INDIENS ET BARBARES
Le génocide Amérindiens et
la spoliation de leur continent.
BASILE Y. basile-y.com
Partie 05/ 05
II. 2/. LE
DRAGON ANGLE EN AMÉRIQUE DU NORD
a) Dès la naissance de la Nation Américaine...
«Le clou de cette campagne de nettoyage eut lieu près de Denver en 1864 lorsque le colonel J.W. Chivington, ancien ministre, conduisit une force armée contre le village Cheyenne de Black Kettle, qui devint la bataille de Sand Creek. Les Cheyennes exécutaient une danse religieuse et ne s'attendaient pas à l'attaque. Il était facile à la troupe d'effacer ce village de la face du Monde. Chivington ayant surpris un de ses soldats essayant de cacher un petit garçon Cheyenne, rappela à ses hommes que 'LES LENTES DEVIENNENT DES POUX'. Ces mots devinrent célèbres parmi ceux qui combattaient les Indiens et parmi les colons de l'Ouest Américain.» (1)
Les pionniers avaient décidé de faire disparaître les «Poux» jusqu'à leurs «Oeufs», parce qu' «on voulait les territoires des Indiens, mais on les voulait libres d'Indiens, comme s'il n'y avait aucun êtres humains qui les habite.» (2) Ce fut la différence la plus importante entre le Dragon Wisigoth (les conquistadores espagnols) et le Dragon Angle. Les Anglais décidèrent l'extermination systématique et froide dès l'Indépendance (
J'ai emprunté le nom de Dragon Angle au vocabulaire de ceux qui me sont sympathiques, les Chicanos, ces 6.000.000 de «citoyens» des USA d'origine mexicaine, vivant sur leurs terres ancestrales, arrachées à la patrie mexicaine, et qui furent méprisés par leurs envahisseurs dont l'élite se nomme fièrement WASP «white anglo-saxon protestants». Ces WASPs ont concocté d'innombrables péjoratifs pour manifester leur mépris de «race supérieure» envers les Mexchicanos. Les Chicanos, par contre, ont pensé que le seul mot Anglo était largement suffisant pour rendre la politesse à ceux qui les méprisaient.
L'histoire anglo-saxonne est parsemée d'évènements
particulièrement violents. Avant d'être protestants les Anglo-Saxons furent
catholiques; avant d'être catholiques ils furent les fils du dieu
Woden (Odin). C'est au nom de ce dieu qu'ils arrivèrent aux Iles
Britanniques depuis leur Basse-Saxe, et firent ainsi leur apparition sur la
scène de l'Histoire. Ils commencèrent par y commettre des ORADOUR-SUR-GLANE,
enfermant les Britanniques dans leurs Eglises et y mettant le feu :
«Les prêtres étaient abattus sur leurs
Autels ; les Églises incendiées, les paysans, chassés par les flammes, ne
pouvaient plus que se jeter sur l'impitoyable acier. C'est ce spectacle qui
distingue la conquête des Iles Britanniques de celles des autres provinces de
Rome. La conquête de la Gaule
par les Francs et de l'Italie par les Lombards constitua un peu plus qu'un
établissement par la force de l'un ou de l'autre de ces conquérants au sein de
sujets tributaires.» (3)
Aucun
peuple germanique (Francs, Lombards, Wisigoths) ne fut plus cruel dans ses
conquêtes que les Anglo-Saxons. Si l'esclavage qui était au Moyen Âge en
Europe, comme partout ailleurs, une institution sociale, évolua à la Renaissance en
génocide, la conception anglo-saxonne de la liberté du seigneur y a
peut-être joué son rôle. Déjà en Basse-Saxe «son seigneur pouvait
l'abattre (l'esclave) s'il le voulait, car il n'était ni plus ni moins que
du cheptel» (4).
Toujours est-il que :
«Il y a eu quatre fois plus d'esclaves
africains transportés sur des navires britanniques que sur les bateaux de
toutes les autres nations réunies.» (5)
La
grande Reine Elisabeth I elle-même était le principal actionnaire dans les
compagnies qui pratiquaient le trafic de chair humaine (6) en plus de la
piraterie, du pillage des colonies espagnoles accompagné du massacre de femmes
et d'enfants de colons ou d'Indiens :
«Ainsi,
voyage après voyage, parmi lesquels les membres du conseil de la Reine et même la Reine elle-même
investissaient de l'argent, Hawkins et d'autres marchands (d'esclaves)
anglais poursuivaient leur odieux trafic, kidnappant des Noirs d'Afrique.» (7)
Mais
si les Anglo-Saxons furent les champions de la Traite des Noirs, il n'en
est pas moins vrai que chez eux ils furent les inébranlables champions
de toutes les libertés... dont l'homme libre eut besoin pour mettre les autres
en esclavage. L'Angleterre fut malgré tout le berceau de nos libertés en
Europe.
Ces
vilaines choses rappelées, il faut reconnaître que les Anglo-Saxons ne sont
devenus le Dragon Angle pour les Peaux-Rouges qu'à partir du moment où ils
renièrent leur Mère Patrie, le 4 juillet 17 76, jour de 1'INDEPENDENCE DAY, et devinrent
des Américains. Auparavant, les massacres se faisaient à l'échelle artisanale -
à l'exception de l'écrasement de l'Insurrection des Indiens de Pontiac en 1764.
La colonisation des terres «anglaises» en Amérique avait commencé d'abord lentement, par l'envoi de condamnés de droit commun, et de paysans d'Écosse «chassés par les moutons» de leurs terres converties en pâturages. Ces paysans, devenus des mendiants encombrants pour les villes d'Angleterre et d'Ecosse, furent ramassés comme délinquants et expédiés «peupler» le Nouveau Monde.
La chasse au Peau-Rouge à l'échelle artisanale, était anglaise. Quinze ans après l'Indépendance, Henry KNOX, ministre de la guerre de Washington, mit un point final à son plan stratégique d'extermination systématique des Indiens. On était maintenant des hommes libres ! Sans entraves métropolitaines. C'était en 1791, mais le projet avait été préparé depuis la libération du frein relatif de
C'est en cette Nouvelle Angleterre qu'est né l'Américain, le peuple du God Bless America. Pour rester aussi WASP que possible, la loi EMERGENCY QUOTA ACT fut inventée pour exclure de l'immigration le plus grand nombre de «métèques» - quand cette loi fut promulguée, elle visait surtout les Juifs fuyant les pogroms russes des Cent Noirs. D'après les manuels destinés aux lycéens en 1946, cette loi aurait eu pour but de «préserver» le pays de l'affluence d'immigrants «INÉLIGIBLES POUR LA CITOYENNETÉ» (9), c'est à dire pour l'honneur d'être appelés AMERICANS. La nation américaine n'est pas composée des seuls anglo-saxons, mais d'européens en général. Chacune de ses familles humaines a apporté sa qualité nationale dans ses bagages d'immigrant, trié par 1'EMERGENCY QUOTA ACT. Cela fait que le Dragon Angle ne fut pas purement anglo-saxon, mais américain. Tous les comportements prédateurs que l'on trouve chez les «pacificateurs» européens du 19e siècle en Afrique et en Asie, tous se retrouvent donc dans le Dragon Angle.
Est-ce pour avoir l'honneur de partager le monopole du nom d'Ameriggo Vespucci qu'il était difficile de devenir américain ? Les citoyens des États Unis sont les seuls à s'appeler Americans sur les deux vastes continents des Amériques. Au Canada, avec plus de 10.000.000 de km2 on s'appelle Canadien. Les citoyens des ESTADOS UNIDOS DE MÉXICO s'appellent Mexicains. Les ressortissants des ESTADOS UNIDOS DO BRASIL aux 8.500.000 km2 s'appellent Brésiliens. Partout, dans les deux Amériques, chaque nation politique s'est donnée un nom particulier qu'elle s'est choisi. Seuls les EUROPÉENS mades in USA monopolisèrent le nom Amérique, quoique l'étendue de leur territoire vienne après celle du Canada et du Brésil. Est-ce le principe du «fardeau de l'homme blanc», sa généreuse (?) tutelle des «peuples primitifs», qui dans l'idéologie de la «Manifest Destiny» (10) fit une obligation à ce peuple élu par
Signalons
au passage que le mot AMERIQUE lui-même fut une escroquerie intellectuelle
majeure du XVIme siècle, donnant le nom de Ameriggo Vespucci aux deux
continents (voir «Un imposteur donne son nom au continent»).
Il
ne faudrait naturellement pas en déduire que c'est consciemment que les
Américains donnèrent à leur nation le nom d'un imposteur doublé d'un espion.
Ils honorent chaque année le nom de Christophe Colomb au Colombus Day, le 12
octobre.
2/. Ruth Benedict, RACE, SCIENCE AND POLITICS, New York 1940, page 172.
3/. J.R. Green, A SHORT HISTORY OF THE ENGLISH PEOPLE, éditions J.M. Dent, Londres 1952, vol. I, page 9.
3/. J.R. Green, A SHORT HISTORY OF THE ENGLISH PEOPLE, éditions J.M. Dent, Londres 1952, vol. I, page 9.
4/. Idem, page 13.
6/. Charles & Mary Beard, A BASIC HISTORY OF THE UNITED STATES, The
Blakiston Company, Philadelphia 1944, pages 4 et 5.
7/. Edw.P. Cheyney, A SHORT HISTORY OF ENGLAND, éditions Ginn & Co,
New York 1927, page 356.
8/. «Il (le roi d'Angleterre) a excité parmi nous l'insurrection
domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les
Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la
guerre est de tout massacrer, sans distinction d'âge, de sexe ni de
condition.» (...alors que ce comportement fut celui des
anglo-saxons !)
9/. D.S. Muzzey, A HISTORY OF OUR COUNTRY (Textbook for
High-School Students), éditeurs Ginn & Co., Boston 1946, page 774.
10/. MANIFEST DESTINY : idéologie récurrente aux USA depuis
l'indépendance, affirmant que le peuple américain est le peuple élu porteur de
civilisation, et qu'il lui a été donné une «terre promise» à conquérir sur les
Indiens comme celle donnée aux anciens Hébreux.
b) Les Droits de
l'Homme... blanc.
La guerre d'Indépendance des États Unis ne peut pas être considérée comme une Révolution à part entière, alors que les Américains le prétendent. En effet, on lit bien dans
Quand des hommes blancs, persécutés et misérables,
chassés de leurs pays par l'Intolérance ou la Faim , se créèrent une patrie en des pays
lointains, ils devinrent impitoyables et appliquèrent un «ôte-toi-de-là-que-je-m'y-mette»
envers les autochtones. N'est-ce pas là un caractère inhumain de notre
civilisation avec absence de Morale ? Sommes-nous comme des animaux ?
Lorsqu'on bat un chien il devient méchant non pas
envers celui qui l'a battu, mais envers quiconque se met au travers de son
chemin.
«Droits de l'Homme», «Arbres de
Bien
qu'inspirée au départ par la «Révolution» américaine, la Révolution Française
a été beaucoup plus loin et peut donc difficilement être comparée. Le premier
coup de feu de la Rébellion
washintonienne contre la
Mère Patrie britannique, claqué sur le pont de Concord
(Massachusetts) en avril 1775
a bien eu des échos à l'identique, mais sans traverser
les Océans. Il est resté en Amérique chez d'autres Rebelles à la Mère Patrie , les «Libertadores»
comme Bolivar qui chassèrent d'Amérique Latine un empire espagnol décadent.
Quand le Mexique par contre - libéré du joug espagnol non à la façon des
Bolivar mais par de vrais révolutionnaires, ses Indiens même - a aboli
l'esclavage, la moutarde monta au nez de ses puissants voisins WASPs, planteurs
de coton en même temps que d'arbres de la liberté. Ils se mirent à «libérer» le
Texas en 1836, POUR Y RÉTABLIR L'ESCLAVAGE !! Cet acte du «modèle» (?)
américain des Révolutions se termina en 1848 par l'amputation «démocratique»(?)
de plus de la moitié des terres mexicaines (du Texas à la Californie ) afin de
l'annexer à la Patrie des droits de l'homme blanc à mettre en esclavage l'homme rouge et l'homme
noir. Cette conception WASP des droits de l'homme consistait donc à en parler,
mais à rétablir l'esclavage dans les faits là où il avait été aboli.
«Droits
de l'homme» ? Tout est-il une question d'interprétation ? Comme pour
le mot «Révolution». Une vraie révolution est un mouvement qui change les
structures politiques et sociales d'une nation pour plus d'équité. Cela n'a pas
vraiment eu lieu lors de la fondation des États Unis, après la RÉBELLION les
esclavagistes sont restés slaveholders comme sous le régime colonial
britannique, et les esclaves, «Niggers» pour ne pas changer. Un siècle plus
tard on commit la même exagération en proclamant le Président Lincoln grand «abolitionniste
de l'esclavage», alors que lui-même eut la franchise de déclarer dans une
lettre envoyée au fondateur du NEW YORK TRIBUNE en 1862 :
«Mon objectif suprême est de sauver
l'Union et non de sauvegarder ou détruire l'esclavage. Si je pouvais
sauvegarder l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je
pouvais la sauvegarder en libérant tous les esclaves, je le ferais. Et si je
pouvais le faire en libérant quelques-uns et en laissant de côté d'autres, je
le ferais aussi.» (4)
Abolir
l'esclavage n'était qu'un souci relatif du Président Lincoln. Sa préoccupation
principale était de sauvegarder l'Union entre esclavagistes au Sud, et
industriels au Nord. Dans son souci de sauvegarder l'Union entre Sudistes et
Nordistes (5) et
pour rassurer les esclavagistes du Sud il déclarait :
«En
ce qui concerne l'esclavage nous ne devons pas intervenir dans les États où il
existe, parce que la
Constitution de notre pays le défend, et le bien général ne
demande pas qu'on le fasse.» (6)
Le
«bien général» de l'homme blanc, de l'esclavagiste. En 1844, le minuscule parti
abolitionniste des USA ayant posé la question de l'abolition de l'esclavage à
l'occasion d'une élection présidentielle, n'obtint que 65.000 voix sur
2.500.000 suffrages exprimés. (7) Ces 2.435.000
électeurs qui votèrent pour le maintien de l'esclavage n'étaient pas tous des
planteurs esclavagistes. C'était pour la plupart des «petits blancs» qui
espéraient «grandir» et devenir eux aussi un jour slaveholders.
Il n'y a naturellement pas eu que cette Majorité aux USA. Il y eut aussi une noble Minorité, dont fit partie Mark Twain. Hélas ! Ce grand accusateur des crimes de l'homme blanc partout dans le monde est présenté dans les manuels scolaires aux États Unis et les dictionnaires du «monde civilisé» partout comme un simple «humoriste». Est-ce vraiment amusant lorsque Mark Twain met en accusation devant le Tribunal de l'Histoire Léopold II de Belgique, coupeur de mains et de pieds de Congolais et coupable du meurtre de 15.000.000 d'Africains ? La seule fois où il utilisa un peu d'humour pour ce sujet fut lorsqu'il écrivit :
«Il
y a beaucoup de choses humoristiques en ce monde ; entre autres celui de
l'homme blanc qui croit être moins sauvage que d'autres sauvages.»
Manuel
Langhorne Clemens en écrit d'ailleurs dans «Folowing The Equator», et par «nous»
il n'entendait pas que ses compatriotes, mais nous tous :
«Dans
beaucoup de pays nous avons mis le sauvage aux chaînes et l'avons fait mourir
de faim. Dans beaucoup de pays nous avons brûlé le sauvage sur le bûcher, nous
avons fait la chasse au sauvage, à sa femme et à ses enfants, avec des chiens
et des fusils. Dans beaucoup de pays nous avons pris la terre du sauvage et
fait de lui notre esclave en le fouettant tous les jours, en brisant sa fierté.»
«Mon but est de saisir l'occasion du cinquième centenaire de Fray
Bartolomé de Las Casas pour mettre en relief sa figure de créateur, ou au moins
d'animateur de la reconnaissance des droits de l'homme. Un hommage fut rendu
récemment à Las Casas en France et en Espagne, le reconnaissant comme père des
droits de l'homme. Las Casas fut le promoteur des LOIS POUR LES INDES» (voir
les paragraphes «Las Casas à la tête de la défense des Indiens» et «Attitude de
la Couronne
d'Espagne») «, une revalorisation du droit des individus. Ses polémiques
furent l'expression d'une dynamique au service de la défense d'un groupe humain
envahi par un autre.»
2/. Washington avait stipulé sur son testament que les esclaves Noirs
de ses plantations devaient être affranchis ; le brave homme ! ...
mais seulement après sa mort et celle de sa femme. Vision d'homme blanc, et pas
seulement d'américain.
3/. Charles & Mary Beard, THE RISE OF AMERICAN CIVILISATION, The
Macmillan Company, New York 1927-1947 ,
vol. I, page 366.
4/. Cité par F. George Kay, THE SHAMEFUL TRADE, A.S. Barnes and
Company, New Jersey 1968, page 164.
5/. Les Nordistes, les YANKEES, industriels de la Nouvelle Angleterre ,
supporters de Lincoln, étaient de sincères abolitionnistes mais pas toujours
par pur altruisme. Les emplois industriels demandent une responsabilisation et
une motivation des salariés que seule l'association récompense par le salaire
et punition par le licenciement permettait ; ce qui demandait des hommes
libres.
6/. Charles & Mary Beard, THE RISE OF AMERICAN CIVILISATION, The
Macmillan Company, New York 1927-1947 ,
vol. II, page 39.
7/. Idem, page 38.
c) L'extermination
progressive.
Je crois qu'avec tout ce qui précède le Dragon Angle
est suffisamment identifié. Voyons maintenant un modeste aperçu de ses crimes
envers les «Rouges» (1) comme il appelait
les Indiens.
Pour leur Déclaration des Droits de l'Homme, les Pères de la Patrie s'étaient "fondés sur les lois immuables de la Nature". Pourtant ils déclarèrent à mort l'homme naturel!
À mort le «savage Indian», jusqu'à
ses petits enfants. De prêtre du Christ, désertant son sacerdoce, le Pasteur
protestant méthodiste (2)
J.W. Chivington se fit colonel de l'Armée des Tueurs
d'Indiens, une armée qui n'était chargée d'aucune autre tâche que de celle de «libérer»
les terres des Peaux-Rouges, et agresser en même temps les Indiens du Mexique
qui avaient secoué le joug colonial et aboli l'esclavage. On a lu au paragraphe
«Dès la naissance de la
Nation Américaine.. .« comment Chivington reprit un de ses
soldats qui voulait épargner un enfant Cheyenne du massacre de sa tribu, et
rappela à cette occasion à ses soldats que : «Les lentes deviennent des poux» («nits become lice»). Il démontra
ainsi à ses hommes la supériorité de notre civilisation par rapport à celle des
Cheyennes...
«Quand
Chivington se rendit au quartier général du Fort Lyon, il fut chaudement
accueilli par le major Anthony. Chivington commença à parler de 'collectionner
les scalpes' et de 's'y mettre pour que ça saigne'. Anthony répondit en
expliquant qu'il avait 'attendu la bonne occasion pour leur tomber dessus'.»
«L'attaque dégénéra en massacre des
hommes, des femmes et des enfants. Trente à quarante femmes avaient cherché
refuge dans une excavation ; elles envoyèrent comme messagère une petite
fille de six ans avec un linge blanc fixé à un bâton ; elle n'eut que le
temps de faire quelques pas et fut abattue. Toutes les femmes réfugiées dans le
trou furent ensuite tuées ainsi que quatre ou cinq hommes qui essayaient de les
défendre. Elles n'offrirent aucune résistance. Chacune d'elles fut scalpée. Je
crus apercevoir une femme enceinte au ventre tailladé et il me sembla voir
l'enfant dans ses entrailles. Le capitaine Soule me confirma par la suite que
je ne m'étais pas trompé. Je vis le corps d'Antilope-Blanche... et j'entendis
un soldat dire qu'il en ferait une blague à tabac. ... je vis une petite fille
de cinq ans cachée dans un trou de sable ; deux soldats l'en extirpèrent,
tirèrent leurs pistolets et la tuèrent, puis la traînèrent par un bras sur le
sable. Je vis un grand nombre de bébés tués dans les bras de leurs mères.»
Cette
longue citation est extraite des rapports officiels conservés au Sénat des
États Unis sur le massacre des Cheyennes en 1864 (39e Congrès, 2e
Session) et cités par Dee BROWN (3). Ce n'était pas
le début de l'Apocalypse provoquée par le Dragon Angle, mais cela donne une
idée de ce qu'elle fut. Ceci se passait au 19e siècle ; la
tuerie avait déjà commencé au XVIIme siècle, mais de façon artisanale, c'était
une tuerie d'envahisseurs, et pas encore un génocide. Pourtant, même durant ces
opérations perpétrées sous la couronne britannique, nos cousins se
distinguèrent. Les «pèlerins» du MAY-FLOWER, ainsi que d'autres immigrants
britanniques, échappèrent à la mort par la faim ou le froid grâce à la
miséricorde des Peaux-Rouges de la tribu du chef Massasoit qui leur étaient
venus en aide. Sans reconnaissance envers l'humanité des «sauvages», les
descendants directs de ces mêmes «pèlerins» payèrent dans le
Massachusetts une prime pour tout Indien scalpé. Le montant de la prime n'était
pas uniforme, il variait selon l'âge et le sexe des scalpés. En 1703 on payait
40 £ pour chaque scalp. Avec l'approche de l'INDEPENDANCE DAY des «Droits de
l'Homme» il y eut inflation des prix. Ainsi en 1720 le prix monta à 100 £ pour
chaque Peau-Rouge scalpé de sexe masculin au-dessus de 12 ans, et 50 £ pour
chaque femme ou enfant en dessous de 12 ans. Avant de
poursuivre sur la tuerie du Massachusetts, permettez-moi de m'arrêter un peu
sur l'histoire du mot et de l'acte de scalper. En ouvrant mon
dictionnaire français à l'article scalp, je lis : «Peau du crâne avec
sa chevelure, enlevée par les Indiens d'Amérique à leurs ennemis vaincus».
Même interprétation dans le Brockhaus et dans le Duden allemands (4). Comme je suis
très sceptique sur l'objectivité de nos dictionnaires quand il s'agit de «peuples
primitifs», je doute que scalper un vaincu ait été une tradition indienne
plutôt qu'un «apport civilisateur» anglo-saxon en Amérique du Nord. Car si
scalper un ennemi tué était vraiment une coutume indienne, on aurait emprunté
aux Indiens leur mot pour désigner l'acte «traditionnel», comme on a
fait avec tomahawk (hache de guerre), wigwam (tente), mocassin (chaussure de
peau), TOTEM, etc., etc. Ainsi,
1/. Si la coutume de scalper un ennemi vaincu était vraiment une tradition indienne, pourquoi n'a-t-elle jamais existé en Amérique Centrale ou du Sud ? En effet, en aucune chronique de
n'existe
pas plus dans le dictionnaire de
la Real Asademia
Española que dans Espasa-Calpe. Ils
ne mentionnent pas ce mot, parce que l'acte n'eut jamais lieu sur les terres
indiennes sur lesquelles les Espagnols avaient posé pied cent cinquante ans
avant les Anglo-Saxons.
2/.
Le mot SCALP est un mot anglais d'origine étymologique scandinave. Je me
demande comment un mot pourrait exister dans une langue si l'acte ne l'a pas
précédé ? A quoi a donc servi ce mot dans l'histoire des peuples
scandinaves ? On lit toutefois dans Hérodote (IV. 64) que chez le
peuple européen des Scythes, après avoir tué l'ennemi on buvait son sang
et emportait en trophée son cuir chevelu arraché de la boîte crânienne.
Hérodote cite le fait, mais malheureusement sans mentionner le mot
scythe.
3/. L'éditeur d'Hérodote en allemand H.W. Haussig, dans une note en relation avec l'acte de scalper chez les Scithes, indique que cette coutume d'arracher «la peau du crâne avec sa chevelure» de la tête d'un ennemi vaincu fut empruntée plus tard aux Scythes par différents peuples, entre autres par des Lombards, cousins germains des Scandinaves et des Anglo-Saxons.
Que nos lexicographes et indo-germanistes éclairent notre lanterne sur ce «mystère». En attendant, l'hebdomadaire littéraire allemand DIE ZEIT du
Les écrits de Voltaire concordent avec DIE ZEIT, en élevant le Scalp au niveau du Walhalla du dieu Wotan :
«Les
Scandinaves (...) adoraient Odin et ils se figuraient qu'après la mort le
bonheur de l'homme consistait à boire, dans la salle d'Odin, de la bière dans
le crâne de ses ennemis.» (5)
Revenons
maintenant aux tueries du Massachusetts. La plus ignoble, de
par la personnalité des scalpés, fut celle des Narragansetts et de leur allié «King
Philip» en 1675-77 . Ce «King
Philip» était le fils du chef Massasoit, dont la tribu avait sauvé justement de
la mort par la faim et le froid les pères et mères des tueurs. C'est le
théologien Cotton Mathers, maître à penser de la Nouvelle Angleterre ,
qui menait l'ambiance sadique pendant laquelle il exhibât la tête de «King
Philip» et s'empara d'un morceau de sa mâchoire en
souvenir (6).
Ce Cotton Mathers était à ce moment la tête pensante de la colonie, en même
temps que son Grand Inquisiteur. Comment aurait-il pu être humain envers les
Peaux-Rouges, alors qu'en 1692 il avait fait pendre en quatre mois treize
hommes et six femmes (les «sorcières de Salem») parmi les colons, pour péché de
sorcellerie (7) ?
Calviniste, il avait appris le grec et l'hébreu pour étudier la Bible dans
le texte, au lieu de se contenter du latin mais rester humain. A la suite d'un
massacre perpétré par ses ouailles à son exemple sur un village indien qu'ils
attaquèrent par surprise la nuit, il rendit grâce à son dieu «de lui
avoir permis d'envoyer en un jour 600 païens en Enfer» (8).
C'était cela
Les Algonquins, une fédération composée d'une centaine de tribus parlant une quarantaine de langues et avec une culture s'approchant de celle des Aztèques, avaient déjà été décimés durant les guerres que se faisaient en Amérique du Nord les rois de France et d'Angleterre. Ils avaient lié leur sort à celui des Français contre les Anglais, croyant que ceux-là valaient mieux que ceux-ci. Hélas ! Quand ces deux visages pâles firent la paix, les pauvres Algonquins furent trahis par leurs alliés français sur le tapis vert où fut conclu le Traité de Paris de 1763. Ils continuèrent la lutte contre les Anglais sous leur chef Pontiac qui réussit à réunir, entre autres, les tribus Ottawa, Micmac, Delaware, Wyandot. Ils furent cependant anéantis par les Anglais avant l'INDEPENDENCE DAY. Les Iroquois, alliés des Anglais contre les Français et après contre les Américains, furent abandonnés à leur tour par les Anglais. Leur chef Thayendanegea continua la lutte, qui ne pouvait naturellement finir autrement que par la loi du mieux armé.
Vint le tour des Cherokees et des Creeks, qui après avoir été décimés, furent repoussés dans les années 1820 au-delà du Mississipi, vers l'Ouest, au slogan TO THE WEST, qui était alors l'inconnu redouté de tout le monde. Ils s'étaient accrochés avec désespoir à leurs terres ; on fut impitoyable, utilisant le raisonnement : «il est impossible de laisser à ces quelques centaines de milliers d'indigènes condamnés à la stagnation et à la barbarie ces terres qui sont les plus riches du Monde» (9). Ce fut l'illustre Président Andrew Jackson qui avant d'être porté à
La
campagne électorale de Jackson se fit sous le signe de la glorification de ses
mérites de meilleur tueur d'Indiens que le candidat concurrent. C'est comme tel
qu'il fut élu président des USA. On faisait encore en 1946 son éloge de
champion des tueurs d'Indiens en ces termes dans les manuels scolaires
américains : «Le général Andrew Jackson, un frontiersman du Tennessee qui
n'aimait rien de mieux que la chasse à l'Indien (Indian hunt)» (10). D'autres
préfèrent la chasse au garenne. Ils ne seront jamais de grands hommes !
Avec quel lyrisme on dépeint l'«ère jacksonienne», la «Démocratie jacksonienne».
Quelle leçon de «Morale» ! Ou de démoralisation plutôt quand on sait qu'il
s'agissait d'un homme qui en signant un Traité avec les Indiens faisait
toujours suivre sa signature du serment qu'il la respecterait «aussi longtemps
que l'eau coule et l'herbe pousse» (as long as the grass grows and water runs),
et JAMAIS il ne respecta un Traité quand il avait intérêt à le violer. C'est
sous sa Présidence que fut promulguée la Loi INDIAN REMOVAL ACT, en 1830. «Removal» =
déménagement. Un euphémisme pour l'expropriation associée à l'extermination.
Les Indiens qui survécurent à cette Loi jacksonienne l'appelèrent - en
traversant le Mississipi pour se réfugier vers l'Ouest - THE TRAIL OF TEARS, le
sentier des larmes. Après les Cherokees et les Creeks se fut le tour des Seminoles...
1/. Cette hantise des rouges de peau
se retrouva peut-être, après la dernière guerre mondiale, dans l'hystérie
macarthiste contre les rouges de la politique, qu'on appela aussi «les
Rouges» comme les Indiens. Ce fut au cri pathologique de «voilà les Rouges»
que James Forestal, ex-Premier Secrétaire de la Défense des Etats Unis, s'est jeté dans le vide su haut d'un gratte-ciel en 1949. Serait-ce le Grand Esprit des Sioux qui s'est vengé?
2/. NdC : L'Église Méthodiste a depuis demandé pardon aux Indiens
pour les exactions commises par J.W. Chivington.
3/. ENTERRE MON COEUR A WOUNDED KNEE, coédition Stock-Opera Mundi 1973,
pages 120 à 126.
4/. Mon dictionnaire anglais (J.Mc Laughlin de chez Garnier) est plus
pudique. Il ne donne pas les Indiens d'Amérique comme coutumiers du fait. J'ai
même consulté un dictionnaire américain (éditions Henry Holt & Co., New
York) datant de 1876, siècle de l'extermination des Peaux-Rouges. Il est aussi
discret que l'anglais sur ce sujet.
5/. Voltaire, ESSAI SUR LES MŒURS, éditions Garnier 1963, tome I, page
363.
6/. William Z. Foster, OUTLINE POLITICAL HISTORY OF THE AMERICAS, International Publishers, New York 1951, page 213.
6/. William Z. Foster, OUTLINE POLITICAL HISTORY OF THE AMERICAS, International Publishers, New York 1951, page 213.
8/. Gerhard Ludwig, MASSENMORD IN WELTGESCHICHTE, Stuttgart 1951, page
45.
9/. D.S. Muzzey, A HISTORY OF OUR COUNTRY, éditeurs Ginn &Co.,
Boston 1946, page 36 (manuel scolaire).
10/. Idem, page 252, note 1.
d) Paroles bafouées et
massacres.
«Oeil pour oeil, dent pour dent» avait lu Andrew
Jackson dans la Bible. Il
avait personnellement une «dent» contre les Seminoles, car il avait essayé en
vain de les «déménager» (repousser vers l'Ouest) en 1817-18 . Ils étaient trop coriaces, fiers comme les
Araucáns (voir le paragraphe «Les Dix Plaies d'Égypte»). Aidés par des fugitifs
Noirs, leurs frères de misère échappés des esclavagistes, ils lui ont résisté
victorieusement. Pour se venger, il attendit d'être Président des États Unis.
Élu, l'heure e sa vengeance sonna. Sept ans durant Noirs et Indiens lui
avaient résisté, fraternellement unis sous le commandement du Chef Seminole
Osceola :
«Durant sept ans les soldats entraient
dans les marais, seulement pour y trouver la défaite et dans certains cas la
mort. Sept généraux tombèrent, parmi lesquels il y en avait qui étaient les
meilleurs de l'armée régulière. A la fin, les États Unis reconnurent leur
défaite. Osceola, le grand chef Seminole, fut invité à la conférence de paix,
SOUS LA GARANTIE D'UN
SAUF-CONDUIT ; mais il fut aussitôt frappé à la tête, lié, jeté dans un
donjon, où il mourut l'année même. N'oubliez pas que tout cela fut l'oeuvre
d'une Armée sous les ordres directs du Président des États
Unis (Jackson)» (1)
C'est
ainsi que le président de l'ère jacksonienne eut sa petite vengeance de grand
homme. Comme l'eut le général Custer, en faisant assassiner 350 femmes et
enfants, pour atteindre l'immortalité dans la Galerie des héros des
États Unis (2).
Après
l'assassinat d'Osceola il fallait continuer à «libérer» les terres de leurs
occupants Seminoles et se venger des Noirs fugitifs. Cette besogne fut confiée
au général Zacharie Taylor, élevé lui aussi par la suite à la plus haute
dignité de la Nation ,
à la Présidence
de la République ,
en récompense de ses mérites de meilleur tueur de Peaux-Rouges que son
concurrent aux élections. Non seulement tueur d'Indiens des États Unis, mais
également d'Indiens du Mexique, qui venaient à peine de secouer le joug du
colonialisme espagnol.
Un autre Président des États Unis élu pour ses mérites de meilleur tueur d'Indiens, fut en 1840 le général William Henry HARRISON. Le succès de sa campagne électorale orchestrée par SEWARD (3), de l'aile gauche du parti d'Abraham Lincoln, fut lié au slogan : «Harrison, le héros de Tippecanoe». C'est en effet à Tippecanoe que Harrison attaqua traîtreusement (le Dragon Angle était bien armé, mais la traîtrise était la pièce maîtresse de sa panoplie) le Chef Algonquin Tecumseh, dont le peuple, combattants et non-combattants, fut littéralement massacré par les hommes de Harrison. Tecumseh tué, il fut dépouillé, et sa peau servit à fabriquer des cuirs pour aiguiser les rasoirs.
Des Algonquins transportons-nous maintenant chez les Apaches. Pauvres Apaches ! «INDIENS SAUVAGES ET SANGUINAIRES» lit-on dans le dictionnaire espagnol Espasa-Calpe. Complétons encore une fois ses informations en nous référant à Dee Brown. La félonie des visages pâles envers le chef apache Cochise (invité à des «pourparlers de paix» pour subir le sort d'Osceola) n'avait pas servi de leçon au «sanguinaire»(?) apache Mangas. Arrêté en arrivant au rendez-vous sous la tente du capitaine de l'armée américaine Shirland, sur le sommet de laquelle flottait un drapeau blanc, il passa de vie à trépas dans la nuit suivante, sur ordre du général Joseph West, qui avait dit aux gardes : «demain matin je le veux mort». Et voici comment est mort Mangas, un vieillard, qui ne voulait que la paix avec les Américains - à son âge il n'avait plus envie de se battre.
«Les
soldats chauffaient leurs baïonnettes dans le brasier avant de les appliquer
sur les jambes et les pieds de Mangas. Après avoir enduré ce supplice à
plusieurs reprises, le vieillard se dressa et protesta en espagnol de façon
véhémente, disant aux sentinelles qu'il n'était pas un enfant avec lequel on
s'amusait. Mais à peine avait-il crié son indignation que les deux hommes
posèrent leurs mousquetons puis tirèrent presque en même temps sur leur
victime. Lorsque Mangas s'effondra en arrière, les gardes vidèrent leurs
pistolets dans le corps affalé. L'un des deux soldats le scalpa, l'autre lui
coupa la tête et la fit bouillir afin de vendre plus tard le crâne à un
phrénologue de l'Est. Ils jetèrent le corps décapité dans un trou. Le rapport
officiel disait que Mangas avait été tué au cours d'une tentative d'évasion.» (4)
Parmi
les Peaux-Rouges le calvaire des Apaches fut des plus
douloureux. En 1873 encore, les Apaches des tribus Tontos et Aravaipa «furent encerclés et leurs femmes et enfants criblés de balles» (5). Un autre chef
Apache, Eskiminzin et son petit clan de cent cinquante subirent le même
sort (6).
Pourquoi ? Parce que :
«Tucson, en 1871, était une oasis de
3.000 trafiquants : cabaretiers, marchands, entrepreneurs, chercheurs
d'or, et de quelques profiteurs qui avaient fait fortune pendant la guerre de
Sécession, et qui espéraient en faire autant grâce à une guerre contre les
Indiens.»
«Dans l'ensemble ils étaient hostiles à l'existence de districts où des Apaches travaillaient pour subvenir à leurs besoins et vivaient an paix. De telles conditions entraînaient la réduction des forces militaires et, de ce fait, une diminution des profits de guerre.» (7) Alors,
«Des hommes
mis en position sur le terrain en contrebas ouvrirent sans tarder le feu sur le
village, et dès que les Apaches se sauvèrent en courant, un feu roulant tiré du
haut des falaises leur coupa la route. En l'espace d'une demi-heure tout était
fini. Les Apaches qui n'avaient pas réussi à fuir étaient tués ou faits
prisonniers...»
«Lorsque Whitman arriva au village, celui-ci brûlait encore et le sol était jonché de cadavres de femmes et d'enfants mutilés. 'J'ai découvert (témoigne le lieutenant Whitman) de nombreuses femmes abattues dans leur sommeil couchées sur des bottes de foin qu'elles avaient ramassées le matin même. Les blessés qui n'avaient pu se sauver avaient le crâne défoncé à coup de massues ou de pierres, tandis que d'autres étaient criblés de flèches après avoir été mortellement blessés par balles. Tous les corps étaient dépouillés de leurs vêtements.»
«Le chirurgien C.B. Briesly, qui accompagnait le lieutenant Whitman, raconta qu'un bébé de six mois avait reçu deux balles et l'une de ses jambes était presque arrachée.» (8)
Tout
cela ne s'est pas passé durant les «ténèbres du moyen âge», mais après la Renaissance et le
Siècle des Lumières. Le lieutenant Whitman qui eut le courage de tout démasquer
et le faire enregistrer dans les documents officiels, était un Don Quichotte.
On le punit en brisant sa carrière militaire, pour lui apprendre qu'on ne
tolérait pas de gêneurs.
Je
regarde encore ce gros manuel scolaire américain de 1946 de Muzzey (9), professeur à
Columbia University. On y lit :
«Ce fut un triste évènement que le
massacre du général George A. Custer, avec sa force de 264 hommes, par les
Indiens Sioux, sous leur chef Siting Bull, à Little Big Horn, au Montana, le 25 Juin 18 76. Il a
fallu 20 ans de batailles menées par quelques-uns des meilleurs généraux de la
guerre civile et coûta au gouvernement 20.000.000 de Dollars avant que les
hommes rouges fussent finalement pacifiés.»
«Des
hommes rouges finalement pacifiés». Repose en paix «homme rouge», l'homme
blanc t'a pacifié en tuant tes enfants et en déchirant le ventre de ta femme.
Quand on massacrait des Indiens des professeurs d'Histoire appelaient cela «pacifier»
dans leurs manuels scolaires. Mais quand des «hommes rouges» faisaient Justice
de leurs «pacificateurs», ils appèlaient cela «massacre». Quel malheur que les
Peaux-Rouges n'aient pas fait Justice de Custer avant qu'il perpétue ses
crimes ! Quel dommage qu'on n'ait pas érigé alors un Tribunal de Nürnberg
comme on a fait pour les criminels de guerre nazis !
