Frédéric
Barberousse
1122-1190
Frédéric
Ier de Hohenstaufen, dit Frédéric Barberousse (en allemand : Friedrich I.,
Barbarossa, 1122 – 10
juin 11 90), fut empereur romain germanique, roi des Romains, roi
d'Italie, duc de Souabe et duc d'Alsace, comte palatin de Bourgogne.
Né
vers 1122 à Waiblingen1 ou à Weingarten près de Ravensbourg, Frédéric est un
prince de la dynastie des Hohenstaufen, duc de Souabe de 1147 à 1152 sous le
nom de Frédéric III. Il a été élu roi des Romains en 1152 et couronné empereur
germanique en 1155. Il a gagné son surnom en Italie du fait de son éblouissante
barbe rousse.
L'empereur
Frédéric Barberousse, au milieu,
aux
côtés de ses deux fils, le Roi Henri VI (à gauche)
et le
duc Frédéric VI (à droite)
SOMMAIRE
Naissance
Frédéric
Ier Barberousse est né en 1122. Le lieu de naissance du prince est encore
incertain. D'après la seule source contemporaine, la Welfe Judith de
Bavière a donné naissance à son premier enfant dans un château près d'Altdorf.
Comme il était courant à cette époque pour la mère de donner naissance à son
enfant dans son pays d'origine, il est probable que Frédéric soit né sur les terres
de sa mère. Toutefois, on ignore si Frédéric était effectivement ce premier
enfant, car la mortalité infantile était élevée à l'époque.
Biographie
Frédéric,
fils du Hohenstaufen Frédéric II le Borgne, duc de Souabe, et de Judith, fille
de Henri le Noir de Bavière, descend des deux lignées concurrentes dominant le
Saint-Empire de cette époque. À la mort de son père en 1147, il lui succéda
comme duc de Souabe sous le nom de Frédéric III. Il semble avoir poursuivi les
efforts de son père pour accroître l'influence de la maison Hohenstaufen,
tandis que son oncle, Conrad III, roi d'Allemagne, s'employait à renforcer le
pouvoir royal. Frédéric adopta, semble-t-il, une position neutre lors des
démêlés juridiques entre Conrad et les Welfes, et même empêcha une procédure de
Conrad contre les Welfes.
Les jeunes années
Les circonstances de son
élection à la dignité impériale
Après
la mort subite de Conrad III le 15 février 11 52 à Bamberg, le duc de Souabe
Frédéric fut élu à la dignité de roi des Romains dès le 4 mars 11 52 à
Francfort-sur-le-Main et couronné le 9 mars 11 52 par l'archevêque de Cologne Arnold
II von Wied dans la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle.
Ce
déroulement inhabituellement rapide s'explique, car Conrad III en avait déjà
planifié les étapes préalablement à son voyage du couronnement à Rome. Ceci
avait été initialement prévu dans la perspective de l'élection et du
couronnement de son propre fils, alors qu'il était courant de régler les
problèmes dynastiques avant de partir pour un long voyage, qui comportait
toujours des risques. D'après la tradition et le témoignage écrit de Othon de
Freising, Conrad décida ensuite, dans l'intérêt de l'empire, de passer outre
les règles de succession dynastiques et de favoriser l'élection de son neveu à
la place de son fils (prénommé également Frédéric, qui n'avait alors que six
ans). Il aurait prétendument craint qu'un épisode de régence ne permette pas
d'obtenir la paix désirée dans le contexte du conflit avec Henri le Lion. La
recherche historique n'a pu éclaircir ce point, le témoignage d'Othon de
Freising sur les circonstances de l'élection étant postérieur de cinq ans à
l'évènement, alors que Frédéric était déjà établi et encensé. Il est plus
vraisemblable que le duc de Souabe sut établir, par sa diplomatie extrêmement
habile, un équilibre des intérêts entre les factions partiellement rivales qui
garantit de façon satisfaisante le rang et la réputation de chacun des princes
et lui assura leur soutien lors de l'élection.
Barberousse
habillé en croisé,
miniature
de 1188.
Des
chroniques relatent plusieurs rencontres entre Frédéric et les grands de
l'empire pendant la vacance du trône. Au cours de ces entretiens, l'impétrant
était en mesure de promettre diverses charges et territoires aux princes pour
amener ses interlocuteurs à soutenir sa candidature. Ceci concernait en
particulier les partisans de son cousin Henri le Lion, qui était probablement
un concurrent supplémentaire. Après l'accession au trône de Frédéric, leur
oncle commun, Welf VI, reçut entre autres la suzeraineté sur plusieurs domaines
ainsi que des territoires en Italie (les biens de la comtesse Mathilde de
Toscane, le duché de Spolète, le margraviat de Toscane, les îles de Sardaigne
et de Corse). Un parent Wittelsbach, le comte Conrad II de Dachau a reçu le
titre de margrave de Moravie.
Le
beau-frère d'Henri le Lion, Bertold IV de Zähringen, reçut le titre de recteur
de Bourgogne (une charge impériale) ayant autorité sur des villes du Jura
suisse. Barberousse lui donna par ailleurs l'assurance de le conforter dans ses
droits par une expédition militaire, si lui-même pourvoyait mille cavaliers.
Après cet isolement qui ne prit fin définitivement qu'en 1156, son cousin Henri
le Lion reçut pour prix de son vote de soutien le duché de Bavière qu'il
convoitait et qui fut repris aux Babenberg par édit princier lors de la Diète de Goslar en 1154.
Le
duc Vladislav de Bohème fut nommé roi de Bohème par anticipation de futurs
services.
Il
faut rajouter que les princes électeurs durent voir en Frédéric, apparenté aux
deux clans ennemis de Hohenstaufen et de Welf, le candidat le plus à même de
les réconcilier : il était du côté maternel en parenté avec les Welf car sa
mère Judith était fille du duc de Bavière Henri le Noir et sœur de Welf VI. Il
était également Hohenstaufen par son père, cousin de Conrad III et neveu de
Henri Jasomirgott et de l'évêque Otto von Freising. C'est pourquoi Otto le
qualifia de « pierre angulaire ».
Le
programme de Barberousse est révélé dans l'annonce de l'élection du pape Eugène
III par Wibald, abbé de Stavelot-Malmedy : le rétablissement des privilèges de
l'Église et la suzeraineté de l'empire en est le principe essentiel (honor
imperii et sacrum imperium). Il ne s'agit cependant de rien de nouveau :
certains passages de l'annonce se trouvaient déjà à peu de choses près dans les
écrits de Conrad III et dans la sommation papale de janvier 1152.
Premiers pas dans la politique
impériale
Frédéric
se consacra dans un premier temps à la pacification de l'empire et assécha la
concurrence pour la couronne impériale. Il tint une première Diète à Dortmund
après la Pâques
1152, où furent présents l'archevêque de Cologne Arnold II, le duc de Saxe
Henri le Lion, le duc Welf IV et Albrecht l'Ours. Le roi s'y présentait pour la
première fois comme le suzerain de la partie saxonne de l'empire. Il ordonna la
construction de son palais à Lautern, en Rhénanie (qui deviendra «
Kaiserslautern »). Une nouvelle Diète fut appelée en juin de la même année
pendant la tournée d'empire à Mersebourg. Il fut question du conflit entre
l'archevêque de Brême, Hartwich, et Henri le Lion autour du droit de fonder un
évêché sur la côte de la mer Baltique.
C'est
seulement lors de la Diète
de Goslar en 1154 que fut accordé à Henri le droit de fonder des évêchés sur
son territoire.
