La voie de libération de Jérusalem
Auteur : l’écrivain et historien égyptien
Qassem Abdou Qassem
Traduction Omar Mazri. 12
août 2012 .
http://liberation-opprimes.net
SOMMAIRE
La voie de libération de Jérusalem 1/2
Scènes de
Jérusalem du temps des croisades
Scène I:
Le concile de Clairmont (ou Clermont) — aujourd’hui Clermont-Ferrand — s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu six mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel qu’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui selon lui menacent l’empire byzantin et de délivrer les Lieux Saints occupés par les Musulmans. Le pape Urbain II d’origine française, a été enthousiaste de lancer une « déclaration de guerre » contre les musulmans (1).
Après avoir évoqué les malheurs et souffrances des
chrétiens d’Orient, le pape adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs
guerres fratricides et de s’unir pour combattre les musulmans païens et
délivrer leurs frères en Orient qui est une cause plus juste. En même temps les
Chrétiens pourront expier leurs péchés une fois arrivés à Jérusalem. Cet appel
de Clermont qui est considéré comme une véritable opération médiatique
mensongère contre les musulmans est considéré comme la cause directe de
la première croisade.
L’engagement et la réponse enthousiaste de la part du
public chauffé à blanc par des manipulateurs de spectateurs dans une
pièce de théâtre dont chacun avait son rôle à jouer pour mobiliser les foules
ignorantes. Ainsi il y eut des cantiques, des appels à la guerre et des chœurs
répétant les mots « Dieu veut … il veut le Seigneur » (2). … Ainsi a
commencé les croisades …
Scène II:
Journée du massacre
Dans un jour de chaleur torride de ce mois de
Juillet 1099 la ville de Jérusalem est tombé entre les mains des Croisés après
un siège de cinq semaines. La prise de Jérusalem par les Croisés donna lieu à
un terrible massacre de la ville sainte qui fut livrée et ses habitants à
trois jours de pillage, de vol, de viol, de meurtre. Les corps des morts, des
brulés et des mutilés restèrent exposés dans les rues et places publiques
plusieurs jours.
Dans cette atmosphère de tristesse et de
désolation, la ville est restée enfermée dans une immense fumée et un épais
champs de poussière et d’odeurs de corps carbonisés ou en décomposition. La
rencontre de Jérusalem avec les Croisés fut le symbole de l’horreur. Dans
l’horreur les Croisés étaient en extase dans l’église de la Résurrection qui
recueillaient les prières et les mots de remerciements adressés au
Seigneur. Les les échos de « Merci Seigneur » qui
sortaient de la vielle Église (3) pour s’engouffrer dans dans la ville
donnaient un aspect sinistre et apocalyptique de la présence chrétienne
européenne sur les terres arabo-musulmanes.
Scène III:
Un jour de ce mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538
AH), Salah eddine libère Jérusalem qui est restée otage des Francs Croisés un
peu plus de quatre-vingts ans.
La reprise de Jérusalem témoigne de l’humanisme des musulmans à l’opposé des scènes brutales lors de l’ invasion barbare des Francs. Enfin l’oraison du vendredi était restaurée à Jérusalem libérée après une longue période interdite (4).
La reprise de Jérusalem témoigne de l’humanisme des musulmans à l’opposé des scènes brutales lors de l’ invasion barbare des Francs. Enfin l’oraison du vendredi était restaurée à Jérusalem libérée après une longue période interdite (4).
Ainsi a commencé la fin de la présence des Croisés sur
les terres arabes …
Ces trois scènes ont marqué l’histoire de
Jérusalem à l’époque des croisades; Cependant, la scène finale, celle de
la libération par Saladin est celle à laquelle je me consacre dans cette étude.
Nous retenons que l’épopée de la libération, qui était dirigé par Saladin a
commencé après des moments sanglants qui ont vu Jérusaleme tomber sous la
domination de la la horde barbare des Croisés au début du 11 ème siècle.
Jérusalem est un symbole perverti en « symbole de croisade »,
« le royaume de Jérusalem ». « Saladin » a été et
reste un symbole, le symbole de la résistance contre la domination
étrangère, le symbole du Djihad islamique contre l’agression.Salah
Eddine a consacré sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous
le verrons dans cette étude.
Les causes de
la victoire et la défaite
Il serait faux de considérer la victoire des Croisés contre les musulman lors de la première croisade comme l’expression d’une réelle supériorité du rapport de forces militaires des Croisés. Sur le plan strictement militaire ils étaient numériquement, logistiquement, techniquement et scientifiquement inférieurs aux musulmans mais les combats ont été à leur avantage. Les Croisades ont été rendus possibles par la faiblesse politique du monde musulman et le déchirement intestinal entre les principautés qui favorisaient la fragmentation politique et territoriale déja avancée de l’empire musulman. Cette fragmentation politique avait des conséquences sociales et culturelles dont l’héritage de l’amertume et de la méfiance des populations arabes envers les dirigeants dans la région arabe. Ces dirigeants aveuglés par l’égoïsme et le manque de considération politique, anesthésiés par l’inertie et l’absence de vigueur, privés de la vision stratégique des intérêts de la nation musulmane ne pouvaient exercer le pouvoir ni entraîner leurs peuples à combattre.
Dans la région arabe et du temps des Croisades les
principales forces politiques et institutionnelles dans la région (le califat
sunnite abbasside de Bagdad et le califat chiite fatimide du Caire) se
contestaient le pouvoir et l’existence tout en participant à
la manifestation de la faiblesse politique et sociale et de la vulnérabilité militaire
dans le monde arabe. Dans cette bipolarité belliqueuse coexistaient dans la
région de l’Orient musulman une mosaïque de principautés naines qui
participaient à l’émiettement de l’ensemble et à la dispersion des énergies.
Tout était facteur de division : les doctrines confessionnelles, les
appartenances ethniques ou tribales, les intérêts matériels…
Du point de vue sociologique et historique c’est la
fragmentation politique des musulmans qui est la cause de la victoire des
Croisés pourtant moins nombreux, de plus faible niveau de civilisation et de la
tactique militaire que les Musulmans et les Arabes.
Du point de vue religieux et spirituel cette victoire
des Croisés n’était ni le résultat de l’intervention du Seigneur ni des
saints chrétiens ni l’esprit de foi des Croisés, comme le prétendent les
historiens des Croisades, qui eux mêmes sont les idéologues de
l’Église catholique et les admirateurs des Croisades. La victoire sans force
réelle militaire ou spirituelle des Croisés a coïncidé avec l’atomisation
politique conjuguée à la faiblesse morale et spirituelle des musulmans
véritable cause de la défaite et de la perte des arabes et des musulmans devant
leur agresseur.
Le succès inattendu des Croisés et leur création du « Royaume latin de Jérusalem » et trois Émirats sur les terres arabes en Palestine et en Syrie a provoqué un traumatisme psychologique énorme sur les populations arabes qui se sentaient trahies et humiliées. Les populations arabes avaient d’abord considéré les Croisés, au début des Croisades, comme de vulgaires mercenaires au service de l’Empire byzantin qui finiraient par partir un jour. Mais la prise de Jérusalem et les opérations colonialistes qui ont eu lieu à partir de 1099 et au-delà leur ont faite comprendre que les Croisés sont venus à leur pays pour y demeurer toujours comme conquérants. Face à eux une nouvelle réalité politique, économique militaire et religieuse, s’est douloureusement imposée à eux comme fait accompli (5).
Il était dans la logique historique que la réaction
des musulmans contre le colonialisme des Croisés se fasse voir assez tôt, dès
sa prise de conscience. Ainsi au Nord les Turcs Seldjoukides, le Nord ont
commencé de de mener des attaques violentes sur les Croisés. La résistance
turque a permis de capturer le gouverneur d’Antioche, le prince de Boimond , le
comte Baudouin et Jocelyne tout en infligeant plusieurs lourdes
défaites aux armées croisées.
Dans le sud, les Égyptiens ont lancé des attaques à
partir de leur base à Ashkelon, en Palestine, et ont infligé de lourdes
défaites dans les années 1101, 1102, 1105, mais ils n’ont pas poursuivi
l’effort de résistance après ces dates en raison de problèmes internes, (6), en
l’an 548 AH / 1153 les Croisés parviennent à s’emparer de la forteresse d’Ashkelon,
dernier bastion de la résistance égyptienne en forteresses en Palestine
contre les Croisades.
La faiblesse de
l’Etat fatimide
Les Croisades coïncident avec la décadence de l’état
fatimide qui avait atteint un état de vulnérabilité, qui avait déja attiré les
principautés musulmanes voisines à convoiter son héritage. Il était déjà perçu
comme « l’homme malade » endormi sur sur les rives du
Nil, dont ne restait de sa gloire d’antan que des souvenirs et une ombre que
plus personne ne craint ni ne respecte.
Ainsi a commencé la compétition entre Mahmoud Nour
al-Din (qui a succédé à son père, Imad Eddin Zinqui qui avait réussi à libérer
Alraha en 1144) et Amaury Ier de Jérusalem premier roi croisé de Jérusalem
(1163 – 1174) (7), nommé par les sources historiques arabes « le
gagnant » puisqu’il a pu instaurer son protectorat sur le Caire et
l’Égypte privant Nour al-Din d’une assistance des arabes du Sud. En effet les
états latins d’Orient confrontés à une Syrie musulmane puissante et
unifiée vont sous la direction d’Amaury trouver soutien auprès de
l’Égypte fatimide, tombé dans les derniers degrés de la décadence et en proie à
des luttes de pouvoir. Dirgham fut l’homme clé d’Amaury.
La lutte de contrôle de l’Égypte dans l’échiquier des
Croisades s’est cristallisé sur le poste et la personnalité du premier ministre
(al wazir) qui détient les véritables leviers de commande réelle du
Caire(8). Il y eut en parallèle aux affrontements armées une lutte pour le
contrôle du pouvoir en Égypte entre les Croisés et la Syrie. Le premier
ministre Shawir installé par Nur al-Din Mahmoud et Dirgham l’homme
clé d’Amaury se livrèrent à une véritable lutte à mort qui connut de
spectaculaires et incessants renversements jusqu’à la morts des deux hommes.
Après six épisodes de rapports de force changeant d’un camp à l’autre Shirkuh
finit par s’imposer et imposer en Égypte l’allégeance à la Syrie. Amaury attaque
et remporte plusieurs succès sur Shirkuk, mais Nur ad-Din envahit à son tour
les états latins en guise de diversion pour protéger son lieutenant, prend les
places fortes d’Arim et de Paneas et capture Bohémond III d’Antioche à Harrim
le 11 août 11 64.
Seule l’intervention des byzantins empêche les musulmans de prendre Antioche.
Shirkuh fut nommé par la population arabe le « Lion », le grand émir
des armées mais il mourut quelques semaines après ses succès militaires et
politiques le jour de l’an 22 Joumada II 564 AH / 1169.
A partir de ce moment là le sultan fatimide al Aâded
resta fidèle au pacte avec la
Syrie et déterminé dans la lutte contre les Croisés. Il
nomma à la place de Shirkuh décédé un jeune nommé Salah al-Din, comme
premier ministre sans tenir compte de l’opposition des princes, des
dignitaires et des courtisans du régime. Salah al-Din était l’étoile brillante
dans le ciel arabe et de la politique arabe.
Stratégie de
libération
Cette étude n’a pas pour but de présenter la
biographie de Saladin, mais de montrer sa politique et sa stratégie
militaire dans la volonté de libérer Jérusalem des Croisés (Al franj :
les Francs). Saladin a commencé la consolidation de son pouvoir politique et de
ses prérogatives de premier ministre en Égypte, les yeux ouverts sur le
front de lutte anti Croisés, au Caire, d’une part, et sur l’évolution de
Nur al-Din Mahmoud, à Damas, dont il reconnaissait la souveraineté
et la légitimité politique sur le monde arabe dans l’attente de l’apport
que chacun pourrait faire envers l’autre pour la grande cause arabe : libérer
Jérusalem.
A l’intérieur Saladin était confronté à un problème
épinieux : l’armée. L’armée avait deux problèmes majeures qui rendaient
l’Egypte instable et vulnérable. D’une part elle pratique depuis trop longtemps
la culture du complot et des contre complots dans les luttes intestines du
palais. D’autre part elle n’était pas loyale envers le Sultan fatimide, elle
pouvait le trahir, le détrôner ou se ranger du côté de ses ennemis par culture
du complot ou par absence de conscience nationale.
L’occasion pour la destruction de l’armée fatimide que
cherchait à Salah al-Din s’est présenté d’elle même. Dans le palais du
sultan fatimide un eunuque a fait circuler une pétition inspirée par les
Croisés dans laquelle il se réclame comme « l’essence et la légitimité du
pouvoir sur le palais ». L’enquête menée par Salah Eddine a prouvé la
collaboration avec l’ennemi et l’implication de certains chefs militaires dans
un complot visant à le renverser. Salah Eddine a fait exécuter les comploteurs
pour le motif de conspiration avec les Croisés à envahir l’Égypte et à éliminer
Salah Eddine . Dans la foulée les proches de Salah Eddine ont maitrisé le corps
de l’infanterie constitué par les soldats soudanais dans l’armée fatimide
armée. Ce fut un terrible massacre qui a duré deux journées
entièrement dans le nettoyage de l’armée (11).
Cet incident donna à Salah Eddine une légitimité
populaire et un plus grand pouvoir politique et militaire au détriment non
seulement des dignitaires mais au détriment du sultan lui même. Salah Eddine
eut la maîtrise totale sur les affaires intérieures lorsqu’il fut nommé
« Baha’eddin Qracoc Asadi superviseur des affaires de la gouvernance du
royaume « au lieu de l’ancien titre » chargé de
confiance du Khalife ». Il s’attela à reconstruire les fondations de la
nouvelle armée qui remplaça de droit et de fait l’armée fatimide
traditionnelle. Sa relation à Nour Eddine en Syrie est demeurée au point
mort entre le doute et la certitude.
L’attention de Salah Eddine était au fait des risques
posés par la présence des Croisés dans la région arabe, dans le processus
d’alliance militaire conjoint mené par les croisés du roi « Amuri
premier » avec les dirigeants de l’empereur byzantin « Comninos
Manuel » (1143 – 1180). Son attention fut aiguisée en l’an 565 AH / 1169
lors du lancement de l’attaque de la marine de la coalition franco byzantine
contre Damiette, qui était le principal port égyptien sur la mer
Méditerranée.
Au mois de Safar de l’année 565 AH / 1169 , la
coalition franco byzantine assiégea, Damiette avec une flotte militaire
de deux cents navires. Le siège fut levé après cinquante jours sans
donner des résultats positifs pour les Croisés. La résistance de la
ville non seulement fut héroïque et violente mais elle a révélé
l’hostilité sous-jacente entre les Byzantins et les Francs. En levant le siège
les Francs ont sabordé leurs navires de matériels et ont laissé la flotte
byzantine subir de lourdes pertes en hommes et en navires avant qu’ils ne se
retirent pour revenir à leur (12).
La débâcle de la coalition franco byzantine a augmenté le prestige et le pouvoir de Salah Eddine. Cette bataille défensive victorieuse marquait un bon début pour une série d’actes politiques et militaires prises par Salah Eddine pour former une stratégie globale et assidue pour la libération de Jérusalem …
L’année suivante, 566 AH / 1170 Salah Eddine lance sa
première et véritable offensive contre les Croisés. Il libère et récupère
Gaza. Il attaque et provoque des dégâts dans les rangs ennemis à
Ashkelon. Au début du printemps de la même année il attaqua les Croisé dans la
mer Rouge au Port de l’actuelle Aqaba. Il faut savoir qu’il transporta sa
flotte en pièces détachées et à dos de chameaux pour les remonter avant la
marée haute et ainsi interdire à la flotte des Croisés l’accès à la mer
rouge (13).
Ainsi, Salah Eddine pris le contrôle du commerce
maritime des produits précieux en provenance de l’océan Indien et s’assura la
sécurité militaire dans la mer Rouge.
La stratégie de Salah Eddine pour libérer Jérusalem commençait à prendre forme dans ses aspects politiques, militaires et économiques. Toutes ses actions étaient concertées, progressives et à visée globale.
L’influence
politique de Salah Eddine
Au Caire, Salah Eddine a commencé par renforcer son influence politique puis il a usé de son pouvoir politique pour prendre les mesures nécessaires pour prendre le contrôole de l’armée, de l’épurer et de la moderniser. Toutes ces mesures politiques et militaires l’ont amené à détruire le système économique féodal des castes du régime fatimide en Égypte. Sur le plan géo stratégique il a remplacé dans les postes névralgiques de l’état les seigneurs de guerre et les féodaux de l’Egypte fatimide par par les princes qui sont venus avec lui de Syrie.
Toutefois, Salah Eddine ne s’est pas empressé de mettre fin ou d’annoncer la fin du régime fatimide. Il a attendu patiemment le temps le plus propice. ce moment est arrivé, le premier vendredi du mois de Muharram de l’année 567 AH / 1171, le jour de l’agonie du dernier Khalife fatimide. Il a ordonné que l’oraison et le sermon du vendredi ne mentionnent plus le nom du Calife fâtimide, qui était alors malade et cloué au lit, mais le nom du Calife `abbâside. Cela signifiait en fait la chute de la dynastie fâtimide et l’avènement d’une nouvelle ère. La prise du pouvoir était symbolique. Le Calife fatimide décéda onze jours plus tard (14).
Ainsi, l’arène nationale est entièrement libre devant
Salah Eddine. La relation tendue et le conflit latent avec Nour Eddine
Mahmoud émergent à la surface. Mais sa priorité était la politique des complots
et des troubles fomentés par le roi des Croisés, Amaury qu’il lui fallait
traiter avec prudence car le monde musulman n’était pas encore suffisamment
fort et unifié pour mener une guerre de front contre les Croisés. Amaury avec
l’age et la maladie restait attiré par le mirage de l’Égypte, mais cette
fois, il préférait ne pas suivre la voie de la guerre, mais celle de la
division des arabes, de la gestion des crises entre musulmans. Maître en
intrigues il a comploté avec le « Sultanat du Yémen» et les vestiges des
forces fidèles aux Fatimides en Egypte pour affaiblir Salah Eddine au
Caire. Toutes les intrigues des Croisés n’ont pas réussi a entamé la
stratégie patiente et victorieuse de Salah Eddine.
Salah Eddine victorieux contre les comploteurs du
Yémen qui furent crucifiés avec leur chef devint une hantise pour Amoury qui
resta pétrifié devant les défaites de ses alliés, de ses comploteurs et de la
flotte qu’il a financé et équipé pour soutenir le complot du Yémen et la diversion
à Alexandrie contre Saladin (15). La popularité et le pouvoir de Salah Eddine
ne faisait que s’accroître.
La mort de Nur al-Din Mahmoud, le 11 Chaoual, l’année 569 AH /15 Mai 11 74 fut la
réponse du destin comme solution au problème de la relation critique
entre les deux hommes. Le destin se manifesta encore dans le décès du roi des
Croisés Amoury. SSalah Eddine venait d’être débarrassé en même temps d’un
adversaire politique redoutable et d’un ennemi militaire plus inquiétant.
Salah Eddine se trouvait par le choix du destin face à l’héritier « Amoury » un garçon de dix ans d’âge et atteint de la lèpre, Baudouin, et de l’autre côté, face à l’héritier de Nour Eddine Mahmoud un autre enfant, Ismail, incapable de gouverner. Il ne pouvait y avoir une opportunité plus favorables pour conduire Salah Eddine sur la voie de la réalisation de son objectif: Jérusalem.
La dégradation des différends politiques au sein de l’entité des Croisades ne pouvait être ni atténuée ni éliminée par le recours à une alliance au sein du monde musulman, forte et capable de donner un souffle nouveau aux Croisés contre Salah Eddine. Les facteurs de division sont encore présents mais à ce moment précis des croisades il n’y avait pas un contemporain arabe ou musulman des croisades capables par sa force militaire ou par sa représentativité politique et populaire à être un allié crédible contre Salah Eddine. L’Europe divisée et épuisée ne pouvait plus continuer d’envoyer l’aide nécessaire aux Croisés francs.
La mort de Nur al-Din Mahmoud, le 11 Chaoual, l’année 569 AH /
Salah Eddine se trouvait par le choix du destin face à l’héritier « Amoury » un garçon de dix ans d’âge et atteint de la lèpre, Baudouin, et de l’autre côté, face à l’héritier de Nour Eddine Mahmoud un autre enfant, Ismail, incapable de gouverner. Il ne pouvait y avoir une opportunité plus favorables pour conduire Salah Eddine sur la voie de la réalisation de son objectif: Jérusalem.
La dégradation des différends politiques au sein de l’entité des Croisades ne pouvait être ni atténuée ni éliminée par le recours à une alliance au sein du monde musulman, forte et capable de donner un souffle nouveau aux Croisés contre Salah Eddine. Les facteurs de division sont encore présents mais à ce moment précis des croisades il n’y avait pas un contemporain arabe ou musulman des croisades capables par sa force militaire ou par sa représentativité politique et populaire à être un allié crédible contre Salah Eddine. L’Europe divisée et épuisée ne pouvait plus continuer d’envoyer l’aide nécessaire aux Croisés francs.
Dans ces conditions il ne restait à Salah Eddine
que prouver qu’il est l’homme de cette étape, et de tirer profit du
vent favorable pour mener un Jihad de grande envergure contre les Croisés à la
fois comme objectif de libération de Jérusalem et comme voie de
reconstruction de l’unité et de la puissance de l’état musulman disloqué
et affaibli.
Alors que les princes qui se sont emparés des pays musulmans sont encore
plongés dans dans les litiges autour d’intérêts mesquins et de préoccupations
minables tout en luttant entre eux sur qui pourrait gagner la faveur d’être le
tuteur du petit Prince Ismail Saleh bin Nur al-Din Mahmoud (16), Salah
Eddine n’est pas rentré dans leur jeu. Il a agit avec une
remarquable intelligence; En l’an 570 AH / 1174, est venu à Hama (qui a été
jointe à son État depuis une courte période) pour accueillir des émissaires du
calife abbasside accompagné d’une délégation honorifique portant drapeaux noirs
(l’emblème de la dynastie abbasside), lui présentant la lettre signée par le
Calife, le nommant Sultan de l’Égypte, sultan de la Syrie ainsi que des autres
sultanats (17).
De la
libération et de la reconstruction
Son habileté politique et son intelligence de manœuvre
l’ont placé de fait et de droit comme légitime souverain alors que les
comploteurs se sont trouvés faisant figure de violeurs de la loi. La
libération de Jérusalem passait par l’unité politique et l’unité de
commandement militaire et pour cela Salah Eddine a axé sa stratégie à
réaliser la première partie de son projet : l’unification du monde arabe en
récupérant sous son commandement politique et militaire Damas, Homs et Hama. Ce
projet réalisé il s’est empressé de se rendre à Alep qui demande l’aide
de « Raymond III, » le gouverneur de Tripoli. Il a barré
la route aux troupe des Croisés leur faisant marche retour après les avoir
ventilé aux quatre coins de la terre par le Jihad (18). Et l’année suivante 571
AH / 1176, Salah al-Din est retourné pour imposer un embargo sur Alep,
sans résultat.
Dans le camp des Croisés rien ne semble arrêter la
détérioration continue des conditions morales et des divergences politiques. Il
n’a y avait aucun espoir que les problèmes internes des
Croisés puisse trouver solution par la tutelle de Raymond III comte de
Tripoli sur le trône occupé par un roi malade. La tutelle du roi malade
ou l’intronisation d’un nouveau roi ne trouvaient ni consensus ni
compromis au sein des Croisés. A ces problèmes de règne s’ajoutait le problème
des colons croisés en terres arabes qui ne trouvaient plus écho ou
préoccupation prioritaire en Europe confrontée à d’autres problèmes internes.
L’aide aux Coalisées ne pouvait pas venir des
byzantins car L’empereur byzantin, Manuel Comninos se trouve lui-même en
position de faiblesse devant l’empire « Turcs Seldjoukide. Il est dans
l’incapacité de négocier ou de manœuvrer face au sultan seldjoukid Arslan
II, qui lui infligea une catastrophique défaite à la bataille de
Myriocephalon en 1176, après avoir brisé les lignes défensives de l’armée
byzantine, cette armée construite par la famille impériale »
Comninos » sur plusieurs générations (19).
Salah Eddine a construit un service de renseignement
efficace et compétent. Il connaissait le niveau de crise morale, politique et
militaire des Coalisés. Sur les renseignements de ses agents il a lancé une
attaque sur les Croisés dans la région du Sahel dans les territoires
palestiniens au moins de Jamadi premier l’an 573 AH / 1177, et fut la seule
fois que Salah Eddine pécha par excès de confiance en soi et par un relâchement
de l’armée dont les troupes ont été autorisés à être moins en deçà
des des règles établies par Salah Eddine. Le résultat ne se fit pas
attendre : son armée connut la pire et la plus lourde défaite de son histoire.
Mais globalement cette défaite n’est pas déterminante pour changer le rapport
des forces militaires et l’équilibre des pouvoirs politiques dans la
région qui devenaient de plus en plus en sa faveur (20).
Salah Eddine , a passé les années suivantes au
sein de l’armée qui menaient des escarmouches mineures dans les
batailles contre les Croisés et contre les princes Alzenkyines
concurrents dans l’orient arabe, à la fois en Syrie et en Irak. Il a ouvert
deux fronts de luttes en même temps mais sa stratégie n’a pas changé : il avait
deux axes de combat : l’un sur la consolidation du front arabe et l’autre sur
la préparation à la guerre décisive contre les Franques. Ces deux axes
sont indissociables, ils concourent ensemble à la libération de Jérusalem.
En l’an 578 AH / 1182, Salah Eddine à la tête de son armée est sortie d’Égypte allant versla Syrie ,
l’Égypte ne pouvant plus être menacée par les Croisés. Les années
suivantes ont été cruciales dans la préparation de la lutte contre les Croisés.
Salah Eddine a consacré son temps a organiser la résistance contre l’occupant,
à mener des batailles contre ses postes et à lutter sur le font intérieur à
unifier le rang des musulmans sous une seule bannière loin des convoitises des
princes et des opportunistes.
En l’an 578 AH / 1182, Salah Eddine à la tête de son armée est sortie d’Égypte allant vers
Dans le camp des Croisés, les conditions vont de mal
en pire, la peste fait rage, les divergences politiques s’accentuent,
l’incapacité de la chrétienté à trouver une solution à l’enlisement au moyen
orient et la disparition de l’allié stratégique des croisés le roi byzantin
Manuel Comninos mort en Septembre 1180. L’empire byzantin a perdu de sa force
et de son influence au moyen-orient (21).
La guerre
psychologique
Salah Eddine a su tirer profit des circonstances pour
se faire conduire vers son objectif stratégique. Contre les Croisés il a utilisé
cet étonnant mélange de diplomatie, de propagande, de guerre
psychologique et de confrontation militaires en transformant en sa faveur le
rapport de forces. C’est la même stratégie qu’il va utiliser contre
Ses rivaux arabes les princes Alzenkyines.
Il conclue avec les Croisés une trêve en l’an 1180. Mais la faiblesse du roi Baldouin IV à cause de sa maladie et à cause de la convoitise et du bellicisme du prince de Kerak Reynald de Chatillon qui ne comprenait pas l’avantage réciproque de la trêve allaient pousser les événements à leur paroxysme ultime (22). L’année 578 AH / 1182, fut l’année de l’affrontement décisif dans l’histoire de l’Islam face aux Croisades.
Il conclue avec les Croisés une trêve en l’an 1180. Mais la faiblesse du roi Baldouin IV à cause de sa maladie et à cause de la convoitise et du bellicisme du prince de Kerak Reynald de Chatillon qui ne comprenait pas l’avantage réciproque de la trêve allaient pousser les événements à leur paroxysme ultime (22). L’année 578 AH / 1182, fut l’année de l’affrontement décisif dans l’histoire de l’Islam face aux Croisades.
A ce moment précis de l’histoire, l’État de Salah
Eddine comprend presque l’ensemble de la Syrie , de l’ Égypte et de l’ Irak, à l’exception
des provinces d’Alep et de Mossoul. Pour Salah Eddine inclure ces deux
sultanats dans l’État unifié était une priorité avant de livrer la bataille
décisive pour ne pas prêter flanc à des coalitions comme par le passé.
Cependant, ses tentatives pour saisir par la force Alep n’ont pas abouti (23).
Dans le même temps, Reynald de chatillon a lancé une
attaque contre la ville portuaire Ayila l’automne de cette même année,
ensuite il a brûlé plusieurs navires des opérateurs musulmans dans la mer
Rouge, et a envoyé de nombreuses troupes croisées qui commençaient à
s’approcher de la ville sainte Medina. La flotte militaire égyptienne mit
fin à l’expédition des Croisés et libéra les soldats musulmans et leurs
familles mis en esclavage par les troupes croisées qui avait
débarqué sur la terre du Hijaz. Le Prince Hassam Eddine loulou (la perle de
l’islam) qui commandait la flotte égyptienne, exécuta deux croisés sur le port
libéré et le reste des prisonniers fut exécuté à leur retour au Caire (24).
Cette rupture de la trêve par Chatillon et la colère
des masses musulmanes devant la tentative d’expédition contre les lieux saints
et la victoire remportée par la flotte égyptienne donna à Salah Eddine al
Ayoubi davantage de conviction pour unifier les rangs des musulmans et
restaurer l’unité territoriale et politique de la nation musulmane. Le double
danger des Croisés et de la division des musulmans s’est encore accentuée même
s’il n’a jamais quitté l’esprit de Saladin alors qu’il n’était qu’un
simple soldat dans l’infanterie de Shirkuh en Egypte (25).
De l’avis du professeur David Jackson, le sultan Salah Eddine faisait preuve d’une grande intelligence sur le plan de l’analyse et de la pratique politique, de l’ingéniosité dans la gestion des affaires de l’État, et dans l’art raffiné de la préparation du terrain politique et des mesures diplomatiques avant de prendre toute action militaire (26).
En tout état de cause, l’année 579 AH / 1184 les eforts de Salah Eddine furent sanctionnés par l’allégeance de la province d’Alep dans le cadre de
Cette année, il déploya des troupes de Damas vers la
forteresse imprenable de Karak fief de Chatillon le haineux. Il assiège
le fort sans pouvoir s’en emparer(28). On pense que Salah Eddine avait
voulu par cette sortie provoquer juste quelques escarmouches pour montrer sa
puissance militaire à des fins politiques et de propagande dans le contexte de
la guerre psychologique qu’il avait décidé depuis longtemps dans sa campagne de
déstabilisation des Croisés dans l’attente de l’opportunité de mener la
bataille décisive pour libérer Jérusalem.
Dans la stratégie de Salah Eddine il n’est pas envisageable de mener une
guerre totale contre les Croisés tant que l’émirat de Mossoul continuait
de constituer une menace pour lui. Il avait la conviction que
l’unité des forces politiques et militaires dans la région arabe est
nécessaire, elle est la condition essentielle pour garantir la victoire en cas
de guerre totale contre les Croisés. Il savait aussi par son longue expérience
de combat et de gestion des affaires de la région que les forces des croisés
allaient vers l’affaiblissement et qu’il fallait les harceler sans répit pour
accélérer leur affaiblissement et donner à ses troupes plus d’expériences
militaires avant l’heure H. Son intelligence était de rester lucide et de
construire la victoire d’une manière décisive et pour cala il fallait ne pas
perdre l’objectif final, la libération de Jérusalem , et les objectifs intermédiaires,
accroître la vulnérabilité des croisés d’une part et parvenir à l’unité arabe
politique, militaire d’autre part, avant la confrontation finale.
Le siège de
Kerak
Salah Eddine connaissant le caractère belliqueux
et irrespectueux des traités et conventions de Chatillon et l’importance
de la forteresse de Kerak dans le dispositif militaire, économique et
commercial concentra ses efforts au harcèlement de Kerak. Il assurait ainsi la
sécurité des convois routiers entre l’Égypte et la Syrie et fissurait la
défense de son ennemi par l’usure.
En l’an 579 AH / 1183, le Sultan Salah Eddine recevant des renforts d’Égypte est passé du siège à l’assaut de Kerak la soumettant sous un déluge de tirs de catapultes et de flèches. Les armées musulmanes ont fait battre en retraite à l’intérieur de la forteresse le prince de Chatillon et son armée sortis à la rencontre des troupes de Salah Eddine. Chatillon n’a sauvé sa vie que dans la fuite abandonnant une partie de ses troupes à leur sort.
En l’an 579 AH / 1183, le Sultan Salah Eddine recevant des renforts d’Égypte est passé du siège à l’assaut de Kerak la soumettant sous un déluge de tirs de catapultes et de flèches. Les armées musulmanes ont fait battre en retraite à l’intérieur de la forteresse le prince de Chatillon et son armée sortis à la rencontre des troupes de Salah Eddine. Chatillon n’a sauvé sa vie que dans la fuite abandonnant une partie de ses troupes à leur sort.
L’assaut final a été retardé à cause de la célébration
du mariage de deux princes. La mère de la princesse a demandé à Salah Eddine de
ne pas gâcher leurs fêtes et lui a envoyé des mets et des gâteaux. Il agréa la
demande la mère et tint promesse de ne pas bombarder la tour où se déroulait la
cérémonie montrant une fois de plus son esprit chevaleresque et son humanité.
Il a donc maintenu le siège qu’il a été contraint de lever pour aller à la
rencontre des renforts des croisés venant de Palestine. Il mit en déroute
les armées croisées à Naplouse et Jénine, libérant déjà une partie des
territoires palestiniens (29) … Il est ensuite retourné à Damas. Si nous avons
décidé de parler de cet aspect militaire en dépit de l’absence de
victoires significatives, c’est dans le but de clarifier l’intérêt de Salah
Eddine des questions tactiques et stratégiques qui pourraient affecter la
réalisation de ses objectifs suprêmes. Dans ces objectifs la forteresse
de Karak est une grave menace qu’il faut contenir et en même temps il faut
sécuriser le transport des convois commerciaux et des forces militaires
entre l’Egypte et la Syrie.
La conjugaison du politique, du militaire et de
l’économique dans une vision stratégique claire et une prise d’initiative
toujours en avance sur l’ennemi apporte ses fruits et donne à Salah
Eddine davantage de force politique : Baldouin IV » le roi croisé de
Jérusalem, en 1185, contraint les Croisés à la signature d’un
traité de paix avec Saladin pour un mandat de quatre ans. Ce temps était
suffisant pour Salah Eddine de parachever l’oeuve d’unification des Arabes. Il
avait donc le temps et la liberté d’action militaire et de manœuvre
politique contre l’émirat de Mossoul. Le gouverneur de Mossoul a répondu,
sous la pression sans relâche de Salah Eddine, de signer tenir un traité
reconnaissant l’extension du pouvoir du Sultan Salah Eddine sur la province de
Mossoul.
L’interprétation de ce traité sur le plan militaire
s’est soldé par l’accroissement de la force militaire de Salah Eddine
de six mille cavaliers de l’émirat de Mossoul. Pour l’époque c’était
une force militaire conséquente (30). Au niveau stratégique le rapport
des forces a résolument changé en faveur des musulmans qui venaient enfin
de réaliser la cohésion sociale et l’unité politique et militaire. Salah Eddine
venait de réaliser une partie de son rêve et concrétiser un objectif
principal: la réalisation de l’unité politique et militaire.
Ensuite est venu l’an 581 AH / 1185 le point culminant du génie stratégique de Salah Eddine qui a utilisé avec art et efficacité la combinaison de la force militaire, de la manoeuvre politique, de la guerre psychologique, et de la bonne planification de tous ses plans et de ses mouvements contre l’ennemi.
Il n’est pas inutile de souligner quelques faits
marquants. Il a été le Sultan qui a reconstruit la flotte égyptienne
faisant d’elle une marine militaire crainte dans la mer Rouge et la Méditerranée. Il
a mené une action diplomatique isolant les Croisés et les empêchant de
construire des alliances tant avec les arabes qu’avec les européens. Ainsi il
a persuadé les villes italiennes de tirer profit économique en faisant un
transfert direct de leur centres commerciaux sur le sol égyptien en leur
garantissant la paix et la sécurité. Il a ouvert une passerelle
diplomatique avec l’empire byzantin qui a permis la signature d’un accord avec
l’empereur byzantin « Ondronicos » le libérant des intentions de
l’Europe de l’Ouest dont la culture des Croisades jetaient le
doute, la méfiance et la suspicion sur toute relation avec le monde arabe
et musulman (31).
Les signes de
la guerre
L’année 582 AH / 1186 annonce les signes de la
guerre et les signes de la défaite des croisés: les Croisés se sont divisés
divisés en deux groupes après la mort de leur roi Baudouin IV « , et
son successeur», Baudouin V » un enfant sous tutelle, qui décédera
l’été de la même année.
Intelligente et capable de manœuvre, Izabela la
fille du roi Amauri I est arrivée à surmonter les rivalités au sein des Croisés
pour imposer son époux Guy de Lusignan roi du royaume des Croisés de
Jérusalem. Le premier camp des croisés s’articulait autour de la reine,
Isabelle, de son mari, qui était un modèle dans le genre de
combiner la beauté des traits physique et la laideur du comportement
moral et des faucons pour qui la guerre et la violence sont
les seules méthodes à avoir envers avec les musulmans. Le second camp des
croisés représentait été un certain nombre de princes dont Raymond
III Comte de Tripoli, qui étaient d’avis qu’il vaut mieux chercher
l’apaisement avec les musulmans, tant que les conditions ne permettent
pas de combats décisifs en leur faveur(32).
Voila en gros le panorama politique dans la région
arabe à l’approche de la libération de Jérusalem et s’inscrivant dans une lutte
longue et acharnée entre les deux parties du conflit. C’est dans cette
configuration politique et militaire que Renaud de Chatillon entre de nouveau
en scène pour remettre en cause le traité de paix entre Salah Eddine et les
Croisés dans des conditions défavorables aux coalisés dont une partie des
troupes souffraient de maladies, de faim et de nostalgie. Agissant de concert
avec les faucons Renaud de Chatillon a quitté la forteresse de Kerak pour
attaiquer, en violation des accord signés, des convois commerciaux musulmans,
assassinant les uns et faisant captifs les autres. Il a donné l’occasion à
Salah Eddine d’ouvrir de nouveau les hostilités militaires contre les Croisés.
De l’avis de l’historien allemand Hans Meyer
« Salahaddin » ne pouvait pas se taire sur les menaces de
Chatillon sur la sécurité de la route commerciale entre l’Égypte et
l’Orient et du traffic maritime de la mer Rouge et de l’Océan Indien
(33). A mon avis, cette attaque était attendue par Salah Eddine et elle
lui a donné prétexte de se délier de son pacte et de lancer une guerre
décisive contre les Croisés maintenant qu’il a unifié le monde arabe et achevé
la préparation des plans stratégiques de la guerre.
Les Croisés furent embarrassés par les
nouvelles alarmantes qui leur annoncent les préparatifs militaires des
musulmans en vue de les attaquer. Ils étaient dans un désaroi tel qu’ils ont
failli aller au dela du clivage politique à la guerre civilele (34).
Finalement le sentiment général du dnger imminent mit fin aux divergences et
souda les Coalisés en un bloc uni pour faire face aux musulmans avec vigueur et
détermination. Près de la ville de Nazareth en Palestine les Franques
parviennent à lever la plus grande armée de l’histoire des Croisades. Ils ont
mobilisé sur pied de guerre environ dix-huit mille soldats d’infanterie
et de cavalerie dont mille deux cent équipés d’armement lourds et quatre mille
chevaliers, et cette avec son nombre et son équipement est pour l’époque
quelque chose de colossale.
La force de l’armée franque ne pouvait cacher l’état
psychologique de ses soldats ramassés à travers toutes les colonies sous leur
domination : la panique et le manque de préparation.
Les forces du Sultan, Nasser Salah Eddine al Ayoubi étaient constituées de
trois corps d’armée, un corps syrien dont il était lui-même le commandant en
chef, le corps des forces égyptiennes et le corps des forces irakiennes.
Les corps d’armées égyptiennes et irakiennes étaient réparties en brigades
chacune sous le commandement des princes venus d’Égypte et d’Irak et sous
le commandement des propres frères et des propres fils de Salah Eddine.
Nous devons avouer qu’il n’existe aucune statistique
pour évaluer le nombre et l’équipement des forces musulmanes. A mon avis le
nombre devrait presque le même que celui des Croisés. La différence résidait
dans la motivation au combat, la stratégie de combat et dans les armes et les
équipements.
Au mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH),
Salah Eddine libère Jérusalem.
Qassem Abdou Qassem
Traduction : Omar Mazri
http://liberation-opprimes.net
Bibliographie :
D.C. Munro ، » The Speech of Pope Urban II at
Clermon »، American Historical Review « »، XI (1906)،pp.
231-242 ; H. Hagenmayer ، « Chronologie de la Premiere Croisade
1094-1100 ″،Revue de l،Orient
Latin ، Paris 1893- Bruxelles 1962، VI،
p.225>
أنظر أيضا: قاسم عبده قاسم، ماهية الحروب الصليبية: الإيديولوجيا، الدوافع،
النتائج، (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية – القاهرة 2004م) ،ص103
–ص108.
(2) Fulcher de Chartres ، Historia
Hierosolymitana- A History of the Expedition to Jerusalem ،1095-1122 (transl.
by Francis Rita Rian. Xnoville 1969) ،pp. 62-69. انظر الترجمة العربية لروايات
كل من: فوشيه الشارتري والمؤرخ المجهول وروبير الراهب وجيوبرت النوجنتي وبلدريك الدوللي
عن خطبة البابا أوربان الثاني في: قاسم عبده قاسم، الحملة الصليبية الأولى – نصوص
ووثائق تاريخية (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية ، 2001م)
،ص73-ص89.
(3) (3)Fulcher de
Chaetres،pp.45-128;William of Tyre ،A History of the Deeds done beyond the
Sea،(transl. by Emily Atwater Babcock & A.C. Krey،Colombia University
Press،1943) vol. I،pp.379- 385.
انظر أيضا: ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق (نشره أمدروز،
بيروت 1908م )، ص136-ص137؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، (الطبعة الثانية – دار
الكتاب العربي، بيروت 1967م ) ج8، ص189- ص190.
(4) ابن شداد، النوادر السلطانية والمحاسن
اليوسفية (تحقيق جمال الدين الشيال 1964م) ص235- ص237؛ العماد الأصفهاني، الفتح
القسي في الفتح القدسي، (تحقيق محمد محمود صبح، طبعة الهيئة العامة لقصور الثقافة
2003م ) ص116- ص129؛
أبو شامة، كتاب الروضتين في أخبار الدولتين (طبعة دار الجيل – بيروت)، ج.2، ص28- ص47؛ ديفيد جاكسون، « صلاح الدين: حطين والاستيلاء على القدس – وجهة نظر » في: 800 عام –حطين والعمل العربي المشترك (دار الشروق 1989م)، ص86- 87.
أبو شامة، كتاب الروضتين في أخبار الدولتين (طبعة دار الجيل – بيروت)، ج.2، ص28- ص47؛ ديفيد جاكسون، « صلاح الدين: حطين والاستيلاء على القدس – وجهة نظر » في: 800 عام –حطين والعمل العربي المشترك (دار الشروق 1989م)، ص86- 87.
Mayer ، H. E.، The Crusades(Oxford University Press
1972)، pp.131-2.
(5) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص143-
ص163؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، ج8 ،ص235-ص260؛ انظر أيضا: Mayer،The
Crusades ،pp.74-75
حيث نجد بيانا بالحدود التي وصلت إليها المستعمرات
الصليبية.
(6) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص321-
ص322؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا بأخبار الأئمة الفاطميين الخلفا (تحقيق محمد حلمي
أحمد، وزارة الثقافة المصرية 1999م)،ج2، ص296-ص306؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ
،ج9، ص42؛ William of Tyre ، op. cit.vol. II،pp.220-234
(7) arshal W. BaMldwin ، « The
Latin States uder Baldwin III &Amalric I،1143-1174″ in Setton (ed.)، A
History of the Crusades،(The University of Wisconsin Press 1969)،vol. I،
pp.536-38.
