Les Conquêtes du sultan Selim II
Il
était le sultan Selim Ibn (fils de) Souleyman Ibn Selim I, le 11ème sultan de
l’empire ottoman et le troisième de ses califes. Il naquit le 2 Shawwal 903 H (24 mai 14 97 EC) et
depuis son enfance, il fut éduqué, entraîné et préparé à gouverner une nation.
Il devint gouverneur de Karaman (Konya, le sultan Mourad I incorpora Karaman à
l’empire ottoman après la bataille de Konya. Quand Tamerlan réussit à vaincre
les Ottomans, il libéra Muhammad, le fils de Mirza Muhammad ‘Ala' ad-Din
Karamanid (d. 792 H), de la prison de Bursa. Ainsi commença le troisième règne
de Karaman Uglu. Ibrahim Karamanid (d. 868 H) était le beau-frère du sultan
Mourad II. Cependant, quand il signa un traité avec Sigismund, roi de Hongrie,
le sultan incorpora deux villes de Karaman, Aksehir et Beysehir, à son empire,
et l’état de Dhulqadr prit le territoire de Césarée (Kayseri). Les turcs
ottomans occupèrent Konya en 872 H /
1467 EC de façon permanente peu après que le Karaman Oglu eut signé le traité
avec les vénitiens. (Dā'irah Ma‘ārif-i-Islāmiyyah : 16-2/8-16)) et servit à
cette position pendant six ans. Il fut aussi désigné gouverneur de Sarukhan
(Manisia, Saru Khan était une tribu royale qui devint autonome après le déclin
de l’empire Seldjouke en Anatolie. Saru Khan, l’émir de Magnesia (de nos jours
« Manisa »), prit cette ville en 1313 EC et en fit la capitale de son état. Il
lança le Jihad contre les soldats catalans payés par les Byzantins. Saru Khan
reçut un tribut annuel de Foca, une ville de Gênes. Bayazid I prit Magnesia à
Khizer Shah (792 H / 1390 EC) l’arrière-petit-fils de Saru Khan, qu’il plaça
sous le contrôle de son fils Souleyman, ainsi qu’Aydin Eli et Mentisha Eli.
Manisa se trouve à 20 miles
(32 km )
au nord-est d’Izmir. (Dā'irah Ma‘ārif-i-Islāmiyyah : 12/13-14, 21/713)), une
position qu’il garda 14 ans, et servit comme gouverneur de Kutahya pendant plus
de cinq ans. Le sultan Souleyman le Législateur le choisit pour devenir son
successeur, 13 ans avant sa mort.
Selim
monta sur le trône 23 jours après la mort de son père, le sultan Souleyman I
décédé le 15 Joumādah al-Awwal 974 H (1566 EC), miséricorde d’Allah sur lui.
La Conquête de Chypre
Chypre
avait été un émirat de l’empire mamelouk en Egypte depuis 828 H (1424 EC) et
payait un tribut annuel au sultan mamelouk. Quand les Vénitiens prirent le
contrôle de l’administration de l’île, ils continuèrent de payer ce tribut au
Caire, et quand le sultan Selim prit le contrôle de l’Egypte en 923 H (1517
EC), la république vénitienne, de son propre accord, déclara qu’il payerait le
tribut annuel pour Chypre à Istanbul. En dépit de ceci, Chypre fut une
obstruction dans toutes les guerres qui eurent lieu entre les Ottomans et les Vénitiens.
Pour cette raison, l’idée de conquérir Chypre fut reprise par Selim II, qui
envoya Mourad Raïs en eaux chypriotes au mois de mars en mission de
reconnaissance. Puis la flotte ottomane partit d’Istanbul le 9 Dzoul Hijjah 977
H (15 mais 15 70
EC), sous le commandement de Piyala Pasha, avec 100
000 hommes ; dont 60 000 étaient des fantassins et le reste des
marins et des rameurs. La flotte entra dans le port de Limassol le 27 Mouharram
978 H (1 juillet 15 70
EC).L’opération de débarquement eut lieu le lendemain, le 30 Mouharram (4
juillet), dans le port de Larnaca.
Le
5 Safar (9 juillet), Kyrenia (en grec ou Girne en turc) fut conquise et le 8
Rabī‘ al-Akhir (9 septembre) Lefkosia (en turc et Nicosia en grec) fut conquise
tandis que le gouverneur général (vénitien) de Chypre, Nicolo Dandolo, fut tué.
