Désinformations sur le
prophète
Muhammad (saws) ordonne de tuer
les Banu Qurayza ?
Etude historique critique.
Au Nom de Dieu, Clément et Miséricordieux
« …Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin ! »
Saint-Coran, Sourate 20 Verset 47
« …Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin ! »
Saint-Coran, Sourate 20 Verset 47
Avant de commencer je prononcerai l’invocation de Moise (que la
paix de Dieu soit sur lui) :
«Seigneur, ouvre-moi ma poitrine, et facilite ma mission, et
dénoue un nœud en ma langue, afin qu'ils comprennent mes paroles»
Saint-Coran, Sourate 20 Versets 25 à 28.
SOMMAIRE
-
Le prophète Muhammad (saws)
a-t-il ordonné
que 900 Juifs soient tués ?
Partie I
Du : « Journal de
Il est bien connu qu’à l’avènement de l’Islam, il y avait 3 tribus juives vivants à Yathrib (Médine), ainsi que d’autres villages Juifs plus au nord, les plus importants étaient ceux de Khaybar et Fadak. Il est aussi généralement admis que le prophète Muhammad (paix et bénédiction sur lui) espérait que les Juifs de Yathrib, en tant que pratiquants d’une religion divine, montreraient de la compréhension envers la nouvelle religion monothéiste, Islam.
Cependant, aussitôt que ces tribus réalisèrent que l’Islam était fermement établie et gagnait en force, ils adoptèrent une attitude extrêmement hostile, et le résultat final de cette lutte fut la disparition de ces communautés juives de l’Arabie.
Les biographes du Prophète, suivis par des historiens ultérieurs, nous apprennent que les Banu Qaynuqa [1] et plus tard les Banu al-Nadir [2] provoquèrent les Musulmans, furent assiégés, puis se rendirent et furent autorisés à prendre tous les biens qu’ils pouvaient transporter. Plus tard, Khaybar [3] et Fadak [4] furent évacués.
Selon Ibn Ishaq dans
La
menace la plus sérieuse pour l’Islam échoua et les Banu Qurayda furent assiégés
par le Prophète. Comme les Banu al-Nadir, ils se rendirent, mais contrairement
aux Banu al-Nadir, ils furent soumis à l’arbitrage de Sa’d b. Mu’adh, un membre
de la tribu Aws, alliée des Qurayda.
Il
jugea que les hommes soient mis à mort, et que les femmes et enfants réduits en
esclavage. Ainsi, des tranchées furent creusées à la place du marché de Médine,
et les hommes de Qurayda y furent emmenés en groupes et furent décapités [6]. Les estimations du nombre d’exécutés varient de
400 à 900.
Après examen, les détails de ce récit peuvent être remis en cause. Il peut être démontré que l’assertion selon laquelle 600 ou 800 ou 900 [7] hommes des Banu Qurayda furent tués de sang-froid ne peut être vrai, que c’est une invention ultérieure qui tire ses sources dans les traditions juives.
Après examen, les détails de ce récit peuvent être remis en cause. Il peut être démontré que l’assertion selon laquelle 600 ou 800 ou 900 [7] hommes des Banu Qurayda furent tués de sang-froid ne peut être vrai, que c’est une invention ultérieure qui tire ses sources dans les traditions juives.
En
effet, la source des détails dans les anciens récits de l’histoire juive, peut
être désignée avec une surprenante exactitude.
Les
sources arabes vont être maintenant étudiées, et la contribution des
informateurs Juifs discutée. La crédibilité des détails sera évaluée, et le
prototype des anciens récits Juifs mis en évidence.
Le
travail le plus ancien que nous ayons, avec un grand éventail de détails est la Sira de Ibn Ishaq, sa
biographie du Prophète. C’est aussi la plus longue et la plus citée. Les
historiens ultérieurs l’ont repris, et dans la majorité des cas se fient à lui.
[8]
Mais Ibn Ishaq est mort en 151 après
Généralement
ils abrègent l’histoire, qui ne semble être qu’un évènement de plus à
rapporter. Dans la plupart des cas, leur intérêt s’arrête là. Certains
indiquent qu’ils ne sont pas réellement convaincus, mais ne sont pas préparés à
risquer des ennuis. Une autorité (du hadith), Ibn Hajar, néanmoins, dénonça
cette histoire et les autres en relation en tant que « récits étranges » [9]
Un contemporain d’Ibn Ishaq, Malik [10] le juriste, dénonça Ibn Ishaq comme étant un « menteur » [11] et un « imposteur » [12] pour avoir transmis ce genre d’histoires.
Il faut rappeler que les historiens et auteurs de la biographie du Prophète n’ont pas appliqué les règles strictes des « traditionalistes». Ils ne donnaient pas toujours la chaîne des rapporteurs, chacun devant être validé comme digne de confiance, et certifié comme ayant transmis son rapport directement de son informateur, et ainsi de suite.
L’attitude
envers les détails biographiques et envers les premiers évènements de l’Islam
était beaucoup moins méticuleuse que l’attitude envers les Traditions du
Prophète, ou sur tout matériel relevant de la jurisprudence.
En
effet, le compte-rendu d’Ibn Ishaq du siège de Médina et la chute des Banu
Qurayda, a été rassemblé à partir de divers témoignes de personnes qu’il nomme,
incluant des Musulmans descendants des Juifs de Qurayda. Face à ces récits
tardifs et de sources incertaines, doit être placé la seule source
contemporaine et authentique, le Qur’an. Là, la référence dans la Sourate 33 verset 26 est
très brève :
«
Il fit descendre de leurs forts ceux des Gens du Livre qui les aidèrent [les
Qurayshites]. Vous tuâtes certains, et vous emprisonnâtes certains »
Il
n’y a aucune référence de leur nombre.
Ibn Ishaq identifie ses sources directes lorsqu’il commence le chapitre du siège de Médina. Ils étaient : un client de la famille de al-Zubayr, et d’autres qu’il « ne suspectait pas ». Ils racontèrent des partis de l’histoire sous l’autorité de Abdullah b. Ka'b b. Malik, al Zuhri, 'Asim b. 'Umar b. Qatada, 'Abdullab b. Abi Bakr, Muhammad b. Ka'b de Qurayza, et « d’autres parmi les hommes de savoir».
Chacun contribua à l’histoire, ainsi la version de Ibn Ishaq est l’assemblage de tous les rapports collectés. Plus loin, Ibn Ishaq cite un autre descendant de Qurayda, Atiyya [13] qui fut épargné, puis un certain descendant de al-Zabir b. Bata, un membre influent de Qurayda qui figure dans la narration.
Le récit commence par une description des efforts des leaders des Juifs pour organiser une alliance avec les forces ennemis contre les Musulmans. Parmi les leaders nommés, trois des Banu al-Nadir et deux des Wa’il (une autre tribu juive) ; avec d’autres membres dont le nom n’est pas donné.
Ayant persuadé les voisins Bédouins de Ghatafan, Murra, Fazara, Sulaym et Ashja, de prendre les armes, ils se dirigent vers Mecca où ils arrivent à persuader les Quraysh. Ayant rassemblé une force d’assaut, un des leaders de Nadir, Huyayy b. Akhtab, réussi à convaincre la troisième tribu de Médina, les Banu Qurayda, et contre l’avis de leur leader, Ka’b b. Asad, de trahir le Prophète, dans l’espoir, présenté comme une certitude, que les Musulmans ne tiendraient pas face à des forces combinées, et que les Qurayda et les autres Juifs restaureraient leur suprématie et leur indépendance.
Le
siège de Médina échoua, et les tribus juives souffrirent des conséquences de
leur participation dans l’opération. L’attitude des érudits et historiens à
propos de la version de Ibn Ishaq était soit celle de suffisance, des fois
empreinte de doute, et dans au moins deux cas importants, de condamnation et de
rejet catégorique.
L’attitude complaisante était celle d’accepter la biographie du Prophète et des récits des campagnes, sans l’attention méticuleuse ou l’utilisation de critères drastiques dont firent preuve les rapporteurs des traditions ou que les juristes les utilisèrent.
Il n’était pas nécessaire de vérifier la véracité des rapporteurs lors de la transmission de récits de la vie du Prophète. [14] Il n’était pas essentiel de fournir une chaîne continue de rapporteurs ni même de citer les rapporteurs. C’est évident dansla Sira de Ibn Ishaq.
L’attitude complaisante était celle d’accepter la biographie du Prophète et des récits des campagnes, sans l’attention méticuleuse ou l’utilisation de critères drastiques dont firent preuve les rapporteurs des traditions ou que les juristes les utilisèrent.
Il n’était pas nécessaire de vérifier la véracité des rapporteurs lors de la transmission de récits de la vie du Prophète. [14] Il n’était pas essentiel de fournir une chaîne continue de rapporteurs ni même de citer les rapporteurs. C’est évident dans
D’un
autre coté, un rapporteur fiable et une chaîne de transmission continue étaient
nécessaires en ce qui concernait les lois. C’est pour cela que le juriste Malik
ne portait aucune considération à Ibn Ishaq. [15]
On peut se rendre compte que les historiens ultérieurs et même les exégètes répètent mot pour mot le récit de Ibn Ishaq, ou abrègent toute l’histoire. Les historiens l’ont repris avec froideur. Même Tabari, 150 ans après Ibn Ishaq, ne cherche même pas à trouver d’autres versions de l’histoire, alors qu’il le faisait d’habitude.
Il sème le doute par l’utilisation de ces mots « Waqidi assura [ za’ama ] que le Prophète ordonna que des tranchées soient creusées ». Ibn al-Qayyim dans zad al-ma’ad y fait brièvement référence et ignore la question cruciale du nombre.
Même Ibn al-Kathir semble avoir des doutes car il va jusqu’à déclarer que le récit est transmis par « un bon rapporteur » comme celui de A’isha. [16]
À part la complaisance ou l’acceptation douteuse de l’histoire en elle-même, Ibn Ishaq en tant qu’auteur, fut la cible d’attaques dévastatrices de la part d’érudits, contemporains ou ultérieurs, sur deux points particuliers.
L’un
d’eux était le fait d’inclure dans la
Sira des poèmes faux ou inventés [17],
et l’autre était le fait d’accepter sans aucune critique des histoires telles
que le massacre de Banu Qurayda.
Son
contemporain, l’un des premiers traditionalistes et juriste Malik, le traita
sans équivoque de « menteur » et « d’imposteur » [18],
« qui transmet ses histoires des Juifs ». [19]
En
d’autres termes, appliquant ses propres critères, Malik contesta la véracité
des sources de Ibn Ishaq et rejeta son approche. En effet, ni la liste des
informateurs de Ibn Ishaq ni ses méthodes de collecte et d’assemblage d’une
telle histoire n’est acceptable pour le juriste Malik.
Plus tard, Ibn Hajar expliqua le pourquoi de la condamnation de Ibn Ishaq par Malik. Malik, disait-il, [20] condamne Ibn Ishaq car il alla chercher des descendants des Juifs de Médina pour obtenir les récits des campagnes du Prophète, qu’ils tenaient eux-mêmes de leurs prédécesseurs.
Ibn Hajar [21] rejeta ensuite les récits en question avec ces termes virulents :
« Ces
récits étranges comme l’histoire des Qurayda et al-Nadir ». Rien ne pouvait
être plus négatif que ce rejet complet.
Face
aux sources tardives et incertaines d’un coté, et la condamnation par les
autorités (des hadiths) de l’autre, on doit utiliser la seule source
contemporaine authentique, le Qur’an.
Là,
la référence dans la Sourate
33 verset 26 est très brève :
«
Il fit descendre de leurs forts ceux des Gens du Livre qui les aidèrent [les
Qurayshites]. Vous tuâtes certains, et vous emprisonnâtes certains »
Les exégètes et traditionalistes ne font que répéter l’histoire d’Ibn Ishaq, mais dans le Qur’an, la référence ne peut être que pour ceux qui ont pris part au combat. C’est la description d’une bataille. Cela concerne ceux qui ont combattu.
Certains furent tués, d’autres furent fait prisonniers. On peut penser que s’il y avait eu 600 ou 900 personnes tuées de cette manière, la signification de l’évènement aurait pu être plus grande. Il y aurait eu une référence claire dans le Qur’an, une conclusion à en tirer, et une leçon à retenir. Mais lorsque seul les leaders coupables sont exécutés, il est normal de s’attendre à une référence brève.
En ce qui concerne les sources, elles n’étaient ni désintéressées ni fiable, et le récit était très tardif.
Maintenant,
en ce qui concerne l’histoire, les raisons de la rejeter sont les suivantes :
1: Comme démontré ci-dessus, la référence dans le Qur’an est extrêmement brève, et il n’y a aucune indication de l’exécution d’un grand nombre (de personnes). Dans le contexte d’une bataille, la référence est pour ceux qui se battaient. Le Qur’an est la seule autorité que l’historien acceptera sans hésitation ni doute. C’est un texte contemporain, et pour des raisons logiques, ce que nous avons est la version authentique.
2: La règle en Islam est de punir seulement ceux qui sont responsables de la sédition.
3: Tuer un aussi grand nombre (de personnes) est diamétralement opposé au sens Islamique de justice, et aux principes de base établit par le Qur’an, notamment le verset « Aucune âme ne portera le fardeau d’une autre » [22]. Il est évident dans le récit que les leaders étaient connus et dénombrés. Ils étaient nommés.
4: C’est aussi contre la règle coranique concernant les prisonniers de guerre, qui doivent soit être rançonnés soit être libérés. [23]
5: Il est peu probable que les Banu Qurayda soient massacrés alors que les autres tribus juives qui se rendirent avant les Banu Qurayda et après eux aient été traitées avec compassion et autorisées à partir. En effet, Abu Ubayd b. Sallam relate dans son livre Kitab al-Amwal [24] que lorsque Khaybar tomba aux mains des Musulmans, il y avait là une famille qui s’était particulièrement distinguée par ses insultes envers le Prophète. Pourtant, à ce moment le Prophète s’adressa à eux sur un ton de réprimande : « Fils d'Abu al-Huqayq, j’ai sus l’étendue de votre hostilité envers Dieu et Son Apôtre, mais cela ne m’empêche pas de vous traiter comme j’ai traité vos frères. » C’était après la reddition des Banu Qurayda.
6: Si réellement autant de centaines de personnes avaient été mises à mort sur la place du marché, et des tranchées creusées pour l’opération, il est très étrange qu’il n’y ait aucune trace nulle part, pas de signes ni d’indication de la place, et aucune marque de référence visible. [25]
7: Si le massacre avait réellement eu lieu, les juristes l’auraient adopté comme précédent. En fait, c’est exactement le contraire qui s’est passé. L’attitude des juristes, et leurs dirigeants, était plutôt en accord avec le verset coranique
«
Aucune âme ne portera le fardeau d’une autre ».
En
effet, Abu Ubayd. B. Sallam relate un incident très significatif dans son livre
Kitab al-Amwal [26], qui est, il faut le
préciser, un livre de jurisprudence et non pas une Sira ou une biographie. Il
nous dit qu’au temps de l’Imam al-Awza’i [27],
il y eut un cas d’un trouble parmi un groupe des Gens du Livre au Liban, quand
Abdullah b. Ali était gouverneur régional. Il mit fin à la sédition et ordonna
l’expulsion de la communauté. Al-Awza’i en tant que plus important juriste fit
immédiatement objection. Son argument fut que l’incident n’était pas le
résultat d’un accord unanime de la communauté. « Autant que je le sache, ce
n’est pas une loi de Dieu que Dieu punisse la majorité pour les fautes de la
minorité mais plutôt punisse la minorité pour les fautes de la majorité. »
Maintenant, si l’Imam al-Awza’i avait accepté le massacre des Banu Qurayda, il
l’aurait traité comme précédent, et n’aurait pas argumenté contre l’autorité en
place, à savoir Abdullah b. Ali.
Al-Awza’i,
il faut le rappeler, était un jeune contemporain de Ibn Ishaq.
8: Dans le récit des Qurayda, des personnes sont nommément désignées en tant qu’exécutés, certains étaient décrits comme étant particulièrement actifs dans leur hostilité. Il est raisonnable d’en conclure que ceux-ci étaient les responsables de la sédition et ont donc été punis - pas toute la tribu.
9: Les détails donnés dans le récit impliquent nécessairement une connaissance interne, donc parmi les Juifs eux-mêmes. Comme les détails de leur discussion quand ils étaient assiégés, le sermon de Ka’b b. Asad en tant que leader, et la suggestion de tuer les femmes et les enfants pour ensuite faire une dernière attaque désespérée contre les Musulmans.
10: Comme les descendants des Qurayda auraient voulu glorifier leurs ancêtres, les descendants des Médinois en rapport avec l’évènement firent de même. On peut noter que la partie de l’histoire concernant le jugement de Sa’d b. Mu’adh contre les Qurayda, fut transmis par un de ses descendants directs. Selon cette partie du récit, le Prophète aurait dit à Mu’adh : « Tu as prononcé sur eux le Jugement de Dieu [comme inspiré] entre Sept Voiles. » [28] Il est bien connu que pour glorifier leurs ancêtres ou blanchir ceux qui étaient au début inamicaux envers l’Islam, beaucoup d’histoires furent inventés par les générations ultérieures et beaucoup de versets (poétiques) furent inventés, la plupart étant transmis par Ibn Ishaq. Le récit et la déclaration concernant Sa’d font partis de ce genre de détails.
11: D’autres détails sont durs à accepter. Comment autant de personnes ont pu être emprisonnées dans la maison d’une femme de Banu al-Najjar ? [29]
12: L’histoire des tribus juives après l’établissement de l’Islam n’est pas du tout claire. L’idée que tous Juifs s’exilèrent semble avoir besoin d’être révisée, comme le on peut le constater lors de l’examen des sources. Par exemple, dans Jamharat al-Ansab, [30] Ibn Hazm fait référence occasionnellement à des Juifs vivant encore à Médina. A deux endroits, al-Waqidi, [31] mentionne des Juifs qui vivaient encore à Médina lorsque le Prophète préparait la marche contre Khaybar - après la supposée liquidation des trois tribus, incluant celle de Qurayda -. Dans un cas 10 Juifs Médinois se joignirent au Prophète dans l’expédition contre Khaybar, et dans un autre des Juifs en paix avec lui à Médina étaient très inquiets de l’attaque contre Khaybar. Al-Waquidi explique que ces Juifs essayaient d’empêcher le départ des Musulmans qui leurs devaient de l’argent.
En effet, Ibn Kathir [32] prend la peine d’indiquer que Umar ne renvoya de Khaybar que les Juifs qui n’avaient pas fait la paix avec le Prophète. Ibn Kathir explique ensuite que bien plus tard, après 300 après
Ainsi, la source de ce récit inacceptable du massacre venait des descendants des Juifs de Médina, desquels Ibn Ishaq prit ces « récits étranges ». Pour avoir fait cela, Ibn Ishaq fut sévèrement critiqué par d’autres érudits et historiens, et fut traité d’imposteur par Malik.
Les sources de ce récit sont alors extrêmement douteuses et les détails diamétralement opposées à l’esprit de l’Islam et les règles du Qur’an pour que le récit soit crédible. Des narrateurs crédibles manquent, et les preuves circonstancielles ne le valident pas. Ce qui veut dire que le récit est plus que douteux.
Néanmoins, le récit, à mon avis, tire ses origines de récits antérieurs. Il peut être démontré qu’il reproduit des récits similaires issus des témoignages des Juifs survivants de la rébellion contre les Romains, qui se termina par la destruction du Temple en l’an 73, la nuit où les assiégés Juifs Zélotes et Sicaires de la forteresse de Massada furent liquidés.
