Des Conceptions Immaculées chez les Indiens
Dans un ouvrage du R.P.Mariano Izquierdo Gallo, C.M.F., intitulé MITOLOGIA AMERICANA, on rencontre deux pittoresques exemples de conception immaculée de dieux indiens.
Le principal dieu des Aztèques était le dieu de la guerre Huitzilopochtli, comme Arès chez les Hellènes, Sabaoth chez les Juifs, Mars chez les Romains, Wotan chez les Germains. Son nom dérivait de huitzilin, qui, en leur langue néouatl voulait dire colibri. Colibri, car tout guerrier Aztèque qui tombait sur les champs de bataille voyait son âme se transformer en colibri qui allait vivre bienheureux pour l'éternité sur ce flamboyant astre que nous appelons soleil.
Ce qui est intéressant en Huitzilopochtli est sa conception immaculée. Sa mère était la Déesse de la terre Cuatlicué, conjointe du Dieu Soleil Tonacatecutli. Cependant ce ne fut pas de leurs amours théocratiques que fut conçu Huitzilopochtli, mais de façon immaculée, comme il se doit à un dieu sérieux. Voici comment il fut conçu. Un jour Coatlicué, toute déesse qu'elle fut, balayait la cour du temple Tzintzuni. Soudain, elle vit par terre une plume de colibri qui était très jolie, et se baissa pour la ramasser et la mettre dans sa poitrine. Quelques temps après elle s'aperçut qu'elle était enceinte. Ses fils, s'en étant rendu compte également, voulurent la tuer, croyant qu'elle avait commis un infâme adultère. Seulement voilà que Cuatlicué entendit sortir une voix claire de ses entrailles, lui disant : "Ne crains rien mère. Je te protégerai et cela sera pour ta gloire et la mienne". Quand les fils parricides allaient mettre leur projet à exécution sur leur mère innocente, il y eut une grande surprise! Subitement Huitzilopochtli naquit. Il se montra majestueux et terrible, armé d'un bouclier à la main gauche et d'un dard bleu à la main droite etc., etc. (1)
Puis le Père Izquierdo nous en conte une bien plus charmante, qui n'a pas pour origine la mythologie des belliqueux Aztèques, mais celle des Indiens Chibchas de Colombie. Voici, cette fois en traduction exacte, des passages tirés de son ouvrage (2)
"Un
Cacique (chef Indien) de Guachetá avait une fille d’une merveilleuse beauté. Le
Soleil même regardait avec si grand plaisir une si grande beauté qu'il lui plut
de donner encore plus d'éclat à ses enchantements. Un rayon de soleil descendit
alors et s’infiltra jusqu'aux entrailles de la jeune femme, laquelle, au bout
de neuf mois, mit au jour une gouataca, qui en leur langue veut dire une grande
et riche émeraude. La femme la prit et la mit dans sa poitrine, où elle
l’emporta quelques jours, au bout desquels l'émeraude se convertit en une
créature. On appela cet enfant prodigieux Goranchacha et on l’éleva dans
la maison du Cacique lui-même, avec le titre de Fils du Soleil. Ayant atteint
24 ans on savait déjà dans toute la province l’histoire de sa naissance
céleste, et on le tenait pour le fils du soleil, qu'ils adoraient. Il lui fut
donc facile de gagner des partisans. Il mit fin à la vie du Zaque (le roi) et
empoigna, évidemment, les rênes du gouvernement."
Le
Père Izquierdo continue plus loin en citant un autre Pater :
"Le
Père Pedro Simon qui recueillit cette légende de la tradition indigène, suppose
qu'en tout cet épisode mythique, du commencement à la fin, le démon y a été
pour beaucoup, puisqu'il y eut des Caciques et des Cheiks très
adonnés à la magie noire. Il présume surtout que quelques serviteurs de
Goranchacha étaient des démons de forme humaine, surtout le héraut et principal
ministre qui avait une queue très longue." (3)...
..."Le héraut à la longue queue - conclue le Père Simon - pour démontrer davantage qui il était, éclata devant tout le monde, se transformant en une fumée fétide qui fut ses derniers adieux ".
Comme
on voit ici, le brave Père Simon ne fait pas de la mythologie, mais de la
démonologie, dont l'inconvénient est qu'il gâche une si charmante légende
indienne avec des "démons" importés d'Europe. Après tout il n'avait
qu'à les exorciser ces "démons".
Laissons maintenant la démonologie du Père Simon et voyons une conception immaculée chez les Indiens, rapportée cette fois-ci par un historien sérieux, et qui sous ses aspects principaux nous rappelle tellement l'Immaculée Conception des chrétiens, qu'à la fin de l'historiette chacun se posera des questions selon qu'il jugera du point de vue théologique ou mythologique.
Résumons
donc ce qu'écrit l'historien Gerónimo de Mendieta dans son HISTORIA
ECLESIASTICA INDIANA, éditions Porrúa, Mexico 1971, pages 556 à 537 :
Au
Mexique, dans le diocèse de Chiapas, un religieux espagnol fut chargé par son
évêque de la mission de pénétrer à l'intérieur des terres pour y évangéliser
des Indiens. Au bout d'un an, ce religieux écrivit à son évêque que, s'étant
enquis sur leur religion précédente, on lui dit qu'ils croyaient en un Dieu qui
se trouvait au ciel, et qu'il était Père, Fils et Saint Esprit. Le Père
s'appelait Izona et avait créé les hommes et toutes les choses. Le Fils
s'appelait Bacab et était né d'une vierge nommée Chibirias, qui se trouvait au
ciel avec Dieu, et que la mère de Chibirias s'appelait Ischel. Le Saint Esprit
s'appelait Echuah. Ils disaient que Bacab fut tué par Eopuco, qui le fit fouetter
et couronner d'épines après l'avoir attaché à un poteau, non cloué mais
attaché, et les mains tendues. Mort, il resta ainsi trois jours, et au
troisième jour il monta au ciel où il est près de mon Père. Après cela vint
Echuah, le Saint Esprit, et combla la
Terre de tout ce dont elle avait besoin.
Le religieux leur ayant demandé comment ils savaient tout cela, ils répondirent que cela leur était transmis de génération à génération par leurs ancêtres. Ils ajoutèrent que cette religion leur fut portée par une vingtaine d'hommes blancs barbus, nus tête, et portant des vêtements longs (on sait que les Indiens sont imberbes et ne portaient pas de vêtements longs).
Cette "vierge Chibirias" ressemble tellement à notre Immaculée Conception, qu'il n'est pas exclu que des navigateurs européens (ou des chrétiens du Proche Orient) se soient perdus en ces lieux avant l'arrivée de Christophe Colomb et aient enseigné la doctrine chrétienne à leurs ancêtres. Nombreux sont les cas où les conquistadores rencontrèrent des croix parmi les idoles dans les temples indiens. Durant l'expédition de Juan de Grijalva en 1518 au Yucatan, les Espagnols y rencontrent des Mayas qui "adorent une Croix en marbre, blanche et grande, surmontée d'une couronne en or, et disent que sur elle mourut un qui était plus lumineux et resplendissant que le soleil." (4)
D'ailleurs
si Christophe Colomb avait fait naufrage en vue des cotes de Guanahaní, où il
posa pied le 12
octobre 1492 pour baptiser cette île San Salvador, et s'il ne lui
était resté aucune caravelle en assez bon état pour faire demi-tour vers
l'Europe, ses hommes n'auraient-ils pas fait de même en matière d'évangélisation?
Ce qui aurait certainement mieux valu pour les Indiens. Cela leur aurait fait
un sursis pour l'APOCALYPSE que leur portèrent Colomb et ceux qui marchèrent
sur ses pas...
BASILE Y.
Web :
basile-y.com
l/. R.P.Mariano Izquierdo Gallo, C.M.F., MITOLOGIA AMERICANA, éditions
Guadarrama, Madrid, pages 140-141.
2/. Idem, pages 247 à 249.
3/. Il s'agit ici de la traditionnelle Queue du Diable!
4/. Cité par Agustin Yanez, dans CRONICAS DE LA CONQUISTA, éditions
Universidad Nacional Autonoma de México, Mexico 1950, page 24.
Mohamed ZEMIRLINE
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