(8) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3،
ص358-ص364؛ ابن الأثير، الكامل، ج9، ص81؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص329-ص331؛ ابن
شداد، النوادر السلطانية ،ص36William of Tyre ،op. cit.vol.II،pp.302-303.
(9) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين
والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية 2007م )، ص18-ص27.
(12) ابن شداد، النوادر السلطانية
،ص33-ص34؛ أبو شامة، الروضتين، ج1، ص456- ص457 المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص315؛
ابن الأثير، الكامل، ج9، ص105- ص106
William of Tyre، op. cit. ،vol.I، pp.363-368;Baldwin ،
op. cit. vol.I،pp.563- 568،565-566; Mayer، op. cit.p.124.
Mayer، op. cit. ، pp.124.
(14) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3،
ص321-ص327؛ وقد ذكر المقريزي أن الخطبة كانت في يوم الجمعة سابع شهر المحرم سنة
567 هجرية، وهو خطأ؛ لأن الجمعة الثانية في الشهر لا يمكن أن تكون في اليوم السابع
من الشهر؛ وإنما تكون في اليوم الثامن أو بعده؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص493- ص518
.
(15) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص518-
ص567؛ ابن واصل، مفرج الكروب في أخبار بني أيوب (تحقيق حسنين ربيع، دار الكتب
المصرية 1972-1977 م)، ج1، ص152وما
بعدها؛ Mayer، op. cit. pp.124-125
(17) المقريزي، السلوك لمعرفة دول
الملوك، (تحقيق محمد مصطفى زيادة، طبعة دار الكتب المصرية سنة 2007م)، ج1،
ص59-ص60.
(18) أبو شامة، الروضتين، ج1 ،
ص602-ص603؛ ابن الأثير، الكامل ،ج11، ص165-ص166؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص57-58.
(19) يقارن المؤرخون بين هذه الهزيمة
الكارثية والهزيمة التي كان الأتراك السلاجقة قد أوقعوها بالبيزنطيين تحت حكم
الإمبراطور « رومانوس ديوجينيس » في مانزكرت (ملاذكرد) سنة 1071م. انظر:
Steven Runciman ، A History of the Crusades، (Harper
& Torchbooks ، New York 1955 ) vol.، pp.407- II 408
(20) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص699-ص703؛
ابن شداد، النوادر السلطانية، ص42-ص43؛ المقريزي، السلوك ،ج1،ص64؛
Runciman ،op. cit.، vol.II، pp. 416-418.
Mayer ،op. cit. ، pp.131- ff. ; Runciman ،op. cit.،
vol.II، pp.436-437.
(28) Hamilton Gibb، » The Rise of
Saladin » ،in Setton (ed.) ، A History of the Crusades، vol. I،
pp.380-381.
انظر أيضا: المقريزي، السلوك، ج1، ص81-ص82.
Runciman ،op. cit. ، vol. II ، pp. 440- 445.
Mayer، op. cit. ، p. 126 ; Runciman ، op. cit. ، vol.
II ، pp. 444 – 445.
جمال الدين الشيال، تاريخ مصر الإسلامية، ج2: العصران
الأيوبي والمملوكي، ص63- ص64، وقد أشار المقريزي (السلوك، ج1 ، ص92) إلى هذه
الحقيقة بقوله: « … ووقع الخلف بين الفرنج بطرابلس، فالتجأ القومص إلى
السلطان، وصار يناصحه….) وهو يقصد بالقمص الكونت ريمون الثالث السانجيلي أمير
طرابلس الصليبي.
(35) ر. سى. سميل، الحروب الصليبية
(ترجمة سامي هاشم، المؤسسة العربية للدراسات والنشر، بيروت 1982م ) ، ص69-83 ،ص95-
ص124 حيث يتحدث عن الجيوش العربية والجيوش اللاتينية على التوالي.
-
La voie de
libération de Jérusalem (suite 2/2)
Jérusalem est
un symbole
La marche épique de Salah Eddine vers la libération de
Jérusalem, a commencé par des événements sanglants à l’issue desquels Jérusalem
est tombé injustement aux mains de la horde des croisades au cours de la
dernière année du dixième siècle de notre ère.
Jérusalem est un symbole pour les Croisades : le
royaume de Jérusalem ou le royaume latin d’Orient.
Salah Eddine est un symbole de la résistance contre
les croisades et du Djihad islamique contre l’agression. Il a consacré sa vie à
la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans la Partie II de la présente
étude qui va tenter d’approfondir le récit sur d’édification de la stratégie de
bataille contre les croisés jusqu’à la récupération de Jérusalem et des
territoires arabes occupés.
Le début des manœuvres militaires des deux côtés, se
déroula comme un jeu d’échecs où chacune des parties essaye de deviner la stratégie
de l’adversaire tout en déployant la sienne par l’occupation tactique du
terrain et par l’utilisation des ressources disponibles de la meilleure façon
possible, avec audace et intelligence.
Dans le camp des Croisés les choses semblent un peu
plus compliqués car il était difficile de trouver un compromis entre la
prudence du comte de Tripoli, Raymond III, et la fougue belliqueuse des
Templiers.
Dans le camp des musulmans, le génie militaire de
Salah Eddine va se manifester comme prolongement des manœuvres militaires et
des méthodes de guerre utilisés dans la bataille de Hattin et les batailles
connexes qui ont suivi cette bataille et qui toutes ont été menées dans une
seule visée : récupérer Jérusalem et la libération de la mosquée Al-Aqsa.
Dans la période antérieure à la bataille de Hattin,
Salah Eddine a consacré environ treize mois dans la lutte contre les croisés
par des combats intermittents, alors qu’il a passé trente-trois mois, depuis
l’automne de l’an 570 AH / 1174, dans des combats sporadiques contre les
arabes, afin de construire un front uni arabe. Ce n’est qu’en 581 AH / 1186,
qu’il parvint à un traité avec l’émir de Mossoul qui parachève la souveraineté
totale de Salah Eddine sur le monde arabe et lui donne les forces militaires
manquantes pour envisager sérieusement une bataille décisive contre les Croisés
(36).
On peut d’ores et déjà sortir avec la conclusion que
le Sultan était pleinement conscient que la construction d’un Front uni est
très importante dans son dispositif de combat contre les Croisés. Dès qu’il a
réalisé l’unité de front arabe il s’est aussitôt déployé sur la seconde phase
de sa stratégie à long terme murement réfléchie, patiemment et intelligemment
mise en place pour la libération de Jérusalem.
David Jackson a écrit : … Je crois que l’analyse des
motivations religieuses et de sa dévotion mérite d’être évaluée avec soin pour
voir qu’en dépit de tout, son attachement à son idéal religieux a été
irréversible, en dépit de l’existence des différents points de vue des autres.
Je reste persuadé que la motivation première qui a guidé toute la vie et toute
l’ouvre de Salah Eddine était le Jihad jusqu’à la libération totale de
Jérusalem qui passe aux yeux de Salah Eddine nécessairement par la destruction
de la puissance militaire du Royaume des croisades. Le Jihad était pour lui la
condition nécessaire pour atteindre l’objectif de libérer Jérusalem.
On a essayé de montrer la lutte de Salah Eddine contre
les princes rivaux comme une lutte d’intérêts et de pouvoir pour son clan et sa
famille mais cela ne tient pas à l’analyse de ses biographies. J’ai l’intime
conviction que sa vie a été consacrée à l’objectif qu’il avait choisi, la
libération de Jérusalem, et toutes ses luttes internes se focalisaient sur la
réalisation de cet objectif (37).
Face à Salah Eddine on peut dire que la stratégie des
Croisés a constaté essentiellement à éviter l’affrontement avec les musulmans
autant que possible en se focalisant sur une planification de guerre purement
défensive (38). Depuis la création du royaume des Croisés, les Franques ont
toujours consacré leurs efforts à la fragmentation des arabes et à l’évitement
d’une confrontation qui pouvait donner une rapide victoire aux armées
musulmanes.
Raymond III était persuadé que si l’armée des Croisés
livrait bataille dans la chaleur de l’été elle n’aurait pas la haute main dans
la lutte, et a tenté de persuader le roi croisé, Guy de Lusignan, de ne pas
prendre l’initiative de livrer bataille et de sa cantonner à la défensive. Mais
le chef des chevaliers Renaud de Châtillon accuse Raymond de lâcheté et
convainc les Croisés de lancer assaut contre les musulmans et battre l’armée de
Saladin.
Comme le Roi des Croisés n’avait pas l’envergure d’un
chef il a finit par se ranger à l’avis de Renaud de Châtillon. Dans leur sortie
à la rencontre des musulmans les Croisés ont campé dans la région de Sophoria
verdoyante avec arbres et cours d’eau et Raymond insistât pour y rester sans
aller plus loin dans la rencontre des musulmans préconisant une fois de plus qu’il
n’était pas sage de chercher à livrer combat contre les musulmans.
À propos de
Galilée
Salah Eddine n’a pas hésité à recourir à une diversion
militaire pour forcer les Croisés à sortir de leur campement de Sophoria qui
leur assurait la sécurité et les ressources. Au début du printemps de l’année
583 AH / 1187, il a lancé une forte attaque sur la forteresse de la Galilée où résidait la
femme du comte Raymond III. Soumettant le château a des assauts qui allaient le
faire tomber, Salah Eddine parvient à pousser la femme du comte, retranchée
dans le château assiégé, à solliciter l’aide du roi des Croisés pour mettre fin
au siège de Salah Eddine (39). La manœuvre militaire de Salah Eddine réussit :
contre l’avis de RAYMOND III qui était conscient des risques de l’affrontement
meurtrier avec l’armée des musulmans d’une part, et qui pensait qu’il valait
mieux laisser tomber le château et payer la rançon pour libérer sa femme
d’autre part, le chef de l’Ordre des Chevaliers, s’introduisit auprès du roi
des Croisés et le convaincu d’aller à la rencontre de Salah Eddine pour
l’empêcher de s’emparer de la
Galilée.
Vendredi, 24 rabiâ 583 Hijri / 3 Juillet 11 87, en pleine
chaleur, l’armée des croisades quitta les jardins couverts de Sophoria pour
prendre le chemin des collines nues à destination de Tibériade (40). Comme à
l’habitué les forces de renseignement et de reconnaissance de l’armée de
Saladin démontrèrent leur intelligence et leur compétence dans le suivi et les
prévisions des manœuvres des armées des croisés. Salah Eddine était mis au
courant du déplacement des armées ennemies et de l’état de leurs forces.
Et Salah Eddine redéploya son armée en lui faisant
faire marche du camp de « Kfar Sabbat » au village de Hattin, qui
était été riche en pâturages et en eau abondante. A hattin son armée fit
jonction avec les troupes musulmanes qui revenaient de Galilée mettant fin à
leur siège. La situation logistique a changé : c’est maintenant les troupes
musulmanes qui sont à l’aise et au repos tandis que les troupes croisées sont
en marche exposées à la chaleur et au soleil de plomb.
Dans cette situation de combat les troupes musulmanes
harcelaient les flancs et les arrières des armées par des coups de main et des
embuscades en s’appuyant sur la cavalerie légère. On assiste à de nouvelles
techniques de combat auxquelles les armées des croisées n’étaient pas préparées
: harcèlement et attaques surprises éclair.