Le récit de leur expérience se transmit naturellement par les Juifs survivants qui avaient fuit au sud. En effet, une des théories les plus plausibles sur l’origine des Juifs de Médina, est qu’ils venaient après les guerres juives. C’était la théorie préférée par le Professeur Guillaume. [33]
Il est bien connu que la source des détails des guerres juives est Flavius Josephus, lui-même Juif et témoin contemporain qui était en fonction sous les Romains, qui désapprouvait certaines actions commises par les rebelles, mais qui ne cessa jamais d’être Juif de cœur. C’est dans ses écrits que nous lisons des détails similaires à ceux transmis dans
1: Selon Josephus, [34] Alexandre, qui régna sur Jérusalem avant Hérode le Grand, fit crucifier 800 captifs Juifs, et massacra leurs femmes et enfants devant leurs yeux.
2: De la même manière, un grand nombre fut tué par d’autres
3: Les détails importants des deux récits sont remarquablement similaires, particulièrement le nombre de tués. A Massada, le nombre de ceux qui sont morts était de 960. [35] L’estimation des impétueux Sicarii qui furent tués était de 600. [36] Nous lisons aussi que quand ils commencèrent à désespérer, leur leader Eleazar s’adressa à eux (comme Ka’b b. Asad s’adressa aux Qurayda) [37] et suggéra de tuer les femmes et les enfants. Et lorsque le désespoir total fut atteint, s’entretuer jusqu’au dernier fut proposé. La similarité des détails est absolument remarquable. Pas seulement la suggestion du suicide de masse mais aussi le nombre de tués sont les mêmes. Même les noms sont les mêmes dans les deux récits. Il y a Phineas, et Azar b. Azar, [38] tout comme Eleazar qui s’adressa aux Juifs assiégés de Massada.
Il y a en effet plus qu’une similarité fortuite. Ici nous avons le prototype – en effet, je suggèrerait plutôt l’origine du récit des Banu Qurayda, préservée par les descendants des Juifs qui avaient fuis vers le sud de l’Arabie après les guerres juives, comme Josephus avait consigné la même histoire pour le monde classique. Une génération postérieure aura superposé les détails du siège de Massada sur celui de Qurayda, peut-être en confondant les traditions de leur lointain passé avec celles d’un passé plus récent. Ce mélange donna le récit de Ibn Ishaq. Quand les historiens Musulmans l’ignorèrent ou la transmirent sans commentaire ou par manque d’intérêt, ils ne firent qu’exprimer leur manque d’enthousiasme face à cet étrange récit, comme l’avait appelé Ibn Hajar.
Un dernier point. Depuis que ce qui précède a été écrit, j’ai vu des comptes-rendus [39] d’un article en août 1973 au Congrès Mondial des Etudes Juives écrit par le Docteur Trude Weiss-Rosmarin, dans lequelle elle remet en cause l’assertion de Josephus selon laquelle les 960 Juifs assiégés de Massada se suicidèrent. C’est extrêmement intéressant car dans le récit des Banu Qurayda, les 960 et quelques Juifs refusèrent de se suicider. Qui sait, peut-être que l’histoire des Banu Qurayda est une version plus précise de la version originale.
Notes et références :
[1] Ibn Ishaq, Sira [ed. Wustenfeld, Gottingen, 1860] , 545-7; [ed. Saqqa et al., Caire, 1955] , II, 47-9. Voir aussi al-Waqidi, Kitab al-Maghazi [ed. M. Jones, Londre, 1966] , II, 440 ff.; Suhayl, al-Rawd al-Unuf [Caire, 1914] , I, 187 et passim; Ibn Kathir, al-Sira al-Nabawiya [ed. Mustafa `Abd al-Wahid, Caire,
[2] Sira, 545-56, 652-61 / II, 51-7, 190-202; Ibn Kathir,
oop. cit., III, 145 ff.
[3] Sira, 755-76, 779 / II, 328-53, 356, etc. Plus de détails sur Khaybar en bas
[4] ibid., 776 / II, 353-4.
[5] ibid., 668-84 / II, 214-33.
[6] ibid., 684-700 / II, 233-54.
[7] ibid., 689 / II, 240; `Uyun al-athar [Caire,1356 A .H.]
, II, 73; Ibn Kathir, II, 239.
[8] Dans son introduction à Uyun al-Atar, Ibn Sayyid al-Nas [mort en734 A .H.],
ayant expliqué son plan pour une biographie du Prophète, dit expressément que
sa source principale est Ibn Ishaq, qui était en effet la source principale de
tous le monde.
[3] Sira, 755-76, 779 / II, 328-53, 356, etc. Plus de détails sur Khaybar en bas
[4] ibid., 776 / II, 353-4.
[5] ibid., 668-84 / II, 214-33.
[6] ibid., 684-700 / II, 233-54.
[7] ibid., 689 / II, 240; `Uyun al-athar [Caire,
[8] Dans son introduction à Uyun al-Atar, Ibn Sayyid al-Nas [mort en
[9] Tahdhib al-Tahdhib, IX 45. Voir aussi Uyun al-Aytar,
I, 17, où l’auteur utilize les même termes, sans donner de référence, dans son
introduction sur la véracité d’Ibn ishaq et les critères appliqués.
[10] d. 179.
[11] Uyun al-athar, I, 12.
[12] ibid, I, 16.
[13] Sira, 691-2 / II, 24 2, 244; `Uyun al-athar, II, 74, 75.
[14] Ibn Sayyid al-Nas [op.
cit., I, 121] met précisément ce point en relation avec l’histoire des Banu
Quynuqa et les faux versets supposés apparaître dans la Sourate 53 du Qur’an et
qui fut utilisé à l’époque par les polythéistes Mecquois comme une
reconnaissance de leurs divinités. L’auteur explique comment différents érudits
ont disposé du problème, et ensuite résume en déclarant que d’après lui, cette
histoire doit être traitée de la même manière que les histoires des maghazi et
les récits de la Sira
[ne pas leur accorder une acceptation non critique]. La plupart des érudits,
déclare t’il, traitent généralement ces questions de moindre importance de
façon plus libérale et n’importe quelle affaire ne concernant pas un point de
la loi, comme les récits des maghazi et autres rapports similaires. Dans ces
cas là, les données sont acceptées alors qu’elles ne le seraient pas si elles
concernaient la définition de ce qui est licite ou illicite.
[15] Voir point 18 plus bas
[15] Voir point 18 plus bas
[16] Tabari, Tarikh, I, 1499
[où la référence est à al-Waqidi, Maghazi, II, 513]; Zad al-Ma‘ad [ed. T.A.
Taha, Caire, 1970], II, 82 ; Ibn Kathir, op. cit., IV, 118.
[17] Sur ce point, voir W. Arafat, « Premières critiques des poésies dela Sira
», BSOAS, XXI, 3, 1958, 453-63.
[17] Sur ce point, voir W. Arafat, « Premières critiques des poésies de
[18] Kadhdhab and Dajjal min
al-dajajila.
