mardi 12 mai 2015

Un ou deux gestes qui ont fait basculer l’histoire



Un ou deux gestes qui ont fait basculer l’histoire

 

Gravure du XVIe siècle par Franz Hogenberg
représentant le massacre de Wassy

Il y a 450 ans, le dimanche 1er mars 1562, le massacre de Wassy fut un de ces gestes qui fit basculer l’histoire, un geste charnière.

Avant cela l’histoire hésite, ouvrant de belles perspectives. En effet, les persécutions contre les protestants ont cessé avec la mort du roi Henri II en 1559 laissant les différents partis en attente d’un roi majeur capable de prendre des décisions. Un homme, le Chancelier Michel de l’Hôpital, un homme de paix. Il est partisan de la liberté confessionnelle et religieuse dans le royaume, et donc partisan de la liberté de conscience et de culte, dans la paix.


 Sous son impulsion, le terme d’«hérétiques» disparaît de la législation royale et les magistrats des parlements se voient fermement rappeler les limites de la loi civile: «Vous êtes juges du pré ou du champ; non de la vie, non des mœurs, non de la religion» (discours de Michel de l’Hôpital pour la majorité du roi Charles IX). Du coup, ce brave homme a sa statue aux pieds de la chambre des députés.

Voici comment l’historien Olivier Christin (ancien directeur d’études à l’EPHE) évoque les mentalités en ce début d’année 1562 :

C’est ce moment où, à l’aube des guerres civiles qui vont déchirer le royaume à partir du printemps 1562, se distinguent deux manières de penser les relations du politique et du religieux, deux façons de concevoir les relations entre les sujets et leur roi, qui me semble fascinant.

Car il dessine l’espace des possibles de la modernité:
* la poursuite à toute force de l’unité religieuse ou l’acceptation de la diversité;
* la confusion du politique et du religieux, qui tient pour évident que les protestants ne seront pas de loyaux sujets, ou la distinction des espaces, qui considère que les Etats ont des fins qui ne sont pas celles des Eglises;
* l’usage de la contrainte ou l’autonomisation de la raison politique.

(Court extrait d’un article publié dans Le Temps http://www.letemps.ch)
Mais en ce premier dimanche de mars 1562, le duc François de Guise part avec un détachement de 200 hommes en expédition contre de 1200 protestants réunis pour le culte dans une grange à Wassy, autour d’un pasteur formé à Genève.

Au cri de « tue, tue, mort-dieu, tue ces huguenots », les protestants de tout âge et sexe sont assassinés à la sortie de l’église, taillés en pièce à l’intérieur, abattus à coup d’arbalète et d’arquebuse quand ils tentent de fuir par les toits, c’est un vrai massacre qui fera horreur aux protestants et à bien des catholiques. Mais ce massacre remplira parfaitement son rôle et les guerres de religions vont ravager le Royaume, susciter d’autres massacres comme celui de la Saint Barthélémy. (Voir cet article du Point du 1er mars 2012 « 1562 : le duc de Guise réduit 60 huguenots en steak tartare. Miam : http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/1er-mars-1562-le-duc-de-guise-reduit-60-huguenots-en-steak-tartare-miam-01-03-2012-1436588_494.php»)

Cette folie ne retombera que 36 ans plus tard avec l’édit de Nantes en 1598, comme si finalement, la voix du bon sens avait pu se faire entendre, ou peut-être la voix de Michel de l’Hopital, ou la voix de l’Evangile et le souffle de l’Esprit parvenant enfin à éveiller quelques uns ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire