avait parmi les ansari un ami, nommé Silkan ibn Salama, surnommé Abu Nayla, qui était le frère de lait de Kab. Celui-ci, chaque fois qu'il venait à Médine, descendait dans la maison de Silkan ; il lui montrait de l'affection et de la confiance. Muhammad ibn Maslama, vint trouver Silkan, lui fit part des paroles du prophète et lui dit :
-Si tu me prêtes assistance, je pourrai accomplir cette oeuvre et être agréable au prophète d'Allah.

Silkan consentit et dit :
-Il nous faut encore d'autres compagnons.
Sept ansari se concertèrent ainsi et se mirent à délibérer de quelle façon ils exécuteraient leur dessein. S’étant mis d'accord, ils vinrent, avant de partir, trouver le prophète, au moment de la prière du coucher, et lui dirent :
-Nous allons partir, ô apôtre d'Allah, mais il faudra que nous disions du mal de toi et de ta fonction prophétique.

Le prophète les y autorisa, les accompagna jusqu'au cimetière nommé Baqi al Gharqad, puis il leur dit :
-Allez, au nom d'Allah, et revenez aussitôt.

Ils se dirigèrent vers le château de Kab. A une demi parasange de ce chateau se trouvait une plantation de dattiers ; la forteresse des Banu Nadir était en face, et tout autour demeuraient des Juifs. Ils arrivèrent pendant la nuit à la porte du chateau de Kab. Celui-ci, qui s'était récemment marié , dormait avec sa nouvelle épouse sur la terrasse. Silkan, ayant posté ses compagnons sur le chemin, s'approcha tout armé de la porte du château et appela Kab, qui se réveilla, le reconnut, lui répondit et regarda en bas. Silkan lui dit:
-J'ai à te parler.
- Que peux-tu avoir à me dire à cette heure-ci? demanda Kab.
-Je suis venu pour te consulter sur une affaire, répliqua l'autre. Si tu peux, descends, si tu ne peux pas, je m'en retournerai.

Kab se leva pour descendre ; mais sa femme saisit le pan de sa robe et le pria de ne pas y aller. Kab lui dit :
-C'est mon frère de lait, dont la porte m'est ouverte la nuit comme le jour ; ce serait mal de lui fermer la mienne, puisque je ne me suis jamais présenté en vain chez lui.

La femme dit de nouveau :
-N'y va pas, il fait nuit, tu ne sais pas ce qui peut arriver.
-Je suis, répondit Kab, plus sur de lui que de moi-même.

Puis il dégagea le pan de sa robe qu'elle avait saisi et dit :
-L'homme noble, quand même on l'appellerait à la mort, répond à l'appel.
C'est là un proverbe arabe, que Kab prononçait par orgueil et pour affirmer son courage. Il ne savait pas que lui-même allait le rendre vrai, et que ses paroles deviendraient une réalité.

Kab étant sorti du chateau, Silkan lui dit :
-Sache, ô mon frère, que je viens de Médine, parce que ce Muhammad est un fléau ; le pays tout entier est dans la famine et dans la misère, et nous n'avons plus de vivres. Kab, se caressant la barbe, dit :
-Par la tête de mon père! ne vous ai-je point assez dit que cela n'est pas une chose sérieuse et que cette affaire n'a pas de fondement?

Silkan dit :
-Oui, cela est devenu manifeste pour tout le monde. Quant à ce qui me concerne en particulier, je suis dans la détresse, et je viens chez toi pour que tu me donnes un peu de blé et de dattes que je puisse porter à ma famille. Je te remettrai en gage ce que tu voudras. J'ai avec moi quelques amis, qui attendent dans ce verger ; ils avaient honte de venir te trouver: c'est pour cela que je me suis rendu seul auprès de toi, pour savoir ta réponse.

Kab répliqua:
-Il ne m'est pas resté beaucoup de vivres ; cependant je ne veux pas te faire de la peine.
Silkan reprit :
-Nous sommes venus pendant la nuit afin que, si nous essuyons un refus, personne ne connaisse notre situation.

Kab dit:
-Je vous accorde votre demande, mais je désire que vous me donniez en gage vos enfants.

Silkan répondit :
-Veux-tu donc nous déshonorer parmi les hommes? Nous avons apporté nos armes, et ce gage vaut mieux que des enfants. Ce serait pour nous un déshonneur de donner en gage nos enfants, et toi, tu aurais à faire la dépense de leur entretien.
Silkan lui faisait cette offre, afin que Kab ne fut pas effrayé quand il verrait les armes.
Kab répliqua :
-C'est bien, apporte les armes.