Peu après, un certain nombre de villes chypriotes se rendirent et Mustapha
Pasha (Kara Mustafa Pasha attaqua Chypre avec 100
000 soldats. Il fit le siège de Nicosie, et après qu’une semaine
ce soit écoulée, la capitale de Chypre tomba aux mains des Ottomans en 1570 EC.
Cependant, le siège de Famagusta se prolongea et elle ne put être conquise que
l’année suivante en 1571 EC. Le fier général Bragadino fut exécuté. L’île de
Chypre resta aux Turcs jusqu’en 1878 EC. (History of Turkey par Dr. Nasir Ahmad Nasir)), le gouverneur de
Shehrzor, fut désigné gouverneur de Chypre. Le sultan lui ordonna de rester à
Nicosia avec 2 000 soldats et Lala Pasha marcha contre la ville fortement
fortifiée de Magusa (en turc et Famagusta en grec), avec 7 000 soldats et 75
cannons. La chute de Magusa eut lieu le 10 Rabī‘ al-Akhir 979 H (1 septembre 15 71 EC) et la conquête de Chypre
fut achevée en 13 mois.
La conquête de Moscou
Au
printemps 979 H (1571 EC), le Khan de crimée Devlet Giray (Dawlat Giray,
l’empire Giray : La dynastie Giray détint le pouvoir dans la péninsule
criméenne et la plupart de l’Ukraine du XVème au XVIII ème siècle. Haci Giray
Ibn Ghiyath-ad-Din Ibn Tash Taymour, un prince d’Altin Ordu, fut le fondateur
de la dynastie Giray. Mangli, fils de Haci Giray, assuma le titre de « Giray »
qui devint finalement une partie essentielle des noms des dirigeants à venir.
Haci Giray, Nour Devlet Giray et Mangli Giray détinrent également le titre de
sultan, et seul « Khan » quand le royaume de Giray devint un état vassal des
Turcs en 880 H / 1475 EC. En 1771 EC, les forces russes entrèrent en Crimée et
elle fut incorporée à l’empire russe en 1783 EC. (Dā'irah Ma‘ārif-i-Islāmiyyah
: 17/543) marcha sur la Russie
avec une armée de 120 000 hommes,
parmi lesquels des soldats ottomans et un contingent d’artillerie ottoman pour
arrêter les tentatives russes d’expansion de leur empire (Ivan IV, le tsar de
Russie, captura l’état tartare musulman de Kazan en 1552 EC. Il occupa
également l’état islamique d’Astrakhan en 962 H / 1554 EC. Astrakhan était une
capitale et un port d’état situé sur la Mer Caspienne dans
laquelle se jette la Volga. ).
Cette expédition militaire parvint à disperser l’armée russe après qu’elle eut
perdu 8 000 hommes. Les Russes furent incapables de défendre Moscou et les
Ottomans y entrèrent le 28 Dzoul Hijjah 979 H (24 mai 15 71 EC). Le Khan de Crimée
repartit avec 15 000 prisonniers et suite à sa victoire, il acquit le titre de
Taht Algan (en arabe : Takht signifie « trône ») (c’est-à-dire le
preneur du trône).
En
980 H (1572 EC), Devlet Giray marcha avec une seconde expédition et traversa
l’Oka. Suite à cette traversée, les Russes entreprirent de payer annuellement
60 000 lires d’or et signèrent un traité de paix avec les Criméens. Alors
qu’ils s’enfuyaient de Moscou, le tsar russe Ivan IV abandonna 30 000 cavaliers
6 000 fantassins. Les Turcs prirent la trésorerie du tsar, dans le palais du
Kremlin (mot d’origine turque) et les deux beaux-frères du tsar furent tués.
Tout ceci conduisit à l’extinction de la dynastie Rurik. Selim II félicita
Devlet Giray pour sa victoire en lui envoyant une épée gravée, un manteau et
une lettre officielle du sultan.
Les conquêtes du Sultan Mourad III
Le
Sultan Mourad III monta sur le trône de l’empire ottoman après la mort de son
père. La flotte du sultan Mourad avait réussi à annexer le Maghreb arabe
(Afrique du Nord) après des défaites espagnols successives et après que le
royaume de Fès ait déclaré son union avec l’empire ottoman et sa soumission.
La
soumission de l’empire de Fez (Maroc) à l’empire ottoman fut inhabituelle, car
le sultan de Fez était directement subordonné au sultan ottoman ; ce qui veut
dire, qu’il était inclus parmi ces états recevant directement des ordres du
Divan Humayuni ottoman. Moulay Ahmad Mansour II avait complètement adhéré à la
politique étrangère ottomane et envoyait un impôt annuel à Istanbul,
confirmation in équivoque de sa subordination.
Moulay
Ahmad Mansour II avait appliqué la politique ottomane dans tous ses territoires
et entrepris des réformes sociales et militaires, mais il ne laissait aucune
opportunité à l’empire ottoman d’interférer dans ses affaires internes. Les
gouverneurs d’Alger souhaitaient interférer dans les affaires internes de Fès,
mais il l’en empêcha.
Après
sa mort, ses trois fils lui succédèrent dont l’un était Zaydan an-Nassir (1012
H - 1037 H / 1603 EC - 1627 EC), qui s’efforça du mieux qu’il put de ne pas se
retirer de l’empire ottoman, mais les deux autres n’était pas très intéressé et
après quelques temps, Fès se détacha du système ottoman et se dirigea vers
l’indépendance. Les Falaliyyoun (les notables d’al-Falaliyyah), une branche de
la famille régnante, commencèrent à se battre contre les Sa‘dis (les notables
de Sa‘diyyah) parmi les habitants de Fès en 1050 H (1640 EC). Et en 1069 H
(1658 EC), ils déclarèrent leur indépendance à Fès et rompirent leurs relations
avec l’empire ottoman.
L’empire ottoman et l’Afrique Centrale
La
pénétration ottomane en Afrique Centrale commença à augmenter dans les royaumes
noirs d’Afrique Centrale et atteignit son apogée en 957 H (1550 EC) quand
Turgud Pasha tenta d’ajouter à ses conquêtes le Bournou, le plus avancé et le
plus important état islamique de la région. Mais le roi Idris III, le
gouverneur du Bournou, envoya trois ambassadeurs à Istanbul en 985 H (1577 EC)
suggérant que l’acceptation par son pays de se soumettre serait définitivement
le meilleur moyen de résoudre la situation. La même année, les Ottomans
envoyèrent des armes à feu pour la première fois de l’histoire, par ordre de
Divan Humayuni, de Tripoli au Bournou (un territoire qui se trouve dans le nord
du Nigeria, mais qui fut un grand état dans le passé. Le pays des
«
Kanem » était entré au sein de l’Islam jusqu’au XI ème siècle et jusqu’au XIII
siècle EC son influence atteignit l’Egypte. Ibn Khaldoun donne une description
de l’ « émir de Kanem » et de « Malik Bournou ». Par le terme Bournou, il veut
dire la partie sud du Kanem, c'est-à-dire le territoire situé entre le lac Chad
et Dikwa. La capitale du Kanem était Njimi (Njamina de nos jours, capitale du
Chad) depuis 1470 EC. Brini joua le rôle de capitale du royaume de Bournou pour
les trois siècles suivants. Sous la dynastie Menoun, l’empire Bournou s’étendit
dans toutes les directions. En 1846 EC, ‘Umar prit le trône à la dynastie
Sayfawa et à la place de « Mai », il prit le titre de Shikhou. Ses descendants
s’engagèrent dans des conflits internes, alors les Français et les Britanniques
en profitèrent et occupèrent le territoire en 1900-01
EC. (Dā'irah Ma‘ārif-i-Islāmiyyah : 14/1009-1013)), parce que le Bournou était
un des principaux états islamqiues à combattre les idolâtres et à propager
l’Islam en Afrique.
En
999 H (1590 EC), Mombasa (la deuxième plus grande ville après Nairobi, au
Kenya, et est située sur une île au large, l’île de Mombasa, dans l’Océan
Indien. La cité comporte 707 400
habitants. Les arabes médiévaux l’appelaient Manbasah. Vasco da Gama fut le
premier Européen à visiter Mombasa en 1498 EC. En 1498, le navigateur musulman
Ahmad Ibn Mājid Najdī emmena Vasco da Gama sur son bateau pour le débarquer
dans le port indien de Calicut. Les Portugais saccagèrent la ville deux ans
plus tard et y construisirent un fort en 1593 EC. (Mou‘jam al-Bouldān : 207/5
Al-Mounjid fi-al-A‘lām)), située entre le Kenya et le Tanganyika, tomba sous
contrôle ottoman permettant aux flottes ottomanes de naviguer dans l’Océan
Atlantique et l’Océan Indien.