Il était difficile voire impossible pour les armées
croisées de modifier leur dispositif de combat et de déplacement pour s’adapter
aux nouvelles techniques de guerre éclair utilisée par les musulmans.
Maintenant leur dispositif traditionnel de blocs compacts et de rangs serrés
les croisés ont péniblement souffert du harcèlement type guérilla. Devant les
pertes subies et la désorganisation de leurs dispositifs, les Croisés ont été
contraint d’arrêter leur déplacement et d’organiser un camp de stationnement
pour tenter de repousser les attaques poursuivies tout au long d’une longue et
pénible journée qui a vu des attaques violentes perpétrées par des musulmans
sur les flancs et le dos de leur armée et entamant la résistance morale et
physique des troupes (41).
Les Croisés ont installé leur campement sur une
colline surplombant le lac de Galilée. Mais ils ne sont pas en mesure
d’atteindre l’eau car des détachements musulmans leur font obstruction en
s’interposant entre eux et les berges du lac.
Et pour le malheur des croisées, la soif du jour se
conjugua à la fumée émise par les feux que les soldats de Salah Eddine, infiltrés
dans les avants postes, allumaient dans les broussailles sèches autour du
campement. Les croisés étaient en plus démoralisés par les prières et les Allah
Akbar prononcés par les musulmans. Le matin, à l’aube dès l’appel à la prière
des musulmans, les croisés avec un moral fortement perturbé, firent le constat
qu’ils étaient encerclés de tous les côtés. Il ne leur restait que la tentative
d’ouvrir une brèche par l’infanterie à destination des points d’eau mais ce fut
pour eux la plus grande débâcle de l’histoire des croisades. Après d’âpres
combats une partie des troupes croisées fut dispersée et une autre partie fut
tuée ou capturée.
Le samedi, rabiâ 25 583 Hijri / Juillet 4, 1187,
l’Armée islamique réalisa la plus grande victoire contre l’existence du royaume
des croisades. Toute l’armée conduite par les Chevaliers fut décimée. Ne
survécut à cette défaite que Raymond III, le comte de Tripoli, qui avaient fui
pendant la bataille, avec un certain nombre d’amis. Salah Eddine a réussi à
décimer une partie de l’élite des Croisés (42). Jérusalem devenait de plus en
plus un objectif proche et réalisable dans la stratégie patiente et savante de
Salah Eddine.
A la suite de ce combat qui fut une destruction
catastrophique des forces principales des Croisés qui ont perdu des hommes et
du matériel ne restaient comme résistance principale sur la route vers
Jérusalem que de petites garnisons retranchées dans les forteresses, les
châteaux et les villes occupées qui tombèrent les unes après les autres au main
des musulmans peu de temps après la bataille de Hattin.
Plus qu’une
défaite, une série de défaites
Certes, il est vrai qu’avant la bataille de Hattin les
Croisés ont connu des catastrophes militaires, il est vrai aussi qu’un certain
nombre de leurs dirigeants ont été tués ou faits prisonnier par les combattants
musulmans, mais la bataille de Hattin est plus qu’une défaite ou une
catastrophe militaire c’est l’effondrement du système idéologique, militaire,
politique et psychologique des croisades.
Le plus important dans cette bataille décisive est que
Salah Eddine est réconforté dans sa vision de libération de Jérusalem qui
dictait de rendre les croisés vulnérables détruisant le mythe de leur
invincibilité militaire et de la puissance de leur royaume. Il a été en mesure,
à la tête de son armée, de détruire la plus grande armée des Croisés, et il est
maintenant convaincu plus que jamais que la défaite totale des Croisés est
faisable et que c’est leur défaite militaire qui mettra fin au royaume latin en
Orient et réalisera la libération définitive des territoires arabes de la
domination étrangère.
Il est vrai que la bataille de Hattin n’a pas mis de
fait fin aux Croisades et s’il y a eu une durée plus grande à l’existence des
Croisades et plus tard à la présence coloniale cela est imputable à la
faiblesse politique des successeurs de Salah Eddine qui ont laissé ressurgir
les anciennes rivalités politiques et s’installer de nouveau l’esprit tribal
avec ses convoitises et sa vision étroite et à court terme.
Il faut souligner aussi que les Croisés ont perdu par
la suite de leur vitalité et n’ont tien réalisé de grand ou de spectaculaire se
contentant de gérer leur royaume que Salah Eddine a laminé et fortement réduit.
Le plus grand fait, du côté musulman, de la bataille de
Hattin, est la participation, pour la première fois depuis des siècles, au
combat ensemble, sur un même front et contre un seul et même ennemi, l’ensemble
des forces officielles arabes venant de Syrie, d’Irak, d’Egypte et même des
bénévoles venant du Maghreb. Elle donne à l’histoire le repère véritable et la
stratégie authentique de libération des terres occupées : un front uni dans
l’action politique et militaire. Ce front n’était pas le résultat d’une
improvisation ou d’un accident de l’histoire mais l’effort inlassable,
permanent et continu d’Imad Eddin Zinced, de Noor Eddin Mahmud et puis de Salah
Eddine Ayouby. La victoire de Hattin contre le colonialisme des Croisades est
le point culminant et logique des efforts de la construction du Front uni de résistance
politique et militaire.
De ces considérations découle l’importance historique
de la bataille de Hattin. Elle reste une épine au gout amer et cruel dans toute
l’histoire des Croisades et de l’Europe catholique …
Lorsque le temps d’apaisa et la poussière de la
bataille se dispersa, le roi des croisés Guy de Lusignan accompagné de Renaud
de Chatillon et de hauts dirigeants furent amenés captifs dans la tente où les
attendaient Salah Eddine. Le chroniqueur musulman Îmad al-Esfahani raconte
comment le Sultan Salah gronda Renaud de Chatillon et lui reprocha ses actions
belliqueuses et son odieux manque de respect pour les pactes et les
conventions. Jusqu’à la fin Renaud de Chatillon se montra arrogant, menteur et
perfide allant jusqu’à affirmer que la faute incombait aux rois des Croisés.
Salah Eddine a tué le prince transgresseur comme accomplissement d’un vœu qu’il
avait fait à lui-même lorsqu’il a pris conscience des horreurs commises contre
les musulmans à cause des agissements et des intrigues de Renaud de Chatillon.
A la vue de la décapitation du prince Renaud de
Chatillon le Roi des Croisés fut pris d’une crise d’épilepsie qui ne s’arrêta
que lorsque Salah Eddine le réconforta et lui donna le serment qu’il était sous
sa protection. Il donna l’ordre de décapiter tous les Templiers considérés
comme responsables des massacres commises contre les populations musulmanes, à
l’exception de leur commandant en chef à qui il accorda la vie (43).
Après la victoire de la bataille de Hattin les forces
de Saladin avancent en douceur sans précipitation faisant tomber les uns après
les autres cinquante-deux villes, châteaux et forteresses des Croisés.
Les places fortes des croisés tombaient facilement car
d’une part elles étaient dans un rapport de force défavorable et d’autre part
ses occupants avaient la garantie de la vie sauve et de la sécurité s’ils se
rendaient sans opposer résistance. Salah Eddine avaient la réputation de ne
jamais manquer à ses promesses ni à ses engagements.
Les armées de Saladin sont parvenus jusqu’à Acre (Akka
en Palestine), qui était le plus important port des Croisés sur la Méditerranée. C ’est
un port militaire bien protégé avec des forteresse presque invulnérables et qui
s’est préparé à l’arrivée des armés musulmanes qui l’ont attaqué le premier
jeudi du mois de Joumada I AH 583 / 1187. La population croisée d’Acre, en
quête de sécurité, a demandé de négocier avec Salah Eddine qui leur a donné le
choix de rester ou de partir loin de la zone de combat. Ayant fait le choix de
partir il s’engagea à leur laisser la vie sauve et à leur laisser leurs
richesses qu’ils pouvaient transporter avec eux comme serment de Salah Eddine
inviolable et sacré.
Comme ils s’imaginaient qu’après la prise de la ville
ils allaient tous être tués ainsi que leurs femmes et leurs enfants il
décidèrent pour la plupart d’abandonner la ville à son sort…( 45). L’attaque
contre la ville permis la libération des prisonniers musulmans à Acre (Akka)
dont le nombre dépassait quatre mille(46). Acre remis les clés de la ville à
Salah Eddine au cours du mois de Joumada I 583 AH / 10 Juillet 11 87. A partir d’Acre
Salah Eddine récupéra en quelques mois Jaffa, Nazareth, Sforep, kissaria,
Naplouse, et Tibnine, Sidon, Beyrouth, Byblos, Ashkelon, Gaza, Toron, Aldarom
(à proximité du territoire égyptien). Le but était d’empêcher le débarquement
de renforts venus d’Europe. Il pouvait maintenant se mettre en marche sur
Jérusalem à la fin de Joumada II 583 AH / Septembre 1187 (47).
Récupération
d’Ashkelon
Ashkelon est la plus importante des forteresses que
Salah Eddine a fixé comme objectif à reconquérir avant de se diriger sur
Jérusalem. Ashkelon a été un grand enjeu militaire et stratégique tant pour les
croisés que pour les musulmans : c’est une base à la fois navale et terrestre dont
la maîtrise permettait de lancer des expéditions redoutables tant navales que
terrestres le sol peuvent être avancées pour ceux qui possédaient eux pour
lancer des attaques efficaces contre l’ennemi au sol ou sur mer. Cette base est
resté 35 ans sous la domination des croisés avant d’être libérée par Salah
Eddine qui a ordonné la destruction de ses murailles et de ses forteresses pour
qu’elle ne puisse plus servir de base ennemi dans le cas où elle serait reprise
par l’ennemi dans le futur.
Le Sultan met son armée, victorieuse, en marche sur
Jérusalem pour la faire tomber par l’épée (48). Sans doute il eut l’idée et le
désir de venger le sang des musulmans massacrés par les croisés lors de la Première Croisade
en Juillet 1099.
A ce moment là, dans la marche sur Jérusalem,
Al-Nasser Salah Eddine Yusuf Ayouby, avait sous son commandement toutes les
armées arabes qui avaient combattu sur tous les fronts et toutes les villes et
forteresses le long de la côte syrienne et palestinienne où se trouvait la
forte présence des coalisés. Il imposa l’embargo totale contre la ville sainte,
le dimanche, le 15 Rajab, 583 AH / Septembre 1187 ….
Le dernier et court chapitre de l’histoire de la
libération de Jérusalem, doit toujours être vu comme l’aboutissement d’un long
processus historique et le résultat d’une complexe maturation politique et
militaire et non un simple fait d’armes épique. Le siège de la sainte ville a
duré seulement vingt jours, mais le conflit a été l’histoire de longs et
pénibles chapitres qui s’est étalée sur quatre-vingt-huit ans de luttes sur
plusieurs générations depuis que la ville tomba aux mains des Franques Croisés
la dernière année du dixième siècle jusqu’à sa libération par les musulmans le
27 du mois de Rajab de l’année 583 AH / II d’Octobre 1187.
