dimanche 10 mai 2015

La fin des Croisades. Basile Y.



EUROPE ET MONDE ARABE
LES CROISADES

La fin des Croisades


Aux XIIe et XIIIe siècles les Croisades coûtèrent beaucoup de sang aux Arabes (musulmans et chrétiens), aux Juifs d'Europe et du Proche Orient, aux Chrétiens de Hongrie et de Serbie par les hordes de Pierre l'Hermite, enfin aux Chrétiens de Byzance par la Quatrième Croisade organisée par le pape Innocent III et le Doge de Venise. On ne peut pas dire que toutes ces Croisades furent pour rien. Ce sang ne fut pas perdu pour tout le monde. Il fut le premier tribut pour le développement de l'Europe, qui précéda le tribut du sang des Amérindiens, des Africains, des Asiatiques et autres peuples qui jouirent des bienfaits de notre «Mission Civilisatrice».

Après le XIIIe siècle les Croisades n'intéressaient plus LE Coupable. Il faisait de bonnes affaires avec les «ennemis de Dieu» - un Dieu qui n'était pas son Veau d'Or - au bassin de la Méditerranée, les Croisades n'avaient plus de raison d'être. Malgré les bonnes affaires le Requin trouva que ce bassin était devenu trop étroit pour ses nageoires et son appétit. C'est à l'échelle planétaire qu'il commença à étendre ses ambitions à partir de la fin du XVe siècle. La dernière Croisades fut le lamentable échec du «Don Quichotte» Pie II qui, avec trois siècles de retard, la voulut absolument, lubie de toute sa vie avant d'être Pape. Il croyait qu'il suffisait d'être Pape pour décider de l'opportunité d'une Croisade, sans la bénédiction de la Bourgeoisie. Échec parce que tous les rois de la chrétienté qui régnaient en ces temps (alors que c'était l'ARGENT qui gouvernait leurs États) ne lui firent que des promesses non-tenues, le laissant tomber avec sa marotte. La bourgeoisie avait alors d'autres chats à fouetter que la lubie de Pie II. C'était l'ère des grandes expéditions de brigandage qui commençait en cette fin du XVe siècle.

Après les marchands d'épices du Portugal qui financèrent l'expédition de Vasco da Gama (Manuel le Fortuné régnait au Portugal, mais ils gouvernaient) ce fut le grand bourgeois espagnol de Santangel et les moins grands bourgeois, les frères Pinzón (los Pinzones) qui financèrent l'expédition de Christophe Colomb. La légende raconte qu'Isabel la Catholique mit ses bijoux en gage chez des «usuriers juifs» pour financer cette expédition, mais la vérité historique nous apprend que c'est la bourgeoisie espagnole qui la finança à 100%. Luis de Santangel les 2/3, avec 1.000.000 de maravédis(1), et «los Pinzones», armateurs de Palos, l'autre tiers, avec 500.000 maravédis.

C'est alors que commencèrent les grandes expéditions des pillards de l'Occident. Christophe Colomb et Vasco da Gama en ouvrirent la voie, le premier inaugurant personnellement la mise en esclavage des Indiens le deuxième donnant l'exemple des massacres en masse, avec son Oradour-sur-Glane flottant (voir «La Croisade contre d'autres Chrétiens»). Les Portugais, suivis par les Hollandais pour commencer, et par les autres européens par la suite, allèrent porter la désolation jusqu'en Indonésie. Ce fut toute l'Europe qui se rua vers les Amériques, sur les pas des Ibériques. Au XIXe siècle commença une ère nouvelle de pillages avec Napoléon, qui ouvrit la voie aux Jules Ferry de tout l'Occident. Alors commencèrent des Croisades sans Croix. C'était démodé la Croix. Il fallait être de son temps. Depuis le Siècle des Lumières on était devenu «porteurs de Lumières» avec le général Bugeaud de la Piconnerie, Sir Cecil Rhodes, Lord Kitchener, le général Gallieni. Ils se couvrirent de gloire avec des épées contre des corps nus ou des mousquetons contre des flèches. Leurs noms sont inscrits en lettres d'or au Panthéon des héros de l'Europe. L'Entente Cordiale se scella ainsi dans la rivalité pour les rapines et l'émulation dans le meurtre. L' «AUTRE» était en retard pour la Curée. Comme les appelle Han Su Yin : Guillaume II, LE RETARDATAIRE EN PILLAGES(2). Quant au plus vorace de tous, il tua tellement de Peaux-Rouges que ça lui faisait mal à la main. Alors il inventa le néo-colonialisme pour donner des leçons de «Morale» aux colonialistes européens. Le Big Stick de ses Théodore Roosevelt était réservé aux cas exceptionnels, pour les cas où les investissements et la «sécurité» de ses nationaux étaient «menacés».

La guerre d'Algérie ne commença pas en 1830 avec l'arrivée des Français qui venaient après tout, officiellement du moins, en représailles contre un satrape de l'Empire Ottoman oppresseur des Algériens. L'Empire Ottoman avait déjà persécuté Abd El Kader et son père Muhyi al Din. La guerre d'Algérie commença avec les massacres sadiques du Duc de Rovigo dont on voulut perpétuer la mémoire en donnant son nom à une bourgade d'Algérie. Abd El Kader ne voulait pas chasser les Français de toute l'Algérie. Il voulait au contraire coexister, comme il écrivit alors au roi de la Bourgeoisie française Louis Philippe. Mais la Bourgeoisie française lui répondit par des renforts militaires.

Après les succès de l'Entente Cordiale en 1914-18 contre les «retardataires en pillage», il fallait se partager les dépouilles de l'Empire Ottoman écroulé. On inventa une «Société des Nations» encore dominée par l'Occident (avec le «bâton de pèlerin» d'Aristide Briand) pour le charger du partage des dépouilles du Sultan d'Istanbul. La France eut ses «Mandats», l'Angleterre les siens. Le sang versé pendant la Première Guerre Mondiale ne le fut pas pour rien, en tout cas pas pour tout le monde. LE Coupable en tira largement profit. Les politiciens à son service ne manquèrent pas.

En fin de compte la France, si riche en éminents orientalistes, au lieu de demander leur conseil sur la politique à suivre envers les populations du Proche Orient, à peine libérées du joug ottoman et soumises à son «Mandat», elle y envoya des traîneurs de sabre à la Weygand, et Serrail qui, lui, y représenta la France en faisant bombarder le quartier musulman de Damas par les Airs et l'Artillerie.

L'autre Aile de l'Entente Cordiale a fait «mieux». Au lieu de se salir dans des «sales guerres», elle usa de la roublardise avec le Divide and Rule (diviser pour régner) et un Intelligence Service plus malin que les héritiers du 2e Bureau. L'autre Aile a fait battre les «coloured» partout entre eux en vendant des armes aux deux camps, comme avait fait la Mésentente Cordiale au XVIIIe siècle en faisant battre Algonquins contre Iroquois et vice versa.

BASILE Y.
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1/. Le «Nouveau Chrétien» (Juif converti à la Santa Fé Catolica) Luis de Santangel était 1'ALMOJARIFE (Ministre des Finances) des Rois Catholiques. Il déposa aux pieds de la Reine Isabelle La Catholique un million de Maravédis de sa fortune personnelle, en «la suppliant de ne pas lui faire l'affront de lui proposer des gages», écrit Pater LAS CASAS dans son HISTORIA DE LAS INDIAS, éditions F. de C.E., Mexico 1951, page 170.
2/. Han Su Yin, THE CRIPPLED TREE, éditions Jonathan Cape, Londres 1970, page 111.

Mohamed ZEMIRLINE

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