Empire
de Frédéric Barberousse en 1181
À
Mersebourg, Frédéric intervint dans la querelle de succession de la couronne
danoise au profit de Sven III, contre Knut, qui était lié aux Welf. Le problème
le plus crucial de la politique impériale, le conflit entre Henri le Lion et
Henri Jasomirgott pour le duché de Bavière fut évoqué mais ne fut pas encore
résolu. L'expansion des Welfes en Allemagne du Nord a ainsi été circonscrit.
La
tournée d'empire s'arrêta après Mersebourg à Ratisbonne. Frédéric y reçut
l'hommage de la noblesse bavaroise et appela à une expédition contre la Hongrie. Les princes,
contestant ses chances de succès, s'y opposèrent. Le roi voulait probablement
profiter de cette expédition pour détourner les Babenberg de leur combat contre
les Welfes en Bavière.
Préparation du couronnement
Lors
de la Diète de
Wurtzbourg, en octobre 1152, Barberousse fixa la date de son voyage à Rome à
l'automne 1154. Les raisons souvent avancées pour expliquer le choix d'une date
si tardive touchent au souhait de Barberousse de régler la dispute entre les
Babenberg et les Welfes pour le titre de duc de Bavière. Une fois la date
connue, des négociations entre Barberousse et la curie romaine ont commencé
afin de déterminer les conditions du couronnement. Le traité de Constance,
dénommé d'après l'endroit où il fut paraphé en mars 1153 par Frédéric, fut
l'aboutissement de ces discussions. Barberousse y promet de soumettre la
commune romaine insurgée, de restituer la ville à l'autorité papale et de ne signer
aucune paix avec les Romains et les Normands sans l'accord du Pape, de rétablir
et renforcer le pouvoir spirituel du pape sur l'Église romaine ainsi que de
circonvenir toute velléité byzantine en Italie. En contrepartie, le Pape y
promet de couronner Frédéric et de le soutenir dans l'exercice du pouvoir
impérial, d'excommunier les éléments subversifs du Reich et de s'associer à
l'expulsion des Byzantins hors d'Italie. Frédéric a obtenu en outre, dans le
cadre des négociations, que le pape démette les archevêques de Mayence, Minden,
Hildesheim et Eichstätt, trop proches des Welfes, et les remplace par des
personnalités qui lui soient favorables.
Malgré
les conditions du traité de Constance, Barberousse avait rouvert en septembre
1153 les négociations en vue d'une alliance avec Constantinople, qui
languissaient depuis la mort de Conrad III. Le roi a proposé d'épouser une
princesse byzantine. Mais les négociations s'appesantissent à nouveau. Anselm
von Havelberg (en) est envoyé le 9 mai 11 54 à Constantinople pour conclure une
possible alliance. Il en revint toutefois prématurément mi-1155 et les
relations avec l'empire byzantin sont laissées dans l'ambiguïté, alors que
Barberousse se mettait en route pour Rome.
En
juin 1154, Frédéric Ier appelle la
Diète à Goslar. Henri le Lion obtint pendant la réunion le
droit d'investir des évêques dans ses territoires sur la mer Baltique.
Barberousse se prononça également en sa faveur au sujet du duché de Bavière,
sans pour autant mettre un terme au conflit.
Premier voyage à Rome
L'armée
se mit en mouvement pour Rome en octobre 1154. La situation s'était entre-temps
dégradée en Italie du Sud, comme Roger II venait de mourir. Son fils Guillaune
Ier ne fut pas reconnu par le pape Adrien IV mais entreprit cependant des négociations
avec la curie. Adrien craignait une fois encore une invasion byzantine en
Italie et a rappelé avec insistance à Frédéric les termes du traité de
Constance. En outre, Adrien s'est retrouvé dans un conflit aigu avec le Sénat
romain. Frédéric et Adrien se sont rencontrés une première fois à Sutri, où le
roi germanique a refusé de se plier au protocole de soumission, c'est-à-dire de
mener le cheval du pape par la bride. Cet incident semble toutefois s'être
arrangé assez vite. Sur leur route commune vers Rome, le roi et le pape
rencontrèrent une délégation du Sénat, qui réclamait la reconnaissance de la
nouvelle charte de la ville ainsi que le paiement de 5 000 livres d'or et
soutenait qu'à l'avenir l'empereur pourrait recevoir sa couronne de la ville de
Rome. Ces prétentions furent rejetées par le roi. Sur ces entrefaites, Rome
ferma ses portes au roi et au pape (le Vatican se tenant en dehors de la cité
profane). Barberousse fut couronné empereur le 18 juin 11 55 par Adrien IV dans la
basilique Saint-Pierre de Rome. La population romaine se souleva juste après le
couronnement pour capturer le pape. Les troupes impériales et papales
combattirent tard dans la nuit contre les Romains. Après que le calme fut
rétabli, Barberousse ne chercha pas à mater la rébellion, malgré le traité de
Constance, ni à rétablir le pouvoir du pape sur la ville.
Une
expédition contre les Normands en Sicile fut également abandonnée. Pourtant les
envoyés de Constantinople, que Barberousse avait reçus peu après le
couronnement à Ancône pour négocier les projets de mariage et d'alliance, en
avaient fait une exigence. Les princes refusèrent comme l'empereur de
participer à l'expédition. Les pourparlers finirent aussi par tomber dans
l'impasse, selon toute vraisemblance, car l'empereur byzantin prit contact avec
les insurgés dans les Pouilles et abandonna les discussions avec Frédéric Ier.
À
la suite de cette violation du traité de Constance, la rupture fut consommée
entre la papauté et l'empire, et plusieurs démêlés s'ensuivirent. La position
de Frédéric se dégrada en Italie. La rébellion dans les Pouilles prit de
l'ampleur, avec l'aide des Byzantins. Les Normands affrontèrent Constantinople
avec succès et lui reprirent Brindisi juste après que les Byzantins l'eurent
réoccupée. À cette suite, le pape Adrien conclut le traité de Benevento avec
les Normands en 1156. Les Normands, lors des années suivantes, firent leur
preuve comme bras armé temporel du pape, surtout dans son conflit avec la cité
romaine, ce qui remit en cause le rôle de l'empereur germanique. Le traité de
Bénévent constitua de ce fait une étape importante dans le processus de
séparation entre la papauté et l'empire.
Mariages et premières réformes
de l'Empire
Après
avoir initialement tranché à Goslar en faveur de Henri le Lion pour
l'attribution du duché de Bavière, Frédéric a commencé à négocier en septembre
1155 avec Henri Jasomirgott sur la compensation à lui attribuer pour cette
perte. N'ayant pu s'entendre avec lui, Barberousse autorisa les princes de
Bavière à prêter serment de fidélité à Henri le Lion en octobre à Ratisbonne.
Le duché n'a cependant officiellement quitté les mains des Babenberg que le 8 septembre 11 56.
Comme Henri Jasomirgott ne voulait pas abandonner son fief, un compromis aurait
été trouvé à la Pentecôte
1156, qui sera retranscrit en septembre dans le Privilegium minus : les
Babenberg reçoivent l'Autriche, l'ancien margraviat étant élevé au rang de
duché tandis qu'Henri le Lion reçoit le reste de la Bavière. Cet accord
constitue les fondations de l'Autriche comme territoire indépendant.
Mariage
de Frédéric Barberousse avec Béatrice de Bourgogne,
fresque
de Giambattista Tiepolo, 1751
Au
jour du 2 mars 11 47,
Frédéric a épousé Adèle ou Adélaïde de Vohbourg (en), la fille du margrave
Diepold III de Cham-Vohbourg (de) et héritière du pays de Eger. Ce mariage sans
enfant fut annulé en mars 1153 à Constance, ce qui n'empêcha pas Frédéric de
donner le pays d'Eger à son cousin Frédéric de Rothenbourg. L'empereur épousa
en seconde noce le 17
juin 11 56 à Jouhe, près de Dole, Béatrice de Bourgogne (1145 -
1184), encore mineure, fille du comte Rainald III et d'Agathe de Lorraine
(fille du duc de Lorraine Simon Ier), et héritière depuis cette année de la Franche-Comté. Ce
mariage lui rapporta la même année le titre de comte de Bourgogne et lui permit
un passage des Alpes plus facile par l'ouest, mais sans vraiment agrandir son
influence dans la région. Leur couronnement comme roi et reine de Bourgogne se
tint respectivement le 30
juillet 11 78 à Arles pour lui et en août 1178 à Vienne pour elle.
Pendant
cette période, Barberousse a profondément changé l'organisation impériale.
Ainsi fut pérennisé le fodrum (de), impôt impérial que dut acquitter la
noblesse italienne de façon régulière. Ceci permit, avec le financement des
cités italiennes, d'affermir le trésor impérial. L'armée a été également réformée.
À côté de la noblesse d'épée, qui prêtait serment de soutien au combat, furent
recrutés de plus en plus de mercenaires.
Barberousse
a renforcé son emprise territoriale, essentiellement grâce à l'extension du
domaine impérial en Thuringe et à la fondation des villes de Pegau et Chemnitz.
La politique italienne de Frédéric
Le conflit avec la Papauté s'intensifie
La
première expédition en Italie (1154/1155) n'avait pas seulement pour objectif
de ceindre la couronne impériale mais poursuivait également le dessein, comme
les cinq expéditions suivantes, d'assurer une domination impériale sans partage
sur les terres d'empire, en particulier sur les cités lombardes.
L'objectif
se résume par l'expression des légistes, honor imperii (de), qui signifie, de façon
simplifiée, le pouvoir suzerain de l'empereur. Le concept de sacrum imperium
(empire saint) fut développé corollairement par la chancellerie impériale.
Avant
une expédition, Frédéric devait au préalable rassembler ses alliés. C'est
pourquoi il s'attacha à améliorer ses relations avec les Babenberg (à qui il
avait repris la Bavière )
en tentant, sans succès, de rétablir leur parent par alliance, Vladislav II,
sur le trône de Bohème à l'été 1157.
Il
éleva ensuite le duc Vladislav à la dignité de Roi de Bohème.
Barberousse
s'assura aussi de la bienveillance de l'archevêque de Brême en intervenant en
sa faveur contre l'archevêché de Lund, qui était soutenu par le pape et en
concurrence avec Brême pour la primauté sur l'Église du nord, puis en
s'abstenant d'agir pour la libération de l'archevêque Eskil après sa capture
lors d'un retour de Rome à travers la Bourgogne. Dans le
même temps, il tenta de jouer un rôle dans le conflit de succession au
Danemark.
Barberousse
convoqua une Diète à Besançon pour octobre 1157, en premier lieu pour souligner
sa volonté d'étendre sa domination à la Bourgogne. Deux
légats du pape y exigèrent la libération d'Eskil, toujours détenu par des
partisans de l'empereur. Un passage incident de la lettre du pape Adrien IV,
qui décrivait le territoire de l'empire comme un beneficium, créa le scandale.
Cela
pouvait être traduit par bienfait ou par fief et Rainald de Dassel, le
chancelier d'empire depuis 1156 et l'un des plus proches hommes de confiance de
Frédéric, le traduisit par fief, ce qui ne souleva, à vrai dire, aucune
remarque de la part des légats.
On
fouilla les bagages des légats et on trouva de nombreux privilèges préremplis à
l'attention de l'épiscopat allemand, dont l'émission par le pape faisait fi de
l'autorité de l'empereur sur l'Église.
Ces
deux provocations servirent à Frédéric à lancer une campagne de propagande
dénonçant ces attaques, qui lui permit de gagner le soutien d'une grande partie
de l'épiscopat allemand. Les évêques allemands interdirent au clergé de faire
appel à la curie romaine.
L'influence
du pape fut ainsi réduite, ce qui profita à l'empereur comme aux évêques à la
recherche d'une plus grande autonomie par rapport à Rome. Une déclaration du
pape Adrien IV en juin 1158, qu'il n'avait pas voulu dire fief, mais bienfait
(Beneficium : non feudum, sed bonum factum), ne changea rien à l'expansion du
climat hostile à son égard.
Un
contact avec Henri le Lion ne put pas plus empêcher la deuxième expédition en
Italie.
Le
deuxième voyage en Italie
L'armée
de Frédéric attaqua Milan en septembre 1158. Il convoqua une diète en novembre
à Roncaglia pour régler l'administration de l'Italie. L'empereur fit élaborer
par une commission composée d'érudits des écoles de droit de Bologne (qui était
réputée pour ses juristes) les lois de Roncaglia.
Ces
lois s'inspirèrent majoritairement du droit romain et consacrèrent la primauté
du droit impérial sur le jus commune. Les cités durent en conséquence faire
accréditer leurs conseils auprès de l'empereur, ce qui provoqua ultérieurement
l'indignation de nombreuses villes. Cette Diète est le point de départ d'une
restructuration de la politique italienne par Barberousse. Lors de la Diète et de la pause
hivernale qui suivit se heurtèrent de plein fouet les conceptions de l'État de
l'empereur et du pape ; après que Frédéric a étendu ses réformes
administratives aux territoires italiens revendiqués par le pape, en
particulier les territoires de la comtesse Mathilde et différents évêchés, et
entamé des négociations avec la ville de Rome, une délégation papale a été
envoyée à la cour au printemps 1159 pour exiger le retrait des nouvelles
règles. Barberousse refusa au motif que les évêques ne professaient pas leur
magistère sur leur propre territoire mais que leur résidence était au contraire
située en terres de l'empire, sur lesquelles lui, l'empereur, avait pleine et
entière souveraineté. Dans le même temps, le pape entra en discussion avec
Milan qui préparait derechef une campagne contre l'empereur. Barberousse
recevait, en parallèle à la légation papale, une députation romaine.
Le schisme
Frédéric
envoya à Adrien le comte palatin Othon de Wittelsbach. Adrien IV mourut
cependant le 1er septembre 1159 avant que le comte ne puisse entrer activement
en contact. Le conclave des cardinaux fut divisé, si bien que Roland
Bandinelli, sous le nom d'Alexandre III, pour le parti italien et Victor IV
pour le parti impérial revendiquèrent l'investiture. Alexandre a été soutenu
par la plupart des cardinaux pendant que Victor était préféré par le peuple
romain. Frédéric appela un concile en 1160 à Pavie pour résoudre la question de
l'élection. Cette initiative reflète la conception frédéricienne de la fonction
impériale, qui souhaite se rattacher en partie à la fonction telle que
pratiquée dans l'Antiquité tardive et surtout à la tradition des empereurs
francs. Selon celle-ci, l'empereur est le bailli de l'Église et est amené à
trancher les élections pontificales incertaines. Toutefois, le droit pour
l'empereur de convoquer un concile était déjà débattu à l'époque.
Concomitamment, Alexandre envoya un courrier dans tout le monde chrétien pour
faire connaître sa revendication du pontificat. Le concile se réunit en février
1160 en la cathédrale de Pavie. Les partisans d'Alexandre n'y ont pas été
admis, aussi Victor fut-il confirmé conformément aux attentes. Dans l'ensemble,
la décision ne fut pas respectée en Occident en raison du faible nombre de
participants. Les clergés italien et français, notamment, mais aussi une partie
du clergé allemand, ne reconnurent pas l'autorité du concile et donc celle de
Victor.
Le
schisme eut des conséquences en dehors de l'empire, surtout en Angleterre et en
Allemagne. Frédéric avait déjà invité Henri II et Louis VII en 1159, dans
l'optique d'imposer Victor. Cette tentative a échoué et les deux rois
reconnurent officiellement Alexandre. En attendant, les confrontations
militaires se poursuivirent en Italie. Après que Milan eut une nouvelle fois
capitulé en mars 1162 et été détruite, Frédéric apparut au sommet de sa puissance
militaire en Italie. Après la victoire les reliques de Milan furent remises au
chancelier de Barberousse, Rainald von Dassel qui était en même temps évêque de
Cologne. Dans ces circonstances favorables, il envisagea une campagne en
Sicile, pour y tirer profit d'un soulèvement de la noblesse. On arrêta
cependant les préparatifs en juin, après que le roi normand eut vaincu la
noblesse et que les combats entre Pise et Gênes eurent accaparé la flotte
nécessaire. Frédéric développa alors ses efforts diplomatiques en direction de la France. Il visait un
traité d'amitié et au-delà la reconnaissance de Victor par la France , où avait fui
Alexandre. On s'accorda sur une rencontre en août 1162 entre l'empereur, le roi
et les deux papes au pont de Saint-Jean-de-Losne sur la Saône. Si un pape devait
ne pas se présenter, l'autre serait reconnu comme seule autorité officielle.
Alexandre refusa de s'y rendre et Louis VII proposa un délai. Frédéric convoqua
un concile au lieu de la rencontre, et Louis se considéra comme dégagé de sa
promesse. Lors du concile, Frédéric et ses partenaires ne purent imposer Victor
IV, ce qui constitue une des plus grandes défaites politiques de l'empereur
Barberousse.
Le
schisme apparut tout d'abord résolu à la mort de Victor, en avril 1164. Rainald
de Dassel fit cependant élire pape le cardinal Guido de Crémone (Guido da
Crema) deux jours plus tard, sans en référer à l'empereur, sous le nom de
Pascal III à Lucques. Cette démarche provoqua une opposition massive, surtout
en Italie du nord, ce qui suscita la fondation de l'Alliance de Vérone mais
également en Allemagne. De très nombreux clercs et évêques allemands, en
particulier en Bourgogne, reconnurent Alexandre III. Des seigneurs laïcs se
tournèrent également vers le parti d'Alexandre. Le plus important d'entre eux
était Raoul de Zähringen, qui avait conclu une alliance avec Louis VII en 1162.
Raoul s'est décidé à cause du fait que son frère Berthold IV avait perdu de
nombreux droits en Bourgogne et qu'on lui avait refusé l'investiture à l'archevêché
de Mayence. Frédéric Ier réagit à cette situation critique croissante par des
efforts diplomatiques redoublés. Le cœur du projet était une nouvelle croisade
pour la libération de Jérusalem, conjointement avec les rois français et
anglais. Elle devait permettre de réduire le fossé entre les royaumes chrétiens
et parallèlement détendre la relation avec Alexandre. Rainald von Dassel se
rendit à la Pâques
1165 à la cour anglaise, à Rouen, et négocia le mariage de deux filles de Henri
II avec un fils de Barberousse et Henri le Lion. La négociation se poursuivit
de façon inattendue lorsque Rainald gagna les îles Britanniques et y
convainquit Henri II d'abjurer Alexandre et de reconnaître Pascal III. Les
raisons de ce basculement sont à rechercher dans la querelle entre Henri et
Thomas Becket. Rainald se rendit dès son retour d'Angleterre pour la prestation
de serment de Wurzbourg, du nom de la ville où se tenait l'assemblée d'empire :
Frédéric et de nombreux princes et évêques, mais pas tous, ont juré de ne
jamais reconnaître Alexandre III ou ses successeurs comme pape. La cérémonie
s'est tenue avec pour arrière-plan l'espoir d'action concertée avec
l'Angleterre contre le pape. Au cours de l'assemblée, Barberousse démit de ses
fonctions l'archevêque de Mayence, Conrad Ier de Wittelsbach. Il essaya
ultérieurement de développer son influence dans la région de Salzbourg, où
Alexandre trouvait du soutien.
Parallèlement
au conflit politique, Barberousse tenta de doter la partie allemande de
l'empire d'une dimension théologique supplémentaire. Les ossements des trois
rois mages furent transportés à Aix-la-Chapelle. À la Noël 1165, Charlemagne est
sanctifié à Aix-la-Chapelle, afin d'obtenir ainsi une plus grande légitimité
pour l'empire par la sainteté de son fondateur, d'autant que Charlemagne jouait
un grand rôle dans la conception de Frédéric du rôle impérial. Mais cet acte
n'eut que peu de répercussions en dehors de l'empire.
Le
serment de Wurzbourg n'eut que des effets limités. Henri II n'entreprit rien
d'actif contre Alexandre, sans compter qu'il avait un besoin pressant de
l'appui du pape romain à cause du scandale provoqué par l'assassinat de Thomas
Becket en 1170 (dans lequel il avait au minimum une part de responsabilité),
car ce dernier recueillait le soutien de la majorité de l'épiscopat anglais.
En
mai 1166 mourut Guillaume Ier de Sicile. Les conflits de succession qui
suivirent limitèrent la capacité d'action des Normands et Alexandre III ne put
plus compter sur leur aide. Frédéric tira parti de cette situation et lança sa
quatrième campagne italienne, à laquelle il avait déjà obligé une grande partie
des princes allemands lors de la
Diète d'Ulm (mars 1166), après avoir réglé la querelle de
Tubingen. Rainald de Dassel et l'archevêque Christian de Mayence dirigèrent une
armée dans l'ouest de la péninsule italienne, près de Rome, et vainquirent le
contingent italien à la bataille de Tusculum pendant que Barberousse assiégeait
Ancône, finissait par l'enlever puis poussait jusqu'aux Pouilles. Il se porta
ensuite vers Rome, qui fut prise en juillet 1167. Pascal couronna l'impératrice
à Saint-Pierre et Alexandre III s'enfuit à Bénévent, déguisé en pèlerin. C'est
dans ces circonstances qu'une violente épidémie (probablement la malaria) se
répandit dans le camp, à laquelle succombèrent quelques personnalités
importantes comme le duc Frédéric de Souabe (Rothenbourg), fils du roi Conrad,
Welf VII, fils du duc Welf VI ainsi que l'archevêque Rainald de Cologne et de
nombreux nobles. Frédéric ne put que ramener en Allemagne les restes de
l'expédition. Les cités nord-italiennes exploitèrent la défaite de l'empereur.
Elles constituèrent dès 1167 la
Ligue lombarde, fidèle au pape, aussitôt financée par
Constantinople et les Normands.
En
Allemagne, le désastre de 1167 eu pour conséquences que Barberousse récupéra de
très nombreux territoires des princes morts durant l'épidémie, en particulier
les fiefs de la maison ducale welfe en Haute-Souabe après qu'Henri le Lion eut
failli à verser les sommes promises à son oncle Welf. Il se constitua ainsi une
ceinture territoriale Hohenstaufen et royale entre la Bavière welfe et les
territoires Zähringer autour de Freibourg. Barberousse avait depuis 1156 déjà
accru son influence dans la région mosello-rhénane et dans les parties adjacentes
de la Hesse , à
travers la remise du palatinat rhénan, y compris la franchise sur de nombreux
héritages saliens, à son demi-frère Conrad, la mise à l'écart des archevêchés
de Trèves et Mayence comme l'activation habile des territoires royaux dans la
région. Il avait également créé une terre d'empire dans le Wetterau autour de
Gelnhausen et Friedberg. Une autre avancée de la politique impériale fut
l'extension forcée de la liberté d'or à l'évêché de Wurtzbourg en 1168, ce qui
permit de le doter de la dignité ducale, sans pour autant transformer le
territoire en duché. L'évêque de Wurtzbourg obtenait naguère son titre du duc
de Franconie.
Réconciliation avec le Pape et
les cités
Effigie
de l'empereur Barberousse
dans
la cathédrale de Freising.
Dans
cette situation, Frédéric accentua les négociations avec Alexandre III. Un
anti-pape, Calixte III, fut malgré tout de nouveau élu après la mort de Pascal
III à l'automne 1168. Barberousse se prépara dans le même temps à la
réconciliation avec Alexandre : à la Pentecôte 1169, il fit élire son fils cadet Henri
comme successeur au trône impérial. Ce dernier devait vraisemblablement
reconnaître Alexandre, pendant que Frédéric maintenait son refus de principe,
afin de permettre une réunification lors de la succession. Frédéric tenta de
surcroît d'impliquer les cours française et anglaise comme intermédiaires entre
lui et le pape.
Barberousse
ne suivit cependant pas exclusivement cette politique de détente, mais au
contraire s'engagea encore plus loin dans la confrontation. Il adressa un
reproche retentissant en mars 1172 à la ligue lombarde et aux partisans d'Alexandre,
en les accusant de vouloir transmettre l'Empire romain à Constantinople. Cela
lui était nécessaire pour lancer la cinquième campagne italienne qui était
dirigée non contre Rome, mais contre les villes italiennes du Nord. Le siège
d'Alexandrie échoua. Des négociations de paix se tinrent en 1175 à Montebello,
qui se conclurent par un traité de paix entre l'empereur et la ligue lombarde.
Les cités se soumirent officiellement, mais les décisions les concernant seront
prises désormais par une commission de conciliation paritaire. L'accord ne fut
que de courte durée, car Barberousse exigea la destruction d'Alexandrie et les
cités réclamèrent la participation du pape aux discussions.
Frédéric
demanda à l'automne 1175 des troupes fraîches en provenance d'Allemagne. Henri
le Lion, notamment, le prince le plus important et suzerain de la proche
Bavière, refusa de les envoyer. Il avait à Chiavenna posé comme condition à cet
envoi que Goslar lui soit dévolue, avec ses abondantes mines d'argent.
Le traité de Venise
Le
29 mai 11 76
à Legnano les troupes impériales commandées par Frédéric affrontèrent les
troupes de la ligue Lombarde commandées par Alberto da Giussano. Les troupes
impériales subirent une défaite décisive.
Après
une entremise des cisterciens, Barberousse envoya à l'automne 1176 une
délégation à Alexandre III qui devait négocier à Anagni une paix
exceptionnelle. Le pape ne voulut cependant passer aucun accord sans toutes les
parties en conflit, qui aurait réuni non seulement la ligue lombarde mais aussi
les autres cités italiennes, la
Sicile et Constantinople. La Curie abandonna cependant assez vite son exigence
d'inclure l'empire d'Orient, après que Manuel Ier eut subi une défaite en 1176
face aux musulmans et se révéla trop faible pour servir les intérêts
d'Alexandre. Vers la fin des négociations fut abordé le délicat problème de la
reconnaissance mutuelle, c'est-à-dire l'abandon du serment de Wurtzbourg et de
l'excommunication de Barberousse prononcé par Alexandre III le 24 mars 11 60 dans
la cathédrale Santa Maria d'Anagni dans le Latium. L'empereur promit le retrait
des territoires revendiqués par le pape et la restitution des biens de la
princesse Mathilde. Alexandre III promit de conserver leur validité aux
ordinations conférées par les évêques schismatiques.
Ces
conclusions ne concernaient cependant ni les villes ni la Sicile. Les
négociations se poursuivirent avec elles à Chioggia. Au cours de celles-ci,
Barberousse réussit à obtenir du pape qu'il renonce à quelques-unes des
réclamations territoriales qui avaient été acceptées à Anagni. L'empereur
obtint ainsi de conserver un droit d'exploitation du territoire de la reine
Mathilde pendant 15 ans et la question de savoir si un territoire en
particulier relevait des États pontificaux fut renvoyée au cas par cas à un
tribunal arbitral pour règlement. En contrepartie, Frédéric promit une trêve, à
la ligue lombarde pour six ans et à Guillaume II de Sicile pour quinze ans.
L'empereur, le pape, Guillaume II roi des Pouilles et de Sicile, protecteur de
l'Église se rencontrèrent à Venise en 1177 sous la patronage du doge Sebastian
Ziani pour signer le traité. Grâce à son adresse politique, Venise ne s'était
pas entremise dans la lutte qui opposait le pape et l'empereur et c'est pour
cette raison qu'elle fut retenue comme siège du traité.
L'impact
de ce traité en matière de droit international est discuté par les historiens.
D'un côté, l'empereur dut revoir largement à la baisse ses prétentions
initiales, qui se seraient traduites par un élargissement de ses compétences
sans précédent depuis l'époque d'Henri III. La dissociation entre les parties
italienne et allemande de l'Empire furent accentuée. La question de la
prééminence du pape ou de l'empereur resta non résolue, bien que le pape sortit
renforcé des discussions et l'empereur affaibli. Et surtout, la revendication
impériale sur Rome était de facto abandonnée.
D'un
autre côté, il apparut clairement que le pape était intéressé par un accord
avec l'empereur, ce qui affaiblissait la position de ses alliés lombards dans
les pourparlers de paix à suivre. Après l'expiration de l'armistice de Venise,
Barberousse et la ligue lombarde conclurent la paix de Constance en 1183. L 'empereur dut certes
accepter de nombreuses revendications des villes, mais les relia fermement au
maintien de la ligue lombarde dans la structure de l'empire. Elle devint une
sorte de fédération d'intérêt, légitimée par l'empereur, entre villes de
l'Italie du Nord. Il réussit à commuer l'exercice du droit régalien en
contributions financières régulières des villes, ce qui marque certes un recul
des droits impériaux en deçà du niveau de l'époque salienne mais permit
cependant de bénéficier de leur richesse et d'établir une domination supérieure
à celle que détenait Conrad III. Les villes lombardes obtinrent le droit
d'élire leurs consuls, qui devaient toutefois être agréés par l'empereur tous
les cinq ans. La Toscane
commença à s'affirmer dans les années qui suivirent les traités de paix comme
la nouvelle puissance en Italie. L'empire commença alors à conforter sa
position en Italie centrale pour compenser les pertes subies en Lombardie.
Le procès contre Henri le Lion
Dans
les dernières années de Frédéric, les relations entre lui et son cousin guelfe
Henri le Lion n'ont cessé de se dégrader. L'étape la plus importante de cette
dégradation fut franchie lorsque Henri refusa à Chiavenna d'envoyer des troupes
pour la cinquième expédition italienne. En outre, Henri conclut en 1175 ou 1176
avec Welf VI un contrat de succession, qui devait garantir à Henri la
possession des territoires italiens de son oncle. Barberousse acheta en 1178 à
Welf VI ses territoires au nord des Alpes et lui en rendit immédiatement une
partie comme fief.
En
janvier 1179 à la Diète
de Worms, l'empereur accusa Henri le Lion de divers abus. Henri lança
immédiatement une contre-attaque, accusant l'archevêque de Cologne, allié de
Barberousse, d'avoir saccagé la région de Hamelin. La querelle juridique se
déroula donc formellement entre Henri le Lion et l'archevêque. Il n'y eut aucun
débat effectif, étant donné que le Lion ne se rendit à aucune séance du
tribunal.
Après
une première sentence en juin 1179,
l 'assemblée des princes réunie à Wurtzbourg en janvier
1180 prononça la mise au ban de l’empire de Henri : ses fiefs impériaux lui
furent confisqués, son territoire scindé en deux : la partie septentrionale fut
remise en avril 1180 pour partie à l’archevêque de Cologne Philipp von
Heinsberg (duché de Westphalie) et pour partie à l’ascanien Bernhard von Anhalt
(Saxe). Au sud, Barberousse plaça à la tête du duché de Bavière le compte
palatin Othon de Wittelsbach.