La scène finale a été, comme une ironie du sort, plein
de contrastes, plein de panoramas impressionnants. Elle demeure comme
contradiction générale avec la scène brutale et cruelle qui a eu lieu
quatre-vingt-huit ans auparavant. Elle demeure un rapport de confrontation
entre le fanatisme agresseur et la culture d’une civilisation qui défend son
existence et ses valeurs, entre l’arrogance impitoyable du colonisateur et
l’éthique de la résistance et entre la barbarie du dominateur et la fierté et
la noblesse du triomphe de la libération.
Enfin l’assaut final contre la sainte ville fut donné
et les catapultes des armées musulmanes ciblèrent les murailles et les tours
fortes par un pilonnage intensif de lourdes pierres et de boulets de feu. Bien
protégés derrière les murailles les croisés opposèrent une résistance farouche
et obstinée sous le commandement du Prince croisé Balian de Laplaine. La
résistance de la ville conjugué à la chaleur du jour contraint le Sultan Salah
Eddine à déplacer son camp et à changer de site de bataille. Il se dirigea
alors le 25 Rajab vers la partie nord de la ville.
Les croisés pensaient que l’Armée islamique a dû lever
le siège de la ville, mais ils ont déchanté de leur optimisme lorsqu’ils vu
apparaitre les forces de l’Islam sur le Mont des Oliviers, qui surplombe
Jérusalem du côté de la Vallée
de l’Enfer (49).
Etranges
rituels
À l’intérieur de la ville, la reine Isabella Sybila
prend la défense de la ville avec le concours du patriarche catholique
Héraclius et du Prince Balian. Les femmes de l’aristocratie des Croisés, sous
la direction d’Isabella, eurent recours à une étrange procession, un rituel
inédit, dans l’espoir que le sort soit plus clément en faveurs des Croisés qui
ne se faisaient plus d’illusion sur l’issue de la bataille. Les dames de
l’aristocratie se sont mises à tondre les cheveux de leurs filles, puis à les
déshabiller les laissant nues prendre un bain en public et en plein air sur une
colline de Jérusalem (50).
Mais la ville assiégée n’est pas dans le besoin de ces
rituels frivoles, mais dans des combattants, des armes et une volonté de
combattre qui font défaut… Et le prince Balian proposa de remettre les clés de
la ville en échange d’un pacte de paix qui garantit leur vie et leur sécurité.
Mais le sultan Salah Eddine, refusa l’offre car il voulait une victoire totale
par les armes pour achever définitivement la présence étrangère sur les
territoires arabes et clore un chapitre de l’histoire du monde arabe : la ville
devrait être libérée de la même façon qu’elle a été prise.
Sur ce sujet le chroniqueur musulman Imad al-Din
al-Asfahani raconte : » Le Prince des croisés a dit que si le Sultan
n’acceptait pas l’offre d’échanger la ville contre leur sécurité, il allait
donner l’ordre aux croisés de détruire la ville, y compris la mosquée Al-Aqsa
et le Dôme du Rocher, et abattre toutes les femmes et les enfants vivant dans
la ville « … Votre intérêt n’est pas dans notre défaite mais dans un
traité de paix, vous perdrez tout si vous obtenez totale victoire. La déception
vous est venue par la porte de l’espérance, le moins pire pour vous se trouve
dans le traité de paix même s’il contrarie votre victoire … ». La décision
finale fut prise par un conseil de guerre qui accepta la capitulation des
croisés et l’arrêts des combats par les troupes musulmanes (51).
Ils devaient être heureux ce jour là les défenseurs
Croisés dirigés par le Prince Balian de Laplaine. Ils étaient heureux parce
qu’ils sont à la merci d’un vainqueur qui jouit de hautes qualités morales et
des attributs de miséricorde et de compassion. Personne n’ignorait la vertu de
la parole et des actes de Nasser Salah Eddine. Sa miséricorde et sa sagesse
ainsi que celle de son conseil de guerre ont évité une effusion de sang inutile
et ont confirmé une fois de plus l’humilité des musulmans dans la victoire et
le primat de la raison sur le désir de vengeance. L’histoire des Croisades ne
retient ni contre Salah Eddine ni contre les musulmans les atrocités qui
étaient courantes dans le monde à cette époque … » (52).
En effet le Sultan était connu de ses contemporains,
par son comportement humain, loyal, fidèle à ses promesses. Quand le prince
Balian a proposé ses conditions de reddition Salah Eddine n’a pas hésité
longtemps avant d’aller à la solution la plus charitable et la plus économie en
vie humaine. Il a vaincu la rage portée dans le cœur quand les yeux voient la
sainte ville à la portée de ses armes et que le souvenir est hanté par le
massacre des s musulmans lors de la prise de la ville par les croisés et par
les longues et cruelles souffrances des peuples arabes plongés sous le joug du
colonialisme des croisés qui a duré quatre-vingt-huit ans.
Les musulmans ont accepté que soit versée une rançon
pour chaque homme de dix dinars, chaque femme de cinq dinars, et chaque enfant
de deux dinars (53).
Entrée
victorieuse à Jérusalem
Les Musulmans entrent à Jérusalem le vingt-septième
jour du mois de Rajab en 583 AH / II de Octobre 1187. Ne sont restés dans la
ville que les autochtones, les arabes musulmans et les arabes chrétiens de
l’Eglise orientale. Tous les croisés ont quitté sains et saufs la ville, ceux
qui pouvaient payer leur rançon et ceux que Salah Eddine a accordé dérogation
de ne pas payer leur rançon pour une raison ou une autre.
Le patriarche Héraclès est parti sain, sauf et libre
d’emmener avec lui les reliques religieuses, l’argent et tous les objets en or
et en argent ainsi que les coffres remplis d’objets précieux qui étaient dans
l’église de la
Résurrection , sous les yeux et la protection des soldats
musulmans, sans être exposé à un vol ou une vexation de la part de la
population arabe. Un pacte est sacré, inviolable, quelques soient les blessures
et les humiliations subies par le passé.
Le dernier à partir fut le princpe Balian qui avait
déployé toute son énergie pour maintenir la ville sous domination des croisés
et qui avait fait tout son possible pour négocier la livraison de la ville
contre la vie sauve de ses défendeurs croisés chevaliers, soldats et civils. Il
est parti libre accompagné de son épouse et des princes et chevaliers qui
étaient avec lui à Jérusalem. Ils sont partis empruntant une route sécurisée
pour eux et leurs biens conformément aux garanties données par le Sultan Nasser
Salah Eddine Youssouf al Ayoubi.
Pour l’époque, la reconquête de Jérusalem, reste, sur
le plan humanitaire, une image singulière. La libération de Jérusalem a
provoqué un rayonnement de bonheur , de liesse populaire et de ferveur
religieuse dans l’ensemble du monde musulman. La nouvelle de la libération de
Jérusalem attira des foules innombrables du monde musulman pour la visite de la
ville sainte et la mosquée Al Aqsa (54).
L’oraison et le sermon du vendredi ont été restaurés à
la mosquée Al-Aqsa, après une longue pause de presque un siècle, le quatrième
vendredi du mois de Sha’ban en 583 AH. La chaire du sermon de (al minabar) qui
a été réalisée depuis longtemps, depuis Nur al-Din Mahmoud, a pris sa place
lors de cette célébration historique de l’oraison du premier vendredi de la
libération.
L’historien Ibn Athir raconte : Salah Eddine ordonna
la construction de la tribune (minabar) pour l’offrir à la mosquée Al-Aqsa le
jour de la libération de Jérusalem à laquelle il se préparait et y croyait.
Lorsqu’on lui dit que Nur al-Din Mahmoud avait déjà donné des instructions à
des artisans d’Alep de fabriquer le Minbar en mettant toute leur ingéniosité
artistique pour qu’il soit la plus belle tribune jamais réalisée dans le monde
islamique. Les menuisiers syriens ont mis des années pour réaliser ce chef
d’œuvre d’ébénisterie. Salah Eddine ordonna que cette chaire soit ramenée à
Jérusalem pour l’inauguration de la prière du vendredi dans Jérusalem qui
allait être libérée. C’est donc cette chaire qui pris sa place dans la mosquée
al Aqsa.
L’imam qui a présidé à la prière était le juge
Mohieddin Ibn Zaky. Il portait la tunique noire emblème de la dynastie des
Abbassides et prononça des éloquents sermons et des discours plein de ferveur
religieuse à cette occasion historique (56).
L’oraison et le
sermon du vendredi dans Jérusalem libérée
Il s’agissait ce jour là, dans la prière, dans le
sermon, dans la chaire et dans la foule des orants, des images symboliques du
processus du jihad qui a duré plusieurs générations, afin de libérer Jérusalem
des Croisés (57).
Salah Eddine s’est donné suffisamment de temps pour
évacuer la ville de tous les Croisés, pour remettre la ville en état de
fonctionner normalement sur le plan administratif, social et économique. Il a
autorisé l’entrée de la ville aux populations juives. Les juifs ont été
expulsées des abords de la ville par les Croisés et n’étaient pas autorisés à
pénétrer dans la ville sainte durant les longues années d’occupation croisée
sous le prétexte qu’ils étaient responsables des souffrances de Jésus-Christ.
Pour l’histoire il faut souligner que les juifs en Palestine étaient peu
nombreux par rapport aux autres villes d’Orient et que la majorité de la
minorité juive en Palestine, vivaient traditionnellement en dehors de la ville
de Jérusalem comme en témoignent le Benjamin Alttili et d’autres nombreuses
sources historiques. Salah Eddine leur a accordé le privilège de résider dans
la ville comme tous les autochtones de la région arabe.
Le Sultan ordonna la restauration du Mihrab de Omar
devenu vétuste et son revêtement en marbre. Il ordonna le retrait des icônes et
des images placées par les Templiers et les Chevaliers dans les maisons qu’ils
avaient spoliés et dans les bâtiments et cours de la mosquée Al-Aqsa.
Le Dôme du Rocher est lavé avec de grandes quantités
d’eau de rose, puis son air purifié par les meilleurs encens. Il supervisa le
recrutement du personnel responsable du service de la mosquée Al-Aqsa. L’église
de la Résurrection
a été fermée pendant plusieurs jours, puis elle a rouvert ses portes aux
fidèles chrétiens. Autorisation fut donnée aux princes des croisés de la
visiter et d’y venir faire leurs prières et leur pèlerinage.
Ce bref aperçu sur le rôle historique de Saladin et
sur sa stratégie pour la libération de Jérusalem, révèle une biographie d’un
homme qui mérite une noble appréciation et une grande vénération à la lumière
de sa réussite dans la libération de Jérusalem. Toute sa biographie témoigne
qu’il a dirigé son attention tout au long de sa vie pour atteindre cet
objectif, et qu’il a estimé, sans faillir un jour ou douter un instant, que le
jihad est la seule façon, au niveau politique et militaire, pour parvenir à la
libération des territoires occupés.
Il faut retenir que Salah Eddine a construit le projet
de libération de Jérusalem sur la base préalable de la reconstruction de
l’unité morale, politique et religieuse du monde musulman sous la bannière du
djihad contre les Croisés. Sa biographie révèle qu’il a consacré la plus grande
partie de sa vie dans ses efforts pour former l’unité politique et mettre fin
aux luttes entre les factions dans la région arabe. Les combats contre les
Croisés n’ont occupé qu’un tiers du temps consacré à l’action militaire contre
les princes Al zenkyines et autres brigands et voyous arabes.
Il faut garder conscience vigilante que la
fragmentation confessionnelle et doctrinaire, l’égoïsme des intérêts mesquins,
le sectarisme ethnique et la division politique des dirigeants et le silence
des populations musulmanes de l’époque, était la raison de la réussite de
l’arrivée et de l’implantation des Croisades au cœur du monde arabe. Il ne faut
pas perdre de vue que la présence continue et trop longue des croisés sur le
sol arabe n’est pas la résultat de leur supériorité mais la conséquence dépend
objective de la dégradation continue ,morale et politique, de la personnalité
arabe qui est devenu, de ce fait, otage des convoitises et faille vulnérable
face aux appétits colonialistes. Le monde arabe otage de la gouvernance
insensée des dirigeants arabes et de leurs divergences politiques scandaleuses
se transforme inévitablement en proie facile pour les prédateurs colonisateurs
comme les croisés.
Salah Eddine ne doit pas être vue dans une vision
messianique. Il est à la fois le produit et le continuateur d’un long processus
libératoire qui a commencé par imad Eddine zinqi et Noor Mahmoud qui avaient en
tête le projet révolutionnaire de libération de Jérusalemen, de la Palestine et du monde
arabe. Les prédécesseurs de Salah Eddine engagé sur la voie de la libération l
leur manquait les deux conditions de réussite : l’unité des rangs politiques et
l’unité de commandement militaires qui permettaient de réaliser cet objectif de
grande envergure. Aucune ambition légitime et noble ne peut se concrétiser dans
des conditions de déliquescence morale et politique et sans planification qui
met en place la stratégie, les moyens et les programmes d’actions.
Salah Eddine avait l’avantage d’avoir la vision lucide
et la conscience religieuse et politique de cette situation anormale,
politiquement et moralement. Il avait aussi la compétence d’agir avec savoir,
intelligence et prudence trouver l’opportunité et la pertinence pour surmonter
les obstacles, les affronter ou les contourner sans perdre de vue l’effort
stratégique des efforts tactiques, les visées lointaines des visées à court et
moyen terme. Il a montré que la planification intelligente conjugué à a la
volonté permettent de se renforcer progressivement contre l’occupant et de
rendre faisable la libération dont la concrétisation est rendue de plus en plus
proche et de plus en plus évidente tant pour lui que pour ses proches et les
populations musulmanes.
Salah Eddine en écrivant au Calife abbasside al
Moustandi billah : « Si les affaires de la guerre trouvaient
solution dans la pluralité des participations on n’aurait pas manqué sans doute
la gloire qui nous fait défaut au vu de l’importance du nombre de prétendants
autonomes chacun réclamant pour lui l’autorité. On n’aurait pas été amené à
subir des préjudices s’il était naturel que le monde supporte la coexistence de
plusieurs autorités contradictoires. Mais la vérité que nous ne pouvons ni
occulter ni fuir sans préjudices et dommages et que les affaires de la guerre
exigent une longue préparation et une excellente planification qui ne peuvent
se passer de l’unité de commandement militaire et de l’unité de décision
politique. Si la question du commandement est réglée et la planification
politique tranchée il ne reste alors que la mise en place des organes
consultatifs sur les questions de mobilisation des moyens pour mener les
combats victorieux … »( 58).
Ces quelques mots résument la doctrine de Salah Eddine
sur l’Etat moderne et sur la guerre de libération. Ils sont le meilleur
témoignage sur la stratégie victorieuse de Nasser Salah Eddine Youssef al Ayoubi
dans la reconquête de Jérusalem.
Notes
du traducteur
Celui qui veut faire un travail comparatif qu’il lise
par exemple les Croisades sur Wikipédia. Vous aurez plus de détails mais une
vision de l’histoire du côté occidental. Ici c’est une lecture non apologétique
mais du côté arabe et musulman. Le francophone peut trouver dans cette
traduction, malgré ses fautes, une autre source d’information et une autre
lecture de la libération de Jérusalem. L’auteur égyptien, Qassem Abdou
Qassem, historien et écrivain, est allé à l’essentiel : montrer les
causes de la défaite et de la victoire qui sont exactement les mêmes au X ème
ou au XXI siècle.
J’aimerais ajouter trois éléments
d’appréciation qui font partie de la culture islamique et que l’auteur n’a pas
soulevé dans son excellent article.
Le premier est l’espérance que doit garder le croyant,
même dans les situations les plus tragiques, car l’espérance fait partie
intégrante de la foi. Le rapport de force politique et militaire est important
dans l’issue d’une bataille mais il n’est pas déterminant. La foi et la vertu
du combattant et de son environnement social sont l’autre élément décisif dans
la victoire ou la défaite. C’est la loi de Dieu qui s’est appliquée et qui
s’appliquera car Il est créateur de l’homme, de ses actes et des conséquences
de ses actes et elle s’applique selon la loi de la causalité et du mérite et
selon d’autres lois qui échappent à notre entendement :
{Ô vous qui croyez ! Si certains d’entre vous
renient leur foi, Dieu fera surgir d’autres hommes qu’Il aimera et qui
L’aimeront. Humbles avec les croyants, durs envers les négateurs, ils
combattront au service de Dieu, sans la crainte d’aucun reproche.} Al-Maidah 54.
Le second élément est l’aspect épique ou charismatique
qu’on attribue au commandant victorieux ou au dirigeant qui s’est
particulièrement illustre dans une situation politique ou géopolitique
oubliant le rôle de tous ses anonymes dont on ignore le sacrifice, les
souffrances et le rôle déterminant dans la préparation et l’exécution du destin
et de l’histoire. Nous devons nous libérer du culte du chef et de l’attente
messianique car le destin c’est vous, moi, nous tous si nous agissons avec
sincérité, intelligence et de concert sans chercher la fausse gloire. Mohamed
(saws) a fait éloge des exilés. On lui a demandé qui étaient les éxilés (al
Ghouraba) il a expliqué que ce sont des gens dont le comportement est si humble
et si effacé qu’ils paraissent des étrangers insignifiants parmi les leurs mais
dont l’action n’est connue efficace et méritoire n’est connue que de Dieu. Leur
récompense auprès de Dieu n’aura d’égale que leur anonymat dans ce monde:
« Les exilés sont ces gens quand ils
sont parmi vous vous ne faites pas cas de leur présence et quand ils sont loin
de vous vous ne remarquez pas leur absence mais dont les oeuvres auprès de Dieu
sont considérables »
Le troisième est aux amateurs de berbérité,
d’arabité ou de kurdité, de chiisme et de sunnisme : il faut juste
rappeler que la civilisation musulmane même dans sa décadence a toujours posé
le problème de l’arabité en terme de culture et non en terme d’ethnie. Salah
Eddine était Kurde par sa naissance mais sa culture était arabe et il a
combattu tous ceux qui favorisaient la fragmentation de la nation musulmane au
nom de la confession, de la doctrine ou de l’ethnie. Les chrétiens du monde
arabe se considèrent comme arabe faisant partie de la vaste culture musulmane.
Les chrétiens et les juifs de l’orient musulman se considèrenent comme
partie intégrale et indissociable de la culture musulmane. Tout sectarisme
pratiqué par un musulman est condamnable.
NOTES :
(36) ديفيد جاكسون، « معركة حطين » ، ص86 –
ص87.
(37) نفسه، ص92- ص93.
(38) سميل، الحروب الصليبية ، ص152- ص153.
(39 ) نفسه، ص176- ص177.
(40) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60 – ص73؛ العماد
الأصفهاني، الفتح القسي، ص17- ص45؛ مجهول، البستان الجامع لجمع تواريخ الزمان
(نشره كلود كاهن) انظر:
Claude Cahen ، » Une Chronique Syrienne de VI-
XII Siecle: Le » Bustan Al Jami » ، en Bulletin d، Etudes
Orientales ، toms. VI-VIII، (Annees 1937-1938
) ، pp. 146-ff.
(41) سميل، الحروب الصليبية، ص179- ص180.
(42) عن معركة حطين، انظر: ابن الأثير، الكامل، ج9 ،
ص177- ص179 وقد ذكر ابن الأثير ما نصه « .. وكان من يرى الأسرى لكثرتهم لا
يظن أن هناك قتلى، فإذا رأى القتلى حسب أنه لم هناك أسرى… »، انظر أيضا: ابن
شداد، النوادر السلطانية، ص60- ص73؛ الأصفهاني ، الفتح القسي ، ص17- ص45؛ ابن واصل
، مفرج الكروب ، ج2، ص187- ص192المقريزيي، السلوك، ج1، ص93؛ ميخائيل زابوروف،
الصليبيون في الشرق (دار التقدم، موسكو 1986م ) ، ص191- ص192.
Mayer،op. cit. ، pp. 131-132 ; Runciman ، op. cit.
vol. II ، pp. 450 -460.
(43) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص80- ص81.
(44) المقريزي، السلوك، ج1، ص93.
Mayer، op، cit.، pp. 131- 132.
(45) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص89 –
ص91.
(46) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة في ملوك مصر
والقاهرة (طبعة مصورة عن طبعة دار الكتب المصرية – الهيئة العامة قصور الثقافة 2008م)
،ج6 ، ص35.
(47) الأصفهاني، الفتح القسي، ص92- ص115؛ ابن الأثير،
الكامل، ج9 ، ص176 – ص178، ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج 6، ص35 – ص67؛ ابن
واصل، مفرج الكروبي، ج2 ، ص209 – ص 211؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص95؛ ابن شداد،
النوادر السلطانية، ص80 –ص81؛ أبو شامة، ج2 ، ص95.
Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp.461- 462.
(48) ابن واصل، مفرج الكروب، ج2 ، ص209- ص211.
(49) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6،
ص36؛..Mayer،op.cit.p.132.
(50 ) Ibid ، pp.131-132.
(51) الأصفهاني، الفتح القسي، ص127.
(52) مونتجومري وات، « الحملات الصليبية: تصورات
مختلفة » في كتاب ، 800 عام – حطين والعمل العربي الموحد (دار الشروق 1989م)،
ص80.
(53) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص 129؛ الأصفهاني،
الفتح القسي، ص127- ص137؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص97؛ ابن تغري بردي، النجوم
الزاهرة ، ج6، ص36- ص37؛
Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 264-266.
(54) المقريزي، السلوك، ج1، ص97.
(55) ابن الأثير، الكامل، ج 9، ص182 وما بعدها.
(56) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص235 – ص237؛
الأصفهاني، الفتح القسي، ص138- ص140؛ البستان الجامع، ص146 – ص147؛ المقريزي،
السلوك، ج1، ص96- ص99؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج6، ص37؛ انظر أيضا:
Mayer ، op. cit. p132; Runciman ، op. cit. vol. II
،pp.446- 447.
(57) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار
عين للدراسات والبحوث 2007م) ، ص62 – 63.
(58) أبو شامة، الروضتين، ص48؛ ابن واصل، واصل، مفرج
الكروب ، ج1، ص15
Auteur : l’écrivain et historien égyptien
Qassem Abdou Qassem
Traduction Omar Mazri. 12
août 2012 .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire