mardi 19 mai 2015

INDIENS ET BARBARES. 02/05. BASILE Y


INDIENS ET BARBARES
Le génocide Amérindiens et la spoliation de leur continent.
BASILE Y. basile-y.com
Partie 02/ 05

I. 2/. CHRISTOPHE COLOMB ET SA PROUESSE


a) La non-Découverte de l'Amérique.


«Chaque bataille était une boucherie, et on lâchait les chiens sauvages contre les fugitifs sans défense, destinés à disparaître de ces îles en un peu moins d'une génération. Colomb établit un impôt en or en poudre par tête, et de ceux qui ne pouvaient le payer, il en embarqua 500 pour les vendre en Espagne en esclavage. La plupart en moururent.» (1)
«Cela» aussi était l'Oeuvre de Christophe Colomb!

Les malheurs des uns font le bonheur des autres, dit-on. Les malheurs que Colomb porta aux Indiens firent le bonheur de l'Europe. Cependant, l'Europe n'a pas eu la «reconnaissance du ventre». Aux terres explorées grâce à sa prouesse elle donna le nom d'un charlatan : Amerigo Vespucci, espion des Médicis en Espagne, espion des rois d'Espagne au Portugal, comme on lira au paragraphe «un imposteur donne son nom au continent». Quant aux citoyens des États Unis, ils monopolisèrent le nom d'Amerigo, pour être les SEULS à s'appeler «Américains»!

Colomb osa une grande prouesse. C'était une Prouesse, mais parler de «Découverte»... Colomb OSA ce que les navigateurs de son temps considéraient être un saut dans le Néant de la «Mer Ténébreuse» comme on appelait alors l'Océan Atlantique. C'était une grande prouesse, mais la découverte avait été faite bien avant lui. Elle était même un secret de polichinelle pour les «cartographes cosmographes» conseillers de Colomb comme le Florentin Paolo Toscanelli, des hommes d'Europe et d'autres continents étaient même venus en Amérique depuis des millénaires comme nous l'avons vu au paragraphe précédent.

Le 12 octobre 1965 des Italo-Américains provoquèrent un embouteillage monstre dans les artères principales de New York pour protester contre un article «sensationnel», une information publiée la veille par le NEW YORK TIMES pour annoncer une «nouvelle» qui dort pourtant depuis presque un millénaire dans les caves du Vatican. Près de cinq siècles avant Colomb, des Vikings avaient colonisé la partie de l'Amérique du Nord qui va du Labrador à la Floride. Ils appelèrent alors leurs colonies HELULANDIA (terre de roches), MARKLANDIA (terre de forêts), et celle qui englobait justement New York, ils l'appelèrent VINLANDIA (terre de vignes), parce qu'ils y avaient trouvé de la vigne sylvestre. New York a gardé sa «tradition» vigneronne : dans l'État du même nom on y produit aujourd'hui un honnête vin de table.

Cet article du New York Times qui avait indisposé les Italo-Américains de New York, était une confirmation moderne, consécutive aux récentes découvertes faites par des chercheurs de l'Université de Yale. On peut trouver pourtant dans les archives du Vatican tous les détails sur le fait que des Européens vécurent quatre siècles durant sur les côtes Est du pays que nous appelons aujourd'hui United States of America, du XIme au début du XVme siècle. Cette colonisation avait été faite par des Vikings chrétiens dépendants du diocèse archiépiscopal de Gander, au Groenland. Plus simplement encore que dans les caves du Vatican, on trouve à la Bibliothèque Nationale de France un
«Compte rendu du Congrès Scientifique International des Catholiques (1891), Sciences Historiques, 5me section, pages 170-184, Paris 1892.»

Ainsi qu'un :
«Compte rendu du Troisième Congrès Scientifique International des Catholiques, l894, Bruxelles 1895, pages 391-395.»

Dans ces comptes rendus, on peut lire les rapports faits par le professeur Jelic, du séminaire de Zara, sur l'Évangélisation de l'Amérique avant Christophe Colomb. Il y est même spécifié dans les détails comment les colons et missionnaires Vikings de l'Amérique du Nord envoyaient par l'intermédiaire du diocèse archiépiscopal de Gander le denier de St. Pierre en nature (en peaux de bêtes inconnues au Groenland) et qui ne pouvaient provenir que des colonies des cotes américaines. Avec d'autres produits naturels, en provenance ceux-là de Groenland, le tout était acheminé par les soins de l'archevêque de Gander vers la Norvège, d'où, convertis en espèces, leur montant était envoyé à Rome. Les colons Vikings des côtes de l'Est de l'Amérique du Nord avaient même contribué aux frais de la Cinquième croisade.

C'était cela le secret de polichinelle qui avait contribué à l'assurance des cartographes cosmographes du XVme siècle à situer sur leurs Mappemondes des terres à «découvrir» au-delà de la «Mer Ténébreuse». Que l'Amérique fut découverte et colonisée par des Européens cinq siècles avant Colomb, est aujourd'hui un fait historique incontesté. On objectera que les Vikings n'avaient aucune idée de leur Découverte d'un immense continent. Colomb non plus en mettant le premier les pieds à PARIA. Il ne se doutait pas qu'il foulait un sol continental et non une île, comme il l'avait cru...

Cela dit, il se pose une première question qui est de savoir pourquoi cette colonisation n'a pas eu de suites sur la vie économique de notre continent, alors que l'oeuvre de Colomb bouleversa la vie de l'Europe. Une deuxième question est pourquoi l'exploration de Colomb coûta la vie à des dizaines de millions d'Amérindiens et à 200.000.000 d'Africains, tandis que la colonisation des terribles Vikings ne laissa pas de tels souvenirs?

Pour répondre à ces questions il faut comprendre ce qu'a été la Renaissance : conquête du Monde, ère nouvelle, temps nouveaux, Nouveau Monde ! Foin des «ténèbres du Moyen Age», rien que des Lumières ! Chasse à l'Homme en Afrique, chasse à l'Homme en Amérique. Tout cela parce que la société marchande Européenne dès sa naissance au Xe siècle prit un aspect inhumain comme jamais cela n'avait été le cas avec d'autres sociétés marchandes ailleurs ; elle ne refusait pas que soit versé le sang pour réaliser de bonnes affaires. On fit couler le sang des Juifs et des «Infidèles», puis la Renaissance ayant apporté les moyens techniques, ce fut le tour des Africains, des Amérindiens et de tous les peuples de la terre.


Le même «phénomène» se reproduit donc avec Vasco Da Gama. Parti à son heure pour faire le tour de l'Afrique, ses résultats furent différents de ceux de ses prédécesseurs phéniciens. Ceux-ci partirent pour le compte du Pharaon Necho (609-598) de la Mer Rouge pour arriver en Méditerranée, en passant par le Cap de Bonne Espérance et les «Colonnes d'Hercule»(Hérodote I.202) comme on appelait alors Gibraltar. La différence entre Vasco Da Gama et les Phéniciens consista en ce que les prouesses de ces derniers ne coûtèrent la vie à aucun Africain. L'expédition portugaise, par contre, ravagea les cotes d'Afrique de l'Est, commençant par faire un ORADOUR flottant d'un navire arabe comble de pèlerins de retour de la Mecque 
qu'ils donnèrent en proie aux flammes (2), comme avaient fait les nazis des habitants d'Oradour-sur-Glane dans leur église.

1/. F.A.Kirkpatrick, LOS CONQUISTADORES ESPAÑOLES, Madrid 1960, page 26.
2/. Edgar Prestage, DIE PORTUGESISCHEN ENTDECKER, Goldmans Verlag, Munich, page 159. Traduit de l'anglais, titre original THE PORTUGUESE PIONEERS.

b) Faire fortune à tout prix.


Après ce long intermède revenons à Colomb pour parler de ses commanditaires. On a souvent parlé à tors de la Reine Isabel la Catholique mettant ses bijoux au «clou» pour obtenir les fonds nécessaires au financement de l'expédition. Cette légende ne peut effacer cependant, l'histoire, les noms, et la nature de ceux qui financèrent le premier voyage de Colomb. C'était des personnes en chair et en os que ceux qui risquèrent leur argent, espérant en retours s'enrichir même au prix de massacres. C'est au bout de sept ans que la Reine Isabel fut convaincue par son entourage que l'entreprise proposée par Colornb n'était pas une Chimère. Isabel la Catholique proposa alors à son Fermier Général, le richissime Luis de Santangel, de mettre ses bijoux en gage pour financer l'aventure «vers les Indes», ce qui créa cette légende. Son Fermier Général lui répond cependant :
«Il n'est pas nécessaire, Sérénissime Altesse, que Vous donniez Vos bijoux en gage. Il sera très petit le service que je rendrais à Votre Altesse en lui prêtant de ma caisse personnelle 1.000.000.» (1)

La somme offerte par de Santangel ne comblant que les deux tiers des frais prévus pour l'expédition, le troisième tiers (500.000 maravedis) fut avancé par les armateurs «Los Pinzones», comme on appelait les frères Pinzon de Palos, qui prirent personnellement part à l'aventure également dans l'espoir de s'enrichir. Isabel était surtout intéressée à étendre «aux Indes» l'emprise du christianisme, alors que Colomb, de Santangel et «Los Pinzones» n'avaient que des objectifs d'enrichissement personnel. Dans une de ses lettres aux rois catholiques, émouvante de sincérité, Colomb explique son comportement criminel envers les Indiens - récompense de leur cordiale hospitalité pour laquelle il ne tarit pas d'éloges dans son livre de bord :
«Je jure de nouveau», leur écrit-il, «que j'ai mis davantage de diligence à servir Vos Altesses qu'à mériter le Paradis.» (2)

Il était arrivé au Nouveau Monde le 12 octobre 1492 pour constater que les Indiens étaient des personnes «dociles et aimables, pacifiques et sans convoitise, aimant leur prochain comme eux-mêmes» (3). Cependant, le jour suivant son arrivée, dans une autre lettre aux rois catholiques, il montre sa «diligence à les servir» par la hantise de l'OR qui s'empare de lui. Il le cherche avec exaltation; il montre à tout indigène des échantillons d'or pour leur demander par des signes où on en trouve. Il n'avait pas pris le temps de méditer sur la grandiose prouesse qu'il avait accomplie, et le 15 du mois de son arrivée il écrivait déjà aux rois catholiques :
«à l'aide de Notre Seigneur, je ne manquerai pas de découvrir le lieu où il se trouve(l'or). (4)

L'essentiel était de savoir que l'or existait en ces lieux. Pour se le procurer, rien de plus facile en «christianiserait» les Indiens pour en faire de «dociles serviteurs», comme il les appela, pour leur faire arracher cet or aux entrailles de la terre ou recueillir dans les cours d'eau. Ce fut pour cela que, arrivé le 12 octobre au Nouveau Monde, dès le 13 on remarque déjà dans toutes ses lettres quotidiennes comment la fièvre de l'or s'empare de lui, sans jamais oublier, en pieux chrétien (!?), de faire de Dieu son complice dans sa besogne de chercheur d'or. Pour gagner cet or il fallait des esclaves, soit! on fera la chasse à l'homme. C'est pour cela, qu'à propos d'esclavage au bénéfice de l'industrialisation de l'Europe, on peut dire catégoriquement que Colomb fut le premier esclavagiste, le PIONNIER de la mise en esclavage des Indiens du Nouveau Monde. Deux jours après son arrivée chez les «dociles et pacifiques», comme il les appela, il écrit aux rois catholiques :

«Quand Vos Altesses en donneront l'ordre on pourra les amener tous en Castille ou les garder ici à l'Ile (l'Ile de La Española) en esclavage. Car avec cinquante hommes on pourra les tenir subjugués tous et en faire ce que l'on voudra.» (5)

1/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 170.
2/. Idem, tome II, page 27.
3/. Idem, tome I, page 204.
4/. Cristobal Colón, LOS CUATRO VIAJES DEL ALMIRANTE Y SU TESTAMENTO, éd. Espasa-Calpe, Madrid 1971, page 36.
5/. Idem, page 33.


c) Les crimes et le châtiment.


Il avait donc raison, Las Casas, de les appeler «douces brebis» puisque avec «cinquante hommes» on garderait «subjugué» tout un peuple, évalué par Colomb lui-même à plus d'un million. En homme qui avait de la suite dans les idées,
«Colomb envoya souvent un grand nombre d'Indiens à vendre comme esclaves en Espagne. En février 1495, par exemple, quelques 500 esclaves d'un âge allant de 12 à 35 ans, et en juin de la même année 300 autres.» (1)

C'était sa façon de répondre à la cordiale hospitalité que des hommes «aimables et sans convoitises» avaient réservée à son arrivée (comme on lira au chapitre «L'accueil fait à l'homme blanc par les Indiens »). On cherche toujours à excuser si non à justifier l'oeuvre des tueurs d'Indiens, de Noirs et autres «sauvages» avec l'argument de l'anachronisme de la critique. Cependant, les Indiens et leurs amis peuvent-ils pardonner Colomb alors qu'il dépassa même les méthodes nazis? Rappelons nous des otages exécutés en représailles pour la mort d'un soldat allemand exécuté par la Résistance! Colomb mit en pratique cette méthode dès son deuxième voyage au Nouveau Monde. Il inaugura ainsi les cruautés des conquistadores, comme il avait inauguré la mise en esclavage des Indiens. En avril 1494, son lieutenant Alonso de Hojeda - devenu par la suite un de ses pires ennemis - lui avait envoyé, enchaînés, le cacique d'une tribu voisine, ainsi que son frère et son neveu. L'accusation était que ce cacique n'avait pas puni les Indiens qui auraient volé des vêtements à des Espagnols. Colomb, sans même s'assurer du bien fondé de l'accusation, les fit décapiter tous les trois. Il n'avait pas fait cela pour le même motif que les Nazis, non parce qu'on avait tué un soldat allemand, mais à cause d'un supposé «vol de vêtements». Las Casas, biographe de Colomb, fait passer son amour de la Justice avant son admiration pour son héros, en écrivant au sujet de ce triple assassinat d'innocents,
«Ce fut la première injustice commise contre les Indiens, et le commencement d'une effusion de sang qui fut versée si copieusement par la suite.» (2)

Colomb, premier esclavagiste chez les Indiens, premier pour y commettre une injustice, premier pour l'effusion de sang d'innocents, écrit Las Casas. Ajoutons avec Juan Collier, premier aussi pour l'extorsion de tributs insupportables, pillage qu'il fut le premier à institutionnaliser :
«Il imposa aux individus à partir de 14 ans, aux familles, aux communautés et aux districts des tributs qui auraient été terribles pour n'importe quel genre d'habitants. Pour ces indigènes des Indes Occidentales, non habitués à travailler plus que l'indispensable pour leur genre de vie 'gentille et allègre', la charge résulta intolérable.» (3)

Tout cela était dans l'ordre des choses, car ni Colomb ni les conquistadores n'allèrent au Nouveau Monde pour y porter le christianisme ou la civilisation. Leur seul aiguillon était le pillage. Cependant, la Justice fut immanente! Tous les beaux rêves de Colomb se terminèrent pour lui par sa fin lamentable, sur la paille, humilié et criblé de dettes. Dans quel état d'âme a-t-il dû se trouver lorsque le gouverneur de 1'île La Española, Nicolas de Ovando, lui refusa l'asile sur cette île, à lui et à ses hommes naufragés. Colomb, qui avait découvert cette île, s'en voyait refuser l'accès après une dizaine d'années par le fonctionnaire d'une Couronne qu'il avait comblée. Il aurait dû faire alors une comparaison entre la conduite inhumaine d'Ovando envers des naufragés de ses compatriotes et l'hospitalité cordiale dont il avait joui, lui et son équipage, de la part du roi indien Guacanagarí, en circonstance similaire (4). S'il avait eu l'idée de faire cette comparaison, il se serait peut-être fait Indien au lieu de retourner en cette Europe des Nicolas de Ovando. Il aurait ainsi fait comme Gonzalo Guerrero (voir au chapitre « L'accueil fait à l'homme blanc par les Indiens ») pour l'absolution de ses péchés.

Il mourut le 20 mai 1506 «oublié» et abandonné de tous, trahi par le machiavélique roi d'Aragon Fernando, l'indigne époux d'Isabel La Catholique, grande reine protectrice des Indiens. Il mourut dans une chambre d'une sordide auberge de Valladolid, en contemplant, accroché à un pan de mûr, le dernier souvenir douloureux de sa Prouesse : les chaînes avec lesquelles des ingrats l'avaient lié pour le renvoyer en Espagne comme un vulgaire criminel - des ingrats auxquels il ouvrit pourtant la voie pour la conquête de grands Empires. Il avait sorti l'Europe de la Faim, mais il n'avait pas eu pour lui-même l'étoffe de ses ambitions. Il avait les dents longues mais ne savait mordre que les Indiens. On ne sait même pas aujourd'hui où, en vérité, fut enterré Christophe Colomb. Il n'est pas certain du tout que ses prétendus ossements gardés à Séville, après un périple séculaire à Saint-Domingue et La Havane, soient véritablement les siens. Ingrate Europe!! Son ennemi juré, l'évêque de Burgos Fonseca, président du Conseil des Indes, avait réussi à le faire «oublier» et faire passer les lauriers de la «Découverte» au complice de sa créature Alonso de Hojeda, Amerigo Vespucci.

Son dernier voyage aux terres qu'il avait explorées, le conduisit à la Martinique en mi-juin l502, et dura deux ans et demi d'explorations. Ce furent trente mois d'infortunés naufrages, rébellions de ses marins, famines et épidémies. Tout ceci durant des pérégrinations entre îles antillaises et continent Sud, à la recherche d'or et de perles, dans l'espoir de financer une petite folie : il voulait aller «libérer le Tombeau du Seigneur», c'est à dire remettre cela avec les croisades! Il faut croire que le Seigneur ne voulut pas que l'on recommence à massacrer des «Indiens» en Palestine en Son Nom (5). Le seul côté un peu sympathique de son personnage fut ce côté Don Quichotte!

1/. Richard Konetzke, ENTDECKER UND EROBERER AMERIKAS, Fischer Bücherei 1963, page 19. Retour ^
2/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 380. Retour ^
3/. Juan Collier, LOS INDIOS DE LAS AMERICAS, éd. FCE, Mexico 1960, page 99. Retour ^
4/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, pages 276 à 279. Retour ^
5/. Avant d'entreprendre ce dernier voyage, Colomb s'était adonné à un véritable mysticisme. Il composa même un livre, intitulé LE LIVRE DES PROPHÉTIES.

d) Un imposteur donne son nom au continent


Le mot AMERIQUE lui-même fut une escroquerie intellectuelle majeure du XVIme siècle, donnant le nom d'un imposteur et espion à deux continents. Sur le Continent au Nord de Panamá, le premier explorateur qui. marchant sur les pas de Colomb, y mit les pieds, fut l'Italien Giovani Cabotto, en 1497, pour le compte du roi d'Angleterre («John Cabot» pour les écoliers anglais...). Sur le continent au Sud de Panamá le premier qui arriva aux côtes de PARIA fut Christophe Colomb, en 1498. Mais ni l'un ni l'autre de ces deux continents s'appelèrent du nom de leurs explorateurs. Cette escroquerie se produisit parce que Colomb après son troisième voyage outre-atlantique de 1498, habitué durant six ans d'explorations des Antilles à ne rencontrer que des îles, appela Isla de Gracia les cotes Nord du continent Sud des Amériques, que ses aborigènes appelaient PARIA et qui fait aujourd'hui partie du Venezuela. Ayant découvert ces nouvelles terres, continentales, Colomb les cartographia et envoya ces cartes le 10 août 1498 aux rois catholiques. Leurs Majestés les remirent au président du Conseil des Indes Fonseca (un ennemi de Colomb), qui s'empressa à son tour de les communiquer à son favori le conquistador Hojeda, alors en Espagne. Hojeda ne perdit aucun temps. Appuyé par Fonseca il trouva des commanditaires qui financèrent quatre caravelles qui larguèrent les voiles en mai 1499 (un an après que Colomb ait «pris possession» de Paria «au nom de Leurs Catholiques Majestés») en emportant à leur bord Ameriggo Vespucci. Après avoir reconnu les terres cartographiés par Colomb, ils poussèrent 200 lieux plus loin vers le Sud, et retournèrent triomphants en Espagne avec un butin de 220 esclaves pris à la chasse à l'homme, de l'or, des perles, ainsi qu'un manuscrit en latin d'Ameriggo Vespucci, intitulé NOVUS ORBIS : Nouveau Monde. (1)

Ayant été écrit en latin, «lingua franca», langue internationale d'alors en Europe, ce manuscrit se propagea sur tout le continent européen assoiffé de nouvelles des «Indes», comme appelaient alors les Espagnols ce que nous appelons aujourd'hui Amérique. Parmi les premiers lecteurs de Novus Orbis se trouva un allemand, un certain Waldseemüller (2) qui, se basant sur les manipulations de dates du faussaire Ameriggo prétendant que son voyage avait eu lieu en 1497 (un an avant celui de Colomb), proposa qu'on appelât désormais ces terres AMERICA, ce qui fut fait par les Européens au Nord des Pyrénées. Les Espagnols continuèrent à appeler leurs colonies LAS INDIAS.

Qui était l'imposteur Florentin Ameriggo Vespucci ? D'après l'historien anglais Edgar Prestage, se référant aux travaux du professeur italien Magnaghi, Ameriggo aurait été un espion des Médicis chez les Espagnols, tout en espionnant les Portugais pour le compte des rois d'Espagne. A cette époque les espions se cachaient dans la peau de marchands (Ameriggo était un marchand d'épices) comme ils se cachent parfois aujourd'hui dans celle de diplomates.

