Neuvième croisade
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Sommaire
Neuvième
croisade
Contexte
Au
cours de l’année 1268, le sultan mamelouk Baybars attaque le royaume de
Jérusalem et reprend Jaffa (7 mars), Beaufort (15 avril) et Antioche (14 mai).
Apprenant ces nouvelles, un certain nombre de nobles, dont Édouard, prince
héritier d'Angleterre, décident de se croiser. Mais l’annonce du roi Louis IX de
France de se croiser et d’organiser une nouvelle expédition a pour effet de
retarder le départ des croisés, pensant se joindre à la croisade du roi de
France.
Cette
croisade quitte Aigues-Mortes le 1er juillet 1270, mais se dirige vers Tunis au
lieu de la Terre
sainte et est rapidement décimée par la maladie. La mort du roi, le 25 août 12 70, met
fin à la huitième croisade, et l’armée croisée rentre en France.
La croisade
Apprenant
la mort de Louis IX et la fin de sa croisade, Baybars reprend ses conquêtes,
attaque le comté de Tripoli et emporte le château de Chastel Blanc (février
1271) et le Krak des Chevaliers (8 avril), puis assiège Tripoli en mai1.
C’est
alors que lui parvient l’annonce d’une armée croisée, ce qui l’incite à lever
le siège de Tripoli et à conclure une trêve de dix ans avec le comte Bohémond
VI de Tripoli. Toutefois, il profite de sa présence au nord de
Saint-Jean-d’Acre pour prendre le château teutonique de Montfort le (12 juin2).
En
effet, le prince Édouard d’Angleterre, arrivé trop tard pour participer à la
croisade de Louis IX à Tunis, avait décidé de se rendre en Terre Sainte avec un
millier d’hommes. Il est rejoint en septembre par son frère Edmond qui apporte
également des troupes. La première réaction d’Édouard à son arrivée dans le
royaume est de se scandaliser et de chercher à lutter contre le commerce
d’armes avec les Mamelouks effectués par de nombreux marchands chrétiens,
notamment les Vénitiens et, dans une moindre mesure, les Génois. Malgré les
protestations des croisés et les excommunications du Saint-Siège, le bayle
vénitien d’Acre montre les diplômes et immunités accordés par la cour de
Saint-Jean-d’Acre, et Édouard ne peut lutter contre ce commerce, suicidaire
pour les établissements latins en Orient3.
Comprenant
l’intérêt de l’alliance mongole, Édouard dépêche une ambassade à Abagha, khan
houlagide de Perse, effectue une incursion à Al-Bana, détruit le bourg et
revient avec un nombreux butin. Il se concerte également avec le roi Hugues III
de Chypre et le comte Bohémond VI de Tripoli. À la fin d’octobre 1271, le khan
Abagha envoie une armée en Syrie, mais qui ne comporte que dix mille cavaliers
car il est lui-même en guerre contre ses cousins. L’armée mongole pille les
régions d’Alep et d’Apamée, mais se retire chargée de butin sans affronter
l’armée que Baybars a réunie à Damas. Les Francs et les croisés en profitent
pour tenter une incursion, mais en raison d’un effectif réduit et du manque de
l’appui mongol, n’obtiennent que peu de résultats. Des Nizarites, peut-être
commandités par les Mamelouks, prétendent se faire baptiser, mais manquent de
peu d’assassiner le prince le 16 juin 12 72. Face au manque de moyens, Édouard rembarque
à Acre en direction de l’Europe le 22 septembre 12 72 pour prendre la succession de
son père Henri III, décédé le 16 novembre 12 724.
Les expéditions suivantes
En
quittant la Terre
sainte, Édouard ne laisse pas le royaume démuni, car le roi Hugues III et
lui-même ont conclu à Césarée le 22 mai 12 72 une trêve de dix ans avec Baybars,
grâce également à l’entremise de Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile.
Lors
de son périple, Édouard avait été accompagné par Théobald Visconti, qui devint
pape sous le nom de Grégoire X, en 1271. Le nouveau souverain pontife demanda
une nouvelle croisade, sans l'obtenir, au IIe concile de Lyon en 1274.
Charles
d’Anjou se lance alors dans une politique méditerranéenne. En 1271, il marie
son fils Philippe à Isabelle de Villehardouin, héritière de la principauté
d’Achaïe et de Morée5. En 1273, c’est sa fille Béatrice qu’il marie à Philippe
Ier de Courtenay, empereur titulaire de Constantinople, se réservant ainsi des
droits sur l’empire latin de Constantinople à reconquérir6. En 1276, il achète
à Marie d’Antioche les droits que cette dernière dispose sur le royaume de Jérusalem
en concurrence avec Hugues III de Chypre7. Fort de ces droits, il occupe la
ville d’Acre, seul vestige du royaume de Jérusalem, en profitant d'une querelle
entre Hugues III, les Templiers, Hospitaliers et les Vénitiens8.
Avec
son aide, les Vénitiens veulent alors se lancer dans une croisade contre
Constantinople, où l'Empire byzantin vient d'être restauré par Michel VIII. En
1281, le pape Martin IV donne son accord, et les Français se mettent en route
vers Durazzo, alors que les Vénitiens prennent la voie maritime. Mais le
soulèvement des Vêpres siciliennes (1282) oblige Charles à rebrousser chemin.
Conclusion
L’expédition
du prince Édouard fait partie des croisades les plus sagement et intelligemment
organisées, mais son manque de moyens et de troupes a réduit à néant tous ces
efforts. Elle a eu cependant le mérite d’accorder dix ans de paix et presque
vingt ans de survie au royaume, qui se réduit aux environs de
Saint-Jean-d’Acre. Les expéditions suivantes n’ont rien apporté aux restes des
états latins d’Orient, et en 1291 les Mamelouks finissent par conquérir
l'ensemble des territoires syriens qui appartiennent encore aux chrétiens.
Notes et références
1- Grousset 1936, p. 648-651.
2 - Grousset 1936, p. 651-2.
3 - Grousset 1936, p. 652.
4 - Grousset 1936, p. 653-6.
5 - René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris,
Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN
2-228-12530-X), p. 514-5.
6 - Alice Saunier-Seïté, Les Courtenay - Destin d'une illustre famille
bourguignone, France-Empire, 1998 (ISBN 2-7048-0845-7), p. 188-191.
7 - Foundation for Medieval Genealogy : Bohémond IV [archive].
8 - Grousset 1934, p. 665-9.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuvième_croisade
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