Custer-les-fesses-dures, comme l'appelaient les Indiens parce qu'il était un «dur» pour les longues chevauchées, était possédé par la manie de collecter les scalpes d'Indiens. Il sévissait sous les ordres du générai Phil Sheridan au célèbre slogan : «IL N'Y A DE BON INDIEN QUE D'INDIEN MORT» (10), et il était un subordonné modèle. C'est pour cela qu'on donna son nom à une ville, comme firent les Espagnols avec Valdivia (voir le paragraphe «Les Dix Plaies d'Égypte»). Le lieutenant-colonel du 7e régiment de cavalerie Armstrong Custer avait reçu ordre du général Phil Sheridan de sévir contre les Indiens de la tribu de Chaudron-Noir :
«Les ordres que Custer avait reçus de Sheridan étaient
explicités : 'progresser vers le Sud en direction des Antilope Hills, puis
vers la Washita ,
quartier d'hiver supposé des tribus hostiles ; détruire leurs villages,
massacrer ou prendre tous les guerriers et faire prisonniers les femmes et les
enfants'.»
«En l'espace de quelques minutes les soldats de Custer détruisirent le village de Chaudron-Noir. Ne tuer ou ne prendre que les guerriers les obligeait à les séparer du reste des villageois - vieillards, femmes et enfants. Ils estimaient que c'était là une tâche trop dangereuse et qui prendrait trop de temps ; aussi jugèrent-ils plus efficace et plus sûr de massacrer tout le monde aveuglement, sans faire de distinction. Ils tuèrent ainsi cent trois Cheyennes, or onze seulement parmi eux étaient des guerriers.» (11)
Quand
il ne resta plus grand chose en vie, un des survivants fit la déclaration
suivante au Reverend W.J. Cleveland :
«Ils
nous ont fait des promesses plus que je n'en puisse me souvenir ; mais ils
n'en respectèrent qu'une seule : ils s'étaient promis de prendre nos
terres, et ils les ont prises.» (12)
«Chaque
butte cachait une forme humaine déchiquetée par des Schrappels et des balles de
carabine, couverte par du sang coagulé, et congelée en des contorsions de mort
violente. Ils étaient de tout âge et de tout sexe. L'assaut à décharge de
fusils et canons ne ménagea personne. Paddy Starr trouva trois femmes enceintes
criblées de balles. Une autre femme avec son abdomen envolé. Un garçonnet de
dix ans avec un bras, une épaule et la poitrine déchiquetés par un obus. «D'autres
firent des découvertes similaires.» (13)
À
la page suivante du même ouvrage on lit qu'
«Il y a eu en tout 146 morts, 102 hommes
et femmes adultes, 24 hommes vieux, 7 vieilles femmes, 6 garçons entre 5 et 8
ans et 7 bébés au-dessous de 2 ans. Leurs corps furent jetés sans cérémonie
dans une fosse. 'C'était à fendre le coeur d'un homme, même s'il était en
pierre', dit un observateur de la scène, 'de voir des petits enfants
avec leurs corps cribles de balles jetés nus dans un trou'. Quand le
dernier corps roula dans la fosse, les blancs s'alignèrent autour d'elle pour
prendre des photos. Après cela ils jetèrent des pelletées d'immondices dessus
et chevauchèrent de retour à l'Agence.»
Ils
ne s'alignèrent pas pour pleurer, mais pour prendre des photos. Ces appareils
photo à eux seuls prouvaient à certains que notre civilisation était supérieure
à celle des Indiens...
1/. Clarc Wissler, INDIANS OF THE UNITED
STATES, cité par William Z. Foster, OUTLINE POLITICAL HISTORY OF THE AMERICAS,
International Publishers, New York 1951, page 218.
2/. Le procédé de Andrew Jackson n'est pas une félonie spécifiquement
américaine. Elle fut courante au sein du «monde civilisé» dans ses rapports
avec les «peuples primitifs». La même méthode fut employée par Napoléon le
Grand bien avant Jackson, pour se venger de Toussaint l'Ouverture, le général
Noir, qui au service de la Révolution française avait défendu avec succès Haiti contre les anglais du général Maitland (appelés par les planteurs esclavagistes français) et avait battu par la suite à plate couture les soldats de l'"Aigle d'Austerliz"...
3/. Seward était le grand théoricien du TO THE WEST, vers le Pacifique, et de
là «jusqu'aux plaines d'Asie»...
4/. Dee BROWN, ENTERRE MON COEUR A WOUNDED KNEE, coédition Stock-Opera
Mundi 1973, page 257.
5/. Idem, page 267.
7/. Idem, page 262.
8/. Idem, page 264, (Ministère de l'Intérieur des USA, Rapport de 1871,
page 488).
9/. D.S. Muzzey, A HISTORY OF OUR COUNTRY, éditeurs Ginn &Co.,
Boston 1946, page 459.
10/. Charles & Mary Beard,
THE RISE OF AMERICAN CIVILISATION, The Macmillan Company, New York 1927-1947 , vol. II, page 131.
11/. Dee BROWN, ENTERRE MON COEUR A WOUNDED KNEE, coédition Stock-Opera
Mundi 1973, page 222.
12/. Robert M. Utley, THE LAST DAYS OF THE SIOUX NATION, Yale
University Press, 1973, page 59.
13/. Idem, pages 2 et 3.
e) Le bilan.
Les Sioux adoraient Dieu en dansant et chantant pour
s'unir a Lui. «Shocking» dirent nos «chrétiens» américains. Manque-t-on de
respect envers Dieu en dansant devant Lui ? La seule prière possible
doit-elle être à genoux comme faisaient Chivington, Custer, Sheridan, Jackson
et d'autres éminents «chrétiens» massacreurs d'Indiens ! Pour punir les
Sioux de leurs soi-disant «profanations», on décréta la peine de mort pour tout
danseur de Ghost Dance. Les massacreurs étaient tous de fervents et assidus
lecteurs de la Bible
Hébraïque , ou Ancien Testament (1), mais ce qu'ils
privilégiaient dans leurs pieuses lectures était les passages dans lesquels
sont décrits l'art et la manière d'égorger des femmes et des enfants, par
exemple 2Samuel XV-3 et Nombres XXXI-17/18, non les passages des Saintes
Écritures où
«David et toute la maison d'Israël
jouaient devant Jéhovah de toute sorte d'instruments, et David, au milieu des
réjouissances, dansait de toute sa force devant le Dieu d'Israël». (2Samuel
VI-5 et 15-14)
Les
Juifs fervents dansent encore aujourd'hui devant JHWE. Les vieux Nehibim
hébreux dansaient en extase devant l'Éternel (1Samuel X-5-6 et 2Rois III-15).
Les prophètes de Baal à Tyr dansaient (lRois XVIII-26). Les Derviches Musulmans
adorent Allah en dansant. La mythologie grecque faisait également danser les
prêtres de Cybèle, les Corybantes, devant leur patronne, déesse de la Terre et mère du dieu de la Lumière Zeus ;
Cybèle était la «Magna Matter» des Romains. De même les Vestales dansaient à
Rome autour du Feu Sacré.
