Kasdi Merbah
Kasdi
Merbah, de son vrai nom Abdallah Khalef, né le 16 avril 19 38 à Fès au Maroc et mort le
21 août 1993 ,
est un homme politique algérien. En tant que chef de la Sécurité Militaire ,
il joue un rôle essentiel au sein du pouvoir algérien de 1962 aux années 1980.
Il occupe plusieurs postes ministériels dans les années 1980, devient chef du
gouvernement de l'Algérie du 5 novembre 1988 au 9 septembre 1989 avant d'être limogé, de
fonder son propre parti, le Mouvement Algérien pour la Justice et le
Développement (MAJD) et de se montrer très critique vis-à-vis du régime.
Œuvrant pour un rapprochement entre les islamistes et le pouvoir, il est
assassiné pour des raisons qui demeurent inexpliquées.
Sommaire
Biographie
Il
est originaire du village d'Aït Lahcéne, commune de Beni Yenni, dans les
hauteurs de Tizi Ouzou.
Ses débuts
Kasdi
Merbah est né au Maroc le 16 avril 19 38. Membre de UGEMA et militant du Front de
libération nationale (FLN), il participe à la grève générale des étudiants le 19 mai 19 56 puis
s'engage dans l'Armée de libération nationale (ALN) en Wilaya V. Il y navigue
dans le sillage de deux fortes personnalités : Abdelhafid Boussouf, né pour
l'action secrète, et Houari Boumédiène, sorte de maréchal de l'ALN ; le premier
a créé le réseau de renseignements et de contre-espionnage du FLN et le second
a gravi les échelons de la hiérarchie à la vitesse d'un météore.
Affecté
au Ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) dirigé par
Boussouf, il fait partie de la jeune garde surnommée « Boussouf boys ». Il
appartient également à la première promotion de cadres militaires formés par le
KGB à Moscou, appelée « Tapis rouge ». Chef du service des renseignements du
MALG auprès de l'Etat-major général en février 1960 à Ghardimaou (frontière
tunisiernne) il participe en tant qu'expert militaire aux négociations
algéro-françaises des Rousse en 1961, puis à celles de février-mars 1962 qui
aboutirent aux accords d'Évian.
Formé
à l'école de Boussouf, il se range dès le début dans le camp de Boumédiène au
cours de la crise de l'été 1962. À ce titre, il préside et coordonne le retour
des archives du MALG des frontières marocaines et tunisiennes à Alger, qui
serviront de base de la création et à l'organisation de la fameuse Sécurité
Militaire (SM), l'ancêtre du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS).
Carrière au lendemain de l'indépendance
Patron
incontesté de la « SM » au ministère de la défense nationale d'octobre 1962 à
février 1979, proche et fidèle collaborateur de Boumédiène, il participe
activement au coup d'État du 19 juin 19 65. Au moment de l'agonie de Boumédiène, il
était responsable de tous les services de sécurité : police, gendarmerie et
sécurité militaire, ce qui explique son rôle déterminant dans le processus de
transition.
Carrière politique à partir de 1979
En
janvier 1979, il sort de l'ombre en apportant son soutien au colonel Chadli,
qui l'emporte sur ses principaux concurrents. Vice-président du comité central,
il abandonne ses fonctions à la tête de la Sécurité militaire pour devenir le 5 mai 1979
secrétaire général du ministère de la défense nationale. Promu colonel le 28 juillet 1979 ,
il perd cependant son siège au Bureau politique du FLN, réduit de 17 à 7
membres, mais conserve ses fonctions au ministère de la Défense.
Lors
du remaniement du 15
juillet 1980 , Merbah est mis sur la touche. Il quitte le poste-clé
de secrétaire général du ministère de la Défense pour devenir vice-ministre de la Défense , chargé de la
logistique et des industries militaires, jusqu'au 12 janvier 1982 , date à laquelle il
est nommé ministre de l'industrie lourde. Le 16 janvier 1984 , il réintègre le
Bureau politique comme membre suppléant et le 22 janvier suivant, il passe de
l'industrie lourde à l'agriculture et à la pêche, où il élabore la
libéralisation des « domaines agricoles socialistes », transformés en «
exploitations agricoles collectives » ou individuelles, statut qui ouvre la
voie à une privatisation ultérieure.
Membre
de la commission d'enrichissement de la Charte nationale en 1986, inspirateur du voyage
de Chadli aux États-Unis, président de la commission chargée des institutions,
il perd le ministère de l'agriculture et obtient le 15 février 1988 celui moins
important de la santé. Technicien hors pair depuis l'époque de Boussouf, Kasdi
Merbah est un pur produit du FLN. Pendant longtemps, il fut l'un des barons du
boumédiénisme et l'un des piliers des différents gouvernements.
Au
lendemain des émeutes d'octobre 1988, il est chargé par le président le 5 novembre 1988
de former un nouveau gouvernement. Conformément aux nouvelles dispositions
constitutionnelles adoptées par référendum le 3 novembre précédent, il prend le
titre de Chef du gouvernement, qui remplace celui de premier ministre que
portait son prédécesseur Abdelhamid Brahimi. Efficace et méthodique, il est
cependant limogé le 9
septembre 1989 , moins d'un an après sa nomination à la tête du
gouvernement pour « tiédeur » dans la mise en œuvre des réformes. Son renvoi
manque d'ouvrir une crise politique grave au sein du pouvoir, après qu'il eut
opposé au président Chadli des arguments juridiques.
Il
est remplacé par Mouloud Hamrouche. Après plusieurs mois de réflexion, il
s'adresse le 14
mai 1990 aux militants FLN de Tizi Ouzou pour évoquer la crise de
ce parti et montrer pour la première fois son intérêt pour la langue berbère.
Le 8 octobre, il se sépare d'un parti où il a milité pendant 34 ans en
démissionnant du Comité central. Un mois plus tard, le 5 novembre 1990 , il dépose
au ministère de l'Intérieur le dossier d'agrément de son propre parti, le
Mouvement
Algérien
pour la Justice
et le Développement (MAJD), sigle voulant dire « gloire » en arabe, qui obtient
son agrément le 5
janvier 1991 et dont il est secrétaire général (le MAJD n'a pas de
président). Licencié en droit, s'il voue une haine tenace à l'ancien président
Chadli Bendjedid[réf. nécessaire]. il ne s'est jamais attaqué au Front
islamique du salut (FIS) Il conserve même des contacts aussi solides que
discrets, avec les représentants de plusieurs courants de l'ex-parti islamiste.
Il va tenter à les amener à une table de négociation. Une opération complexe
qui va lui coûter la vie. Le 25 juillet 1993 , il arrive avec ses interlocuteurs du FIS
dissous à un accord sur un projet de processus de retour à la paix et à la
réconciliation nationale qui devait être soumis aux autorités du pays.
Le
21 août 1993 ,
à 19 heures , à Bordj El
Bahri, il est assassiné en compagnie de son fils cadet Hakim (25 ans), le
chauffeur Hachemi Ait Mekidèche (30 ans), son frère Abdelaziz (42 ans) et son
garde du corps Abdelaziz Nasri. Les raisons précises de son assassinat et ses
instigateurs demeurent inconnus du public. Un seul officiel du régime, Daho
Ould Kablia, sera présent lors de son enterrement1. La famille considère que
l'enquête a été « bâclée »2 et avance qu'il fut éliminé « par un clan du
pouvoir, hostile à sa démarche de réconciliation » entre le FIS et le pouvoir 3.
Selon
le journal Jeune Afrique, le meurtre de Kasdi Merbah qui survient quelques mois
après celui du président Mohamed Boudiaf accélère le pays dans la voie de la
guerre civile 4.
Notes et références
1. 9 ANS APRÈS L’ASSASSINAT DE KASDI
MERBAH, Le secret reste vivant [archive], L'expression, 22 août 2002
2. Assassinat de Kasdi Merbah : sa
famille exige une enquête "sérieuse" [archive], lematindz.net, 24 août 2012
3. Le neveu de Kasdi Merbah: “Kasdi
Merbah a été «liquidé» par un clan du pouvoir ?” [Archive],
lequotidienalgerie.org, 28 juin 2011
4. Assassinat de l'ancien Premier
ministre algérien Kasdi Merbah [archive] Jeuneafrique.com, 21 août 1993
Voir aussi
Articles
connexes
Département
du Renseignement et de la
Sécurité (DRS)
Ministère
de l'Armement et des Liaisons générales
Bibliographie
Achour Cheurfi, La classe politique algérienne de 1900 à nos jours.:
Dictionnaire biographique, Casbah Éditions, 2002, (ISBN 9961-642-92-9 )
Salem Chaker, Hommes et femmes de Kabylie, Edisud, 2006
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kasdi_Merbah
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