1/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome II, pages 36-39, 115-120, 134, 140-142, 213, 374.
2/. Il avait latinisé son nom en Hylacomylus.
 
I. 3/. L'ACCUEIL FAIT À L'HOMME BLANC PAR LES «INDIENS»
Les conquistadores pris pour des dieux…

«Il (le roi d'une île que visita Colomb) me dit que s'il y avait ici quelque chose qui me plaisait, toute l'île était à ma disposition.» (1)

On lit cela dans le journal de bord de Colomb, du 18 décembre de l'année de son arrivée aux Antilles. Le 30 du même mois, invité par le roi d'une autre île, il fut reçu dans une telle ambiance de cordiale hospitalité que ce roi enleva de sa tête sa couronne pour la poser sur celle de son hôte (2). En pleine euphorie! C'est cela qui fit écrire au vainqueur de la «Mer Ténébreuse» aux rois catholiques :
«Ce sont des gens très aimables et sans convoitises. Je certifie à Vos Altesses qu'il n'y a pas au Monde de meilleurs gens. Ils aiment leur prochain comme eux-mêmes et ont de très bonnes moeurs.» (3)

Ce qui n'empêcha nos barbares Européens de salir leur mémoire, après les avoir exterminés, les traitant de «sodomites» et de «voleurs». Dans une lettre adressée par Colomb à ses souverains on peut lire que :
«Ces gens-là sont si dociles et pacifiques qu'il n'existe pas de meilleure nation au Monde. Ils aiment leur prochain, et leur langage est toujours doux et accompagné de sourire. Ils doivent être de bons serviteurs; intelligents, je crois, car ils répètent très vite tout ce que je leur dis.» (4)

Quand, ils virent arriver Colomb et ses compagnons à Guanahaní (5), ils les prirent pour des hommes descendus du ciel, dans le sens propre du mot. Ils se criaient de hutte en hutte : «Venez voir les hommes qui descendent du ciel. Apportez-leur à manger et à boire» (6), et
«Beaucoup d'hommes et de femmes allèrent leur portant chacun ce qu'ils avaient, se jetant au sol et levant les mains au ciel. D'autres allaient vers les «maisons qui vont sur l'eau» porter des perroquets, des pelotes de coton filé et autres choses.» (7)

Ils ne connaissaient d'autres armes que des petites fléchettes armées d'arêtes de poissons, juste bonnes pour la chasse au petit gibier et la pêche. Les habitants de Guanahaní vivaient sans travailler plus que chasser, pêcher ou cueillir des fruits pour leur subsistance. En les mettant au travail forcé on les anéantit totalement. On les mit d'abord au travail pour déboiser, afin de faire des plantations de coton pour l'Europe. Résultat du déboisement? Les vents desséchèrent le sol, et cette île est aujourd'hui un DÉSERT! Un phare très puissant - le progrès! - la domine maintenant, éclairant les marins à une distance de 34 km. Pauvre Guanahaní! Pauvres Lacayos! «Douces brebis» comme les appelait Las Casas. Guanahaní, appelée San Salvador par Colomb, fut re-débaptisée par les Anglais (quand ils en chassèrent les Espagnols) en Watlings Island. À quand le pèlerinage à l'ex-Eden des Lacayos devenu le désert Watlings Island? Des pèlerinages avec de grandes banderoles portant l'inscription : «Le Ventre de l'homme blanc reconnaissant à Christophe Colomb». Mais qu'importe le désert puisque nous avons donné à cette île des noms civilisés? Comment peut-on s'appeler Ganahaní? «Comment peut-on être Persan?»

Partout les Indiens reçurent de la même façon les premières arrivées d'«hommes blancs barbus». Sur les côtes nord d'Amérique du Sud par exemple, quand en 1498 Colomb
«se dirigeant vers l'Équateur pour découvrir des régions aurifères, il arriva au Golfe PARIA dont les habitants portèrent aux étrangers des aliments et des perles en abondance.» (8)

Plus au sud, quand les Portugais posèrent pied pour la première fois sur la terre qu'ils appelèrent Brasil - avec l'expédition Cabrai - «...que les marins portugais cherchent du bois ou qu'ils lavent leur linge, immédiatement le petit peuple basané offrait son aide» (9). Tout comme au Brésil, les Peaux-Rouges d'Amérique du Nord sauvèrent souvent du froid et de la faim les Anglo-Saxons nouvellement arrivés, en leur donnant des conseils pour la pêche et la chasse et en les réconfortant de ce dont ils avaient, ainsi qu'en les aidant à se construire des cabanes propres à hiverner : «Plus d'une fois une colonie anglaise fut sauvée de la mort parce qu'elle fut approvisionnée à temps par des tribus voisines d'Indiens» (10). On lira au chapitre du «Dragon Anglo» comment les descendants directs de ces Anglo-Saxons témoignèrent leur reconnaissance envers les descendants des bienfaiteurs de leurs ancêtres. Il en fut ainsi partout, tant en Amérique du Sud que du Nord. Cet accueil cordial ne fut pas le fait que de tribus et de roitelets. Que ce soit chez l'Inca Atahualpa au Pérou ou chez le Tlatoani (11) Moctezuma des Aztèques, partout l'homme blanc fut reçu chaleureusement.

Moctezuma, maître d'un grand Empire, avait comblé les conquistadores à leur arrivée sur ses terres. Chez les Mexicains précolombiens, il y avait une légende très populaire de «Dieux Barbus» qui auraient visité jadis leur pays venant «du côté où se lève le soleil» et seraient repartis en promettant de revenir un jour. S'agissait-il d'un des contacts évoqués au chapitre « Les Amérindiens précolombiens : Apports à l'Europe, origine et religion » ou au chapitre
« Christophe Colomb et sa prouesse : La non-Découverte de l'Amérique »? Quand les Mexicains virent donc pour la première fois les conquistadores, ils s'écrièrent : «voici nos Teules revenus » (12)

Lorsque les hommes de Cortés se pavanèrent sur la plage, montés sur leurs chevaux, ils furent pris pour des «Teules» centauriens (13), des divinités formant homme et bête en un seul corps. Les ambassadeurs de Moctezuma qui vinrent leur souhaiter la bienvenue en les comblant d'offrandes en or, cotonnades, perles fines et divers objets d'art, se prosternèrent devant eux, leur brûlant de l'encens comme ils avaient coutume de le faire pour leurs dieux. Lorsque Cortés fit tirer quelques coups de bombardes pour les impressionner, ils se couchèrent au sol paniqués, croyant que les «dieux» qui venaient d'arriver faisaient du tonnerre. Sahagún su le mieux nous décrire l'état d'âme et l'émotion du Tlatoani des Aztèques, quand il se trouva face à Cortés, lui disant :
«Oh, notre seigneur! Soyez le très bienvenu. Vous êtes arrivés sur vos terres, chez votre peuple, chez vous au Mexique (...). Je ne suis pas en train de rêver, je vois votre face et votre personne. Vous êtes sorti des nuées et du brouillard, lieux qui nous sont cachés à nous mortels (...). Soyez les bienvenus, reposez-vous maintenant en ces palais qui sont les vôtres.» (14)

Pour Moctezuma, Cortés était son dieu Quetzalcoatl, le Messie dont ils attendaient le retour. Lui-même ne se croyait que l'incarnation passagère de Quetzalcoatl, tandis que Cortés était à ses yeux son Dieu en chair et en os. D'après le recueil de manuscrits indigènes datant de la conquista et connus sous le nom de «Codice Ramirez», à l'arrivée de Cortés à Mexico,
«Les Indiens s'agenouillaient et les adoraient comme des fils du Soleil, leur dieu, et disaient que le temps prédit souvent par leur empereur Netzahualpitzintli était arrivé. C'est ainsi qu'ils (les conquistadores) entrèrent se reposer dans le palais impérial.» (15)
Dans un autre manuscrit indigène, connu sous le nom de «Anonimo de Tlatelolco», et dont l'original se trouve à. la Bibliothèque Nationale de France, revient plusieurs fois l'expression «écoute Dieu» à l'adresse de Cortés, de la part de caciques vassaux de Moctezuma (16).

