Le Jihâd en Islam
Au Nom de Dieu, Clément et Miséricordieux
« …Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin ! «
Saint-Coran, Sourate 20 Verset 47
« …Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin ! «
Saint-Coran, Sourate 20 Verset 47
Avant de commencer je prononcerai l’invocation de
Moise
(Que la paix de Dieu soit sur lui) :
« Seigneur, ouvre-moi ma poitrine, et facilite ma mission, et dénoue un nœud en ma langue, afin qu'ils comprennent mes paroles «
Saint-Coran, Sourate 20 Versets 25 à 28
Le Jihâd en Islam
Par Mouminbilah
Création : 04/2010. Modification : 17/12/2010
-
TABLE
DES MATIERES
-
Introduction
Beaucoup de choses ont été dites au sujet du Jihâd en Islam, que ce soit de la part des musulmans, des orientalistes, des polémistes ou des prédicateurs missionnaires chrétiens. Beaucoup de ces groupes n'ont pas compris la notion de Jihâd, même parmi les musulmans. Dans cet article, nous allons, avec l'aide de Dieu, clarifier cette notion pour beaucoup d'entre vous.
Notre article sera construit de la manière suivante : en premier lieu, nous donnerons une définition du terme Jihâd, ensuite nous parlerons de sa légitimité. Nous aborderons par la suite les règles régissant le Jihâd armé (ou belliqueux). Nous aborderons ensuite la question des Dhimmi (protégés) ainsi que de la Jizya (tribut). Nous verrons ensuite si le Jihâd belliqueux abroge ou non le Jihâd prédicatif. Nous aborderons également la question des guerres menées par le Prophète (sws). Et nous traiterons finalement de la question du Jihâd dans l'histoire de la civilisation musulmane. Puisse Dieu nous aider dans cette tâche !
Seules les erreurs nous incombent !
-
Définition
Nous lisons dans l'ouvrage de référence en matière de jurisprudence islamique aujourd'hui, Fiqh As-Sunna, écrit par Sayyid Sabiq, la définition suivante :
«Le substantif jihâd se rattache à la racine jahd
qui comprend l'idée d'énergie et d'effort. On dit en arabe untel « jâhada
jihâdan «, c'est-à-dire qu'il a utilisé le maximum de ses forces, de son
énergie et de son endurance dans le combat contre l'ennemi. On traduit
aujourd'hui ce concept par celui de harb, ou guerre, qui consiste
en la lutte armée entre deux États ou plus.»
[1]
Comme nous pouvons le voir, le terme arabe ne se rattache pas nécessairement à sa forme belliqueuse, c'est-à-dire le combat armé. Les versets coraniques qui emploient la racine jahd le prouvent suffisamment. Tantôt, ce terme désigne la lutte armée pour repousser l'ennemi, tantôt, il désigne la prédication pure et simple. Voici les versets en question :
Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d'Allah, ceux-là espèrent la
miséricorde d'Allah. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
Sourate Al-Baqara 2, 218
Comptez-vous entrer au Paradis sans qu'Allah ne distingue parmi
vous ceux qui luttent et qui
sont endurants ?
Sourate Al-'Imrâne 3, 142
Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux - sauf
ceux qui ont quelques infirmité - et ceux qui
luttent corps et biens dans le sentier d'Allah. Allah donne à ceux qui luttent corps et biens un grade
d'excellence sur ceux qui restent chez eux. Et à chacun Allah a promis la
meilleure récompense; et Allah a mis les
combattants au-dessus des non combattants en leur accordant une
rétribution immense
Sourate An-Nisâ 4, 95
Ô les croyants ! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous
rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause.
Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent !
Sourate Al-Mâ'ida 5, 35
Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa
religion... Allah va faire venir un peuple qu'Il aime et qui L'aime, modeste
envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d'Allah, ne
craignant le blâme d'aucun blâmeur. Telle est la grâce d'Allah. Il la donne à
qui Il veut. Allah est Immense et Omniscient.
Sourate Al-Mâ'ida 5, 54
Ceux qui ont cru, émigré et
lutté de leurs biens et de leurs personnes dans le sentier d'Allah,
ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont alliés les
uns des autres. Quant à ceux qui ont cru et n'ont pas émigré, vous ne serez pas
liés à eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent. Et s'ils vous demandent secours au nom
de la religion, à vous alors de leur porter secours, mais pas contre un peuple
auquel vous êtes liés par un pacte. Et Allah observe bien ce que vous œuvrez.
Sourate Al-Anfâl 8, 72
Et ceux qui ont cru, émigré
et lutté dans le sentier d'Allah, ainsi que ceux qui leur ont donné
refuge et porté secours, ceux-là sont les vrais croyants : à eux, le pardon et
une récompense généreuse. Et ceux qui après cela ont cru et émigré et lutté en votre compagnie, ceux-là sont
des vôtres. Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont priorité les uns
envers les autres, d'après le Livre d'Allah. Certes, Allah est Omniscient.
Sourate Al-Anfâl 8, 74-75
Pensez-vous que vous serez délaissés, cependant qu'Allah n'a pas
encore distingué ceux d'entre vous qui ont
lutté et qui n'ont pas cherché des alliés en dehors d'Allah, de Son
messager et des croyants ? Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous
faites.
Sourate At-Tawba 9, 16
Ferez-vous de la charge de donner à boire aux pèlerins et
d'entretenir la Mosquée
sacrée (des devoirs) comparables [au mérite] de celui qui croit en Allah et au
Jour dernier et lutte dans le sentier
d'Allah ? Ils ne sont pas égaux auprès d'Allah et Allah ne guide pas
les gens injustes. Ceux qui ont cru, qui ont émigré et qui ont lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier
d'Allah, ont les plus hauts rangs auprès d'Allah... et ce sont eux
les victorieux.
Sourate At-Tawba 9, 19-20
Légers ou lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos personnes dans le
sentier d'Allah. Cela est meilleur pour vous, si vous saviez.
Sourate At-Tawba 9, 41
Sourate At-Tawba 9, 41
Ceux qui croient en Allah et au Jour dernier ne te demandent pas
permission quand il s'agit de mener combat
avec leurs biens et leurs personnes. Et Allah connaît bien les
pieux.
Sourate At-Tawba 9, 44
Ô Prophète, lutte contre les
mécréants et les hypocrites, et sois rude avec eux; l'Enfer sera
leur refuge, et quelle mauvaise destination !
Sourate At-Tawba 9, 73
Ceux qui ont été laissés à l'arrière se sont réjouis de pouvoir
rester chez eux à l'arrière du Messager d'Allah, ils ont répugné à lutter par leurs biens et leurs personnes dans le
sentier d'Allah, et ont dit : «Ne partez pas au combat pendant cette
chaleur ! « Dis : «Le feu de l'Enfer est plus intense en chaleur.» - S'ils
comprenaient !
Sourate At-Tawba 9, 81
Et lorsqu'une Sourate est révélée : «Croyez en Allah et luttez en compagnie de Son messager»,
les gens qui ont tous les moyens (de combattre) parmi eux te demandent de les
dispenser (du combat), et disent : «Laisse-nous avec ceux qui restent».
Sourate At-Tawba 9, 86
Mais le Messager et ceux qui
ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et leurs personnes.
Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront.
Sourate At-Tawba 9, 88
Sourate At-Tawba 9, 88
Quant à ceux qui ont émigré après avoir subi des épreuves, puis ont lutté et ont enduré, ton
Seigneur après cela, est certes Pardonneur et Miséricordieux.
Sourate An-Nahl 16, 110
Sourate An-Nahl 16, 110
Et luttez pour Allah avec tout l'effort qu'Il
mérite. C'est Lui qui
vous a élus; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de
votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés «Musulmans» avant (ce Livre) et
dans ce (Livre), afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous
soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la Salat, acquittez la Zakat et attachez-vous
fortement à Allah. C'est Lui votre Maître. Et quel Excellent Maître ! Et quel
Excellent soutien !
Sourate Al-Hajj 22, 7
N'obéis donc pas aux infidèles; et
avec ceci (le Coran), lutte contre eux vigoureusement.
Sourate Al-Fourqâne 25, 52
Sourate Al-Fourqâne 25, 52
Et quiconque lutte, ne lutte que pour
lui-même, car Allah
peut Se passer de tout l'univers.
Sourate Al-'Anqaboût 29, 6
Et Nous avons enjoint à l'homme de bien traiter ses père et
mère, et «si ceux-ci te forcent à
M'associer, ce dont tu n'as aucun savoir, alors ne leur obéis pas».
Vers Moi est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez.
Sourate Al-'Anqaboût 29, 8
Sourate Al-'Anqaboût 29, 8
Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos
sentiers, Allah est en vérité avec les bienfaisants.
Sourate Al-'Anqaboût 29, 69
Et si tous deux te forcent a M'associer ce
dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon
convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi,
ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez»
Sourate Luqmâne 31, 15
Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d'entre vous qui luttent [pour la
cause d'Allah] et qui endurent, et afin d'éprouver [faire apparaître] vos
nouvelles.
Sourate Muhammad 47, 31
Sourate Muhammad 47, 31
Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et
en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs personnes dans le chemin
d'Allah. Ceux-là sont les véridiques.
Sourate Al-Houjjourâte 49, 15
Vous croyez en Allah et en Son messager et vous combattez avec vos biens et vos personnes
dans le chemin d'Allah, et cela vous est bien meilleur, si vous
saviez ! Sourate As-Saff 61,
11
Ô Prophète ! Mène la lutte
contre les mécréants et hypocrites et sois rude à leur égard. leur
refuge sera l'Enfer, et quelle mauvaise destination !
Sourate At-Tahrîm 66, 9
Nous n'avons pas cité les versets parlant d'Al-Qitâl (le combat au sens propre) et nous avons préféré nous concentrer sur l'emploi du terme Jihâd. Ce terme, ou plutôt ses dérivées, revient dans 28 versets du Coran selon notre compte personnel. Et il revient, sous-entendu sous le terme de combat, plus d'une vingtaine de fois. Cependant, le lecteur le notera, dans moins d'une dizaine de verset, le terme n'a pas ce sens de combat guerrier.
Nous lisons dans l'Encyclopédie thématique de l'Islam au sujet du terme arabe Jihâd:
«Or, sa définition exacte est:
le terme dérive de la racine J.H.D. qui
signifie faire des efforts, lutter d'où juhd veut dire énergie accompagnée
de gros et pénibles efforts. C'est-à-dire que le Jihâd couvre toute
activité, qu'elle soit militaire, civile ou morale, qui implique une tâche et
une concentration physiques et intellectuelle ou les deux à la fois.» [2]
Certains traducteurs occidentaux emploient le terme «guerre sainte»
pour traduire le terme arabe « Jihâd », ce qui est complètement faux
comme nous venons de le voir. Le terme arabe pour guerre est «harb» ou «qitâl»,
ainsi l'expression «guerre sainte» se traduit en arabe par «al-harb
al-muqqadassa». Cette expression n'existe nulle part, ni dans le Coran, ni dans
la tradition islamique. Elle est apparue pour la première fois lors des
Croisades et a été employée par ces derniers. Cette expression, au sous-entendu
négatif, ne saurait être employée pour parler du Jihâd en Islam. Ce glissement
de sens a été opéré par les faussaires de l'Histoire.
-
Le sens du terme Jihâd
Avant de parler de la forme belliqueuse du Jihâd (c'est-à-dire le combat armé), il faut bien entendu parler de sa forme première. Dans l'Encyclopédie thématique de l'Islam, nous lisons à cet effet :
Le Jihâd, en tant que combat armé,
n'est pas au centre de la doctrine islamique. La guerre, proprement dite, est
traduite par un autre vocable : harb ou qitâl . Elle n'est, en
fait, qu'un acte secondaire du véritable Jihâd que le Musulman doit
mener continuellement et sans répit jusqu'à la mort. En comparaison du véritable Jihâd
qui consiste à réformer les moeurs, la lutte armée, comme le dit Ghazâlî, n'est
qu'un souffle de vent sur la mer agitée. Le Jihâd, comme la traduction
en français l'indique, signifie l'effort par excellence. C'est donc la
philosophie d'une lutte permanente physique mais aussi intellectuelle : «Il est
à remarquer toutefois, dit Muhammad Abdou, que le mot Jihâd, dont le
sens littéral est l'effort, ne signifie pas seulement la guerre extérieure
contre ceux qui ne croient pas, mais aussi la lutte contre les passions
mauvaises, la discipline morale, la victoire sur soi-même. [...] Le Jihâd
est aussi un effort raisonné exercé sur soi-même. Le bien et le mal s'opposent
en nous perpétuellement. Il est demandé de combattre les mauvais penchants, de
respecter donc les prescriptions coraniques pour réaliser, d'une part, son
unité personnelle et instaurer, d'autre part, au sein de la société un ordre
social où règne la justice et la liberté individuelle et collective. Cette
tâche se concrétise que grâce à un effort continuel afin de valoriser ses
connaissances et d'élever le niveau culturel et moral de la Communauté.» [3]
Le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti affirme dans son livre «Le Jihad en Islam: comment le comprendre et comment le pratiquer?» :
La plupart pense que le jihad, qui fait parti des préceptes et
des lois de l'Islam, n'a été prescrit qu'après l'Exode du Prophète vers Médine
et qu'avant cette date, le jihad n'existe pas. [...] La prédominance d'une
telle croyance tient au fait que la plupart des gens ne retiennent du terme
jihad que sa portée belliqueuse sans doute parce que la lutte contre les polythéistes
n'a été prescrite qu'après l'installation du prophète à Médine. Une telle
conception du jihad a eu pour conséquence d'en exclure bon nombre de ses formes
et indubitablement les plus importantes parce qu'elles prévalaient dès les
débuts de la prédication islamique à la Mecque, constituant ainsi l'essence même du jihad
et donnant naissance à d'autres formes dictées par les circonstances.
S'opposer aux polythéistes en les appelant à
suivre la vérité et en réfutant leur culte des ancêtres et des traditions, a
été la forme principale du jihad prescrite par le Prophète dès l'aube de
l'Islam et ensuite par ses Compagnons. Un tel jihad consistait également à
crier haut et fort la vérité comme cela était le cas du Prophète et des ses
Compagnons et ce quels que soient les peines et les dommages. L'une des plus
importantes de ses formes a été de continuer à faire connaître le livre de Dieu
et à faire prévaloir ses préceptes et ses prescriptions sans tenir compte des
risques que cela comporterait.
Peut-on nier un tel jihad alors que Dieu lui-même l'a
appelé expressément de ce nom en s'adressant à son Envoyé Muhammad, encore
installé à la Mecque
: «Ne cède pas aux
dénégateurs. Par ceci combats-les d'un grand combat». C'est-à-dire combat-les par les
arguments du Coran et ceci constitue un grand combat, comme l'a dit Ibn Abbas
et d'autres. [...]
Cette vérité se confirme davantage dans les hadiths du Prophète,
tels que : «Le meilleur
jihad est une parole juste dite devant un souverain injuste» et «le meilleur jihad réside dans ton effort en Dieu contre
toi-même et contre tes caprices».
En y réfléchissant bien, l'on constate que cette forme mekkoise du jihad a été la source de toutes les autres formes, tel qu'un tronc d'un arbre robuste résistant à toutes les intempéries dont sortent des branches qui changent tout le temps au bon gré du vent et des saisons. Disons plutôt que le jihad mekkois peut être assimilé à la nourriture indispensable à l'homme, quelques soient les circonstances, alors que la forme belliqueuse du jihad, décrétée pour faire face à une conjoncture fortuite, ressemble à un médicament prescrit pour apaiser certaines douleurs. [4]
En y réfléchissant bien, l'on constate que cette forme mekkoise du jihad a été la source de toutes les autres formes, tel qu'un tronc d'un arbre robuste résistant à toutes les intempéries dont sortent des branches qui changent tout le temps au bon gré du vent et des saisons. Disons plutôt que le jihad mekkois peut être assimilé à la nourriture indispensable à l'homme, quelques soient les circonstances, alors que la forme belliqueuse du jihad, décrétée pour faire face à une conjoncture fortuite, ressemble à un médicament prescrit pour apaiser certaines douleurs. [4]
C'est en ce sens que le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti ajoute :
Qu'est-ce qui prouve que la prédication en
Dieu constitue le grand pilier du jihad et la source de ses prescriptions ? La
preuve, on la trouve dans les divers ouvrages de la jurisprudence où les
chapitres consacrés au jihad commencent par aborder cette forme essentielle
afin que tout initié éclairé puisse savoir que la première application du jihad
consiste à prêcher Dieu, à ordonner le Convenable et à proscrire le Blâmable.
Quant aux divers modes du jihad belliqueux, ils sont prescrits pour soutenir sa
forme essentielle comme le sont les branches au tronc d'un arbre. [5]
Il ressort clairement que le Jihâd armé ou belliqueux n'est qu'une branche du Jihâd et ne constitue certainement pas son essence comme il vient de l'être démontré. Le véritable Jihâd consiste le faire contre soi-même et à appeler les autres à l'Islam. N'est-ce pas dans ce sens que le Prophète (sws) a dit : «Combattez (Jâhidou) les polythéistes avec vos biens, vos âmes et vos langues»? [6]
-
Pourquoi le combat armé est autorisé en Islam ?
Parmi les polémistes les plus acharnés contre l'Islam, certains soutiennent que l'Islam ne peut pas être une religion d'amour parce qu'elle autorise le combat. Or, de telles personnes sont totalement déconnectées de la réalité. Il suffit de regarder l'Histoire pour se rendre compte que la guerre a toujours fait parti du lot de l'être humain. Au contraire, une religion qui ne dispose d'aucune loi régissant la guerre ne peut être une religion d'amour pour la simple et bonne raison qu'en situation de conflit, ses adeptes risquent de s'adonner à l'excès.
L'Histoire du christianisme est un bel exemple illustrant ce cas.
En effet, ne disposant d'aucune loi régissant la guerre, le christianisme s'est
rendu coupable des Croisades, de la Colonisation, de l'Esclavage, de l'Inquisition,
des exterminations des Indiens d'Amérique et des Aborigènes d'Australie, de la
situation d'Apartheid en Afrique du Sud, etc. Une religion d'amour, comme le
soutiennent les polémistes chrétiens, donnerait-elle autant de fruits pourris ?
N'entrons pas dans la polémique, car ce n'est pas le but de cet
article.
En ce qui concerne la guerre, c'est avec réalisme que nous lisons dans l'ouvrage de jurisprudence islamique, Fiqh As-Sunna :
La guerre est un phénomène social inéluctable qui touche toutes
les Nations et toutes les époques, ou peu s'en faut ; les Lois révélées
antérieures reconnaissent cet état de fait : on trouve dans la Thora que méditent les juifs
la reconnaissance légale du concept de guerre sous sa forme la plus abrupte.
Quant au droit international, il définit les situations où la guerre devient
légitime, codifiant pour elle des lois et des coutumes qui atténuent ses
effets, outre que ces lois n'aient jamais été appliquées.» [7]
Si l'Islam a régi la guerre c'est tout simplement pour en limiter ses méfaits. Serait-on assez fou pour décrier les Conventions de Genève et affirmer qu'elles légitiment la guerre ? Il est clair que non. En Islam, Dieu n'aime pas la guerre comme il est clairement écrit :
[...] Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre,
Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors
qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre.
Sourate Al-Mâ'ida 5, 64
L'historienne chrétienne, Karen Armstrong, a bien compris
cela quand elle affirme :
[...] Le mot l'islam vient de la même racine arabe que le mot la
paix et le Coran réprouve la guerre comme un évènement anormal contraire à la
volonté de Dieu: «Toutes les fois qu'ils
allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le
désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre.» (Le Coran, sourate
al-Ma'ida, verset 64)
L'islam ne justifie pas la guerre ou
l'extermination agressives, comme la
Torah fait dans les cinq premiers livres de la Bible. Religion
plus réaliste que le christianisme, l'islam déclare que la guerre est
inévitable et parfois une obligation positive pour mettre fin aux oppressions
et à la souffrance. Le Coran enseigne que la guerre doit être limitée et
conduite de la façon la plus humaine possible. Mohammed a dû combattre non seulement
les habitants de la Mecque
mais également les tribus juives de la région et des tribus chrétiennes en
Syrie qui alliées aux juifs planifiaient une attaque contre lui. Pourtant ceci
n'a pas poussé Mohammed à dénoncer les gens du livre. [8]
-
Le Jihâd belliqueux (ou armé) : son statut et ses règles
Quand fut-il déclaré pour la première fois ?
En effet :
Ce fut à Médine, la jeune capitale de l'Islam, que
l'autorisation de combattre fut révélée, après que l'ennemi eut encerclé les
musulmans et que ces derniers fussent contraints de prendre les armes pour se
défendre et protéger la prédication islamique.
[...] C'est la seconde année de
l'Hégire que Dieu prescrit la lutte armée et la déclara obligatoire :
{Il vous est prescrit de combattre ; et pourtant vous y
répugnez. Aussi bien se peut-il que vous répugniez à une chose, et qu'elle soit
pour votre bien ; il se peut que vous en chérissiez une autre, et qu'elle soit
pour votre mal. - Dieu sait, vous ne savez pas.} S.2, V.216 [9]
Quand devient-il légal et contre qui ?
En analysant le premier verset autorisant la lutte défensive :
Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se
défendre) - parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de
les secourir -ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, - contre toute
justice, simplement parce qu'ils disaient : «Allah est notre Seigneur». - Si
Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient
démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah
est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa
Religion). Allah est assurément Fort et Puissant, ceux qui, si Nous leur
donnons la puissance sur terre, accomplissent la Salat, acquittent la Zakat, ordonnent le convenable, et interdisent le blâmable.Cependant, l'issue finale de toute chose appartient à Allah. Sourate
Al-Hajj 22, 39-41
On se rend compte que l'autorisation de lutter est motivée par
trois choses :
- L'injustice que représente l'agression dont les musulmans ont
été les victimes et leur expropriation à contre droit, et seulement pour avoir
dit : «Notre Seigneur est Dieu».