Henri
le Lion s'opposa à sa condamnation par contumace les armes à la main,
provoquant la levée de l'armée impériale contre lui. Il dut assez vite se
soumettre à l'empereur, en novembre 1181, après que la noblesse saxonne, ses
alliés slaves ainsi que danois se furent désolidarisés et que la ville de
Lübeck eut ouvert ses portes à l'empereur. Il fut rejugé fin 1181 à la Diète de Erfurt, où les
princes, manifestement, contraignirent l'empereur à un jugement relativement
plus modéré, limitant le bannissement à trois ans.
Fort
de sa mainmise sur la
Westphalie , Philipp von Heinsberg devint le prince le plus
puissant de la moitié nord de l'Allemagne, ce qui posa problème à Barberousse.
L'archevêque était vraisemblablement l'accusateur du procès contre Henri le
Lion. Dès 1165, Barberousse avait essayé de limiter le pouvoir de Philipp. Le
soutien apporté à différents princes au sud des Pays-Bas, dans la région de
Meuse-Moselle et aux villes d'Aix-la Chapelle et de Duisbourg ne put cependant
vraiment freiner le surcroît de puissance de Philipp. Cela montre les
faiblesses structurelles de la politique allemande de Barberousse : la chute
d'Henri le Lion profitait tout autant à ses vassaux qu'à lui-même.
En
1184, Barberousse conclut une alliance avec Philippe Ier de Flandre contre le
roi de France Philippe Auguste, à laquelle se joignit également le roi Henri II
d'Angleterre. Le fils de Barberousse, Henri VI, devait mener une campagne
contre la France
qui fut cependant annulée, car Baudouin V de Hainaut refusa le passage des
troupes sur son territoire. Barberousse craignait d'entrer pour cela en conflit
avec Baudoin, car il avait aussi besoin de lui comme contrepoids à Philipp von
Heinsberg.
En
riposte, l'archevêque de Cologne, soutenu par le pape Urbain III, entra en
opposition directe avec Barberousse en contestant la succession impériale qu'il
organisait.
L'empereur
nomma derechef son fils régent en Italie, afin de se concentrer sur
l'Allemagne. En novembre 1186 à Gelnhausen, la majeure partie de l'épiscopat
allemand apporta son soutien à l'empereur, une défaite pour l'archevêque et le
pape. Philipp von Heinsberg fit encore échouer en 1187 une alliance de
l'empereur avec le roi de France Philippe Auguste contre le roi anglais Henri
II, mais dut finalement se soumettre en mars 1187 à la Diète de Mayence.
La Pentecôte de Barberousse en 1184
Relief
en béton sur la « Pentecôte de Barberousse »
à
Mayence
La
diète tenue par Frédéric Barberousse à la Pentecôte 1184 compte parmi les principales
diètes de tout le Moyen Âge. Le motif en était l'adoubement de ses fils Henri
et Frédéric. Plus de 40 000 chevaliers se rendirent à Mayence qui ne pouvait
contenir une telle foule, tant et si bien que les chevaliers durent camper sur
des îles en bordure du Rhin. Presque tous les princes et l'intégralité de
l'élite spirituelle prirent part à la fête, parmi lesquels les ducs de Bohême,
d'Autriche, et de Saxe, le comte palatin et le landgrave de Thuringe, les
archevêques de Trèves, Brême et Besançon, ainsi que les évêques de Ratisbonne,
Cambrai, Liège, Metz, Toul, Verdun, Utrecht, Worms, Spire, Strasbourg, Bâle,
Constance, Coire, Würzburg, Bamberg, Münster, Hildesheim et Lubeck. Le trouvère
Guiot de Provins, invité pour l'occasion, raconte qu'il fut comblé de cadeaux. Un
chroniqueur écrivit au sujet de la fête que « c'était la plus grande qui fût
jamais fêtée en Allemagne ».
Croisade et mort
Frédéric
Barberousse lors de la troisième croisade
On
décida également d'une croisade à la
Diète de Mayence en 1188. Frédéric partit donc en 1189 avec
Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion pour la troisième croisade. Il concéda
auparavant de très larges privilèges urbains et commerciaux à un établissement
commercial situé sur la rive occidentale de l'Alster, qui avait été fondé par
le comte Adolf III de Schauenburg et Holstein. Cette décision marque la
naissance de Hambourg, encore que l'authenticité de cet acte soit débattue.
L'autorité
sur l'Empire en son absence échut à son fils Henri VI. Barberousse a provoqué
Saladin en duel par une lettre du 26 mai 11 88, dont le rendez-vous était fixé au
1er novembre dans la plaine égyptienne de la Zoan. Après deux
batailles victorieuses contre les musulmans, dont son dernier combat à la
bataille d'Iconium, Frédéric s'est noyé le 10 juin 11 90 dans le fleuve Saleph
(actuellement Göksu, eau bleue), en Anatolie, avant qu'il n'ait pu rencontrer
Saladin. Les circonstances de sa mort sont mal connues : on a rapporté entre
autres qu'il avait voulu se rafraîchir, après l'échauffement de la bataille, en
prenant un bain ; d'après d'autres sources, son cheval se serait affolé lors de
la traversée du fleuve et Frédéric aurait été emporté au fond par le poids de
son armure. D'autres ont également spéculé sur un possible infarctus causé par
le choc thermique, au regard de son âge.
Son
fils Frédéric de Souabe tenta, avec quelques acolytes, d'enterrer Barberousse à
Jérusalem. Mais le corps ne put être conservé dans le vinaigre et fut traité
selon la technique du mos Teutonicus. On enterra donc les chairs de l'empereur
dans l'église Saint-Pierre à Antioche, ses os dans la cathédrale de Tyr et ses
entrailles à Tarse.
La
plus importante source pour la compréhension des premières années de règne de
Barberousse est l'œuvre de l'évêque Othon de Freising, Gesta Friderici (« Les
hauts faits de Frédéric »). Dans celle-ci, le thème d'une lutte contre le
déclin de l'Empire (notamment au regard de l'affaiblissement impérial en Italie
du Nord) et le rétablissement de l'entente entre l'empire et la papauté joue un
rôle central. Frédéric y apparaît comme le Sauveur après la querelle des
investitures. Un autre thème est la confiance des Hohenstaufen envers les
Saliens, ce qui leur garantira en retour l'accès à la dignité impériale, qui a
échappé, en revanche, aux ennemis des Saliens.
Il
ressort avant tout de l'annonce de l'élection de Frédéric le dessein, fondé sur
la théorie des deux glaives, de restaurer les privilèges de l'Église et
l'honneur de l'Empire (honor imperii). Il s'agit assurément avec cette
formulation de la réappropriation du texte justinien, à laquelle Conrad III
avait déjà eu recours. Barberousse fut également le premier empereur médiéval à
incorporer l'antique Code justinien afin d'établir la primauté impériale en
terres d'empire italiennes, naturellement avec un succès limité. C'est aussi à
cause de son intérêt tout particulier pour le rétablissement de la primauté de
l'Empire en Italie que Barberousse, par « realpolitik », souhaitait au début de
bons rapports entre l'Empire et la papauté: il pensait que le soutien papal
faciliterait le retour des territoires italiens devenus de facto autonomes dans
le giron de l'empire.
Cette
approche se reflète dans la recherche d'un équilibre des pouvoirs entre Empire
et Église que manifeste le traité de Constance. Cependant, cette représentation
des deux royaumes égaux en titre, le spirituel et le temporel, était mise à mal
dès le traité de Benevento. Celui-ci faisait de la ville de Rome et de sa
population une nouvelle puissance, et du roi de Sicile un protecteur alternatif
du pape. Barberousse eut de plus en plus la conviction qu'être reconnu par la
population romaine légitimait sa dignité d'empereur, ce qui accrut le conflit
avec la papauté, qui ne pouvait reconnaître que le sacre par le pape lui-même.