Silkan appela ses compagnons, et Muhammad ibn Maslama, et les autres s'approchèrent avec leurs armes. Ils prirent place en face de Kab et se mirent à causer avec lui. Tout à coup, Kab s'écria:
-Je vous avais bien dit que cet homme est un fléau, son oeuvre n'a pas de consistance.

Les autres répondirent:
-Nous reconnaissons maintenant tout ce que tu nous avais dit. Kab avait une chevelure qui lui tombait sur le cou. Elle était parfumée de musc et d'ambre.
A chaque instant Silkan lui prenait la tête, l'attirait vers lui et en respirait les parfums, en disant:
-Quelle délicieuse odeur!

Lorsqu'une bonne partie de la nuit fut passée, Kab dit:
-Déposez quelques-unes de vos armes pour que nous les mettions de côté.

Silkan dit:
-Allons nous promener un peu dans ce verger, pour chasser notre chagrin ; nous te remettrons ensuite les armes, que tu pourras emporter dans ta maison, et demain nous amènerons des bêtes de somme pour chercher les vivres.
Kab se leva et alla avec eux, tout en causant. Silkan, de temps en temps, passait dans la chevelure de Kab sa main, qu'il portait ensuite à son nez pour en respirer l'odeur. Quand ils furent arrivés au milieu du verger, Silkan saisit fortement Kab par les cheveux et dit :
-Chargez!

Muhammad ibn Maslama le serra également, et Harith ibn Aws, vint à leur aide, et tous les trois le maintinrent ainsi. Les autres prirent leurs sabres et le frappèrent. Quelqu'un du château, apprenant cet événement , donna l'alarme ; on alluma des torches , et la femme de Kab jetait des cris du haut de la terrasse. Elle fut tuée par les Arabes, qui se retirèrent ensuite.

Un coup de sabre avait atteint par erreur la tête de Harith et lui avait fendu le crâne. Le sang coulait, et, comme ils le croyaient blessé mortellement, ils l'abandonnèrent et s'éloignèrent en courant dans la direction de Médine, craignant d'être poursuivis. Harith, ne pouvant pas courir, les suivit lentement. Cependant aucun juif n'osa aller à leur poursuite. Arrivés près de la ville, ils furent en sureté et s'arrêtèrent pour attendre Harith.

Le jour commençait à poindre lorsqu'ils entrèrent dans la ville. Ils trouvèrent le prophète occupé à prier, et lui rendirent compte de ce qu'ils venaient d'accomplir. Le prophète fut très heureux, rendit grâces à Allah et les remercia.
Ensuite, il souffla sur la tête de Harith, dont la blessure fut guérie immédiatement.

- Version d'ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 548-553:

Il partit et arriva à la Mecque (...) Là, Kab se mit à exciter les Mecquois contre l’apôtre d’Allah, à réciter des vers où il pleurait les “gens du Puits”:
La meule de Badr a broyé jusqu’au sang ces gens (...)
Combien d’hommes nobles et beaux, recours pour les pauvres, furent massacrés, généreux quand les étoiles ne donnaient pas de pluie, qui portaient les fardeaux de leurs frères...
Puis Kab retourna à Médine et là, il composa des poèmes licencieux sur des femmes musulmanes. (...)

Maslama dit:
-J’ai fait une promesse dont je ne sais pas si je veux la tenir ou non.
-Ton devoir est seulement de t’y employer.
-Apôtre d’Allah, nous aurons à dire des mensonges!
-Dites ce que vous voulez, ce sera licite.
(...)
-Ô ibn al Ashraf ! Je suis venu à toi pour une affaire que je voudrais t’exposer.
-Vas-y.
-L’arrivée de cet homme était un désastre pour nous ; il a provoqué l’hostilité des Arabes, et ils se sont ligués contre nous. Les routes sont bloquées et nos familles connaissent les privations et nous sommes dans une grande détresse.
- (...) Combien de fois je t’ai dit que cette histoire mènerait à ce résultat...
(Abu Nayla , un complice de Maslama l’appelle en pleine nuit ; la femme de Kab dit à son époux):

-Je sens le mal dans sa voix.
-Si l’homme brave est appelé, même pour la guerre, il doit répondre.
(...)
-Veux-tu que l’on marche jusqu’au défilé de al Ajuz pour discuter le reste de la nuit?
-Si vous le voulez.