- N'était-ce la permission que Dieu a donnée aux hommes de se défendre, la totalité des sanctuaires où l'on rappelle le nom de Dieu seraient détruits en raison de l'iniquité des mécréants, lesquels ne croient pas en Dieu et au Jour dernier.
- Le secours que Dieu nous apporte, la capacité qu'Il nous donne sur la Terre et le pouvoir qu'Il nous octroie n'a d'autre but que l'accomplissement de la prière, l'acquittement de l'aumône légale, la prescription du convenable et la proscription du blâmable. [10]
En effet,
Si la paix est de règle et la guerre, une exception, alors on
dira que la guerre n'est légitime au regard de l'Islam que dans deux cas :
- Dans le cas où les musulmans
doivent défendre leur personne, leur honneur, leurs biens ou leur nation.
Dieu dit : {Combattez
sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, sans pour autant commettre
d'agression : Dieu déteste les agresseurs.}
S.2, V.190 Abû Dâwûd, at-Tirmidhî et an-Nasâ'î rapportèrent d'après Sa'îd Ibn
Zayd, que le Prophète (sws) a dit : «Qui est tué pour son bien, est mort en
martyr ; qui est tué pour sa personne, est mort en martyr ; qui est tué pour sa
religion, est mort en martyr ; qui est mort pour sa famille, est mort en
martyr.» Dieu dit : {Il ferait beau voir
que nous ne combattions pas sur le chemin de Dieu, après avoir été exilés de
nos demeures et de nos fils !} S.2,
V.246
- Dans le cas où les musulmans doivent
défendre la prédication islamique contre ceux qui veulent l'étouffer, soit en
malmenant ceux qui y adhèrent, soit en empêchant ceux qui désirent se convertir
de pouvoir le faire, soit en interdisant aux prédicateurs musulmans de
transmettre le message divin.
Témoignent de cela les preuves suivante : Dieu dit : {Combattez
sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, mais ne commettez pas
d'agression : Dieu déteste les agresseurs. Tuez-les où vous les aurez
accrochés. Evincez-les d'où ils vous ont évincés. Car le trouble est plus grave
que le meurtre. Mais ne les combattez pas auprès du Sanctuaire consacré, à
moins qu'ils ne vous le disputent par un combat. S'ils le faisaient, alors
combattez-les pareillement. - Telle soit la récompense des mécréants.
Cependant, s'ils en finissaient, alors Dieu est Tout pardon, Miséricordieux.
Ainsi combattez-les jusqu'à ce que qu'il n'y ait plus de trouble, et que la
religion soit rendue à Dieu. - Cependant s'ils en finissaient, alors plus
d'offensive, sinon contre des iniques} S.2,
V190-193. Ces versets comprennent les points suivants :
L'ordre de combattre ceux qui font montre
d'agression, afin qu'ils en finissent. En effet, combattre pour défendre sa
personne est légitime au regard de toutes les lois et toutes les doctrines. Ceci ressort clairement de cette parole
divine : {Combattez
que le chemin de Dieu ceux qui vous combattent.}
L'interdiction de combattre ceux qui ne font
pas montre d'agression, car Dieu interdit l'agression, la démesure et
l'injustice : {Ne commettez pas
d'agression, Dieu déteste les agresseurs.} Si l'interdiction de commettre l'agression est motivée par
le fait que Dieu n'aime pas les agresseurs, ceci prouve que cette interdiction
est péremptoire (muhkam) et non susceptible d'abrogation, car commettre une
agression est une injustice et Dieu déteste les injustes.
Le but de cette guerre légale est d'empêcher que les croyants et
les croyantes subissent le trouble, qu'on leur cause préjudice, et de les
laisser libres de pratiquer leur religion. Dieu dit : {Qu'avez-vous à vous
abstenir de combattre sur le chemin de Dieu, quand il est tant d'opprimés
d'entre les hommes et les femmes et les enfants à dire : «Notre Seigneur,
fais-nous sortir de cette ville aux habitants iniques. Commets-nous de Ton sein
un protecteur. Commets-nous de Ton sein un secourant !} S. 4 , V.75. Ce verset comprend deux motifs de combattre
:
- combattre pour la cause de
Dieu, but que se fixe la religion afin de faire cesser le trouble et que
la religion soit rendue à Dieu ;
- et combattre pour la cause
des opprimés, ces convertis de La Mecque qui n'avaient pas pu rejoindre le Prophète
(sws) à Médine, et qui, malmenés par les Qurayshites, demandaient du secours.
Or, ces opprimés ne sauraient faire l'économie d'une protection contre le mal
des injustes, ni d'une protection qui leur permette de professer la doctrine
qu'ils veulent.
Dieu dit : {S'ils se tiennent à l'écart de vous, sans vous combattre, et vous lancent la paix, Dieu ne vous laisse plus contre eux de chemin} S. 4, V. 90. Ainsi, ceux qui n'ont pas combattu leur peuple, n'ont pas combattu les musulmans et se sont tenus à l'écart des belligérants par désir réel de paix, ceux-là, Dieu ne confère aux musulmans aucun droit de les combattre. Dieu dit : {S'ils penchent pour la paix, penches-y toi-même, sans cesser de faire confiance à Dieu, qui est l'Entendant, le Connaissant. S'ils veulent te duper, qu'il te suffise de Dieu} S. 8, V. 61-62. Dans ce verset, on trouve l'injonction de pencher pour la paix quand l'ennemi penche pour elle, même s'ils ne font cela que par ruse. [11]
On peut se poser la question suivante : Le Jihâd belliqueux est-il destiné à repousser la combativité ou à mettre un terme à la dénégation (mécréance)?
Le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti a été très perspicace dans son livre intitulé «Le Jihad en Islam: comment le comprendre et comment le pratiquer?» dont je vais résumer l'avis. [12]
Selon la majorité des jurisconsultes (les Hanafites, les Malikites et les Hanbalites), la cause du Jihâd belliqueux (ou armé) consiste à repousser la combativité et non à mettre un terme à la dénégation. Seul Ash-Shafi'î, selon une de ses 2 opinions sur le sujet, considère que la dénégation peut être la cause du Jihâd belliqueux. Ibn Hazm, de l'école Dhâhirite qui a aujourd'hui disparue, est du même avis.
Les arguments de la majorité se basent sur les nombreux versets coraniques qui enjoignent le combat uniquement contre ceux qui agressent les musulmans et non contre ceux qui ne les attaquent pas pour cause de religion (cf. Coran 2,190; 9,13 ; 9,36 ; 60,8-9) et des nombreux hadiths du Prophète (sws) qui enjoignent de ne tuer ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards que nous aurons l'occasion de citer par la suite.
Les arguments des autres se basent sur les versets suivants : Coran 9,5 et 9,29. De plus, ils se basent sur le hadith prophétique dans lequel le Prophète (sws) aurait affirmé n'être envoyé que pour combattre les gens jusqu'à ce qu'ils professent leur foi en un Dieu unique ainsi que d'autres traditions similaires.
Le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti fait ensuite remarquer que l'opinion de la minorité n'est pas fondé pour plusieurs raisons :
- La première, est que le verset 5 de la Sourate n°9 At-Tawba (le Repentir) est sortie de son contexte. En effet, si le lecteur s'attache au sens littéral de ce seul verset en oubliant ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent, il arrivera à la même conclusion que celle des chafi'îtes et des dhahirîtes. Cependant, les versets qui suivent ordonnent aux croyants d'assurer la sauvegarde aux associants qui le demandent. De cela, découle que le passage se comprend en un sens contraire à l'opinion de la minorité. Ce sens contraire se répète trois fois :
1 - Lorsque Dieu nous ordonne d'accorder la sauvegarde aux
associants qui le souhaitent dans l'espoir de leur faire entendre la Parole divine, ensuite en
assurant leur protection jusqu'à leur lieu de retour sans contrepartie. Si la dénégation était la
source du combat contre les associants, serait-ce justifiable de leur accorder
une telle protection ? Il ressort clairement
du passage que c'est l'absence de combativité de leur part qui justifie cette
protection et que le combat est ordonné que contre ceux qui commettent des
excès à l'égard des musulmans.
2 - Dans l'exception du reste du verset n°7 «A l'exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux».
Si la dénégation, en tant que telle, était un motif de combat,
qu'est-ce qui justifie un traité avec ceux que Dieu nous ordonne de combattre ?
3 - Dans l'annonce de la cause pour laquelle le Message Divin dénonce le fait que les associants se prévalent d'un pacte auprès de Dieu et de Son Envoyé. Le verset n°8 stipule en effet : «Comment donc ! Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de leurs bouches, tandis que leurs coeurs se refusent; et la plupart d'entre eux sont des pervers.» Si la dénonciation d'un tel pacte entre les musulmans et les polythéistes avait pour motif la dénégation, peu importerait alors que ces derniers respectent ou non leur pacte car la dénégation serait donc la cause du combat et de la rupture du pacte !
Il n'est donc pas légal de postuler l'abrogation de ces 3 versets par celui qui les précède ! Cela supposerait que des versets postérieurs puissent être révélés tout en étant abrogé ! Qui soutient une telle hypothèse parmi les savants musulmans?
En ce qui concerne l'argument de la minorité se référant au verset 29 de la Sourate 9, le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti réplique comme suit :
1 - L'objectif du combat prescrit par Dieu est la soumission au
régime de capitation. Une fois cette soumission acquise, la non conversion à
l'Islam ne constitue pas un inconvénient. Dans ce cas il est faux de conclure que
la dénégation est le motif du combat car après la capitation, la conversion
n'est pas exigée.
2 - Dans son contexte historique, ce verset fut révélé alors que les Gens du Livre et plus particulièrement les tribus juives, étaient dans une situation qui leur permettaient d'agresser les musulmans. De plus, ce verset ordonne de combattre et non de tuer.
2 - Dans son contexte historique, ce verset fut révélé alors que les Gens du Livre et plus particulièrement les tribus juives, étaient dans une situation qui leur permettaient d'agresser les musulmans. De plus, ce verset ordonne de combattre et non de tuer.
Dans la langue arabe, les verbes qatala (tuer) et qâtala
(combattre) présentent une nuance qui ne doit pas échapper à un arabophone
averti. La
forme qâtala implique la réciprocité et ne peut être utilisée que si
l'on veut exprimer une action réciproque de résistance contre celui qui
manifeste le premier une attention de meurtre ou en prend l'initiative. Quand à celui qui manifeste en premier une intention de
meurtre ou en prend l'initiative, il ne peut être qualifié de combattant mais
de meurtrier. Lorsqu'on dit par exemple : «je combattrai tel gens pour mes
biens ou mon honneur» on ne peut comprendre qu'une intention de votre part de
faire face à vos agresseurs. Votre résistance fait donc suite à leur agression.
Ainsi les arguments de la majorité sont bien plus en adéquation avec les textes que les arguments employés par la minorité. Et Dieu Seul Sait ce qu'il en est.
Quelles sont les règles à respecter en matière de guerre ?
La jurisprudence islamique est claire quant aux règles à respecter
en matière de guerre, et en cela elle a devancé les Conventions de Genève de
plusieurs siècles. En effet,
Si l'Islam tolère la
guerre comme un mal nécessaire, il lui fixe toutefois des limites précises.
Ainsi n'est-il permis de tuer que les ennemis qui participent au combat ; quant
à ceux qui n'y prennent pas part, il n'est nullement permis de s'en prendre à
eux. De même, l'Islam défend de tuer les femmes, les enfants, les malades, les
vieillards, les moines, les salariés employés comme serviteurs. Il interdit de
mutiler les corps des ennemis, de tuer les animaux, d'altérer les champs,
l'eau, les puits et de détruire les maisons. Il interdit d'achever les blessés,
de poursuivre les fuyards.
Car, la guerre étant comme une opération chirurgicale, il convient de ne
traiter que les parties touchées par le mal.
A ce titre, Sulaymân Ibn Abî Burayda rapporte d'après son père :
«Lorsque l'Envoyé de Dieu (sws) désignait un émir à la tête d'un corps d'armée
ou d'un corps expéditionnaire, il l'exhortait de se prémunir de Dieu et de
faire le biens aux musulmans qu'il emmenait. Puis il disait : « Combattez, mais ne prélevez pas
une part du butin, ne violez pas un pacte, ne mutilez pas les corps des
ennemis, ne tuez pas les enfants.» [13]
Toutes ces prédispositions sont, bien entendu, tirées de la vie du Prophète (sws). Quoi de plus probant que de citer les recommandations de ce dernier à son armée lorsqu'il partait en guerre ? A ce titre, la tradition islamique est abondante:
Ibn 'Omar a rapporte que l'Envoyé de Dieu (sws) a vu au cours de l'une de ses expéditions une femme tuée ; il désapprouva cela et défendit par la suite de mettre à mort les femmes et les enfants. [14]
On rapporta à Mâlik que 'Omar Ibn 'Abdul-'Aziz (le plus célèbre des califes ommeyades) écrivit à l'un de ses préfets : «On nous rapporta que quand l'Envoyé de Dieu (sws) envoyait une troupe d'hommes, il leur disait : «Faites l'expédition au nom de Dieu et luttez dans la voie de Dieu. Vous abattrez ceux qui ne croient pas en Dieu ; ne fraudez pas, ne trahissez pas, ne défigurez pas vos victimes et ne tuez pas les enfants.» A transmettre cela à ton armée et à tes troupes s'il plait à Dieu. Que la paix soit sur toi.» [15]
Dans les recommandations que l'Envoyé de Dieu faisaient à ses lieutenants, nous pouvons citer les traditions suivantes :
Lorsque l'Envoyé de Dieu (sws) voulut nous envoyer au Yémen, Mu'âdh et moi, il nous dit : «Facilitez et n'entravez pas ; annoncez la bonne nouvelle et n'inspirez pas de l'antipathie, agissez dans un but de conciliation et non dans un but de division.» [16]
Lorsque l'Envoyé de Dieu (sws) envoyait un de ses Compagnons régler une affaire, il lui disait : «Annoncez la bonne nouvelle, n'inspirez pas de l'antipathie; facilitez et n'entravez pas.» [17]
On rapporte rapporte que le Prophète (sws) a dit : «Allez au nom de Dieu, par Dieu, et
selon la religion de l'Envoyé de Dieu ! Ne tuez ni les vieillards ni les
enfants ni les femmes. Ne prélevez pas une part du butin, mais rassemblez-le,
Améliorez, agissez avec bonté: Dieu aime ceux qui agissent avec bonté.» [18]
De même que les Califes qui ont succédé au Prophète (sws) ont adopté les mêmes recommandations. Leur présence près du Prophète (sws) a largement influencé leurs actions en tant que Calife des musulmans. A ce titre, on peut clairement voir l'influence des enseignements du Messager de Dieu (sws) sur son premier successeur Abû Bakr As-Siddîq.
De même que les Califes qui ont succédé au Prophète (sws) ont adopté les mêmes recommandations. Leur présence près du Prophète (sws) a largement influencé leurs actions en tant que Calife des musulmans. A ce titre, on peut clairement voir l'influence des enseignements du Messager de Dieu (sws) sur son premier successeur Abû Bakr As-Siddîq.
En effet, l'Imâm Mâlik rapporte dans son «al-Muwatta» que lorsqu'Abû Bakr As-Siddîq fut investit du Califat, il donna à Yahya Ibn Sa'îd 10 prescriptions lorsqu'il l'envoya en Syrie, lesquelles étaient : «De ne tuer ni femme, ni enfant, ni vieillard, de ne pas couper un arbre fruitier, ni détruire ce qui est construit, de n'égorger ni mouton ni chameau, sauf s'ils sont à manger ; de ne pas mettre au feu les abeilles et ne pas les disperser ; ne fraude pas et ne sois pas lâche.» [19]
Le docteur M. S. Ramadan Al-Bouti rapporte dans son ouvrage «Le Jihad en Islam: Comment le comprendre ? Et comment le pratiquer ?» les recommandations du 2ème Calife de l'Islam, 'Umar Ibn Al-Khattab envers Sa'd Ibn Abi Waqqas et à ses soldats la veille de leur départ pour El-Qadissiyah (en Persie) dans les termes suivants :
«Ô Sa'd, fils de la mère de Sa'd, ne sois pas enivré par le fait
que l'ont dit de toi que tu es l'oncle maternel et le Compagnon de l'Envoyé de
Dieu car Dieu n'absout pas une mauvaise action par une autre mauvaise action
mais il absout celle qui est mauvaise par un bonne action. Entre Dieu et tout homme, il n'y a de lien que celui de son obéissance
à Dieu. Dans la religion de Dieu, les hommes sont égaux parce qu'ils sont tous
ses serviteurs. Les uns se distinguent des autres par les conséquences de leurs
actions. Ils atteignent sa bénédiction par leur obéissance. Regarde bien la
conduite que tu as vu l'Envoyé de Dieu observer et observe-la. Je
t'ordonne, à toi et à tes soldats de vous prémunir de Dieu dans toute situation
car se prémunir de Dieu est la meilleure façon de se préparer au combat contre
l'ennemi et la manoeuvre la plus puissante en temps de guerre. Je t'ordonne, à
toi et à tes soldats, de vous méfier de vous plus de votre méfiance de votre ennemi
car les péchés de l'armée sont plus à craindre que l'ennemi lui-même. La
victoire des Musulmans tient surtout à la désobéissance à Dieu de leur ennemi.
Sans ces péchés, notre force ne saurait les affecter car notre nombre n'est pas
comparable au leur et nos armes ne le sont pas non plus par rapport aux leurs.
Si nous rivalisons avec eux en matière de péchés, leur force l'emportera sur la
nôtre. Si nous ne pouvons pas l'emporter sur eux par la vertu nous ne l'aurons
pas par la force. Sachez que sur vos chemins, il y a des anges qui Dieu
envoient vous préserver. Ils savent ce que
vous faites. Ayez de la pudeur vis-à-vis de ces anges. Ne commettez pas de
péchés, vous qui marchez dans la voie de Dieu. Ne dites pas : «Notre
ennemi est pire que nous et Dieu ne lui permettra pas de nous dominer». Dieu
peut faire en sorte qu'un peuple soit dominé par un autre pire que lui. Il a
donné aux paiens un pouvoir sur les fils d'Israël parce qu'ils se sont permis
de commettre des péchés. Ainsi, purent-ils les pourchasser jusque dans les
maisons et voilà la promesse accomplie. Demandez
à Dieu de vous aider contre vous mêmes comme vous lui demandez de vous rendre
victorieux sur votre ennemi. Je le demande à Dieu et pour vous et pour nous.
Dieu est votre protecteur, toi et tes soldats et c'est Lui qui vous fera
remporter la victoire sur votre ennemi. Dieu vienne nous aider.» [20]
Comme nous le voyons, la tradition islamique respecte la vie quelle qu'elle soit, même en temps de guerre. Si l'Islam a défini une législation relative à la guerre, ce n'est pas parce que ce n'est pas une «religion d'amour» comme le prétendent les polémistes de tout bord, mais bien au contraire ! Une religion qui interdit de tuer les femmes, les enfants, les vieillards, les moines, les animaux et qui interdit de plus de détruire la faune et la flore ainsi que les habitations en temps de guerre, ne peut être qu'une religion prônant la paix et l'amour du prochain tout en étant réaliste, la guerre est quelques fois un mal nécessaire. Il serait vraiment absurde de considérer les résistants, ou ceux qui mènent une guerre pour défendre leur patrie, de violents pour la simple et bonne raison qu'ils ne veulent pas vivre sous l'occupation ennemie. Dans cet exemple précis, il est évident que la guerre devient un mal nécessaire et que ne pas la faire est une injustice et un manque d'amour évident pour la justice et la paix.
L'arrêt des hostilités
La jurisprudence islamique a défini l'arrêt des hostilités par
l'une des causes suivantes :
- la conversion de tout ou
partie de l'ennemi à l'Islam, auquel cas ils deviennent musulmans,
acquièrent les mêmes droits et sont soumis aux mêmes devoirs qu'eux.
- La suspension des hostilités
pour une durée déterminée. En ce cas, il faut obligatoirement acquiescer
à la demande de l'ennemi, comme a fait l'Envoyé de Dieu (sws) lors du pacte de
Hudaybiyya.
- l'ennemi désire garder sa
religion tout en acceptant de payer un tribut, auquel cas un traité de
reddition est conclu entre les belligérants.
- les musulmans remportent la guerre,
l'ennemi est vaincu et fait prisonnier.
- dans le cas où des
combattants ennemis demandent la sécurité, on devra la leur accorder.
Même chose s'ils demandent à pénétrer en terre d'Islam. [21]
Ensuite, est signé un acte de trêve. Il s'agit de l'arrêt
provisoire des combats par conventions entre les différents protagonistes. Cet
arrêt peut être suivie d'une paix ou non. Il y a lieu à une trêve dans les cas
suivants :
- Quand l'ennemi la réclame. Dans ce cas, il
faut acquiescer à sa demande, même s'il s'agit d'une ruse de guerre de sa part, tout en se tenant sur nos gardes. Dieu
dit : {S'ils
penchent pour la paix, penches-y toi-même, sans cesser de faire confiance à
Dieu, qui est l'Entendant, le Connaissant. S'ils voulaient te duper, qu'il te
suffise de Dieu et de qui te suit parmi les croyants.} S.8, V.61-62. De plus, on sait que l'Envoyé de Dieu (sws)
conclut, avec les idolâtres Qurayshites, lors de l'expédition de Hudaybiyya,
une trêve de dix ans, afin que le sang cesse de couler et pour établir la paix.
[...]