[19] Uyun al-athar, I, 16-7.
Dans sa précieuse introduction, Ibn Sayyid al-Nas fourni une enquête détaillée
des controverses sur Ibn Ishaq. Dans son introduction complète à l’édition
Gottingen de la Sira ,
Wustenfeld se réfère beaucoup à Ibn Sayyid al-Nas.
[20] Tahdhib al-Tahdhib, IX,
45. Voir aussi `Uyun al-athar, I, 16-7.
[21] ibid.
[22] Qur'an, s. 35, 18.
[23] Qur'an, s. 41, 4.
[24] ed. Khalil Muhammad
Harras, Caire, 1388 / 1968, 241.
[25] Significativement, il y
a peu ou pas d'informations dans les dictionnaires géographiques généraux ou
spéciaux, comme al-Bakri's, Mu`jam ma'sta`jam; al-Fairuzabadi's al-Maghanim
al-mutaba fi ma`alim taba [ed. Hamad al-Jasir, Dar al-Yamama, 1389 / 1969] ;
Six traités [Rasa'il fi tarikh al-Madina, ed. Hamad al-Jasir, Dar al-Yamama,
1392 / 1972] ; al-Samhudi, Wafa' al-wafa' bi-akhbar dar al-Mustafa [Caire,
1326], etc.
Même
al-Samhudi ne semble prendre la mention de la place du marché que comme une
simple référence historique, dans sa grande topographie de Médina, il identifie
la place du marché (p. 544) de façon quasi superficielle, lorsqu’il explique le
changement de nomenclature qui remplaça les points de repère adjacents. Cette
place du marché, dit-il, est celle citée dans l’histoire (sic) où le Prophète
fit amener les prisonniers de Banu Qurayda à la place du marché de Médina, etc.
[26] p. 247, j’ai une dette
envers mon ami le Professeur Mahmud Ghul de l’Université Américaine de
Beyrouth, pour avoir porté à mon attention cette référence.
[27] d. 157/774. Voir EI, sub nomine
[28] Sira, 689 / II, 240; al-Waqidi, op. cit., 512.
[29] Sira, 689 / II, 240; Ibn Kathir, op. cit., III, 238.
[30] e.g., Nasab Quraysh [ed. A. S. Harun, Caire, 1962], 340.
[31] op. cit., II, 634, 684.
[32] op. cit., III, 415.
[33] A. Guillaume, Islam [Harmondsworth, 1956], 10-11.
[34] De bello Judaico, I, 4, 6.
[35] ibid., VII, 9, 1.
[36] ibid., VII, 10, 1
[37] Sira, 685-6 / II, 23 5-6.
[38] Sira, 352, 396 / I, 514, 567.
[39] The Times,18 août 1973 ; et The Guardian, 20 août 1973
[28] Sira, 689 / II, 240; al-Waqidi, op. cit., 512.
[29] Sira, 689 / II, 240; Ibn Kathir, op. cit., III, 238.
[30] e.g., Nasab Quraysh [ed. A. S. Harun, Caire, 1962], 340.
[31] op. cit., II, 634, 684.
[32] op. cit., III, 415.
[33] A. Guillaume, Islam [Harmondsworth, 1956], 10-11.
[34] De bello Judaico, I, 4, 6.
[35] ibid., VII, 9, 1.
[36] ibid., VII, 10, 1
[37] Sira, 685-
[38] Sira, 352, 396 / I, 514, 567.
[39] The Times,
Compléments :
http://www1.umn.edu/humanrts/arab/IS-1.html
SOURCE
http://www.jews-for-allah.org/jewish-mythson-islam/muhammad_900_jews_notkilled.htm
SOURCE
Collectif Sahab Ed-Dine.
Création : 14/03/2010.
Mise à jour : 19/08/2010
http://blog.decouvrirlislam.net/Home/islam/Le-prophte-Muhammad/desinformations-sur-le-prophete-saws
-
Le prophète Muhammad (saws)
a-t-il ordonné
que 900 Juifs soient tués ?
Partie II
1. Introduction
Les détracteurs de l’Islam et les
missionnaires chrétiens en particulier prétendent que "Mahomet a fait tuer plus de 900 Juifs
de sang froid et c’était un assoiffé de sang".
Cette histoire a fait couler beaucoup
d’encre et on peut raisonnablement dire que les détracteurs ne sont pas
objectifs (ou totalement ignorants) en citant l'histoire de
cette manière.
Cet article est dans la continuité du
précédent (cf. l'article Muhammad (saws) ordonne de tuer les Banu Qurayza ? Etude
historique critique (partie I)). On se propose ici d’accepter les
faits sans esprit critique et de réfuter cette fois-ci les détracteurs par les
sources qu’ils aiment tant utiliser.
2. Synthèse des faits
Cet événement remonte à l’an 5 de
l’Hégire (627 de l’ère chrétienne) et il se produisit lors de
la « Bataille des Coalisés » ou « des Confédérés ».
[cf. Ibn Sa'd, At-Tabaqat 3/74 ; Ibn Hishâm, al Sirâ 3/715; At-Tabari, Tarikh
al Rassoul 3/593; Ibn Sayyid al Nas, Uyun al Athar, 3/68]. Il serait bon de
restituer les faits dans leur cadre historique.
1 – Les polythéistes de la Péninsule ont prit
l’initiative d’attaquer Médine et d’exterminer tous les musulmans. Les forces
coalisées comptaient 12 000 hommes armés tandis que les forces musulmanes
comptaient 3 000 hommes armés.
2 – Les Coalisés se sont retrouvés dans
l’incapacité de prendre la ville de Médine en raison des tranchées creusées à
cet égard tout autour de la ville par les musulmans. Cette méthode était alors
inconnue des arabes et c’est le compagnon Salman Al-Farissî (raa)
qui l’a suggéra au Prophète (sws). En effet, celui-ci lui dit : « Oh Envoyé de Dieu, lorsqu’en Perse nous
craignions une attaque d’une cavalerie, nous creusions une tranchée autour de
la ville. Creusons donc une tranchée autour de nous. » [cf. Ibn Hishâm]
3 – Enragés de ne pas pouvoir prendre
d’assaut la ville, les coalisés jouèrent la diplomatie avec les Juifs de Banû
Qurayza. L’entente était la suivante : les polythéistes attaqueraient les
musulmans de l’extérieur de la ville et les Juifs les attaqueraient de
l’intérieur. Se faisant, les Juifs rompèrent le Pacte de non-agression qui les
liait aux musulmans.
4 – Après la conclusion de ce Pacte avec
les Quraychites, les Juifs coupèrent les vivres des musulmans de la ville de
Médine afin de les affamer. L’attaque finale contre les musulmans ne devait
plus tarder.