Abu Nayla mit sa main dans les cheveux de la tête de Kab, puis sentit sa main, et dit:
-Jamais je n’ai senti un meilleur parfum que celui-là.
(...) Puis il le saisit encore par les cheveux et s’écria:
-Frappez cet ennemi d’Allah!

Ils le frappèrent et leurs sabres se sont abattus sur lui, sans beaucoup d’efforts.
ibn Maslama raconta par la suite:
-Quand j’ai vu que nos sabres étaient devenus inutiles, je me suis souvenu que j’avais un poignard. Nous faisions un tel vacarme que tous les forts des alenturs allumaient leurs feux. Je lui ai enfoncé le poignard dans le bas-ventre jusqu’au sexe et l’ennemi d’Allah est tombé à terre.

- Version de Bukhari , Sahih 64/15:


D'après Amir, qui l'avait entendu de Jabir ibn Abdallah, l'apôtre d'Allah ayant dit:
-Qui me délivrera de Kab ibn al Ashraf , cet homme qui nuit à Allah et à son envoyé?

Muhammad ibn Maslama se leva en disant:
-Ô Apôtre d'Allah, veux-tu que je le mette à mort?
-Oui, répliqua le prophète.
- Me permets-tu de lui dire quelque chose? demanda Muhammad.
-Dis-lui (ce que tu voudras), reprit le Prophète.

Muhammad ibn Maslama alla alors trouver Kab et lui parla en ces termes:
-Cet homme nous réclame une nouvelle dîme, il nous obsède et nous venons te demander de nous prêter quelque chose.
- Par Allah! répondit Kab, vous aurez à en supporter bien d'autres de sa part.
-Nous l'avons suivi, reprit Muhammad, et nous ne voulons pas l'abandonner avant de voir ce qu'il adviendra de ses affaires. Nous voudrions que vous nous prêtiez une charge - ou deux (...)

-Je le veux bien, répliqua Kab, mais donnez-moi un gage.
-Et quel gage veux-tu?
-Vos femmes.
- Comment te donnerions-nous nos femmes en gage, à toi qui es le plus bel homme des Arabes?
-Eh bien! Donnez-moi vos fils en gage.
-Comment te donnerions-nous nos fils en gage, ce serait leur faire injure et on leur reprocherait d'avoir servi de gage pour une charge (...) ; ce serait une honte pour nous ; mais si tu veux, nous te donnerons nos armures. (...)

Muhammad prit rendez-vous avec Kab et vint le trouver de nuit, ayant avec lui Abu Nayla, le frère de lait de Kab. Kab les ayant fait entrer dans son chateau descendit vers eux et, comme sa femme lui demandait où il allait à cette heure, il répondit :
-C'est seulement pour voir Muhammad ibn Maslama et mon frère (de lait), Abu Nayla.

Suivant un autre rawi que Amir, la femme aurait ajouté:
-J'entends un bruit qui ressemble à celui du sang qui tombe goutte à goutter, Et Kab aurait dit:
-Il s'agit seulement de mon frère Muhammad ibn Maslama et de mon frère de lait, Abu Nayla ; l'homme de coeur répond, même si de nuit on l'appelle au combat. Muhammad ibn Maslama introduisit avec lui deux hommes. (...)

S'adressant à ces hommes, Muhammad leur dit :

-Quand Kab viendra, je prendrai ses cheveux et les sentirai. Aussitôt que vous me verrez tenant sa tête, frappez-le.

Amir une fois a ajouté :
-Et ensuite je vous les ferai sentir.

Kab descendit vers ses serviteurs, paré de ses vêtements et fleurant une odeur de parfums.
-Je n'ai jamais senti un parfum tel que celui d'aujourd'hui - c'est-à-dire aussi agréable - s'écria Muhammad.

Suivant un autre rawi que Amir, Kab aurait dit:
-J’ai la femme la plus parfumée et la plus parfaite des Arabes.

D'après Amir, Muhammad dit :
-Me permets-tu de sentir ta tête?
-Oui, répondit Kab.

Après l'avoir sentie, Muhammad la fit sentir à ses compagnons. Il répéta une seconde fois:
-Me permets- tu de sentir ta tête ?

Et, ayant obtenu un oui pour réponse, il lui prit la tête dans ses mains et cria à ses compagnons:
-A vous!
Et aussitôt ils le tuèrent, puis ils allèrent trouver le prophète et lui racontèrent ce qui s'était passé.