La fin du règne de Mourad III et le début du
déclin
Bien
que l’empire ottoman, sous le règne de Mourad III (Mourad III, fils de Selim
II, succéda à on père sur le trône et gouverna entre 982 et 1003 H / 1575-1595
EC. Pendant cette période, l’empire ottoman s’étendit en Géorgie, Shervan,
Tabriz et l’Azerbaïdjan. L’impératrice d’Angleterre, Elizabeth, chercha le
soutien de la flotte turque contre l’Espagne avant la bataille de d’Armada
(1588 EC) (Armada était la flotte espagnole). Elizabeth écrivit quatre lettres
au sultan Mourad, et dans la troisième (du 3 juin 1587 EC) elle demandait au
sultan de libérer les soldats britanniques. Dans sa quatrième lettre, elle
mentionne son succès dans la bataille navale contre l’Espagne et loue le sultan
pour sa grande aide. Les poètes britanniques ont également loué l’arrivée de la
flotte turque dans la Manche
sous l’amiral ottoman Sinan, pour soutenir les amiraux britanniques Drake et
Relley. (History of Turkey par Dr. Nasir
Ahmad Nasir: 121,122).), ait atteint l’apogée de sa puissance, les premiers
signes de déclin commencèrent à apparaître clairement durant les deux dernières
années de son règne. Ceci fut dû à l’inflation monétaire et à l’implication des
femmes du palais dans des intrigues politiques ; la corruption se répandit
ainsi que l’ostentation et le gaspillage ; tout comme l’obsession de
l’apparence vestimentaire, de l’orgueil et de la capacité des gens de peu de
valeur à obtenir des postes influents et lucratifs, tout en négligent les
conquêtes et la promotion de la parole d’Allah. En plus, des vizirs apparurent
qui se comportaient comme des dictateurs alors que les Sheikhs de l’Islam
étaient renvoyés comme des employés. Il y eut une descente dans la corruption parmi
les savants et apparut la rébellion des Jalalis. Tout cela conduisit au déclin
de l’empire ; et bien que les fondations de l’empire fussent basées sur une
force et une puissance incroyable, il est tout à fait normal que des mouvements
réformistes furent suivis de périodes d’or et, c’est la raison de la longue vie
et de la vigueur de l’empire et de son règne.
L’empire
laissé par Souleyman le Législateur en 974 H (1566 EC) couvrait une superficie
d’approximativement 1 998 003 km2
en Europe, 4 169 177 km2 en Asie
et 8 725 720 km2 en Afrique, pour
un total de 14 892 900 km2.
A
la fin du règne de Mourad III, il était de 2 848
940 km2 en Europe, 4 815 822
km2 en Asie et 12 237 419 km en
Afrique, ce qui faisait un total de 19 902
191 km2. Ce chiffre représente la plus grande superficie gouvernée
par l’empire ottoman à une même époque. Il y avait d’autres territoires qui se
trouvaient hors des limites citées ci-dessus et qui était également vastes. La
somme totale des territoires sous contrôle ottoman à différentes époques de
l’histoire recouvrent plus de 23 millions de km2 (3 543 662 km2 en Europe, 5 729
285 km2 en Asie et 13 727 464
km2 en Afrique, soient 22 991 411
km2).
Nous
n’incluons pas dans ce calcul les territoires qui furent atteints par les
légions d’as-Sa‘iqah (Les brigades éclaires) et les barbaresques ; qu’ils
parvinrent à capturer et qui étaient des annexes de l’empire ottoman. En 1001 H
(1592 EC), la Pologne
(696 737 km2) était incluse parmi ses conquêtes européennes. Fès et les
territoires noirs africains (3 051 699
km2) en Afrique et Chypre et le nord de Tunis étaient également des annexes
sous le règne de Selim II et à Aceh, en Indonésie, la protection ottomane était
établie.
Pendant
le règne de Mourad III, des territoires pour une superficie totale de 590 000 km2 furent annexés au nord et au sud
du Caucase. De nombreuses régions en Afrique de l’est et en Afrique Centrale
devinrent également des protectorats de l’empire ottoman.
Cet
empire était l’empire ottoman et ses conquêtes et les services qu’il rendit à
la nation musulmane, comme la propagation de la Religion d’Allah dans
tout le monde habité sont des preuves de la fidélité des califes à l’Islam et
de leur désir de la propager aux quatre coins du monde.
SOURCE :
http://alfutuhat.com/index.html
Mohamed ZEMIRLINE
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