EUROPE
ET MONDE ARABE
LES CROISADES
LES CROISADES
Les grands chefs de la première croisade
Raymond
de Toulouse et l'évêque du Puy Adhémar de Monteil ne personnifiaient que
l'Esprit d'une infime minorité des Croisés, sincères dans leur Foi parmi la
masse des nobles chevaliers de la Première Croisade. Adhémar était guidé par la
doctrine augustinienne, Raymond se considérait le bras séculier de cette
doctrine. Les autres, Geoffroy de Bouillon et son frère Baudouin-Sans-Terres,
le Normand de Sicile Bohémond et son neveu Tancred, avaient tous fait le voeu
d'aller jusqu'à Jérusalem «libérer le Tombeau du Seigneur», mais le Tombeau du
Seigneur ne représentait pas plus d'intérêt pour eux que pour l'empereur de
Byzance. C'est pour cela que pour Bohémond
son «voeu» se détourna en cours de route sur Antioche (1), qu'il conquit chemin
faisant vers les lieux Saints, se proclamant «Prince d'Antioche» et s'y
installant définitivement.
Son
neveu Tancred continua la Croisade et devint «Prince
de Galilée», en attendant de se charger plus tard de la Régence d'Antioche, en
l'absence de son oncle Bohémond prisonnier des «Infidèles». De même Baudouin,
frère de Godfroy de Bouillon, son «voeu» le sema aussi en cours de route, en Mésopotamie
où il devint «Comte d'Edesse», en attendant de prendre en 1100 la place de son
défunt frère Godfroy. Il le fit sous le titre de «Baudouin 1er, Roi de
Jérusalem». «Merci mon Dieu» avait-il dû se dire, «Merci d'avoir permis à un
Truand-Sans-Terres de devenir roi d'une ville si fameuse» !
Baudouin et Tancred étaient deux jeunes loups qui n'avaient absolument pas froid aux yeux, ni les moindres scrupules en quoi que ce soit. Leur voracité pour des Fiefs les amena même à faire se battre leurs armées, c'est à dire «Soldats du Christ» contre «Soldats du Christ», pour la possession de la riche ville de Tarse (2). Le plus «beau» fut lorsque trois cents Normands sont venus à cette occasion en renfort pour Tancred contre Baudouin. Ce dernier s'acoquina alors avec les «ennemis de Dieu» Turcs, pour leur faire massacrer ses ennemis personnels pendant leur sommeil, le plus «chrétiennement» du monde. Le résultat fut qu'ils durent s'en aller tous les deux bredouille de Cilicie.
Godfroy de Bouillon alla, lui, jusqu'au bout de son «voeu», parce qu'il fallait la part du lion au descendant de Charlemagne, il lui fallait Jérusalem même. Il en fut le premier roi croisé sous le titre d' «Avocat du Saint Sépulcre». Pour un Monsieur qui tenait son Duché de Loraine par la grâce de l'Empereur Romain Germanique Henri IV - qui pouvait le lui enlever à tout instant - cela avait valu la peine de «prendre la Croix», il n'avait pas perdu au change, les «élans idéalistes» étaient bien payants.
Raymond, comte de Toulouse et
Saint-Gilles, marquis de Provence,
dut se contenter du Comté de Tripoli après avoir été chassé de Latakia par
l'insatiable Bohémond. Ce qui distinguait Raymond de Toulouse des autres
Croisés était surtout sa culture provençale qui montrait un fort contraste avec
celle des nobles venus du Nord. Ses qualités d'homme loyal et sincère faisaient
l'admiration des potentats byzantins. La fille de l'Empereur de Byzance, Anna
Comnena, qui le connut personnellement ne tarit pas d'éloges sur lui dans son
Alexiade :
«Alexis
(l'empereur) avait une profonde affection pour lui, pour différentes raisons :
l'intelligence supérieure du Comte, sa réputation sans tache, la pureté de sa
vie. Il savait quel grand prix Raymond attachait à la vérité. En somme, de
Saint-Gilles éclipsait tous les Latins, comme le Soleil est plus brillant que
les étoiles.» (3)
De son côté l'évêque du Puy Adhémar de Monteil, Légat du pape pour cette première
Croisade, était aussi un honnête homme, fervent chrétien. C'est grâce à sa
sincère piété et sagesse que furent souvent évitées des confrontations
sanglantes entre chrétiens d'Orient et d'Occident provoquées par l'arrogance
des Croisés.
BASILE Y.
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1/. C'est à Antioche que le mot
«chrétien» fut prononce pour la première fois dans l'Histoire du Christianisme.
C'est là que les deux fractions du Judaïsme se séparèrent en ennemis mortels.
Celle des Juifs du Sanhédrin garda son nom de JUIVE, l'autre branche des Juifs
qu'on appelait jusqu'alors la «Secte des Nazaréens» s'appela, après cette
séparation, CHRÉTIENNE, sans abandonner immédiatement la Circoncision ;
celle-ci devint d'abord facultative et l'est restée jusqu'à la fin du deuxième
siècle.
2/. Patrie de St. Paul, mais ce n'est
pas pour cela qu'ils se la disputaient. C'était parce qu'il y avait de grandes
richesses à piller.
3/. THE ALEXIAD OF ANNA COMNENA, Penguin Classics,
1969, page 330.
Textes
de :
BASILE Y.
www.basile-y.com
Mohamed ZEMIRLINE
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