Croisade populaire
Pierre
l'Ermite, Roman du Chevalier du Cygne, enluminure de 1270
La
croisade populaire est un mouvement religieux populaire qui se déroula en marge
des croisades officielles. Son but était d'atteindre Jérusalem, cependant, la
plupart de ces croisades populaires vont dévier de leur objectif initial pour
se transformer en véritables massacres collectifs. La première eut lieu à la
suite de l’appel aux croisades du pape Urbain II en 1095. Il y eut par la suite
plusieurs autres croisades populaires : la Croisade des enfants en 1212, les Croisades des
Pastoureaux de 1251 et 1320, et une autre en 1291 qui provoque la chute de
Saint-Jean-d’Acre.
Itinéraires de la croisade
populaire
Protagonistes
et itinéraires de la croisade populaire
SOMMAIRE
Contexte idéologique
Le peuple chrétien et l'idée de croisade
Montée de l'antijudaïsme
Défiance vis-à-vis des autorités
Croisade populaire lors de la 1re croisade
Contexte et prédication
Lorsque
le pape Urbain II lance le 27 novembre 10 95 son appel à délivrer les Lieux Saints, il
escomptait une mobilisation de la classe combattante, mais n’avait pas prévu
que la ferveur religieuse allait entraîner un grand nombre d’hommes et de
femmes issus des couches populaires de la société sur la route de Jérusalem.
Depuis plusieurs années, les paysans avaient subi plusieurs années de
sécheresses et de famines, et pour certains d’entre eux, la croisade leur
apparaissait comme une échappatoire à leur condition miséreuse. Plusieurs
phénomènes astronomiques leur apparaissent également comme autant de signes
envoyés par Dieu : chutes de météorites, aurores boréales, éclipse lunaire et
apparition de comètes. Une épidémie d’intoxication par l’ergot, qui incite en
général les gens à partir nombreux en pèlerinage, éclate peu avant le concile
de Clermont. La conviction que la fin du monde était proche a également connu
un regain de popularité. La réponse à l’appel d’Urbain II a été au-delà de
toute attente : Urbain escomptait tout au plus quelques milliers de chevaliers,
et il obtient une migration d’environ 40 000 croisés, la plupart non
combattants, y compris des femmes et des enfants 1.
Moine
charismatique et très bon orateur, Pierre l’Ermite, d’Amiens, est le chef
spirituel du mouvement. Il est connu pour monter un âne et porter des vêtements
simples. Il prêche énormément dans le nord de la France et en Flandre et
prétend avoir été directement nommé par le Christ dans ce dessein (il
produisait pour le prouver une prétendue lettre de la main de Dieu) et il est
probable que certains de ses disciples le voyaient comme le véritable
instigateur de la croisade. La croyance populaire estime que l’armée de Pierre
l’Ermite est composée de paysans incultes et analphabètes prenant toute ville
de taille importante se trouvant sur leur chemin pour Jérusalem, ce qui était
peut être vrai de certains d’entre eux. La longue tradition des pèlerinages à
Jérusalem a cependant contribué à ce que le plus grand nombre connaissent
l’emplacement et la distance de Jérusalem. Bien que la majorité de ces croisés
ne soient pas entraînés ni équipés pour le combat, quelques chevaliers les
accompagnent, comme le futur chroniqueur Foucher de Chartres et Gautier
Sans-Avoir. Celui-ci, comme son nom l’indique, est un pauvre chevalier sans
seigneur ni vassaux, mais d’une bonne expérience guerrière.
Persécution de juifs
Massacre
de juifs, première croisade
Bible
du XIIIe siècle
L’annonce
et la prédication de la première croisade en 1095 entraînent une flambée
d’antijudaïsme. Dans certaines régions de France et d’Allemagne, les Juifs sont
considérés comme des ennemis, à l’instar des musulmans : on les croit
responsables de la crucifixion, et ils sont plus visibles que les lointains
musulmans. De nombreuses personnes se demandent pourquoi parcourir des milliers
de kilomètres pour combattre des non chrétiens quand il y en a près de chez
eux.
Il
se peut également que les croisés qui persécutent les Juifs soient animés
d’intentions pécuniaires. Les communautés juives en Rhénanie sont relativement
riches, en raison de leur isolement et aussi parce qu’ils ne sont pas soumis
aux interdictions religieuses en ce qui concerne le prêt d’argent. Nombre de
chevaliers doivent emprunter pour financer leur voyage, et comme l’Église
catholique romaine interdit l’usure, un certain nombre d’entre eux se
retrouvent endettés auprès de Juifs usuriers. Les croisés se débarrassent ainsi
commodément de leurs dettes sous couvert de mission religieuse.
Au total, plus de 5000
juifs sont massacrés.
Massacre
de la croisade populaire par les Hongrois.
Miniature
de Jean Colombe tirée des Passages d'outremer
de
Sébastien Mamerot, BNF Fr.5594, f21r
Sur la route de Constantinople
Pierre
rassemble son armée à Cologne le 12 avril 10 96, prévoit d’y rester quelque temps
et prêche la Croisade
auprès des Allemands. Les Français ne sont cependant pas enclins à attendre
Pierre et les Allemands, et quelques milliers de croisés français, sous la
direction de Gautier Sans-Avoir, partent et atteignent la Hongrie le 8 mai, la
traversent sans incident et arrivent au bord de la Save et de Belgrade, qui sont
sur la frontière avec l’empire byzantin. Le gouverneur de Belgrade, surpris de
cette arrivée et n’ayant aucune instruction sur ce qu’il convient de faire,
leur refuse l’entrée de la ville. Il s’ensuit des accrochages entre les croisés
et les soldats de Belgrade et, pour comble de malheur, seize hommes de Gautier
sont surpris en train de voler dans le marché de Semlin, un village hongrois.
Ils sont dépouillés de leurs armures et pendus2. Enfin, les croisés sont
autorisés à pénétrer dans le territoire byzantin jusqu’à Niš, où ils sont
ravitaillés, et à continuer leur route, sous escorte, jusqu’à Constantinople.
Pierre
l’Ermite et les autres croisés quittent Cologne le 20 avril. Vingt mille
croisés partent avec eux, et d’autres groupes doivent les suivre1. Quand ils
atteignent le Danube, certains décident de descendre le fleuve par bateau, mais
le plus grand nombre continue par voie de terre et entre dans le royaume de
Hongrie à Ödenburg. Ils traversent le pays sans incidents et se regroupent à
Semlin. La vue des armes des seize compagnons de Gautier Sans-Avoir, pendues
sur les murs de la ville, accroît la méfiance des croisés et un différend sur
le prix d’une paire de chaussures au marché dégénère en émeute au cours de
laquelle les croisés prennent la ville d’assaut et tuent environ quatre mille
hongrois. Pour échapper aux représailles, les croisés traversent la Save à Belgrade mais quelques
escarmouches les opposent aux troupes byzantines. Les Belgradois ont fui leur
ville que les croisés pillent et incendient. Ils marchent pendant sept jours et
arrivent à Niš le 3 juillet. Le commandant de la ville leur promet des vivres
et une escorte jusqu’à Constantinople, s’ils laissent la ville. Pierre accepte
mais quelques Allemands ne faisant pas partie de l’armée de Pierre se prennent
de querelle avec des habitants le long de la route et incendient un moulin. La
ville de Niš envoie alors sa garnison contre les croisés, lesquels sont
écrasés, et nombre d’entre eux (environ un quart) sont tués. Les survivants
atteignent Sofia le 12 juillet et sont conduits sous escorte vers
Constantinople, qu’ils atteignent le 1er août.
L’empereur
Alexis Ier Comnène, ne sait pas trop quoi faire de cet exode d’une ampleur
inhabituelle. Il les ravitaille et leur conseille d’attendre l’armée des barons
à proximité de la ville, mais les croisés commencent à piller les faubourgs de
la ville. Alexis, inquiet pour la sécurité de Constantinople, organise la
traversée du Bosphore par les croisés, laquelle commence le 7 août, et leur
assigne comme lieu de séjour le camp de Civitot.
Civitot et le massacre
Malgré
les conseils d’Alexis, les croisés attaquent les villes turques. Renaud, à la
tête de six mille allemands et italiens prend la forteresse de Xerigordon et
l’utilise comme base pour piller les environs de Nicée. En représailles, le
sultan seldjoukide Kılıç Arslan Ier envoie une armée qui coupe les points d’eau
approvisionnant Xerigordon, assiège la citadelle puis la prend d’assaut. Les
croisés n’ont comme choix que la mort ou la conversion à l’Islam4.
Kılıç
Arslan envoie ensuite des espions à Civitot qui font courir le bruit que Renaud
et ses croisés ont pris Nicée. Pierre L’Ermite était alors à Constantinople
pour ramener des vivres au camp et la plupart des chefs demandent à attendre
son retour, mais la plupart des croisés, enthousiasmés par la victoire et aussi
par la perspective du pillage, et soutenus par Godefroy Burel, veulent y aller
immédiatement. Le 21 octobre, vingt cinq mille croisés prennent la route de
Nicée, laissant quelques femmes, enfants, vieillards et malades à Civitot5.
À
trois miles du camp, à un endroit où la route est resserrée, l’armée turque
attend en embuscade les croisés, qui sont pour la plupart massacrés6. Les
garçons et les filles les plus jeunes sont épargnés pour être réduits et vendus
en esclavage. Seuls trois mille croisés, conduits par Godefroy Burel,
s’enfuient et reviennent à Civitot, qui est assiégée par les Turcs. Mais les
Byzantins réussiront à évacuer les croisés rescapés par bateaux.
Croisade des enfants.
Première croisade des pastoureaux (1251)
Origine
La
1re croisade des pastoureaux naît à la suite de la défaite de Louis IX de
France à Mansourah le 5
avril 12 50 qui vit la mort de Robert d'Artois frère du roi et la
capture du souverain capétien. La connaissance de l'événement se répandit en
Europe du Nord entre l'été et l'automne 12507 .
Dans une lettre-circulaire de Louis IX de France adressée à toute la chrétienté
le jour de sa libération le 6 mai 12 50, celui-ci appelle tous les chrétiens à la
croisade en guise de revanche contre les Infidèles en se préparant, s'armant et
en marchant vers Jérusalem ; il confie le soin aux prélats de répandre son
message et de faire des prières pour assurer le succès de cette entreprise8.
Les prédicateurs franciscains et dominicains s'en chargèrent.
Naissance
À
la suite de ce message, des campagnards pauvres se mirent en mouvement lors de la Semaine Sainte ,
d'où le nom de croisade des "pastoureaux", terme qui signifie à
l'origine "bergers"9.
Seconde croisade des pastoureaux (1320)
Notes et références
↑ a et b Norwich 1996, p. 33
↑ Runciman 2006, p. 120
↑ Norwich 1996, p. 34.
↑ Runciman 1992, p. 59.
↑ Norwich 1996, p. 35.
↑ Runciman 1992, p. 60.
↑ Modèle:Chroniques de Mathieu Paris et de
Guillaume de Nangis
↑ Modèle:Le Goff
↑ Modèle:Voir les écrits de Georges Duby
Un article de Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisade_populaire
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