LA CENSURE
« Derrière chaque censeur, il y a
une partouze qui sommeille. »
Francis Leroi, 1993.
Malgré ses énormes lunettes
Anastasie à l'aveuglette
Mutile à tort et à travers
Ne respectant ni prose ni vers
Anastasie à l'aveuglette
Mutile à tort et à travers
Ne respectant ni prose ni vers
Anastase Ier, pape de
399 à 401, censure les ouvrages qui ne correspondent pas au dogme chrétien,
inaugurant la censure chrétienne. En référence, la censure est parfois
surnommée Anastasie.
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SOMMAIRE
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400 : La censure est parfois
surnommée Anastasie.
Anastase Ier, pape de 399 à 401, censure les ouvrages
qui ne correspondent pas au dogme chrétien, inaugurant la censure chrétienne.
En référence, la censure est parfois surnommée Anastasie.
1494 : Savonarole fait dresser le
«bûcher des vanités».
Savonarole, un moine bénédictin instaure
une dictature religieuse à Florence. En 1497, il fait dresser le « bûcher
des vanités», on y brûla tout objet jugé immoral trouvé chez les habitants.
Des chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art florentin ont
ainsi disparu par la faute d'un imbécile, y compris des peintures de Botticelli
(contraint de les apporter lui-même)
La Bible est interdite dans
le monde entier.
Jusqu’à la Réforme. Il fallait
que l'interprétation officielle des Saintes Ecritures demeure entre les mains
de l'Eglise afin d'éviter les hérésies. Elle n'est
donc diffusée qu'en latin, langue morte, uniquement connue du clergé. Les
quelques personnes qui tentent de traduire l'ouvrage sont persécutées voire
exécutées.
1535 : François Ier fait
interdire toute impression de livres.
Se sentant menacé par les idées
luthériennes, François Ier fait
interdire toute impression de livres. Il annule sa
décision quelques jours plus tard mais conserve le principe de la censure qu'il
confie à une commission du parlement de Paris. Sous son règne
on brûlera des imprimeurs avec leurs livres, Place Maubert à Paris dont Etienne Dolet.
1548 : le parlement de Paris
interdit la représentation des Mystères.
Sous Henri II, le parlement de Paris interdit la représentation des Mystères. Il s'agissait de
représentations scéniques de contes, de légendes populaires et de sujets
religieux dans des adaptations très libres et très longues.
1552 : Le Quart Livre de François
Rabelais
Les théologiens de la Sorbonne censurent le Quart Livre de François Rabelais (qui critiquait ouvertement le Pape)
1563 : le péché de Charlemagne
Le concile de
Trente décide de censurer le péché de Charlemagne. (C’est à dire sa
relation incestueuse avec sa sœur Gisèle).
1629 : Richelieu nomme les
premiers censeurs royaux.
Jusqu'ici la censure était sous la
responsabilité de l'Eglise Catholique.
1664 : Le Tartuffe de Molière
Est représentée pour la première fois à Versailles le 12 mai 16 64. Il
fût écrit en réaction aux comportements de la Compagnie du
Saint-Sacrement. Les dévots de la dite compagnie le firent aussitôt
interdire (au titre qu'elle donnait une mauvaise image
de la dévotion et des croyants) L'interdiction
fut levé par le roi en 1669.
1665 : Molière autocensure sa
comédie «Dom Juan»
Molière
se voit obligé d'autocensurer sa comédie «Dom Juan» sous la pression des religieux qui
n'admettent pas cette apologie du libertinage. Il faudra attendre 1884 pour
voir la pièce dans sa version originale restituée...
1680 : fresque «L'Expulsion
d'Adam et Ève du Jardin d'Eden
Massacio
(1401-1428) avait peint cette fresque «L'Expulsion d'Adam et Ève du Jardin
d'Eden» à Florence de 1425 à 1428. En 1680, deux siècles et demi après, Cosme
III de Médicis jugé sa nudité «répugnante» et fit ajouter des feuilles de
vignes. La restauration dans son état d'origine n'eut lieu qu'en 1980 !
1752 : L'Encyclopédie» de
Denis Diderot
Un arrêté du conseil du roi Louis XV interdit l'impression
et la diffusion des deux premiers volumes de «L'Encyclopédie» ou «Dictionnaire
raisonné des sciences, des arts et des métiers». L'œuvre collective dirigée par
Denis Diderot et d'Alembert est jugée subversive par les Jésuites qui la
qualifient «d'affreusement athée et matérialiste».
1762 : «Emile ou De l'éducation»
de Jean-Jacques Rousseau.
Le parlement de Paris condamne l'ouvrage
de Jean-Jacques Rousseau : «Emile ou De
l'éducation»
1781 : «le Mariage de Figaro» de Beaumarchais.
Beaumarchais termine «le Mariage de Figaro». Ecrit en 1778 et accepté par la Comédie Française
en 1781, l 'œuvre
fut censurée pendant 3 ans. Finalement joué en 1784, ce fut un énorme succès.
Du coup, Louis XVI est mécontent et fait emprisonner Beaumarchais à
Saint-Lazare, mais doit le libérer sous la pression de l’opinion publique.
1829 : Marion De Lorme de Victor Hugo.
Achevé en juin, la pièce de Victor Hugo, Marion De Lorme mettant
en scène la célèbre courtisane du 17ème siècle est interdite par la censure de Charles X
1832 : Victor Hugo, «le Roi
s'amuse».
Première représentation de la pièce de Victor Hugo, «le Roi s'amuse». Elle est interdite le lendemain par la
censure de Louis-Philippe.
1850 : Rigoletto, l'opéra de
Guiseppe Verdi.
(Adapté du «Roi s'amuse» de Victor Hugo) fit
initialement l'objet de la censure de l'empire austro-hongrois. Les autrichiens
considérait comme un crime de lèse-majesté le fait de décrire la vie dissolue à
la cour du roi de France, avec au centre le libertinage de François Ier.
L'action a donc du être transféré à la cour de Mantoue (qui n'existait plus à l'époque).
1852 : Louis-Napoléon Bonaparte muselle
la presse.
Le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte (qui
n'est pas encore tout à fait Napoléon III) établit
un ensemble de mesures préventives et de sanctions visant à museler la
presse. Par décret, il est interdit aux journaux de rendre compte des débats
parlementaires et des procès autrement qu'en reproduisant les procès-verbaux
officiels. La censure des images est rétablie. Les journaux ne respectant pas
ce décret pourront être suspendus après un avertissement et définitivement
supprimés s'ils récidivent. Entre mars 1852 et juin 1853, 91 avertissements
seront délivrés par le ministre de la
Police , Maupas.
1857 : Six pièces des Fleurs
du mal de Charles Baudelaire
Suite au mauvais accueil de la presse et notamment du
Figaro qui trouve l'oeuvre immorale, .la direction de
la Sûreté Publique
saisit le Parquet pour délit «d’outrage à la morale publique». Six pièces des
Fleurs du mal de Charles Baudelaire
sont censurées. Ils ne seront réintégrés à l'oeuvre du poète qu'en 1949!
1870 : Bernini, deux statues.
A Rome, des travaux de rénovation dans une église
délabrée ont mis au jour deux statues dont le décolleté était dissimulé depuis
plus de 130 ans par des corsets de bronze. Sculptées vers 1660 par Gian Lorenzo Bernini,
dit Le Bernin, l'un des plus grands artistes du baroque italien, les
deux œuvres avaient été recouvertes sous le coup de la censure à la fin du XIXe
siècle. «Nous avons décidé de tout montrer», a expliqué à la presse le
responsable de la restauration de l'église
1871 : la Curée de Emile Zola.
La république est proclamée en France. Le régime
impérial a vécu, mais la censure est toujours là :
Emile Zola en sera l'une des premières victimes avec la Curée
1876 : Mac Mahon décrète une
politique d’Ordre Moral
En 1876, le gouvernement du maréchal Mac Mahon
et de son premier ministre Albert de Broglie décrète une politique d’Ordre
Moral, les Mémoires de Casanova sont interdites. Procès,
condamnations, interdictions, amendes et emprisonnements prolifèrent. Gustave
Flaubert écrira alors : « …l’ordre moral en effet atteint au délire de la
stupidité.… Au Havre, on a interdit une conférence sur la géologie ! Et à
Dieppe une autre sur Rabelais ! Ce sont là des crimes !»