L'élaboration du concept de sacrum imperium par la chancellerie staufer en 1157
peut se comprendre comme une réponse au fossé grandissant avec la papauté.
La
prétention de Barberousse à une souveraineté totale a été surtout contestée par
deux parties: la papauté, en particulier sous Alexandre III, qui revendiquait
pour elle-même la primauté devant la puissance temporelle et contestait au
Kaiser toute autorité spirituelle, et les autres souverains qui revendiquaient,
au moins sur leur territoire, une autorité indépendante de l'empire. Ceci
valant notamment pour le roi de France.
La
question de savoir dans quelle mesure Frédéric revendiquait pour lui-même la
domination universelle est débattue entre historiens et l'était déjà par ses
contemporains. Il n'a certes tenté d'intégrer au Reich qu'un seul territoire, la Sicile , mais il a exprimé
une prétention à la protection de Rome ainsi qu'à l'extension de son autorité
sur tout le monde chrétien.
La
référence à Charlemagne, dont il a appelé à la canonisation en 1165, est un
élément important dans la conception de son rôle impérial qu'avait Barberousse.
Par ce biais, il a ouvertement essayé de lutter contre la coalition naissante
des souverains francs, autour d'une France qui prenait de l'assurance, et de
contrecarrer la prétention de l'empereur byzantin à la domination sur la
chrétienté. L'appel à Charlemagne présentait aussi un avantage généalogique,
dès lors que les Staufer étaient parents des Saliens, eux-mêmes parents des
carolingiens. Ce lien permettait aussi à Barberousse de revendiquer un droit
dynastique à la charge impériale, de relier plus étroitement les éléments
principaux de l'autorité impériale (couronnement par le pape, souveraineté sur
la ville de Rome et protection de l'Église) et ainsi de rabaisser le rôle du
pape. Même la croisade de Barberousse peut être vue comme une référence à
Charles et à son combat contre les païens.
À
l'intérieur, Frédéric défendait un renforcement de l'autorité royale dans la
structure féodale du Reich. C'est en conséquence au travers du roi lui-même que
doit s'exercer l'autorité suprême, à l'exclusion de tous autres, et sur
laquelle repose en définitive l'édifice féodal. La division de la Bavière et l'éviction
d'Henri le Lion illustrent cette volonté de pouvoir absolu.
Ascendance
Ancêtres
de Frédéric Barberousse
Descendance
Autel
de l'église Saint-Pierre à Antioche
Premier mariage avec Adela von Vohburg, annulé.
Second mariage avec Béatrice Ire de Bourgogne :
Rainald
ou Renaud (* 1161 † 1164), enterré à Lorsch
Béatrice
(* 1162, † début 1174 ou 1179), enterrée à Lorsch
Guillaume
(* 1163 † 1164), enterré à Lorsch
Frédéric
V de Souabe (* 16
juillet 11 64 à Pavie; † 28 novembre 11 69/1170), duc de Souabe, enterré
à Lorsch
Henri
VI (* 1165; † 1197), empereur germanique, roi de Sicile, ∞ Constance de Sicile
(* 1154; † 1198), fille du roi Roger II. Il est le père de l'empereur
germanique Frédéric II.
Conrad
(* 1167; † 1191) dit Frédéric VI de Souabe, duc de Souabe
Agnès
(* octobre/novembre 1168 ou 1174 ; † 8 octobre 11 84), enterrée à la cathédrale de
Spire
Conrad
II de Souabe (* 1169 † 1196), duc de Souabe et de Franconie
Othon
Ier (* 1171 † 1200), comte palatin de Bourgogne, ∞ Marguerite de Blois (†
1230), comtesse de Bourgogne, comtesse de Blois
Sophie
(* 1175 † ?), ∞ Guillaume , marquis de Montferrat
Philippe
Ier de Souabe (* 1177 † 1208), duc de Souabe, roi de Germanie / roi des
Romains, ∞ 1197 Marie de Byzance (* 1181; † 1208), fille de l'empereur Isaac II
Ange.
La postérité de Barberousse
Buste
en bronze doré de Frédéric Barberousse,
vers
1160
Légende
Frédéric
est le sujet d'une légende de héros endormi, qui dit qu'il n'est pas mort, mais
endormi avec ses chevaliers dans une caverne dans les montagnes de Kyffhäuser
en Thuringe, et que lorsque les corbeaux cesseront de voler autour de la
montagne, il se réveillera et rétablira l'Allemagne dans son ancienne grandeur.
Selon l'histoire, sa barbe rousse a poussé à travers la table auprès de
laquelle il est assis. Ses yeux sont à demi-clos dans son sommeil mais, de
temps en temps, il lève la main et envoie un garçon voir si les corbeaux ont
cessé de voler. Friedrich Rückert, l'auteur des Kindertotenlieder, a repris
cette légende en 1817 dans un court poème, mis en musique par Gersbach sept ans
plus tard, et que connaissaient par cœur, au temps des récitations, les enfants
des écoles.
La
figure de l'empereur endormi a d'abord été prêtée dans la croyance populaire à
son petit-fils, Frédéric II, et n'a été reportée sur Barberousse
qu'ultérieurement. Le conte du Forgeron de Jüterbog a repris cette histoire.
Le
buste de Barberousse a été dressé au Walhalla, le mémorial des grands hommes
allemands, et une statue le représente en la cathédrale d'Ulm, monument qui
reste le symbole de la grandeur passée du Pays Souabe (sa flèche reste toujours
la plus haute du monde pour un monument gothique), où l'on se plaît toujours à
rappeler par nostalgie que « la monnaie d'Ulm a gouverné le monde ».
Dans la littérature
Statue
de Frédéric Barberousse
au
monument de l'empereur Guillaume à Kyffhäuser,
par
Nikolaus Geiger
Une
présentation drôle et documentée de l'empereur Barberousse et de son règne est
dressée dans le roman d'Umberto Eco, Baudolino.
Dans
le roman Du domaine des Murmures, prix Goncourt des Lycéens 2011, on trouve un
passage évoquant la mort par noyade de l'empereur Barberousse et la tentative
de rapatriement de son corps par son fils et quelques-uns de ses chevaliers
rescapés des combats.
Jeux-vidéo
Dans
le jeu vidéo Age of Empire II : The age of kings, on peut jouer une campagne
allant de l'unification de l'empire romain chrétien par Fréderic Barberousse
jusqu'à la mort de ce dernier lors de la troisième croisade2.
Anecdotes
Il
a fait construire de nombreuses forteresses sur ses domaines souabes et
alsaciens, dont le palais impérial de Kaiserslautern (1152-1158). En 1150, il
fait construire un château fort dans ce qui allait devenir la ville de
Kaysersberg. En 1153, lors de sa visite à Mulhouse, il accorde à la ville ses
premières franchises.
L'invasion
allemande de l'Union soviétique en 1941 reçut le nom de code d'opération
Barbarossa, précisant ainsi que le Troisième Reich partait en guerre contre les
rouges3 ou que la grandeur de l'Allemagne allait être rétablie par le biais de
l'ancien empereur4.
Bibliographie
Pierre
Racine, Frédéric Barberousse (1152-1190), éd. Perrin, 2009, 440 p. (ISBN
978-2262030124).
Joseph
Calmette Le Reich allemand au Moyen Âge, Payot, Paris 1951.