D'après Jâbir ibn 'Abdullâh, l'envoyé d'Allah a dit :
-»Qui me débarrassera de Kab ibn Al Ashraf qui a mal agi envers Allah et Son envoyé?».
Muhammad ibn Maslama répondit :
-»Ô envoyé d'Allah, veux-tu que je le tue?».
- «Certes oui», répliqua le prophète.
- «Permets-moi alors de médire de toi devant lui».
- «Dis ce que tu voudras».

Muhammad ibn Maslama alla trouver Kab et lui dit :
- «Cet homme (le prophète) veut nous imposer de l'aumône légale qui dépasse nos moyens».
- «Il vous demande encore cela?», dit Kab, par Allah, vous serez encore plus ennuyés de lui
que vous l'êtes».
- «Nous venons de le suivre et nous ne voulons pas le quitter avant de voir jusqu'où il nous mènera. Ainsi, je viens te demander de me prêter».
- «Que me donneras-tu en gage?».
- «Que veux-tu que je te donne?».
- «Vos femmes!».
- «Comment pourrions-nous te donner nos femmes en gage à toi qui es le plus bel homme des Arabes?».
- «Eh bien! Vos fils».
- «Comment pourrions-nous te donner, nos fils en gage? On pourrait leur reprocher qu'ils avaient été donnés en gage pour deux charges de dattes et ce serait une honte pour nous. Nous te donnerons plutôt nos armes en gage».

Muhammad ibn Mas'ûd prit alors rendez-vous avec Kab et lui promit qu'Al Hârith, Abu `Abs ibn Jabr et `Ubad ibn Bishr l'accompagneraient. La nuit les quatre hommes allèrent trouver Kab.

Sufyân dit : Un autre transmetteur que Amir rapporte que la femme de Kab lui a dit :
-»Il me semble entendre un bruit comme celui de la voix d'un meurtrier».
- «Ne t'en fais pas, lui répondit son mari, c'est Muhammad ibn Maslama, son frère de lait et Abu Nâyla. L'homme généreux répond à l'appel au secours fait de nuit, même si c'était au prix de sa vie».

Muhammad dit à ses compagnons :
-»Quand il viendra, je m'approcherai de lui et lorsque je tiendrai bien sa tête entre mes mains, frappez-le».

Lorsque Kab descendit, en portant son arme, on lui dit :
-»Nous sentons une très belle odeur!»
- «Oui, répondit-il, ma femme est la plus parfumée des femmes arabes».
Muhammad lui dit ensuite :
-»Me permets-tu de sentir?».
- «Oui», répliqua Kab. Après que Muhammad ait senti l'odeur, il lui dit :
-»Me permets-tu de la sentir encore une fois?».

Et comme il disait cela, il tint la tête de Kab entre ses mains en s'écriant à ses compagnons : «Il est à vous!».
Et, ils le tuèrent.

Ensuite, ils lui tranchèrent la tête et l’emportèrent. Quand ils ont atteint Baqi al Gharqad , ils ont prononcé leur tekbir. L’apôtre d'Allah passait la nuit à faire ses prières. Quand il entendit leur tekbir, il dit aussi le sien. Il sut alors qu’ils l’avaient tué. Dès qu’ils arrivèrent auprès de l’apôtre d'Allah, il leur dit:
-Que vos figures soient favorisées!
-La tienne aussi! Ô apôtre d'Allah!
Ils posèrent sa tête devant lui.Il loua  Allah pour ce meurtre.

Au matin, il dit:
-Tuez chaque juif que vous rencontrerez.

Les juifs eurent peur, et plus aucun n’osa sortir ou parler. Ils avaient peur parce qu’ils pouvaient être attaqués brusquement tout comme ibn al Ashraf l’avait été.
(...)
Les juifs furent pris de panique et ils vinrent voir le prophète et dirent:
-Notre chef a été assassiné d’une manière traîtresse.
Le prophète leur rappela ses méfaits et comment il avait comploté contre lui et les avait exhorté à combattre les musulmans, et comment il les avait maltraités. Puis il exigea qu’ils rédigent les termes écrits qui pourraient les lier.

L’apôtre d’Allah a dit: qui veut tuer Kab ibn Al Ashraf, qui a blessé Allah et son apôtre?
Alors Muhammad ibn Maslama dit:
-Ô apôtre d’Allah, veux tu que je le tue?

Le prophète dit:
-oui...
Alors ils le tuèrent et allèrent en informer le prophète.


SOURCE :
Sur le meurtre de Ka'b ibn al-Ashraf ordonné par le Prophète Muhammad (sws). Collectif Sahab-Ed-Dine. Création : 24/08/2010. Mise à jour : 26/08/2010



Mohamed ZEMIRLINE

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