On doit ici une explication au lecteur qui se posera avec raison la question de savoir comment Mexicains et Espagnols pouvaient se comprendre. Cela vaut donc la peine d'ouvrir une parenthèse sur la question des interprètes, qui est également caractéristique de l'accueil fait en général par les Indiens à l'homme blanc. Les communications inter langues se firent par le truchement de deux interprètes : un Espagnol, Jeronimo de Aguilar, parlant le maya et une Indienne nommée Malinche parlant sa langue maternelle le náhuatl, qui était celle des Mexicains, et également le maya. Ainsi Malinche traduisait à Aguilar du náhuatl au maya, et lui du maya à l'espagnol.
Ce qui est intéressant est comment Aguilar apprit le maya. Naufragé sur les côtes de Yucatan quelques années avant l'arrivée de Cortés Mexique, avec quelques autres Espagnols «captifs», ils furent répartis entre différentes tribus. Quand Cortés arriva le long des côtes de l'Empire de Moctezuma, son armada rencontra une embarcation montée par des indigènes. À la surprise générale, un «Indien» de l'embarcation, qui n'était autre que Aguilar, parlait espagnol. Grandes embrassades, et Aguilar heureux de se retrouver avec des compatriotes. Il leur demanda d'aller voir un de ses compagnons, captif comme lui à quatre lieux de la côte, pour lui demander de les rejoindre également. Le «captif» en question(Gonzalo Guerrero), d'«esclave» devenu cacique de sa tribu, marié à une Indienne et père de trois enfants, refusa de suivre Aguilar, préférant rester au sein de sa famille indienne et à la tète de ceux qui le nommèrent cacique. (17)

Gonzalo Guerrero fut un parangon de l'Éthique Las Casas. Il s'était fait indien et avait mit au service des Indiens ses talents militaires, en se battant jusqu'à la mort à leur tète contre ses propres compatriotes. Ce que fit le Père Las Casas avec sa plume, Gonzalo Guerrero le fit avec son épée. Ce qui fait honneur à l'Espagne est qu'il ne fut pas le seul Espagnol à avoir embrassé la noble cause de la défense de l'agressé contre les agresseurs, de l'opprimé contre les oppresseurs. Contrairement à Guerrero, Aguilar se fit complice de Cortés, l'ingrat! Avec Aguilar et Malinche (18) Cortés, en mettant pour la première fois les pieds sur la côte du Mexique, n'était pas armé que de bombardes, d'espingoles et de lourdes épées. Il était également muni de l'aide précieuse de deux interprètes pour lui traduire le culte de sa déification.
Cette déification des conquistadores à leur arrivée au Mexique se reproduisit plus tard au Pérou. Selon la mythologie inca, un Inca rêva une nuit d'un homme qui «avait de la barbe au visage, à la différence des Indiens qui sont généralement imberbes, et était vêtu jusqu'aux pieds, au contraire des Indiens qui ne sont habillés que jusqu'aux genoux. C'est à cause de cela qu'ils appelèrent «Viracocha» les premiers Espagnols arrivés au Pérou.» (19)
Ayant vu arriver Pizarro et ses hommes, ils les prirent pour leur Dieu Viracocha et sa suite. C'est comme Dieux que les Indiens accueillirent partout nos barbares Européens qui se comportèrent, eux, en tout lieu, comme de vulgaires brigands de grands chemins. Comme s'ils n'étaient pas des êtres humains ceux qui habitaient ces terres, qui portaient des noms bien à elles, on appela les violations de domicile d'autrui Nouvelle Espagne, Nouvelle Angleterre, Nouvelle Ecosse, Nouvelle France, Nouvelle Amsterdam.
L'amabilité, le gentillesse, l'hospitalité et l'esprit de solidarité qu'avaient témoignés les habitants du Nouveau Monde aux «hôtes», du Sud comme du Nord de cet immense continent, sont un terrible acte d'accusation contre notre civilisation dans son ensemble, et non contre telle ou telle nation européenne en particulier. Nous sommes tous des Barbares, malgré notre «Présomption d'être civilisés» comme écrivait Bernardino de Sahagún, confirmé par le grand Montaigne.

1/. Christophe Colomb, LOS CUATRO VIAJES DEL ALMIRANTE Y SU TESTAMENTO, éd. Espasa-Calpe, Madrid 1971, page 95.
2/. Idem, page 104.
3/. Idem, page 109.
4/. Cité par Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 204.
5/. C'est là que Colomb mit pour la première fois pied à terre en arrivant au Nouveau Monde.
6/. Christophe Colomb, LOS CUATRO VIAJES DEL ALMIRANTE Y SU TESTAMENTO, éd. Espasa-Calpe, Madrid 1971, page 33, journal de bord du 14/10/1492.
7/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 208.
8/. Rafael M.Granados, HISTORIA DE COLOMBIA, Medellin 1953, page 73.
9/. Edgar Prestage, DIE PORTUGESISCHEN ENTDECKER, Goldmans Verlag, Munich, page 153. Traduit de l'anglais, titre original THE PORTUGUESE PIONEERS.
10/. Charles & Mary Beard, A BASIC HISTORY OF THE UNITED STATES, éditions The New Home Library, Philadelphie 1944, page 25.
11/. TLATOANI, chef de la Confédération de tribus mexicaines sous l'hégémonie des Aztèques.
12/. TEULES, prononcer téoulés, qui en leur langue signifiait «dieux».
13/. On ne connaissait en Amérique ni chevaux, ni ânes, ni moutons, ni chèvres. ll y avait par contre d'autres animaux inconnus Europe, tels que le lama, le bison, la dinde, etc. Cependant, la faune dans son ensemble était plus pauvre que de ce côté de l'Atlantique.
14/. Fray Bernardino de Sahagún, HISTORIA GENERAL DE LAS COSAS DE LA NUEVA ESPAÑA, Mexico 1946, tome III, pages 41 à 42.
15/. RELACIONES INDIGENAS DE LA CONQUISTA, éd. UNAM, Mexico 1959, page 71.
16/. Idem, page 163.
17/. Bernal Díaz del Castillo, HISTORIA VERDADERA DE LA CONQUISTA DE LA NUEVA ESPAÑA, Mexico 1955, page 59.
18/. MALINCHE est aujourd'hui au Mexique un péjoratif désignant un Mexicain au service de l'étranger. En France nous dirions un «collabo».
19/. Garcilaso de La Vega, COMENTARIOS REALES, Livre IV, page 378.


a) Origine et moeurs.


«Hernando de Soto était vraiment un caballero, et peut-être l'unique coeur noble parmi les cent soixante dix Espagnols qui firent prisonnier le Fils du Soleil.» (1)
Le jugement porté ci haut sur ces hommes par le poète national du Pérou vaut pour l'ensemble des conquistadores, parmi lesquels les «caballeros» étaient une variété rarissime. Pourquoi? Espagnols, Hispaniques et hispanistes sont tous d'accord sur le fait que ce sont les huit siècles d'occupation arabe de la Péninsule qui façonnèrent ces hommes. Cependant, là où tout le monde n'est plus d'accord, c'est sur le COMMENT cette occupation arabe influença leur esprit. Pour les uns, les Arabes sont coupables d'avoir importé en Espagne des moeurs de brigandage : le traditionnel narcissisme européen. Pour les hommes qui envisagent ce problème objectivement, la répercussion de l'occupation arabe fut d'un tout autre ordre. Salvador de Madariaga, qui, tout en analysant la mentalité conquistador d'un point de vue espagnol, est tout de même assez objectif pour définir honnêtement les circonstances dans lesquelles s'est forgée l'Éthique conquistador, le fait de façon admirablement claire :

«Pendant sept siècles, l'unique profession qu'un Espagnol viril croyait correspondre à sa dignité, était la lutte contre l'infidèle. Cependant, cette lutte contre les Maures n'était pas seulement une croisade religieuse, mais aussi une profession économique. Il n'y avait pas de Hidalgo plus riche d'orgueil que d'avoirs, qui ne susse qu'au delà de la colline voisine, à deux, dix, ou vingt lieux de sa terre sèche et avare, existaient des domaines et des villes maures qu'il pouvait 'gagner' en se lançant simplement par une 'Entrada'(pénétration par assaut), se faisant d'un seul coup riche propriétaire foncier, et, par là, membre de la noblesse. L'épopée du Cantar de Mio Cid est un fidèle reflet de cet aspect économique de la croisade séculaire. Exilé et pauvre, le Cid conquiert Valencia et devient riche.» (2)

C'est exactement ce que fit au Mexique le héros de Madariaga, Cortés. Comme le Cid, de truand-sans-terre-et-sans-feu, Cortés devint par son «Entrada» Marquis Del Valle et seigneur de 23.000 vassaux.

Ces «Entradas» de la «Reconquista» (3) se répétèrent tout du long de la Conquista. Pedro Pizarro nous les dépeint de façon magistrale, dans une de ses chroniques, à l'occasion de l'«Entrada» des Hidalgos à Coaque, au Pérou :
«Nous les avons assaillis par surprise, épée en main, car s'ils avaient été prévenus de notre arrivée nous n'aurions pas trouvé tant d'or et tant de pierres précieuses.» (4)

C'était cela le comportement hérité du Cid. Pas celui de Corneille à l'âme bien née, emprunté au folklore espagnol, mais le vrai, l'historique, celui de l'impitoyable Clio (muse de l'Histoire), démolisseuse des charmants rêves de Polymnie(muse de la poésie lyrique). Les ENTRADAS qu'on avait coutume de faire chez les «Infidèles» on les continua chez les «sauvages». Comme écrit historien espagnol Americo CASTRO (5)
«Les coutumes du peuple errant (les Hidalgos) contractées durant la Reconquista possaient les Espagnols à profiter de la richesse minière et agricole des Indes (occidentales), en exploitant le travail des indigènes comme (on faisait) jadis dans les royaumes chrétiens (des Espagnes) du labeur des Maures et des Maurisques (6)

Aux analyses de Madariaga et de Castro il conviendrait d'ajouter une autre explication : la mentalité conquistador plonge autant ses racines dans l'ambiance hors-la-loi qui régna dans la Péninsule pendant deux siècles avant l'arrivée des Arabes. Cette ambiance ne fit son apparition qu'avec l'invasion des Wisigoths apportant des moeurs inconnues avant leur arrivée.

Les Wisigoths ne connaissaient pas la monarchie héréditaire. Cela faisait de la confrérie des chefs militaires un vrai «Panier de Crabes». A la mort de leur roi, assassiné la plupart des temps, on élisait un nouveau souverain (comme chez les Francs avant Clovis) sans se préoccuper de son ascendance - il n'y avait que la valeur militaire qui comptait. Tout grand militaire qui ambitionnait à ceindre la couronne n'avait qu'à se conformer à la loi de la jungle. S'il y réussissait, il était couronné roi. S'il y échouait, le sort qui lui était réservé était celui d'
«Argimundo, qui aspirait à ceindre la Couronne, subit l'affront ignominieux d'être promené à travers les rues de Toledo monté sur un âne, avec la tête tondue et la main droite coupée, exposé aux railleries de la plèbe. Après quoi il fut condamné à mort.» (7)

C'était les moeurs qui régnaient alors au pays qu'on appelle aujourd'hui Espagne. Ces moeurs ne les empêchaient d'ailleurs pas d'être de pieux bâtisseurs de Cathédrales. On n'a jamais demandé au bon Dieu s'il n'aurait pas préféré les huttes d'Indiens aux Cathédrales gothiques, construites toujours avec l'arrière pensée de Lui demander quelque chose en échange : gagner une bataille par exemple...

Voyons maintenant une préfiguration, en Espagne, de ce qui se passa plus tard en Amérique entre conquistadores, en matière de «Panier de Crabes». Le dernier des rois wisigoths fut Rodrigo. Il périt dans les eaux de Guadalete en se battant vaillamment (comme un roi wisigoth) contre les armées arabes; des Arabes appelés en Espagne par le comte wisigoth Julián et l'évêque également wisigoth Opas, parents du roi détrôné Witiza, que Rodrigo avait renversé en lui crevant les yeux, imitant en cela sa victime qui était montée sur le trône en crevant les yeux de son prédécesseur, le roi wisigoth Teodotredo (8), Père de Rodrigo. Une vraie histoire de Wisigoths...

Ce fut cette atmosphère traditionnelle qui couva la gente conquistadore, atmosphère à laquelle surent échapper des grands rois tels que Fernando III (San Fernando), le savant roi Alfonso X (Alphonse le Sage), ainsi que la grande reine Isabel la Catholique. Les conquistadores ne prirent cependant pas modèle sur ces grands rois. Ils voulurent se mettre à leur propre compte, comme les hijos de algo («fils de quelque chose», qui donna par contraction Hidalgo, noble espagnol), décrits plus haut par Salvador de Madariaga.

La Conquista en Amérique, enfant naturel de la «Reconquista», était le terrain où les rêves des aspirants à la Hidalguia n'étaient plus des Moulins à Vent de Don Quichotte. Que ne se racontaient-on alors dans les chaumières d'Estrémadure sur les montagnes en pierres précieuses, les jupes des Indiennes en perles fines, l'or et l'argent à ramasser à la pelle, les innombrables esclaves à vous servir! Dépassés, les Contes des Mille Et Une Nuit! L'Amérique était ce pays qui avait fait de l'estrémadure Pizarro (qui ne savait même pas signer les documents que lui soumettaient ses secrétaires d'État), le Marqués de Los Atavillos, Don Francisco Pizarro, et par là Maître absolu d'un Empire possédant à lui seul plus d'or que toute l'Europe réunie. Qu'il ait fini sa carrière vertigineuse lardé de coups de poignards dans son palais par la bande rivale, c'est là une autre affaire, une affaire de moeurs wisigoths des grands hommes de la Conquista, la gent Gran Capitanes.

Au diable la noblesse de naissance; encore moins la noblesse du Savoir. Il n'y avait que la noblesse de l'épée et du poignard qui comptait. L'Estrémadure, la patrie de Francisco Pizarro, qui fut une pépinière de conquistadores, était la province la plus déshéritée des Espagnes d'alors, mais pas la plus pauvres en «Capitanes de la Conquista». Malgré tout, L'Estrémadure c'était surtout les miséreux, pas les criminels. Il y eut en effet des criminels de droit commun, des assassins, des condamnés à mort qu'on envoya aux colonies pour christianiser les Indiens (9). Las Casas mentionne l'ordonnance royale du 22 juin 1497, promulguée à Medina del Campo en réponse à une demande de Colomb, sollicitant de Leurs Majestés :

«qu'elles veuillent pardonner les délits des malfaiteurs à condition qu'ils viennent servir en cette Ile (La Española) sous les ordres de l'Amiral (Colomb)...qu'elles usent de clémence envers toute personne, hommes et femmes, délinquants ayant commis n'importe quel crime, mortel ou de blessure...» (10)

1/. Ricardo Palma, TRADICIONES PERUANAS COMPLETAS, Madrid 1961, page 10.
2/. Salvador de Madariaga, HERNÁN CORTÉS, Buenos Aires 1958, page 146.
3/. RECONQUISTA : on appela «reconquête» la guerre que des Espagnols chrétiens firent aux Espagnols musulmans, pour les chasser d'une terre qu'ils n'occupaient pas à moindre titre que les Wisigoths, autant envahisseurs de l'Espagne que les Arabes...
4/. Pedro Pizarro cité par William H.Prescott dans THE COMPLETE WORKS, London 1896, volume V. page 288.
5/. REALIDAD HISTORICA DE ESPAÑA, Editorial Porrua, Mexico 1966, page 301.
6/. On appelait «Moriscos» les Espagnols musulmans restés chez eux après l'expulsion de leurs coreligionnaires par Felipe III (destructeur avec cette expulsion de l'agriculture et du commerce espagnols) en acceptant de se convertir au christianisme.
7/. Modesto Lafuente, HISTORIA GENERAL DE ESPAÑA, Barcelone 1887, tome II, page53.
8/. Idem, page 83.
9/. Ce que firent d'ailleurs TOUS les colonialistes d'Europe, particulièrement en Australie et en Nouvelle Angleterre.
10/. Las Casas, HISTORIA DE LAS INDIAS, Fondo de Cultura Económica, Mexico 1951, tome I, page 437.


b) Combats fratricides.


Voici maintenant un petit résumé des moeurs que fit régner dans la colonie la gent conquistadore : le gouverneur Pedrarias fit trancher la tête de son gendre et néanmoins rival en banditisme, Vasco Nuñez de Balboa. Celui-ci avait pourtant été le premier européen à mouiller ses bottes sur la rive occidentale de Panamá, prenant ainsi «possession» de l'Océan Pacifique (appelé alors «mer du sud» ) au nom de Leurs Catholiques Majestés. Malgré «avoir fait couper la tête de son gendre l'Adelantado Vasco Nuñez de Balboa» (1), Pedrarias alla certainement embrasser sa fille et ses petits enfants, devenus orphelins par les Hautes Oeuvres de Pépé, un pépère octogénaire!!

Au même moment, plus au Nord, Cortés investissait la Gran Tenotchtitlán, pour mettre aux pieds de Charles Quint un immense Empire. En récompense, le gouverneur de Son Impériale Majesté à Cuba, Velazquez, envoya le falot personnage Pánfilo de Narvaez à la tête d'une armée pour s'emparer de lui et le condamner comme «traître à Sa Majesté». La première chose qu'entreprit alors l'envoyé de Velazquez arrivant sur le continent, fut de faire adhérer les tribus indigènes à une guerre contre le conquistador concurrent Cortés, leur promettant tout pour obtenir leur alliance. Cortés, un brigand d'un autre calibre que le minus habens Narvaez, informé à temps par ses barbouzes, intrépide, prend Pánfilo de vitesse en le surprenant traîtreusement dans son lit. Il le fait prisonnier et évite ainsi la «catastrophe» (qui n'en aurait pas été une pour les Indiens) qui aurait coûté la vie à toute la bande de Cortés qui aurait été probablement sacrifiée sur les autels du dieu aztèque de la guerre Huitchilopotchtli.

Les cas au cours desquels les conquistadores se firent la guerre comme les roitelets des Espagnes se la faisaient du temps des Wisigoths, en s'alliant à des roitelets arabes de la Péninsule, sont si nombreux qu'on ne pourrait les énumérer ici. On appela, par euphémisme, «guerres civiles» ces batailles que se livraient les bandes rivales. Sous la pression de personnalités, informées par les ordres religieux de la conduite barbare de leurs compatriotes au Nouveau Monde, en violation des Lois Pour Les Indes, la Couronne envoya au Pérou comme premier Vice-Roi le vieux Blasco Nuñez. On espérait que, par le prestige de son investiture et par respect pour son âge, LAS LEYES PARA LAS INDIAS, destinées à adoucir le sort inhumain fait aux Indiens, seraient enfin respectées. Gonzalo Pizarro, que son frère anobli en «Don Francisco» avait nommé gouverneur du Pérou, livra bataille au Vice-Roi envoyé par Madrid, le fit prisonnier, puis décapiter. On promena sa tête de vieil homme à barbe blanche au bout d'un pic, pour que chacun puisse lui arracher des poils comme «porte-bonheur». Charles Quint «encaissa», comme il encaissait le QUINTO (2). La Couronne envoya des représentants pour voir d'un peu plus près la conduite de Cortés :

«Cristobal de Tapía, envoyé comme gouverneur et juge enquêteur, n'a pu remplir ses fonctions à cause de l'opposition qu'il rencontra chez les conquistadores, qui, à la fin, le chassèrent du pays. L'envoi de l'inspecteur Luis Ponce n'eut pas plus de résultats car la mort l'emporta à peine arrivé à Mexico, et beaucoup affirmaient que c'est à un crime de Cortés que devait être attribué un aussi funeste évènement. Le même soupçon naquit suite à la mort subite du gouverneur de Pánuco, Francisco de Garay. Le successeur de Luis Ponce, Marcos de Aguilar ne lui survécu pas longtemps non plus. Ce concours de circonstances, provoqué à dessein pour détruire tous ceux qui auraient pu porter ombrage à l'autorité de Cortés, semblait étrange.» (3)

Un vrai Panier de Crabes, sur le modèle wisigoth! Ponce de León, célèbre par ses massacres à Puerto Rico, de Garay, calamité des Indiens de Pánuco par sa chasse à l'homme, Cortés, coupeur de mains d'Indiens, réglaient leurs comptes en «Gran Capitanes de la Conquista».

Sur le nombre des conquistadores il y eut aussi quelques rarissimes et sympathiques Don Quichottes qui crurent sincèrement au prétexte de la «christianisation». Parmi ces Merles Blancs, le plus sympathique est sans doute Alvar Nuñez Cabeza de Vaca. Qu'ont fait les autres conquistadores à cet honnête homme qui ne rêvait que de «hazañas» (prouesses) et non de banditisme? Il fut d'abord leur supérieur hiérarchique, nommé par Charles Quint gouverneur général de la province de Rio de La Plata. Lorsque ses administrés s'aperçurent qu'on ne pouvait pas le corrompre pour être libre de faire ce que l'on voulait des Indiens, qu'il cherchait même à mettre un frein à leur banditisme et à leur immoralité, la conspiration monta pour sa perte. Ils l'arrêtèrent comme «traître à Sa Majesté», le mirent aux fers, et le renvoyèrent à Madrid en essayant, en cours de route, de l'empoisonner au réalgar (4). Alvar Nuñez était l'autre Espagne, perdue dans la jungle des soi-disant porteurs du «flambeau de notre civilisation»(!?). Ces Don Quichottes furent si peu nombreux!

Il y eut de nombreuses batailles rangées, de vraies guerres, entre conquistadores rivaux. La plus célèbre fut celle des ex-frères d'armes contre les Incas, Pizarro et Almagro. Ceux-ci se sont battus pour le partage des dépouilles incas avec une telle sauvagerie, que les Indiens, les voyant faire de loin, furent épouvantés de leur férocité. Les uns partaient à l'assaut aux cris de «Pour le Roi et Pizarro», les autres criaient plus fort «Pour le Roi et Almagro». A la fin, les hommes de Pizarro firent «justice» du vieux tigre Almagro. Plus tard, les hommes de Almagro firent également «justice» de Pizarro, en l'égorgeant dans son Palais de Lima. Le Marqués de Los Atavillos finit sa carrière, lardé des coups de plusieurs poignards, ceux de ses ex-complices, comme dans un règlement de comptes d'hommes du milieu. Pour payer leur tribu à la pudeur, les historiens appelèrent ces règlements de comptes des «guerres civiles». Le poète national du Chili Pablo Neruda les appela par leurs vrais noms :

«Almagros et Pizarros et Valverdes (5)
s'entre poignardaient en se partageant
les trahisons acquises.
Se volaient l'or et les femmes...
Centaures tombés dans la boue
de l'avidité...» (6)

Le chantre espagnol de La Araucana, témoin oculaire des massacres d'Indiens, écrit à propos du tueur d'Araucans Valdivia : «C'est l'avidité qui fut la cause de tant de guerres». (7)

Les conquistadores prétendaient aller au Nouveau Monde pour «combattre les faux dieux» et porter aux Indiens la vraie Foi. Ils ne respectèrent cependant l'Eglise de «leur» Foi que lorsqu'elle n'était pas un obstacle à leurs besognes. Autrement, sus à ses prêtres! Si un de leurs rivaux risquait de subir leur «justice» et allait, pour leur échapper, chercher Asile à l'Autel d'une Eglise, ils bousculaient prêtres et moines pour récupérer le «coupable», à punir «au nom de Sa Majesté». C'est ce qui se passa un jour dans l'Eglise du Couvent de San Francisco à Tlaxcala, au Mexique. Les conquistadores firent irruption pour y arracher deux de leurs victimes en maltraitant et brutalisant les prêtres qui voulaient défendre l'Asile de leur Maison de Dieu. Cela se fit au scandale des Indiens récemment convertis, qui étaient habitués dans leur religion à plus de respect pour les Temples et ses prêtres. De ces «coupables à punir» enlevés de force à l'Autel de l'Eglise, l'un fut pendu, puis écartelé; à l'autre ils coupèrent un pied. C'était là le spectacle des moeurs «chrétiennes» donné aux Indiens. Devant ce scandale, moines franciscains et dominicains, avec à leur tête Mgr Sumarraga, partirent en procession pour protester contre des moeurs discréditant leur apostolat. Nos Hidalgos attaquèrent la procession à coups de lances, dont une manqua de justesse l'archevêque du Mexique Zumarraga (8). Que restait-il alors d'autre aux religieux que les armes de leur sacerdoce? Le jour de Pentecôte, Zumarraga charge le prédicateur Antonio Ortiz de les sermonner du haut de la Chaire de son Eglise. Mal en prit au pauvre moine! Delgadillo le fit descendre brutalement de sa Chaire, en pleine Messe, et traîner par ses habits sacerdotaux... (9)

Était-ce là des Espagnols? Oui! Mais ils étaient surtout représentatifs de l'Europe de la Renaissance.  
Ce fut un concours de circonstances qui fit que se soient des Espagnols. Si, en effet, un autre roi d'Europe avait donné suite aux offres de Colomb, d'autres européens auraient peut-être fait encore «mieux». C'est d'ailleurs ce qui c'est produit plus tard en Amérique du Nord avec les Peaux-Rouges. Au lieu d'un Las Casas pour les freiner, il n'y eut que le théologien calviniste Cotton Mathers pour les encourager. En Amérique hispano-lusitane au moins, la plupart des Indiens survécurent. L'explication ne tient pas seulement aux différences de structures économiques entre Espagne, Portugal et le reste de l'Europe, mais aussi à une Éthique et à des hommes différents produits par cette Éthique. Ceux-ci, au contant direct de l'Orient (comme on lira au chapitre suivant) surent mieux protéger le christianisme de sa germanisation (10). Americo Castro, auteur de LA REALIDAD HISTORICA DE ESPAÑA, y faisant allusion écrit : «christianisme modifié par l'Orient». Ne serait-il pas plus juste d'écrire «régénéré par l'Orient, retourné à sa Source»? Laissons le soin de la conclusion à un sauvage Indien répondant aux offres de conversion d'un moine.

«Voyez-vous, mon Père, vous êtes chrétiens parce que Dieu naquit parmi vous, étrangers; mais s'il s'était incarné parmi nous, c'est nous qui aurions été chrétiens, et aurions été meilleurs que vous. Parce que vous versez du sang, vous faites des guerres et vous êtes cruels.» (11)

1/. Pedro Cieza de León, LA CRONICA DEL PERÚ, Buenos Aires 1945, page 49.
2/. QUINTO : le cinquième des rapines, envoyé par les conquistadores à la Couronne.
3/. J.Garcia Icazbalceta, FRAY JUAN DE ZUMARRAGA, Buenos Aires 1952, page 24.
4/. Pero Hernandez, COMENTARIOS de Alvar Nuñez Cabeza de Vaca, Espasa-Calpe éditeurs, Madrid 1971, page 224.
5/. Valverde, un conquistador aumônier, sacré évêque de Cuzco par Pizarro, au nom du REALPATRONATO accordé par le Pape Alexandre VI aux rois catholiques, comme on lira au chapitre du «Dragon Godo».
6/. Pablo Neruda, CANTO GENERAL, 1ère partie, Chant III.
7/. Alonso de Ercilla, LA ARAUCANA, Chant III (la mort de Valdivia).
8/. J.Garcia Icazbalceta, FRAY JUAN DE ZUMARRAGA, Buenos Aires 1952, pages 54 à 56.
9/. Idem, page 44.
10/. L'historien allemand Johannes Haller, (PAPSTTUM IDEE UND WIRKLICHKEIT, Rowohlt 1965, tome II, pages 326 à 327) soutient avec raison, je crois, qu'il n'y a pas eu christianisation des Germains, mais «germanisation du christianisme». Par germanisation il ne faut naturellement pas entendre «allemanisation», mais occidentalisation.
11/. Mariano Izquierdo Gallo, MITOLOGIA AMERICANA, Madrid 1957, page 192.

BASILE Y. basile-y.com

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