Le mausolée du prophète Mohamed en passe
d’être détruit
La tombe du prophète Mohammad (que la paix et le salut
soient sur lui) risque d’être déplacée de la mosquée sainte de Médine vers un
cimetière et son corps placé dans une tombe anonyme pour éviter tout
recueillement.
C’est le nouveau plan d’aménagement pour la mosquée
sainte de Médine qui est à l’étude et qui propose de déplacer le tombeau du
prophète Mohammad, le deuxième lieu saint de l’islam, visité chaque année par
des millions de musulmans du monde entier, durant la saison du pèlerinage et
les périodes de Omra.
C’est le journal britannique The Independant qui
rapporte l’information lundi 1er septembre. Selon ce dernier, un nouveau plan
d’aménagement vient d’être diffusé après des « superviseurs » de la mosquée de
Médine. Le document en question, composé de 61 pages, propose, en effet, de
placer la tombe du prophète Mohammad (PBSL) dans le cimetière appelé « al-Baqi»
situé à proximité. Il propose également de l’enterrer dans un tombeau plutôt
anonyme.
Le document recommande aussi de retirer le Dôme vert,
qui surplombe la tombe et les chambres qui l’entourent et qui étaient autrefois
utilisées par ses femmes et ses filles, et pourraient elles aussi être
entièrement détruites. Ces pièces attenantes sont particulièrement appréciées
par les chiites en raison de leur lien particulier avec Fatima, la plus jeune
des filles de Muhammad et épouse du calife Ali ibn abi Taleb.
Les autorités religieuses wahabites craignent que le
tombeau du prophète ne devienne un lieu d’idolâtrie, une pratique considérée
illicite selon la vision wahabite, alors que pour toutes les écoles islamiques,
la visite de ce tombeau est très appréciée, basée sur une citation prophétique
qui fait l’unanimité.
Le document de consultation, élaboré par
l’universitaire Dr Ali ben Abdelaziz al Shabal de l’Université islamique Imam
Muhammad ibn Saoud à Riyad, a été distribué à la commission de la présidence
des deux mosquées saintes du pays (Committee of the Presidency of the Two
Mosques).
Contactée de son côté par The Independant, l’ambassade
saoudienne en Grande-Bretagne, était injoignable. Dans un ancien communiqué,
celle-ci avait toutefois déclaré que « le développement de la sainte mosquée de
La Mecque est
un sujet extrêmement important que le Royaume d’Arabie Saoudite, en sa qualité
de gardien des deux mosquées saintes, prend avec le plus grand sérieux. Ce rôle
est au cœur des principes sur lesquels est fondée l’Arabie saoudite ».
Selon l’auteur de l’article Andrew Johnson , aucune
indication ne prouve que les autorités saoudiennes ont pris une telle décision.
Pour l’instant, rien n’indique dans le document que les propositions qui y
figurent ont été validées.
Rien n’est dit aussi sur les tombes des califes Abu
Bakr Essidik et Omar Ibn Khattab, enterrés près du Prophète, mais leurs corps
seraient de facto déplacés avec celui du prophète Mohamad si le projet est
approuvé.
Plusieurs membres de la famille de Muhammad reposent
déjà dans ce cimetière. En 1924 déjà, toutes les inscriptions des tombes ont
été enlevées, pour que les pèlerins ne sachent pas où ils sont enterrés, et
qu’ils ne prient pas sur leurs tombes. Le père du Prophète y a été déplacé dans
les années 1970.
Premières
destructions
Pour rappel, les plus importantes destructions de
sites ont commencé en 1806 lorsque l’armée wahhabite a occupé Médine. Les
armées wahhabites ont rasé le Baqi’, le cimetière qui contenait les restes des
figures centrales de l’Islam des débuts. Les mosquées ont également été visées
et la tombe du prophète Mahomet faillit être démolie.
Mais, à la suite des protestations des musulmans
non-wahhabites dans le monde, l’Empire Ottoman envoie une armée, et en 1818
Mohammed Ali Pacha reprend le Hedjaz aux Al Saoud, et ces monuments sont
reconstruits.
Durant la
Révolte arabe à la fin de la Première Guerre
mondiale, les Hachémites, soutenus par l’empire britannique, s’emparent du
Hedjaz. Le 21 avril
19 25, les compagnons d’Abdelaziz Ibn Saoud, ou Ikhwan le
reprennent, et détruisent les lieux et les monuments en rapport avec des saints
ou des imams, comme ce fut le cas à La Mecque avec la démolition des tombes de la
famille du prophète Mohamed. Alors que certains mausolées détruits à Médine
comprenaient ceux des premiers chefs chiites, ceux-ci commémorent annuellement
cette destruction.
En 1994 le mufti Abdelaziz ben Baz, plus haute
autorité religieuse du régime wahhabite, lance une fatwa stipulant qu’« il
n’est pas permis de glorifier les bâtiments et les sites historiques. De telles
actions mènent au polythéisme. » Entre 500 et 600 mausolées et d’autres
structures de l’Islam des origines ont été démolis. Il a été estimé que 95 %
des bâtiments âgés de plus de 1000 ans ont été rasés durant les 20 dernières
années. Toutefois les populations du Hedjaz semblent être moins convaincues de
cette politique que ceux du Nejd, des voix se sont élevées pour protester
contre la destruction de ces sites religieux, en particulier avec les futurs
développements des mosquées de Médine et de La Mecque.
Sites
détruits
Les destructions de sites historiques et
archéologiques se comptent désormais par centaines, principalement en Arabie
saoudite (régime wahhabite) avec une extension dans le monde musulman :
Arabie Saoudite
Mosquées
La mosquée de la tombe de Hamza ibn `Abd al-Muttalib,
l’oncle du Prophète
La mosquée de Fatima Zahra, la fille du Prophète
La mosquée d’al-Manaratain
La mosquée et la tombe de Ali al-Ouraydhi ibn Ja`far
as-Sadiq, détruite le 13 août 2002 .
Quatre Mosquées de la Bataille du fossé à
Médine
La mosquée d’Abou Rashid.
La mosquée Salman al-Farsi, à Médine.
La mosquée Raj’at ash-Shams, à Médine.
Cimetières et tombeaux
Jannat al-Baqi à Médine qui aurait été entièrement
rasé
Jannat al Mu’alla, l’ancien cimetière de La Mecque.
Tombeau de Hamida al-Barbariyya, la mère de l’Imam
Musa al-Kazim
Tombeau d’Amina bint Wahb, la mère du prophète Mohamed
qui fut détruit et brûlé en 1998
Tombeau des Banu Hashim à La Mecque
Tombeaux de Hamza et d’autres martyrs de la bataille
d’Uhud.
Tombeau d’Eve à Djeddah, scellée avec du béton en
1975.
La tombe de `Abdullah ibn `Abd al-Muttalib, le père de
Mouhammad à Médine24
Sites religieux historiques
La maison de Mohamed où il serait né en 570. Au départ
devenue un marché d’animaux. Un bâtiment a ensuite été construit par dessus au
début du XXIe siècle à la suite d’un compromis.
La maison de Khadija, première femme du prophète
Mohamed. Les musulmans pensent qu’il aurait reçu la plupart de ses premières
révélations en ce lieu. Après sa redécouverte pendant les travaux d’extension
de la Mecque
en 1989, elle fut recouverte par des toilettes publiques.
La maison du prophète Mohamed à Médine où il vécut
après son départ de la Mecque.
La première école islamique (Dar al-Arqam) où Mohamed
nseigna sa religion. Elle est maintenant sous l’extension de la Mecque.
Démolition en projet
Concernant la Sainte Mosquée de
Médine où sont enterrés le prophète Mohamed, Abou Bakr Essedik et Omar ibn
al-Khattâb. Le ministère saoudien des affaires islamiques a publié en 2007 un
rapport soutenu par Abdul Aziz ibn Abdillah Ali ash-Shaykh, le mufti politique
d’Arabie saoudite, qui statue que «
le dôme vert doit être démoli et les trois tombes doivent être aplanies dans la
mosquée du prophète. ». Ce point de vue a fait écho lors d’un discours du
défunt Ibn ‘Uthaymîn, l’un des religieux wahhabites les plus illustres d’Arabie
saoudite, décédé en 2001 : « nous espérons qu’un jour nous serons en mesure de
détruire le dôme vert du prophète Mohamed».
Par Khidr Ali | 03/09/2014 | 10:42
http://www.algerie1.com/actualite/le-mausolee-du-prophete-mohamed-en-passe-detre-detruit/
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