- Lors des mois sacrés de dhu-l-Qi'da, de dhu-l-Hijja, de Muharram et de Rajab au cours desquels il n'est pas permis de commencer les hostilités, à moins que l'ennemi ne les commence lui-même, auquel cas les musulmans sont tenus de le combattre et de le repousser. Il est également permis de combattre quand le début des hostilités précèdent ces mois, empiète sur eux et que l'ennemi ne donne aucune suite à une demande de trêve. [22]
-
Quel est le statut des dhimmîs (protégés) ?
Avant de parler de leur statut, que de sornettes n'avons-nous pas lu de la part des auteurs occidentaux sur le sujet ! Il est déplorable de voir que bon nombre de leurs études assimilent le pacte de Dhimmah à la condition de servitude en transformant, voire en déformant le terme arabe «Dhimmah» (qui signifie protection) en «dhimmitude». Une telle réduction, fausse et fallacieuse de la notion, au moyen de l'emploi du suffixe «-ude», forgé avec obscurantisme, fanatisme et esprit partisan, vise à diaboliser coûte que coûte l'Islam et les Musulmans aux yeux de l'Occident, pour justifier, d'une certaine manière, leurs violences vis-à-vis des Musulmans.
Juridiquement parlant, le pacte de protection conclu avec les dhimmî consiste à accorder à des Gens du Livre la liberté de culte, à la condition qu'ils reconnaissent le statut que leur octroie l'Islam et qu'ils payent un tribut. Ce pacte s'applique tant aux personnes qui l'ont contracté qu'à leurs descendants. Il devient alors interdit de les combattre.
En effet, à
compter du moment où le pacte de protection a été conclu avec les vaincus, il
n'est plus permis de les combattre et leurs biens, leur personne, leur liberté
et leur honneur doivent être protégés, à cause du propos de 'Ali : «S'ils ont
versé un tribut, c'est pour que leur personne et leurs biens soient comme notre
personne et nos biens.» En outre, la règle qui a été posée par les légistes est
que les tributaires bénéficient des mêmes droits et sont astreints aux mêmes
devoirs que les musulmans. [23]
L'Histoire nous montre que : si des exemples de discrimination confessionnelle ont bel et bien existé sous certains califes postérieurs, force est de constater qu'ils ne sauraient être comparés aux massacres religieux en Occident de l'époque, d'autant plus que la coexistence l'a toujours emporté sur ces mesures de discrimination car les gens du peuple finissaient toujours par rendre caduques de telles prescriptions qui ne reflètent ni l'essence de l'Islam, ni les traditions de cet Orient multiracial et multi-confessionnel. [24]
En Islam, le pacte de Dhimmah (ou de protection) vise à
créer l'unité. Cette unité étant protégé par un régime islamique rassemblant
sans discrimination les musulmans et les non-musulmans dans le but de garantir
une coexistence bâtie sur la coopération et la cohésion. L'unité d'une telle
société est assurée par une foi islamique librement adoptée par les uns, et
imprégnant les autres de par leur appartenance à une patrie. Par conséquent, ce
pacte de protection conclu entre l'Etat islamique et les non-musulmans n'est,
pour bon nombre de jurisconsultes, autre chose qu'un accord sur cette
appartenance et cette allégeance.
Certains auteurs contemporains ont affirmé que ce pacte soumettait
les non-musulmans à une sorte de dépendance et leur faisait perdre leur
identité sociale et politique. Or, affirmer cela, c'est méconnaître l'Histoire.
Qui serait assez aveugle pour affirmer que les Coptes ou les chrétiens d'Irak
ont perdu leur identité sociale alors qu'ils ont vécu plus de 14 siècles avec
les musulmans ? N'est-ce pas le contre-exemple le plus flagrant à ces thèses ?
En effet,
Les gens du Livre et assimilés peuvent se trouver dans une de
ces deux situations :
1 - Au sein d'un État islamique avec les Musulmans. Le pacte de Dhimmah
exige de ces dhimmîs de se conformer aux lois de l'État, de veiller à
ses intérêts publics et de défendre ses droits et son indépendance contre tout
péril et toute menace. Ils auront en contrepartie le droit à une présence
sociale et religieuse propre, au même titre que les Musulmans. Un tel statut
est tout à fait normal car le terme d'État islamique ne signifie pas
nécessairement que ses sujets doivent être tous des Musulmans ou que les
Non-musulmans doivent perdre leur identité sociale ou religieuse et s'assimiler
aux autres. L'État islamique est de nature à comprendre avec équité et
sincérité des sujets Musulmans et Non-musulmans. Cela veut dire qu'égard,
protection et bon traitement seront équitablement réservés à tous ses sujets.
Ces derniers doivent par contre accomplir leur devoir de fidélité et de pleine
conformité avec le régime de l'État.
2 - Dans leur localité ou leur contrée, c'est-à-dire là où il n'y a que des gens du Livre ou assimilés. Le pacte de Dhimmah se fait alors par accord mutuel sur certains arrangements de caractère social entre les gens du Livre et l'État islamique. Cet accord exigera de ces derniers de ne pas conclure d'alliances avec aucune partie ou État hostile aux Musulmans susceptibles de leur porter atteinte. L'état islamique s'engagera en contrepartie à ne pas entamer leur foi, leurs devoirs religieux, leurs biens ou leurs droits, que ce soit de façon unilatérale ou sous forme d'alliance avec une partie qui leur est hostile. De plus, l'État islamique s'engagera à les défendre contre tout danger qui les menaceraient, comme il défend ses sujets musulmans. [25]
En effet, l'Islam garantit la liberté religieuse aux
non-musulmans. Nous lisons, à cet effet, dans l'ouvrage de jurisprudence
islamique, Fiqh As-Sunna :
L'Islam proclame que les musulmans et les non-musulmans protégés
(ahl adh-dhimma) sont égaux en droits et en devoirs. C'est pourquoi il garantit
à ces derniers la liberté religieuse en ce qui a trait aux points suivants :
- On ne doit contraindre aucun d'eux à délaisser sa religion ou
à adhérer à un crédo particulier.Dieu a dit : {Point de contrainte en matière de
religion} S.2, V.256
- Les gens du Livre doivent pouvoir pratiquer leurs rites
respectifs. On ne détruira donc pas leurs édifices religieux, comme les
églises, et on ne brisera pas les croix qu'ils érigent. L'Envoyé de Dieu (sws)
a dit : «Laissez-les pratiquer leur rite.» De même, une femme juive ou chrétienne qui est mariée à un
musulman doit pouvoir aller à la synagogue ou à l'église, et il n'est pas
permis à ce dernier de l'en empêcher.
- L'Islam permet aux Gens du Livre tout ce qui est autorisé par
leur religion, comme de consommer de la viande de porc et autres. On ne tuera
donc pas leurs porcs, on ne brisera pas leurs bouteilles d'alcool, puisque ces
choses leur sont permises.
- Ils sont parfaitement libres de leurs choix en matière de
mariage, de dissolution du mariage et de dépenses d'entretien.
- L'Islam protège leur dignité et leurs droits et tolère qu'ils
débattent ou discutent d'un sujet dans les limites du raisonnable et de la
bienséance. Dieu dit : {Ne controversez avec les Gens du Livre
que de la plus belle sorte, sauf avec ceux d'entre eux qui feraient preuve
d'iniquité. Dites : «Nous croyons à la descente opérée sur nous, à la descente
opérée sur vous. Notre Dieu ne fait qu'un avec le vôtre. A Lui nous nous
soumettons.»} S.24, V.46
- L'Islam traite sur un pied d'égalité les musulmans et les
non-musulmans en matière de sanctions pénales, selon l'avis de certaines écoles
de droit. En matière d'héritage, le musulman et le non-musulman (dhimmî) ne
peuvent hériter l'un de l'autre.
- L'Islam a déclaré licite leur nourriture et les bêtes qu'ils
égorgent, ainsi que le mariage avec leurs femmes. Dieu a dit : {Oui, de ce jour, vous sont rendues licites les choses bonnes. La
nourriture de ceux qui ont reçu l'Écriture avant vous est licite pour vous.,
comme pour eux la vôtre... Et les préservées parmi ceux qui ont reçu l'Écriture
avant vous, si vous leur donnez leur salaire, en bon «préservants», non pas en
tant que débauchés ni que libertins... Quiconque est dénagateur de la foi, ses
actions crèvent de leur enflure ; dans la vie dernières, il est parmi les
perdants.} S. 5, V.5
- L'Islam a permis de se rendre auprès d'eux, de visiter leurs
malades, de leur offrir des cadeaux, de faire du commerce avec eux. Il est
établi que l'Envoyé de Dieu (sws) quitta ce monde en laissant comme gage à un
juif sa cuirasse en vue de garantir le paiement d'une dette. On rapporte aussi
que quand certains Compagnons avaient égorgé une bête, ils disaient à leur
serviteur : «Commence par notre voisin juif.»
L'auteur du Badâ'î As-Sanâ'î [al-Kâsânî, s'entend] a dit : «Ils
ont le droit de vivre dans les villes habitées par les musulmans, de vendre et
d'acheter, car l'institution de l'acte de reddition ('aqd adh-dhimma) n'a
d'autre but que de faciliter leur conversion. Or, leur permettre de résider
dans les villes habitées par les musulmans est le meilleur moyen d'atteindre ce
but, outre l'utilité que les musulmans tirent du commerce qu'ils font avec eux.»
[26]
Le Messager de Dieu a enjoint la bienveillance à l'égard des
tributaires. La tradition islamique abonde en ce sens :
'Umar rapporte que la dernière parole que le Prophète (sws) prononça fut : «Soyez fidèles aux engagements que j'ai pris.» [27]
«Celui qui tue une personne sous protection (des musulmans) ne sentira pas l'odeur du Paradis, alors que son odeur peut être senti à une distance de 40 années de marche» [28]
L'Imâm Al-Bukhârî l'a mentionné dans son livre de la Jizyah dans le chapitre «le péché de celui qui tue une personne protégée par les musulmans et qui n'a commis aucun crime.» Ibn Hajar Al-'Asqalânî, le célèbre commentateur du Sahih d'Al-Bukhârî, dit sur ce hadith :
«Il a donc utilisé le terme Dhimmi dans le titre du chapitre, tout en rapportant un hadith parlant de celui qui est sous la protection des musulmans (Mu'ahad). Cela désigne donc celui qui a conclu un traité de capitulation, d'une trêve prononcée par un gouverneur musulman, ou de la protection d'un musulman.» [29]
Les compagnons du Prophète (sws) ont, bien entendu, été influencé par les préceptes de leur éducateur. La tradition rapporte qu'avant sa mort, le 2ème Calife de l'Islam, 'Umar Ibn-al-Khattâb, avait prononcé ces paroles : «... et j'adresse encore des recommandations [au futur calife] relativement aux gens qui sont sous la protection de Dieu et de Son Envoyé : il faut observer fidèlement les engagements pris envers eux, combattre pour les défendre, et ne pas leur imposer de charges au-dessus de leurs forces.» [30]
L'historien Ibn Khaldûn cite la très longue lettre adressée par Tâhir b. Al-Husayn, général du calife Al-Ma'mûn, à son fils 'Abd-Allâh b. Tâhir, au moment de sa nomination comme gouverneur d'Ar-Raqqa, d'Egypte. Elle contient d'innombrables prescriptions morales et religieuses dont la protection des protégés. La lettre est rapportée d'après l'historien At-Tabarî, nous lisons entre autre :
«Comprends bien ce que je te dis dans cette lettre. Etudie-la
soigneusement et conforme-toi à mes conseils. Que Dieu t'aide en toute chose :
prie-Le de t'éclairer sur ce que tu dois faire. Il est du côté du bien et des
gens de bien. Dans toutes tes entreprises, que ton plus cher désir soit de
plaire à Dieu, de maintenir Sa religion, de renforcer et d'établir Son peuple,
de rendre la justice et le bien-être à la communauté musulmane et à celle de
ses protégés (dhimma). Je demande à Dieu de t'aider, de te faire réussir, de te
guider et de t'avoir en Sa sainte garde. Salut!» [31]
Comme nous le voyons, et contrairement à ce que disent les polémistes, les protégés de Dieu et de Son Envoyé ne sont pas des esclaves au service des musulmans. Ils ont le droit à la même protection que les musulmans. L'État islamique a même le devoir de les protéger et de combattre pour eux si un ennemi les attaque. L'État islamique se doit aussi de leur garantir leur liberté religieuse.
-
La Jizya
Définition
Le tribut (ou Jizya) est une contribution payée par ceux des gens
du Livre, qu'ils soient juifs ou chrétiens, qui se mettent sous la protection de
l'État islamique. Cependant, la tradition islamique rapporte également que le
Prophète (sws) préleva un tribut sur les mazdéens du Bahrayn. De même on
rapporte que le 2ème Calife, 'Umar Ibn-Al-Khattab, en préleva
sur les Sassanides et que, 'Uthmâne Ibn 'Affâne, le 3ème
Calife, en préleva soit sur les Sassanides, soit sur les Berbères.
Pourquoi l'institution d'un tribut ?
Si
l'Islam a prescrit le prélèvement d'un tribut sur les vaincus, c'est en
contrepartie de l'aumône légale dont il a prescrit le prélèvement sur les
musulmans, afin que les deux parties soient sur le même pied d'égalité. En
effet, musulmans et tributaires étant sous la même égide et jouissant des mêmes
droits et des mêmes services de l'Etat, Dieu a exigé qu'un tribut soit payé aux
musulmans en échange de la protection qu'ils accordent aux tributaires dans les
pays musulmans dans lesquels ils vivent. C'est pourquoi les musulmans sont
tenus, en retour, de les protéger et de repousser quiconque viendrait les
agresser. [32]
Qui est assujetti au paiement du tribut ?
Le tribut doit être prélevé indistinctement sur toutes les
communautés, qu'elles appartiennent aux Gens du Livre, aux mazdéens ou autres,
qu'elles soient arabes ou non arabe. Note : Tel est l'avis de Mâlik,
d'al-Awzâ'î et des légistes du Shâm. Ash-Shâfi'î a dit : «Il est permis de
prélever le tribut sue les Gens du Livre, qu'ils soient arabes ou non, auxquels
on assimilera les mazdéens. Mais on acceptera en aucun cas de le prélever sur
les idolâtres. Quant à Abû Hanîfa, il estime que l'on ne doit accepter des
Arabes que la conversion à l'Islam ou la mort.»Le prélèvement du tribut des
Gens du Livre est avéré par le Coran, tandis que le prélèvement du tribut sur
les mazdéens est établi par la
Sunna ; quant aux autres communautés, elles sont assimilées à
l'un de ces deux groupes.
Ibn al-Qayyim a dit : «Puisque les mazdéens sont des
associationnistes qui ne possèdent pas de Livre révélé, le fait que le Prophète
(sws) ait prélevé un tribut sur eux prouve que l'on peut en prélever un sur
tous les associationnistes. Quant à l'argument qui veut que l'Envoyé de Dieu
(sws) n'ait pas prélevé de tribut sur les idolâtres arabes, il est réfuté par
le fait qu'ils ont tous embrassé l'Islam avant que le verset ayant trait au
tribut soit révélé. En effet, ce verset a été révélé après la bataille de
Tabûk. Or, l'Envoyé de Dieu (sws) avait alors cessé les hostilités avec les
tribus arabes. C'est la raison pour laquelle le Prophète (sws) ne préleva pas
non plus un tribut sur les juifs qui l'avaient combattu, le verset concernant
le tribut n'ayant pas encore été révélé. Puis, lorsqu'il fut révélé, il le
préleva sur les Arabes christianisés et sur les mazdéens. S'il y avait eu des
idolâtres à cette époque, il est bien certains qu'il aurait prélevé un tribut
sur eux, comme il en aurait prélevé sur les adorateurs du feu.» [33]
Quelles sont les conditions requises pour être assujetti au paiement du tribut ?
Parmi les tributaires, tout homme pubère,
sensé et de condition libre est redevable du tribut. [...] les femmes, les
enfants impubères et les insensés ne sont pas redevables du tribut, de même que
les indigents à qui l'on verse l'aumône n'en sont pas redevables non plus, ni
ceux qui sont incapables de travailler ni les aveugles ni les inactifs et
autres personnes atteintes d'impotence. Les moines vivant dans les cloîtres ne
sont pas redevables non plus du tribut, à moins qu'ils ne soient dans
l'opulence. Mâlik a dit : «Selon
la Sunna, les
femmes et les enfants des Gens du Livre ne sont pas assujettis au tribut, mais
seuls les hommes pubères parmi eux le sont.» On rapporte que 'Umar écrivit à un
de ses commandants d'armée : «Ne prélevez le tribut que sur ceux qui se
rasent (=les hommes pubères).» [34]
Quel est le montant du tribut ?
Abû Dâwûd, at-Tirmidhî, an-Nasâ'î et Ibn Maja rapportent d'après
Mu'adh que lorsque le Prophète (sws) s'apprêta
à l'envoyer au Yémen, il lui ordonna de prélever sur chaque homme pubère un
dinar, ou son équivalent en habit. Puis 'Umar en augmenta le montant de quatre
dinar pour «les gens de l'or», et de quarante dirhams pour «les gens de
l'argent». On voit ainsi que l'Envoyé de Dieu (sws) a pris en considération la
pauvreté des Yéménites, 'Umar, l'aisance des gens du Shâm.
Al-Bukhârî rapporte : «On demanda à Mujâhid : «Pourquoi les gens du Shâm sont-ils soumis à un
tribut de quatre dinars, alors que ceux du Yémen ne payent qu'un dinar ? -
C'est qu'on a tenu compte du degré de richesse de chacun dans la fixation du
tribut, répondit-il»«.
C'est l'avis d'Abû Hanîfa et Ahmad - dans une des versions qui sont attribuées à ce dernier - lesquels fixent
légalement le minimum et le maximum du tribut à quarante-huit dirhams pour le
tributaire aisé, à vingt-quatre dirhams pour le tributaire d'aisance moyenne,
et à douze dirhams pour le tributaire dans la gêne. Pour ash-Shâfi'î et Ahmed -
dans une autre version qui lui est attribuée -, seul doit être fixé le minimum
légal du tribut qui est d'un dirham par tête ; quant à son maximum, il ne peut
être fixé légalement et doit être laissé à l'appréciation des détenteurs de
l'autorité. Quant à Mâlik et Ahmad - dans une troisième et dernière version-,
ils estiment que la fixation du montant minimum et maximum du tribut doit être
laissée à l'appréciation des détenteurs de l'autorité, lesquels fixeront pour
chaque tributaire le tribut qui convient à sa situation financière et
n'imposeront à aucun d'eux ce qui est au-dessus de ses forces. C'est ce dernier
avis qui prévaut à nos yeux. [35]
Ainsi, comme nous pouvons le voir, le montant du tribut n'est pas réellement
fixé par la tradition prophétique, et que la capacité financière de chacun est
prise en compte. Le docteur Saïd Ramadan résume bien cela :
Aucun montant n'est fixé ni dans le Coran ni
dans la Sunna. Les
textes authentiques fixent pour seul critère la capacité financière
des dhimmî, et la détermination du montant de la jizya a par
conséquent été laissée à la discrétion des autorités musulmanes ainsi qu'aux
accords réciproques. Ce
montant variait même du vivant du Prophète (sws) et sous les califes. Tritton
mentionne différents montant fixés par 'Umar Ibn al-Khattâb, Khâlid Ibn
al-Walîd et Abû 'Ubayda, qui furent tous des Compagnons du Prophète. Il ajoute
que la capacité financière était le critère
pris en compte pour déterminer ce montant, avec pour conséquence que le montant
variait, et qu'on pouvait en être exempté pour manque d'argent. [36]
Ces
règles ont été plus ou moins suivies dans les époques qui ont suivi la
propagation de l'islam. Cependant, au temps des
premiers Califes, ce montant était largement inférieur à la Zakât (l'aumône obligatoire)
que seuls les musulmans paient. En effet, le docteur Saïd Ramadan cite
l'historien Tritton dans son ouvrage :
Il [Tritton] déclara même dans son livre Caliph and
Non-Muslims que l'impôt payé par les ressortissants non musulmans
était nettement inférieur à celui que devaient payer les ressortissants
musulmans. [37]
L'historien français, Gustave LeBon, confirme cela dans son
oeuvre monumentale «La civilisation des Arabes» :
L’habileté politique que déployèrent les premiers successeurs de
Mahomet fut à la hauteur de ses talents guerriers qu’ils surent bien vite
acquérir. Dès les premiers combats ils se
trouvèrent en présence de populations que des maîtres divers tyrannisaient sans
pitié depuis des siècles, et qui ne pouvaient qu’accueillir avec joie des
conquérants qui leur rendraient la vie moins dure. La conduite à tenir était
clairement indiquée, et les khalifes surent sacrifier aux intérêts de leur
politique toute idée de conversion violente. Loin de chercher à imposer par la
force leur croyance aux peuples soumis, comme on le répète toujours, ils
déclarèrent partout vouloir respecter leur foi, leurs usages et leurs coutumes.
En échange de la paix qu’ils leur assuraient, ils ne leur imposaient qu’un tribut
très faible, et toujours inférieur aux impôts que levaient sur eux leurs
anciens maîtres. [...]
La conduite d’Amrou (chef musulman - nda) en Egypte ne fut pas
moins bienveillante. Il proposa aux habitants
une liberté religieuse complète, une justice impartiale pour tous,
l’inviolabilité des propriétés [...]. Les habitants se montrèrent tellement
satisfaits qu’ils se hâtèrent d’adhérer au traité et payèrent leur tribut
d’avance. Les Arabes respectèrent si religieusement les conventions
acceptées, et se rendirent si agréables aux populations soumises autrefois aux
vexations des agents chrétiens de l’Empereur de Constantinople, que toute
l’Egypte adopta avec empressement leur religion et leur langue. C’est là, je le
répète, un des résultats qu’on n’obtient jamais par la force. Aucun des peuples
qui avaient dominé en Egypte avant les Arabes ne l’avait obtenu. [...] Au
contact des Arabes, des nations aussi antiques que celles de l’Egypte ou de
l’Inde, ont adopté leurs croyances, leurs coutumes, leurs mœurs, leur
architecture même. Bien des peuples, depuis cette époque, ont dominé les
régions occupées par les arabes, mais l’influence des disciples du prophète est
restée immuable. [38]
L'Historien John L. Esposito fait également la
même remarque :
Pour plusieurs populations non-musulmanes dans les territoires
byzantins et persans déjà soumises aux gouverneurs étrangers, le règne
islamique a signifié un changement de gouverneurs, les nouveaux étant souvent
plus souples et plus tolérants, plutôt qu'une perte de l'indépendance. Plusieurs de ces populations ont même joui d'une
plus grande autonomie locale et ont souvent payé des impôts inférieurs...