Et pourquoi ne pas danser devant Dieu ? Il est émouvant de voir la fervente allégresse des Africains catholiques qui dansent devant le Christ. Les Gitans de Séville, des plus fervents parmi les chrétiens, adorent le Christ en dansant devant Lui. Les Indiens du Mexique vont tous les 12 décembre devant la «Virgen de Guadalupe», en pèlerinage, en marchant sur les genoux pendant des kilomètres ! Ils y arrivent, les genoux ensanglantés, avec des larmes dans les yeux, et ils dansent alors, enivrés d'allégresse, devant la Mère du Christ Çiva dans la mythologie indienne, crée le monde en dansant.
Et pourquoi ne pas danser devant Dieu ? Il est émouvant de voir la fervente allégresse des Africains catholiques qui dansent devant le Christ. Les Gitans de Séville, des plus fervents parmi les chrétiens, adorent le Christ en dansant devant Lui. Les Indiens du Mexique vont tous les 12 décembre devant la «Virgen de Guadalupe», en pèlerinage, en marchant sur les genoux pendant des kilomètres ! Ils y arrivent, les genoux ensanglantés, avec des larmes dans les yeux, et ils dansent alors, enivrés d'allégresse, devant la Mère du Christ Çiva dans la mythologie indienne, crée le monde en dansant.
Revenons
aux Sioux. Après les avoir «pacifiés» on les jeta dans une fosse et on les
couvrit d'immondices. Pour perpétuer leur souvenir, au lieu d'avoir honte,
quand on parle d'eux aujourd'hui, on dit : «ruse de Sioux».
«Toutes
ces guerres coloniales contre les Indiens furent poursuivies avec une férocité
désespérante. Les colons blancs se surpassèrent en sauvage brutalité,
massacrant en masse des non-combattants, hommes, femmes et enfants, torturant
les prisonniers et les brûlant sur le bûcher.» (2)
«THE
SAVAGE MUST GO», les sauvages doivent partir, disparaître et même leurs bisons.
On avoue, même dans les manuels scolaires américains, qu'on a détruit
volontairement leurs bisons «desquels ils dépendaient pour leur viande,
leurs vêtements et leurs tentes» (3). Et le
professeur d'Histoire qui rédigea ce manuel scolaire jadis trouvait tout à fait
normal d'exterminer des bisons, pour faire mourir les Indiens de Faim et de
Froid, quand ils ne pouvaient les atteindre par le fer et le feu. Après tout
cela, comment justifier encore que ce soient les Peaux-Rouges que l'on traitait
de «sauvage» dans la
Déclaration d'Indépendance.
1/.
Par ordonnance de la jeune République des États Unis (1787),
«Le
maximum de bonne foi doit être observée envers les Indiens ; leur terre et
leur propriété ne doivent jamais leur être prises sans leur consentement.»
2/.
Quatre vingt dix ans après cette Déclaration solennelle, une fois que
l'extermination à 90% des Peaux-Rouges fut un fait accompli, dans un message au
Congrès des USA, le Président R.B. Haynes déclara laconiquement :
«Beaucoup,
si non la plupart, de nos guerres avec les Indiens ont eu pour origine des
promesses non-tenues et des actes d'injustice de notre part.» (4)
Belle
consolation posthume ! On perpétua le souvenir des Indiens en donnant leurs
noms à des États ou des villes : Dakota, Delaware, Ottawa, Wyoming, Sioux,
Utah et autres, et même à une marque d'automobiles.
Tout cela ne perpétua que le souvenir de l'ethnocide. Quant aux descendants Indiens des survivants du génocide, ils vécurent la commémoration des 200 ans de la date du Feu Vert pour la «pacification» radicale, en compagnie des descendants des «pacificateurs». Le Bicentenaire du
«The
Biggest in The World» (le plus grand du Monde), comme tout ce qui se fait aux
USA.
D'après Newsweek, 25.000.000 de citoyens des États Unis ont été d'accord pour collaborer à l'organisation de ce Bicentenaire, armés de toute la panoplie de leur folklore. Rien n'y manqua. Ni les costumes de «chevaleresques» Cow Boys ni ceux des «fourbes» Indiens. Mais les quelques Peaux-Rouges descendants des survivants qu'avaient-ils à voir avec ces «Injuns» de Carnaval ? Que pouvaient-ils commémorer, eux ? Les Vols, les Viols, les Trahisons, les Massacres, les Fourberies des criminels de guerre Sheridan, Custer, Chivington, Jackson, Taylor, Harrison ? Et j'en passe. Et les 6.000.000 de Chicanos qu'ont-ils célébré ? La joie d'être traités par les WASPs de «Greasballs» sur les terres arrachées à leur patrie mexicaine en 1848 ? Et les «Niggers» ? Que pouvaient-ils célébrer ? La victoire des esclavagistes Américains sur les marchands d'esclaves Britanniques ?
En
fait, toutes ces injustices sont l'oeuvre de ce qu'on commémora au Bicentenaire.
Car, en 1776, par «Droits de l'Homme» on n'entendait que le droit des WASPs à
exterminer les Peaux-Rouges et à maintenir en esclavage les Noirs.
Tout cela est l'interprétation des droits de l'homme que fit le Dragon Angle, célébrés maladroitement au Bicentenaire, et ce n'est pas son traditionnel «GOD BLESS AMERICA» (Dieu bénisse l'Amérique) qui y changera quoi que se soit.
Tout cela est l'interprétation des droits de l'homme que fit le Dragon Angle, célébrés maladroitement au Bicentenaire, et ce n'est pas son traditionnel «GOD BLESS AMERICA» (Dieu bénisse l'Amérique) qui y changera quoi que se soit.
1/. Beaucoup se prénommaient et se
prénomment Abraham, Isaac, Jacob, Dav (David.), Sam (Samuel), «oncle Sam», Dan
(Daniel), Ben (Benjamin), malgré l'antisémitisme au grand jour hier et larvé
aujourd'hui.
2/. J. Frost, «INDIAN WARS OF THE UNITED STATES», cité par William Z.
Foster, OUTLINE POLITICAL HISTORY OF THE AMERICAS, International Publishers,
New York 1951, page 25.
3/. D.S. Muzzey, A HISTORY OF OUR COUNTRY, éditeurs Ginn &Co.,
Boston 1946, (manuel scolaire), page 459, note 1.
4/. Charles & Mary Beard, THE RISE OF AMERICAN CIVILISATION, The
Macmillan Company, New York 1927-1947 ,
volume II, page 131.
SOURCE :
Web : basile-y.com
© 2000 Copie autorisée si sans modification et si auteur Basile Y. cité
http://www.basile-y.com/auteur/indiens.html
Dr. Mohamed ZEMIRLINE
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