5- Devant cette situation totalement
catastrophique, apparut Nu’aim Ibn Mas’oud (raa) qui avait
caché sa conversion à l’Islam aux polythéistes. Il demanda au Prophète (sws) ce
qu’il devait faire. Ce dernier lui autorisa de ruser pour semer la zizanie dans
le camp ennemi afin d'éloigner les agresseurs qui cernaient les musulmans de
toute part.
6 – Nu’aim Ibn Mas’oud (raa)
joua donc la carte de la diplomatie en faisant croire aux Coalisés que les
Juifs les avaient trahi et qu'ils regrettaient d'avoir rompu leur pacte avec
Muhammad (sws). En outre, ils demanderaient des otages arabes aux Coalisés afin
de garantir leur coopération avec eux, mais qu'en réalité, ils comptaient les
livrer au Prophète (sws) pour lui prouver qu’ils n’avaient pas trahi le Pacte
de Médine.
Dans le même temps, il fit croire aux
Juifs que les Coalisés doutaient de leur sincérité et que de toute façon au
moindre problème, ils lèveraient le siège et les laisseraient seuls face à
Muhammad (sws). Pour cela, il leur suggéra de demander des otages aux Coalisés
en guise de confiance.
7 - A leur rencontre pour les préparatifs
militaires contre les musulmans, les Coalisés et les Juifs se rendirent compte
que chacun demandait ce que Nu’aim (raa) leur avait suggéré,
la confiance entre les deux parties ne régnaient plus, ce qui fit voler en
éclat le pacte.
8 - Un vent violent et glacial eut raison
des dernières velléités des Coalisés à l'encontre de Médine.
8 - Le siège de la ville de Médine est
levé après plus d’une vingtaine de jours.
[25 jours selon Ibn Ishâq ;
21 jours selon al-Waqidî cf. Muhammad Redha, Muhammad
le Messager de Dieu, traduit de l’arabe par Hamza Lamine Yahiaoui,
éditions Al-Maktaba al-’Asriyya, Saidâ / Beyrouth, 2009, p.652].
9 – Après la levée du siège, les musulmans
décidèrent d’attaquer les forts des Juifs qui se trouvaient près de la ville
afin de leur faire payer leur traitrise lors du siège de la ville de Médine.
10 - Ka’b ibn Asad, un
juif, proposa 3 solutions aux siens :
A/ La conversion à l’Islam
B/ Qu’ils tuent eux-mêmes leurs femmes et
enfants pour aller ensuite combattre les musulmans (ceci afin qu’ils ne
leur restent plus aucunes attaches en ce monde)
C/ Qu’ils attaquent les musulmans un jour
impensable, le jour du Shabbat afin que les musulmans soient prit par surprise
Cependant, ils n'acceptèrent aucune des
trois conditions proposées.
11 – Les Juifs se rendirent à la seule
condition que Sa’d Ibn Mu’adh juge leur contentieux avec le
Prophète (sws), ce que ce dernier accepta.
12 – Sa’d Ibn Mu'adh (et
non le Prophète (sws) !) appliqua la
Loi de la
Thora et décida de mettre à mort tous les mâles en âge de
prendre les armes (cf. Deutéronome 20, 10-14).
13 – Le nombre de tués varie entre 400 et
900 selon les sources.
Voilà pour la synthèse des faits.
3. Précisions sur l’histoire
3.1 Y'a-t-il des preuves de la trahison des
Juifs ?
Huyayy ibn Akhtab al Nadari, des Banû Nadhir, incita les Juifs de
Banû Qurayza et notamment l'un de leurs leaders Ka'ab ibn Sa'd, à
violer leur Pacte, leur faisant miroiter une occasion inespérée de se
débarrasser du Prophète (sws). Cette situation est intervenue à un moment
critique pour les musulmans, assiégés par 10,000 combattants arabes païens,
principalement des Qurayshites et des Ghatafân.
Les Banû Qurayza acceptèrent et convinrent
de prendre à revers les musulmans déjà occupés à faire face aux coalisés. Il
est rapporté que le Prophète (sws) envoya Az-Zubayr ibn al-'Awwam (raa) [Al-Bukhârî,
al Sahih, 3/306; Muslim, al Sahih, 7/138] pour enquêter au sujet de
l'attitude des Banû Qurayza, puis il envoya ensuite Sa'd ibn Mu'adh, Sa'd
ibn 'Ubadah, Abd Allah ibn Rawahah and Khawwat ibn Jubayr [Ibn
Hisham, al Sirâ, 3/706] pour vérifier la rumeur disant que les Banû
Qurayza rompirent leur Pacte et les quatre confirmèrent, ce qui désola les
musulmans et abaissa leur moral.
3.2 Qui a ordonné
l'exécution de la tribu juive ?
Les détracteurs de l’Islam insistent sur
le fait que c’est le Prophète (sws) qui ordonna cette mise à mort, or selon les
propres sources qu’ils utilisent ce n’est pas le Prophète (sws) qui l’ordonna
mais Sa’d Ibn Mou’adh comme nous pouvons le voir :
"Point n°1350/47 : […] à propos des Banû Quraizah, qui devaient synchroniser
leur attaque de derrière quand l’envahisseur principal lancerait son assaut
contre les Musulmans de front. La contre-offensive du Prophète (sws), également
diplomatique, l’emporta et les Mecquois et leurs alliés se retirèrent
calmement. Après leur départ, les Banû Quraizah durent payer pour leur trahison. Quand
ils capitulèrent après un siège, le
Prophète (sws) concéda que leur sort serait décidé par un arbitre choisi par
eux-mêmes."
Muhammad
Hamidullah, Le Prophète de
l'Islam, El-Najah,
6ème édition, 1998, tome II.
Le Prophète (sws) dit selon le récit d’at-Tabari :
« Je m’en remet de
votre sort à la décision de votre chef Sa’d ibn Mu’adh ». Les juifs dirent : « Nous aussi, nous nous en remettons à lui » [Chroniques
d'At-Tabarî p.545].
Rappelons aussi que ce sont les juifs qui
choisirent leur arbitre qui sera celui qui donnera la décision finale, à
savoir Sa’d ibn Mu’adh. D’autres récits avancent que c’est le
Prophète (sws) qui choisit comme juge Sa’d.
3.3 Selon quelle loi a été jugée l'affaire ?
Sa'd Ibn Mu'adh a jugé selon la Thora. Cette peine
est contenue dans le Pentateuque, en effet, nous lisons :
"Quand tu t'approcheras d'une ville
pour l'attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t'ouvre ses
portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n'accepte pas la paix avec toi
et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura
livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les
enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes
ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés." (Deutéronome, 20 :10-14)
La peine de morts n'a concerné que ceux
qui étaient en âge de prendre les armes. Les enfants et les femmes ont été
épargnés. Il est très étrange que les juifs ou les chrétiens reprochent aux
musulmans d’avoir pratiqué ce massacre (bien que les récits sont forts
douteux comme il a été démontré dans la partie I, voir à rejeter catégoriquement),
alors que leur Dieu commanda cette même ordonnance dans leur sainte-Bible, la Parole de Dieu selon eux (Voir Les versets de l'épée de la Bible).
C'est d'ailleurs parce que leur sort fut
décidé en vertu de leurs lois religieuses que l'un des chefs juifs, Huyayy
ibn Akhtab al Nadari, lors de ces derniers instants se tourna vers le
Prophète et lui dit : Par Dieu ! Je n'ai pas de regrets de m'être opposé à toi, mais le
fait est que quiconque tente de tromper Dieu est finalement trompé lui-même [cf. Ibn Hichâm]. Puis, il se
retourna vers les siens et leur dit : Ô vous les gens ! il n'y a pas de mal dans
l'application des lois de Dieu, Ceci était la directive de Dieu, ça a été
décidé, c'est un châtiment que Dieu a prévu pour les enfants d'Israël. [cf. Ibn Hichâm] Confirmant ainsi que la loi a été
tirée de la Thora
des Juifs.
Le professeur Hamidullah (rahimulah) résume
bien l'histoire de cette manière :
"Point 956 : Wensinck (*) exprime bien ce qu’aurait fait n’importe qui, même
chez les peuples les plus civilisés, lorsqu’il met ainsi en relief la situation : « Le Prophète avait traité avec les
Banu’n-Nadîr avec indulgence, mais ils provoquèrent le terrible siège du fossé ; c’était courir de trop grands risques que de pardonner cette
fois-ci aux Banû Quraizah ». Il y a tout lieu de croire que si les
Quraizah s’étaient rendus inconditionnellement, le Prophète (sws) se serait
contenté de les éloigner de Médine ; car il
avait déjà agit ainsi envers les Juifs des Banu’n-Nadîr, qui avait pourtant
préparé un attentat contre sa propre vie. Mais, comme nous l’assure Ibn Hicham
(**), ils capitulèrent à condition que le Prophète (sws) acceptât l’arbitrage
de Sa’d ibn Mu’adh (***), un Musulman ausite, leur allié. Ils pensaient
évidemment au comportement du Khazrajite ‘Abdallâh ibn Ubaiy, qui avait déjà
vigoureusement intercédé en faveur de ses alliés des Juifs de Qainuqâ’. Le
Prophète (sws) consentit à cet arbitrage. Sa’d étant hospitalisé depuis quelque
temps à cause des blessures qu’il avait reçues pendant la guerre du Fossé, le
Prophète Muhammad (sws) n’avait pas pu lui parler depuis plusieurs semaines.
Transporté de l’ « hôpital
militaire » sur un âne, il se rendit devant le
Prophète (sws) ; il demanda d’abord aux membres de sa
propre tribu s’ils acceptaient tout ce qu’il déciderait. Ils y consentirent.
Ensuite il pose la même question au Prophète (sws) ; celui-ci aussi répondit affirmativement. L’arbitre décida que la loi juive du
Pentateuque même (Deutéronome, XX, 10-14 en l’occurrence), serait appliquée à
ces Juifs.[...]"
* Cf. Wensinck, dans Der Islam, II,
289. Pour la guerre des Quraizah en général, voir mon Battelfields, 206-208
** Ibn Hichâm, p. 689, II, 16-7 : cf.
Tabarî, I, 1487 : Ibn Sa’d, 2/I, p.53-4
*** Ibn Hanbal, VI, 142 : Bukhârî,
63/12/4 ; Halabîyab, II, 119
3.4 Comment furent traités les prisonniers ?
Les femmes et les enfants furent confiés à
l’ancien Rabbin ‘Abdallah ibn Salam, converti à l'Islam.
D’autres sources disent qu’ils furent gardés chez une femme appelée Kayssa
bint al-Harith. Les hommes qui allaient être exécutés se trouvaient
chez Ousama ibn Zayd.
Le professeur Hamidullah dit
:
"Point 956 : [...] Selon Humaid b. Hilâm (cité par Samhûdî, 2ème éd.,
p. 308), il décréta aussi que les maisons de ces juifs fussent données aux
Musulmans d’origine mecquoise, pour qu’ils devinssent un peu plus indépendant
des Ansâr. Le Prophète (sws) non seulement n’avait rien suggéré à
l’arbitre, mais se trouva embarrassé de ne plus pouvoir revenir sur le
consentement donné ; il ne s’était pas attendu à ce sévère
verdict d’arbitrage, il murmura : « C’était
leur destin, décidé par Dieu du haut des sept cieux » (*). Mais il
manifesta sa clémence en maintes façons, que voici :
Point 957 : On traita bien les prisonniers.
Ainsi on leur donna à manger (des dattes, selon le Charh as-siyar
al-kabîr de Sarakhsî, II, 264, ou éd., Munajjed, §2000). Un certain
Musulman (Thâbit ibn Qais), ayant parlé au Prophète (sws) en faveur d’un
condamné, disant que celui-ci lui avait fait du bien à l’époque pré-islamique,
le Prophète Muhammad (sws) épargna la vie de ce Juif (Ibn Bâtâ),
ainsi que celle de ses enfants ; il lui rendit même toute sa famille et
tous ses bien (**). Un autre Juif, Rifâ’ah ibn Samau’al, s’était réfugié chez
une vieille musulmane ; celle-ci se rendit auprès du Prophète
(sws) et lui dit : « Fais-moi
cadeau de la vie de Rifâ’ah ; il promet de célébrer les offices et
même de manger de la viande de chameau. » Le
Prophète Muhammad (sws) consentit également (***)."
* Ibn Hichâm, p. 689 ; Ibn Sa’d,
2/I, p.54
** Ibn Hichâm, p. 691
*** Id.,p. 692
Muhammad
Hamidullah, Le Prophète de
l'Islam, El-Najah,
6ème édition, 1998, tome I.
Comme nous pouvons le voir, la peine
sévère fut décidée par l'arbitre choisi par les Juifs eux-mêmes. Cet arbitre
décida de juger selon les lois sévères de la Thora. Ce n'est donc pas
le Prophète (sws) le responsable de cette sentence mais bel et bien l'allié des
Juifs, Sa'd Ibn Mu'adh. De plus, comme nous le voyons, le Prophète
(sws) essaya de faire libérer plusieurs prisonniers.
3.5 Combien de traitres exécutés ?
Les sources divergent grandement
quant au nombre de personnes exécutées pour haute trahison. Ibn Ishâq
en mentionne 700 hommes tandis qu'Ibn Kathir n'en
mentionne que 400 ; d'autres encore vont jusqu'à 900.