Sources
(de)
Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en
allemand intitulé « Friedrich I. (HRR) » (voir la liste des auteurs)
Diplomata
regum et imperatorum Germaniae, t. X, 1-5, Friderici I. Diplomata, éds. du
Monumenta Germaniae Historica, sous la dir. de Heinrich Appelt, Hanovre, 1975-1990 .
Ottonis
et Rahewini Gesta Friderici I. imperatoris, édité par Georg Waitz et Bernhard
von Simson, Hanovre, 1997.
Historiographie allemande
Heinrich
Appelt : Friedrich Barbarossa (1152-1190) ; (de) Helmut Beumann (éditeur),
Kaisergestalten des Mittelalters, Munich, C.H. Beck, 1984 (ISBN
3-406-30279-3), p. 177–198
Joachim
Ehlers : Friedrich I ; (de) Bernd Schneidmüller et Stefan Weinfurter (éditeur),
Die deutschen Herrscher des Mittelalters : historische Portraits von Heinrich
I. bis Maximilian I. (919-1519), Munich, Beck, 2003 (ISBN 3-406-50958-4)
(de)
Odilo Engels, Die Staufer, Stuttgart, W. Kohlhammer, 1994 (ISBN 3-170-15157-6)
(de)
Knut Görich, Die Ehre Friedrich Barbarossas : Kommunikation, Konflikt und
politisches Handeln im 12. Jahrhundert, Darmstadt, Wissenschaftliche
Buchgesellschaft, 2001 (ISBN 3-534-15168-2)
(de) Hagen Keller, Zwischen regionaler
Begrenzung und universalem Horizont : Deutschland im Imperium der Salier und
Staufer, 1024 bis 1250, t. 2, Berlin, Propyläen Verlag, 1986 (ISBN
3-549-05812-8)
(de)
Ferdinand Opll, Friedrich Barbarossa, Darmstadt, Wissenschaftliche
Buchgesellschaft, 1990 (ISBN 3-534-04131-3)
Heinz
Löwe : Die Staufer als Könige und Kaiser ; Die Zeit der Staufer. Geschichte -
Kunst - Kultur, t. III, édité par le Württembergischen Landesmuseum, Stuttgart
1977, p. 21–34.
Bernhard
Töpfer : Friedrich I. Barbarossa ; (de) Evamaria Engel et Eberhard Holtz,
Deutsche Könige und Kaiser des Mittelalters, Cologne Vienne, Böhlau, 1989
(ISBN 3-412-03688-9), p. 159–187
Articles connexes
Saint-Empire
romain germanique
Lutte
du sacerdoce et de l'Empire
Liste
des souverains du Saint-Empire
Histoire
de l'Allemagne
Histoire
de l'Italie
Chronologie abrégée
1122 : Naissance de Frédéric, le fils du duc de Souabe et
d'Alsace Frédéric de Hohenstaufen et de Judith de Bavière, fille du duc Henri
IX de Bavière dit Henri le Noir, de la dynastie rivale des Welfs.
1147 : il épouse Adélaïde de Vohbourg (fille du margrave
Diepold III de Vohbourg).
1152 : le 4 mars, il est élu empereur germanique par les
princes-électeurs et succède à son oncle l'empereur Conrad III de Hohenstaufen.
1153 : il divorce d'Adélaïde de Vohbourg.
1154 : il mène une expédition de conquête en Italie au cours
de laquelle il est couronné empereur du Saint-Empire romain germanique le 18 juin 11 55 à
Pavie par le pape Adrien IV avec qui il entre en conflit de pouvoir. Il prend
le contrôle de la commune romaine soutenue par Adrien IV et Arnaud de Brescia
(qu'il fait supplicier) qui s'opposent à sa conquête de l'Italie et aspirent à
un pouvoir républicain antique.
1156 : il épouse la comtesse de Bourgogne Béatrice Ire
dont il aura plusieurs enfants, dont :
Le
futur duc Frédéric VI de Souabe (1164-1191)
Le
futur empereur germanique Henri VI (1165-1197) (qui lui succède)
Le
futur comte Othon Ier de Bourgogne (1167-1200) (épouse Marguerite de Blois en
1192, fille du comte Thibaut V de Blois)
Le
futur duc Conrad II de Souabe (1172-1196)
Le
futur empereur germanique Philippe Ier de Souabe (1176-1208) (assassiné par le
comte palatin Otton VIII de Wittelsbach)
1158 : en été, il entreprend une expédition de conquête
plus importante en Italie. Il prend Milan, après un mois de siège, à qui il
impose des conditions de défaite sévères. En novembre, il réunit à Roncaglia
une assemblée de juristes et de représentants des cités italiennes afin de leur
imposer son pouvoir par des droits régaliens. Le nord et le centre de la
péninsule s'étaient en effet émancipés de la tutelle impériale depuis le règne
du précédent empereur germanique Conrad III de Hohenstaufen.
1160 : il est excommunié par le pape Alexandre III.
1162 : Frédéric Barberousse retourne en Italie pour mater
l'insurrection contre sa domination soutenue par le pape Alexandre III qu'il
fait fuir en France. Il prend à nouveau Milan qu'il fait détruire avec le
concours de cités voisines alliées. Les villes alliées de Milan (Brescia,
Plaisance…) se voient imposer des conditions sévères de domination ce qui ne
désamorce pas les opposants qui s'organisent en ligues soutenues par Alexandre
III depuis la France.
1164 : la
Ligue de Vérone puis en en 1167 la Ligue lombarde anéantissent
la politique impériale allemande en Italie.
1166 et 1167 : Frédéric Barberousse retourne en Italie et prend Rome
après avoir pris Ancône où l'empire byzantin avait repris pied. Il se fait
recouronner empereur par l'antipape Pascal III. Son armée est décimée par une
épidémie. Alexandre III se réfugie dans les villes du nord de l'Italie où il
organise la révolte avec la
Ligue lombarde.
1174: il revient avec une armée bien moins forte, et après
l'échec des négociations de Montebello en 1175, il est sévèrement défait à la
bataille de Legnano par la Ligue
lombarde et, plus grave encore, il doit céder aux exigences du pape Alexandre
III et signe la paix de Constance, qui le met à égalité avec le pape.
1177: il reconnaît le pape Alexandre III par le traité de
Venise et met fin au schisme papal.
1178 : le 12 mars, Alexandre III revient enfin à Rome après
16 ans de conflit.
1178: le 30 juillet, il se fait couronner roi d'Arles dans
la cathédrale Saint-Trophime par l'archevêque d'Arles.
1181:
Bogusław Ier de Poméranie reconnaît la suzeraineté de l’empereur Frédéric
Barberousse.
1184: Charlemagne tint plusieurs assemblées à Mayence, qui
devinrent une tradition suivie durant plusieurs siècles, et culminèrent en
1184, sous le règne de l'empereur Frédéric Barberousse.
1189: le 11 mai, il
est âgé de plus de 65 ans, et quitte Ratisbonne en Allemagne pour la troisième
croisade où il est rejoint en juillet 1190 par les rois Philippe Auguste et
Richard Cœur de Lion.
1190 : le 10 juin il se noie accidentellement à l'âge de 68
ans sur la route de croisade de Jérusalem en traversant la rivière Saleph en
Asie Mineure (actuelle Turquie).
Son fils Henri VI lui succéda comme roi des Romains et empereur
germanique.
Notes et références
1- http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Frédéric_Ier/120271
[archive] [archive]
2-http://www.jeuxvideopc.com/solutions/1-age-of-empires-2-the-age-of-kings/7-campagne-4-barberousse.php
[archive] [archive]
3- Pourquoi « Barberousse » ?
[archive] [archive] sur Hist-Geo.com.
4- 22 juin 19 41, opération Barbarossa -
Hitler envahit l'URSS [archive] [archive], article de L'Histoire.
Un article de Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_Barberousse
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