1887 : les cartes postales sont
interdites.
Un décret du 11 juin 18 87 reprend les dispositions
de la loi de 1881 sur la presse et l'affichage en interdisant que les cartes postales aille à l'encontre des
bonnes mœurs et des institutions.
1904 : toute pilosité sur les
reproductions anatomiques.
Le sénateur René Bérenger, surnommé le
père la pudeur commence à faire parler de lui en étant à l'origine d'un décret proscrivant
toute pilosité sur les
reproductions anatomiques figurant sur les cartes postales. Il le fut plus tard, et il faudra attendre les
années 1970 pour que l'on puisse éditer des poils sans se faire interdire.
1905 : Le faune mordu de Jef Lambeaux.
L'œuvre de Jef Lambeaux
(1852-1918), Le
faune mordu avait été montré à
Bruxelles, Paris et Saint Louis sans problèmes particuliers. Il en va
différemment à Liège où la gazette de Liège, journal catholique, s'insurge
contre les nudités sculptées ou peintes que pourraient voir les millions de
spectateurs qui se rendront à l’Exposition Universelle. Du coup, la statue est
d'abord dissimulée sous une bâche, puis descendue de son socle et entreposée
dans une caisse. Ce n'est que dans les années 1950 que cette œuvre regagnera le
parc de la Boverie.
1907 : pour le respect des «bonnes
mœurs»
Le sénateur René Bérenger (encore
lui !) se lance dans une campagne
frénétique pour le respect des «bonnes mœurs», qui lui valut le surnom de «Père
la Pudeur ». Il
déclare vouloir purifier le théâtre et en fait poursuivre en justice un certain
nombre.
1913 : Nicolas II décide de
détruire les manuscrits de Tolstoï.
Trois ans jour pour jour après la mort de Tolstoï, la
censure tsariste de Nicolas II décide de détruire les manuscrits de Tolstoï. Ce dernier avait fortement condamné le pouvoir
autocratique de son pays et le rôle de l'Eglise orthodoxe, ce qui lui avait
valu l'excommunication.
1926 : Le Cuirassé
Potemkine, film de Serge d’Eisenstein (1925)
Est interdit en France pour cause de message subversif
(interdiction levée en 1953)
1929 : Les Aventures de Sherlock
Holmes
Sont interdites en U.R.S.S. (apologie du spiritisme et de l'occultisme.)
1929 : L'appel de la foret de
Jack London
Interdiction en Yougoslavie sous le règne du monarque
dictateur Alexandre 1er de L'appel de la foret de Jack London, (trop radical) , il
sera également interdit par l'Italie de Mussolini car il s'agit d'une exaltation de la nature qui tourne le
dos à la Civilisation.
1930 : L'âge d'or, film de Luis Buñuel
Au 5ème jour de projection des nervis d'extrême droite
envahissent le Studio 28 à Montmartre, ravage l'écran et les tableaux du hall.
Huit jours plus tard le préfet Chappe en interdit la projection et fait saisir
les copies. L'interdiction de projection ne sera levée officiellement qu'en
1981.
1931 : La traduction
des aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll est interdite
en Chine. «Il est indécent de faire parler des animaux comme des humains. Il est d'ailleurs
désastreux de mettre des animaux au même niveau que des humains.»
1932 : Interdiction en Irlande du
Meilleur de Mondes d'Aldous Huxley.
Motif : l'ouvrage
s'attaque de manière indécente à la famille et à la religion.
1949 : «J'irais cracher sur vos
tombes» de Boris Vian.
Boris Vian avait fait
paraître en 1946 : «J'irais cracher sur
vos tombes» sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il fait
immédiatement scandale. Suite à un long procès l'auteur est condamné pour «outrage
aux bonnes moeurs»
1951 : Jacques Nourissat, prêtre
à Dijon brûle l'effigie du Père Noël.
le 23 décembre le dénommé Jacques Nourissat, prêtre à Dijon,
furieux que la fête de Noël soit de moins en moins catholique, brûle l'effigie
du Père Noël sur les grilles de la cathédrale Sainte-Bénigne après l'avoir
pendu ! (Double peine). Cette exécution spectaculaire se déroula en
présence de plusieurs centaines d'enfants des patronages. Elle avait été
décidée avec l'accord de la hiérarchie catholique qui avait condamné le père
Noël comme usurpateur et hérétique après l'avoir accusé de paganiser la fête de
Noël et de s'être introduit dans toutes les écoles publiques d'où la crèche est
(heureusement) scrupuleusement bannie.
1953 : l'Etat de Virginie,
Etats-Unis interdit la diffusion de Robin des Bois
1954 : «histoire d'O», de Pauline
Réage.
L'attribution du prix des Deux-Magots fait connaître «histoire
d'O», de Pauline Réage. Il est aussitôt interdit (vente aux mineurs, affichage, publicité) et poursuivi pour
outrage aux bonnes mœurs.
1956 : «Et Dieu créa la
Femme » de
Roger Vadim.
Fait scandale aux Etats-Unis et est interdit. En
Grande Bretagne il sort avec des coupures. En France les ligues de vertus
protestent et le film sera amputé d'un quart d'heure de ses scènes les plus «chaudes»
!
1957 : Le film de Stanley Kubrick,
les sentiers de la gloire.
Sera censuré jusqu'en 1987
1957 : Le film «Nuit et
brouillard» d'Alain Resnais.
Pour obtenir le visa de sortie de son film «Nuit et brouillard» d'Alain Resnais,
la censure exige la coupure d'un plan ou apparaît le képi d'un gendarme
français au camp de déportation de Pithiviers.
1961 : Viridiana de Luis Buñuel
Fit scandale, mais remporta la palme d'or à Cannes en
1961. Le Vatican se crut obligé de se fendre d'un communiqué dans lequel il
qualifiait le film d'impie et blasphématoire. Quand à l'Espagne, à l'époque
sous le régime de Franco, elle
interdit le film et fit saisir toutes les copies.
1962 : Morris et Goscinny voit
leur album Billy the Kid.
Interdit à l'importation en France, (l'éditeur était belge) à
cause d'une image de Billy, bébé, tétant un revolver. L'album sera réédité en
France en 1963 amputé de deux demi planches (une
attaque de diligence ayant également déplu)
et il faudra attendre 1981 pour retrouver le dessin original
1965 : Le filme de Gillo
Pontecorvo, «La Bataille d'Alger».
Sera censuré jusqu'en 1971.
1966 : film La religieuse de Diderot de Jacques Rivette.
Sous la pression d'Yvonne De Gaulle, Yvon Bourges, sous-ministre de l'information de
De Gaulle interdit la distribution et l'exportation du film La religieuse de
Diderot de Jacques Rivette. Le sinistre Alain Peyrefitte parle d'un « film
blasphématoire qui déshonore les religieuses» (la
décision sera annulée 1 an plus tard par le tribunal administratif)
Christian Bonnet ministre de l'intérieur du gouvernement Raymond
Barre, se rendra tristement célèbre en faisant interdire 386 ouvrages de kiosque ou de librairie
! (Un livre différent interdit tous les 4 jours !)
1982 : film «Le père Noël est une
ordure».
Lors de la sortie du film «Le père Noël est une ordure» (1982 Jean-Marie Poiré), la RATP et la ville de Paris
refusent de louer des panneaux pour l'affiche du film.... à cause de son titre
!
1999 : La Nona Ora , «installation «de
Maurizio Cattelan.
2005 : l'affiche de Marithé et
François Girbaud est interdite.
Suite à la plainte de quelques évêques (on
se demande d'ailleurs comment ils font pour avoir le temps de déposer des
plaintes) et à la décision d'un juge bienveillant, l'affiche de Marithé et François Girbaud
est interdite. Le juge a dit qu'il s'agissait : «d'un acte d'intrusion
agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes».
http://nikosolo.voila.net/La_censure.htm
Bonjour,
RépondreSupprimerjuste pour information, il semble que le site original ait été fermé. Mais il est réapparu et a été mis à jour : http://vassilia.net/vassilia/Nikosolo/La_censure.htm