« Al-Laith a rapporté d’après Abi az-Zubayr d’après Jabir
selon lequel ils étaient 400, et Allah est le plus savant. »
Ibn
Kathîr, As-Sîra : la
biographie du Prophète Mohammed (sws) - Les débuts de l’Islam, éditions
Universel, 2007, p.652
Une seule femme fut exécutée en
application de la Loi
du Talion pour le meurtre d’un musulman qu’elle commit auparavant sur ordre de
son mari al-Hakam. Le musulman s’appelait Khallad ibn
Suwayd (raa).
Le Prophète (sws) avait pour habitude d'accorder sa grâce aux prisonniers de guerre, les rançonnait ou à défaut les exilait. Pendant la bataille de Uhud, nous pouvions voir certains des anciens prisonniers de la bataille de Badr avaient étaient libérés par le Prophète (sws). De même, certains des Banu Nadhir se mirent à attaquer les musulmans avec les polythéistes et les Banu Quraydha.
Ces exemples montrent que les graciés ne
prenaient pas en compte la clémence du Messager d’Allah (sws). Se sont ‘Ali
ibn Abi Talib et Zoubayr ibn al-‘Awwam (raa) qui
mirent à mort les hommes de Quraydha.
3.6 Tous ceux
qui étaient en âge de porter les armes ont été exécutés ?
Certains juifs qui avaient été loyaux et
respectueux du Pacte conclu avec les musulmans furent épargnés et mis hors de
cause:
"Le siège continua durant 25 jours, durant lesquels les musulmans
permirent aux juifs qui avaient refusé de trahir le Prophète (Paix sur lui)
durant la Bataille
du Fossé de partir et aller où bon leur semblait en reconnaissance de leur
fidélité."
Muhammad
Al-Ghazali, Fiqh us-sîra, p.346
Note : Nous avons vu précédemment que la
durée du siège dépendait du rapporteur.
3.7. Pourquoi en être arrivé
jusque là ?
Muhammad Redha rapporte :
Il est des historiens occidentaux qui se
sont indignés du massacre des Quraydha de cette façon. Mais il faut rappeler
que ces derniers avaient trahi le Pacte conclu avec le Messager d’Allah (sws)
qui leur garantissait la sécurité et la liberté confessionnelle et du culte.
Ils se sont retournés contre lui dans les moments les plus délicats de
l’Histoire de l’Islam, en nouant alliance avec ses ennemis comme ils ont mené
la guerre contre les musulmans. Ce qui leur valut la condamnation à mort. Ceci
dit, l’histoire notamment moderne, compte bien des exemples de représailles
aussi rigoureuses. Ainsi, Muhammad ‘Ali Pacha le Grand, avait massacré les
Mamlouks dans al-Qal’a, car ils conspiraient contre lui. En les éliminant, il
se débarrassa de leur hostilité et de leur danger.
Muhammad Redha, Biographie de
Muhammad (sws), le Messager de Dieu, éditions Al-Maktaba al-Assrya 2009, p.660
Muhammad Al-Ghazâli dit :
C’est en effet la mort ; mais la
responsabilité des conséquences de cette condamnation incombait à ceux dont les
actes l’avaient nécessité, à ces stratégies malignes qui n’ont pas eu l chance
d’aboutir. Autrement, des milliers de musulmans auraient péri et auraient alors
été foulés par les Coalisés qui s’étaient rués de toutes les régions, exhortés
et soutenus par les juifs. L’aventure de ceux qui ambitionnaient le
commandement était peut-être à l’origine de ce fléau subi par les Banu
Quraydha. Si Huyyay ibn Akhtab et ses semblables acceptaient de cohabiter avec
l’Islam en jouissant de leur fortune, ils n’auraient ni subi ni causé à leur
peuple la rigueur de cette peine. Mais les peuples payent de leur sang les
erreurs monumentales de leurs dirigeants .A notre époque (celle dont l’auteur
vivait), les Russes, les Allemands et d’autres peuples ont payés cher les
illusions de leurs hommes politiques totalitaristes »… « L’attitude des juifs à
l’égard de l’Islam n’a pas changé. Nombre de musulmans furent tués froidement
par les juifs quand ils occupèrent la Palestine. Curieusement ,
les juifs ne s’en sont pas pris aux Européens qui les avaient massacrés pendant
la Seconde Guerre
Mondiale ; évitant toute confrontation avec eux, ils se sont acharnés sur les
musulmans ; ils ont oublié leur paisible coexistence avec eux durant 12 siècles
pour leur faire subir les pires tourments qui continuent en Palestine sous le
regard approbateur et le soutien de l’Occident.
Muhammad
al-Ghazali, Fiqh as-Sira,
éditions Maison d’Ennour 2006, p.228-229
Un copte chrétien, Nabil Luqa,
connaisseur de la
Chari'ah Islamique , fait le même constat :
Lors du siège de Médine par les
Coalisés, qui dura plus d’un mois (…), les Quraydha adoptèrent une attitude
hostile vis-à-vis des musulmans. Médine était assiégée de toute part : les
forces de Quraysh l’assiégeaient en se plaçant de l’autre côté des tranchées,
les Coalisés et les montagnes voisines firent le reste. Pendant le siège, les
Quraydha coupèrent les vivres et l’approvisionnement aux femmes, aux enfants,
aux vieux, parmi les musulmans de la ville, sachant que le siège durerait
longtemps. Ils envisageaient, ainsi, d’affamer ces populations et de provoquer
leur mort. Ces actes étaient en contradiction totale avec le Pacte de
Confiance qui exigeait des Quraydha de soutenir les musulmans contre les
incroyants de Quraysh et leurs alliés « Coalisés ». Or, ils appuyèrent ces
derniers et les approvisionnèrent.
Nabil Luqa Bébawi, Muhammad
(sws) le Prophète calomnié, éditions al-Bouraq 2006, p.153
4. Conclusion
Nous pouvons dire que les musulmans se
sont défendus contre des traitres qui menaçaient leur extermination totale. Le
Prophète (sws) n'a pas décidé de la sentence, mais c'est plutôt Sa'd
Ibn Mu'adh qui l'a choisie selon l'accord des Juifs eux-mêmes. Il
appliqua donc, non pas une Loi Coranique, mais une Loi judaïque. En d'autres
termes, les traitres juifs furent jugés d'après leur propre Loi par leur propre
allié... comble de l'ironie...
Voilà notre dernier mot sur la question.
Allahou A'lam - Dieu Sait mieux ce qu'il en est !
SOURCE :
Collectif Sahab Ed-Dine.
Création : 14/03/2010.
Mise à jour : 19/08/2010
Mohamed ZEMIRLINE
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