En ce qui concerne la religion, l'islam s'est montré plus tolérant, accordant
une plus grande liberté religieuse aux juifs et aux chrétiens indigènes. [39]
Le professeur Hamidullah confirme ces propos dans son ouvrage «Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre» :
1628. [...] les sujets non-musulmans payaient les taxes
agricoles et commerciales, mais ils étaient quittes des taxes sur les épargnes.
On en parle pas non plus des taxes sur leur troupeaux. Ils jouissaient de la
sécurité de l'Etat, mais ils n'étaient pas redevables du service militaire.
Pour satisfaire aux besoins coûteux de la défense nationale, on assujettit à une faible capitation ceux d'entre
eux qui avaient un métier (jizyah 'an yad). Et lorsqu'ils aidaient les
Musulmans dans une guerre, pendant une année quelconque, ils ne payaient pas
cette taxe pour cette année-là. En effet, les sujets non-musulmans semblent
avoir été beaucoup plus favorisés que les Musulmans ; et comme nous allons le
voir, ils profitaient même des taxes payées par les Musulmans. [40]
Le célèbre historien Ibn Khaldûn rapporte dans son livre «Les Prolégomènes»
:
[...] tant que la dynastie régnante suit les voies (sunan)
de la religion, elle n'applique que les taxes prévues par la loi religieuse -
les aumônes (sadaqât), la contribution foncière (kharâj) et la
capitation (jyzia). Or, il s'agit là de
taxes en elles-mêmes peu élevées : la dîme (zakât) de l'argent monnayé est
basse, celle des grains et des troupeaux n'est pas lourde, et il en va de même
pour la capitation ou la contribution foncière. Tous ces impôts sont limités et
leur taux ne peut être augmenté. [41]
Le docteur Saïd Ramadan, fait également le constat historique suivant :
On cite souvent, au sujet de la jizya, la lettre
qu'Abû Yûsuf, alors Juge Suprême du Califat abasside, envoya à Hârûn ar-Rachîd,
le Calife. Nous donnons ici une traduction précise de ses points capitaux :
«Le tribut n'est exigé que des hommes. Les
femmes et les mineurs en sont exemptés. Les riches doivent payer 48 drachmes,
l'homme au revenu moyen 24, et celui qui pratique un métier manuel pour gagner
sa vie, comme le paysan, n'en paie que 12 ; ces sommes seront collectées une
fois par an. Au lieu d'espèces, ils peuvent en payer la valeur... De plus, le
tribut n'est pas exigible des indigents qui reçoivent des aumônes, ni des
aveugles qui n'ont pas de métier et ne travaillent pas, ni encore des malades
chroniques recevant des aumônes, ni des infirmes - à l'exception des malades
chroniques, des infirmes et des aveugles qui sont riches - ni des moines dans
les couvents... ni des hommes très âgés qui ne travaillent pas et ne sont pas
riches, ni des fous... Et Commandeur des Croyants, que Dieu t'assiste ! Il faut
que tu traites les gens qui étaient protégés par ton cousin le Prophète
Muhammad (sws) avec indulgence, et que tu t'informes de leur situation afin
qu'ils ne soient ni opprimés, ni lésés, ni taxés au-delà de leur capacité, et
qu'aucun bien ne leur soit pris sauf pour payer un droit. On rapporte en effet
que le Messager de Dieu (sws) a dit :
«Quiconque opprime un ressortissant non
musulman ou lui impose des taxes excessives, je demanderai juste à son
encontre.»
Et les derniers mots prononcés par le Calife
'Umar Ibn al-Khattâb sur son lit de mort comprenaient les suivants :»J'exhorte
mon successeur en ce qui concerne la manière dont seront traités les protégés
du Messager de Dieu (c'est-à-dire les ressortissants non musulmans). Leur pacte
devra être appliqué de la manière la plus complète, leur vie et leurs biens
devront être défendus, par les armes au besoin, et on ne devra pas leur imposer
de taxe excessive...»
'Umar passa un jour par une rue où quelqu'un
demandait la charité. C'était un vieillard aveugle : 'Umar lui tapa sur
l'épaule par-derrière et lui demande : «A quelle communauté appartiens-tu?»
Il répondit : «Je suis juif.» 'Umar demanda : «Et qu'est-ce qui t'a
poussé à la situation où je te vois ?» Il répondit : «Je dois payer
la jizya. Je suis pauvre, et je suis vieux.» A ces mots, 'Umar le prit
par la main et le conduisit dans sa propre maison, où il lui fit un présent
pris dans ses coffres personnels. Puis il fit dire au caissier du Bait
al-mâl (Trésor Public) : «Regardez-le, lui et ses semblables. Par
Dieu ! Nous ne serions jamais juste, si nous exploitons sa jeunesse et
l'abandonnons dans sa vieillesse. «Les aumônes sont destinés aux pauvres et aux
indigents», les pauvres sont les Musulmans, et cet homme est un indigent
faisant partie des Gens du Livre.» Et 'Umar l'exempta de la jizya ainsi
que ses semblables.» [42]
Notons que le Coran et la
Sunna ne fixent pas de prix fixe pour le tribut. Il doit être
déduit en prenant en compte la situation financière des gens. En sont exemptés
les femmes, les enfants, les vieillards, les pauvres, les infirmes et les
moines. Comme nous le constatons, cette taxe n'est pas faite pour humilier les
gens du Livre, comme on est habitué à l'entendre de la part des milieux fanatiques
orientalistes et occidentaux, mais elle a été instituée pour compenser le
service militaire que les musulmans sont obligés d'accomplir pour défendre leur
état. En principe, et les textes sacrés sont clairs, cette taxe est bien
souvent inférieure à celle que les musulmans paient, même si certaines
exceptions historiques montrent le contraire. Maintenant passons à une
comparaison entre les impôts que paient les tributaires et les musulmans.
Comparaison entre la Jizya et la Zakât que paient les musulmans annuellement
Une comparaison entre la jizya et la zakât, sur la
base des textes et des commentaires cités ci-dessus, nous mène aux conclusions
suivantes :
1) La jizya et la zakât
sont l'une comme l'autre instituées sur la base de considérations religieuses
s'appliquant respectivement aux ressortissants non musulmans et musulmans.
2) La jizya, imposée aux
ressortissants non musulmans, représente leur choix volontaire de payer un
impôt plutôt que de faire un service militaire pour l'Etat. Ce dernier peut
toujours en reconsidérer l'application selon les exigences de l'époque et
l'impact réciproque sur sa fonction. 'Umar, le second Calife, exempta ainsi les
ressortissants chrétiens des Banû Taghlib du paiement de la jizya et
après avoir eu des preuves convaincantes qu'ils avaient le pouvoir et la
volonté de s'opposer aux ennemis de l'Etat à leurs frontières. La zakât, par
contre, est obligatoire, et il n'existe pas de cas d'exemption.
3) Le taux de la la jizya est
très inférieur à celui de la zakât. La première n'est due que par les
hommes valides. Le clergé et les moines en sont exemptés, et elle ne saurait
être récupérée sur les biens laissés par les ressortissants non musulmans. La zakât,
par contre, est due à un taux fixe sur les biens de chaque Musulman, homme ou
femme, adulte ou mineur, et le paiement de ses arriérés a même priorité dans la
répartition des biens laissés en héritage.
4) La jizya va à la
trésorerie publique, tandis que la zakât va à une trésorerie spéciale et
est destinée à des objectifs particuliers, dont le principal est
l'établissement de la cohésion sociale. Cette cohésion sociale ne bénéficie
cependant pas exclusivement aux ressortissants Musulmans. Selon
l'interprétation donnée par 'Umar Ibn 'Abd al-'Azîz au précepte coranique à ce
sujet, les Gens du Livre doivent être inclus parmi les bénéficiaires de la zakât.
Ibn Sa'd (VIII, 260, 272) rapporte que «'Umar Ibn 'Abd al-'Azîz ordonna durant
son califat que les ressortissants non musulmans faits prisonniers par un
ennemi soient rachetés et libérés sur les fonds des gouvernementaux au même
titre que les ressortissants musulmans.»
5) La levée de ces deux impôts,
avec les considérations religieuses qui y sont attachées, n'implique pas que la
taxation se limite à cela. Elle n'implique pas non plus un principe d'inégalité
en ce domaine. C'est bien plutôt l'égalité qui a été instituée comme règle
générale. Nous avons déjà cité l'affirmation du Prophète (sws) : «Et une fois
les non-Musulmans sont prêts à conclure le contrat de dhimma, qu'ils
sachent clairement que tous les droits et devoirs sont égaux et réciproques
entre vous et eux.» On rapporte que 'Alî Ibn Abî Tâlib, le quatrième
calife et le cousin et Compagnon du Prophète, a dit : «Leur consentement à
conclure le contrat de dhimma est basé sur l'engagement explicite que
nous traiterons leurs biens comme nos biens et leur sang comme notre sang.»
L'égalité innée de tous les hommes est un principe que d'illustres juristes
musulmans ont appliqué dans d'innombrables litiges. As-Sarakhsî écrit que
chaque fois qu'après une guerre, les deux parties divergent quant au statut de
certains individus, la présomption sera qu'ils sont des hommes libres, puisqu'à
l'origine tous les hommes sont libres.» [43]
En résumé...
Le statut de la Jizya en Islam peut être exactement résumé par ce que le docteur Saïd Ramadan affirme, en effet :
La jizya, que l'on traduit
généralement par «tribut» et qui est le plus souvent comprise comme un impôt
auquel sont soumis les non-Musulmans en échange de la permission de conserver
leur foi, est en réalité d'une toute autre nature, puisqu'il est imposé sur la
base d'un partenariat équitable entre des citoyens égaux de l'Etat islamique.
Jazâ, la racine arabe du terme jizya,
signifie «donner ce qui est dû en échange d'une chose reçue». Pour les
Musulmans, la jizya ne saurait être un prix payé par les
non-Musulmans parce qu'ils ne croient pas en l'Islam. La religion, autant dans le Coran que
dans la Sunna,
s'élève bien au-dessus de toute considération matérielle. En réponse à une
lettre adressée au célèbre Calife 'Umar Ibn 'Abd al-'Azîz, par un gouverneur
musulman se plaignant que la conversion à l'Islam des non-Musulmans portait
sérieusement atteinte aux revenus de la jizya, le Calife déclara : «Notre Prophète (sws) a été envoyé pour apporter un
messager et appeler à la Vérité,
non pour collecter des fonds.» La jizya ne saurait non plus
être considérée comme une punition pour l'incroyance, car cela en ferait une
sorte de punition qui serait contraire au précepte coranique, «pas de
contrainte en religion» (Coran 2,256). Si c'était une amende pour ceux qui ne
croient pas à l'Islam, la jizya aurait été traitée selon les
règles s'appliquant aux amendes. Le fait que les femmes, les enfants, les
pauvres, les moines et tous ceux qui n'en ont pas les moyens, sont exemptés du
paiement de la jizya suffit à prouver qu'il ne s'agit pas
d'une amende.
En outre, les ressortissants non musulmans
qui font faillite sont non seulement exemptés du paiement de la jizya,
mais ils peuvent aussi recevoir des pensions sur le Trésor Public. Khâlid Ibn
al-Walîd, dans son fameux «Accord de Paix» donné à la population de Hirah,
écrivait : «J'ai stipulé que si l'un d'eux devient incapable de travailler
en raison de son âge ou pour toute autre raison, ou si quelqu'un qui était
riche auparavant et devient si pauvre que ses coreligionnaires doivent pourvoir
à ses besoins, toutes les personnes dans ce cas seront exemptées du paiement de
la jizya et recevront, ainsi que leurs dépendants, une pension sur le
Trésor Public aussi longtemps qu'elles choisiront de résider sur le territoire
de l'Etat islamique.»
Si un citoyen non musulman meurt en laissant
des créances de jizya, ces créances ne peuvent être réclamées à ses
héritiers. Abû Yûsuf écrit dans Al-kharâj : «Si un dhimmî doit
payer la jizya et meurt avant de l'avoir payée, celle-ci ne
pourra être réclamée à ses héritiers ni réalisée sur les biens qu'il laisse.»
Il est également hors de question que
la jizya soit imposée aux non-Musulmans afin de «leur laisser
la vie sauve». Le coran dit en effet clairement «Et ne tuez pas l'être humain
que Dieu a déclaré sacré, sauf en toute justice» (Coran 6,151).
Ainsi la sécurité de tout être humain,
musulman ou non musulman, est-elle non seulement un principe établi, mais un
principe sacré. La nature de la jizya peut être bien comprise
si l'on se rappelle que le service militaire n'est pas obligatoire pour les
non-Musulmans. Cela n'est que légitime, dans la mesure où l'Etat islamique est
basé sur une idéologie à laquelle les non-Musulmans ne croient pas. Ils sont,
par ailleurs, des ressortissants ayant des droits et des devoirs égaux à ceux
de tout ressortissant musulman, et doivent donc être protégés et défendus
contre les agressions venant aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur.
C'est pour cela, et pour cela uniquement, qu'ils paient la jizya.
C'est pourquoi certains juristes musulmans l'ont appelée «l'impôt de
protection».
On ne peut trouver de meilleure preuve à cela
que cet incident historique ayant eu lieu au cours du règne de 'Umar, le second
Calife. Ayant appris que les Byzantins avaient levé une gigantesque armée pour
attaquer les territoires occupés par les Musulmans, Abû 'Ubayda, le général
musulman donna l'ordre aux gouverneurs de Syrie de rembourser toutes les sommes
perçues au titre de la jizya. Il expliqua : «Nous avons appris
qu'une puissante armée s'avançait contre nous, c'est pourquoi nous vous avons
remboursé les sommes qui avaient été perçues. En effet, vous nous aviez
versé cet argent en échangé de notre protection et de notre défense, et nous
nous étions engagés à accomplir ce devoir. Nous sommes à présent incapables de
tenir parole. Si, malgré tout, Dieu nous accorde la victoire sur les Byzantins,
vous pouvez considérer que nous sommes tenus à ce à quoi nous nous sommes
engagés dans notre accord mutuel.» Les historiens rapportent que les Chrétiens,
impressionnés par une telle justice, bénirent les Musulmans, souhaitant leur
victoire sur les Byzantins qui n'auraient pas fait preuve de tant de probité et
d'honneur.
Ainsi que l'écrit Thomas Arnold : «Cette taxe
n'était pas imposée aux Chrétiens, comme certains voudraient nous le faire
croire, en punition de leur refus d'accepter la foi musulmane, mais ils la
payaient, de même que les autres dhimmî ou ressortissants non
musulmans de l'Etat dont la religion empêchait qu'ils fassent partie de
l'armée, en échange de la protection que leur assuraient les armes des
Musulmans. Lorsque la population de Hirah versa la somme convenue, ce fut en
mentionnant expressément que cette jizya était payée à
condition que «les Musulmans et leur chef nous protègent contre ceux qui
voudraient nous opprimer, qu'ils soient musulmans ou autres.» Dans le
traité conclu par Khâlid avec certaines villes des environs de Hirah, il écrit
encore : «Si nous vous protégeons, la jizya nous est due, dans le
cas contraire, elle n'est pas due.» »
Le traité avec les Chrétiens de Najran permet
de conclure que la jizya était bien imposée comme une taxe
pour l'exemption des ressortissants non musulmans de la conscription. Tout en
étant considérés comme des ressortissants de l'Etat, ils devaient payer un
impôt particulier et se voyaient attribuer un droit particulier à une
protection complète. La réciprocité entre ces deux stipulations ne peut
s'expliquer que par la troisième stipulation, qui est leur exemption de la
conscription. Comme l'écrit Arnold : «La jizya était levée sur
les hommes valides à la place du service militaire qu'ils auraient dû exécuter
s'ils avaient été musulmans ; et il ressort très clairement que lorsque des
Chrétiens servaient dans l'armée musulmane, ils étaient exemptés du paiement de
cet impôt.»
Il se réfère ensuite à des incidents précis, rapportés par les deux historiens,
Balâdhurî et Tabarî, au cours desquels des tribus non musulmanes avaient été
exemptées du paiement de la jizya en raison de leur service
militaire. Tritton a mentionné d'autres incidents où des non-Musulmans
rejoignirent l'armée musulmane et furent en conséquence exemptés du paiement de
la jizya. Certains califes acceptaient même des services importants
rendus à l'Etat par des ressortissants non musulmans comme des contributions
justifiant l'exonération de la jizya. Inversement, lorsque les
paysans égyptiens, quoique musulmans, furent exemptés du service militaire, une
taxe leur fut imposée à la place comme aux Chrétiens. [44]
Le professeur Hamidullah rapporte un fait historique
confirmant ce point de vue :
1634. Rappelons ici la pratique du Calife Abû Bakr : après la
conquête de la ville de Hîrah, le commandant Khâlid, au nom du calife, conclut
un traité, où il dit : «... en outre, je leur
accorde que tout vieillard qui deviendrait inapte au travail, ou qu'aurait
frappé un malheur, ou bien qui, de riche deviendrait pauvre, se mettant ainsi à
la merci de la charité de ses coreligionnaires, sera exonéré par moi de la jizya
(capitation), et recevra l'aide du Trésor Public des Musulmans, lui et les
personnes dont il a la charge, et ce, pour aussi longtemps qu'il demeurera en
terre d'Islam (dâr al-Islam). Mais s'ils (ce vieillards et les siens)
venaient à quitter la terre d'émigration ou la terre d'Islam, les Musulmans
n'auraient plus à pourvoir aux besoins des siens». [45]
Nous pouvons donc résumer la jizya (ou tribut)
comme ceci :
- Elle n'est pas imposable aux femmes, aux enfants, aux
vieillards, ni aux infirmes, ni même aux pauvres parmi les tributaires qui ne
peuvent la payer ;
- Son montant n'est pas défini par les textes, cependant elle ne
doit pas être une charge élevée pour les tributaires ;
- Il faut prendre en compte la situation sociale des tributaires
avant de la fixer, et ce, afin d'éviter toute injustice ;
- Elle est une compensation pour le service militaire qui est
obligatoire pour les musulmans ;
- Elle doit être rendue aux tributaires si l'État islamique ne
parvient plus à garantir leur sécurité, c'est pour cela que les juristes
l'appellent «l'impôt de protection» ;
- Elle est souvent inférieure à la Zakât obligatoire que paient
les musulmans chaque année ;
- Elle n'est pas une punition infligée pour refus de se
convertir.
-
Le Jihâd belliqueux abroge-t-il le Jihâd prédicatif ?
Certaines personnes parmi les polémistes essaient de faire croire à leurs adeptes que le combat contre tous les mécréants de la terre est la seule solution offerte par l'Islam. Le célèbre savant égyptien du dernier siècle, Mohammed al-Ghazâlî, rapporte :
Ceux qui disent aussi que 120 versets sur la
bonne prédication aurait été abrogé par un seul (le verset de l'épée) sont
d'une stupidité incompréhensible, que nous ne pouvons expliquer que par le degré de régression
qui a abruti nos raisons durant les siècles de déclin et de stagnation. Nous
sommes là devant une totale ignorance du Coran et cette ignorance a mené les
Musulmans à une ignorance des moyens nécessaires à la prédication, comment
argumenter devant ceux qu'ils veulent convaincre de la justesse de leur message
ou quels exemples leur proposer! C'est assurément l'une des raisons de l'échec
de la prédication islamique et son arrêt totale, à certains moments.
La prédication serait annulée, pour que
l'épée prenne sa place ? Voilà une aberration qu'aucun esprit raisonnable ne
peut accepter ! [46]
Le Sheikh
Salman Al-Oadah, qui a été désigné comme étant le 19ème musulman le plus
influent au monde en 2009 (cf. article : Sheikh Salman Ranked '19th Most
Influential Muslim in the World' du site IslamToday) déclare:
Le Jihâd ne peut en aucun cas être mené pour
des gains mondains, pour des conquêtes ou même dans le cadre d'une vengeance.
Toutes personnes qui vont à l'encontre de ce principe établit de
la loi islamique et assassinent des civils luttent contre l'Islam et tout ce
qu'il représente. Il est absurde de leur part d'appeler ce combat un Jihâd, un
mot qui signifie des efforts dans la cause de l'Islam. Ils sont en fait des meurtriers
à la lumière de la loi islamique et devraient être traités en tant que tels. [47]
Le Sheikh Hânî al-Jubayr, juge à la Cour suprême de Jeddah
(Arabie Saoudite) répond à une question sur le fait d'attaquer tous ceux qui ne
sont pas musulmans.
Question : Est-ce une obligation
pour un état islamique d'attaquer les états voisins non-Musulmans et de
collecter la jizya de leur part ? Devons nous prendre en exemple, ceux des
Califes bien guidés qui ont fait la guerre aux empires Perses et Byzantins sans
qu'il n'y ait eu n'importe quelle agression de la part de ses derniers ?
Réponse de Sheikh Hânî al-Jubayr, juge à la
cour suprême de Jeddah :
Si les pays non-Musulmans n'attaquent pas les
musulmans ni se mobilisent pour empêcher la pratique et diffusion de l'Islam,
ni ne transgressent contre des mosquées, ni n'oppriment les gens musulmans dans
leur droit de professer leur foi et de décrier la mécréance, alors il n'est pas
permis pour le pays musulman d'attaquer ce pays. Le Jihâd à caractère
militaire, a été seulement autorisé pour aider les musulmans à défendre leur
religion et à supprimer l'oppression des gens.
Les Perses et les Romains ont en fait commis
des agressions contre l'Islam et ont attaqué les musulmans en
premier. Chosroes de Perse était allé si loin qu'il a ordonné
spécifiquement à son commandant au Yémen de tuer le prophète (sws). Les Romains
ont mobilisé leurs forces pour combattre le Prophète (la paix soit sur lui), et
les musulmans les ont affrontés dans les batailles de Mu'tah et Tabûk pendant
la vie du prophète. [48]
Le Sheîkh Jalal Abualrub, écrit en commentant le
verset 29 de la Sourate
9:
Ce verset met l'accent sur la nécessité de lutter contre les
Gens du Livre, mais dans quelles conditions ? Nous avons précédemment établi le fait que l'état islamique n'est pas
autorisé à attaquer les non-Musulmans qui ne sont pas hostiles envers l'Islam,
qui n'oppriment pas les musulmans, ou n'essaient pas de convertir des musulmans
par la force à leur religion, ou de les expulser de leurs terres, ou qui ne
leur font pas la guerre, ou qui ne préparent une attaque contre eux. Si
une seule de ces offenses se produit, cependant, les musulmans sont autorisés à
se défendre et à protéger leur religion. Les musulmans ne sont pas autorisés à
attaquer les non-Musulmans qui ont signé des pactes de paix avec eux, ou les
non-Musulmans qui vivent sous la protection de l'état islamique. [49]
Le célèbre savant Juif converti à l'Islam et auteurs de nombreux ouvrages sur l'Islam, Muhammad Asad, écrit dans The Message of the Qu'ran au sujet du même verset coranique (9,29) :
Ce verset, aussi doit être lu dans le contexte de la
règle coranique selon laquelle la guerre est autorisée seulement pour se
défendre (voir 2 : 190-194, et les notes correspondantes). En d'autres
termes, l'injonction ci-dessus de combattre est appropriée seulement en cas de
d'agression envers la communauté ou l'état musulman, ou en présence d'une
menace indubitable pour sa sécurité : une opinion qui a été
partagée par ce grand penseur islamique, Muhammad `Abduh. Présentant ses
observations sur ce verset, il a déclaré : Le « combat a été rendu
obligatoire en Islam seulement pour défendre la vérité et ses disciples….
Toutes campagnes du prophète étaient défensives; et ont eu lieu ainsi les
guerres entreprises par les compagnons durant la période primitve [de l'Islam] » (Manar X,
332). [50]
Notons qu'il donne également l'avis de Muhammad 'Abduh,
célèbre mufti et réformateur égyptien du début du 20ème siècle.
Le Sheikh Salîh Ibn Ad Al Azîz Ibn Muhammad Ibn Ibrahîm
Al-Sheikh, ministre Saoudien des affaires islamiques, des legs pieux, de la
prédication et de l'orientation explique :
Les états sont toujours dans une de ces
deux situations : dans une situation de guerre ou dans une situation de
paix. En cas de guerre, la Charia n'a pas un esprit
belliqueux mais considère la guerre comme un cas de force majeur. Si la
possibilité d'inviter les gens à l'Islam et de transmettre le message d'Allâh
est offerte, le djihâd n'est en principe prescrit que pour la protection de
l'appel à l'Islam comme le dit Cheikh Al-Islam Taïmiyyah en début de son Livre
en réponse aux chrétiens : »Si on peut transmettre le message de l'Islam,
le djihad offensif n'a pas sa raison d'être». Il appuie son dire, par des
références et arguments connus. [51]
Le Sheikh Sayyid Sabiq, auteur
du livre de référence de jurisprudence islamique «Fiqh As-Suna» qui fait autorité dans le monde
musulman, écrit :
Ce que nous avons énoncé indique
clairement que l'Islam n'a pas permis le lancement des hostilités, excepté pour
:
1. repousser
l'agression ;
2. protéger la
propagation islamique ;
3. décourager la Fitna et l'oppression et
assurer la liberté religieuse.
Dans ces cas-ci, le combat devient une
nécessité de la religion. Il s'appelle alors, `Jihâd'. [52]
-
Sur les guerres menées par le Prophète (sws)
Après avoir donné les règles générales concernant le Jihâd
en Islam, il est bon d'analyser la biographie (As-Sîra) de l'Envoyé de
Dieu (sws). En dépit des preuves tirées du Coran et de la Sunna, les polémistes les
plus acharnés soutiennent que la période médinoise de la vie du Prophète (sws)
n'avait pour but que de déposséder les biens des non-croyants et de leur
imposer un culte par la force. Bien que les éléments déjà abordés jusque là
répondent à ces affirmations gratuites, mensongères et fanatiques, je vais
maintenant rapporter les plus grosses désinformations sur le sujet.
Mythe n°1 : le prophète (sws) a pratiqué les razzias pour s'enrichir
personnellement
Nabil Lûqa Bébâwi, chrétien orthodoxe de confession, docteur en économie et en droit (il a obtenu un doctorat en études islamiques à l'université islamique du Caire à Al-Azhar), fait le constat suivant dans son livre «Muhammad : Le Prophète calomnié» :
Les guerres menées par le Prophète (sws) avaient-elles pour
seule fin l'acquisition d'un butin ?
Les orientalistes prétendent que les guerres menées par le Prophète (sws) avaient pour seule fin l'acquisition d'un butin. Comment les orientalistes peuvent-ils croire cela, alors qu'au moment du décès du Prophète (sws), on trouva ce qui suit :
1 - Le Prophète (sws) décéda le lundi 12 Rabih 1er de l'an 11 de l'hégire, soit de l'an 632 grégorien. Tout ce qui était retrouvé, à ce moment, en sa possession était sept dinars dont il avait fait l'aumône aux nécessiteux, la veille, au moment où il s'était réveillé d'une absence due à la fièvre et s'était dirigé vers la mosquée pour y faire la prière, en compagnie d'Abû Bakr al Siddîq. Cela signifie qu'il décéda sans laisser un seul dinar, alors même qu'il était le guide de la plus grande nation de la péninsule arabique... Que répondre à ces orientalistes, affabulateurs et remplis de haine envers le Prophète (sws), eux qui ont ébruité à tous les coins du monde que les batailles du Prophète (sws) avaient pour seule fin d'amasser des gains et des biens ? Où sont ces biens ? Il ne laissa même pas sept dinars restants à ses épouses, mais les donna aux nécessiteux.
2- Tout ce que le Prophète (sws) fut sa mule blanche nommée al-Qaswâ'. Il ne laissa dans sa succession ni argent, ni monture, ni palmier. Ses armes étaient gagées par un créancier juif pour quelques dinars, dont lui et ses épouses avaient besoin. Le Prophète (sws) laissa même sa terre aux passants dans le besoin. Il décéda sans laisser aucun testament, car il ne possédait rien. Les demeures dans lesquelles il vivait était faites de terre et leur toit, de branches de palmiers... Ne pouvait-on pas témoigner d'une vie désintéressée, pour démentir cette allégation des orientalistes et affirmer que le Prophète (sws) s'était consacré à la propagation du message de l'Islam ?
3- Du vivant du Prophète (sws), la péninsule arabique s'était unifiée sous l'égide de l'Islam qui était ainsi devenu sa doctrine et son drapeau, alors qu'auparavant cette même région était dominée par les antagonismes tribaux et régie par les obédiences tribales. C'est du temps du Prophète (sws) que l'obédience à l'Islam et à l'Etat islamique se substitua à l'obédience tribale, ainsi qu'au tribalisme abject, source de guerres sans fin. [53]
Si Muhammad (sws) avait voulu s'enrichir rapidement il n'aurait certainement pas manqué d'accepter la proposition des Mecquois quand il se trouvait encore dans la ville sainte avant son bannissement. En effet, le célèbre savant égyptien Muhammad Al-Ghazâlî rapporte l'anecdote suivante :
Quraych délégua 'Utba Ibn rabi'a qui dit dit au Prophète (saws)
:
«Ô fils de mon frère ! Tu sais bien la parenté nous lie ; mais
tu présentes à ton peuple une cause dangereuse qui a disloqué son unité. Je vais te faire quelques offres, peut-être
choisiras-tu celle qui te convient : Si c'est de l'argent que tu veux, nous
t'en donnerons assez pour que tu sois le plus riche de nous tous ; Si c'est le
prestige, nous ferons de toi notre Seigneur obéi ; Si c'est le règne, nous te
proclamerons roi ; Si ce sont des visions que tu n'arrives pas à conjurer, nous
chercherons un médecin et nous dépenserons le nécessaire pour que tu guérisses.»
Aussitôt que 'Utba eut fini ses propositions, le Prophète (saws)
lui récita le début de la Sourate
«Les versets détaillés». [...]
Le Prophète(saws) a choisi ces versets de la prodigieuse
Révélation pour faire comprendre à son interlocuteur la vérité du Message et du
Messager. Muhammad(saws) transmet un Livre du Créateur à Ses créatures afin de
les guider et de les sauver de la ruine où mène leur égarement.
Il est, avant quiconque chargé d'y croire, de s'y conformer et
d'obéir à ses principes. Si Dieu recommande à ses serviteurs d'être probes et
de demander pardon, Muhammad (saws) est le plus attaché à ce pardon et à cette
probité ; il ne veut ni pouvoir, ni fortune,
ni prestige. Il avait grâce à Dieu, tous ces atouts à sa portée ; mais sachant
se surpasser, il n'y a pas du tout aspiré. Il a même été prodigue de tous les
biens dont l'a doté la providence ; il a dépensé en de temps une fortune
colossale, renonçant à la vie et ne laissant pas un dirham pour sa progéniture.
'Utba voulait, au nom de Quraych, que Muhammad (saws) renonçât à son Appel à Dieu et à la justice entre les hommes. Mais qu'adviendrait-il de la vie si un rocher se détachait de la terre et montait au ciel pour entraver la trajectoire des astres ou voiler les rayons solaires privant l'existence de lumière et de chaleur ?
Comme cette offre est insolite ! Et comme celui à qui elle fut faite est digne de fermeté inébranlable ! Ces versets coraniques ont excité la léthargie de l'esprit de 'Utba. La menace du châtiment grondait à réveiller ses sentiments endormis :
«S'ils se détournent de ton message, dis-leur : Je vous avertis du péril imminent: une foudre comme celle qui a frappé 'Âd et Thamûd.» (41:13)
'Utba voulait, au nom de Quraych, que Muhammad (saws) renonçât à son Appel à Dieu et à la justice entre les hommes. Mais qu'adviendrait-il de la vie si un rocher se détachait de la terre et montait au ciel pour entraver la trajectoire des astres ou voiler les rayons solaires privant l'existence de lumière et de chaleur ?
Comme cette offre est insolite ! Et comme celui à qui elle fut faite est digne de fermeté inébranlable ! Ces versets coraniques ont excité la léthargie de l'esprit de 'Utba. La menace du châtiment grondait à réveiller ses sentiments endormis :
«S'ils se détournent de ton message, dis-leur : Je vous avertis du péril imminent: une foudre comme celle qui a frappé 'Âd et Thamûd.» (41:13)
'Utba se leva, la main sur le front, comme si la foudre allait
s'abattre sur lui, et s'en alla voir les notables de Quraych à qui il proposa
de laisser Muhammad (saws) tranquille. [54]
Cette anecdote montre que Muhammad (sws) est resté ferme et bien décidé et qu'il n'était pas motivé par les biens de ce monde. S'il a combattu les mecquois et s'est résolu à les dépouiller c'est bien en réaction à leur hostilité envers les musulmans et par principe de réciprocité. En effet, les Mecquois avaient volé les biens des musulmans qui se trouvaient à La Mecque. Les attaques à l'encontre des caravanes, déclenchées une année après l'émigration à Médine et non immédiatement, prouvent suffisamment que ce n'est pas le gain qui était le moteur essentiel dans la bataille.
Le savant égyptien Muhammad Al-Ghazâlî fait ensuite la
boutade suivante concernant les falsificateurs de la tradition musulmane :
Les Orientalistes européens voyaient en ces détachements des
actes de brigandage ; conception qui recèle une haine qui voila la vérité et
des caprices au jugement irréfléchi. Cet orientalisme intéressé me fait penser
à l'insurrection d'indigènes dans une colonie britannique au Kenya,
revendiquant leur liberté et leur indépendance, et matée par les forces
d'occupation. Un soldat anglais dit en décrivant ces Africains : Ce sont des
sauvages ! L'un d'eux m'a mordu alors que je l'achevais ! Cette anecdote est
l'exemple type de la tendance orientaliste à rendre justice aux citoyens de La Mecque et à incriminer
l'Islam et sa communauté. [55]
Mythe n°2 : le Jihâd n'est qu'un moyen de brigandage
Nous lisons dans «Fiqh As-Suna» concernant le jihâd pour faire triompher la parole de Dieu
«N'est appelé jihâd au
sens propre, que celui qui est pratiqué par le désir de la Face de Dieu, pour élever Sa
Parole, pour lever l'étendard du vrai et réfuter le mal, pour payer le prix de
sa personne son désir de complaire à Dieu. Si, par contre, le but visé est
autre, comme, par exemple, de vouloir obtenir les avantages terrestres, alors
on ne peut parler à proprement dire de jihâd. Ainsi, qui combat
pour être investi d'une dignité, pour avoir part au butin, pour faire montre de
son courage ou pour bâtir sa renommée, n'aura aucune part dans la rétribution
divine dans l'au-delà.
Al-Bukhârî [n°2810] et Muslim [n°1904] rapportent d'après Abû
Mûsâ qu'un bédouin vint trouver le Prophète (sws) et lui dit : «Ô Envoyé de
Dieu, de l'homme qui combat en vue du butin, de celui qui combat pour s'acquérir
une renommée et enfin de celui qui combat pour montrer son importance, lequel a
combattu sur le chemin de Dieu ?» L'envoyé de Dieu répondit : «Celui qui combat
pour faire triompher la Parole
de Dieu, celui-là combat sur le chemin de Dieu.»
Abû Dâwûd et an-Nasâ'î rapportent qu'un homme demanda : «Ô
Envoyé de Dieu, que gagne celui qui combat en caressant l'espoir, à la fois
d'être rétribué, et à la fois de bâtir sa renommée ?» Le Prophète (sws)
répondit : «Il ne gagne
rien.» Comme l'homme répétait une troisième
fois sa question, le Prophète (sws) lui répondit : «Il ne gagne rien ; Dieu n'accepte une
oeuvre que si elle est totalement désintéressée et accomplie par le désir de Sa
Face.»
En effet, l'intention constituant l'âme de toute oeuvre, une
oeuvre dénuée d'intention ne vaut rien au regard de Dieu. Al-Bukhârî rapporte,
d'après 'Umar Ibn al-Khattâb, que l'Envoyé de Dieu (sws) a dit : «On ne jugera des actions que selon les
intentions. Chacun ne sera rétribué que selon ce qu'il a entendu faire.»
Si le désintéressement sincère donne aux actions leur valeur
réelle, alors il faut que la personne désintéressée atteigne le degré des
martyrs, même si elle n'est pas morte en martyr. L'Envoyé de Dieu (sws) a dit :
«Quiconque
demande à Dieu le martyre avec sincérité, Dieu lui fera atteindre les stations
des martyrs, même s'il meurt dans son lit.» Il a dit aussi : «Certes, à Médine, il y a des gens qui
n'ont jamais manqué d'être (en pensée) avec vous, que vous fassiez une marche
ou que vous traversiez une vallée. - Ô Envoyé de Dieu, lui demanda-t-on, sont-ils à Médine ? - Oui, reprit-il, ils sont à Médine, où ils ont été retenus pour des raisons
valables.»
A l'inverse, si le jihâd n'est pas motivé par
un désintéressement sincère et répond à un intérêt terrestre quelconque, non
seulement le combattant sera privé de la rétribution divine, mais il s'exposera
au châtiment le Jour de la résurrection. Muslim rapporte d'après Abû Hurayra : «J'ai
entendu l'Envoyé de Dieu (sws) dire : «Le premier homme a être jugé au Jour de la résurrection
sera un homme mort au combat. On l'amènera à Dieu, qui lui fera reconnaître Ses
bienfaits et qu'il reconnaîtra. Puis Dieu lui demandera :''Qu'en as-tu fait ?»
- J'ai combattu pour toi, répondra l'homme, jusqu'à ce que je sois tué. - Tu mens
! rétorquera Dieu. Plutôt tu as combattu pour que l'on dise : C'est un
brave, et c'est ce qu'on a dit.» Puis Dieu ordonnera qu'il soit traîné sur
la face et qu'on le jette dans le Feu.» [56]
Les traditions prophétiques sont claires quant au désintéressement
total qu'il faut avoir envers le butin. L'enfer est également promis à ceux qui
cherchent autre chose que la Face
de Dieu quand le combat armé est lancé. C'est en ce sens que le docteur Zeinab
Abdelaziz voit le combattant dans le sentier de Dieu un chevalier aux
nobles caractères. En effet,
... celui qui combat pour la
cause d'Allah, est une sorte de noble Chevalier, au profond sens du terme, dont
l'éducation était formée selon les critères les plus élevés du caractère
chevaleresque. Un guerrier qui se conforme aux obligations et aux interdictions
divines qui lui ordonnent le contrôle de soi, non seulement durant le combat,
mais aussi avant et après son déroulement. Avant la bataille, le
combattant se doit d'être libéré de toute convoitise, se doit de ne point aller
en campagne pour un quelconque profit personnel, fût-il pour son clan, sa
famille ou pour tout autre intérêt matériel, terrestre. Il a l'obligation de se
plier aux conditions et aux règlements prescrits par Allah, pour le Jihâd,
comme il a l'obligation de combattre pour l'amour d'Allah. [57]
Ainsi l'objectif du jihâd n'est certainement pas l'acquisition de biens matériels, mais l'acquisition d'une morale plus élevée car le combat est pour la Face de Dieu, pour la défense des opprimés, pour la préservation de la religion et des bonnes mœurs, et pour mettre un terme à l'injustice. Il est faux de dire que le jihad n'est motivé que par l'acquisition de biens matériels.
Il est intéressant de comparer les guerres anté-islamiques avec les guerres menées par le Prophète (sws). Le docteur Zainab Abdelaziz dit à ce sujet :
Dans son ouvrage intitulé les lingots d'or, Muhammad Amin
el-Baghdadi parle surtout des épopées guerrières qui se passèrent dans la
jâhiliya, l'époque qui précéda la
Mission de Muhammad (sws). Les plus connues de ces guerres
sont : al-Bassus, Dâhes wal-Ghabrâ', Yawm al-Nesâr, Yawm al-Djefâr, Yawm
al-Fodjâr, Yawm qâr, Yawm shaab Djebla, Yawm Rahrahân, etc. Celui qui médite
sur ces guerres ou ces épopées, verra l'immense ferveur, l'élan, le parti pris
inconsidéré, et même l'indifférence à l'égard de leurs conséquences. Ce courage déchaîné ne prenait point en compte la
raison ou la logique, pour ne rien dire de la futilité des causes qui
suscitaient ces accrochages, ni du prolongement de leurs durées, puisque
certains ont duré 10 ans, ni des effrayantes séquelles qu'elles causaient. Bien
qu'il n'y ait pas de statistiques relevant des dégâts causés par ces guerres,
les textes, les poèmes et les tirades écrits pour décrire les ruines, les dévastations,
l'orphelinage des enfants ou le veuvage font saisir l'ampleur des catastrophes
qui frappaient les lieux.
Le grand tournant s'opéra avec le Prophète
Muhammad (sws) et le début de son Message, lorsqu'il s'établit à al-Madinah, et qu'il y constitua son
gouvernement, après treize ans, passés à faire l'Appel à Allah, au cours
desquels il endura offenses et tourmentes, et qui furent intercalés de trois
grandes immigrations. Les Quraychites
formentèrent des troubles, nourrirent des animosités contre le nouvel Etat qui
venait de naitre : un Etat sans injustice, sans tyrannie ou sang répandu. C'est
pourquoi les idolâtres et mécréants complèterent pour la mort du Prophète
(sws), n'étant plus tranquille sur le sort de leurs intérêts, maintenus sur
place par la proéminence guerrière d'une religion polythéiste, par
l'intermédiaire de laquelle ils dominaient la péninsule arabique dans son
étendue. Alors que ce nouvel Etat était établit sur une base religieuse,
monothéiste, ayant comme pivot l'Unicité d'Allah, et sur des normes d'équité et
de justice, appliquées à tout le monde, sans distinction. Ce qui causait, aux
yeux des païens, la perte de leur polythéisme. [58]
Le général libanais Yassine Soueid confirme cette réalité dans son ouvrage «Les campagnes de Khâlid Ibn al-Walîd» :
On ne peut guère assimiler à des guerres, si ce n'est que
vaguement, les conflits qui opposaient les Arabes de la Jâhiliyya. En effet,
les «guerres» des Arabes n'étaient à cette époque que des escarmouches entre
individus ou tout au plus entre tribus, qui se déroulaient sans aucune méthode
précise. On entrait en guerre, pendant une courte période, on l'interrompait
puis on la reprenait sans préavis ni alerte. Il est possible, à la rigueur, de
relever quelques épisodes fameux de la Jâhiliyya qui mériteraient ce qualificatif: les
guerres entre les Gassanides et les Manâdira, de Dâhis et Gabrâ' entre les
tribus 'Abs et Dubyân, de Fijâr entre Kinâna et Qaïs, et la guerre de Basûs
entre Bakr et Taglib.
La caractéristique de la guerre chez les Arabes de la Jâhiliyya est qu'elle n'avait aucun lien avec quelque idéal que ce fut. Ainsi, on ne la déclarait pas pour faire triompher un principe, ou encore pour défendre une doctrine. Elle n'était que la matérialisation flagrante de l'égoïsme arabe, qu'il fut individuel ou tribal. C'est l'Islam qui mit fin à ces habitudes profondément ancrées chez les habitants de la péninsule arabique, et leur substitua ce noble sentiment humain qu'est le Jihâd pour diffuser l'appel de l'Islam et défendre la religion nouvelle. Sans aucun doute, les conditions sociales et économiques qui prévalaient dans la société antéislamique - caractérisées par une ignorance, une misère et un esprit de caste très forts - ont contribué, dans une large mesure, à provoquer le changement fondamental en question, dans cette société. Mais outre que l'Islam promettait à l'homme «un Etat gouverné suivant les principes inspirés par Dieu, et l'égalité des Croyants devant la loi islamique», il leur donnait, de plus, «l'assurance dans la communauté musulmane, d'une grande solidarité, assurée par les nantis, au profit des indigents». Les objectifs de la guerre, chez les Arabes de la Jâhiliyya, étaient au nombre de trois : la razzia, la vengeance et la défense. [59]
La caractéristique de la guerre chez les Arabes de la Jâhiliyya est qu'elle n'avait aucun lien avec quelque idéal que ce fut. Ainsi, on ne la déclarait pas pour faire triompher un principe, ou encore pour défendre une doctrine. Elle n'était que la matérialisation flagrante de l'égoïsme arabe, qu'il fut individuel ou tribal. C'est l'Islam qui mit fin à ces habitudes profondément ancrées chez les habitants de la péninsule arabique, et leur substitua ce noble sentiment humain qu'est le Jihâd pour diffuser l'appel de l'Islam et défendre la religion nouvelle. Sans aucun doute, les conditions sociales et économiques qui prévalaient dans la société antéislamique - caractérisées par une ignorance, une misère et un esprit de caste très forts - ont contribué, dans une large mesure, à provoquer le changement fondamental en question, dans cette société. Mais outre que l'Islam promettait à l'homme «un Etat gouverné suivant les principes inspirés par Dieu, et l'égalité des Croyants devant la loi islamique», il leur donnait, de plus, «l'assurance dans la communauté musulmane, d'une grande solidarité, assurée par les nantis, au profit des indigents». Les objectifs de la guerre, chez les Arabes de la Jâhiliyya, étaient au nombre de trois : la razzia, la vengeance et la défense. [59]
Le docteur Zainab Abdelaziz ajoute ensuite :
Dans son étude analytique des combats menés par le Prophète
(sws), qui prouvent que l'Islam n'a pas été propagé par l'épée, Dr A. Gom'a
dresse un tableau de toutes les tribus contre lesquelles ces combats furent
menés. D'après l'enchainement de ces quatorze tribus, on peut avancer le fait
qu'elles étaient pour la plupart, et non pas toutes, attachées à Modar, le
grand-père du Prophète (sws), que ces combats étaient comme résultat de la
colère entre consanguins païens et nouveaux adeptes de l'Islam, ou par esprit
de supériorité et de vantardise de leur part. Par contre, les véritables
conséquences de ces combats menés par le Prophète (sws), par celui qui avait
l'habitude de dire à ses ennemis, après en avoir pris possession en gagnant la
bataille «Allez, vous êtes libres!» ainsi, aussi simplement, sans même leur
imposer le fait de devoir adopter l'Islam, sont des résultats indéniables, qui
révèlent la Grandeur
de l'Islam et la Grandeur
de ses prescriptions, à ne citer que les points suivants :
1 - Un changement catégorique
s'opéra dans la société : d'Arabes sauvages en Arabes civilisés ;
d'Arabes païens, idolâtres, en Arabe musulmans, monothéistes.
2 - L'abolition d'actes de pillages et de ravages.
2 - L'abolition d'actes de pillages et de ravages.
3 - Le renforcement de la
sécurité générale du pays.
4 - L'établissement de la
fraternité et de la spiritualité en la société, à la place de l'animosité et de
la haine.
5 - L'affirmation du système de
la Consultation,
comme régime politique, à la place du despotisme.
Ce nouveau régime islamique avait aussi ses particularités qui
le caractérisaient, dès le début de sa formation. Des particularités qui
révèlent pourquoi, en réalité, l'Islam est combattu depuis son instauration
jusqu'à nos jours, étant juste le contraire de ce qui était professé, puisqu'il
se caractérise par les points suivants :
1 - La prohibition d'exterminer
les peuples ou les habitants.
2 - La libération des esclaves, la participation à leur éducation, de sorte que certains d'entre eux arrivèrent au poste de gouvernant.
2 - La libération des esclaves, la participation à leur éducation, de sorte que certains d'entre eux arrivèrent au poste de gouvernant.
3 - Les musulmans
n'instaurèrent point de tribunaux d'Inquisitions pour obliger les gens à
adopter la nouvelle religion.
4 - Ils n'imposèrent point
d'épuration ethnique ou de croyance : les juifs, les chrétiens et les
hindous demeurèrent dans leurs pays.
5 - Ils entreprirent les liens de mariages avec les gens de ces
pays et ne se comportèrent point en racistes ou en supérieurs.
6 - La jizya imposée aux
non-musulmans, qui préfèrent rester et vivre dans les pays d'Islam, n'était
point un impôt discriminatoire, comme continuent à le dire orientalistes,
missionnaires ou autres, mais c'était une somme payée au lieu du service
militaire, qui leur était laissé au choix, et pour subvenir aux frais de leur
défense, assumée par les musulmans.
7 - La région du Hedjaz, Centre
de l'Appel islamique, demeura, dans son ensemble, un pays pauvre, jusqu'à
l'euphorie du pétrole, lorsque les colonisateurs extirpaient les biens
des pays colonisés et les dirigeaient vers leurs métropoles.
8 - Les pays musulmans ont connu toutes sortes d'agressions et
d'atrocités, à ne mentionner que les Croisades, l'asservissement imposé par les
colonisateurs, l'expulsion des musulmans de leurs demeures en Andalousie et la
torture de ceux qui restèrent d'entre eux par les tribunaux d'Inquisitions, les
épurations éthniques, injustifiées, surtout au cours de ces dernières décades,
la haine immense, injustement et fallacieusement implantée, de façon qu'elle
devint une sorte de caractère inné chez la plupart des occidentaux.
9 - Quel que soit le pays d'accueil, les musulmans ont toujours
souffert d'une discrimination sur tous les plans. [60]
Mythe n°3 : le prophète (sws) a attaqué en 1er les «pauvres»
marchands mecquois
Affirmer une telle chose c'est totalement méconnaître la Sîra du prophète (sws), et
c'est faire preuve d'un aveuglement manifeste. La première source historique
pour l'époque est bien le Coran, et le livre nous renseigne sur cela.
Autorisation est donnée à ceux qui sont
attaqués (de se défendre) - parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les
secourir -ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, - contre toute justice,
simplement parce qu'ils disaient : «Allah est notre Seigneur». - Si Allah ne
repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis,
ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est
beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion).
Allah est assurément Fort et Puissant, ceux qui, si Nous leur donnons la
puissance sur terre, accomplissent la
Salat, acquittent la
Zakat, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable.
Cependant, l'issue finale de toute chose appartient à Allah.
Sourate
Al-Hajj 22, 39-41
Si l'autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se
défendre, il est évidemment clair que les musulmans ne sont pas ceux qui ont
commencé les hostilités les premiers.
A son arrivée à Médine, après avoir échappé à la tentative d'assassinat, le Prophète (sws) et les Médinois reçurent des menaces de la part des Quraichites au point où des hommes gardaient la maison du Prophète (sws).
Le cheikh Safiyyu Ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî rapporte dans son ouvrage «Ar-Raheeq Al-Makhtoum» (le nectar cacheté) :
L'émigration des musulmans vers Médine ne fit qu'accroître
l'irritation des Quraychites à leur égard ; ils
se mirent à entretenir des contacts clandestins avec 'Abdullâh fils d'Ubayy
fils de Salûl, qui était, avant l'arrivée de l'Islam à Médine, chef des Ansâr,
et qui avait failli être couronné roi de Médine. Ils lui envoyèrent un ultimatum
rédigé avec des termes menaçants et belliqueux lui ordonnant soit de combattre
soit d'expulser le Prophète (sws), faute de quoi une vaste campagne militaire
serait lancée afin d'exterminer les combattants de Médine et d'enlever les
femmes des médinois. [...] Les provocations continuèrent et un message parvint
aux musulmans de la part de Quraych les menaçant de les exterminer dans leur
cité-refuge [Médine]. Il ne
s'agissait pas de vaines menaces, car le Prophète (sws) reçut des informations
émanant de sources sûres attestant de réels complots et d'intrigues ourdis par
les ennemis de l'Islam. Des mesures de précautions furent prises et un état
d'alerte fut instauré, comprenant le positionnement de gardes autour de la
maison du Prophète (sws) et aux points stratégiques. 'Aicha (raa) a dit : «Le
Messager d'Allah (sws), après son arrivée à Médine, passa une nuit sans dormir.
Il dit un jour : «Plût à Dieu que je trouvasse parmi les compagnons un homme
pieux qui montât la garde près de moi durant cette nuit ?» Tout à coup, nous
entendîmes un cliquetis d'armes. Le Prophète (sws) demanda : «Qui est là?» «C'est
moi, répondit Sa'd fils d'Abû Waqqâs.» Il lui demanda :»Qu'est-ce qui t'amène
ici?» Sa'd répondit : «Je craignais qu'un mal n'atteigne le Messager de Dieu
(sws), c'est pourquoi je suis venu monter la garde.» Le Prophète (sws) invoqua
Dieu en sa faveur, puis s'endormit». [61]
Le professeur Hamidullah confirme ces propos dans son ouvrage «Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre», et ajoute même que cette période a été suivie de pressions économiques de la part des Mecquois :
359. Bien qu'expatrié par les siens, Muhammad nourrissait
toujours de tendres sentiments envers sa cité natale et ses habitants. Ces
derniers ne laissèrent pas tranquille même après l'émigration des Musulmans.
Voici deux importants documents à ce sujet :
360. «Lorsque l'Envoyé de Dieu
se rendit à Médine, Abû Sufyân et Ubaiy ibn Khalaf - des deux plus grands chefs
de la Mecque -
écrivirent aux Ansârites (Musulmans médinois) en ces termes : «Or donc, il n'y
a aucun tribu, parmi les tribus arabes, avec qui une brûlure (entendre :
guerre) nous serait plus pénible qu'avec vous ; mais vous avez tenté d'aider
l'un de nous, qui était le plus noble et dans la position la plus élevée (sic
?), et vous lui avez accordé un asile, et vous le défendez, ce qui est vraiment
une honte et une tâche. N'intervenez pas entre nous et lui. S'il est un homme
de bonne conduite, c'est à nous d'en tirer le bonheur ; s'il est mauvais, nous
avons plus de droit que personne à le posséder». Ka'b ibn Mâlik leur
répondit plus tard par un poème. Les termes élogieux pour Muhammad sont
probablement des remaniements postérieurs, mais la lettre comme telle nous
indique les intrigues mecquoises ne cessèrent.
361. Nullement désespérés par
le refus des Ansârites, les Mecquois adressèrent aux adversaires de Muhammad à
Médine, à 'Abdallâh ibn Ubaiy, et aux idôlatres ses camarades, un ultimatum : «Vous
avez donné asile à notre camarade (en fuite). Nous jurons par Dieu que si vous
ne le combattez pas, ou si vous ne l'expulsez pas, nous marcherons tous vers
vous pour tuer vos combattants et violer vos femmes.» La source précise
qu'il y eut une certaine effervescence à Médine, mais comme la fidélité des
Ansârites eût causé une guerre fratricide, le Prophète parvint facilement à
leur persuader de ne pas relever l'ultimatum. Désespérant des Arabes médinois, La Mecque commença des
intrigues avec les Juifs de la même région, ce qui entraîna la guerre avec les
Banû an-Nadîr, comme nous allons le voir plus tard.
362. Les Mecquois semblent
avoir pris des mesures économiques contre Médine. En effet, lorsqu'Abû Nâ'ilah
voulut assassiner Ka'ab ibn al-Achraf, son frère de lait, il lui parla ainsi de
la situation des Musulmans (pour des motifs secrets, mais on peut lire entre
les lignes quelques éléments de vérité) : «L'arrivée de cet homme (Muhammad)
chez nous a été pour nous un grand malheur : l'Arabie nous est devenue ennemie,
et tout le monde s'est levé contre nous ; les chemins nous sont coupés, nos familles
meurent (de faim), nous n'avons pas de quoi manger, et nous avons la plus
grande difficulté à nous nourrir». Il n'y a nul doute qu'Abû Nâ'ilah exagérait
alors délibérément, mais au fond cela représentait quelque vérité. on sait que
les Mecquois dominaient le commerce international arabe de cette époque ; on ne
peut donc pas douter de l'efficacité de cette pression économique. [62]
Comme nous le voyons, Muhammad (sws) n'a pas attaqué de «pauvres commerçants inoffensifs» comme se complaisent à les décrire les fanatiques falsificateurs de l'Histoire musulmane, mais il a attaqué des tyrans qui ont menacé les médinois de les «exterminer et violer leurs femmes». Charmants commerçants...
En réalité, le combat a été ordonné quand les Mecquois ont spolié les biens des musulmans qui étaient à La Mecque. Le professeur Tariq Ramadan explique très bien les raisons de la guerre avec les Quraychites dans son ouvrage «Muhammad, vie du Prophète : les enseignements spirituels et contemporains» :
Tous les musulmans n'avaient pas émigré, et ceux qui étaient
restés étaient d'autant plus maltraités par les chefs de Quraysh que ceux-ci
supportaient évidemment très mal les succès de Muhammad. D'aucuns étaient
d'ailleurs restés à La Mecque
sans avoir rendu publique leur conversion à l'Islam : ils craignaient désormais
la férocité des représailles qui n'allaient pas manquer de s'abattre sur eux si
cela venait à se savoir. Certains Quraysh
allèrent plus loin et décidèrent même, contrairement au code de l'honneur que
respectait l'ensemble des clans de la péninsule, de s'emparer des propriétés et
des biens que les émigrants avaient laissés à la Mecque. La nouvelle de
cette attitude, considérée comme indigne et lâche, fâcha le Prophète et les
musulmans installés à Médine. Il fut décidé - 6 mois après leur exil - qu'ils
s'en prendraient à leur tour aux caravanes mecquoises qui transitaient à
proximité de Médine afin de reprendre l'équivalent de leurs biens expropriés à La Mecque. [63]
Nabil Lûqa Bébâwi détaille les causes des premiers convois militaires du prophète
(sws) contre les Quraychites dans son ouvrage «Muhammad : le Prophète calomnié»
:
Nous envisageons de citer toutes les batailles
menées par le Prophète (sws) afin d'en exposer les mobiles et de démentir
l'allégation selon laquelle elles avaient pour fin l'appât du butin.
La première campagne était celle de «al-Aywa'«
ou de Waddan, en l'an 2 de l'hégire, soit en l'an 623 grégorien. Le Prophète (sws) se
dirigea personnellement vers la région de Waddan, au cours du mois de Safar de
cette même année, en vue d'intercepter un convoi de la tribu Quraysh, parce que
cette dernière s'était emparée de tous les biens des musulmans exilés de la Mecque. Elle s'était
emparée des terres, des maisons, des palmiers, du bétail. Les musulmans n'étaient
sortis de la ville qu'avec leurs seuls vêtements. C'est ce qui donnait à ces
derniers le droit de récupérer leurs biens.
Or, Al-Aywa' et Waddan étaient deux lieux
proches de Hajfa et rapprochés entre eux de six milles. Les musulmans avaient
mobilisé environs 200 combattants dirigés par le Prophète (sws), sur ces lieux,
en vue de s'attaquer à une caravane guidée par la tribu Quraysh, qui s'adonnait
au commerce et se déplaçait entre la
Mecque et la
Syrie. A cette fin, il s'était allié aux tribus dominantes
sur cet axe. Mais, lorsque le Prophète (sws) se rendit sur les lieux, le convoi
était déjà parti, ce qui évita la bataille et l'affrontement entre les
musulmans et Quraysh. A la suite de cette offensive, les musulmans pactisèrent
avec les forces de la tribu Damra dirigée par Makhsh b. 'Amru Al Dimri, afin
qu'aucun combat n'oppose ces derniers aux musulmans qui rentrèrent quinze jours
plus tard à Médine. L'offensive préparée par les musulmans avait pour seule fin
la restitution, par ces derniers, de leurs droits usurpés à la Mecque. [64]
En décrivant les débuts du combat, le cheikh égyptien Mohammed El-Khudhary fait le même constat dans sa biographie du Prophète (sws) intitulée «Lumière de la certitude, la vie du prophète de l'Islam» :
Il était dans les habitudes de Quraych d'envoyer des caravanes
commerciales en Syrie, pour vendre et acheter. Beaucoup de nobles et
dignitaires Quraychites accompagnaient ces caravanes pour les surveiller et les
protéger. Or, ces caravanes étaient obligées, pour arriver en Syrie, de passer
par la demeure de l'émigration (Médine). Le
Prophète (sws) décida alors de saisir les marchandises des polythéistes afin de
les affaiblir économiquement et afin que les émigrants qui avaient étaient
dépossédés de leurs biens, après leur émigration, puissent leur rendre la
pareille. [65]
Non seulement ces attaques contre les caravanes avaient pour but de rendre la pareille aux Quraichites «pauvres marchands victimes des musulmans», mais en plus cela permettait de les affaiblir économiquement. Tout fin stratège essayerait, le plus naturellement du monde, d'affaiblir son ennemi économiquement afin d'atténuer ses attaques incessantes et injustes.
Le professeur Hamidullah confirme cette stratégie dans son ouvrage «Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre» :
363. Après de longs mois
d'hésitation, le Prophète décida de se défendre. Environ un an après son arrivé
à Médine, il envoya le premier détachement musulman, pour dire aux Quraichites
que leurs caravanes ne devaient pas non plus traverser la zone d'influence
islamique. Une trentaine de volontaires musulmans, tous d'origine
mecquoise, furent conduites par Hamzah, oncle du Prophète, à l'ouest de Médine,
jusqu'au littoral, et rencontrèrent Abû Jahk avec trois cents caravaniers sur
chameaux, qui avaient campé sur le territoire de la tribu Juhainah. Le chef
juhainite, Madjî ibn 'Amr, était protecteur muwâdi' (allié ? neutre ?)
des deux parties, et grâce à sont intervention, il n'y eut pas de guerre : les
deux parties rentrèrent chez elles pacifiquement. Il
est à remarquer que dans cette expédition, ainsi que que dans celles qui
suivirent, les Musulmans attaquèrent uniquement les caravanes des Mecquois -
avec lesquels ils étaient alors en état de guerre - à l'exclusion de toute
autre peuplade non-musulmane du pays. Il s'agissait donc du droit de
belligérance, distinct du simple pillage de brigands. [66]
Il est donc clair que les attaques contre les caravanes marchandes n'avaient pas pour but le brigandage, sinon le Prophète (sws) aurait attaqué toutes les tribus de la Péninsule sans aucune distinction. Après les escarmouches qui eurent lieues entre Mecquois et Médinois, la première véritable bataille fut celle de Badr. Les premiers convois envoyés par le Prophète (sws) n'avaient pu récupérer les biens usurpés par les Quraichites, ce qui nous amena à la bataille fatidique de Badr.
Nabil Lûqa Bébâwi
rapporte :
La cinquième campagne et (deuxième) guerre fut celle de «Badr».
Il s'agissait de la plus importante connue par les musulmans, lorsque l'Etat
musulman était à ses débuts. Elle fut précédée d'événements religieux
significatifs. Au cours du mois de Sha'bân de l'an 2 de l'hégire, soit au cours
de l'an 623 grégorien, Dieu définit aux musulmans une autre direction pour la
prière : il s'agit de la Mecque
en lieu et place d'al-Quds (ou Jérusalem). Au cours des sept mois précédant la
révélation du dit verset, les musulmans orientaient leur prière vers al-Quds,
(Jérusalam). L'orientation de la prière vers la Mecque avait une
signification. La Mecque
était devenue le lieu de référence de l'ensemble de la communauté des
musulmans, et la péninsule arabique était destinée à devenir le sanctuaire de
l'Etat musulman, avec cette dernière ville pour capitale qui est aujourd'hui le
repère d'un milliard et quart de musulmans habitant les six continents. La guerre de Badr avait pour but la récupération
d'une partie des droits usurpés par Quraysh. [67]
De manière générale, le Prophète (sws) n'avait pas l'habitude de
commencer les hostilités et recherchait la paix en toute circonstance. En
effet, la tradition islamique rapporte que l'Envoyé de Dieu (sws), dans
un de ses combats, se trouvait en présence de l'ennemi, et il attendit jusqu'au
déclin du soleil. Alors il se leva au milieu des musulmans et leur dit :
«Ô musulmans ! Ne souhaitez pas la rencontre de l'ennemi,
et demandez plutôt à Dieu d'être saufs. Puis, lorsque vous rencontrez l'ennemi,
montrez de l'endurance, et sachez que le Paradis est à l'ombre des sabres.»
Puis il prononça l'invocation suivante : «Seigneur, Toi qui fais descendre
l'Ecriture, Toi qui fais glisser les nuages, Toi qui mets en fuite les
coalisés, mets l'ennemi en déroute et assiste-nous contre lui!». [68]
Mythe n°4 : le prophète (sws) a ordonné d'attaquer tous ceux qui ne sont pas musulmans
Les ouvrages de jurisprudence islamiques sont clairs quant au
statut des personnes qu'il faut combattre. Nous avons suffisamment développé ce
point précédemment. Le combat n'est permis que contre ceux qui agressent l'État
islamique et s'en prennent à la prédication islamique.
Le dr. M. S. Ramadan Al-Bouti résume parfaitement la position de l'Islam sur la question :
Avec l'exode vers Médine et l'installation définitive du
Prophète dans cette ville, les formes essentielles du jihad ont été maintenues
puisqu'il a continu, ainsi que ses Compagnons, à prêcher et à répandre l'Islam,
accomplissant ainsi un acte réel de pur jihad. Mais de nouvelles circonstances
sont survenues découlant de l'établissement du Prophète à Médine, lesquelles
circonstances pourraient être résumées en deux faits :
- Le premier fait fut la création pour la première fois d'une société islamique solide au sein d'un Etat dont le régime repose sur des bases sûres [...]
- Le deuxième fait fut la création de la première «DAR EL-ISLAM» (pays de l'Islam) dans laquelle s'est développé un premier état islamique réunissant toutes les conditions nécessaires à un État: une masse humaine solide, un régime régissant les relations entre ses individus, un responsable veillant à la mise à exécution et à la protection de ce régime en une terre assurant la stabilité de cet État.
Dans de telles conditions, quelle forme nouvelle de jihad
devait-elle donc être ajoutée à ses formes essentielles pratiquées par les
Compagnons à la Mecque
(donc avant l'exode) sous la direction du Prophète ?
C'est celle qui consiste à assurer la protection des acquis de la nouvelle vie des musulmans, à savoir le pays et l'État islamique. Une telle protection peut être assurée en prenant les mesures suivantes :
1 - Fortifier et garder les frontières en prévision à toute agression susceptible de viser la terre ou la nouvelle société.
2 - Combattre tous ceux qui
complotent contre l'Etat et son régime ou visent la moindre parcelle de la
terre de l'islam que Dieu a léguée aux musulmans.
3 - Combattre tous ceux qui persistent à s'opposer à une prédication reposant sur le savoir et le dialogue, c'est-à-dire au jihad prédicatif et pacifique pratiqué à la Mecque par le Prophète et ses Compagnons.
3 - Combattre tous ceux qui persistent à s'opposer à une prédication reposant sur le savoir et le dialogue, c'est-à-dire au jihad prédicatif et pacifique pratiqué à la Mecque par le Prophète et ses Compagnons.
La prescription du combat contre ceux qui s'opposent à cette prédication après l'Exode, s'explique par le fait que cette dernière jouit désormais de la protection d'un Etat et d'un chef responsable disposant de moyens sains pour assurer le plein exercice de cette prédication. A la Mecque, elle était assumée par des individus que ne réunissait pas un Etat, qui ne partaient pas d'une terre qui est la leur et sur qui ne veille pas un imam ayant une responsabilité politique. [69]
Le docteur Zeinab Abdelaziz confirme ce point de vue, en disant que le Jihâd est
... prescrit pour la défense de
la foi, la défense du territoire, la défense des croyants qui y vivent, et la
défense du système étatique, récemment instauré, qui donna pouvoir et
efficacité à cette société. Il est loin d'être un combat qui vise à
l'extermination d'autrui, à l'anéantissement de l'adversaire, à annihiler sa
présence.
Il est surtout loin de ce critère biblique, qui impose, sous peine d'être maudit éternellement, de ne point garder son épée de répandre le sang ! [70]
Il est surtout loin de ce critère biblique, qui impose, sous peine d'être maudit éternellement, de ne point garder son épée de répandre le sang ! [70]
Elle énumère ensuite, en 12 points, les fondamentaux de la guerre en Islam :
Il en ressort essentiellement de ces Textes, que le but de la
guerre en Islam en ses grandes lignes, est définit par les points suivants :
1 - la noblesse de caractère,
la clarté des moyens et du but.
2 - Aucun combat ne doit être mené qu'avec les combattants ; pas d'agression
contre
les civils.
3 - Ne point tuer femmes,
enfants ou vieillards.
4 - Repousser l'attaque,
assumer la défense de soi, de la patrie et de la religion.
5 - Faire triompher la vérité
et la justice.
6 - Si l'ennemi s'incline vers
la paix et cesse de combattre, nulle agression alors ne doit être menée contre
lui, mais contre les injustes seulement.
7 - La revendication des droits usurpés.
8 - La protection des captifs est
un impératif. Ils ont droit à être traités d'une façon digne de tout
être humain.
9 - Protéger l'environnement
est aussi un impératif, y compris la protection des animaux, ne point
les tuer sans raison, ne point brûler les arbres ou nuire aux plantes, aux
fruits ou à l'eau ; ne point souiller les puits ni démolir les maisons.
10 - Assurer l'Appel à Allah, donner l'occasion aux miséreux qui veulent adopter l'Islam, de s'y joindre.
10 - Assurer l'Appel à Allah, donner l'occasion aux miséreux qui veulent adopter l'Islam, de s'y joindre.
11 - La protection de la
liberté de croyance est nettement recommandée, surtout pour les
propriétaires des cloîtres et pour les moines ; ne pas leur porter atteinte.
12 - Ne point aller au combat par ostentation, mais par amour d'Allah et pour sa cause.
12 - Ne point aller au combat par ostentation, mais par amour d'Allah et pour sa cause.
Il en ressort nettement de ce qui précède, que le Jihâd en Islam
se caractérise foncièrement et par la noblesse du but et par la noblesse des
moyens. [71]
Il ressort clairement que le combat n'est pas engagé contre tous ceux qui ne partagent pas la foi musulmane. L'ouvrage de jurisprudence «Fiqh As-Suna» précise que les guerres du Prophète (sws) furent toutes été défensives. En effet,
Toutes les guerres que l'Envoyé de Dieu (sws)
mena furent défensives, et aucune d'entre elles n'eut un caractère offensif.
Quant aux combats qu'il mena contre les Arabes polythéistes et à la rupture du
pacte qu'il avait conclu avec eux après la conquête de la Mecque, ils s'inscrivent
dans la même logique. ceci
ressort clairement du verset coranique :
{Ne combattriez-vous pas un peuple qui viola ses serments, eut projet de bannir l'Envoyé, et ce sont eux qui commencèrent contre vous la première fois ? Les craignez-vous ? Dieu est bien plus Digne de votre crainte, si vous êtes des croyants. Combattez-les ! Que Dieu, par vos mains les châtie, les mette à mal, contre eux vous assiste, et guérisse ainsi les cœurs des peuples croyants. De leur cœur pourtant qu'Il banissent la rancune. Dieu se repent sur qui Il veut.} S. 13, V. 15. En effet, les Arabes polythéistes s'étant tous réunis comme un seul homme pour combattre les musulmans, Dieu ordonna de les combattre tous en ces termes :
{Combattez les polythéistes de la manière qu'ils vous combattent : sans distinction, mais sachez que Dieu est avec ceux qui se prémunissent.} S.9, V.203. Quand au combat mené contre les juifs de l'époque, il est motivé par le fait qu'ayant conclu un pacte avec l'Envoyé de Dieu (sws) après son arrivé à Médine, ils ne tardèrent pas à le violer et à s'associer aux polythéistes et aux hypocrites dans leur lutte contre les musulmans. Ils allèrent même jusqu'à les combattre lors de la bataille dite des Coalisés. C'est alors que Dieu révéla ce verset :
{Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier, ni n'interdisent ce qu'interdisent Dieu et Son Envoyé, et qui, parmi ceux qui ont reçu l'Écriture, ne suivent pas la religion du Vrai - et cela jusqu'à ce qu'ils paient d'un seul mouvement une capitation en signe d'humilité.} S.9, V.29. Il révéla aussi {Vous qui croyez, combattez ceux des mécréants qui vous sont limitrophes, Faites-leur éprouver quelques rudesse. - Sachez que Dieu est avec ceux qui se prémunissent.} S.9, V.123.
Le Prophète (sws), passant devant une femme gisant morte, s'écria : «Celle-ci ne faisait pas partie des combattants !» Or, si l'interdiction de tuer cette femme est motivée par le fait qu'elle ne faisait pas partie des combattants, on déduit de cela que le combat que les musulmans mènent contre l'ennemi est motivé par le combat qu'ils mènent eux-mêmes contre nous, et non par leur mécréance. [72]
Ces propos sont tout de même à nuancer. Le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti précise certaines exceptions :
Évidemment la seule manifestation d'une intention d'agression
suffira pour donner aux Musulmans le droit de se défendre, voir de passer à
l'attaque, pourvu qu'une intention d'agression
soit confirmée par des preuves explicites. Ainsi, le Prophète menait-t-il
souvent des attaques-surprises contre les polythéistes pour leur faire perdre
l'avantage de l'attaque. C'est ce qu'il avait fait lors des batailles de Bani
El-Moustaleq, de Khaybar et de Mou'tah. Pour ce qui est de la bataille
de Bani El-Moustaleq, le Prophète apprend que cette tribu se prépare à agresser
les Musulmans avec à leur tête El-Hareth b. Abi Dirar, leur chef. Une fois
cette information vérifiée, le Prophète passe à l'attaque.
Quant à la bataille de Khaybar, le Prophète apprend qu'une alliance secrète était en train d'être conclue entre les Juifs de Khaybar et la tribu de Ghatafan pour prendre une position unifiée contre les Musulmans. Sans attendre, le Prophète décide alors de mener contre eux une attaque-surprise.
Ibn Hicham rapporte que le Prophète a campé, le jour de Khaybar, dans une vallée appelée El-Raji'a se situant entre les Juifs et Ghatafan pour couper court à leur plans de coopération militaire.
La bataille de Mou'tah intervient suite à une agression sauvage menée par le roi de Bousra qui, pris de fureur contre l'émissaire du Prophète, El-Hareth b. Omeyr El-Azdi, le tua en violation flagrante des traditions universelles proscrivant alors toute agression ou tout mauvais traitement des émissaires.
Ce fut l'intention la plus agressive de la part des Byzantins et
de leur agent en Syrie, Chourahbil b. Amr, contre l'Islam et les Musulmans.
N'est-ce pas un exemple des plus clairs de la combativité ?
Certains écrivains et chercheurs n'hésitent pas à remettre en question une telle définition de la combativité, voir même l'action menée par le Prophète. En effet nous avons lu des propos tenus par certains dont on peut comprendre que les Musulmans avaient attaqué des civils paisibles dans leurs foyers sans motif d'agression. Certains sont allés jusqu'à donner comme exemple illustrant ce cas la bataille de Khaybar.
De tels propos sont d'une extravagante nullité ! Par quelle logique peut-on m'interdire d'entreprendre quelque chose contre quelqu'un en le voyant rassembler les hommes, préparer des plans et effectuer des contacts contre moi ? Dois-je attendre jusqu'à ce qu'il achève les préparatifs et prenne l'initiative de m'attaquer pour que je puisse avoir le droit de riposter, si j'en ai alors les moyens? Y a-t-il un État dans le monde qui adopte une telle stratégie d'attentisme avec ses ennemis pour que nous puissions en faire un exemple à suivre ? [73]
En quelques sortes ces batailles bien précises n'étaient pas offensives dans le sens stricte du terme, c'est-à-dire une agression gratuite et sans motif valable. Mais elles intervenaient dans le cadre de la préservation de la communauté. On connait tous le dicton «la meilleure défense c'est l'attaque». En ce qui nous concerne, les ennemis de l'Islam préparaient des attaques contre les musulmans. Ce n'est qu'après confirmation de ces complots que les musulmans ont attaqué les premiers. En ce sens, ce n'est que de la légitime défense. Va-t-on attendre que le meurtrier, qui nous tient en joue avec un fusil d'assaut, tire le premier coup avant de réagir ? Bien évidement non. N'importe qui réagirait avant que cela ne se produise.
Mohammed El-Khudhary résume toutes les guerres menées par le Prophète (sws) de la manière suivante dans son ouvrage «Lumière de la certitude, la vie du prophète de l'Islam» :
On a vu plus haut que le Messager d'Allah
(sws) n'a jamais combattu quelqu'un pour le forcer à entrer en Islam ; il se
contentait d'apporter la bonne nouvelle et d'avertir. Allah lui révélait des versets qui le
fortifiaient dans sa persévérance face aux persécutions des Quraychites. Il en
est ainsi de Sa Parole dans la
Sourate «El Ahqâf» : «Fais montre de la même constance qu'ont témoignée les prophètes
doués d'une ferme résolution et ne t'impatiente pas de les voir (châtier)» (Coran, 45/35)
Il lui racontait les récits de ses frères parmi les messagers
qui l'ont précédé, afin d'affermir son coeur. Lorsque les persécutions des gens
de La Mecque
devinrent insupportables, ils le forcèrent à s'exiler de sa demeure après avoir
comploté pour le tuer. Ce furent donc eux qui commencèrent les hostilités
contre les musulmans, dans la mesure où ils les firent sortir de leurs demeures
sans aucun droit. Après l'émigration, Allah autorisa les muhâjirîne à combattre
les polythéistes [...] Or, il n'y avait pas que les Quraychites qui
persécutaient le Prophète (sws). Lorsque les autres polythéistes en dehors de La Mecque se liguèrent contre
lui, Allah lui ordonna de combattre tous les polythéistes, dans Sa parole
révélée dans la Sourate
«Le repentir» :
«Combattez
les polythéistes en toute occasion de même qu'ils vous combattent en toute
occasion» (Coran,
9/36).
Et c'est ainsi que le jihâd devint total contre ceux qui
n'avaient pas un Livre, parmi les polythéistes. Ceci est une confirmation de sa
parole (sws) :
«Il m'a été
ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils disent : «Il n'y a de dieu
qu'Allah.» S'ils le disent, ils préserveront leur sang et leurs biens, sauf
dans les cas impliquant l'application d'une peine légale. Leur cas incombera à
Allah». (cf. notre article
sur cette parole ici)
Lorsque les musulmans trouvèrent chez les juifs une transgression des pactes, dans la mesure où ils assistaient les polythéistes dans leurs guerres, Allah leur ordonna de les combattre dans la Sourate «Le butin» : «Et si jamais tu redoutes la félonie d'une faction, dénonce (le pacte qui vous lie en les informant; ainsi vous serrez) sur un pied d'égalité, car Allah n'aime pas les félons» (Coran, 8/58). Le combat contre eux devint un devoir afin qu'ils se soumettent et donnent la jizya (l'impôt de capitation) et afin que les musulmans soient en sécurité vis-à-vis d'eux. Et c'est ainsi que le jihâd du Prophète (sws) contre les ennemis devint basé sur les principes suivants :
La considération que les polythéistes de Quraych sont des combattant potentiels dans la mesure où ils ont commencé les hostilités. Aussi, ils se mirent à les combattre et à leur prendre du butin, jusqu'à ce qu'Allah leur assure la conquête de La Mecque ou bien qu'il y ait une trêve ou un traité entre les deux parties.
A chaque fois qu'il était remarqué, de la part des juifs, une trahison et une alliance avec les polythéistes, ils étaient combattus de façon à assurer la sécurité des musulmans de leur côté.
Tout ceux qui, parmi les gens du Livre, comme
les Chrétiens, manifestaient une hostilité vis-à-vis de l'Islam, étaient
combattus jusqu'à ce qu'ils se soumettent ou donnent l'impôt de capitation
(jizya). [74]
Ainsi le Prophète (sws) n'a jamais prescrit le combat contre tout le monde sans aucune distinction. Historiquement parlant, nous savons que les Musulmans n'ont jamais attaqué l'Abyssinie car celle-ci avait protégée les musulmans lors des persécutions de la Mecque.
Basile Y,
historien grec, confirme ce point de vue :
Les grandes aventures des conquêtes de l'Islam en Asie jusqu'aux
Philippines et en Chine (où il y a plus de 10.000.000 de Musulmans), ainsi qu'à
l'Est, au coeur et à l'Ouest de l'Afrique, ne se firent pas à la pointe de
l'épée, mais par des échanges commerciaux de «missionnaires» commerçants. C'est
pour cela qu'elles furent durables, et ce qui explique l'échec lamentable de la Mission Chrétienne
en ces pays vers lesquels nos missionnaires évangélisèrent à l'ombre de la
soldatesque européenne. En Afrique l'Islam ne s'attaqua pas à l'Éthiopie
chrétienne parce que celle-ci n'attendait pas de libérateur du joug byzantin -
l'Éthiopie était chrétienne depuis le IVe siècle. Pendant treize siècles ce
pays des Négus vécut entouré de potentats musulmans et en paix avec eux. Elle
ne fut agressée qu'en 1935-36 par
Mussolini, paladin de la civilisation occidentale. [75]
Se basant sur la tradition prophétique, 3 des 4 écoles de jurisprudences ont autorisé, certes avec beaucoup de restrictions, le recours à l'aide de personnes non-musulmanes pour la défense de l'État. En effet,
Pour Mâlik et Ahmad, il est absolument interdit de recevoir leur
aide, comme de leur prêter la nôtre. Mais Mâlik précise : «Sauf s'ils sont au service des musulmans, auquel cas
la chose est permise.»
Pour Abû Hanîfa, il est permis de recevoir leur aide comme de la leur prêter si l'autorité de l'Islam s'applique globalement à eux ; si, par contre, c'est l'idôlatrie qu'ils pratiquent, la chose est blâmable.
Pour ash-Shâfi'î; recevoir l'aide des
mécréants est permis à deux conditions :
premièrement que les musulmans soient en
petit nombre et les idolâtres très nombreux;
deuxièmement, que l'on pressente chez les idolâtres un penchant pour l'Islam et une bonne opinion de cette religion. D'autre part, ceux-ci seront rétribués mais n'auront aucun part au butin avec les musulmans. [76]
deuxièmement, que l'on pressente chez les idolâtres un penchant pour l'Islam et une bonne opinion de cette religion. D'autre part, ceux-ci seront rétribués mais n'auront aucun part au butin avec les musulmans. [76]
S'il est donc autorisé de demander l'aide aux non-musulmans pour
faire le Jihâd contre ceux qui agressent l'Etat islamique, il est
étonnant d'entendre les falsificateurs de l'Histoire colporter tous ces ragots
sur le Jihâd. Si la jurisprudence islamique permet cette aide, cela veut
tout simplement dire qu'on ne combat pas tout le monde jusqu'à, soit la
conversion, soit la mort ! Comment demander de l'aide à des non-musulmans si
ceux-ci sont - en principe - soit morts, soit convertis ?
De plus, l'Islam reconnaît qu'on puisse accorder la protection à un polythéiste. S'il est lié à un pacte quelconque avec les autorités islamiques, sa vie, son sang et ses biens doivent être scrupuleusement protégés. Le Cheikh Al-Qahtânî rapporte, à ce sujet, une tradition prophétique intéressante :
Voici ce que dit le «Comité des Grands Savants»
d'Arabie Saoudite :
L'année de la conquête de la Mecque, Umm Hani (raa) accorda protection à un polytheiste alors que 'Ali ibn Abi Talib (raa) voulait le tuer ; elle se rendit chez le Prophète (sws) et l'en informa. Il dit alors : «Celui a qui tu accordes protection, nous lui accordons aussi protection, Ô Umm Hani» (Rapporté par Bukhari n° 350 et Muslim n° 336) Ce qu'il faut retenir (de ce hadith) c'est qu'il est interdit de porter atteinte à une personne à qui la protection a été accordée par le chef de l'autorité pour un intérêt quelconque, ou qui est liée à l'État par un pacte, de même qu'il est interdit d'attenter à sa vie ou à ses biens. [77]
L'année de la conquête de la Mecque, Umm Hani (raa) accorda protection à un polytheiste alors que 'Ali ibn Abi Talib (raa) voulait le tuer ; elle se rendit chez le Prophète (sws) et l'en informa. Il dit alors : «Celui a qui tu accordes protection, nous lui accordons aussi protection, Ô Umm Hani» (Rapporté par Bukhari n° 350 et Muslim n° 336) Ce qu'il faut retenir (de ce hadith) c'est qu'il est interdit de porter atteinte à une personne à qui la protection a été accordée par le chef de l'autorité pour un intérêt quelconque, ou qui est liée à l'État par un pacte, de même qu'il est interdit d'attenter à sa vie ou à ses biens. [77]
Il est devient évident qu'on ne peut combattre tous ceux qui n'adoptent pas la foi musulmane. Des exemples de ce type, il en existe beaucoup dans la tradition islamique. Et c'est sur celles-ci que les juristes se basent. Jamais la prédication n'est passée du conseil à la contrainte. En effet, le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, après avoir cité les versets appelant à la bonne prédication et que le rôle du Message ne consiste qu'en la transmission du Message (Coran 88,21-24 ; 42,48 ; 13,40 et 5,92), déclare :
Notons que certains de ces versets sont
médinois, c'est-à-dire après la prescription du jihad belliqueux. Cela
signifie que la prédication n'est jamais passée du conseil à la contrainte. [78]
Si au bout du combat contre les non-musulmans la contrainte à l'adoption de la nouvelle religion est inexistante alors il devient clair que ce n'est pas la dénégation de l'autre qui motive le combat mais sa combativité.
-
Les débuts de la
civilisation islamique :
Le mythe de la propagation de la religion par l'épée
Nous avons donné jusque là beaucoup d'exemples historiques sur la manière dont les Califes avaient compris l'essence du Jihâd. Nous nous proposons ici de compléter certaines informations. L'interdiction de contraindre les gens à adopter la foi musulmane est claire. Il n'existe aucune abrogation à ce sujet. En effet, le Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti rapporte une anecdote intéressante qui s'est produite lors du Califat de 'Umar Ibn Al-Khattab :
Ibn Abi Hatem rapporte avec son isnad (chaine d'authenticité) de
la version d'un serviteur (nommé Asbaq) à Omar b. El-Khattab : «J'étais un esclave chrétien à Omar b.El-Khattab.
Il me proposait souvent de me convertir à l'Islam et moi, je refusais. Alors,
il répétait «Point de contrainte en matière de religion (S.2, V.256) et
me disait : «Asbaq, si tu te convertis à l'Islam nous aurons recours à toi pour
régler certaines affaires concernant les musulmans.»
