L'attentat d'Anagni
L'attentat d'Anagni est
l'événement le plus célèbre et le plus marquant de la lutte opposant le roi de
France Philippe le Bel
au pape Boniface VIII.
Historique
Philippe IV le Bel, au début de 1303, est menacé d'excommunication. Conseillé par son nouveau chancelier, Guillaume de Nogaret, il réplique par
la convocation d'un concile œcuménique à Lyon dont le but serait de
juger le pape, que
plusieurs qualifient d'« indigne », et de le déposer. Nogaret est chargé de se rendre en Italie afin de notifier les volontés du roi
au pontife, Boniface VIII.
Celui-ci, ayant appris les intentions de Philippe
IV avant l'arrivée de Nogaret,
prépare la bulle Super patri
solio (Petri solio excelso1),
qui l'excommunie officiellement.
L'apprenant, Nogaret décide d'organiser
un coup de main contre le pape avant la publication et la mise en vigueur de la
bulle, le 8 septembre. Il recrute
une troupe de 600 cavaliers et de 1 500 fantassins menés par deux chefs de
guerre, par surcroît ennemis du pape, Sciarra
Colonna et Rinaldo de Supino.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre 13 03, ils investissent la petite ville d'Anagni dans le Latium, où réside le pape pendant
l'été. Ils réussissent à s'emparer sans trop de mal du palais pontifical de la ville2.
Cependant, les buts de Nogaret et de Colonna ne sont pas les mêmes. Nogaret
veut simplement lui notifier la citation à comparaître au concile ;
Colonna veut s'emparer de la personne du pape et l'obliger à renoncer à sa
charge. Nogaret parvient à calmer son complice et lit solennellement son acte
d'accusation au pape. Celui-ci fait face avec dignité sans céder sur aucun
point, déclarant : « Voici mon cou, voici ma tête. »
Maurice
Druon décrit la scène dans Les
Rois maudits : « (...) Là, le vieux pape de 98 ans, tiare en
tête, croix en main, seul dans une immense salle désertée, voyait entrer cette
horde en armures. Sommé d'abdiquer, il répondait : "Voilà mon cou,
voilà ma tête ; je mourrai, mais je mourrai pape." Sciarra
Colonna le giflait de son gantelet de fer. Et Boniface lançait à Nogaret : "Fils de
Cathare ! Fils de Cathare !" »
Mais dans sa biographie sur Philippe le
Bel, Jean Favier affirme que ce n'est qu'au xixe siècle que
prit naissance le mythe affirmant que Sciarra
Colonna aurait giflé le pape. En
réalité, aucun témoin contemporain ne parlerait de cette « gifle »,
qui semble aujourd'hui plus une métaphore qu'un acte réel et historique.
Il est établi que le pape avait alors
plutôt 68 ans que 98, mais la polémique persiste toujours quant à la gifle
elle-même.
Le lendemain, la population d'Anagni
s'est ressaisie. Supérieure en nombre, elle réussit à chasser la troupe de Sciarra Colonna. Nogaret parvient à
s'enfuir. Libéré, Boniface VIII repart pour Rome où il meurt un mois après, le 11 octobre. La légende dit qu'il est mort de
chagrin, à la suite de toutes les humiliations subies.
Son successeur, Benoît XI, abroge la bulle Super
Patri Solio, mais les
responsables de l'attentat d'Anagni sont cités à comparaître. Le nouveau pape
décède à son tour le 7 juillet 13 04 avant que le jugement prononçant leur
sentence soit promulgué. Le nouveau pape, Clément
V, élu en 1305, est un Français. Il installe la papauté à Avignon en 1309 et lève en 1311 toutes les
condamnations portées contre le roi et ses conseillers, déclarant que durant
tout le conflit l'attitude de Philippe le Bel avait été « bonne et
juste. »
Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_d'Anagn
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