Zayd b.Aslam rapporta de son père en disant : «J'ai entendu Omar
b. El-Khattab dire à une vieille femme qui ne s'était pas convertie à l'Islam :
«Convertis-toi, vieille, tu auras la paix. Dieu a envoyé Muhammad avec le Vrai.»
Et la vieille de dire : «Je suis une vieille femme et la mort s'approche de moi».
Omar dit alors : «Seigneur, soit témoin» et il
lut : «Point de contrainte en matière de religion».» [79]
Le célèbre savant Ibn Taïmiyya déclare dans son recueil de
missives sur le combat :
Absolument personne ne peut dire que l'Envoyé
de Dieu (sws) a contraint quelqu'un à se convertir à l'Islam. [80]
Plusieurs savants et historiens admettent parfaitement ce fait :
Lawrence E. Browne :
Incidemment, ces faits
bien établis contredisent et rejettent l’idée si largement propagée dans des
écrits chrétiens, que les musulmans, n’importe où ils allaient, forçaient les
gens à accepter l’Islam à la pointe de l’épée. [81]
A. S. Tritton :
l’image du soldat musulman avançant avec une
épée dans une main et le Coran dans l’autre est tout à fait fausse. [82]
De Lacy O'Leary :
L’histoire est claire sur ce point: la
légende des musulmans fanatiques s’abattant sur le monde, imposant l’Islam, à
la pointe de l’épée, aux peuples vaincus est un des plus fantastiques et
absurdes mythes que les historiens ont pu répéter. [83]
K. S. Ramakrishna Rao :
Mon problème pour écrire cette monographie est facilité du fait
que nous ne sommes généralement plus alimentés par ce genre d’histoire
(déformée, sur l’Islam), et il est inutile de réfuter ces déformations sur
l’Islam. La théorie de l’Islam et l’Épée, par
exemple, n’est plus soutenue maintenant dans un quelconque cercle d’historiens
digne de ce nom. Le principe de l’Islam, “nulle contrainte en religion” (Coran
2:256), est bien connue. [84]
Arnold, Sir Thomas W. :
“[...] nous n’avons jamais
entendu parlé d’une quelconque tentative de forcer une population non-musulmane
à accepter l’Islam; ni non plus de la moindre persécution dans le but
d’éradiquer le Christianisme. Si les califes avaient, eux, choisi une de ces
deux alternatives, ils auraient certainement balayé le Christianisme aussi
aisément que Ferdinand et Isabelle de Castille [conquérants chrétiens de
l’Espagne musulmane] ont éliminé l’Islam d’Espagne;ou encore imité Louis XIV
qui décréta le Protestantisme hors-la-loi, ou enfin, ils auraient agi comme les
anglais envers les juifs qui furent interdits de séjour en Angleterre pendant
350 ans [...]. De plus, comme les églises orthodoxes de l’Asie et de
l’Est et celle de Rome s’excommuniaient mutuellement, ces églises orthodoxes
étaient isolées du reste de la Chrétienté. Personne n’aurait donc levé le doigt pour
les aider si les musulmans les avaient attaqué. Par
conséquent, la simple existence de ces églises encore aujourd’hui est une
solide preuve de l’attitude généralement tolérante des gouvernements mahométans
envers elles.” [85]
Dr. Ceasar E. Farah (Docteur d’histoire, Université du Minnesota, USA) :
Ni le sabre, ni même un quelconque
prosélytisme, peuvent expliquer l’expansion continuelle de l’Islam à travers
les siècles. Cette
croissance phénoménale doit être attribuée à son pouvoir d’attraction, et à ses
capacités à répondre aux besoins spirituels et matériels de peuples adhérant en
masse non à une culture pourtant propre à ses fondateurs, des Arabes du désert,
mais à une culture religieuse et à un développement socio-politique qu’ils ont
évalués au moment de leur conversion. [86]
Nous lisons dans l'Atlas des peuples d'Orient :
«A l'époque où la puissance abbasside s'écroule, la majorité de
la population du Croissant fertile et de l'Égypte a adopté la langue arabe. En
dehors de la péninsule arabique, l'islam demeure en revanche minoritaire, sauf
sans doute en Irak (où subsiste une forte proportion de nestoriens). En haute
Mésopotamie et en Syrie [passées sous administration musulmane au VIIème siècle],
la population restera en grande partie chrétienne jusqu'au XIIIème
siècle. En Égypte [également passée sous administration musulmane au VIIème
siècle], l'islam ne deviendra majoritaire
qu'au XIème siècle. Pas plus que les Omeyyades, les Abbassides n'ont mené une
politique de conversions» [87]
Gustave LeBon :
Les Arabes réussirent en quelques siècles à transformer
matériellement et intellectuellement l'Espagne, et à la placer à la tête de
toutes les nations de l'Europe. Mais la transformation ne fut pas seulement
matérielle et intellectuelle, elle fut également morale. Ils apprirent, ou au moins essayèrent d'apprendre
aux peuples chrétiens, la plus précieuse des qualités humaines : la tolérance.
Leur douceur à l'égard de la population conquise était telle qu'ils avaient
permis à ses évêques de tenir des conciles : ceux de Séville en 782 et de
Cordoue en 852 peuvent être cités comme exemples. Les nombreuses églises
chrétiennes construites sous la domination arabe sont également des preuves du
respect avec lequel ils traitaient les cultes placés sous leur loi. Beaucoup de
chrétiens s'étaient convertis à l'islamisme, mais ils n'avaient que bien peu
d'intérêts à le faire, car les chrétiens vivant sous la domination arabe et
nommés pour cette raison Mozarabes étaient traités, de même du reste que les
juifs, sur le même pied que les musulmans, et pouvaient comme eux aspirer à
toutes les charges de l'État. L'Espagne arabe étant le seul pays de
l'Europe où les juifs étaient protégés, ces derniers avaient fini par y devenir
très nombreux.
À leur grande tolérance, les Arabes d'Espagne joignaient des
mœurs très chevaleresques. Ces lois de la chevalerie : respecter les faibles,
être généreux envers les vaincus, tenir religieusement sa parole, etc., [....] [88]
Pierre Laffite :
Si aucune religion n'a compté des triomphes
plus rapides et plus éclatants, aucune ne s'est montrée plus généreuse et plus
tolérante [...] Où sont ces atrocités épouvantables qui nous ont valu tant de
tirades larmoyantes et éveillé si longtemps la compassion indignée des âmes
sensibles ?” [89]
Gandhi :
Je suis désormais plus que jamais convaincu
que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’Islam dans le cœur de
ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C’était cette grande humilité,
cet altruisme du prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa
dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa
confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. [90]
Ayant maintenant vu que l'expansion de l'Islam par l'épée était un mythe, nous pouvons nous tourner vers la réalité de la guerre en Islam. L'historienne britannique, Karen Armstrong, ancienne nonne et célèbre experte de l'histoire d'Orient, fait le commentaire suivant, dans son livre «Holy War» (La guerre sainte) qui traite de l'histoire des trois grandes religions :
... Le mot l'islam vient de la même racine arabe que le mot la
paix et le Coran réprouve la guerre comme un événement anormal contraire à la
volonté de Dieu: «Toutes
les fois qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils
s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les
semeurs de désordre.»
(Le Coran, sourate al-Ma'ida, verset 64) L'islam
ne justifie pas la guerre ou l'extermination agressives, comme la Torah fait dans les cinq
premiers livres de la
Bible. Religion plus réaliste que le christianisme, l'islam
déclare que la guerre est inévitable et parfois une obligation positive pour
mettre fin aux oppressions et à la souffrance. Le Coran enseigne que la guerre
doit être limitée et conduite de la façon la plus humaine possible.
Mohammed a dû combattre non seulement les habitants de la Mecque mais également les
tribus juives de la région et des tribus chrétiennes en Syrie qui alliées aux
juifs planifiaient une attaque contre lui. Pourtant
ceci n'a pas poussé Mohammed à dénoncer les gens du livre. Ses musulmans ont
été forcés de se défendre mais ils n'ont pas livré une guerre sainte contre la
religion de leurs ennemis. Quand Mohammed a envoyé Zaid contre les chrétiens à
la tête d'une armée musulmane, il leur a dit de combattre pour la cause de Dieu
bravement mais d'une manière humaine. Ils ne devaient pas molester les prêtres,
ni les moines, ni les nonnes, ni les personnes faibles et impuissantes qui ne
pouvaient pas combattre. Il ne devait y avoir aucun massacre des civils. Les
musulmans ne devaient abattre aucun arbre ni démolir un seul bâtiment. C'était
très différent des guerres de Josué.
[91]
Le docteur Maurice Bucaille cite un document
émanant du Secrétariat du Vatican pour les non-chrétiens intitulé «Orientations
pour un dialogue entre chrétiens et musulmans» (3ème édition):
«Le document oppose l'idée répandue de l'Islam, religion de la
crainte, à l'Islam, religion de l'amour, amour du prochain enraciné dans le foi
en Dieu. Il réfute l'idée qu'on a propagé faussement, selon laquelle il n'y a
guère de morale musulmane, et cette autre, partagée par tant de juifs et de
chrétiens, du fanatisme de l'Islam, qu'il commente en ces terme : «De fait
l'Islam ne fut guère plus fanatique au cours de son histoire que les cités
sacrales de chrétienté quand la foi chrétienne y recevait en quelque sorte
valeur politique». Ici, les auteurs citent des expressions du Coran qui
montrent que les Occidentaux traduisent abusivement par «guerre sainte» «se
dit en arabe Al jihâd fi sabîl Allâh, l'effort sur le chemin de Dieu», «effort pour propager l'Islam et le défendre contre
ses agresseur». «Et le document du Vatican de poursuive : «Le Jihâd n'est aucunement le kherem biblique, il ne
tend pas à l'extermination, mais à étendre à de nouvelles contrées les droits
de Dieu et des hommes.»
- »Les violences passées du jihâd suivaient en général les lois de la
guerre ; et du temps des Croisades ce ne furent pas toujours les musulmans qui
perpétrèrent les plus grandes tueries.» [92]
-
Conclusion
Aucune religion au monde n'a poussé ses adeptes à combattre sur le chemin de Dieu et de la Vérité, pour la cause des faibles, des opprimés, des orphelins, des femmes, des enfants et des vieillards et pour une existence décente, comme l'a fait l'Islam. Quiconque étudie minutieusement, épluche et médite sur les versets coraniques, la tradition prophétique et l'histoire des évènements qui constituent la vie des premiers califes de l'Islam, ne peut que constater cette réalité.
Ainsi le Jihâd en Islam suit des règles précises et il a devancé, de plusieurs siècles, les conventions de Genève. Nous espérons que cette étude aura dissipé le mal-entendu sur la notion de combat en Islam. Paix sur quiconque suit le droit chemin !
Et Dieu Sait mieux ce qu'il en est - Allah'ou A'lâm !
-
Références
[1] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.25
[2] Tahar Gaïd, Encyclopédie thématique de l'Islam, Vol.2,
éditions Iqra,
p.1355-56
[3] ibid. p.1357-58
[3] ibid. p.1357-58
[4] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le pratiquer
?, traduit par Mohamed
Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.66-69
[5] ibid. p.97
[6] Hadith rapporté par Abou Dawoud n°2504 et par An-Nasâ'î n°3096
et 3192
et authentifié par le
sheikh Al-Albânî ; également rapporté par Ahmed
authentifié par
Al-Hâkim, voir pour cela Boulough Al-Maram d'Ibn Hajar
Al-'Asqalânî, hadith
n°1081
[7] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.25
[8] Karen Armstrong, Holy War, MacMillian London Limited,
1988, p. 25
[9] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.26-27
[10] ibid. p.26
[11] ibid. p.19-21
[12] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le pratiquer
?, traduit par Mohamed
Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.148-164
[13] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.53-54
[14] Hadith rapporté par l'Imâm Mâlik dans son Muwatta au n°981 ;
rapporté
par Al-Bukhârî n°3014 et 3015 ; rapporté par
Mouslim n°1744 ; rapporte
par Abû Dawoud n°2668
et authentifié par Al-Albânî ; rapporté par Ibn
Mâja n°2310 et
authentifié par Al-Albânî ; rapporté par At-Timirdhî n°1569
et authentifié par
Al-Albânî ; rapporté par l'Imam Ahmad 6/334, 7/229,
8/210, 8/41 et 8/216
[15] Hadith rapporté par l'Imâm Mâlik dans son Muwatta dans le livre
du jihad,
chapitre sur l'interdiction
de tuer les femmes et les enfants au cours des
expéditions, hadith n°983
[16] Hadith rapporté par Al-Bukhârî n°3038, 4341/4342, 4344/4345,
6124 et 7172 ; rapporté également par Mouslim n°1733
[17] Hadith rapporté par Al-Bukhârî n°69 ; rapporté également par
Mouslim n°1732 et par Abû Dawoud n°4835
[18] Hadith rapporté par Abû Dawoud n°2614
[19] Hadith rapporté par l'Imâm Mâlik dans son Muwatta dans le
livre du jihad,
chapitre sur
l'interdiction de tuer les femmes et les enfants au cours des
expéditions, hadith n°982
[20] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le
pratiquer ? traduit par
Mohamed Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.296-297
[21] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.54-55
[22] ibid. p.55-56
[23] ibid. p.57
[24] Extrait de l'Encyclopédie de l'Islam, cité par le
traducteur Mohamed Nabil
El-Khayat dans «Le
Jihad en Islam : comment le comprendre et comment le
pratiquer ?» de M. S. Ramadan Al-Boutî, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.40
[25] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le
pratiquer ?, traduit par
Mohamed Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.181-183
[26] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.12-14
[27] ibid. p.61-62
[28] Hadith rapporté par Al-Bukhari n°3166 et n°6914 ; et rapporté
par Ibn Mâja
2192 et 2193 et
authentifié par Al-Albânî ; rapporté également par At-
Tirmidhî 1403 et
authentifié par Al-Albânî ; rapporté également par An-
Nasâ'î 4761 et
authentifié par Al-Albânî ; rapporté par Abû Dawoud 2760
authentifié par
Al-Albânî
[29] Ibn Hajar Al-'Asqalânî, Fath-ul-Bârî, 12/259
[30] Hadith rapporté par Al-Bukhârî n°3052 et n°1392
[31] Ibn Khaldûn, Discours sur l'Histoire universelle :
Al-Muqaddima, traduit
de l'arabe, présenté et annoté par Vincent
Monteil, éditions Sindbad, p.482
[32] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR,
Tome 3, p.58
[33] ibid. p.58-59
[34] ibid. p.60
[35] ibid. p.60-61
[36] Saïd Ramadan, La
Sharî'a : le droit islamique, son envergure et son
équité,
traduit de l'anglais
par Claude Dabbak, éditions Al Qalam 2008, p.166
[37] ibid. p.172
[38] Gustave LeBon, La civilisation des arabes, Livre
deuxième, chapitre III,
imprimé par IMAG -
Syracuse (Italie), Numéro d'édition 161/69, p.98-100
[39] John L. Esposito, The Islamic Threat: Myth or Reality, Oxford
University
Press, New York, 1992, p. 39
[40] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son
œuvre, Tome 2, éditions El-Najah, Paris, 1998, p.875
[41] Ibn Khaldûn, Discours sur l'Histoire universelle :
Al-Muqaddima, traduit
de l'arabe, présenté
et annoté par Vincent Monteil, éditions Sindbad, p.434
[42] Saïd Ramadan, La
Sharî'a : le droit islamique, son envergure et son
équité,
traduit de l'anglais
par Claude Dabbak, éditions Al Qalam 2008, p.164-166
[43] ibid. p.172-173
[44] ibid. p.160-164
[45] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre, Tome
[45] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre, Tome
2, éditions El-Najah, Paris, 1998, p.877-878
[46] Mohammed al-Ghazâlî, Comprendre le Coran aujourd'hui,
traduit par
Samira Noureddine,
édition UNIVERSEL, Mars 2006, p.120-121
[47] Sheikh Salman Al-Oadah, article d'Islamtoday repris
par IslamOnline, daté
du 30/04/2004
[48] Sheikh Hânî al-Jubayr, article d'Islamtoday
[49] Sheikh Jalal Abualrub, Holy Wars, Crusades,
Jihad
[50] Muhammad Asad, The Message of the Quran
[51] Sheikh Salîh Ibn Ad Al Azîz Ibn Muhammad Ibn Ibrahîm
Al-Sheikh, Ceci
est l'Islam, éditions Assia, p.45
[52] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR,
Tome 3, p.81
[53] Nabil Lûqa Bébâwi, Muhammad (saws) : le Prophète
calomnié, éditions ALBOURAQ, p. 137-138
[54] Muhammad Al-Ghazâlî, Fiqh As-Sîra, traduit de l'arabe
par Rachad
Hrazem, revu et
corrigé par Abderrazak Mahri, éditions Maison d'Ennour,
2006, p.82-83
[55] ibid. p.155-156
[56] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR, Tome 3,
p.37-38
[57] Zeinab Abdelaziz, Jihâd et Terrorisme, éditions
Cordoba, 2002, p.33
[58] ibid. p.45
[59] Le général Yassine Soueid, Les campagnes de Khâlid Ibn
al-Walîd, traduit
par Robert Rougeaux,
éditions Al-Bustane, Paris, 2002, p.23-24
[60] Zeinab Abdelaziz, Jihâd et Terrorisme, éditions
Cordoba, 2002, p.46-48
[61] Safiyyu Ar-Rahmân Al-Mubârakfûrî, Muhammad : l'ultime
joyau de la
prophétie, traduit par Abdelrrazak Mahri, éditions
Maison d'Ennour, 2006,
p.273-275
[62] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre, Tome
[62] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son œuvre, Tome
1, éditions El-Najah, Paris, 1998, p.203-204
[63] Tariq Ramadan, Muhammad, vie du Prophète : les
enseignements spirituels
et contemporains, éditions Presses du Châtelet, 2006,
p.146-147
[64] Nabil Lûqa Bébâwi, Muhammad (saws) : le Prophète calomnié,
éditions
ALBOURAQ, p. 138-139
[65] Mohammed El-Khudhary, Lumière de la certitude, la vie du
prophète de
l'Islam, traduit par Messaoud Boudjenoun,
éditions IQRA, p.154
[66] Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son
œuvre, Tome
1, éditions El-Najah,
Paris, 1998, p.204-205
[67] Nabil Lûqa Bébâwi, Muhammad (saws) : le Prophète calomnié,
éditions
ALBOURAQ, p. 140-141
[68] Hadith rapporté par Al-Bukhârî n° 2965/2966 et 3024/3025 ;
rapporté
également par Mouslim
n°1742 ; rapporté également par Abou Dawoud
2631 et authentifié
par Al-Albânî
[69] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le
pratiquer ? traduit par
Mohamed Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.70-72
[70] Zeinab Abdelaziz, Jihâd et Terrorisme, éditions
Cordoba, 2002, p.25
[71] ibid. p.42-43
[72] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR,
Tome 3, p.21
[73] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le
pratiquer ?, traduit par
Mohamed Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.166-168
[74] Mohammed El-Khudhary, Lumière de la certitude, la vie du
prophète de
l'Islam, traduit par Messaoud Boudjenoun, éditions IQRA, p.152-154
[75] Basile Y, EUROPE ET MONDE ARABE, chapitre : La paille
et la poutre –
sous-partie : Propagation et colonialisme
[76] Sayyid Sabiq, Fiqh As-Sunna, éditions ENNOUR,
Tome 3, p.31-32
[77] Cheikh al-Qahtânî, Que disent les savants de l'Islam
sur le terrorisme,
Éditions Anas 2004,
p.30-31
[78] Dr. M. S. Ramadan Al-Bouti, Le Jihad en Islam: Comment le
comprendre ?
Et comment le
pratiquer ? traduit par
Mohamed Nabil Al-Khayat, éditions
Dar-El-Fikr, Damas,
Syrie, 1996, p.102-103
[79] ibid. p.103
[80] Ibn Taïmiyya, Rispalat al Qitâl, pp.123-125, cité par
le général Yassine
Soueid dans Les
campagnes de Khâlid Ibn al-Walîd, traduit par Robert
Rougeaux, éditions
Al-Bustane, Paris, 2002, p.28
[81] Lawrence E. Browne, The Prospects of Islam, Londres
1944
[82] A. S. Tritton, L’Islam, Londres, 1951, p.21
[83] De Lacy O'Leary, Aux carrefours de l’Islam, p.28 (Ed.
originale “Islam at
crossroads”, Londres 1923, p.8)
[84] K. S. Ramakrishna Rao, Mohammed le Prophète de l’Islam,
Ed. Alphabeta,
Paris, 1992, p.21/22
[85] Arnold, Sir Thomas W., The preaching of Islam, a history
of the
propagation of the
muslim faith,
Westminister A. Constable & Co.,
Londres, 1896, p. 80
[86] Dr. Ceasar E. Farah, Islam, Barron’s Ed. Series, Inc -
Woodbury - New
York - 1968 - p.253
[87] Atlas des peuples d'Orient, p. 52
[88] Gustave Lebon, La civilisation des arabes, Livre
troisième, chapitre VI :
Les Arabes en Espagne, imprimé par IMAG - Syracuse (Italie),
Numéro
d'édition 161/69,
p.210
[89] Pierre Laffite, Les Grands Types de l'Humanité
[90] Gandhi, Extrait du journal “Young India”, cité dans “The
light”, Lahore,
16/09/1924
[91] Karen Armstrong, Holy War, MacMillian London Limited, 1988, p. 25
[91] Karen Armstrong, Holy War, MacMillian London Limited, 1988, p. 25
[92] Docteur Maurice Bucaille, La Bible, le Coran et la Science: les écritures saintes examinées à la luumière des connaissances modernes, éditions Seguers Paris 1976, p.117-18.
SOURCE :
Le Jihâd en Islam
Par
Mouminbilah
Création
: 04/2010. Modification : 17/12/2010
http://blog.decouvrirlislam.net
Mohammed ZEMIRLINE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire